C.N.R.S.
 
Famille de manducare 
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 41 articles
 
 Article 1/41 
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     AMANGER     
FEW VI-1 manducare
AMANGER, (?)
[FEW VI-1, 170a : manducare]

Amanger qqc. "Manger" : Le temps ou l'en treuve mieux l'escureul, c'est quant la feulle [est] cheue des arbres et que il ne treuvent que mangier [var. ms. B : amengier ; l. a mengier ?] es arbres, adonc descendent a terre pour mangier et pour faire leur garnison pour l'iver. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 166).

 

-

Empl. abs. : Pou aboire et pou amengier [l. pou a boire et pou a mengier ?], Pou reposer, bien traveillier Deceplines et batemens, Oroisons et gemiscemens, (Les) instrumens de penitance T'en feront droit et venjance ; Il t'en feront estre victeur [de ton corps], Veulle et ne veulle a grant honneur. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 198). Et se il prennent l'oisel, donne li a mengier enmi la poiterine et li donne le cuer, et le fai mengier [var. ms. Y : amengier] [l. a mengier après faire ?] avecques l'autre faucon. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 192).

REM. L'existence de ce verbe est loin d'être assurée. FEW VI-1, 180b, n. 83, s.v. manducare envisage cependant l'agglutination de la prép. à à partir de formes comme donner à manger.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 2/41 
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     COMMANGER     
*FEW VI-1 manducare
COMMANGER, verbe
[*FEW VI-1, 169b : manducare]

"Manger ensemble" : ...en lieu de convit ilz distrent commanger et comboire (PREMIERFAIT, Vieillesse M., 1405, 109).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 3/41 
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     DÉMANGEAISON     
FEW VI-1 manducare
DEMANGEAISON, subst. fém.
[GDC : demangeaison ; FEW VI-1, 173a : manducare ; TLF : VI, 1053b : démangeaison]

"Picotement ou irritation de la peau" : Les signes de saphati fays de humeur melencolic sont : car la couleur aparoist noire et terrestre au lieu avecques petit prurit ou petite demengaizon et telles pustules sont dures. (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 18 [BnF / Gallica]).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 4/41 
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     DÉMANGEAMMENT     
*FEW VI-1 manducare
DEMANGEAMMENT, adv.
[*FEW VI-1, 173 : manducare]

"À la manière d'une démangeaison" : Pruriginose (...) : demeignamment (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 405).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 5/41 
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     DÉMANGEANT     
FEW VI-1 manducare
DEMANGEANT, adj.
[GDC : demangeant ; FEW VI-1, 173b : manducare]

"Qui démange" : Pruriens (...) : demeignans scabiens (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 405).

REM. Les prem. attest. de la forme demangeant ds GDC IX, 298a datent du XVIe s.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 6/41 
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     DÉMANGEMENT     
FEW VI-1 manducare
DEMANGEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : demangement ; GD : demangement ; FEW VI-1, 173a : manducare ; TLF : VI, 1053b : démangeaison (demangement)]

"Démangeaison" : Prurigo (...) vel pruritus : demangemans (Aalma R., c.1380, 336). Quant l'ail est beu il guerist le demangement de la chair. (JEAN DE CUBA, Jard. de santé, c.1500, f° 11 v° b [BnF/Gallica]).

REM. GARBIN 1487 ds GD II, 493c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 7/41 
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     DÉMANGER     
FEW VI-1 manducare
DEMANGER, verbe
[T-L : demangier ; GD : demangier ; GDC : demanger ; AND : demanger ; FEW VI-1, 169b : manducare ; TLF : VI, 1053b : démanger]

I. -

Empl. trans. "Ronger"

 

-

Au fig. : Ve ci, tresdoulz Dieu, mon meschant et chetif esperit par males euvres de toutes pars demengié des dens de ses enemis, par les quelz miserablement est desciré, si que a paines est eschapé. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 46).

II. -

Empl. intrans.

 

-

Au propre [D'un membre] "Être le siège d'une irritation, de picotements, démanger" : Quant oreilles demenguent, dist une autre, pour verité, se c'est la droitte, ce sont bonnes nouvelles (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 124). Quant a une femme la gorge lui demengue, ce sont bonnes nouvelles que brief yra aux nopces ou a relevee faire grant chiere ; mais quant c'est la teste, tout le contraire. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 138).

III. -

Empl. pronom. "Ressentir des démangeaisons" : Prurio (...) pruritum habere (...) se demeigner, havoir demeignure (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 405).

V. aussi desmanger
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 8/41 
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     DÉMANGEUR     
FEW VI-1 manducare
DEMANGEUR, adj.
[FEW VI-1, 173b : manducare ; TLF : VI, 1054a : démanger (démangeur)]

"Qui provoque des démangeaisons" : Item pruriginosus (...) : demengeur. Item prurigidus (...) : grateux demengeur. (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 61).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 9/41 
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     DÉMANGEURE     
FEW VI-1 manducare
DEMANGEURE, subst. fém.
[T-L : demangëure ; GD : demangeure ; FEW VI-1, 173a : manducare ; TLF : VI, 1053b : démangeaison (demangeure)]

"Démangeaison, brûlure" : ...tant que, quant le monde assemble ses richesces et ses delices, des quelles il nourrist ensemble douce demengeure et gratele et ardeur de personnes charneles, tendres et deliez et les enflambe par tel maniere que le cuer pris du barat (...) s'en aille comme vague et oyseus (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 98). Pruritus (...) : demeignure (...) Pruriginosus (...) : rongneus ou plains de grate et plains de demeignure (...) Pruriginositas (...) : rongneusetés ou grans demeignures (...) Pruriditas (...) : plenté de rongnes et de demeignure (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 405). Item hec prurigo (...) : roingne[,] demangeure (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 61). La pouldre de aloes tresbien destrampee et deffaicte avecques vin blanc et eaue rose vault moult a la demangeure des yeulx. (JEAN DE CUBA, Jard. de santé, c.1500, f° 14 v° a [BnF/Gallica]).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Hiltrud Gerner

 Article 10/41 
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     DESMANGER     
FEW VI-1 manducare
DESMANGER, verbe
[GD : desmangier ; FEW VI-1, 170a : manducare]

Empl. trans. "Vomir" : Se je treuve telz apostoles, Je leur sacqueray les boyaulx de le pance (...) Et leur feray, s'il samble bon, Mengier, remengier, maquillier, Desmengier et desgorguillier Trippes et brouet tout ensamble. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 161).

REM. Un seul ex. (de Lefèvre d'Étables, Bible, éd. 1534) ds GD II, 609b.

V. aussi demanger
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 11/41 
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     ENTREMANGER     
FEW VI-1 manducare
ENTREMANGER, verbe
[GDC : entremangier ; AND : entremanger ; FEW VI-1, 170b : manducare ; TLF : VII, 1242b : entremanger(s')]

Empl. pronom. réciproque S'entremanger. "Se dévorer l'un l'autre" : ...lequel prenostica, l'an XIIe du regne de l'empereur Henri, la grande famine qui fut en Angleterre, qui fut si très vehemente que les hommes et femmes s'entremengeoient et le fort mengeoit le feble. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 112 r°).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 12/41 
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     GARDE-MANGER     
FEW VI-1 manducare
GARDE-MANGER, subst. masc.
[T-L : gardemangier ; GD : gardemangier ; GDC : gardemangier ; DEAF, G242 garder (gardemangier) ; AND : Ø ; FEW VI-1, 172a : manducare ; TLF : IX, 88b : garde-manger]

A. -

"Ce qui sert à garder les aliments"

 

1.

"Lieu où l'on conserve les aliments" : Primo couvient ung clerc ou varlet qui fera finance d'erbe vert, violecte, chapeaulx, lait, frommages, oeufz, busche, charbon, sel, lait, cuves et cuviers tant pour la sale que pour garde mengiers, vertjus, vinaigre, oizelle, sauge, percil, aulx nouveaulx, .II. balaiz, une pelle et telles menues choses. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 187). ...a Colin Amiot pour avoir (...) reffait les feulleures des aumaires de plastre, qui sont endit garde-mengier (Comptes Archev. Rouen J., 1437, 156). ...ung lardier a mettre ou garde-mengier (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 162). Gardes robes, retrectz et galeries, Huys et montees, pans de murs assez larges, Furent tenduz d'autres tapisseries De haulte lice a riches parsonnaiges. Pas n'y avoit garde menger, cuisines Ou il n'y eust quelques tapis notables ; Qui plus fort est, tapisseries fines On avoit pris pour tendre les estables. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 182).

 

2.

"Meuble, sorte de coffre, destiné à conserver les aliments" : Ciborium (...) : Vaissiaux a mettre viande conme garde mangier. (Aalma R., c.1380, 63). Pour un gardemengier couvert de cuir de truye pour ledit confesseur...48 s. (Comptes écurie Ch. VI, L., t.1, 1383,,, 87). De vuit garde mengier vuyt ventre. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 153). ...pour vous donner a entendre quelle chose c'est d'un casier, c'est ung garde menger a la façon d'une huche (C.N.N., c.1456-1467, 443). ...achapt fait de Pierre Malhol, dit l'auvergnas, de deux cens esmines de gip, à cause d'enduire les gardemangier de la cousine basse (Comptes roi René A., t.1, 1458, 60).

 

Rem. Doc. 1378 (C'est assavoir deux gardes mengiers, six chauderons, deux grans barilz a mettre vin, et certaine autre vaisselle pour nous.) ; 1468 (une minette et garde mengier) ds GDC IX, 685a.

 

-

"Sorte de cantine portative" : ...trois moynnes qui portoient grans bouteilles et le gardemangier pour renfreschir (LA SALE, J.S., 1456, 272).

 

3.

"Pièce de vaisselle destinée à conserver les aliments" : ...achapt de deux estuyz de cuir garniz de couroyes, pour ung garde-menger d'argent et une bouteille pannetière (Comptes roi René A., t.2, 1451, 318).

 

Rem. Doc. 1380 (Deux gardemengiers d'argent blanc veré) ds GDC IX, 685a.

B. -

"Office qui s'occupe de tout l'approvisionnement de bouche dans une grande maison"

 

-

Valet de garde-manger : ...Jehan Coulon, souffleur en la cuisine et varlet de garde-mengier de l'hostel de MS. (Comptes Lille L., t.1, 1458-1459, 472).

