C.N.R.S.
 
Famille de magister 
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 33 articles
 
 Article 1/33 
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     AMAGISTRER     
*FEW VI-1 magister
AMAGISTRER, verbe
[*FEW VI-1, 39b : magister]

Empl. trans. Amagistrer qqn (le sens de qqn) à qqc. "Former, instruire qqn à" : O Dieux glorieux, qui jusques cy as esté aideur à mon oeuvre terminer au mieulz, selon le volume de la matiere et l'engin, que tu m'as presté, vueilles mon senz amagistrer à plus grant besoing, c'est que me donnes entendement de cognoistre et forme de parler de si haulte chose (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 7). [Seul ex.]

REM. Le FEW mentionne une forme approchante en anc. prov. : «Apr. amajestrar v.a. "disposer" (hap. 14. jh.)». Cf l'italien ammaestrare et v. amaistrer (dont amagistrer est une réfection étymol.).
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

 Article 2/33 
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     AMAÎTREMENT     
FEW VI-1 magister
AMAISTREMENT, subst. masc.
[GD : amaistrement ; FEW VI-1, 38b : magister]

"Enseignement, instruction, formation (notamment en matière de chevalerie)" : Ainsi que dit Pollicrato : que les amaistremens et disciplines furent moult recommandez entre les Rommains (...). Ainsi que ancores recite Valere, ou il dist des examples en quelle guise les peres de leurs propres mouvemens pugnissoient leurs filz quant ne vouloient observer discipline de chevalerie (LA SALE, Sale D., 1451, 123).
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

 Article 3/33 
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     AMAÎTRER     
FEW VI-1 magister
AMAISTRER, verbe
[GD : amaistrer ; AND : amestrier ; FEW VI-1, 38b : magister]

Amaistrer qqn. "Instruire, former"

 

-

Au passif. Estre amaistré de + subst. : ...samblablement de Discipline se lit de Octavien empereur, que par grans disciplines volt que ses enfans fussent amaistrés de toutes choses convenablement : comme de science, tout premierement, et puis des armes (...) et tous aultres essays que corps humain se porroit employer ; aussi de tous instrumens les fist apprendre, et puis de tous mestiers (...). Ainsi que dit l'Ecclesiastique, et est escript en la Polleticque qui dist : "Ensengne ta maisnie : sy la conserveras". (LA SALE, Sale D., 1451, 123). [Seul ex.]

REM. Par ailleurs synon. de emmaîtrer.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Michèle Clarendon

 Article 4/33 
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     AMAÎTRIER     
FEW VI-1 magister
AMAISTRIER, verbe
[T-L : amaistroiier ; GD : amaistroier ; AND : amestrier ; FEW VI-1, 36b,38b : magister]

I. -

Amaistrier qqn/qqc. "Soumettre à son pouvoir" : ...ces segneurs (...) ne se sont point tant travilliet pour vous mangier Qu'il ont fait pour warder le règne d'essilier, Que Flamens en pourpos avoient par quidier ; Car forment s'en vantoient, bien vorent commenchier, Il firent Hem et Nielle ardoir et essillier, Et pensoient des autres ensement apointier. (...) Car enpensé avoient de tout amestrier Et de vous desrober et le vostre pillier (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 496).

 

Rem. Cf. aussi : Jehan de Monfort (...) s'en ala devant le chité de Limoge, qui avoit estet au dux Jehan, et tant fist, qu'il le prist et tout le païs d'autour (...) et s'en ala en Bretagne, et tant fist, par les segneurs et barons du païs, qu'il fu receus à Nanthes, à Rauennes, à Dinant et à pluiseurs aultres villes et forteresse. Là il mist garnison pour amestryer les communes, qui se voloient tenir à Charle de Blois, comme leur droiturier segneur (Doc. 1458. In : Chron. des Pays-Bas, de France, d'Angleterre et de Tournay, éd. J. J. de Smet, t.3, 1856, 155).

 

-

[Domaine abstr.] : Mais ceste loy est en amour enfrune Qui par force de loy fait obeir Cil qui avant vouloit amours servir ; Et par ainsis est amour asservie Par loy qui veult nature anientir (...). Prince, Amour veult equalité tenir, Amer c'om l'aimt franchement, et non mie L'amaistrier ; chascun ait son desir (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 226).

II. -

Amaistrier qqn. "Instruire, former"

 

-

Empl. pronom. S'amaistrier à qqc. "S'instruire de qqc." : ...toutes créatures de la foy crestienne, lesquelx li seront présentées à vendre, promet de les achatter et subitement poyer, et ancore les envoyer achatter de loings, toutes celles que il porra avoir, et puis les envoyer à l'escolle desoubz maistre pour quatre ans, à ce qu'il se puissent amaistrier et prendre amour alla foy de Mahommet. (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 34).
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

 Article 5/33 
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     CONTREMAÎTRE     
FEW VI-1 magister
CONTREMAISTRE, subst. masc.
[FEW VI-1, 40b : magister ; TLF : VI, 90b : contremaître]

MAR. "Second du navire (après le maître)" : ...les gaiges de deux mois des vaisseaulx et des maistres, contremaistres, quarteniers et mariniers (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1384, 277). ...le maistre ou contremaistre des neifs (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1395, 96). A Richart Rou, anglois, homme d'armes et maistre d'une barge nommée Marie, de Londres, tant pour les gaiges et regars de lui, quatre contremaistres, I charpentier de nefs, (...) comme pour le salaire et frait de sa dicte nef portant VIIIxx tonneaux (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, 1425, 187). ...à Jehan Yvain, contremaistre de la nef de monseigneur, baillé III f. I g. VI p. par le commandement de monseigneur, tant pour cordes, fil, aguilles, que cire, qu'il achapta en Arles, ou moys de janvier derrenier passé, pour la voille du lutz de monseigneur (Comptes roi René A., t.3, 1479, 50). Patrons, pillotes, contremaistres puissans (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 6/33 
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     EMMAÎTRER     
FEW VI-1 magister
EMMAISTRER, verbe
[T-L : enmaistrier ; GD : enmaistrer ; AND : enmestrier ; FEW VI-1, 36b : magister]

Empl. trans. "Pourvoir (un filet, un piège) d'une corde" : ...et doit [le filet] estre enmestré en une deliee corde, mes qu'elle soit si forte que elle puisse souffrir le tirer que le cevreul fera quant il sera pris (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 161). Et que les pouches ne soient mie plus parfondes que pour enclorre, sans plus, le corps du tesson, et doivent estre enmestrees de cordeles, ou il ait u bout une bouglete faite comme en un chevestre (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 170). ...la roi doit avoir cinc toises de lonc et quatre vint melles de lé, de mele a teurtres, et doit estre amestree [var. enmestree] que le cordel dessous doit estre lonc comme chelui dessus. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 279).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 7/33 
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     ESMAÎTRIER     
FEW VI-1 magister
ESMAISTRIER, verbe
[T-L (renvoi) : esmestriier ; GD : esmestrier ; FEW VI-1, 36a : magister]

[D'une pers.] Esmaistrier qqn. "Se rendre maître de qqn" : Or les cuide il esmestriier Par batre et par escorjier, Mais il n'en poet a cief venir, Yauls affrener ne retenir, Ançois l'emportent contremont, N'espargnent valee ne mont Ne voie, tant soit haute ou basse. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 98). Il feroit là faire l'un des fors et des biaux castiaux dou monde (...) pour esmestriier le mer, les alans et les venans entrans ou havene de l'Escluse, et issans ossi et courans parmi la mer. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 242). Et pour esmestriier ceux de Paris, se il besongnoit, encores feroient li dessus dit oster toutes les caïnnes des rues de Paris, pour chevauchier partout plus aisieuement et sans dangier. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 79). Li baron ne pooient trouver passage pour eux ne pour leurs gens. On voloit bien en Escoce que li povre compaignon et aucun petit chevalier et escuier qui n'avoient nulle grant carge, se partesissent, pour plus afoiblir et esmestriier le demorant des signeurs de France. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 277).

Rem. Seulement chez FROISS. Mais cf. aussi GD III, 490c, esmaistrer.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/33 
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     MAGISTER     
FEW VI-1 magister
MAGISTER, subst. masc.
[GDC : magister ; FEW VI-1, 41b : magister ; TLF : XI, 141b : magister]

Latinisme. "Maître" : Chier sire, nous vous ramenons Tout a coup nostre magister. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 299). [aussi v. 24467] Magister Hugo : - Se ces chouses temporelles et visibles tu extimes de avoir [a] amer pour ce que aucune beaulté, doulceur et delettacion que tu voys en sa generacion tu desire... (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 260). Sus, magister reverendé, Faictes nous ce songe sçavoir (GRÉBAN (S.), Myst. Actes Apôtres L., c.1475, 22v). Sus, troussez avant, magister ! Vous venrés sermonner ailleurs ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 710). L'EVESQUE. [Au secretain] Or pence d'aller acoustrer La chaire tout incontinant. [Au tiers maistre] Magister, il vous fault monstrer Vostre scïence maintenant. [Au secretain] La cloche aussi, tout d'un tenant, Semblablement fault que tu sonne Si viendra maire, lieutenant Et mainct aultre bonne personne. (LA VIGNE, S.M., 1496, 329).

