C.N.R.S.
 
Famille de pejor 
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 Article 1/14 
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     EMPIRANCE     
FEW VIII pejor
EMPIRANCE, subst. fém.
[T-L : empirance ; GD : empirance ; AND : empeirance ; FEW VIII, 156a : pejor]

A. -

"Détérioration" : ...et sans faire ausdiz habillemens de guerre et autres choses deffensables pour ladicte forteresse, aucun gast, fraction, ou aucune empirance de vivres ou autres choses pour corps humain. (Doc. 1423. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4 c.1444-1453, 138). MAGDALEINE. ...Las, je suis des pires Et en mon cueur plains et souppire L'empirance de mon courage ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 148).

 

-

"Le fait de devenir mauvais, de se gâter" : ...quatre tonneaux de viez vin qui tournoient en empirance, et povoient lors valoir quatre vins dix frans ou environ... (Mand. Ch. V, D., 1484, 750).

 

-

"Dommage, détriment" : Se en toutes choses tu quiers Jhesucrist, tu le trouveras par tout. Se tu quiers toy mesmes, tu te trouveras toy mesmes, mais ce sera a ton empirance. (Internele consol. P., 1447, 23). ...n'est de merveilles si luy, jà tout vieillard, prince grave et le plus long naturellement en tous ses faits dont il soit mémoire, n'ait voulu changer, ne muer son vieil ancien ploy, pris d'enfance, et le torner et muer en empirance de ses meilleurs, à l'appétit d'une chaude teste de son fils, là où ire quéroit vengeance. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 209).

B. -

"Diminution de valeur (d'un objet) dont l'état est détérioré" : Cy apres s'ensuit le nombre de la vaisselle rompue apportée de Courcelles par ledit Regnault (...), et bailliée (...) à refaire à Gauvain des Bois, orfèvre. (...) Item, 1 dragouer qui a esté rappareillié, pesant 2m 2o 3e. (...) Item, pour le dechiet et empirance de 6 des tasses vielles devant dites qui estoient du viez saing, 1 once et demie. (...) Item, pour signer aux longes de Monseigneur toute la vaisselle dessusdite : 31 s. 3 d. t. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 67).

C. -

En partic. MONN. "Diminution pratiquée dans le titre, le poids d'une monnaie, dévaluation" : ...de ce s'ensuivent doncques diminucions de matières et forger monnoie au Royaume ou pays où l'on fait empirances. (ORESME, Monnoies W., c.1365, LX). Encores par ces mutacions et empirances des monnoies cessent les marchans de venir de estranges Royaumes et apporter leurs bonnes marchandises et richesses naturelles ou pays où ilz scavent icelles mauvaises monnoies avoir cours (ORESME, Monnoies W., c.1365, LX). ...sçavoir la maniere du poys et de la loy des monnoyes, tant en or comme en argent, les dragmes, caras, demi dragmes et les empirances (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 268). ...tous ouvrages qui se feront ou duchié seront de fin argent et seront signés par lesdiz maistres à six esterlins d'empirance pour marc d'argent (Anc. corp. dijonn. C., 1375, 303). ...quatre mars, une once d'argent du viez poinçon. Dont il chiet pour empérance à revenir au nouvel poinçon, une once d'argent. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 117). ...sçavoir la maniere du poys et de la loy des monnoyes, tant en or comme en argent, les dragmes, caras, demi dragmes et les empirances (DESCH., Art dictier R., 1392, 268). ...aux gaiges c'est assavoir d'un franc et demi au pris de 37 gros 4 deniers parisis monnoye du pays de Flandres pour jour, lui estant et servant mondit seigneur en sondit pays de Flandres, et hors d'icellui, attendu l'empirance de la monnoye de France et la grant chiereté de vivres qui y est, aux gaiges de deux frans monnoye royal pour jour (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 305).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 2/14 
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     EMPIRE1          EMPIRE2     
FEW VIII pejor
EMPIRE, subst. masc.
[GD : empire ; FEW VIII, 156a : pejor]

[Croisement de pire (empirer) et, par dérision, de empire1] "Aggravation d'un état de choses, fait d'aller de mal en pis" : Puet estre que de mains beaux Jouvenceaux Est priée tire a tire, Par quoy ses pensers roiaulx Communaulx Seront tousjours a desdire Vos vouloirs, s'elle s'atire Que desire Plus leurs jeux et leurs reveaulx Que les vos : lors serez sire De l'empire ! Est ce jeu, conpains, loiaux ? (Cent ball. R., c.1388-1396, 142). Et quant le Cueur fut desarmé, si leur fist apporter la dame a boire une fois, en actendant le soupper que fust prest, d'assez piteux vin et de pain qui sentoit l'empire (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 68). Galant, qui quiers la haulse des monnoies Pour ton prouffit singulier, tu te noies ; Car elles sont tournees en l'empire, Argent est court, povres gens ont du pire. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 766).

 

-

Aller de/en l'empire : Vint ans a que je ne cessay Des vices blasmer et d'escripre Les vertus, mais je m'en tairay, Car tousjours devient chascun pire ; Alez tuit du regne en l'empire S'autrement faire ne voulez, Vous ferez bien le diable rire : Faittes du pis que vous pouez. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 356). Or est de mal en pis le cose retournee ; Jourdain va de l'empire. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 281). Quant li traïteur ont entendu ceste voie, Gloriant queurent suz con li faucon le proie, Son ceval li ont mort et il verse en l'erboie. Ot ly va de l'empire. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 652). Requiescant, las, in pace ! Le monde s'en va en l'empire. (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 147).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 3/14 
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     EMPIREMENT     
FEW VIII pejor
EMPIREMENT, subst. masc.
[T-L : empirement ; GD : empirement ; AND : empeirement ; FEW VIII, 156 : pejor]

"Fait de devenir pire ; détérioration" : La cité saisiray avironnéement, Et vostre corps oussy, que j'aime loyaument. G'y mèteray la main, se je puis, tellement Que nuls homs n'y pora mettre empéirement. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 296). Et est chose provee par les vielles histoires et par les faiz qui sunt chescun jour comment les estudes et les propos des roys vont par empirement par les fausses suggestions d'aucunes malveses gens. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 216). ...pour ce que les diz vivres ont esté long temps sur la mer dedans les vesseaulx en quoy ilz ont esté amenez en actendant l'effect de nostre dicte armee, il y en a aucuns qui ont prins grant empirement (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1385, 175). ...navrez fu si durement Que tousdis en empirement Ala tant que mort s'ensuivi. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 185). ...se un membre du corps avoit entendement et voulsist et s'efforçast de tirer à lui le sang, la santé et substance de son prouchain membre qui seroit à l'empirement et affoiblissement du corps tout ensemble... (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 153). En somme tant estoit cellui habit changié par empirement de couleur et de beauté que ceulx qui tel le bastirent a paine y cognoistroient leur ouvraige. (CHART., Q. inv., 1422, 8). Recueil tes bonnes fortunes en humilité doubteuse d'empirement, et conforte lez mauvaises par pacience advisee d'amendement. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 132). Mais, par tout ailleurs, chascun revendra à ses terres et héritaiges, comme dit est, sans ce que pour démolicion ou empiremens, gardes de place ou réparacions quelconques, on puist riens demander l'un à l'autre (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 176). Mais par tout ailleurs chacun reviendra à ses terres et heritages comme dit est, sans ce que pour demolicion, empirement, gardes de places, ou reparacions quelzconques, on puist rien demander l'un à l'autre. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 232).

 

-

"Dommage" : Le Fil Dieu conceüpt par sainct annoncement, En ses flans le porta neuf moys entierement Et en fut delivree sans nul empirement. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 60).

 

-

"Décadence" : ...car tyrannie est corrupcion et mauvaistié ou empirement de monarchie. (ORESME, E.A., c.1370, 435). ...laquelle chose, se il avenoit, seroit tres grandement a l'empirement de l'onneur de la cité et des Rommains (Bouciquaut L., 1409, 371).