 

Rem. Ex. anc. fr. au sens de "officier de bouche" ds GD IV, 224a.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 13/41 
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     MANDUCATIF     
FEW VI-1 manducare
MANDUCATIF, adj.
[FEW VI-1, 176a : manducare]

MÉD. "Qui dévore, ulcérant" : Et se elle [les ulcères] s'estant ça et la par la cher et ne se profondent pas moult, elles sont dictes ambulatives et se la malice de le ulcere est tant acrue qu'elle deguaste le membre, elle est dicte manducative et d'illec passe ad luppum et cancrum. (PANIS, Guidon, 1478, tr.IV, doct.1, chap.2).
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

 Article 14/41 
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     MANDUCATION     
FEW VI-1 manducare
MANDUCATION, subst. fém.
[GDC : manducation ; FEW VI-1, 175b : manducare ; TLF : XI, 294b : manducation]

"Action de manger" : Et selon ces deux manieres les saints docteurs dient qu'il est double manducacion du corps de Jhesu Crist ; et ceste manducacion est et peut estre consideree selon deux choses qui sont en ce sacrement, ainsi qu'il a esté dit devant. (...) L'une maniere de manducacion donc est manducacion sacramentelle et l'aultre est manducacion espirituelle (CIB., Qui manducat me M., 1446, 48).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 15/41 
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     MANGEABLE     
FEW VI-1 manducare
MANGEABLE, adj.
[T-L : manjable ; GD : mangeable ; AND : mangable ; FEW VI-1, 175a : manducare ; TLF : XI, 298a : mangeable]

"Qui peut être mangé" : Mais, que il eust receu aucun present mengable ou beuvable, je ne l'ai pas certain en l'Escripture. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 429). De toutte beste mangeable qui est traitte hors du Royaume, paye la disime partie ; c'est à entendre de bestes bonnes à manger pour hommes. (Ordonn. rois Fr. V.B., t.12, 1383, 136). Mandibilis (...) : manjables, qui est convenables d'estre mengiés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 291). Le fruict de l'arbre appellé cranea est stiptique et est suffisamment mangeable. (Jardin santé, c.1500, f° 73b [BnF/Gallica]).

REM. Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s., ceste viande n'est pas mengable) ds GD V, 143a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 16/41 
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     MANGEABLEMENT     
*FEW VI-1 manducare
MANGEABLEMENT, adv.
[*FEW VI-1, 175b : manducare]

"De façon à pouvoir être mangé" : Comestibiliter (...) : mengeablement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 55).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 17/41 
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     MANGEABLETÉ     
*FEW VI-1 manducare
MANGEABLETÉ, subst. fém.
[*FEW VI-1, 175a : manducare]

"Qualité de ce qui est mangeable" : Comestibilitas (...) : mengeableté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 55).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 18/41 
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     MANGEAGE     
FEW VI-1 manducare
MANGEAGE, subst. masc.
[T-L (renvoi) : manjage ; GD : megnage ; FEW VI-1, 166b : manducare]

"Nourriture" : Et demandat oultre, là presentement sour ledit Palais, mondit sangneur de Liege avoir la quittanche et solution de environ VIIIm pessans florins, que ilh avoit enpronteit à le recharge des estats de paiis pour ravoir Rochefort et Aygmont, dont tout jour montent mengaige à Dynant de XXIIII chevals (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 574).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 19/41 
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     MANGEAILLE     
FEW VI-1 manducare
MANGEAILLE, subst. fém.
[T-L : manjaille ; GD : mangeaille ; FEW VI-1, 166a : manducare]

A. -

"Ce qui se mange, nourriture" : Item, l'en fait present de la teste et du pié aux seigneurs, et cela n'est point mengaille : ce n'est fors pour savoir quel, et de quel aage, le cerf estoit (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 212). Et apourtés de la menjallie Pour repaytre grans et menus (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 151). ...car il fault aux Allemans grant victuaille et grant mangeaille ; et n'eust peu l'ost de l'Empereur estre fourni, se ne feust que vivres leur venoient par la riviere du Rin, tant de Coulongne comme de Zoux (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 98). Or t'en vad ton faict abreger : Tu pences trop de la ma[n]geaille ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 186). Et fut luy mesme aussi mal souppé en son endroit que nulz des autres, car les estradiotz avoient couru sur les vivres et deschargé sur le bagaige, parquoy l'indigence de la mangaille vint. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1346 (Meuse, mainjelles) ds GD V, 143a-b. STAVELOT, Chron. B., a.1447, 574 et 576 (magnalles).

B. -

"Action de manger, repas, festin" (synon. mangerie) : Et durant ce temps ceulx de son conseil rompirent le tinel de la salle, et la grant mangeaille et extresme despense qui se faisoit journellement en l'hostel du duc de Bourgoingne, et furent mis tous ceulx de celle court à gaiges et à argent, et fut lors que Michaut le retoricien dist que le gigot de la court estoit rompu (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 80).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 20/41 
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     MANGEE     
FEW VI-1 manducare
MANGEE, subst. fém.
[FEW VI-1, 166a : manducare]

(Synon. de mangeue) : ...saches qu'il est trois manieres de parler de menjues [var. mengees]. La premiere si est quant les bestes noires ont remué la fulle soubz les chesnes ou soulz les foux pour querre le glen ou la faine ; ycen [sic] est apelé proprement menjuez. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 73).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 21/41 
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     MANGEMENT     
FEW VI-1 manducare
MANGEMENT, subst. masc.
[T-L : mangement ; GD : mangement ; FEW VI-1, 166b, 172b : manducare]

A. -

"Ce que l'on mange, repas" : Et qui saroit les mengemens, Qui au plat pays en sont voir, Grant pitié en devroit avoir (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 56).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD V, 143b-c.

B. -

"Démangeaison" : Pruriginosus (...) : plain de mangemens (Aalma R., c.1380, 336).

 

Rem. GARBIN 1487 ds GD V, 143c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 22/41 
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     MANGEOIRE     
FEW VI-1 manducare
MANGEOIRE, subst. fém.
[T-L : mangëoire ; GD : mangeoire ; GDC : mangeoire ; DÉCT : mangëoire ; FEW VI-1, 168a : manducare ; TLF : XI, 298b : mangeoire]

"Auge contenant la nourriture des bêtes (bétail, chevaux), mangeoire" (synon. mangeure) : Bien est vray que, par avant, ceste misericorde fut receue dedans le precieux corps de Nostre Dame, au jour de l'adnunciacion, mais ce fut fait assez secretement en la chambre Nostre Dame. En aprés, le jour de Noel, ceste misericorde fut receue dedans la mengoire des bestes, et denoncee a peu de gens, comme aux pasteurs. (GERS., Purif., 1396-1397, 61). Bien logiez furent li destrier A mengouere et a ratelier Qu'on ot fait en ces tentes faire (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 144). ...La Hire (...) s'ala mucier dessoubz une mangoire de chevaulx. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 298). ...les estables garnies de rateaux et mangoères. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 408). ...puis [Damp Abbé] commanda les rettelliers et mengoires de estables emplir d'avaine et de foing (LA SALE, J.S. E., 1456, 365). ...couper d'autres aubes, à cause de faire d'autres manjoires et de rastelliers (Comptes roi René A., t.1, 1457, 52). ...led. prieur feist faire, devant le grand puis de leans, neuf toises de mangoueres et repparer une partie des gros murs environ. (MAUPOINT, Journ. paris. F., App., 1461, 18). Plusieurs chevaulx avoient, qui n'avoient nulles provisions, et vous asseure qu'ilz avoient mangez leurs rateliers et leurs mangeoires, de force de faim. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 46).

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 4612 (manjere), 4617 (manjouere).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/41 
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     MANGEOISON     
FEW VI-1 manducare
MANGEOISON, subst. fém.
[T-L : manjoison ; GD : mangeoison ; FEW VI-1, 172b : manducare]

"Démangeaison" : ...N'ay membre dessoubz ma chemise Qui ne me trestramble et fremise ; Une heure suis en marrisons, Et aultre heure ai les mengisons (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 10).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 24/41 
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     MANGE-PAIN     
FEW VI-1 manducare
MANGE-PAIN, subst. masc.
[T-L : manjüepain ; GD : manguepain ; FEW VI-1, 170b : manducare]

"Celui qui ne mange que du pain, c'est-à-dire pauvre qui n'a rien d'autre à manger que du pain" : Ceste main ci Coquinerie Nommee est et Truanderie. Hoguinenlo par non la claim Et qui apelle Mengu pain. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 9728). LE PÈLERIN. En ta hautaine contree Vois sens faire demouree Criant a l'uis : qui appelle ? Mangu pain par fain desvee Pour ma povre destinee Qui contre moi se revele. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 778).

REM. Déjà ds GD V, 145c, d'où la date de c.1350 du FEW : la première citation est tirée de DU CANGE (Amsterdam Bibl. Philos. Herm. 108 : mengue pain), la seconde, de l'Impr. de c.1500 (manjue pain).
 

DMF 2020 - Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 25/41 
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     MANGER     
FEW VI-1 160,162a,163,165 manducare
MANGER, verbe
[T-L : mangier ; GD : mangier1/mangier2/mangeant ; GDC : mangier1/mangier2 ; AND : manger ; DÉCT : mangier ; FEW VI-1, 160,162a,163,165 : manducare ; TLF : XI, 298b,302a : manger1/manger2]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

Manger qqc.