 

-

Magister (d'escole). "Celui qui est chargé de l'instruction d'un enfant" : A Micheau Millon, magister d'escole de mademoiselle de Lorraine, pour une robe d'esté (Comptes roi René A., t.1, 1477, 244). Au magister de mondit seigneur le marquis, pour une canne et demye de pers (Comptes roi René A., t.2, 1477, 50). ...il se despartit du magister de Dompnevoult qui le tenoit et ne vouloit point qu'ilz se combatissent (Lettres rémission René II P.D.H., 1496, 297).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 9/33 
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     MAGISTRANCE     
FEW VI-1 magister
MAGISTRANCE, subst. fém.
[GD : magistrance ; FEW VI-1, 41b : magister]

"Magistrature"

REM. Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des princes, 1444 (ms. déb. XVIe s., [Dans une petite cité] les offices et magistrances peuvent bien estre congregez tellement que divers offices soient commis a ung officier) ds GD V, 66b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 10/33 
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     MAGISTRE     
FEW VI-1 magister
MAGISTRE, subst. masc.
[T-L : magistre1 ; GD : magistre ; AND : magistre ; FEW VI-1, 41b : magister]

"Maître"

REM. Ex. d'a.fr. et COMM. (éd. Chantelauze, ces magistres ou gouverneurs de la ville, dont j'ay parlé) ds GD V, 66c. Lecture magistratz ds COMM. II, 270 (ces magistratz et gouverneurs de ville dont j'ay parlé).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 11/33 
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     MAGISTRER     
FEW VI-1 magister
MAGISTRER, verbe
[T-L : magistrer ; GD : magistrer ; FEW VI-1, 41b : magister]

Empl. trans. "Nommer au titre de maître, dans une université" : ...Puis les fault aler aux decrez ["étudier le droit"] Ains que ilz soient magistrez, Estudier .VIII. ou .X. ans (DESCH., M.M., c.1385-1403, 71).

REM. Doc. 1385 (adfin que oudit habit il peust estre et feust doctorez et magistrez en ladicte faculté et science) ds GD V, 66b-67a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 12/33 
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     MAISTRIEMENT     
*FEW VI-1 39a magister
MAISTRIEMENT, subst. masc.
[T-L : maistrïement ; GD : maistriement2 ; *FEW VI-1, 39a : magister]

"Attribution du titre de maître" : ...pour aidier à faire la feste du maistriement en théologie (Comptes Lille L., t.3, 1398, 173).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 13/33 
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     MAÎTRE1          MAÎTRE2          MAÎTRE3     
FEW VI-1 34-39,40b magister
MAISTRE, subst. masc.
[T-L : maistre ; GD : maistre1/maistre3/maistre4 ; GDC : maistre ; AND : mestre1 ; DÉCT : maistre ; FEW VI-1, 34-39,40b : magister ; TLF : XI, 201b : maître1]

I. -

[Idée de domination]

A. -

"Toute personne qui exerce une autorité sur qqn"

 

1.

"Seigneur (par rapport au vassal) ; en partic. roi, souverain" : Li rois retint ceste cose en grant orgueil et grant presumption, et dist qu'il ne voloit nul mestre en France fors lui. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 176). "Je vueil", dist-il, "parler à monseigneur de Glocestre, mon maistre, car c'est pour besoingne qui touche à lui grandement..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). "Se je donne et marie ma fille au conte de Guerles, il vouldra estre et sera mon maistre. Je ne seray le sien point..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147). Sire chevalier, dist le roy, menassier povez vous assez, car autre chose n'emporterez vous de moy, car voz maistres ne voz menaces ne prise je pas un festu. (ARRAS, c.1392-1393, 158). Et lors la dame lui dist moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans, et pour tant vueil je aler par devers monseigneur nostre maistre, pour savoir que c'est qu'il lui plaist, car il me semble qu'il soit cy venus comme par maniere de faire guerre. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...[le chevalier] se vint loger en une hostellerie qui par le fourrier de monseigneur le duc [Phelippe] de Bourgoigne son maistre luy avoit esté delivrée. (C.N.N., c.1456-1467, 431). ...un vaillant evesque d'Espaigne (...) pour aucuns afferes du roy de Castille, son maistre, ou temps de ceste histoire, s'en alloit en court de Romme. (C.N.N., c.1456-1467, 580). Or sa, ce titre sera cy mis ; Mon maistre [Pilate] l'a ainsi ordené. (Pass. Auv., 1477, 215). Neemyus, natif de Jherusalem, fort entendu en la science des estoilles et, pour ce, bien amé de son maistre [Arthaxarxes], roy de Perse, et aussi de Esdras et de Socrates, fut environ ce temps en grande appreciacion et obtint du roy, son maistre, de reclorre de murs Jherusalem, qui avoit esté razé (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°).

 

-

Seigneur et maistre : Li rois riches dons li donna Et maistre et signeur l'ordonna Et fist de toutes les provinces Sus les sages et sus les princes De son païs de Babiloine. (MACH., C. ami, 1357, 18). ...Jaquemon d'Artevelle (...) fist le mestre et le signeur et volt monstrer poissance entre ceuls de Gand. (FROISS., Chron. D., p.1400, 270). Nostre regne nous ont tolu [les Romains] Tant que n'avons seigneur ne maistre, Fors ainsi qu'i le veulent mectre, Et ainsi nous tiennent es géz Leurs tributeurs et leurs subgéz Et, pour nous plus mectre en denger, Font nostre roy d'un estranger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 531).

 

.

D'estriver à son maistre ne peut on gagner. "Il y a tout à perdre à se battre contre son suzerain" : ...Car on dist .I. parler souvent en reprouver : D'estriver a son maistre ne poet on gaignier (Bât. Bouillon C., c.1350, 133). [gaignier recouvre prob. un ancien gaaignier qui faisait un vers juste]

 

.

Quand le maistre est mort peu vaut le remanant : ...toust seront desconfit, leur force vont perdant. Quant le mestrë est mort, peu vault le remanent. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 330).

 

-

[D'un être céleste (dieu paien, Dieu chrétien)]

 

.

(Souverain) maistre : Dieu peut pardonner et veult Trop plus que pechier on ne peut, Car il est Dieu souverain maistre. (Mir. mère pape, c.1355, 358). Li dieux qui est signeur et maistre, De quan qu'il puet morir et naistre, De quan qu'il est, fu et sera Et qui jamais ne finera, Qui est darreins et primerains, Et de tous les dieux souverains (MACH., P. Alex., p.1369, 3). "Mon Dieu, dit elle, mon maistre et mon empereur, poin[t] ne suys du tout non saichant de la belle entreprise que tu veulz faire, et de l'excellente dame que proposez former..." (GERS., Concept., 1401, 391). "Belle seur, disoit Raison a l'Ame, tu es la tres belle ymaige, laquelle Dieu, le souverain Maistre, a voulu faire pour monstrer son art par dehors, sa puissance, sa saigesse et sa benivolence..." (GERS., Trin., 1402, 166).

 

-

Maistre premerain : Bonneürté est, ce me samble, Ce qui donne ces sis ensamble : Gloire, Delit et Reverence, Puissance, Honneur et Souffissance. C'est bien parfait et souverain Qui vient dou maistre premerain Qui est fin et commancement, Trebles en un conjointement, Uns en trois et un tout seul bien, Ou il ne failli onques rien. (MACH., R. Fort., c.1341, 103).

 

.

Maistre de toutes les choses : En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures, qui est maistre de toutes les choses faictes et a faire, qui doivent tendre a perfection de bien et les autres pervenir selon les vices des creatures. (ARRAS, c.1392-1393, 1).

 

2.