 

-

Loc. Choir de mal en empirement. "N'échapper à un mal que pour tomber dans un autre pire encore" : Divers effés l'atouchement De li [S. Jean-Baptiste] a, quar qui dignement Y touche, il en devient melleur ; Et qui y touche sanz cremeur, En pechié, sanz amendement, De mal chiet en empirement. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 162).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/14 
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     EMPIRER     
FEW VIII pejor
EMPIRER, verbe
[T-L : empirier ; GD : empirer ; GDC : empirier ; AND : empeirer ; DÉCT : empirier ; FEW VIII, 155b, 156a : pejor ; TLF : VII, 970a : empirer]

[Traduit soit une aggravation d'un état antérieur déjà mauvais ou la dégradation d'un état antérieur positif ou neutre]

I. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Se porter plus mal, voir sa santé, son état physique se dégrader" : La s'empire [var. soupire] Tire a tire ; La ne fait que fondre et frire ; La son dueil demeinne ; La, sans rire, Se martire (MACH., L. plour, 1349, 289). ...quant elle vouloit que sondit mary empirast, elle mettoit icelle paile sur le feu tant que elle faisoit frire laditte cire, icelle remuoit à une petite cuillier, et que par tant de fois comme l'en vouloit qu'il empirast à celui que l'en vouloit faire estre bien malade, l'en mettoit icelle paile sur le feu pour frire, et remuoit l'en icelle cire et poix à laditte cuillier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 306). Sy lui envoya tel mal, que tous les jours engrega tellement, qu'il lui convint par terre venir a Romme et puis monter en ses gallees, tousjours empirant de sa personne (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 193). ...si tresfort la pouvre fille empire avecques l'ennuy qu'elle s'en donne que autant semble morte que vive. [Une malade désespérée de ne pouvoir guérir] (C.N.N., c.1456-1467, 33). Je vous envoye la lettre que vostre medecin m'a envoyée ; cela gist à vostre discretion ; si vous semble que vostre filz en amende, vous le pourrez essayer ; si vous semble aussi qu'il en empirast, vous le povez en envoyer. (Lettres Louis XI, V., t.7, 1479, 256).

 

-

"S'affaiblir" : La fu il sans mengier desy jusqu'o tierch jour, Dont forment s'enpira et perdi sa coulour (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 125).

 

-

Empirer du corps/de sa personne. "S'affaiblir" : Et ce n'estoit pas merveille se renommee en estoit, car il estoit si soupris de l'amour d'elle, que tousjours convenoit il qu'il fust en lieu ou il la peüst veoir, et pensoit et soupiroit en la regardant, tout ainsi que s'il ne la peüst avoir a sa volenté, et en perdi le repouser et le boire et le mengier, par quoy il commença moult a empirer du corps (Bérinus, I, c.1350-1370, 22). Sy lui envoya tel mal, que tous les jours engrega tellement, qu'il lui convint par terre venir a Romme et puis monter en ses gallees, tousjours empirant de sa personne: tant qu'il vint au Chastel Neuf de Napples. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 193).

 

.

Estre empiré (du corps/de sa personne). "Être affaibli, mal en point" : Moult sera du corps empirée Quant revenra. (Mir. mère pape, c.1355, 375). PREMIER SERGENT. Empirié n'estes pas du corps ; Je ne scé que mengié avez. Avec nous tost vous en venez, Sanz plus cy estre. IGNACE. Si tost com je vous verray mettre A chemin, pas ne demourray, Mais avec vous touz jours seray (Mir. st Ign., 1366, 95). "Chils jones homs est moult, dist elle, Empirés, dont ce pose moi." (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 119). Car de visage est megre (...) et pale avec Et empiré. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 288). ...quant il se ouy nommer oncle, il eut grant merveille qui le prisonnier estoit, car tant estoit empiriez de la prison qu'il ne le recongnossoit point (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 302). Des nouvelles de monseigneur de Guienne, il est tousjours empiré depuis mes autres lettres ; et l'ont porté en litiere à une ville qui s'appelle Jaune (Lettres Louis XI, V., t.4, 1471, 284). Que ce povre hommes est empiré Et a grefve doleur actrait ! Il est ladre le plus infaict Que jamais homme mortel vit. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 123).

 

-

Estre empiré de la/sa maladie. "Être dans un état (de santé) aggravé par la maladie" : Et d'autre part, Dame, jeo siu si enpirree et si enfiebli de la maladie qe j'ai en corps come devant est dit, qe trop grante mestier averoie d'estre medicinee. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 135). Requis se, depuis que il les trouva, il est empiré ou amendé de sa maladie, dit qu'il s'est tousjours trouvé en un estat. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 340).

 

-

Empirer de couleur. "Avoir le teint qui s'altère" : ...se lui advint .II. jours aprés une merveille sy grande qu'a paine est elle creable, car, comme j'ay entendu, la ou elle seoit entre les pucelles, elle s'endormy tellement que oncques puis ne s'esveilla. Sy ne menga ne beut puis et n'empire point de couleur (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 58).

 

-

"Devenr laid" : GLORIEULX. Vous n'empirez pour temps qui vienne, Pleuve, gresle ou face vent. Le sang bieu ! plus allez avant Et plus estes fricque et jolye. (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

2.

"Voir son état, sa situation s'aggraver" : Alors s'en va desesperé, et jour et nuit ne fait que pensser et a Dieu requerir aultre seigneur, disant que nullement porroit il empirer (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13).

 

-

[D'une institution] : Remond dist au prieur toute sa devocion et comment le lieu lui plaisoit et qu'il s'i vouloit rendre hermite et que l'eglise n'empireroit pas de lui ["à cause de lui"]. Et le prieur, qui l'apperceut homme de belle part et qui sembloit bien estre homme de grant estat, lui accorda. (ARRAS, c.1392-1393, 273).

 

-

Estre empiré. "Avoir perdu sa valeur, sa qualité, connaître la décadence" : Item, saint Jerome met en une epistre comment orient est envielli et le pueple de la empiré, et que en occident est le soleil de justice, et dist ainsi (ORESME, C.M., c.1377, 350).

 

-

Estre empiré de qqc. "Être profondément affligé, ici d'un deuil" : ...dont il avint que pendant ce tamps la bonne rouine sa moullier trespassa, dont ce fut dueil et tres grant pitié. Car tout le royaume en fut empirié, meismes les dames du paÿs en menerent si merveilleux dueil que ce fut grant pitié a veoir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 404).

 

3.

[Sur le plan moral]

 

a)

"Devenir mauvais, pire, s'avilir" : ...mére au roy des roys, Mains vous sert homs, plus empire (Mir. nonne, 1345, 328). Mais je vous pry, quant avenra Que vostre amour vouldrez donner, Vostre voulloir ne veulle ja Autre prendre sans amender, Car qui change pour s'empirer, Chetiveté son cueur alie Pour languir en merencolie. (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 360). Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. C'est pour rire ; Car tant plus en conseil s'avance. (Pass. Auv., 1477, 118). TESTE VERTE. Et s'en voise Chascun chier Qui a voulenté de mesdire. FINE. Chacun de jour en jour enpire, Brief et court, vela son affaire. (Sots triumph., c.1475, 38). JESUS. ...Tant plus les instruis [mes ennemis], plus s'empirent, Tant sont pleins de grant mauvaistié. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 198).

 

-

Prov. Qui bien change n'empire pas : Saison de nostre mestïer De hocher le prunier Est elle passee Pour une passee ? Aussi gay comme ung espreuvier, Qui bien change n'empire pas. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7). CAYNAM. Et puis, Ada, que dictes vous ? Vous semblé je point trop estrange ? ADA. Il n'empire pas qui bien change. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 214).

 

-

Estre empiré. "Être avili" : Par foy, moult ay ores grant dueil de vous, quant une telle femme vous a ainsi deceü et tellement affolé et aveuglé que vous n'oserez faire chose qui fust contre sa volenté, et si est femme de telle condicion que nulle personne ne pourroit avoir honneur de elle ne de s'acointance et moult estes empiré de sa compaignie. (Bérinus, I, c.1350-1370, 28).

 

b)

"Se faire du tort, du mal" : ...Mais garde bien qu'on n'en mesdie En ta presence, quoy qu'on die, Car c'est trop petite vengence, Ce m'est avis ; et sans doubtance, Qui en mesdit, ou fait mesdire, Plus que ses anemis s'empire. (MACH., C. ami, 1357, 138). Mais qui autre mercy desire Et qui dit qu'il pleure et soupire, Dont il le couvient a martyre Vivre et manoir, Il a tort et assés s'empire. (MACH., F. am., c.1361, 226). Trop s'empire Qui desire Chose dont il chiet en ire... (MACH., Les lays, 1377, 386).