 

-

"Absorber (un aliment solide)" : Aussi est ce bonne chose de estre gueri de maladie, mais non pas pour mangier quelconques chose. (ORESME, E.A., c.1370, 502). ...et fist ledit prisonnier fondre ledit fromaige, et firent des souppes dedens, lesqueles ledit prisonnier menga à la pointe de son coustel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 559). ...après ce qu'ilz orent veillié en leurs chambres jusques environ deux heures après minuit et mangié de la char en la compaignie d'autres compaignons officiers dudit mons. de Bourbon (...), l'en entra à force en leur dite chambre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 477). ...[le roi] fist tendre un bel paveillon devant, et souppa tout a son aise, et puis se ala couchier, et dormy jusqu'au lendemain, souleil levant, et ouy messe, et puis menga une souppe en vin. (ARRAS, c.1392-1393, 302). Par Mahon, dist le soudant de Barbarie, se ilz [les chrétiens] estoient tous cuiz, et il feust acoustumé de mengier telle char, il n'en y a pas assez pour nous repaistre. Et par ma loy, s'il n'y avoit que moy et ma gent, si n'en repasseront il ja pié dela la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 226). Et lui compta la bonne et saincte vie que Remond, son pere, menoit, et comment il estoit tous les jours confessez et recevoit son Createur, et ne mengoit rien qui receust mort. (ARRAS, c.1392-1393, 276). ...par sept ans conversa avec les bestes, mengiant foing et paissans es prez (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 147). ...avant que la bonne damoiselle son hostesse eust a moitié mengé sa porée, il n'y avoit trippe ne trippette dedans le plat. (C.N.N., c.1456-1467, 486). ...monstrerent aux simples gens le cultivement des terres et puis Cerès vint, qui leur montra à semer blé, car au devant ne menjoyent que glans et fruit tout cru. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

 

-

[Allusions à l'Ancien et au Nouveau Testament] : Et nequedent n'ay je pas en propos de dire de chascun, car trop entreprendroie grief fais, se je vous vouloye compter comment Adam menga la pomme, ne de Caÿn qui occist son frere Abel (Bérinus, I, c.1350-1370, 3). Jadiz, Sire, en tele glorieuse journee, comme est [c]e jour de la Penthecouste, le jour de perdon et remission, le jubilé de grace, les apostres et les disciples avecque la benoite Vierge Marie estoient enfermez pour la paour des juifs dedens l'ostel ou avoit esté faite la cene du grant jeudi a mengier l'aignel de Pasques, ou mont de Sion (GERS., Pent., p.1389, 75). Regardez mesmes que Dieu, qui est sage sur toute sagesse, fist pour ce que Adam, desobeissant et mesprisant le commandement de Dieu ou deffense, menga la pomme, qui estoit peu de chose a lui que une pomme, comment il en fut courroucié. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 82). JACOB (à Esaü) Or tien, mengu tout a ton ayse ; Le droit de premier né est mien. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 144). ...son propre serviteur Qui devroit estre ainsi comme tuteur De son saint corps et mengant en sa table Le traÿra (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 12). Et leur furent par vous tous fruitz habandonnez se non celluy de vie, comme vous pleust l'ordonner, du quel Adam menga et fut desobeïssant. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 56). Las, pouvre, j'en pers ma coronne, Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu [Adam] mangis ! (Pass. Auv., 1477, 246). Mais tantost apres, par l'annortement du diable, qui se mist en guise d'un serpent et parla à la femme et lui fit menger du fruit lequel Dieu avait deffendu, laquelle en fit menger à son mary. (BÉTHENCOURT, Canarien C., c.1490, 171).

 

-

Loc.

 

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Avoir mangé son pain. "Avoir vécu sa vie" : Mes jours s'en vont comme fumée Helas ! je seche comme fain ; Aussi je pers la renommée Du monde transitoire et vain ; Mais ne m'en chault, roi souverain, Maishuy de honneur terrienne, Car j'ay presque mangé mon pain : Mais donne moy la vie haultainne. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 56).

 

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[Dans un contexte métaph.] Manger chair salee. "Subir de graves revers" : ...se l'on menge chair sallee On leur fera boire des eaux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 448).

 

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Manger une poire/un gasteau/du rost. "Recevoir des coups" : Passés davant, mestre Cromache. Festes vous yci le prevoust ? Par dieu, vous mangerés du roust Et si aurés ses quatres miches. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 173). Mange ceste poere boulie Et de ce guasteau mal prestit ! (Pass. Auv., 1477, 189).

 

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Manger son potage à cachelouche avec qqn. "Avoir des relations sexuelles interdites avec qqn (?)" ( (GD)) (V. cachelouche) : Dame Sebile des Mares dist sur ce pas que les filles ne doivent point mengier a cachelouche leur potage avec leurs amoureux, car par coustume il avient souvent que leurs maris ont acointe apart et non pas les femmes. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 86).

 

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Manger un gasteau. "Endurer, subir une méchanceté, un sale tour" : LE DUC. (...) Chivaliers, ce sont les gasteaulx Qu'on fait en court pour en taster. LE PREMIER CHIVALIER. Je n'en voulroye pas manger, Mon seigneur, s'il estoit possible. Tieulx pains font les gens estranglier ; Maulvaistié est tousjours nuysible. (Pass. Auv., 1477, 112).

 

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Manger le pain de qqn. "Être nourri par qqn (en tant que serviteur)" : ...je vous sers, de vostre grace, non tant seulement pour gaigner vostre argent, menger vostre pain, faire bien et garder vostre honneur (C.N.N., c.1456-1467, 494).

 

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Manger la laine sur le dos de qqn. "Voler qqn" : LE MOUTON. Bon droit a bon mestier d'aïde. Tu me ronges trop pres des os Et mengües, comme je cuide, Le pouvre laine sus le dos, Dont j'ay espoir que brief et tos Justice et droit m'en fera Dieu. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 666).

 

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Manger le pain d'angoisse. "Être dans la détresse" : Or doncques, puisque (...) tu mengues le pain d'angoisse avec les miserables et que ta moisson gist en douleur et waucre ta nef en mer de tristesse et desires vray port (...) pren donc ceste dame Esperance (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 181).

 

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Manger son blé en vert. "Dépenser d'avance son revenu, manger son blé en herbe" : Qui laisse tout a descouvert Et qui mengut son blé en vert, Ja ne sçavra, tant soit il chiche, A peine jamais estre riche. (ALECIS, Passetemps Alecis frères P.P., a.1451, 14). Or sont nos enfans mariés en aage de faire procreation de lignie, voire a moitié comme celui qui vendange sa vigne a moité meure et cuide avoir bon vin, mais quant le vin est parés il ne treuve que vernis. Quel mervaille ! il se hasta si qu'il menga ses bles vers qui onques bien ne li firent. Il ne laissa meurer le roisin et pour ce l'emprist. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 249).

 

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Mangier son pain en paix. "Connaître la tranquillité (ici, publique)" : Saches souvent la vois dou pueple Quel parole de toy il pueple. S'elle est bonne, ren Dieu loange ; S'elle est mauvaise, ne t'en vange, Car qui se vuet de tout vangier, Son pain ne puet en pais mengier, Mais t'amende, eins que on te somme, Si feras ouevre de preudomme. (MACH., C. ami, 1357, 127).

 

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Ne manger ne figue ne datte. "N'avoir pas les moyens de se procurer des fruits exotiques et rares" : Fait au temps de la dite date Par le bien renommé Villon, Qui ne mengue figue ne datte, Sec et noir comme escouvillon ; Il n'a tente ne pavillon Qu'il n'ait lessié a ses amis. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30).

 

-

Prov.

 

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On s'ennuie d'un seul pain manger. "On se lasse de voir toujours la même personne (femme, courtisan...)" : Ou soit au champs ou en chambre ou en lit, Estrange femme veult chascun à li traire, Soit vielle ou jeune, d'estat grant ou petit : Estrange dame ne puet à nulz desplaire ; Mais de privée se veult chascun retraire : D'un pain mangier se puet l'en ennuier, Ce dient ceulz qui femme ont en grenier. (MACH., App., 1377, 643). Et pour ce, quant aucun est entré en leur grace pour aucune bonne propriété qui est en lui, il craint tousjours de perdre celle grace, ou par aucun survenant meilleur que soy, ou pour accusacion d'aultruy, ou par adventure, pour ce que le prince sera ennuyé du service, gratuité et plaisance qu'il avoit prins en ceste propriété. Car on dit communement que on s'ennuye d'un pain mangier. (BUEIL, I, 1461-1466, 48).

 

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Le pain au fol est premier mangé : Folle largesse pour croire faux semblant M'a dessaisi du miex de ma chevance Par doulz regart qui va maint cuer emblant Où fausseté s'embat par decevance Avec biauté qui est de s'aliance Dont povreté m'a fait donner congé. Le pain au fol est le premier meingé. (MACH., App., 1377, 644).

 

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Manger de qqc. : ...il reprint nouvelle ymaginacion par boire et menger largement du demourant du soupper de ceulx qui entretant ou lit se devisoient (C.N.N., c.1456-1467, 27). ...ses gens luy apporterent largement de beaulx et gros pastez d'anguilles (...) Si en mengea tout son saoul. (C.N.N., c.1456-1467, 82). Pour manger de ces morceaulx chiers, On en feroit bien ung mauffait. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 95). J'ay mangé d'une brame grasse Qu'estoit salee ung peu trop. (Pass. Auv., 1477, 89). Et pour se ay peur que ne veulhe Manger de noustre veneson. (Pass. Auv., 1477, 139).

 

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"Absorber (un aliment liquide)" : Je vous jure comme euvangile que quant une jone fille mengue acoustumeement lait bouilly en la paelle ou en un pot de terre, qu'il pleut volentiers et par coustume le jour de ses nopces. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84). Et dit illec, auctorité de Ruffi, que ceulx qui mengent du lait doivent estre en jeung et le mengier chault venant des mamelles sans riens mengier (Rég. santé corps C., 1480, 19). J'ay apporté du laict aussi Pour luy faire ung peu a manger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 219).

 

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[Cas très particuliers] Manger qqn : Il sont grans gens et fors et bien combatans, et portent vne grande targe, qui leur cueuure tout leur corps, et vne lance en leur main. Et sil prennent aucun homme en la bataille, il le manguent. Et le roy de ceste ylle est moult riches et moult puissant (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 341). Et quanqu'il [le géant] attaint il cravente Pour paistre sa gueule senglente : Quant les hommes prent, il les tue, Puis les deveure et les mengue, Si que li sans aval degoute Parmi sa barbe goute a goute. (MACH., Voir, 1364, 620). Et de fait saint Jeroisme recite en son livre contre Jovinian, comment une maniere des gens appeléz Messageans ont de coustume de mengier leurs parens quant ilz sont mors (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 396). ...environ mynuit, fist prandre Jherusalem, où il y avoit eu si grande famine que les meres y avoient mengé leurs enfans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Mangeant. "Mangeable"

 

Rem. GD V, 143b, mangeant.