"Personne qui a autorité sur qqn pour se faire servir" : "Comment, Amours ?" Ce dist Raisons, "est ce dont de vos tours Qu'il amera, sans avoir nul secours, Celle qui a donné son cuer aillours ? Et qui vous sert, Il n'a mie le loier qu'il dessert ? Certes, fols est qui a servir s'aert Si fait maistre, quant son guerredon pert." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 125). Se de vostre serf faites maistre, S'iert grant folour. (Mir. femme roy Port., c.1342, 168). Se David par ceste raison Son maistre et son seigneur l'appelle [Crist], Conment sera la chose telle Que son fil soit ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240). ...il estoit allez en la ville de Cosne sur Loire, pour trouver maistre à servir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 228). ...un nommé Thevenin Le Bourguignon, clert dudit Godefroy, lui dist que sondit maitre ne le vouloit païer de ce qu'il avoit gaigné et deservi à lui (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 370). ...six ans a ou environ, qu'il estoit logiez et demouroit comme varlet en l'ostel Thierry Godehaire, porteur d'affeutrure, et que sondit maistre fu alez hors en la ville, il ala en la chambre de sondit maistre à un matin, environ heure de prime, et illec trouva le coffre de sondit maistre ouvert, ouquel coffre il print troys frans en or qui y estoient, lesquelz, ainsi par lui prins, il emporta, et se parti de l'ostel de sondit maistre sans son sceu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 404). ...puis deux mois a ou environ, il a esté sanz maistre et vacabond parmi la ville de Paris, attendant trouver le service d'aucun seigneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 166). En quelle doulceur et humilité pria il et escript pour ung serf fuitif qui avoit emblé les choses son maistre, nous le pouons congnoistre par l'espitre qui est a Philemon pour Onesimus. (GERS., P. Paul, a.1394, 512). ...ne laissera, pour rien que luy puist advenir, qu'il ne l'advertisse de tout ce que loyal serviteur doit faire a son maistre. Le maistre, lyé et joyeux de la nouvelle garde de sa femme, laisse l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 96). Le varlet fist son rapport a son maistre (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...les varletz dirent que c'estoit leur maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

-

"Celui qui paye les services d'un avocat, client d'un avocat" : Je di tousjours en verité En plaidoyant devant ses juges Mes raisons et mes suterfuges ; Je caiche menu et souvent Le droit, et arrier et avant Je sçay bien desfendre mon pal ["affaire"] (...) ; Je lo mainte fois et conseil Que faiz nouveaulx doubteus se treuve, Si que mes maistres ait la preuve, Car qui scet garder près et loings A la fois treuve des tesmoings Dont on puet prouver sa besongne. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 160).

 

-

Prov. À mauvais maistre mauvais message : Et ceulx qui se meslent de faire Les lettres, dont gens ont a faire, Dieu scet se j'en vi, la entour, A plusieurs faire maint faulx tour, Dont s'en ensuivi dueil et perte A maint ! Dieu leur doint leur deserte ! Et ainsi, comme dit un sage : " A mauvais maistre mal message." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 59).

 

.

À tel maistre tel message : [Le narrateur voit en pensée mécréance lui apparaître comme une bête hideuse et argumenter contre le Saint-Sacrement] Touttefois en cy je me reconfortay que je aperceu tantost qu'elle estoit envoiee de par les Juifz incredulez, selon le texte de l'evangile saint Jehan (...) A tel maistre tel messaige. (GERS., St-Sacr. G., c.1402, 699).

 

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À tel maistre tel valet : Ainsi comme dit est, fu fait messire Bertran de Clequin, à la tres grant exaltacion et exaulcement du reaume, conestable de France, et vrayement se peut de lui dire ce que dit le proverbe commun : «A tel maistre, tel varlet ou serviteur», car, selon la digneté du sage maistre, c'est assavoir le roy Charles, estoit aduisant si chevalereux et si vertueux lieutenent et serviteur, laquelle chose croy, que en leur temps furent .II. des plus solempnelz hommes, chascun en sa faculté, qui fussent ou monde, dont soit mension. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 194). A tel Seigneur telle mesgnie, A tel maistre tel varlet, A fol Seigneur fol serviteur (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 120).

 

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[Prov. inversé] Selon le cler est deu le maistre. "Tel clerc, tel maître" (Cf. R.H., Comment. Test., 83 : «Inversion, à effet, comique, d'un proverbe courant (Selon seigneur maisnie duite) (...) "Tel maître, tel valet"») : Bien dit ou mal, vaille que vaille, Enregistrer j'ay fait ses diz Par mon clerc Fremin l'estourdiz, Aussi rassiz que je pense estre, S'il me desment, je le mauldiz : Selon le clerc est deu le maistre. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 59).

 

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Celui qui sert son maistre sans faire vilainie On le doit mieux aimer qu'amant ne fait amie : ...Il [un maréchal] a esté tres bon touz les jours de sa vie, Vers son maistre loyaulx sans penser a folie ; Cilz qui son maistre sert sans faire villenie On le doit mieulx amer qu'amans ne fait amie (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 240).

 

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[Prov. inversé] : : Je congnois le maistre au varlet (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54).

 

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On ne doit jamais servir son maistre oultre son gré : Et dist qu'on ne doit jamaiz servir maistre oultre son gré et pareillement que les maistres ne doivent retenir les serviteurs, quant ilz demandent congé, qu'ilz ne leur donnent liberalement. (BUEIL, II, 1461-1466, 259). Il dit que ung serviteur est lasche de servir son maistre oultre son gré, et fault dire, quant il ne le sert par amour, qu'il le sert par haine et pour lui faire mal. (BUEIL, II, 1461-1466, 260).

 

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Qui sert bon maistre attend bon loyer : Charité les a deffenduz D'aller en enffer le reclus, Et Pitié qu'ilz ont bien norrie En leur maison toute leur vie. En dit ung proverbe souvent : Qui bon maistre sert, bon loyer en atant. (Liber Fort. G., 1346, 74). Mais, je me doubt, et il peut estre, Que la deffaute tint au maistre, Car bon loyer cellui actent, Qui service a bon maistre tend. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 11). Maintenant a la bourse desgarnie, Necessité le contrainct qu'il le dye, Car qui bon maistre sert bon loyer en actend. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 176). ...Qui bon maistre servir entend, Par droit bon loyer en actent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 236). Et les anges te portent tant d'honneur Que a toy servir se voeullent emploier : Qui sert bon maistre il attend bon loyer. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 427).

 

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Nouveau maistre, nouvel argent : LE PREMIER ESCUYER. ...Nous aurons autre roy nouveau. LE SECOND ESCUYER. Voire, voire, c'est le plus beau ; Nouveau maistre, nouvel argent. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 208).

 

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On ne peut servir à deux maistres : ...Car, qui fais de siecle procure, A peine peut il desservir Benefice et Dieu bien servir, Auquel service sont voüez [les prélats d'Église] ; Et dire a l'Escripture ouez Que "l'en ne peut bien a .II. maistres Servir, ne tenir divers estres." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 66). On ne puet servir a deux maistres. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197). ...quant au regart d'avoir deux cordes [deux cordes en son arc], c'est a entendre deux dames, il n'est point possible que celluy qui ce fait soit constant en fait n'en pensee ; car nulz ne poeut a deux maistres servir. Par ainsy, l'une corrompt l'autre. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 159).

 

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Par servir devient on maistre : ...par droit dessert Loyer et honneur qui bien sert, Et par servir devient on maistre. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 11).

 

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Qui commet un méfait avec son maistre se voit seul pendre/est tout seul bouilli : ...Il resamble celui a se malle journee Quil va avoec son maistre embler a recelee Et puis se voit seul pendre. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 631). ... "Or est mes corpz cheti[s] ! Il appert et c'est voir et il avient tousdis Qui avec son maistre s'an vait per le pays A la faulce monnoie, il est tout seul bouilli..." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 899).

 

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Qui bon maistre sert, il a bonne saudee : Et quant li drapz fu pains, et li oevre ordenée (;) Elle en donna le maistre, c'est véritez prouvée, Tant : qu'ains puis povreté il n'ot, en sa durée. Car qui bon maistre sert, il a bonne saudée (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 43).

 

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[Dans un cont. fig.] "Celui qui a autorité sur les passions et les vices" : Dyogene respondit : "Je n'ay que fere du serf de ma serve". "Qu'est-ce à dire ?" dist Alexandre, "veulx tu dire que je suis serf de ta serve ?" "Ouy," dist-il, "car je suis maistre et dompte convoitise et tu la serfz, pourquoy tu sers celle qui me sert". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°).

 

3.

[Le mari par rapport à sa femme] : ...comme femme fresle, legere et muable de courage, ay baillé part et porcion a aultry de ce dont il estoit et devoit estre le seul seigneur et maistre ? (C.N.N., c.1456-1467, 424).

 

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[Dans le langage courtois] Estre mis à maistre. "Être dominé" : Si prins a penser durement A ma dame, a qui bonnement Me sui, sans retollir, donnés Et ligement abandonnés ; Et pensoie dont ce puet naistre Que je sui si fort mis a maistre Que j'ai et cuer et corps ravi Pour ma dame c'onques ne vi (MACH., Voir, 1364, 132).

 

4.