 

-

"Se déshonorer" : Lors li respont [à un amoureux] doucement et adroit La Blanche Dame, qui volentiers vorroit Que tous li mondes ainssi de coer l'amast ; Mes que pour ce de riens n'en empirast. "Certes" dit el, "miex volroie morrir, Que je osaisse dedens mon coer nourrir Volenté nulle, que je n'osaisse dire..." (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 133).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[D'une chose concr.] "Se détériorer, s'abîmer, se dégrader" : Sire, je di que cil dui amant sont Moult engoisseus, quant einsi perdu ont Ce qu'il aimment, et que li cuers leur font, Si com la cire Devant le feu se degaste et empire. Mais qu'il soient tuit pareil de martire Et de meschief, ce ne vueil je pas dire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 120). ...Largement de mon sor donna A celui qui les ordonna, Par quoy la nacelle fust faite Si que jamais ne fust deffaite, Ne qu'elle ne peüst perir, N'empirer, ne l'iaue tarir... (MACH., D. Lyon, 1342, 190). Item, en permanence, car le ciel dure et persevere des ce que il fu fait tel comme il est sanz empirer, sanz envillir, sanz crestre, sanz appeticier ne en tout ne en partie et sanz quelcunque alteracion qui tende ou dispose a corrupcion, si comme il appert par le sixte chappitre du premier. (ORESME, C.M., c.1377, 280). Item, ledit escuïer a en ladicte forest pastures pour toutes ses bestes en icelle forest, excepté chievres et hors deffens, pourveu toutesvoiez que le boiz n'en puisse empirer. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 161). ...l'en trouvoit que les sales et la Chambre de Parlement estoient estayés par dessoubz les vostes, et si empiroient les murs, et plouvoit presques par tout (BAYE, I, 1400-1410, 219). Pour ce que le chemin empire, De venir advisez comment, Car je vous ayme loyaulment. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 93). Et afin qu'ilz [les édifices] ne puissent empirer ne demolir, nous vous prions (...) que sur les tours, boulevars, escluses et autres edifices que verrez estre necessaires de couverture, vous les faites couvrir de tuille, en maniere qu'ils ne puissent tomber en ruine. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1474, 361).

 

-

"Se corrompre, devenir vicié" : N'en parlons plus, car l'air empire De parler de si vil matire... (MACH., D. Lyon, 1342, 201). ...Et devint homs de tel affaire Que ne le vueil mie retraire, Car li airs corront et empire De parler de si vil matyre. (MACH., C. ami, 1357, 92).

 

-

[D'un corps, d'un cadavre] "S'altérer, s'anéantir, se corrompre" : Ainsi que le tirant dedens son cuer pensoit Qu'en l'eure que l'arain fort eschaufé seroit, Que leur cuir et leur char forment empireroit, Lors le dous saint Eustace forment Dieu reclamoit. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 164). Alez la deffendre de fait, Que pour feu qu'entour li on face Son corps n'empire ne n'efface Ne ne malmette. (Mir. femme, 1368, 215). LE SECOND MEDECIN. Mierres y a pour odorer, Encens et aloys cicolin, De peur qu'il [le cadavre] ne puisse empirer. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 193).

 

-

[D'un organe] "Souffrir, s'affaiblir" : Mon cueur si seuffre grief martire Qui fort me tire A douleur, car le fait me touche, Je sens bien le cueur qui empire, Et si souspire Aussi sarté comme une souche (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 193). La chambriere, ou rien n'avoit a [ le ] courroucer, non pas mains doubtant l'esclandre de son fait que la mort, voyant aussi que le jour commence a paroir, avec tout le desplaisir et crainte que son ennuyeux cueur charge et empire, se hourde de l'escuier et a son col le charge. (C.N.N., c.1456-1467, 124).

 

.

Empiré. "Dont l'état s'est détérioré" : Monstrez les moy ces povres yeulx, Tous batuz et deffigurez, Certes ilz sont fort empirez Depuis hier qu'ilz valloient mieulx. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 478).

 

-

[D'une denrée] "Se gâter" : Fist à Naples que nulle chair pour challeur qui peust fere, ne se povoit empirer en la boucherie du lieu. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

-

[Du temps] "Devenir mauvais, se gâter" : Et Jourdain, ou il n'ot onques nul jour que dire, Et Tibaut et Renier qu'i tenoient a sire Sont au siege remés tant que li tans empire Et que li saison passe. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 89).

 

-

[D'un état physique] "S'épuiser, s'affaiblir" : Adont desirs d'estre de li amez En mon cuer fu si trés fort enflamez Que puis m'en suis cent fois chetis clamez En souspirant ; Car tel doleur sentoie en desirant Que ma vigour en aloit empirant Et meint penser avoie, en remirant Son dous viaire (MACH., J. R. Beh., c.1340, 74).

 

-

[D'une couleur] "Perdre de son éclat, se ternir" : Et quant ma voix eut entendue, Je vis sa couleur empirer, Mot ne dit ne que beste mue, Tres fort se print a souspirer. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 187).

 

-

[D'une maladie, d'un mal] "S'aggraver" : Pour ce mes dolens cuers souspire, Quant il sent que son mal empire Et qu'adès ha de mal en pire Sans aligence Et sans confort dou grief martire Qui le tourmente et le martire (MACH., Compl., 1340-1377, 241). Trop me dueil, Certes le celer n'en est preuz, De ce qu'ainsi me voy lepreuz Et que mon mal adès empire. (Mir. st Sev., 1362, 191). De plus en plus ma grief dolour empire, Dont moult souvent mes cuers souspire et pleure, Puis que desir mue mon mal en pire. (MACH., L. dames, 1377, 145). Mon mal de jour en jour empire (Mir. st Panth., 1364, 334). C'est le mal qui, plus va tirant A santé, plus est empirant. (CHART., L. Dames, 1416, 268). De moy repentir est trop tart, Par quoy mon mal tousjours empire. (Narcissus, p.1426, 314). Mais que mon mal si ne m'empire, Je suis en bon point, Dieu mercy, Ne n'ay douleur, ne soucy De chose que on me puisse dire. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 345). [Le texte est du seigneur de Torsy]

 

2.

[D'une chose abstr.] "Perdre ses qualités" : Le vin esmeut a soy irier, Et fait les vertus empirier. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 99). Et, pour que leur vertu n'empire [des pommes aromatiques], Soint mises en vaissel de voirre, Nompas de boiz, n'aussi de terre, Et soit le vaissel tout appoint Souventes foiz par dehors oint D'eaue rose comme est sonné (LA HAYE, P. peste, 1426, 152). Laisse desormez ceste question et te suffise de demourer en ceste sainte et humble pensee, que celle verité infinie, qui de noz biensfaitz ne peult mieulx valoir, ne par noz faultes empirer, tient sur tous egalle et droicturiere justice, non pas par nous ne pour vous, maiz par l'essencial perfection de sa naturelle bonté. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 53).

 

-

Estre empiré en qqc. "Connaître une dégradation, une déperdition dans tel ou tel domaine" : Mez, par laps de temps, nature humaine, si est enpyree en muers et en puissance et en vertu corporele, et, pour tant, lez loys et lez constitucions furent neccessaires et furent donees par Moÿse au pueple. Et aprés, pour ce que nature humaine va tousjours en enpirant et en declinant, furent trouvees lez loys civiles et lez aultres constitucions positives. (Songe verg. S., t.1, 1378, 210).

 

-

[D'un état moral] "Devenir pire, s'aggraver" : Pour ce mes dolens cuers souspire, Quant il sent que son mal empire Et qu'adès ha de mal en pire Sans aligence Et sans confort dou grief martire Qui le tourmente et le martire (MACH., Compl., 1340-1377, 241). ...Mais garde bien qu'on n'en mesdie En ta presence, quoy qu'on die, Car c'est trop petite vengence, Ce m'est avis ; et sans doubtance, Qui en mesdit, ou fait mesdire, Plus que ses anemis s'empire. (MACH., C. ami, 1357, 138). Et en mon cuer estoit l'espine De sa complainte feminine, Qui faisoit mon grief empirer Et mon cuer souvent souspirer (MACH., Voir, 1364, 164). De plus en plus ma grief dolour empire, Dont moult souvent mes cuers souspire et pleure, Puis que desir mue mon mal en pire. (MACH., L. dames, 1377, 145). Einsi, pour moi desconfire, Fait mon cuer defrire Et en dueil confire Qui toudis empire (MACH., Les lays, 1377, 317).

 

.

[D'une situation, d'un état de choses] "Tourner mal" : ...vous et voz gens ont esté advertis que ilz faisoient mal, mais rien n'y vault, et va tout en empirant. (JUV. URS., Loquar, 1440, 413). NOSTRE DAME. Mon filz, la feste fort s'empire Et tourne à honte et a escande Sur l'espoux, qui luy sera grande, Si vous mesme n'y pourvoyés, Car le vin fault (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 69).

 

3.