 

b)

P. méton. Manger telle somme d'argent. "Dépenser (telle somme) en nourriture" : ...environ VIJ frans en or et en argent, que ilz beurent et mengerent, et despendirent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63). ...le procureur dudit evesque avoit envoié oudit hostel lesdis sergens en garnison, qui buvoient et mengoient et dissipoient lesdis biens (FAUQ., II, 1421-1430, 332).

 

c)

Empl. abs. "S'alimenter" : Se tu vues bien faire et bien vivre, Soies ordenez en ton vivre, Car mengier souvent et menu Ha fait que pluseur sont venu A leur mort, ne ce n'est pas vie De vivre en tel gourmanderie, Eins est vie de beste mue Qui toudis runge et toudis mue. (MACH., C. ami, 1357, 127). Messe oïsmes entierement, Bien et bel et devotement, Et puis nous alames mengier Ou nous heümes sans dangier Quanque solas et cuers demande De pain, de vin et de viande. Après disner il m'apella Et longuement a moy parla (MACH., F. am., c.1361, 241). Car quant .II. mauvais jouëeurs, si comme deux mauvais luiteurs gieuent, adonques ceuls qui les resgardent font autre chose et manguent se ilz ont fain. (ORESME, E.A., c.1370, 511). ...[le roi] voit la table mise, et la nappe belle et blanche dessus, et y voit moult de nobles mez. Il se traist celle part, et en prist un petit de cellui qui mieulx lui pleut, et menga un pou, et but une foiz, et se contregarda bien, car il savoit assez que le trop mengier et boire actrait le dormir. (ARRAS, c.1392-1393, 303). ...elle dist qu'il ne se souciast et qu'ilz aroient assez a menger, car elle avoit fait appoincter les deux meilleurs chapons (C.N.N., c.1456-1467, 369). ...il luy dist qu'elle appoinctast son disner et soupper tout ensemble, avant qu'elle se partist, aultrement il yroit menger a la taverne. (C.N.N., c.1456-1467, 527). Exemple : Dieu scet se tel mengera aujourd'huy ou non. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

 

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Manger plus qu'un Allemand : Puis ce garson que je nourry Est tant friant et tant gourmant Qu'il mengeroit plus qu'un Alemant (Coust. Esop. T., c.1500, 155).

 

-

[Prov., sentence]

 

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Celui la peut bien manger sans nappe qui fut engendré sans linceul ("drap") : Celuy peut bien menger sans nappe Qui fut engendré sans lincheul. (Menus propos P., 1461, 91).

 

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Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger : Et a ce propos racompte Agelle en son premier livre, comment Socrate fu tres sobre toute sa vie, lequel Socrates disoit que les gens ne doivent mye vivre pour mengier, mais mengier pour vivre. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 322). -- Et quant au VJe pechié, qui est de gueule ou de gloutonnie, certes le vray amoreux n'en a tant soit peu, que ce qu'il mangüe et boit n'est que pour vivre seullement sobrement, ainsin que le Philosophe dit, que l'on doit seullement mangier et boire pour vivre et non pas vivre pour boire et pour mangier, comme les gens pourceaux font. (LA SALE, J.S., 1456, 25).

 

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Il convient de regarder avec qui on mangera plutost que ce qu'on mangera ou boira : Pour che dist Epicure : "Anchois convient regarder avec quelz personnes tu mengeras ou buveras que quel chose tu dois mengier ou boire." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 255).

 

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Joie de manger est peu durable : Si tost quon [l. qu'on] a oste [l. osté] la table Il nen [n'en] souvient a nully gueres [:] Joye de menger est peu durable[.] (Danse macabre femmes H., p.1480, 38).

 

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Mal fait manger a l'appetit d'autrui. "Il est difficile de vivre selon les habitudes d'autrui" : ...Sausse n'arez ne jance, La ne fait on reverence a nullui ; Sée qui puet, qui ne siet l'oste tance ; Mal fait manger a l'appetit d'autrui. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 81).

 

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Qui bien ne mange ne peut bien oeuvrer : Je sçai bien que jamais ne m'en pourr[a]i aler ; Ainchois me convend[r]a et ferir et fraper, Et puis qu'il est ainsi, je me vouldrai armer De vins et de vïandes, car j'ay ouï compter Qui bien ne mengera ne pourra bien ouvrer (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 544).

 

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Manger sans compagnie est vie de beste : Car sans ami ou compaignon, mengier est vie de lyon ou de loup. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 256).

 

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Part. prés. en empl. subst. "Convive" : Entre ces choses ung dez assistens ou des mengans, pour che qu'il ne venra nulles fenmes estranges, toy qui n'auras quelque garde souvent regardera, il parlera par signes qu'il fera et, tout che qu'il crient a toy dire, il le segnefiera par regars. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 388).

 

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[Coordonné à boire] : Si se leverent, Et deus et deus en la sale en alerent ; Après leurs mains courtoisement laverent ; Puis s'assirent, si burent et mengierent, Selonc raison, Car il y ot planté et a foison De quanqu'on puet dire n'avoir de bon. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). ...que nuls couletiers de lanage, hostes ne hostesse, qui ait le loge du lanage, peseres ne peseresse, censiers ne censisseresse, ne nuls eswarderes de lanage, ne voist mignier ne boire avoec marcant qui ait vendut lanage, soit de le ville u de dehors, mis hors les 2 couletiers par qui li markiés sera fais. (Drap. Valenc. E., 1344, 271). [La dame :] Car vous levés, Et si mengiés et si bevés, Quar sans doubte je ne veil mie Que vous menés si dure vie. (MACH., Voir, 1364, 110). Lequel maistre d'ostel fist mettre la table, leur aporta à boire et à menger (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 44). ...ilz jouerent puiz environ VIIJ heures de matin jusques à IIIJ heures après midi, sanz boire et manger. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 478). ...fu le roy feru du soudant d'un dart envenimé (...). Et sachiez que la fille du roy maine tel douleur que c'est pitié a veoir ; il a ja deux jours qu'elle ne voult ne boire ne mengier. (ARRAS, c.1392-1393, 114). ...lors veissiés boire d'autant et mangier a l'avenant. (LA SALE, J.S., 1456, 253). ...quand ilz eurent beu et mangé (...) les aucuns commencerent a dire (C.N.N., c.1456-1467, 542). Ilz entrerent en la meilleur taverne de tout le lieu, et incontinent demanderent a boire et a menger (C.N.N., c.1456-1467, 548). Pour quoy soit [l. sot, le texte lat. a stultus] est qui dist : je vueil faire ce qui me plaist, car se je doy estre saulvé, je seray saulvé. Et se je doy estre dampné, je seray dampné. Pareillement soit [l. sot] seroit le malade disant : je vueil faire mon plaisir beuvant et mengant. (Somme abr., c.1477-1481, 168). Vrayment esperit n'est pas tel : Vous voyez qu'il [Jésus ressuscité] mengüe et boit, Laquelle chose ne feroit S'il estoit ange ou esperis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 941).

 

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[Sorte de serment affaibli] Ne pas manger (ne boire) tant que telle chose n'aura lieu : Non avray je pour riens que j'oie, A vous le di, mon treschier pére, Et a vous qui estes ma mére, Pour tant c'on m'a juif nommé Et paien la ou j'ay esté, Si que jamais ne mengeray Jusques a tant que je saray Se je suis crestiens ou non, Et que je sache l'achoison Pour quoy vous n'avez joie au cuer. (Mir. enf. diable, c.1339, 26). Et sachez je ne mengeray Tant que de toy vengié seray. (Mir. st Panth., 1364, 363). Je vous dy voulenté m'est prise Que ne buvray ne mengeray Tant qu'au servise esté aray: Pensons d'aler. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 82). Pensez à vos besoingnes, car jamais je ne buveray ne mengeray tant que vous soiez en vie. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57). Jamais ne mengeray qu'il ne soit desmembrés ! (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 70). Mahommet mon dieu me maudie, a quy je me suis donné, se jamais jour de ma vie je mange ne boy, se vous auray je fait de dessoubz les espaules la teste vouller ! (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 90).

 

d)

Inf. subst.

 

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"Repas" : Et Dieus li moustra clerement Que c'estoit a son dampnement, Qu'einsi comme au mengier sëoit, Balthasar une main vëoit Qui escrisoit en la paroit ; Mais la main a nul n'apparoit Fors a Balthasar seulement (MACH., C. ami, 1357, 26). Et porront prendre et avoir les dis maire et juréz en la dicte ville, ce qui, de leur temps et année, escherra de amendes entre eulz en commun aveuc deux mengiers, l'un nommé painfere et l'autre, de donner à mengier les cinq nouviaulx esleux avant la Saint Jehan (Hist. dr. munic. E., t.2, 1370, 614). ...la vie des bons vaillans Chevaliers preux et travaillans Doit estre o les bestes sauvages Comme en pasture d'erbages, C'est a dire que, sanz dangier, Doit estre commun leur mengier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 188). ...lors fut ung d'entre eulx qui couvrit la table et mist le beau bancquet dessus (...). Ilz s'assirent tous au menger, et bon mary print sa place (C.N.N., c.1456-1467, 198).

 

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Prov. Tel l'oison plume qui n'est pas invité au manger : A gens nouveaulx nouvel coustume ; Chascun veult veoir nouvelleté. Bien sçavons Que tel l'oyson plume Qu'au menger n'est pas invité (Gens nouv. T., c.1461-1500, 316).

 

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Après mangier : Après leurs mains courtoisement laverent ; Puis s'assirent, si burent et mengierent, Selonc raison, Car il y ot planté et a foison De quanqu'on puet dire n'avoir de bon. Après mengier, les prist par le giron Li gentils rois, Et si leur dist : "Vous n'en irez des mois, Car je vous vueil oster a ceste fois Les pensées qui vous font moult d'anois." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). Mais qui veïst après mengier Venir menestrels sans dangier, Pingniez et mis en puré corps ! La firent mains divers acors. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Aprés mengier l'oste paiames Et puis d'illuecques nous levames. (MACH., Voir, 1364, 334). La ot dit joyeuses parolles, Et, aprés mengier, les querolles Commencierent par grant revel, Ou fu dit maint mottet nouvel Et d'instrument mainte accordance ; (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 39).