[Le vainqueur par rapport à son prisonnier] : ...Se un prisonnier baille la foy A son maistre, soit prince ou roy, Que de lui ne se partira Sanz congié ne ne s'en yra, Se son maistre depuis le lie (...) Ou le fait en prison garder, Le prisonnier s'en puet aler, Sans ce qu'il ait en riens mespris (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 313). Et y eut aussi maint homme mort et pris et recreu sus les camps, ensi que li aucun escheoient en bonnes mains, et qu'il trouvoient leurs mestres courtois. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 169). ...messires Thumas de Felleton (...) fu mis à finance de son maistre messire Jehan de Lignac, à qui il paia trente mil frans, et puis fu delivrez. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 14). Che propre soir après souper, acata li sires de Gommegnies le conte de Saint Pol à son mestre qui pris l'avoit, et l'en fist fin de dis mil frans. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 188). ...devers son capitaine s'en retournoit pour faire finance de sa renson, et a son maistre l'envoyer ou la porter. (C.N.N., c.1456-1467, 54). Et, pour ce, le prisonnier achatte sa foy et sa franchise par argent ou aultrement et fait tant que son maistre le quitte de sa foy. (BUEIL, II, 1461-1466, 213).

 

5.

"Toute personne qui exerce une autorité dans un domaine, un secteur donné"

 

a)

MAR. "Capitaine commandant effectivement un navire (dont il n'est pas nécessairement propriétaire)" : ...le maistre du dromon lui print a demander : "Dame, pour Dieu, fait il, ou voulés vous aller ?" (Tristan Nant. S., c.1350, 104). Au Ponteaudemer en vint ung messagier qui estoit maistre de nef de mer et estoit Costentinois (Chron. Valois L., c.1377-1397, 39). ...Adam Beringuier, mestre de l'Edouarde du roy nostre seigneur (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1339, 13). À Perrin Duval, maistre dune [l. d'une] nef de Cherebourg, tant pour le fret de sa nef où il mena Sanche Loppis dudit lieu de Cherebourg en Angleterre pour les besoignes de Monseigneur, comme pour la despense que firent ledit Perrin et ses compaignons oudit voyage (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 364). ...Jaquet le Bouchier et le dit exposant, maistres de trois barges d'armée (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 143-144). Li rois d'Engleterre (...) avoit monsigneur Robert de Namur fait maistre d'une nef, que on appelloit La Sale dou Roy, où tous ses hostelz estoit. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 91). Gueres ne nous convient debatre, Prenons les et couvertement Les pourterons deligenment En celle nefz, qui veult passer, Comme je voiz, oultre la mer, Se le maistre de la galée En veult de nous prandre soudée. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 162). Ledit roy n'avoit ne croix ne pille et donna une robbe fourrée de belles martres au maistre du navire, promectant luy myeulx faire le temps à venir. (COMM., I, 1489-1491, 205).

 

-

Maistre-marinier : LE MAISTRE MARINIER. L'orage est choit, le temps amende : De ci partir nous esconvient. (Mir. emper. Romme, 1369, 289). Et le maistre marinier naga tant que aucun pou devant le jour il arriva en l'isle de Holland. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 110).

 

-

Maistre-nautonnier. "Patron d'un bateau" : ...et endementiers issirent les deux chevaliers de la nacelle ; et le maistre nautonnier leur amena a cascun son cheval (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 237).

 

b)

ART MILIT.

 

-

"Chef, celui qui exerce un commandement (quel que soit le niveau)" : Et convint que il feist serement à son maistre [un homme d'armes] qui l'avoit prins que il se armeroit avecques ceulx de leans contre tout homme. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 19). Tous pevent a peine suffire a grever les ennemis par guerre, mais chascun veult faire compaignie et chief a part soy, et tant y a de chevetaines et de maistres que a paine treuvent ilz compaignons ne varlés. (CHART., Q. inv., 1422, 56).

 

-

Maistre de l'ost. "Chef militaire" : Et pour ce que ou chapitre precedent fu faite question de obeïssance au pere et au medecin ou au maistre d'un ost, et aussi pour ce que obeïr est faire honeur, aucuns font ici questions de teles choses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 459).

 

c)

"Chef d'une communauté"

 

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[De l'Église] : Les autres louerent l'excellence de sa dignité en prelature [de saint Pierre] en tant que Dieu le feist maistre et prince sur toute son Eglise, en tant que tous autres, feussent apostres ou disciples, voire et nostre Dame, furent en ce subgetz a luy (GERS., P. Paul, a.1394, 486).

 

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[D'un ordre religieux, militaire ou hospitalier] : ...li uns estoit abbes de Clugni, et li autres mestres des Frères Preeceurs (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 2). ...quatre cens hommes d'armes (...) avoient empris (...) d'aller à Seris, une grosse ville qui est au maistre de Saint Jaque. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 159). En Pruce, a une cité qui s'appelle Marienbourc, qui est grant cité, et s'i tient le hault maistre de Pruce, qui est plus grant maistre que cellui de Rodes, et sont ces Religieux vestus de blanc à une croix noire, et est un très bon païs de blez et de bestial et de poissons, et ny croist point de vin, et boivent cervoises. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 81). ...le maistre de Saint Jaque et celuy de Calestrave, atout ce qu'ilz avoient de gens, se mirent au dos de leurs ennemis par ung costé ou mieulx peurent besongnier (Comte Artois S., c.1453-1467, 94). ...en priant sadicte Sainteté qu'elle veille pourveoir ledict Rondellin d'icellui office de maistre general dudict ordre saint Françoys (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 276). A conseillier l'appoinctement sur la requeste baillée par escript à la Court par les maistre, freres et suers de l'ospital des Quinze Vins à Paris (FAUQ., II, 1421-1430, 209). Et y estoit le grant maistre de Sainct Jacques, l'archevesque de Tolledo, les plus grans de Castille pour lors. (COMM., I, 1489-1491, 136).

 

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En partic. Le (Grand) Maistre (de Rhodes)/Le (Grand)Maistre de l'Hospital. "Le Chef de l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem" : Li grans maistres de l'Ospital Descendi dou chastel aval, A moult tres noble compaingnie, De chevaliers et de maisnie, Pour eaus veoir et conjouir, Et pour les nouvelles oïr. (MACH., P. Alex., p.1369, 57). Li roys en Rodes demoura, Et li maistres moult l'onnoura. Aussi feïrent tout li frere ; Chascuns de lui servir se pere. (MACH., P. Alex., p.1369, 202). Sagement se sont contenu Et devant le roy sont venu. Là fu monsigneur Perceval, Et le maistre de l'Ospital, Et le prince de Galylée, Et Bremont, qui bien fiert d'espée, Et maint autre que pas ne nome, Qui tuit sont vaillant et preudomme. (MACH., P. Alex., p.1369, 203). ...il qui parle, en sa compaignie Nicolas Boutin, se trensporterent en l'ostel du grant maistre de Rodes, estant lors logiez en Avignon, et (...) se bouterent en une des chambres dudit grant maistre, en laquelle il prindrent toute la robe qui troverent en icelle chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). Et vint le maistre de Rodes prier aux deux freres, et a leurs barons, que ilz voulzissent venir en la ville esbatre. (ARRAS, c.1392-1393, 90). Et les barons de Poictou et de Chippre prindrent congié, et aussi fist le grant maistre de Rodes, (...) et aussi firent tous les freres de la religion. (ARRAS, c.1392-1393, 144). ...tous les autres seigneurs qui survindrent, c'est assavoir, le grant maistre de Rodes, l'arcevesque de Bourges, l'evesque de Beauvaiz et autres barons, chevaliers et conseillers (BAYE, II, 1411-1417, 129).

 

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[D'une communauté quelconque] : ...tous les pastours du boscage L'eslirent a sur eulx roys estre, Et que sires en fust et maistre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 194).

 

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[Dans un cont. fig., à propos du Soleil par rapport aux planètes] : Et à la fin, et soubz entente De procéder par droite sente Et monstrer le fait évident, Establirent à Président Le beau Soleil, leur noble maistre À décider et à cognoistre, Sans appeller ne contredire, Sur tout le fait qu'ilz vouldrent dire. (LA HAYE, P. peste, 1426, 33).

 

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[D'une bande] "Chef" : Chils avoit aultres brigans desous lui, et le tenoient a mestre et a capitainne, pour tant que il estoit le piour de tous les aultres et li plus outrageus, et bien les paioit de mois en mois (FROISS., Chron. D., p.1400, 857).

 

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[D'une maison, d'une famille]

 

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Maistre de leans. "Maître des lieux" : ...ilz parlerent au maistre de leans (C.N.N., c.1456-1467, 36). La voisine, voyant l'autre avoir l'audience et gouvernement du maistre de leens, n'en eut pas peu d'envye (C.N.N., c.1456-1467, 522).