Empl. impers. Il empire à qqn. "Cela va plus mal pour qqn" : ...quant elle vouloit que sondit mary empirast, elle mettoit icelle paile sur le feu tant que elle faisoit frire laditte cire, icelle remuoit à une petite cuillier, et que par tant de fois comme l'en vouloit qu'il empirast à celui que l'en vouloit faire estre bien malade, l'en mettoit icelle paile sur le feu pour frire, et remuoit l'en icelle cire et poix à laditte cuillier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 306). Et laquelle Gilete, avec ce, nourrissoit deux grans botereaux aus piez de son lit, et que quant elle vouloit qu'il empirast à icellui de Ruilly, que elle les piquoit d'aguilles. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 318). Sus, affin qu'il ne nous empire De la sourvenue, cheminon Et tous ensemble nous tenon Pour estre plus honnestement. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 32). Et vous, mon corps, ou vil estes et pire Qu'ours ne pourcel qui fait son nic es fanges, Louez la Court devant qu'il vous empire, Mere des bons et seur des benoistz anges. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 77). JESUS. ...Pense en ton cueur secretement [Simon le lépreux] Et puis va tout premierement Monstrer au prestre ton desroy, Puis offre a Dieu selon la loy Ton don comme Moyse l'ordonne, Et a peché ne t'abandonne Desormais, que plus ne t'empire. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 123). Aprés la chace et la grant tuerie, A son enseigne chascun se retira, Et mesmement toute la seigneurie Auprés du roy incontinent tira ; Et les Lombars, a qui trop empira, Semblablement entre eulx se retirerent, Ne plus avant celuy jour ne tirerent. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

II. -

Empl. trans.

A. -

Empirer qqn

 

1.

"Blesser, mutiler qqn" : ...li persone arrestée seroit mise em prison ù Castel en telle maniere que li justice ne le puet mettre à question ne empirier son corps. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 85). Et cil qui estoit grant et fort, trait l'espee et fiert Gieffroy sur le bacinet de toute sa force. Mais le bacinet fut dur, et l'espee glissa aval de grant randon. Mais oncques ne empira Gieffroy ne son harnoiz de la vaillissance d'un denier. Et Gieffroy empoingne l'espee a deux mains et le fiert sur la coiffe d'acier si grant coup qu'elle ne le pot garantir, mais lui embat l'espee jusques a la cervelle et le rue mort. (ARRAS, c.1392-1393, 200). ...Richars les coutiaux fist et faire et ouvrer Et les mist en vo lit pour vo cors empirer. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 770).

 

-

"Tourmenter qqn" : Amis, t'amour me contreint Si qu'il me convient descrire Le martyre Qui empire Mon corps et mon cuer esteint Et de grietés si m'enseint Que je ne saroie eslire Le meins pire (MACH., Les lays, 1377, 352). Ne say dire Le martyre Qui mon dolent cuer martyre Jour et nuit : Trop m'empire ; S'en souspire, Qu'amours à moy descondire Trop le duit, Qui desire Moy occire... (MACH., Les lays, 1377, 446).

 

2.

"Faire aller qqn de plus en plus mal" : Einsi morrai dou mal qui me martyre Malgré la Mort qui me het et m'empire, Quant pieça n'ay passé par mi ses las. (MACH., Les lays, 1377, 303). ...ou aultrement vostre dueil et voz tristesses vous porroient l'ame et le corps trop empirer. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 3).

 

-

"Affaiblir qqn" : Dame, la clarté plus m'empire... (Mir. Berthe, c.1373, 214).

 

3.

"Blesser moralement, outrager qqn" : Mal an et male journée Puist avoir cilz qui meffait, Tant qu'il bée Qu'empirée Soit dame et deshonnourée Ou blasmée par son fait. (MACH., Les lays, 1377, 454).

 

-

"Rabaisser qqn" : Or me punist Fortune, sans mesprendre, Pour celle amer, ou n'avoit que reprendre Et ou Nature et Dieu vouldrent comprendre Ce qu'on savroit a souhait desirer, Qui tous les biens vouldroit en un tirer ; En elle estoit, sans autres empirer, Le droit mirouer pour les autres mirer, Ou chascun puet sans riens mectre tout prendre. (CHART., Compl., 1424, 324).

 

4.

"Faire du tort, porter préjudice à qqn" : ...saiches que tout mal dit si generaument des femmes empire les diseurs et non pas elles meismes. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 625). - En verité, sire chevallier, dist elle, je voy bien que vous estes villain et que vous n'estes point venu de si bon lieu comme vous avez depuis nagaires dit. - Damoyselle, dist il, ma villonnie ne le lieu dont je suis venu ne vous peut empirer, au moins s'il ne vous plaist. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 17). Se vous me faittes la demande Comment j'entretiens ce mesnage, Nesungs je n'empire n'amende, Tousjours entre deux eaux je nage. (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 132).

 

-

"Importuner qqn" : MAXIMINUS (à l'empereur Maximien). Sans que j'empire Vostre magesté impolue, Cesar auguste et bruit d'empire, Tres humblement je vous salue. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 9).

 

5.

"Accabler qqn" : Amour dure plus que fer a macher, Nommer que puis, de ma deffaçon ["destruction, ruine" (éd.)] seur, Cherme felon, la mort d'un povre cueur, Orgueil mussé qui gens met au mourir, Yeulx sans pitié, ne veult droit de rigueur ["justice rigoureuse" (éd.)], Sans empirer, ung povre secourir ? Mieulx m'eust valu avoir esté serchier Ailleurs [chez une autre femme] secours, ç'eust esté mon honneur. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 83). [Cf. n.948-949]

 

6.

"Corrompre qqn" : A che propos saint Augustin ou livre des Confessions, ramembrant l'estat de sa jennesse, se complaint avoir eu mauvais compaignons par les paroles desquelz il estoit empirié, en ceste maniere : "Par mauvaisse compaignie, dist il, je aloie en trebuschant..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 263). Rien ne pourroit un bon cuer empirer S'il ayme Honneur, ne jamais n'ara honte, Car c'est le bien qui les autres seurmonte. (CHART., B. Nobles, c.1424, 398). Maismes Betidés son filz estoit empirié des meurs de celle mauvaise femme (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 483).

 

-

[D'un animal] Empirer un autre animal. "Contaminer" : Le .VIe. enseignement de Prudence est que la sage princepce, tout ainsi que le pastour se prent garde que ses berbis soient maintenues en santé et se aucune en devient roingneuse il la separe du troupel de paour qu'elle peust empirer les autres, elle se prendra garde sur le gouvernement de ses femmes, lesquelles aura triees a son pouoir toutes bonnes et honnestes, car autres ne vouldra avoir entour elle. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 72).

B. -

Empirer qqc.

 

1.

[...une chose concr.]

 

-

"Endommager, détériorer qqc." : ...Ains li fers de la lance Bauduin le poissant N'empira armeüres ne le corps du soudant (Bât. Bouillon C., c.1350, 61). Mais li feus qui tout art et robe N'empira le corps ne la robe Des Juïs qui furent emmi L'ardant feu et de Dieu ami, Nes un seul cheveu de leur teste... (MACH., C. ami, 1357, 22). Li enfant qui de cuer et d'ame Loërent Dieu dedens la flame Et menoient revel et feste, Qu'onques un cheveu de leur teste N'i fu malmis ne empirez, Mieus vorrent estre martirez Que faire ou penser tel foloy Comme d'errer contre leur loy... (MACH., C. ami, 1357, 56). Et y fist traire toutes ses gens et environner le chastiel et drechier par devant tous ses engiens, qui nuit et jour jettoient contre les murs dou dist chastiel ; mès trop petit l'empiroient. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 84). ...la lance du soudent vola en pieces. Ce ne fist pas celle de Gieffroy, car elle estoit d'un gros plancon de chesne fort, et il emploia toute sa force a bien ferir, et oncques ne pot empirer la piece d'acier. (ARRAS, c.1392-1393, 231). ...et feussent mis ces X. solz en la bourse de cuir de cerf dessus la piece de bois qui soustient l'esguille du pommel, et sur quoy il est assiz, et ce feist continuer tous les ans, et le pommel demourroit entier. Et depuis a esté ainsi fait, ne oncques puis le pommel ne se bouga, ne ne fu empirez, et n'y treuve on rien le landemain. (ARRAS, c.1392-1393, 296). Et moult se merveille le Chevalier du Papegaux que il ne scet tant ferir son ennemy sur le haubert que il le puisse empirer ne tant ne quant (Chev. papegau H., c.1400-1500, 49). ...les galleries d'emprès la chapelle qui avaient esté empirées quant la dicte maison chut (Comptes Archev. Rouen J., 1432-1433, 119). ...il convient que ainsi soit [que la porte du temple soit ouverte], et l'oeuvre ains que j'empire l'huis. - Je ne sçay, dist la voix, se tu empireras l'huis, mais tu n'y entreras point par force ne autrement (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 754). La onziesme, Bonniface faillit, et messire Jaques l'atteindit assez près des aultres deux cops, et luy empira moult son harnois, et aggrava sa lance. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 159).