 

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P. méton. DR. FÉOD. "Droit de repas dû à un seigneur" : Item le conte de Champaigne a chascun an son mengier sur le prevost et sur la ville de Chablies. (Comté Champ. Brie L., t.2, 1332, 422). ...à nous sont et appartiennent en tous et chacun desdits lieux les mesures et espannes de nos debvoirs appelés mestivage et mangers et droict de contraindre ès dits lieux les demourans en iceulx d'aller au guet de nostre chastel dudict lieu de Bazougers (Cartul. Laval B., t.2, 1401, 372).

 

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"Nourriture" : O Daniel, de Dieu sergens, Que seur tout doivent amer gens, Pren le mengier que Dieus t'envoie ; Conforte toy et meinne joie ; Car li sires qu'onques n'oubli Ne t'a mie mis en oubli. (MACH., C. ami, 1357, 42). Taire me vueil de leur mengier, Car on ne porroit souhaidier Mieus ne plus honnourablement, Tant furent servi richement. (MACH., P. Alex., p.1369, 44). Car, à parler selon raison, L'air corrompu toute saison Apporte aux gens greigneur dommage Que mauvaiz mengier ne bevrage, Pour ce que l'air fort empiré Toudis attrait et inspiré, Avec son venim et malice, Moult pénétrant et plain de vice, S'en va au cuer soudainement (LA HAYE, P. peste, 1426, 43). ...le traitre dieu d'amours a son disner l'avoit si fierement assaillie que de ses amoreux dars l'eust de mangier toute remplie, neantmoins Nature se voult acquictier, qui ly donna tel appetit qu'elle ne se fist gueres prier (LA SALE, J.S., 1456, 253). Lors luy va dire tout au long comment le medicin avoit veu son urine, et les demandes qu'il fist de son eage, de son menger, de son dormir, etc. (C.N.N., c.1456-1467, 140).

 

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Blanc manger. "Préparation culinaire à base de viande ou de poisson et d'amandes pilées" (v. blanc) : De grant cuisine ne lui chault, Ne de rost, ne [de] pastés chault, Ne saulce vert ne cameliné, Ne blanc mengier de pouldre fyne (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 22). Poisson de mer, poisson doulx, pastelz de bresme et de saumon, anguilles reversees, une reboularstre brune, tanches a ung bouly lardé, ung blanc mengier, crespes, lectues, losenges, orillectes, et pastelz noirroix, lux et saumons farciz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 178). Au bouchier: .III. quartiers de mouton pour faire les souppez des compaignons, ung quartier de lart pour larder, ung quartier de veau de devant pour le blanc mengier. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 189). [passi] Encor ung blanc mangier de predrix, et lequel blanc mengier de perdrix se face semblablement ainsi comme est dit du blanc mengier de chappons (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 195). Il fauldra largement boucter Cuyre de boilly et rosti, De blant mangier, pastez aussy De hasteriaulz et de luannes. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 65). Et à maistre Jacques Raguier Laisse l'Abreuvoir Popin, Perches, poussins au blanc menger, Tous jours le choiz d'un bon loppin (VILLON, Lais T., c.1456-1457, 73).

 

-

"Action de manger" : Trois remedez y sont : Le premier : fuyr oiseuseté, comme fist Nostre Dame qui tousdiz ovroit ou labouroit ou estudioit hors les heures du repos et du menger. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Fouir excez et grant oultrage Tant en mengier qu'en traveillier Qu'en reposer et en veillier, Pevent avoir grant asseurance En temps de boce ou pestillence. (LA HAYE, P. peste, 1426, 60). Lors luy va dire tout au long comment le medicin avoit veu son urine, et les demandes qu'il fist de son eage, de son menger, de son dormir, etc. (C.N.N., c.1456-1467, 140).

 

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Laisser/perdre le boire et le manger : Et s'estoie flewes assés Et de maladie lassés, Ne nulz ces meschiés ne savoit, Qu'aveuc moy personne n'avoit A qui je m'osaisse complaindre. Si prins a palir et a taindre Et mes cuers trop fort a fremir, Si que j'en perdi le dormir Et le mangier, car ne manjoie Se petit non ne ne dormoie. (MACH., Voir, 1364, 86). Li coers m'est tristes et noircis, Je sens ma force assés cangier, Je piers le boire et le mangier, Le reposer et le dormir, Je me troeve, quant me remir, De ma santé moult negligens (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 92). ...une plaisante et gente femme (...) laissoit bien le boire et le mengier pour aymer par amours (C.N.N., c.1456-1467, 18). ...[elle] laissoit le boire et le menger pour amer par amours. (C.N.N., c.1456-1467, 507).

 

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[Prov., sentence] Manger de la viande, boire du bon vin et avoir le ventre plein sont cause de charnalité : De la volupté de mengier et boire dist aussi saint Jerome : «Le mengier char et boire vin et ventre saoulé est le semoir de charnalité». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 368).

 

-

"Banquet" : "Les grans empereurs," ce disoit cilz Orpheüs, "me appellent moult souvent a leurs mengiers afin qu'ilz se delittent en moy." (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 88).

 

-

Le trop manger. "L'abus de nourriture" : ...le trop mengier et boire actrait le dormir. (ARRAS, c.1392-1393, 303).

 

2.

[D'un animal]

 

a)

"Dévorer qqc." : Et se te jur qu'il [mon cheval] mengeroit, Sans faillir, qui li bailleroit, En un jour assez plus d'aveinne C'uns autres en une semainne. (MACH., Compl., 1340-1377, 265). [Les oisillons] Chantent tuit, les gueules baées, Si font maint son et maint hoquet ; Car quant il voient le bosquet Vert et flouri et l'aube espine, Qui leur gorgette pas n'espine, Quant il en mengüent la greinne, Chascuns de bien chanter se peinne. (MACH., D. Lyon, 1342, 160). Sa semence, Tumbent sur le chemin, est gatee, Car des bestes tost est mangee. (Pass. Auv., 1477, 137). Les chatz ont fait a Dieu promesse Que jamais sans ouyr la messe Ils ne mengeront nulz fromages. (Rapp., c.1480, 65). Cestui Sostratus predist la grande multiplicacion des locustes qui mengerent tout ce qu'ilz trouverent à elles commestible sur terre, voire les escorces des arbres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°).

 

-

Empl. abs. : Je l'eus [le lion] si juene et si petit Que pour fain, ne pour appetit, Ne pour destresse qu'il eüst De famine, il ne se sceüst Rapaistre ne mangier par li (MACH., D. Lyon, 1342, 226).

 

b)

"Dévorer qqn" : ...et toute voie, Qui les penderoit par la gorge Ou de coustiaus de bonne forge Corps et membres leur escorchast Et de bon sel les arrochast, Et puis fussent de chiens mengiez, N'en seroit il pas bien vangiez ? (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Si vous diray quel hostel il leur fist avoir : les deux premiers messagiers, il les fist entrer, vousissent ou non, en un grant creux ou il avoit dix ours grans et orribles, qui moult avoient mengié de gens et occis, mais pieça ilz n'en avoient gouté, si estoient moult familleux et desirans de mengier, si que, si tost que les vassaulx furent entré dedens, ilz furent devourez et mengiez des ours. (Bérinus, I, c.1350-1370, 304). Mais trop me plaing de l'Archeprestre Et des Bretons qui font le mestre, Si que li pays est pilliés, Tous gastés et tous essilliés. Aveuc ce li leus nous menguënt, Qui nous estranglent et nous tuent. (MACH., Voir, 1364, 486). Mes ses freres, li diex de mer Nepturnus, trop bien l'en venga, Car la balainne le menga, Qui onques n'avoit mengiet d'omme. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 42). Toutevoies, je te requier Une chose, et te vueil prier : C'est que le tendre corps de ceste Fille ne soit mengié de beste Sauvage, ne d'oyseaux sauvages, Toutevoies se tes messaiges Ne t'est enchargiez au contraire. (Gris., 1395, 55).

 

-

Faire manger qqn des bestes. "Livrer qqn aux bêtes" : Meschant, icy peuz enragier : Des bestes te feray mengier, Puis que tu n'as de moy que faire Et que tu fais tout mon contraire. (Mir. st J. Cris., c.1344, 278).

 

-

Au passif

 

.

Mangé aux/des chiens/mangé de(s) bestes/loups/pourceaux. "Laissé en pâture aux chiens/ aux loups... (en signe d'infamie)" : Et a ce meisme propos nous lisons ou second livre de la vie des Peres, comment jadis un preudomme veoit un mauvais homme moult honorablement enseveli en une tres curieuse sepulture, et un autre preudomme estoit gité aux champs et mengié des bestes. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 395). LE SOT Oncques ne luy fut mot sonné Fors que : "Au dyable soit il donné Et mengé des porceaux et chiens". (Gaud. sot, c.1450, 12). Lequel Rousseau, oyes lesdictes parolles, renya Dieu, (...) et appelloit lesdiz supliant et d'Appellevoisin, qui sont nobles, nez et extraitz de noble et ancienne lignée et de grant honneur et estat, villains, traitres, ribaulx, ladres, mangez de loups (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 141). J'ay esté tousjours en la presse, Mes gens et moy, par tel(le) facon Que j'ay le corps plain d'uille et gresse Aussi puante que poison. Et en ont gecté a foison, La faulse chenaille d'Orleans, Si en feray tel(le) pugnicion Que mengiez en seront aux chiens. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 163).

 

c)

En partic. [Principalement au passif]

 

-

Manger qqn/un cadavre

 

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[Des poux] : Lucius Silla, ung grant dictateur entre les Rommains, fut mengié de poulz, à grant honte et destresse, et sans ce que sens d'homme y peust jamais pourveoir, comme tesmoingne Pline. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 179). ...touteffois par aucuns ses deliz nulle medicine ne le peut garder, qu'il ne fust mengé de poux, pour ce veux je croire qu'il n'avoit pas testé le Christ (?), comme il devoit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 89 r°).

 

.

[De vers, de vermine...] : Mais pour la vermine qui est dedenz, qui leur manguent leurs iambes et les bras, ilz se desuinent de limons et de pluseurs autres herbes (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 342). Antioche despouilleur de temples fut mengé de vers, et sa chair tourna en puour et poureture lui vivant. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 61). Icy devant en ceste terre, Gist tel et tel bailly d'Aucerre, Tout estendu, le dos envers, Lequel, par fortune de guerre, A Beauvais vint la mort acquerre, Et sur ce voult faire ces vers. Maintenant est mangé de vers, Ses membres en sont tous couvers (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 133). La povre chair si est ensevelie, Mangee de vers et en terre pourrie, Et somme neant a la fin de mon compte. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 178). Anthiocus, Roy de Sirye, puissant, courageux et renommé, toutesfois il fut mengié de vers en sa plaine vie, sans ce que medecins ne art de medecine y peuist jamais remedier pour tresor, ne pour avoir. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 179).