 

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Les maistres de la cité/d'une ville. "Les notables" : ...li bourgois de Gand (...) quant il eurent fait che pour quoi il estoient là venu, prissent congiet as maistres de Liège, liquel ordonnèrent avoecq eux certains hommes, pour aler sour le païs (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 205). Et leur enquesterent les grans bourgoys et les maistres de la cité comment ilz avoient exploictié en leur voyage. (ARRAS, c.1392-1393, 193). Messires Renauls de Ghinghant, lor chapitainne, entendi que il tretioient pour euls rendre. Si en fu durement courouchiés et maneça les plus grans mestres de la ville a faire coper les testes, et les appella fauls, mauvais et traittes, dont il furent moult courouchiet (FROISS., Chron. D., p.1400, 535). Puis mirent ung poille moult riche sur son chief en signe de triumphe et victoire, lequel fut porté par les quatre plus grans maistres de toute la ville, cloches sonnans, les rues tendues et tapissees le possible (LA VIGNE, V.N., p.1495, 303).

 

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Maistre d'une eglise. "Responsable de l'administration des fonds et revenus affectés à l'entretien d'une église" : ...pour conseillier l'arrest dessusdit d'entre le procureur du Roy et le commandeur de l'ospital Saint-Anthoine, d'une part, et les maistres et gouverneurs de l'eglise du Sepulcre à Paris, d'autre part. (FAUQ., III, 1431-1435, 122).

 

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Maistre de une institution : ...[le] maistre des estapples des lainnes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). ...le roy ung long temps ne fut pas maistre de son conseil ne aussi souverain ; ainçois s'estoient ses oncles et les barons et [les] prelas dessus nommé. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8).

 

d)

[Avec une épithète valorisante pour désigner un personnage important] Grand maistre. "Personnage important" : Des conseillers des jeunes gens Y vi, compaignons et sergens Des enfens de plusieurs grans maistres, Qui n'estoient loyaulx, n'adestres, Mais conseillers de mal advis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51). ...le bon bourgois (...) n'estoit point si mal logé en la dicte ville que ung bien grand maistre ne se tenist pour content et honoré d'avoir ung tel logis. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...une tresbelle damoiselle (...) dont le bruit n'est pas si pou cogneu que le plus grand maistre de ce royaume ne se tenist treseureux d'en estre retenu serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 182). ...fust il plus grand maistre cent foiz, si je l'y puis rencontrer je luy osteray la vie du corps [Un homme jaloux de son rival] (C.N.N., c.1456-1467, 234). ...trop mieulx vouloit avoir le bergier a beau frere, au gré de sa seur, que ung aultre bien grand maistre au desplaisir d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 361). Aux grans maistres Dieu doint bien fere, Vivans en paix et en requoy ; En eulx il n'y a que reffaire, Si s'en fait bon taire tout quoy. Mais aux povres qui n'ont de quoy, Comme moy, Dieu doint pascïence. Aux autres ne fault qui ne quoy, Car assez ont pain et pictence. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 38).

 

-

[Prov., sentence] Celui qui s'accompagne a plus grand et plus haut maistre que soi il porte sur ses espaules le plus grand faix : Il est escript ou .XIIIe. livre d'Ecclesiasticque que celui qui s'acompaigne a plus grant et plus haut maistre de soy il porte sur ses espaules le plus grant faiz. Et en ce mesmes lieu est escript : "Ne soyez compaignon a plus riche de toy." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 119).

 

-

Loc. Estre grand maistre. "Être au comble de ses voeux" ( (Éd.)) : Il est grant maistre qui vous voit (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

6.

P. anal.

 

a)

"Personne qui s'impose par sa volonté, sa force (à qqn)" : Il ne fut pas le maistre lors, ne creu de faire son vouloir, et pour cause. (C.N.N., c.1456-1467, 26). Or le laissez venir (...) voire par Dieu ! s'il estoient trois, j'en seray bien maistre hardiment. (C.N.N., c.1456-1467, 50). ...troys compaignons, dont l'un estoit en estat de homme de guerre et les autres en estat de coquins, dont l'un se disoit maistre des autres et se faisoit appeller Artus de La Guerre et l'autre Marquis et l'autre Charles ; lesquelz se disoient estre gens de guerre et avoient tout perdu le leur. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 1).

 

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Avoir trouvé son maistre. "S'avouer vaincu" : JUPITER. (...) Hélas ! or suis je bien meschant, Que me laisse anssy gouverner ! Je me fassoies redoubter : Or ai ge bien trouvez mon maistre. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 133).

 

.

Prov. Il n'est si fort qui ne trouve son maistre : Par ses assaulx, Lescluse et ses vassaux Feurent leurs saulx, en autre camp vont paistre : Il n'est si fort qui ne troeuve son maistre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 365).

 

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Estre maistre de qqc. "S'emparer d'un site. et y imposer sa volonté" : Si entrerent dedens la porte, car il le trouverent ouverte, et furent signeur et mestre dou chastiel, et bouterent hors tous ceuls et celles que dedens il trouverent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 305). ...et conquissent, en cel ivier, sus les Englois la belle nefs qui se nonmoit Cristofle, qui estoit malement grande, toute cargie de lainnes, lesquelles on amenoit en Flandres ; mais li Normant en furent mestre et signeur, et tous les Englois qui dedens estoient, il jetterent tout a bort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 345). Chil qui entrerent dedens l'ostel le signeur de Brimeu en furent mestre et l'esforchierent ; et fu pris et fianciés prisons li sires de Brimeu et auquns de ses honmes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 377).

 

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Au fig. [Dans un contexte grivois] Estre maistre de la place. "Imposer sa volonté dans un lieu conquis" : Quand il fut maistre de la place, il rompit seulement une lance (C.N.N., c.1456-1467, 197).

 

b)

Estre maistre de soi mesme. "Savoir maîtriser ses passions" : Dist Claudiens, ainsi que se à toy meismes, bon prince, parlast que alors seigneuras tu par droit les autres quant tu seras roy et maistre de toy meismes. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 172).

 

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Estre son maistre. "Être émancipé" : Dont se le pechié des eagiés filz qui sont leurs maistres est imputé aux parens, de tant plus le pechié de cheulx qui sont josnes et fraisles, qui ne scevent la distance entre bien et mal, sera aux parens imputé et demandé. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 163).

 

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Aucun n'est digne d'avoir seigneurie ou maistrise sur aultruy qui ne peut estre maistre de lui-mesme : Car il est trouvé ung proverbe rural qui dist que : Aucun n'est digne d'avoir seignourie ou maistrise sur aultruy qui ne peut estre maistre de luy mesmes. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105).

 

c)

Estre maistre d'un animal. "Avoir la maîtrise d'un animal, le dominer" : ...et en le suyvant, ne peut estre maistre de son cheval qui estoit eschauffé, et auquel on avoit en la presse couppé la rene de sa bride (LA VIGNE, V.N., p.1495, 288).

B. -

"Personne qui possède qqc. (ou un animal)"

 

1.

Estre maistre de qqc. "Posséder qqc." : GABRIEL. Puis que je le tieng [ce cierge] ja par my, J'en seray maistre. GUIBOUR. Et g'i vueil si ma force mettre Que certes il me demourra (Mir. femme, 1368, 228). ...proufit ou chevance mal acquise et contre honnesteté et bonnes moeurs apporte souvent a son maistre ou a celluy qui le posside plus de dommage que de prouffit. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 216).

 

-

Prov. Un chacun n'est maistre du sien. "Aucun, quel qu'il soit n'est définitivement maître de son bien" : Sy me souvient bien, Dieu mercis, Que je feiz a mon partement Certains laiz, l'an cinquante six, Qu'aucuns, sans mon consentement, Voulurent nommer testament ; Leur plaisir fut, non pas le myen. Mais quoy ! on dit communement Qu'ung chacun n'est maistre du scien. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 71).

 

-

"Personne qui est le siège de (telle passion)" : Finablement, je ne voy bien qui puyst venir de yre, mais en voy troiz maulz evidens. Car, se on la tient enclose ou ceur, elle travaille l'omme. Se on la descoeuvre, elle engendre hayne ou honte. Et aprez, a la fin, quy y persevere, elle maine son maistre en enfer. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 246).

 

2.

P. ext. "Auteur de (telle action)"

 

-

Prov. Le peché retourne toujours sur son maistre. "Le péché retombe toujours sur son auteur" : Et, a celle cause, le regnard dist en soy mesmes : "Pour ce que j'ay mal faict, mal me vient, car tousjours le peché retourne sur son maistre." (MACHO, Esope R., c.1480, 117).