 

-

Estre empiré. "Être endommagé, en mauvais état" : LE SERGENT. Foy que doy a mes rentiers, Je m'en voys sus Gaultier La Haire Luy porter mes soulliers reffaire. Sang bieu, et qu'ilz sont dessirez ! Saint Jehan, ilz sont fort empirez D'avoir esté en mon service. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 30). Enssi par toutes terres estoit en che tamps li mondes entriboullés et empiriés (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 202).

 

-

"Nuire à qqc." : ...Une chose qui moult empire Tout vostre royaulme et empire, C'est que les Juifz qui se y tiennent Une autre loy que vous maintiennent. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 242).

 

-

"Faire aller plus mal (un organe)" : ...Je prens en gré le douloureux annoy Qui mon las cueur de plus en plus empire (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 344).

 

-

"Altérer (des monnaies)" : Si fut appellé le roy Jehan de France, et empira tantost les monnoyes par convoitise (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 186).

 

2.

[...une chose plus abstr.]

 

-

"Attenter à qqc." : Lesquelz eulx concordamment, par la maniere dessus dite, ont volu que dorenavant ainsy sont levés et paiés par protestacion, et retenu de non voloir empirer le droit de monseigneur ne de l'autruy (Trés. Reth. S.L., t.2, 1355, 150).

 

-

"Ternir qqc., porter atteinte à qqc." : LE CHEVALIER AU ROI. Si ai, puis que je ving, trouve [l. trouvé] Que tresbien estes gouverne [l. gouverné] En justice et en jugement, (...) La quel chose est bien a mon gre [l. gré] Et dont vous estes moult loue [l. loué] ; Mes autre chose ai a dire Qui moult ce grant los empire. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 278). Et quant a vostre honneur, (...) j'ameroie mieulz mort premiere et seconde que faire ne dire chose dont elle fu[st] empiree ne amenrie. (MACH., Voir, 1364, 292). Mais miex vorroie estre outre mer Sans retourner Qu'entroublier Son dous vis cler Ne que penser Chose qui peüst empirer Sa bonne renommée. (MACH., Les lays, 1377, 429). Ainsi me doint Amours de li joïr, Qu'onques vers lui n'oi cuer fait ne desir Ne pensée pour s'onnour empirier. (MACH., Les lays, 1377, 471). ...Car j'aim miex einsi languir Et morir, s'il vous agrée, Que par moy fust empirée Vostre honnour, que tant desir, Ne de fait ne de pensée. (MACH., Motés, 1377, 484). Il ne doit faire ne dire Chose dont on le mesprise, Ne qui l'autry bien empire Ne dont son los amenuyse. (CHART., B. Nobles, c.1424, 404). - Or me dittes, sire chevallier, de quel paÿs estes vous ? - Par ma foy, sire, respondy le jenne chevalier, je suis du royaume d'Escoce, et veez la ce que je vous puis dire de mon estat, se je ne veul empirer ma conscience. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 90).

 

-

"Gâter qqc." : Et pour c'iés tu einsi peris De scens et de force amenris Et perdus de maniere toute, Quant tu la vois, car tu as doubte Que tu ne doies faire ou dire Chose qui ta besoingne empire. (MACH., D. verg., a.1340, 52). Et pour ce que j'ai par oultrage Mal usé de franc arbitrage, Et qu'ai par fole induction Empirié ma condicion, Et qu'ai besoing pour mon meschief D'estre dispensé derechief, Quant j'ai pensé tout environ, Je retourneray ou giron De Sainte Eglise nostre mere. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 116). Par semblable le vice qui du prince redonde sur ses subgietz pervertit l'ordre, trouble l'office et empire la condition de tous les estatz de son peuple (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45). Autres disoient que la Royne ne print pas bien en grée aucunes assemblées de dames, par maniere de festiemens que journellement faisoit le Roy, dont elle conseut aucunes jalousies qui moult empira le repos des couraiges de chacune partie. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 191).

 

-

"Aggraver, rendre pire (une douleur, un mal)" : Mais ce qui plus va mon mal empirant, C'est ce que bien à mon borgne oueil parçoy Qu'à court de roy chascuns y est pour soy, Car il n'est homs qui tant à moy aconte Que de mes maus face samblant ne conte. (MACH., Compl., 1340-1377, 252). Pour ce à vous plus que je ne seuil Me plaing et dueil, Quant je recueil De vostre accueil Semblant qui ma dolour empire. (MACH., Les lays, 1377, 284). Las ! c'est ce qui me desvoie Et qui durement empire Ma dolour et mon martyre. (MACH., L. dames, 1377, 105). Si qu'il ne porroit nullement Riens faire si joliement De sa matiere dolereuse Com li joieus de sa joieuse, Pour ce qu'il n'a riens qui l'esgaie Ne matiere lie ne gaie, Et s'a desir et povre espoir Qui sa doleur empire, espoir. (MACH., Prol., c.1377, 9).

 

-

"Diminuer qqc." : Si me doit plus que souffire, Quant je n'ay tristece n'ire Ne douleur, Dont je me doie defrire, Ne riens qui ma joie empire Ne m'onneur ; Einsois ay sans contredire Tout ce que mes cuers desire Sans labeur (MACH., Les lays, 1377, 348).

 

-

"Aggraver (une situation, un état de choses)" : A ce respondy le duc : Beaulx seigneurs, cecy n'empire pas nostre affaire, et je n'y renonce pas quant il sera temps. (ARRAS, c.1392-1393, 177). Qui que mon fait empiré Eust, par desloyal langaige, Et que m'eussiez adiré, Or vous tiens je, belle et sage. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 96).

 

-

"Déformer (des propos)" : Et comme dist saint Jerome a Paulin : "C'est une tres vicieuse maniere de parler quant on empire les sentences d'autruy, et traire a sa volenté escripture qui est a che repugnant ou contredisant". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 131).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 5/14 
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     EMPIREUR     
FEW VIII pejor
EMPIREUR, subst. masc.
[T-L : empirëor ; GD : empireur ; AND : empeirur ; FEW VIII, 156b : pejor]

"Celui qui empire (un état de chose), qui détériore, qui fait du tort" : L'empereur, de mal infus, Des empireurs le refus, Fit allumer ses grans fus De bois ou de viés affus, Pour ton corps [de saint Adrien] bruller en cendre (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 511). La pome d'or ce jour chut en vos rois, Vos rocqs, vos roys parerent vos parois De hault arroi d'imperiale tire, Mais tout empire et tel tient pomme et pire, Qui de l'empire est empireur : C'est toujours antan le meilleur (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 594). Ton père, que Dieu absoille, estoit le serviteur de Venus, tu es le disciple de Mars. Il estoit le mignon des dames, tu es le gorgias des armes. Il amoit fort le Saint Empire dont oncques ne fut empireur, ne le tourne pas en empire en guerroyant son empereur. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 93). Nous ne serons point empireur De vostre joieulx advenir. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 274). Soubz vous nully ne peult estre empireur Ne en pire eur si de soy conspireur N'est du maleur que cause sa naissence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 156).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 6/14 
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     EMPIREUX     
*FEW VIII pejor
EMPIREUX, adj.
[*FEW VIII, 156a-b : pejor]

"Qui fait empirer (un état de chose)" : Detrimentalis (...) : damageus ou empireux (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 118).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 7/14 
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     ENTREMPIRER     
FEW VIII pejor
ENTREMPIRER, verbe
[T-L : entre (entr'empirier) ; GD : entrempirier ; FEW VIII, 156b : pejor]

S'entrempirier. "Se mettre à mal l'un l'autre"

Rem. Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD III, 292c (et se entreempirent a leur povoir). DÉCT : entrempirier.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 8/14 
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     PÉJEURER     
*FEW VIII pejor
PEJEURER, verbe
[]

"Empirer, devenir pire" : Jeunesse verde si ne meure, Fort pejeure, Tant que le jeune est ostiné. Le jeune homs est fort destiné A folyes et paillardises (Pass. Auv., 1477, 117).

REM. Mot répandu dans les domaines occitan et fr.-provençal (cf. a. provençal pejurar, FEW VIII, 155b et 157a, s.v. pejor). Ce verbe, défini erronément "parjurer" par l'éd., a fait l'objet d'une rem. dans les c.r. de G. Roques, Z. rom. Philol. 99, 1983, 521 et H. Stimm, Z. frz. Spr. Lit. 94, 1984, 196.
 

DMF 2020 - Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 9/14 
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     PÉJORATION     
FEW VIII pejor
PEJORATION, subst. fém.
[GD : pejoration ; FEW VIII, 156b : pejor ; TLF : XII, 1282b : péjoration]

"Fait d'empirer, état de ce qui devient pire"

REM. Ex. XVe s. (Trad. de Bruno de Longoburgo) ds GD VI, 64c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/14 
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     PIRE1          PIRE2          PIRE3          PIRE4     
FEW VIII pejor
PIRE, adj. et subst.
[T-L : pejor ; GD : peior ; DÉCT : pejor ; FEW VIII, 154b : pejor ; TLF : XIII, 417a : pire]

I. -

Adj.