 

-

[De petits rongeurs, de vers, de vermine...] Manger (un tissu, un papier) "Ronger" : ...Et un viez chaperon de pers Qui estoit tous mengiez de vers, Ort et vil, et puant, et sale Avoit, mors gisans en la sale. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). ...ou se aucun esternue quant il se chauce ou lez orailles luy manguent ou il treuve que sa robbe est mangee dez sourys ; aultres si dient que, se ilz ont l'oysel saint Martin au dextre, que ilz ont bon hostel. (Songe verg. S., t.1, 1378, 399). Lesqueles lettres (...) ont depuis certain temps ença telement esté desrompues et mangées de raz ou autre vermine (Ch. VI, D., t.1, 1382, 37). Si gardes doncques que le pain du familleux ne moisisse en ta huche, que la cote du nu ne laisses mengier aux vers, que tu ne tiengnes enclos les soulers des deschaulx, et que tu ne possedes l'argent du souffraiteux (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 37). Ceste sage femme se prendra bien garde que riens ne pourrisse avaul son hostel ne voise a gast, de quoy povres creatures se puissent aucunement aidier ; ne que relief n'y endurcisse, ne robes n'y soient mangies de vers : si les fera donner aux povres. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 176). Une pièce d'escalate rouge d'Angleterre tenant 3 quartiers, marquée à la marque de Rouen, qui guères ne vallent, prisé le tout 55 s. Une pièce vermeille d'Angleterre mengée de taignes tenant ung tiers, prisé 20 s. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 88).

B. -

P. anal.

 

-

[D'une chose (un produit corrosif)] Manger un organe/de la chair morte.. "Ronger, dévorer (un organe, de la chair morte)" : Et jeo tiegne qe les persecucions de ceste mounde si est com un poynante poudre qe ces meistres mettent en ces plaies quant ils voient q'ils eient ascune mort char, ou qe char soit trop crue amont : ils y mettent toute la poudre poignante qe mangue mult fort (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 196). ...matiere colorique mengent et corrodent la char d'environ (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 303). ...en pou de jours la pouldre, qui corrosive estoit, luy gasta et mengea l'oeil, et par ce point aveugle fut (C.N.N., c.1456-1467, 35).

 

.

[D'un vin aigre] "Ronger (le métal)" : Et mengut [le vin aigre] les metaulx, et engendre couleurs diverses, si comme du plon il engendre vermillon ; et du cuivre il engendre du vert (Rustican H., 1373-1374, 64).

 

-

[D'une maladie de la peau] "Ronger (un animal)" : PREMIER VENEUR. Ces mastins si [les levriers] ne font que braire. Mau saint Lou les puisse mengier ! A paines osent approuchier La beste qu'ilz voient a l'ueil. (Gris., 1395, 26).

 

-

Au passif [D'une pers.] Mangé de goutte : BRIET. Au povre homme qui ne voit goute Donnés une aumosne fleurie Ou non de Dieu, le filz Marie, Hault empereur que l'en redoubte. RICHART. Et a cestuy, mengé de goute ; Par amour, ne l'oubliez mye. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 177).

C. -

Au fig.

 

1.

Manger qqn./une collectivité. "Causer la perte, la ruine de qqn, d'une collectivité" : Les eglises desrobe on fort, Et le feible est mengié du fort. (Mir. st Guill., c.1347, 39). Le roy d'Espaigne et son plus especial conseil des hommes de son pays veoient assez cler en ces besoingnes tant que pour leur prouffit, car ilz disoient ainsi, quant ilz estoient assamblez hors et en sus des François : "Nostre terre est gastée et toutte mengié et foullée par ces François, quoy qu'elle en ait esté gardée." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 123). Et tout païa le plat païs, car il fu tout riflé, couru et mengié de leurs gens mesmes, car ilz ne voloient pas que leurs ennemis en eussent joye ne aise. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 324). Si comme assez ay dit devant, le sage roy Charles, après son couronnement, en jeune aage, adverti par l'admenistracion de raison de ce qui estoit convenable à ffaire à bon chevalereux prince, selon l'ordre de son estre, auquel, comme droit pastour apertient à garder ses ouailles, c'est son peuple et ses subgiz, ouvri les yeulz de son entendement, regarda son peuple et reaume batu et desolé de longue et greveuse guerre, et encore chascun jour mengié et devouré par grandes et excessives Compagnies esparses en divers lieux par son reaume (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 123). ...nostredit oncle n'estoit que un buveur de vin d'autant et a plein woirre et qu'il n'estoit bon que pour fere et lever tailles et mengier le peuple (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1429, 128). Les gens de guerre qui avoient esté mandez à venir autour de Paris, tant par le duc de Bourgongne comme par les autres seigneurs, furent licenciez et retournèrent chascun ès lieux dont ilz estoient venus, en mengant le povre peuple selon la coustume de adonc. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 47-48). Et n'y estoit pas oublyé maistre Regnart, qui se mesloit de toutes choses, et ne parloit de riens si non de trouver moyen comme le peuple du roy de tous estas pourroit estre mengié, pillé et robé par aidez, taillez et autres semblables manieres (JUV. URS., Loquar, 1440, 347). Et quant ilz ont a reparer leurs maisons, esglises, murailles, foussés, ambaxades et provisions de leurs villes, ou a leur seigneur faire aucun don ; alors les povres hommes, qui sont mengiez des mengeurs, a leur seigneur ne ont de quoy paier ; sy sont gaigiez, arrestez et mis en prison, ou ilz demourront jusques ad ce qu'ilz auront paiet. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 18). Et après, yceulx Bourguignons, par pluiseurs journées chevaulchèrent, à tout leurs gens, en Picardie, où ilz séjournèrent certaine espace de temps, en mengant le pays. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 30). SATHAM. (...) Empereur, leisse trestout ester, Honneur fuy (...) Mange les crestïens. Tout leur vullies oucter. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 66).

 

-

[Du personnel de justice] Manger qqn. "Ruiner qqn (par des frais de procédure)" : Et, si messeigneurs les advocas vueillent menger le peuple, vous devez faire belles informacions et les envoyer au Roy. (BUEIL, II, 1461-1466, 27). Qui fait estre juges et advocatz Et procureurs en tous lieux gros et gras, Et povres gens huy menger de procès, Fors seulement le peché des mauvais ? (Cene dieux, c.1492, 119). Quant gendarmeaulx ont mengé le bonhomme, Viennent aprés les procureurs des cours Plus affamez que n'est la court de Romme, Pour exiger d'or et d'argent grant somme. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 39).

 

-

Estre mangé. "Être volé, pillé" : Est à démonstrer comment vous, la royne et le duc d'Acquitaine estes mengez et desrobez. (Doc. 1412. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 316).

 

-

Prov. Le grand mange le petit : Dont vient a l'homme l'appetit De machiner d'aultruy la mort ? le menu peuple s'entremort, Et le grant mengut le petit. (ALECIS, Passetemps Alecis frères P.P., a.1451, 17).

 

-

Prov. Les grands poissons mangent les petits : Qui restaurra aux povres pastoureaux Leurs gras thoreaux et moutons despouilliés, Que les saudars de ces gentilz vassaux, Faisans leurs saulx sus plantes et sus saulx, Par leurs assaulx, ont robés et pilliés, Hurtés, mailliés, desmontés, desbilliés, Mengiés, grilliés ? S'ont de tous appetis : Les grans poissons mengüent les petis. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 72).

 

-

Empl. pronom. à sens passif Se manger. "Être ruiné" : ...dont les bonnes gens sont povres et neccessiteux, puis fault que aux usures se menguent et destruisent tous. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 18).

 

-

Empl. abs. Manger sur qqn. "Faire son profit au détriment de qqn" : ...lesquieulx marchands grossiers ne quièrent aultre chouse fors que de mangier sur lesdits petis marchans (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1471,,, 434).

 

2.

RELIG.

 

-

Manger Nostre Seigneur. "Communier" : ...et lui disoit que lesdiz Hennequin et sa femme lui avoient fait et dit plusieurs injures et villenies, et que elle ne mengeroit ne recevroit jamais Nostre Seigneur jusques à tant que ilz lui eussent admendé, et elle s'en feust vanchée ou fait vancher. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 259).

 

-

Manger les nourritures spirituelles. "Goûter (aux nourritures spirituelles)" : ...nous, dy je, qui sommes afflics, povres et miserables, qui selon nostre petit engin et pouoir nous efforsons vous reverer et porter gloire, nous qui demandons aucuns reliefs, aucune aumosne de vostre plantureuse table ou vous seez en paradis, mengens et buvans jusques a sobre yvresse les precieuses viandes, non mie charnelles ou corporelles mais espirituelles (GERS., P. Paul, a.1394, 484).

 

-

Loc. [À propos d'une dévotion ostentatoire et hypocrite] Manger le crucifix : Quel devocieus ypocrite, Qui faisiés semblant de menger Le crucefix et estre hermite A bien vostre maintien juger. (Amant cord. M., 1490, 27).

 

3.

"Dépenser (de l'argent)" : ...et oultre dit qu'il fault pour IIIJ ou V mois prouchain venans de VIIJ à IX cens mil frans, et il n'y a rien de finances qui ne soit ja emploié et mengié jusques au mois de juing prouchain (FAUQ., I, 1417-1420, 17).

 

4.

RHÉT. "Faire disparaître par élision" : ...et comment, en metrifiant, deux voieulx ensuians l'un l'autre menguent la moitié d'une silabe (DESCH., Art dictier R., 1392, 272).

II. -

Empl. intrans. "Être le siège de picotements ou de démangeaisons qui donnent envie de se gratter"

A. -

[À cause de la vermine] Le corps mange à qqn : - He ! les puces me mordent fort et me font grant mal et damage, car je m'ay gratee le dos si fort que le sang se coule ; et, pour ce, je comence à estre roignous, et tout le corps me mange tres malement ; et, pour ce, je m'en irai demain pour estre estufee sans plus targer, car j'en ai grant necessité. (Man. lang. G., 1396, 86).