 

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Jamais bienfait ne se pert en nul sens Mais quelque fois sur son maistre redonde. "Un bienfait n'est jamais perdu, parfois il rejaillit sur son auteur" : Jamais bienfait ne se pert en nul sens Mais quelque foiz sur son maistre redonde (CHART., B. Nobles, c.1424, 406).

 

3.

P. anal. "Maître, propriétaire (d'un animal)" : Ces destriers braidissoient, et pluseurs s'en aloient par le champ, sans maistre, leurs resnes traynans. La noise fu grant du charpenteis des espees, des haches, des brans, du bruit et du cry des abatuz et navrez et du son des trompettes. (ARRAS, c.1392-1393, 161). Et se le chien en est loing, tousjours a il le cuer et l'ueil a son maistre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 68). Li coursiers tresbusça et rompi son mestre le col. (FROISS., Chron. D., p.1400, 860). Et certes la char ainsi nourrie ressemble le cheval, lequel quant son maistre a bien tasché a l'engraissier, il est si dru et si mignot que quant il s'en cuide aidier il ne le puet tenir, et le meine malgré qu'il en ait les voyes qui lui sont prejudiciables, et a la fin, par son regibement et par ses saulz, lui rompt le col : tout ainsi tue l'ame et les vertus le cors trop souef nourri et engraissié de viandes lecharresses. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 18). ...lequel les chevaulx ne povoient souffrir, et ruèrent jus plusieurs de leurs maistres. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 252). Ce bon curé avoit ung chien (...) qui tous les aultres chiens du païs passoit d'aller en l'eaue querir le vireton, ung chappeau si son maistre l'oblyoit (C.N.N., c.1456-1467, 539).

 

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[Désigne le chasseur qui mène le limier] : A trestous les lymiers aprés Fut fait droit chascun par son maistre. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 46).

 

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"Fauconnier qui dresse les oiseaux de proie" : Son chaperon a abatu L'oisel qui encor n'a batu, Et a regardé ou visage Son maistre, qui ne fu pas sage, Quar il le tient a la clarté Quant doit aler a l'oscurté. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 99). Mais le pis est que aucunesfoiz l'esprevier qui est ainsi lassé ne revient point a son maistre, mais s'esvole et se repose sur un grant arbre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 157).

 

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Prov. On nourrit tel chael qui ensuite attaque son maistre. "On nourrit tel petit chien qui après vous fait du mal (on fait du bien à un tel qui ensuite vous fait du mal)" : Tant garda Bauduin, le dansiel de jouvent, Qu'il engroissa sa fille ; et des autres grantment. On norist tel quaiel, ce dist-on bien souvent, Qui saut se maistre au col moult anguisseusement. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 38). Pour ce dist ung proverbe (...) C'on nourrit tel quayel et va on ellevant Que puis coeurt sus son maistre (Cip. Vignevaux W., p.1400, 99). On a bien tel kaiel norit et essauciet Qui depuis mort son maistre. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 673).

II. -

[Idée de compétence (gage d'autorité professionnelle, morale, intellectuelle...)] "Personne qui, en vertu de sa qualification, fait autorité"

A. -

[Domaine universitaire] "Celui qui a obtenu le grade universitaire de maistre et peut donc enseigner" : Je sçay bien qu'il n'ot onques maistre Ne ne hanta onques l'escole (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232). QUATRIESME MAISTRE. Du savoir suis a grant meschief Conment peut c'estre. JHESUS. Conment ? Tu tiens siége de maistre Et si es si plain d'ignorance Que tu n'en as pas congnoissance ! (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240). ...Pierre d'Ailly, evesque dessusdit, qui estoit nez de Compiegne, et avoit esté estudiant et après maistre du college de Champaigne dit de Navarre (BAYE, I, 1400-1410, 53). ...et estoient ledit mardi presens les ducs de Guienne, de Berry, de Bretaigne (...) le recteur et pluseurs maistres de l'Université de Paris et pluseurs des bourgois de ladicte ville. (BAYE, I, 1400-1410, 242). A conseillier l'arrest d'entre les maistres et escoliers du college des Dormans, d'une part, et maistre Pierre de Canteleu et les executeurs du testament de feu maistre Jehan Bertault, d'autre part (FAUQ., II, 1421-1430, 363). Ce jour, vint en la Court le recteur et pluseurs des maistres de l'Université en leurs abitz acoustumés (FAUQ., III, 1431-1435, 101). Item, a Marïon l'Idolle Et la grant Jehanne de Bretaigne Donne tenir publicque escolle Ou l'escollier le maistre enseigne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 126). Las, veez cy chose moult estrange ! Fault il que filz en nepveu change, Laisser le maistre pour disciple ? (Pass. Auv., 1477, 221).

 

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Maître de l'université : Et manda (...) les prelas et le recteur et les maistres et docteurs de le université de Paris (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 146).

 

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Estre à maistre. "Étudier (auprès d'un maître d'école)" : ...mais je m'ose vanter Que je say aussi bien chanter Ou livre avecques nostre prestre Que se j'eusse(s) esté a maistre Autant que Charles en Espaigne. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

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Maistre en/es arts : ...vint et fu present honorable homme et sage maistre Pierre du Moulin, maistre en ars, demourant ou mont Saint-Hilaire de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 310). Maistre Henry de Arne, maistre en ars, aagé de XXXIIIJ ans ou environ. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 137). ...Nycole Gomaud, né du diocese de Reins, prestre, maistre en ars et bacheler en theologie (BAYE, I, 1400-1410, 191). Et fu visité et jugié le procès de maistre Jean Fusoris, maistre en ars, en médecine, en théologie (Ch. VI, D., t.1, 1416, 377). ...maistre Ernoul de Gibecque, presbtre, maistre en ars et bacheler en decret (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 365). Jehan de Marisi, frere cil qui fut decapité pour favoriser le peuple de Paris, maistre ès ars à Paris, fist une prenosticacion environ ce temps, en laquelle il mist expressement que entour Paris et autre part se verroient choses non autreffoiz veues (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

 

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Maistre en theologie : LE CURÉ. (...) Quar un maistre en theologie Doit ci venir. (Mir. mère pape, c.1355, 350). Cedit jour, l'Université de Paris, par la bouche d'un maistre en theologie de l'ordre de la Trinité, a proposé en la Court ce qui s'ensuit (BAYE, I, 1400-1410, 190). ...un frère prescheur, maistre en théologie, nommé maistre Pierre Flore, inquisiteur de la foy en la province de Rains, fit un sermon notable devant toute la seigneurie (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 79). Qui me diroit : «Qui vous fait mectre Si tres avant ceste parolle [votre vision de l'Enfer], Qui n'estes en theologie maistre ? A vous est presumpcïon folle», C'est de Jhesus la parabolle Touchant du riche ensevely En feu, non pas en couche molle, Et du ladre de dessus ly. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 75). Estienne de Chartres, maistre en theologie, medicin et astrologien, fut en ce temps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 137 r°).

 

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Maistre en medecine : L'Université de Paris par un maistre en theologie a proposé et dit que me Pierre de la Casteigne, maistre en medicine, a demouré XXX ans en l'estude de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 126).

 

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P. ext. [Ici, à propos d'une pers. qui a opéré une guérison miraculeuse] "Excellent médecin" : Je vous avoir tramis mander Affin vous pleut a moy dire Qu'est celli mestre en medicine Que si brefmant vous ha gueri. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 129).

 

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Maistre de/en decrets. "Maître en droit canonique" : A Orliens ot un clerc jadis Qui estoit renommez et dis Nobles clers, vaillans homs et riches, Et si n'estoit avers ne chiches, Sires de lois, et de decrez Maistres, et uns homs bien discrez De bien moustrer ce qu'il savoit Et la vaillance qu'il avoit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 213). Li gentils roys, qui riens n'oublie, Avoit en sa chevalerie Un tres bon clerc, maistre en decrez, Qui estoit sages et discrez. (MACH., P. Alex., p.1369, 127). ...un vaillant clerc, maistre en decrez (...) Sermonnera presentement. (Mir. Theod., 1357, 78).

 

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Maistre de la loi. "Maître en droit romain" : Combien que soiez li greigneur Maistre de la loy et docteur, Ne le tenez ja a merveilles (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232).

 

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Maistre de physique. "Maître en médecine" : Fortune scet plus de pratique Que ne font maistre de fisique, De divinité, de logique (MACH., R. Fort., c.1341, 36). Auquel Traictié fonder et faire, Pour les matières mieulx retraire Et procéder plus seurement, S'assemblèrent uniement Tous les bons Maistres de Phisique, Résidens adonc en publique À Paris, la noble cité (LA HAYE, P. peste, 1426, 17).