A. -

"Plus mauvais, pire"

 

1.

[Sous la forme pieur, au masc. ou au fém. ; au plur. pieurs] : Pren ton chemin, mais bien te gart Que ne te faces fol tenir Pour la pieur voie choisir (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 208). De parler d'eaus ne me puis taire, Car tant estoient de pute aire Et tant faisoient a blamer Que dela mer ne desa mer N'avoit gent qui fust si maudite, Plus vil, pieur, ne plus despite. (MACH., D. Lyon, 1342, 212). Et avec ce, dont mieus la pris, Elle reprenoit Advarice Comme de tout le pieur vice. (MACH., J. R. Nav., 1349, 181). Et est li mauvais de tele condicion que qui mieulx lui fait et pïeur l'a. (Bérinus, I, c.1350-1370, 143). ...il a nié la foy et pieur est que ung paÿen (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 314). ...de vostre esconmeniement N'aconte je mie granment, Car (...) onques le vin dessus ma table N'en fu pieur ne plus coustable. (Mir. parr., 1356, 5). Princes, la part du ciel est la meilleur, Pour ce la prinst Nostre Sires jadis, Et la terre est aux hommes, la pieur (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 74). Mais amere en est la savours Et la conclusion piours (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 117). ...mais nous doubtons trop fort que quant ces cappitaines Gascons, Bernois, Foisois, Hermignas et aultres gens auront pris et levé celle somme de flourins comme les composicions montent, et les pays en seront apovris et affoiblis, que dedens troix ou quatre moys aprez ilz ne retournent et ne facent pieur guerre et plus forte que devant, et ne se reboutent de rechief ens es fors (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 137). Par orgueil et outrecuidance en tous ses fais communaument elle eslit la pieur partie, et se le mari la reprent, au bec et aus ongles elle se deffent et souvent demeure obs[t]inee (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. G.-K., c.1384-1389, 11). Mais que dirons nous de ceulx qui en adversité sont mauvais, et pieurs en prosperité, qui font guerre a Dieu de [s]es biens proprement ? (GERS., Pent., p.1389, 80). ...tant qu'il seroit sur le feu, le mary de celle, ou celui, ou ceulx en quel entente elle feroit ces choses, soufferroient autant et teilz ou samblables, et pieurs tourmens de maladie, et leur esmouveroit tout le corps et les membres. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 325). ...il estoit trahitre, qui [ce qui] est piour que Sarasin (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 101). Comment ay je ouse faire tant de adulteres, qui suis le pieur de tous les autres ? (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 57).

 

Rem. Aussi Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 367 ; CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 408 ; 483 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 71 ; COLART MANS., Dial. créat. R., 1482,93 ; MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 10...

 

-

[Forme fém. pieure(s)] : Et des trois manieres de laines et des draps seront mis estallons ou caltre, et cheli qui en vaurra avoir de l'estallon de laines pour lui mieux adviser sur le fait de le dicte draperie, il en porra avoir pour l'argent soit une lb. ou deux, et ne porra nuls diviser de menre et pieure laine que li estalon soit, mais de milleur, se il leur plaist ; et se li drap est trouvé de pieure laine que les estalons, on le deskiroit en deux et lui osteroit-on les deux bous et le seng commun. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, c.1350-13, 329). ...tantost orguel, envie et avarice y prendent leur signourie, voire l'anemy de l'umaine nature Israel contineulment impugnant et par ses disciplez partout a son pooir zinzanie semant, car il se dit en proverbe que par le pieure roe du char les grans noisez sont esmeues (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 68). ...il me feroit mourir de pieure mort (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 239).

 

2.

[Sous la forme, masculine ou féminine, pire, au plur. pires] : ...nostre plus grant maistresse Est grosse d'enfant : c'est l'abbeesce, Que le monde tient a si bonne : En nostre hostel n'a pire nonne (Mir. abbeesse, 1340, 78). Et ainsi elle seroit de pire condicion que ne sont les ames de cibas. (ORESME, C.M., c.1377, 304). A leur costé l'espee longue et large, La courte dague pour son homme aborder, Le grand bauldrier avecques le guindage Pour a deux coups l'arbaleste bender, Et pour a point plusieurs coups desbender La grosse trousse de garrotz et de vires, Pareilz a ceulx qu'on voit en ses navires Le plus souvent user a volunté ; Il n'en est point en ce monde de pires Pour en narrer la pure verité. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 213).

 

-

Pire que : Et appert aussi que tel pusillanimité est pire que tele presumpcion (ORESME, E.A.C., c.1370, 258). Englois sont pires que chiens ; Y n'ont pitié de creature. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 430). J'ay esté tousjours en prison Pire cent fois que la Gourdaine. (Sots, c.1480-1500, 278).

 

-

[Suivi d'une formule de renforcement] : Maintenant suis je bien mauldit De me estre en l'espice mis. Certes, je suis Le pire gars qu'onque Dieu fit. (Pass. Auv., 1477, 109).

 

-

Pire que jamais : Lors les ditz ennemis, voyant que leur secours ne venoit point et qu'on recommençoit la baterie pire que jamais contre leur dicte place par assault hardi et furieux, furent contraints de tout habandonner et se rendirent a la personne du roy mesmes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 253).

 

-

Par la pire roue du char. V. roue

 

-

Au superl. : Après vient de mon fait le pire, Car j'arguoie ainsi... (Mir. mère pape, c.1355, 369). ...pour certain, selon Aristote, ce seroit oligarchie et la pire policie qui soit aprés tyrannie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 435). L'un d'eulx, lequel elle cuidoit estre le plus begnin et doulx de tous, elle eleut ; mais de tous estoit il le pire. (C.N.N., c.1456-1467, 552).

 

3.

[Sous la forme pieuz, piez] : ...Dont il me semble qu'ilz sont piez (,) Qui [l. Qu'i] ne fussent (,) si simplement Feussent vestus (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 113).

B. -

"Dans une situation plus critique" : Et encores fuissent les Françoys pieuz, se ce ne feust la nuyt qui les departit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 150). [4866]

II. -

Empl. subst. [Forme pieur ou pire]

A. -

"Celui (ou celle) qui est le plus mauvais" : ...Ou les gouverne en tele maniere Que sur soy ne en viengne le piere (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 22). LE Ier DE SIDON. Et qui jette ung aux dés ? LE IIe DE SIDON. C'est le pieur, Toudis le meilleur va montant Et le pieur amenrissant (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 192). Tués nous, coppés nous les geulles, Oncques pires on ne couva (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 35).

B. -

[Empl. subst. neutre]

 

1.

"Ce qu'il y a de plus mauvais, ce qu'il y a de pire" : ...et ne sceut on à dire lesquels eurent du pieur, ou François ou Bourguignons. (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1465, 77). Au pis aler c'est le pieur Sans luy imposer la mort dure. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 3). Le pire en guerre est le mileur. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 409). Regardés s'il y a dangier, Le pire est qu'on ne peut changer Depuis qu'on [...] est accordé. (P. moyne, a.1500, 46).

 

-

Bailler/faire du pire à qqn. "Faire le plus de mal possible à qqn" : Devoyt il souffrir Que je luy baillasse du pire ? (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 98). Faulx Judas, tu m'as fait du pire Par ton ire Et par ton envie maulvaise ; Tu me faiz souffrir ce martire, Cuidant nuyre A ton seul maistre pour ton ayse. (Pass. Auv., 1477, 246).

 

.

Faire du sanglant pire à qqn. V. sanglant "Faire le plus de mal possible à quelqu'un"

 

-

Aller de mal en pire. V. mal

 

-

Mettre de mal en pire : Gens nouveaulx (...) Ont bien tost et soubdainement Mys le Monde de mal en pire. (Gens nouv. T., c.1461-1500, 341).

 

-

Estre du mal au pire. V. mal

 

2.

En partic.

 

a)

"Le plus mauvais parti qu'on puisse prendre" : LE .I. SERGENT. Entre les hommes Nous sommes malheureux tous deux ; Mais, quant a moy, je suis piteux En mon office. LE .II. SERGENT. Dieu le scet. LE .I. SERGENT. Mortbieu, si suis. LE .II. SERGENT. Tres fort secret ; Aussi, n'y sçauroye contredire. LE .I. SERGENT. Sangbieu, il seroit bien discret Qui de nous deux prendroit le pire. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 101).