B. -

Les oreilles mangent à qqn

 

-

[Pour annoncer un malheur] : ...ou se aucun esternue quant il se chauce ou lez orailles luy manguent ou il treuve que sa robbe est mangee dez sourys ; aultres si dient que, se ilz ont l'oysel saint Martin au dextre, que ilz ont bon hostel. (Songe verg. S., t.1, 1378, 399).

 

-

[À propos de qqn dont parle beaucoup en son absence] "Les oreilles sifflent/tintent à qqn" : Et me sui remis a faire vostre livre, en quel vous serés loee et honnouree de mon petit pooir, et toutes autres dames pour l'amour de vous. Et ma tresdouce amour, les oreilles vous deveroient bien fort et souvent mangier, car je ne sui en compagnie que on ne parole tous jours de vous (MACH., Voir, 1364, 426).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 26/41 
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     MANGERESSE     
FEW VI-1 manducare
MANGERESSE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : mangerresse ; GD : mangeresse ; AND : mangeresse ; FEW VI-1, 175a : manducare]

"Celle qui mange beaucoup" : Estrix (...) : mangerresse ou gloutonne (Aalma R., c.1380, 124). Car elle [Marie] n'estoit une mengeresse, ne beuveresse, ne delicieuse, ne danseresse, ne saulteresse, ne joueresse. (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 127).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 27/41 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     MANGERIE     
FEW VI-1 manducare
MANGERIE, subst. fém.
[T-L : mangerie ; GD : mangerie ; AND : mangerie ; FEW VI-1, 167a : manducare ; TLF : XI, 302a : mangerie]

A. -

"Action de manger, repas, festin" : Cilz qui du tout metent leur cure En mengerie et en pasture, En l'autre siecle a pasturer Pou trouveront (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 131). On fait le ban que il ne soit si hardis, bourgois ne bourgoise ne manans en ceste ville, qui, puis cheste heure en avant, face mingerie à corps de plus que de 16 escuielles des bourgois et manans ee ceste ville (Vie urbaine Douai E., t.4, 1346, 303). Il ara a le court sy grande mengerie Bien poriés avoir faim [vous, les pauvres] ains qu'elle fust fenie (Belle Hélène Const. R., c.1350, 382). Dont Boece dist ou livre dessus aleguié : "L'escolier ne soit pas devisé ou separé de l'escole, en courant par les rues, par places, par tavernes et chambrettes de foles fames, par lieux pour estre veü publiquement, par pompes, par danses, par mengeries et soupers publiques, en moustrant yeulx vagues et langue trop emparlee". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 35). Aucuns disoient qu'elle estoit fourfaicte de trop grandes mengeries, s'en avoit engendré mauvais sang (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 78). Haa, Pierre, c'est bien mon entente : Les biens bien eschars y seront Quant bien ne me contenteront, Je ne quiers pas grant mengerye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 998).

B. -

"Fait de se nourrir aux dépens de qqn, de commettre des pillages, des exactions ; pillage, exaction" : ...sont chacun jour faictes (...) plusieurs mangeries, parjuremans, extorsions, vexasions, et exactions sur nosdits subgects (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1461,,, 411). Et, à ceste cause, lui et les siens tindrent les champz et firent pillades, mengeries, griefz desroix et execrables maulz aux villages à l'environ (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 152). ...[les eschevins] ont plus rendu de peine que nulz autres (...) à preserver sondict païs de Flandres d'exactions, foulle, oppression et mengeries de gens d'armes (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 278). CHASCUN. Ung peu de repos, je vous prie ! Car, par mon Dieu, je suis lassé D'avoir eu tant, le temps passé, De pertes et de mengeries. (Astr. P., 1498, 210).

 

-

En partic. "Pillage sous la forme d'impôts" : Car vrai estoit et notoire, ce disoit-l'-on, que piteuses excessives mengeries courroient sur le povre peuple par ces cueilloites qui tousjours courroient et jamais ne se diminuoient (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 276). ...et ne pourroit l'on croyre la pouvreté en quoy ilz sont ne qu'ilz endurent des grans charges qu'ilz ont tant de tallez que d'autres mangeriez (Traité politique C., c.1492-1493, 159). L'ASTROLOGUE. Je diz : ce les grans pilleries Qui ont couru on n'amenuise, Il sera plus de mengeriez De povretez et diableriez Que en Sayne il n'y a de menuise. (Astr. P., 1498, 229).
 

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     MANGEUE     
FEW VI-1 manducare
MANGEUE, subst. fém.
[T-L : manjüe ; GD : mangeue ; AND : mangue1 ; FEW VI-1, 165b, 172a : manducare]

I. -

"Prurit, démangeaison" : Purritus : mengue, rongne (Abavus IV, R., c.1350, 447). La grappe verte a vertu de restraindre et de empeschier le vomir qui vient de la cole chaude (...) et de appeticier la challeur et sechier les grosses humeurs des yeus et des paupieres et de en oster la mengüe (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 59). Bonne fust li aiwe et fesist a prisier, Se ne fust li mengüe. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 860).

 

-

Au fig. : Bien aultrement pour vray de moult loing au jour d'uy font les matrones, car elles ont la roigne et la mengue de luxure nourrissantes, tenantes, gardantes dedens encloses (Cleres nobles femmes B.H., t.2, 1401, 141).

II. -

"Pâture d'animaux sauvages" : ...saches qu'il est trois manieres de parler de menjues. La premiere si est quant les bestes noires ont remué la fulle soubz les chesnes ou soulz les foux pour querre le glen ou la faine ; ycen [sic] est apelé proprement menjuez. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 73). Toutes voies, leurs menjues et vies et condicions sont toutes unes, mais les granz sont les plus forz, et ceuls qui menjuent aucunne fois les bestes privees, merveilleusement sont forz par tout leurs corps (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 83). Et, s'il n'en puet encontrer tantost, il puet aler demie lieue querant amont l'eaue ou aval, car un loutre va bien querir ses mengues demie lieue, et voulentiers amont l'eaue, pour ce que l'eaue qui vient aval porte le vent des poissons qui sont au dessus, ou le nés au vent, pour ce que le vent li aporte au nés l'assentement des poissons qui sont au dessus du vent. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 247).

 

-

"Endroit où les animaux sauvages mangent" : ...et ycheus chiens chieent sus les erres et mengues de truies et les vont trouver en trelant (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 86). ...et doivent [les chasseurs] aler entour les buissons et es futaies ou les mengues sont (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 105). Ci devise comme on puet trere aus bestes rousses et noyres a la revenue de leurs viandeïs ou menjues (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 50). Ilz [les ours] vont trop loign a leurs menjues selon si pesanz bestes, et c'est a fin que on ne les trueve, quar ilz ne demorront ja pres de leurs menjues. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 85). Quant il revient de ses menjues, il vet voulentiers les chemins, et, quant il se destourne des chemins, c'est pour s'en aler demeurer. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 87).
 

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     MANGEUR1          MANGEUR2          MANGEUR3     
FEW VI-1 manducare
MANGEUR, subst. masc.
[T-L : mangëor ; GD : mangeur2 ; GDC : mangeur ; AND : mangur ; FEW VI-1, 174a : manducare ; TLF : XI, 302b : mangeur]

A. -

Au propre "Celui qui mange" : ...est drois que vengence En soit par jugement prise Selon la fourme et la guise Qu'il se voult faire decepveur, C'est que de terre soit mengeur En bien la langue punissant, Et que sus le pis voist rampant Pour le conseil quë a donne Mauvais et plain de faussete (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 258). Veez-là ce mengeur de souppes et humeur de brouetz de court ! (BUEIL, I, 1461-1466, 55). Cestui roy fut si très bon et si vertueux qu'il expulsa plusieurs foiz les ennemis de son royaume. Fist plusieurs belles fondacions et lui fut trouvé de tresor XVIII millions d'or, par quoy fault dire qu'il n'estoit tant de mengeurs autour des roys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°). Les flateurs menteurs ont les loz Ou loyaulté n'est que fumiere, Et rongeurs mengeurs font grant chiere (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 47).

 

-

[Comme terme d'insulte] Mangeur de chair humaine : Chien enraigier, mangeur de chair humainne, Tirant cruel, qui fais tourmant et peinne Aux bons servans du roy de paradis, Cuyde tu donc, par puissance mondainne, Imperialle, qui est la souverainne, Destournez cy no pensée certainne Pour maintenir imperiaulx edictz ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 123).

 

-

"Goinfre" : Mando (...) : mangeur, hardel, lecheur (Aalma R., c.1380, 245). [Cf. LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 291 : mando (...) : lechierres, glouton, qui trop mengue]

B. -

En partic. DR. "Homme (sergent ou autre) que la justice envoie en garnison dans les maisons des débiteurs ou des condamnés, pour y vivre aux frais de ces derniers, jusqu'au paiement de la dette ou l'extinction de la peine" : ...pour iceli fait, nostre amé et feal capitaine deputé de par nous ès parties de Poitou, ait fait emprisonner le dit Estienne et mettre tous les biens des diz mariez à nostre main et certains mengeurs en yceulx, combien que il en fussent et soient du tout ignorant et sans coulpe de la dite vente, jà soit ce que le dit Estienne fust de leur famille et demourant en leur hostel (Doc. Poitou G., t.3, 1349, 7). Si procèdez diligemment sans faveur et sans déport contre touz ces malfaiteurs, par prise de corps et de biens, en mettant mangeurs en leurs maisons, se ilz ne viennent à obéissance, car chascune des parties a offendu, et ayés bon advis sur la manière de procéder. (Hist. Lille T., t.1, 1385, 56). ...et pour ce la Court au jour d'ui envoie IJ sergens du Chastellet pour mangeurs en son hostel, jusques à ce que fust venu en ycelle Court (BAYE, I, 1400-1410, 60). ...et pluseurs autres aussy de petit estat avoient dit pluseurs injures de lui [le duc de Berry] et avoient prins les biens de pluseurs de ses serviteurs et empeschié seellé, miz mangeurs en leurs maisons ou contempt de ly (BAYE, II, 1411-1417, 26). ...en leur mettant mulctes et peines, et menassant de mettre mengeurs en leurs maisons ou cas qu'ilz n'obeyront (FAUQ., I, 1417-1420, 22). ...ledit maistre Michiel a requis que les mengeurs qui estoient en garnison en sa maison feussent mis hors et que ses biens lui feussent delivrez (FAUQ., II, 1421-1430, 324). ...et à ce faire vous les contraignez par la caption de leurs biens et de leur corps, en mectant en leurs maisons mengeurs à leurs despens (Doc. 1415. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 92).