 

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Maistre d'astrologie. "Spécialiste en astrologie" : Certes Barlaam n'estes mie, Mais Nachor, qui d'astrologie Estes dit maistre. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 287).

 

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Maistre d'escole/maistre en escole. "Ecclésiastique qui dirige l'école attachée à l'église cathédrale" : Item, dist que desdiz deux demi draps de sanguine prins à Vernon, il vendi ausdiz maistres d'escolle huit aulnes à la mesure de Laon, l'aulne au pris de XVIIJ s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 33). ...maistre Jehan de Resinghem, maistre en escole de MS le comte de Charolois (Comptes Lille L., t.1, 1412, 34). ...et fust icelui Jehannin de Vaudetar rendu à maistre Jehan Alardot, son maistre d'escole, par provision. (FAUQ., I, 1417-1420, 385).

 

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"Celui qui est chargé de l'éducation d'un enfant, maître, précepteur" : Aristote le sage et vieulx Fu son maistre [d'Alexandre], qui bien l'apprist. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 31). Et aussi gouverneurs et maistre De tieulx enfens si doivent estre Eulx mesmes bien moriginez, Affin que ceulx, qui ordenez Sont par eulx, exemple n'y voient Qui en nesun cas les desvoient, Car rien n'est qu'enfent plus regarde Qu'aux meurs de cil, qui l'a en garde. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 53). Cestui [Socrates] fut maistre de Platon, de Parmenides et de Joaas ausquelz il monstra d'astronomie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°). ...et depuis fut precepteur et maistre de plusieurs, comme des enfans de Mardocheus, oncle de Hester, et les introduisit en astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 v°).

 

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"Celui qui enseigne, transmet une doctrine, une philosophie, maître à penser" : Si est saint Pol nostre especial patron et maistre en tant qu'il nous livra et enseigna ung tel disciple [saint Denis] pour estre nostre maistre, docteur et apostre. (GERS., P. Paul, a.1394, 499). Je supply et enhorte a tous peres et meres et maistres que ilz soient diligens a faire confesser leurs enfans, et les enhortent à riens celer. (GERS., Concept., 1401, 428). ...car, comme dit Albert le Grant, qui fut maistre saint Thomas d'Aquin, en son Speculle parlant des livres de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°). Cestui, selon aucuns, fut maistre de Rogier Bacon ou fut son disciple ou compaignon, car j'ay leu en une couverture de livre qu'ilz avoient grande aliance ensemble (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 138 v°).

 

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"Celui qui éduque qqn, transmet des valeurs, des savoirs non enseignés par l'Université" : Quant le roy Richard (...) sceut la mort de messire Symon Burlé, son chevalier et l'un de ses maistres, qui toujours l'avoit nourry et introduit, si en fut durement courrouciez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 42). Et avoit chils contes esté mestres dou douch Jehan de Normendie, et l'avoit instruit et doctriné en sa jonece. (FROISS., Chron. D., p.1400, 607). Li jones contes de Flandres, qant il se fu ensi emblés, s'en vint a Saint Venant et trouva le signeur qui li fist tres bonne chiere ; car il avoit esté son mestre et l'avoit plus introduit ens es oissiaus que nuls aultres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 806).

 

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"Celui qui enseigne un art, une science" : ...Jehan Sedile, maistre d'escole de gramaire (Doc. Poitou G., t.6, 1395, 191). ...ledit Barbotin, qui (...) estoit maistre du jeu de l'espée à deux mains, ayant soubz l'esselle une grant espée rabatue (Doc. Poitou G., t.9, 1453, 326).

 

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[À propos de Dieu] : ...de Dieu seul elle est donnee [la science], non seulement a celui qui enseigne mais aussi a celui qui aprend ; dont Dieu est proprement dit maistre et non pas homme, comme il mesmes dist en l'Euvangile saint Mathieu ou .XXIIIe. chapitre : «Ne veullies pas souffrir qu'on vous apelle «maistre» car vous n'avés que ung maistre». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 28).

 

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[Prov., sentences] Laide chose est au maistre quand il est entaché de la coulpe dont il reprent autrui : Mais dist Cathon : Laide chose est au maistre quant est entechie [l. entechié] de la coulpe dont il reprent autrui. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 171).

 

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Maistre doit monstrer sa science : Maistre doit monstrer sa science. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196). LA MORT. Menestrel qui danses et notes Savez, et avez beau maintien Pour faire esjoir sots et sotes Qu'en dictes vous ? alons nous bien ? Montrer vous fault, puis que vous tien, Aux autres cy un tour de danse. Le contredire n'y vault rien : Maistre doit monstrer sa science. (Danse macabre C., 1485, 35).

 

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Le bois et les pierres t'apprendront ce que tu ne pourrais apprendre des maistres : A che propos dist saint Bernard en l'epistre faite a ung nommé Henri : «Croy a chelui qui est expert. Tu trouveras plus grant chose es bois que tu ne feras es livres. Le bois et les pieres t'aprenderont che que tu ne pourroies aprendre des maistres». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 122).

 

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[D'une chose] Usage est le maistre de toute chose. "L'usage, la pratique habituelle de qqc. est le meilleur enseignant" : Et comme dist Jule le Hault : «Usage est le maistre de toutes choses». De che dist aussi Ciceron : «Usage acoustumé a une chose adonné vaint souvent art et engien». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 181).

B. -

[Domaine des métiers, des arts]

 

1.

"Artisan reçu à la maîtrise après avoir accompli son apprentissage et réalisé un chef-d'oeuvre" : ...et tout ainsy comme en regardant une ymaige bien faicte, soit en ung miroir bien cler et poly, soit par dehors en painture ou en tailleure, on a congnoissance du maistre qui a fait l'imaige ou le miroir, qu'il estoit saige, pareillement, mon Ame, quant je te puis regarder de pres et en la lumiere de la foy crestienne, j'ay congnoissance aucune telle que elle souffist a present de nostre Dieu (GERS., Trin., 1402, 166). Item, la Court a enjoint aux generaulz maistres des monnoies du Roy que, selon les ordonnances royaulz faictes sur le fait d'orfavrerie, ilz ne recoivent doresenavant aucun à estre maistre dudit mestier d'orfavrerie, soit grossier ou menuyer s'il n'est approuvé et tesmongnié souffisant par les maistres gardes du mestier (FAUQ., II, 1421-1430, 304). Adont respondirent les maistres qu'ilz feroient son bon commandement [de construire un temple] et qu'il s'advisast du lieu ou il le vouloit fonder. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 54). ...Saintré envoya maistres [ici "des charpentiers"] de Paris pour lui dreschier, de bois et de plances, deux maisons toutes semblables (LA SALE, J.S. E., 1456, 274). Et avoit amené de Napples plusieurs maistres excellens en plusieurs ouvraiges, comme tailleurs et paintres. (COMM., III, 1495-1498, 301).

 

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Passer maistre. "Obtenir le titre de maître"

 

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P. iron. [D'un bourreau] : Huyt ! neuf ! et dix ! Par ma creance Ja ne te lairray os entier. Je suis ung galant de mestier, Bien digne d'estre passé maistre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 226).

 

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[La maîtrise donne le droit de former des apprentis] : Cils qui vuet aucun art aprendre A douze choses doit entendre : La premiere est qu'il doit eslire Celui ou ses cuers mieus se tire Et ou sa nature l'encline ; Car la chose envis bien define Qu'on vuet encontre son cuer faire, Quant Nature li est contraire. Aimme son maistre et son mestier Seur tout ; et ce li est mestier Qu'il l'onneure, oubeïsse, serve ; Et ne cuide pas qu'il s'asserve, Car s'il les aimme, il l'ameront, Et s'il les het, il le harront : Pourfiter ne puet autrement. (MACH., R. Fort., c.1341, 1). Item, cogneut que, puis un an a ou environ, qu'il servoit en Avignon, en l'ostel Jehan Aubery, pasticier du pappe, et que sondit mestre estoit alez en la ville pour faire ses besoingnes, (...) il qui parle trouva unnes aurmailles ouvertes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 404). ...il s'estoit partiz depuis quatre jours ou environ, en entencion de venir à Paris pour soy esbatre et savoir s'il pourroit trouver maistre pour ouvrer de sondit mestier de tixerrant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 214). ...lui, comme maistre de l'un des ateliers de charpenterie que l'en faisoit et a fait oudit lieu de Villebon, a ouvré en icellui lieu par l'espace de deux ans continuelment (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 404).

 

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Prov. Les apprentis deviennent maistres : Les aprentis deviennent maistres. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196).