 

b)

"La plus mauvaise situation où l'on puisse se trouver" : Par Dieu, n'est mye signe de vaillant pongneour Que d'estre avecques dame aussy blanche que flour Sans atoucher a luy. J'en aray du pïour. (Tristan Nant. S., c.1350, 516). Ainsi pensa le preu Margon a sa besongne en pluiseurs ploys et tousjours à son pieur, dont il advint qu'il fut tant attaint de jalousie que... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 368).

 

-

Avoir le pire/du pire. "Être en mauvaise posture, avoir le dessous" : Cil en ont le pïour qui ont telle saudee. (Bât. Bouillon C., c.1350, 15). Or soyés sur vo garde que le pire n'ayés, Car trop est Gaudïon de vous mal fere aisiés. (Tristan Nant. S., c.1350, 157). Et sy tost qu'ilz verront que le pïeur aroit, Le venissent secourre (Tristan Nant. S., c.1350, 197). La bataille fu si dure et si aspre que che fu merveille, et sembloit que Pacience en eust du pieur, quer il genchisoit aus couz Outrage, et le menoit Outrage cha et la parmi le champ. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 106). ...les bestes en ont du pire, Car gens et chiens ont sens plus grant Que n'a nulle beste vivant. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 365). ...et ce que j'ay cy escript, qui bien l'entedra ne trouvera point que les hommes ne aient tourjours du pire (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 115). ...les IIIM l'ont du piour, car ilz furent tous desconfis (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 214). Il y eust sy grand batterie Que les Rommains eurent du pire (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 208). ...ilz sçavoient la perte qu'ilz avoient faite de leurs gens devant Orliens, à Yenville et en aulcuns aultres lieux, pour laquelle ilz avoient du pire, et estoient leurs gens moult esbahis et effraés, et leurs ennemis au contraire estoient moult enorguellis et resvigurés. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 331). Je craing qu'il n'aviengne a rebours De mon vueil : j'auroie le pire. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 283). Et dura le capleis moult longuement ainçois qu'on sceust qui le pire en avoit (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 197). ...je voeuil aler aidier ceulx qui sont devers la baniere d'Angleterre. Je voy qu'ilz ont du pire (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 258). Povreté a tousjours du pire. (GARIN, Compl., 1460, 94).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 222.

 

-

Choir en pire. "Tomber au plus bas, être au comble de la déchéance" : MAGDALENA. (...) Tire a tire, cheux en pire, Pire suis qu'au commencement. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 135).

 

-

Donner du pire à qqn. "Vouer qqn à la défaite" : Et la partie a cui Dieu donra du pire, chascun de nous sera quicte pour donner son dyamant en sa visiere, et ilz seront quictes pour donner chascun un semblable dyamant que sont les nostres. (LA SALE, J.S., 1456, 231).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/14 
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     PIREMENT     
FEW VIII pejor
PIREMENT, adv.
[GD : pirement ; FEW VIII, 154a : pejor]

"Pis, plus mal" : Pirement suys Qu'entre les mains des Juifz. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 202). Et nous qui sommes ses subgetz, En sommes pirement regis. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 145). Or es tu en si bas degré Que impossible est pirement estre. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 41).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/14 
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FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIS1          PIS2     
FEW VIII pejor
PIS, adv.
[T-L : pis ; GD : pis2 ; DÉCT : pis1 ; FEW VIII, 154b : pejor ; TLF : XIII, 420a : pis1]

A. -

[Compar. de mal]

 

1.

"Plus mal ; plus mauvais" : Et par ce appert que la figure du corps pesant fait au mouvement aussi comme par accident, car par ce le corps est disposé ou miex ou pis a ce que il soit meu de la vertu motive laquelle est pesanteur en mouvement naturel. (ORESME, C.M., c.1377, 714). ...pour eschever a pis avoir, trait un petit coustel de quoy il avoit acoustumé a copper son pain, et en frappa ledit Pehu (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 200). ...tellement s'accorderent que le maistre en valut pis tant en bien comme en honneurs. [L'amie du seigneur le trahit avec son chapelain] (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

-

Ne valoir pis ne mieux. "Ne valoir ni plus ni moins, valoir autant" : Deux six et quatre seze font ; C'est mon jeu. Mes quines et six Est le tien, que ne vault rien pis Ne mieulx ; par ainsi il est per. (Pass. Auv., 1477, 204).

 

-

Pis que : ...se ilz ne feussent, les Sarrazins les eussent tous destruiz ou tournez a leur loy, qui vaulsist piz que mort corporelle, car ceulx qui a ce se feussent consentu de bon cuer eussent eu dampnacion perpetuelle. (ARRAS, c.1392-1393, 118).

 

-

[Souvent en incise] Qui pis est : Diex, qui tout scet, nous soit tesmoing quel nombre il y a en Saint Eglise qui detienent et occupent lez dignités et l[e]z benefices, qui ne scevent pas leur grantmaire, ne congruement latin paller, et qui pis est, aucuns sont qui ne scevent pas bien lire en leur sautier (Songe verg. S., t.1, 1378, 98). Secondement en alant oultre, L'enfant est bastart et advoultre, Inhabile de succeder Selon la loy ne d'acepter Prelature ne benefice, Pour ce qu'il est nez en ce vice, Et qui pis est, il advenrra Que celle femme ja n'ara Hoir ne enfant de son espoux (DESCH., M.M., c.1385-1403, 347). Et qui pis est, se l'esprevier est ainsi deux fois foulé, il craindra a y plus voler et ne s'embatra plus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 144). ...avec tout le mal que j'ay eu l'on ne me fait que farser ; et encores, qui pis est, il me fault paier la cotte simple de satin ! (C.N.N., c.1456-1467, 189). ...[le curé] fut contraint de venir demourer sur son benefice, et qui plus et pis est, avecques sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 288). Et, au moien d'icelle alée du roy devant icelle cité, lesdiz Liegois et icelle cité furent ainsi murdris et destruis, tuez et fugitifz, que dit est devant ; mais, qui pis est, le roy, messeigneurs de Bourbon, de Lion, Beaujeu et evesque dudit Liege, freres, et toute la seigneurie estant devant ladicte cité furent en moult grant danger d'estre mors et tous peris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 227). Je croy qu'il n'est pas a tenir Et ne seroit que confusion Pour faire de noz gens morir, Ny autre chose n'y gaigneron[s] ; Que il n'est ne puissant ne bon, Mais tout molu et affiné, Et, qui pis est encore, dit on Que les Anglois l'ont tout myné. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 167). Et, qui pis est, y a ja ans et ans Qu'ilz s'efforcent de monter jusque es cieulx (Cene dieux, c.1492, 110). Hellas, qui pis est, de rechief, Entre deux larrons vain et maigre, Pour mieulx venir de luy a chief, Il gousta fiel, suye et vin aigre (LA VIGNE, S.M., 1496, 567). Et qui pis est, je vous asseure, Qu'il a fait mener en prison Le sainct pere sans mesprison (Myst. st Laur. S.W., 1499, 199).

 

2.

[Avec valeur de nominal] : Et quant le seigneur de Saintré eust a chascune demandé, et en eurent dit ce que dessus est dit et assez pys, il se tourna a Madame et, le genoul a terre, ly demanda son oppinion comme aux autres. (LA SALE, J.S., 1456, 306). Et, en le batant par lesdiz carrefours, comme dit est, le monde crioit à haulte voix au bourreau : "Batez fort et n'espargnez point ce paillart, car il a bien pis desservy !" (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 82).

 

-

[En fonction de suj.] : Helas, oncques ne vous vint pis ! Que farons nous, mes bonnes seurs ? (Pass. Auv., 1477, 182).

 

-

De mal en pis. "De plus en plus mal" : ...je suis de male heure nez, car tousjours voiz de mal en pis. (Bérinus, II, c.1350-1370, 95). Et ainsi ilz procedent tousjours de mal en pis. (ORESME, E.A.C., c.1370, 531). Et, par icelui arrest, fut ramené à fait le cas et crimes à lui imposez et la condemnacion jadis contre lui prononcée à Vendosme, durant la vie du bon roy Charles, dont Dieu ait l'ame, et le pardon et grace que de ce lui avoit depuis fait le roy de lui laisser la vie saulve, et que depuis il avoit encores continué de mal en pis, comme ingrat. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 316).

 

.

Aller de mal en pis : Car ilz vont de mal en pis. (ORESME, E.A.C., c.1370, 495).

 

-

De pis en pis : Et tousjours faisoit de pis en pis, si que il n' avoit grant ne petit a l'ostel son pere qui ne le haïst pour les merveilles qu' il faisoit et pour la mauvaistié dont il s'appensoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 10). Mais par mes oultrageus despiz Le haioie de pis en pis (Mir. parr., 1356, 41). Ci pris, ci mis, Trop fort me lie Merencolie, De pis en pis (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 394). Oncques n'eust pis Femme du monde ; De pis en pis - tout mal m'abonde. (Pass. Auv., 1477, 240). Et ma femme tant me demaine Que merveilles, et de pis en pis. (P. Jouh. D.R., a.1488, 16).