C. -

"Celui qui se nourrit aux dépens de qqn, qui commet des pillages, des exactions, des mangeries" v. mangerie : ...alors les povres hommes, qui sont mengiez des mengeurs, a leur seigneur ne ont de quoy paier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 18).

 

-

Mangeur de gens : Leur advocas et leurs docteurs, Qui ne sont que mengeurs de gent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 68). Si ne voldra nullement que ses prevostéz soyent baillees pour argent aux plus offrans et derreniers encherissans, si comme on fait communement maintenant en France, et pour ce a eu telz sieges en assés de lieux de tres mauvaise ribaudaille, mengeurs de gens et pires que larrons, car il n'est mauvaistié qu'ilz ne facent pour tirer argent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 87). Et senefie que cellui qui premier les porta en armes [les lézards] estoit de merueilleuse condicion et grant et de merueilleuse vertu et chault en ses affaires et mengeur et destruiseur de gens. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 492).
 

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     MANGEUR1          MANGEUR2          MANGEUR3     
FEW VI-1 manducare
MANGEUR, subst. masc.
[FEW VI-1, 168b : manducare]

"Crèche" : Pour refére et redrechier les rasteliers et les mengeours des estables (Doc. 1338. In : Léopold Delisle, Actes normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois (1328-1350), Rouen, 1871, 177).

Rem. Ex. pris en compte ds FEW.
 

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     MANGEUR1          MANGEUR2          MANGEUR3     
FEW VI-1 manducare
MANGEUR, subst. fém.
[GD : mangeur1 ; FEW VI-1, 172b : manducare]

"Démangeaison" (synon. mangeure)

Rem. Grant herb. Nyverd. ds GD V, 144b (la mengeur des yeulx).
 

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     MANGEURE     
FEW VI-1 manducare
MANGEURE, subst. fém.
[T-L : mangëure ; GD : mangeure ; AND : mangure1 ; FEW VI-1, 168 : manducare]

I. -

"Reste d'une bête abattue par un loup" : Item, la mengeure du leu est leur sans amende pour emporter sur leur espaullez, hors deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 58). Et se ilz treuvent aucune mengeure de loups en ladicte forest coustumiere, à quelque beste que ce soit, ilz la pevent emporter à la veue de chacun sans prejudice. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 296).

 

Rem. Sens attesté en a.fr. : "pâture du sanglier" ; cf. T-L et FEW.

II. -

"Auge contenant la nourriture des bêtes (bétail, chevaux...)" (synon. mangeoire) : ...dix sept aulnes de toille neccessaires a faire les mengeures a certain nombre de chevaulx qu'il doit mener en la dicte nef. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1369, 207). ...pour I ratelier de XVI piés mis es estauble desoub la vicairie et demi C de broiches pour raperoilier toux les rasteliers des estaublez de l'ostel de Rouen (...) a Villemot Potel pour II jours de li et de son valet pour raperoilier les maingurez des dictes estaublez (Comptes Archev. Rouen J., 1401, 51).

 

Rem. Ex. d'a.fr., doc.1394 et Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD V, 144b.

III. -

"Démangeaison" : Qui la met sur les yeulx et sur les paupieres [l'escorce de la grappe], elle oste et attenvist les grosses humeurs, et les seiche, et vault a mengeure des yeulx et a l'asprece. (Rustican H., 1373-1374, 92).
 

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     MANGEUX     
*FEW VI-1 manducare
MANGEUX, subst. masc.
[GD : mangeux ; *FEW VI-1, 168a : manducare]

"Celui qui mange, mangeur"

Rem. Doc.1393 (Noyon, maingueux de trippes) et PREMIERFAIT, Décaméron, 1414 (mengeux de turtes) ds GD V, 144c ; passage correspondant ds PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 383 : ...par l'esmouvemant d'un frere mendiant, mangeur de tartes.
 

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     MANURE     
*FEW VI-1 manducare
MANURE, subst. fém.
[GD : manure ; *FEW VI-1, 167a-b : manducare]

"Nourriture"

REM. MOLINET (éd. Buchon, grand subside et provision de tous biens donnoit cotidiennement Coulogne a Nusse, comme sa domestique nourrice, par le Rin, ou elle tiroit sa manure : car tous vivres lui affluoient par grands basteaux) ds GD V, 158a. MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506,40, a mamelle à la place de manure. Des éléments d'une métaphore filée rendent cette lecture vraisemblable : domestique nourrice dans l'ex., sa nutrition maternelle dans la phrase suivante, la fille familleuse [Nuisse] aspiroit aprèz sa mère [dont la séparent des ouvrages construits par le duc de Bourgogne pour empêcher le passage des bateaux].
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 35/41 
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     MENJUE     
FEW VI-1 manducare
MENGNE, subst. fém.
[FEW VI-1, 172b : manducare]

MÉD. "Prurit, démangeaison" : En l'aage decrepite, vienent dipnna, catarri, toux, strangurie, douleurs de jointure, douleurs des rains, advertin de teste, apoplexie, calchecie, mengne ou gratelle par tout le corps (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 71). ...ou d'une titillacion ou mengne qu'elle sent en l'orifice de la marriz (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 122).
 

DMF 2020 - Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 36/41 
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     MIGNER     
FEW VI-1 manducare
MIGNER, verbe
[T-L : mignier ; FEW VI-1, 160b : manducare]

Empl. trans. [Forme picarde de manger] "Manger" : Et li villain (avuec) [aver] les lessierent mignier As mignes et as vers par lor outrecuidier, Qu'il aiment miex l'avoir atout lor reprovier Que les graces des boins, que molt puet avancier. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 100). ...que nuls couletiers de lanage, hostes ne hostesse, qui ait le loge du lanage, peseres ne peseresse, censiers ne censisseresse, ne nuls eswarderes de lanage, ne voist mignier ne boire avoec marcant qui ait vendut lanage, soit de le ville u de dehors, mis hors les 2 couletiers par qui li markiés sera fais. (Drap. Valenc. E., 1344, 271). Et le mierquedi y mignierent Messire d'Ainghien et tout li autre dou conseil et ce jour vinrent a Binch a le giste. (Arch. Nord, 1360, B 10285, f° 7, IGLF). Autre fois elle l'avoit volut faire morir par une tarte u mis avoit vif argent et de lequelle ses dis maris mignier ne volt. (Arch. Nord, 1392, B 10338, f° 17, IGLF).
 

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 Article 37/41 
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     MIGNERIE     
*FEW VI-1 manducare
MIGNERIE, subst. fém.
[*FEW VI-1, 167a : manducare]

[Forme picarde de mangerie] "Nourriture, festin" ; "bonne vie (?)" (Éd.) : "Pere, s'ait dit Lion a la chiere herdie, Mervelle [l. Mervellë, pour la scansion] ait de vous, se Dieu me benoye [l. benoÿe], Que me vuelliez loier a teille compaingnie Que se rien conquerroie je ne l'aroie mie ! De m'y avanturer feroie grant follie ; Avés vehut en moy si grande gloutonnie Que pour avoir o lui a sa court mignerie Me doi ge aller pener ? Ceu ne ferai ge mie !" (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 43).
 

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 Article 38/41 
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     MIGNEUR     
FEW VI-1 manducare
MIGNEUR, subst. masc.
[T-L : mangëor ; FEW VI-1, 173b : manducare]

[Forme picarde de mangeur] "Mangeur" : De ces drois, de ces lois voelt-on estre signeur, Ès cours, avoec ces princeps, grand buveur, grand migneur (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 159). [Autre ex. p.156]

 

-

[Jeu de mots avec mineur] : Autrement s'arrivast-il k'il fuscent li grigneur, De tous autres docteurs li maistre, li signeur, Dans toutes les sciences souverain ensigneur ? Aucun par esbanoit dient : frère migneur (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 270).
 

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 Article 39/41 
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     MIGNOIRE     
FEW VI-1 manducare
MIGNOIRE, subst. fém.
[GDC : mangeoire ; FEW VI-1, 168a : manducare]

"Mangeoire, ratelier" : A Boudin et a son compaingnon, soïeurs d'ais, pour le pont de le dicte maison, les estaulles, les wis ["vieilles"] mignoires de kevaus et vaques refaire... (Arch. Nord, 1362, B 10623, f° 14, IGLF).

REM. Doc. 1386 (Lille, mignoires des chevaux) ds GDC X, 115c.
 

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 Article 40/41 
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     REMANGER     
FEW VI-1 manducare
REMANGER, verbe
[GDC : remanger ; FEW VI-1, 169b : manducare ; TLF : XIV, 735b : remanger]

"Manger de nouveau" : ...comme chien qui remenge ce qu'il vomist (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 41). Et leur feray, s'il samble bon, Mengier, remengier, maquillier, Desmengier et desgorguillier Trippes et brouet tout ensamble. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 161).

REM. Autre ex. : Rég. santé corps C., 1480, 78.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 41/41 
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     RICHEMANGER     
*FEW VI-1 manducare *FEW XVI rîki
RICHEMANGER, subst. masc.
[T-L : richemengier ; GD : richemenger ; *FEW VI-1, 165b : manducare ; *FEW XVI, 713a : rîki]

"Mets de pommes revenues au beurre" : Le riquemenger [var. riquemegnier]. Prenez deux pommes aussi grosses que deux oeufz ou pou plus, et les pelez et ostez les pepins. Puis le decoupez par menuz morceaulx, puis les mectez pourboulir en une paelle de fer. Puis purez l'eaue et mectez seicher le riquemenger [var. riquemegnier]. Puis mectre beurre pour frioler et en friolant filez deux oeufz dessus en remuant. Et quant tout sera friolé gectez pouldre fine dessus, et soit frangé de saffran, et mengiez au pain ou moiz de septembre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 281). [Seul ex. ; formation comparable à celle de blanc manger]
 

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