 

-

Plus mal que pis

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Advenir pis / estre pis à qqn : ...en ce monde ne me pourra pis advenir quant il fauldra que j'esloigne vostre tresdesirée presence. (C.N.N., c.1456-1467, 166). ...durant la maladie je n'ay jamais osé presumer de vous requerre de bataille, doubtant que pis vous en fust (C.N.N., c.1456-1467, 516).

 

-

Avoir pis. "Subir une souffrance (physique ou morale), une peine plus forte" : Or ay pis, si ne say pour quoy : Li roys m'a fait coper le poing. (Mir. st J. Cris., c.1344, 299). Lors arey je doleur amere. Je ne pourroye avoir pis ; Je ne scey a qui me retraire. (Pass. Auv., 1477, 167). Oncques ne heux pis En grief douleur. (Pass. Auv., 1477, 188). PRUNELLE [un bourreau]. Il ara pis, Devant que nostre geu desparte. CINELLE. Mieulx luy vauldroit la fievre quarte Que d'estre mis entre noz mains ! (Pass. Auv., 1477, 192). Nous advons de grans maulx commis, Desqueulx justement portons poine, Et cuide que nous arions pis, Si justice regnoit haulteine. (Pass. Auv., 1477, 218). Le cuer me crame - d'oyr telz ditz ! Oncques n'eust pis Femme du monde ; De pis en pis - tout mal m'abonde. (Pass. Auv., 1477, 240).

 

-

[D'une pers. ou d'une chose] Faire pis. "Faire plus de mal" : N'il n'est venin de serpent ou de aspis, Ne de dragon, tant soit lais et despis, Qui peust au cuer në au corps faire pis Ne plus d'aÿr (CHART., D. Fort., 1412-1413, 185). Or sommes nous par eulx gastez et deshonorez. Et encore feront ilz pis s'ils durent longuement. (C.N.N., c.1456-1467, 221). ...[elle] luy disoit de villainnes parolles. Encores fist elle plus et pis. Car elle print ung grant baston (C.N.N., c.1456-1467, 272). Chausses, pourpoins esguilletez, Robes et toutes voz drappilles, Ains que vous fassiez piz, portez Tout aux tavernes et aux filles ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131). Quoy que soit, Reproche en aray des Juïfs. Las, de ma vie ne fis pis Ne entrepris ! Maintenant suis je bien mauldit De me estre en l'espice mis. (Pass. Auv., 1477, 109). Nous nous sommes mis a rober Et avons fait les larressins Qu'on nous mect sus, et enclins Avons esté de faire pis. (Pass. Auv., 1477, 174). Faictes luy pis ! Crachés luy trestous au visage (Pass. Auv., 1477, 212). ...nous sommes en dangiers grans A la companie de ces gens, Que ne charchent que faire pis. (Pass. Auv., 1477, 269). L'iniquité De ces Juïfz (...) a Jhesus m'a fait ce mal faire ! Le mal jucgé ! Onc ne fis pis. (Pass. Auv., 1477, 276).

 

.

Faire pis que : Aussi comme se il vousist dire que en poursivant delectacions corporeles et en fuiant et eschivant les tristeces des choses neccessaires, comme fain et soif, il excederoit oultrageusement et feroit pis senz comparoison que ne fait l'incontinent. (ORESME, E.A.C., c.1370, 378). Si luy dist Montbleru : "Or ça, Jehan, vous ne ferez pas pis que les aultres..." (C.N.N., c.1456-1467, 401). ...[l'évêque] luy baptisa son cas si merveilleusement qu'il sembloit que le curé eust fait pis que regnier Dieu. (C.N.N., c.1456-1467, 540). Malicieux font pis que les dyables (Pass. Auv., 1477, 111). A ce soir il s'est destaché Et fait pis qu'il ne fist jamais. (Pass. Auv., 1477, 159). ...encore pis fit Que Janus non a raconté. (Pass. Auv., 1477, 175). ...feroye pis Que oncques ne fis, si ta doctrine Et ton pouvoir doulx et benigne Ne me gardoit (Pass. Auv., 1477, 252).

 

.

[Peut marquer une situation subie par le suj.] : ...s'il la rencontre en quelque lieu marchant, ou elle obeyra, ou elle fera pis. (C.N.N., c.1456-1467, 117).

 

-

Souffrir pis : Or me dictes donc, mon doulx filz, Si oncques pis A homme vis - souffrir ne avoir tant de paine ? (Pass. Auv., 1477, 256).

 

-

Voir pis : Onc ne vis pis. En songe je veyes liompars, Chiens, chatz, loups et renars (...) Trestous a l'environ d'un jucge, Qui disoyent : "Si Pilate jucge Jhesus le prophete tresgrand, A tous vous faiz comandement Que l'estranglés luy et sa femme..." (Pass. Auv., 1477, 167).

B. -

[Superl.] Le pis. "Le plus mauvais" : ...elle pert son pucellage (...) Et si se met en aventure De morir, c'est le pis d'assez, A ce que de mal repassez Soit vostre corps. (Mir. Berthe, c.1373, 172). ...elle se bouta dedans la dicte cheminée, et se commença a descendre et ung pou avaler ; mais le pis fut qu'elle demoura en chemin, sans se povoir ravoir (C.N.N., c.1456-1467, 275).

 

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Avoir du pis. "Subir le plus de mal possible" : Une foiz vous 'n arés du pis, Et croy que Dieu vous punira. (Pass. Auv., 1477, 269).

 

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[En tournure nég.] : Or sa, je n'arey pas du pis, Puis que six et quatre font dix, Et as sont onze [aux dés]. (Pass. Auv., 1477, 202). Bien va ; je n'ay pas trop du pis, Puis que j'ay eu deux six et quatre. (Pass. Auv., 1477, 203).

 

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Faire le pis (à qqn) / faire du pis (à qqn) / faire du pis que l'on peut. "Faire le plus de mal possible (à qqn)" : Nous fasons du pis et du mieulx Que nous pouons, sans y faillir. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 139). ...ung fol nagueres s'advisa de faire le pis qu'il pourroit, c'est assavoir se marier (C.N.N., c.1456-1467, 87). Pour ce comende a vous dïables Que luy soyés si tresnuisables Que destruiés luy et sa femme, De corps, de bien et de leur ame. Quoy que soit, faictes leur du pis ! (Pass. Auv., 1477, 169). ...[Judas] luy a fait du pis, Car il a trahit voustre enffant. (Pass. Auv., 1477, 187). Celluy a qui on fait le pis, C'est celluy qui porte la croix. (Pass. Auv., 1477, 190). Car si en vert boix virtüeux, Comme je suis, teulx choses font, En boix sec, helas, que faront ? Certes, du pis ! (Pass. Auv., 1477, 191). Je toy prïe que tu me faces Du sanglant pis que tu porras (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 84).

 

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Faire du sanglant pis à qqn. V. sanglant

 

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Au pis. "Dans les pires conditions" : Et tel epyeyke n'est pas diligent de executer justice au pis en punissant (ORESME, E.A., c.1370, 325). Vienne ce qu'avenir pourra De cas villain long souvenir, Au pis ne peut il qu'avenir Que partir ung rien que donra. (Sots gard., a.1488, 112).

 

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Mettre qqn au pis. "Défier qqn"

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 10930.

 

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Prendre la chose au pis. "Envisager une situation dans l'hypothèse la plus défavorable" : Or prenons donc au pis la chose, Que tous ses disciples cy vinssent, Et a puissance cy voulsissent Ouvrir et robber le tumbeau : Quel remede ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 763).

 

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Avoir le pis de la guerre. "Être vaincu à la guerre" : Je ne voy qu'en ceste bataille Soit force humaine qui nous vaille, Que n'aions le pis de la guerre. (Mir. Clov., c.1381, 264).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/14 
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     PIVRE     
*FEW VIII pejor
PIVRE, (?)
[*FEW VIII, 153b : pejor (?)]

"Pire (?)" : ... Blasphemer le hault roy divin, Comme gens incensez et pivres (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 560).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/14 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     REMPIRER     
FEW VIII pejor
REMPIRER, verbe
[T-L (renvoi) : rempirier ; GD : rempirer ; FEW VIII, 156b : pejor]

"Devenir pire" : Toudis rempiroit, jusqu'a tant que Nogier soit corochat et les regrongnat acertes. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.4, a.1400, 136). Tout mon souhait au rebours si advient Et ay du mal tant qu'en puis soupirer, Ne n'est desir qui me sceust inspirer A joie avoir, mais avant rempirer [var. empirer]. (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 61).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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