 

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Maistre-charpentier : ...dudit prisonnier il avoit cognoissance, parce que durant le temps que l'en avoit ouvré ou chastel et fort de Vilebon, icellui prisonnier estoit maistre charpentier des ouvraiges fais oudit chastel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 401). Ce jour, la Court a ordonné que (...) ledit graphier delivre sur l'ouvrage des aysemens de Parlement au maistre charpentier du Roy (...) XX libvres, par maniere de prest (BAYE, I, 1400-1410, 92). ...deux maistres charpentiers jurez, se transporteront en ledicte Hale (FAUQ., III, 1431-1435, 31). Or me convient tourner arriere, A vous raconter la maniere De l'edefice, sur la porte De ceulx qu'Esperance conforte Et dont elle est maistre portiere, Non obstant qu'avant et arriere Convoye trestous les montans, Qui s'i efforcent, en tous temps, Et que pour eulx elle labeure En tous les chemins, a toute heure, Et qu'es grans travaulx les convoye Et leur face emprendre la voye, Car, qui esperance n'aroit Ja nul ne s'en efforceroit (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 122).

 

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Maistre-fevre : Et tant erra Benuicq autour de celle plaisante place qu'il trouva la forge du maistre febvre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1070).

 

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Maistre-maçon : ...maistres Hugues Le Coq, Mahieu Courtois, Pierre Pilory et Phelippe de Nanterre, conseilliers du Roy, et à ce faire commis de par la Court, appellez avec eulz deux maistres maçons (FAUQ., III, 1431-1435, 31). Si appella ung jour quatre maistres massons qu'il tenoit a covenant et leur dit : "Je veulh que vous me faictes ung peu de ediffice qui m'est necessaire, mes je veulh que vous soyés maistres et manuvriers, car je veulh que arme du monde n'en sache riens, fors que entre vous et moy." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 217).

 

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[Dans un contexte métaph.] Maistre-maçon : Et a l'edification de cestui precieux fondement de Saint Pol, c'estassavoir a l'incarnation du benoit fil de Dieu ou ventre de ceste benoite vierge, le Saint Esperit maistre masson, ceste benoite et souveraine vierge aminstra la prumiere pierre, qui est dite pierre angulaire, qui conjont lez deux paroirs en un (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 72).

 

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Maistre-ouvrier : ...j'en ay eu IIJ paires de soulers et IIJ paires de patins, et le surplus donné le vin aux compaignons des maistres ouvriers (LA SALE, J.S., 1456, 57).

 

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Maistre de moulin. "Celui qui est spécialisé dans les moulins et s'occupe de leur entretien" : Leurens, li maistre dou moulin, ouvroit 7 jourz (Doc. 1382. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 738).

 

2.

"Celui qui a la responsabilité de l'exécution d'une tâche"

 

a)

Maistre de l'oeuvre. "Architecte" : Et est proprement le maistre de l'euvre en edificacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 400).

 

b)

Maistre des oeuvres/des ouvrages. "Directeur des travaux, chef de chantier" : ...après ce qu'il estoient esleu à chascune feste de saint Jehan Baptiste pour le gouvernement de la dicte ville, ordenoient deux de leurs compaignons pour estre argentiers et si ordenoient deux autres du dit eschevinaige pour estre maistre des oevres de la dicte ville (Hist. dr. munic. E., t.2, 1370, 612). Et sera present ledit Dauviller aux paiemens que fera ledit maistre des euvres aux ouvriers qui feront lesdictes reparacions (FAUQ., I, 1417-1420, 7). À Guillaume Robin, maistre des euvres dudit seigneur à Angiers, ledit jour, soixante et trois solz, dix deniers à lui deuz (...) : pour la voicture de XXVI pippes d'eaue amenées au vivier du petit jardin du chasteau d'Angiers, pour ce XXVI s. (...). À lui, qui a paié deux maneuvres pour avoir empli lesdictes pippes à la rivière (Comptes roi René A., t.1, 1451, 5). ...j'ay mandé quérir et venir vers moy maistre Simon de Beaujeu, maistre des euvres du Roy en la séneschausié de Beaucaire, estant à Nismes, qui eut la charge principalle de l'édiffice de ladicte Loge (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 218). ...autres offices esquelx l'on aura la dite recepte et maniance d'argent, comme de maistre des ouvrages, receveur de la maladrie, hospitaulx et chartriers (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 109).

 

-

Maistre de oeuvres de charpenterie/de maçonnerie : À Pierre de Chassigny, maistre des euvres de charpenterie de monseigneur le duc de Bourgoingne, 18 gros, pour lui et huit ses varlés, qui sont neuf personnes, pour avoir deschargié et revierchié certaines bombardes de monseigneur qui estoient en ladicte place de charbonnerie devant icellui hostel de l'artillerie (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 516). ...a Maistre Alexandre de Berneval et maistre Jacques de Soteville, maistres des oeuvres de maçonnerie et carpenterie, pour leurs paines et travaulx d'avoir fait les criées, les marchiés dessusd., visité, solicité et tesé lesd. planchiers et hachis, paié pour ce commandement de Monseigneur de Meaulx (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 169).

 

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Maistre des engins. "Spécialistre des machines et engins de guerre" : A l'endemain vinrent doi mestre des enghiens que li dus de Normendie avoit mandés et fait venir de moult lonc a grant coustages. Et dissent au duch et as signeurs : "Faites nous delivrer bois et ouvriers, et nous ferons et ordonnerons quatre enghiens que on nonme kas..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 669).

 

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Maistre ingenieur : Et furent fait chil enghien, nonmés kas, sus quatre grosses nefs, a la devise et ordenance des deus mestres enghienneours qui menoient les ouvriers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 669).

 

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Maistre d'hache. "Maître charpentier" : ...l'ung de noz bombardiers tira ung cop de la tour Sainct Nicollas d'une grosse bombarde, lequel tua le maistre bombardier du Turcq et son maistre d'ache et celuy qui avoit commission de asseoir la bombarde (Deables Enfer V.V., 1480, 173).

 

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Prov. Il n'est ouvrage que de maistre : Bergiers de fer, dignes de triumpher, Par bien griffer ont faict bonne paix naistre : On dit qu'il n'est ouvraige que de maistre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 219).

 

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[D'une réalisation] De main de maistre : Se tu estens au vent ton voile, Fait de main de maistre et de toile, Tu scez bien que ta nef ira La ou li vens la conduira, Pour ce, sans plus, que la franchise De ta nef au vent sera mise. (MACH., R. Fort., c.1341, 94). Si montames par les degrez En une chapelle moult cointe, D'or et de main de maistre pointe Et des plus trés fines coulours Qu'onques mais veïsse que lours. (MACH., R. Fort., c.1341, 143). Adonc la belle m'acola Et mis son bras a mon col a, Et je de .II. bras l'acolai Et mis son autre a mon col ai. Si attaingni une clavette D'or et de main de maistre faite, Et dist : "Ceste clef porterés, Amis, et bien la garderés, Car c'est la clef de mon tresor : Je vous en fais seigneur dés or Et desseur tous en serés maistre..." (MACH., Voir, 1364, 364). - Sire, pour le Dieu Souverain, dist la dame, tout ce ay je trouvé raisonnable et fait de main de maistre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 562).

 

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Maistre (de qqc.). "Responsable de qqc." : ...li sires de Clari (...) estoit maistres des canons le signeur de Couchi (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 239). ...faut delivrez finances a grant foison aux distz maistres de cuysine pour avoir sal, potagerie et autres choses necessaires qui pourroient faire mestier (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 134).

 

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"Celui qui est préposé à qqc." : ...car se aucun est auquel mengier .X. mesures est trop et mengier .II. mesures est de tant trop peu, pour ce ne commandera pas le maistre qui ordenne des viandes que l'en dresce ou livre pour chascum .VI. teles mesures, car ce seroit trop pour l'un et peu pour l'autre. (ORESME, E.A., c.1370, 160).

 

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"Celui qui met en oeuvre qqc., artisan de qqc." : Et pour ce, ceulz qui traictent les agonizateurs, ce est assavoir ceulz qui sunt maistres des exercitations teles comme sunt joustes et tournois, doivent mettre la musique de laquele il usent en tels armonies et en tels melodies. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 356). Si s'avisèrent li Roumain et Urbains qui se nommoit pappes, quant Clemens fu partis de Fondes, que il le manderoient et le feroient mestre et gouverneur de toute leur guerre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 157). De tous ces tretiés estoit enssi que tous mestres et souverains messires Jehans de Buel, de par le duc d'Ango qui se tenoit à Angiers. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 279). Car celuy duc, redoubtable patron de chevalerie et maistre dez victores, fust si constumier de vaincre, qu'il luy sembloit avoir surmonté fortune et desconfit maleur, et que Dieu et les destineez fussent jureez avecquez luy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 141).

 

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THÉÂTRE Maistre des secrets. "Celui qui s'occupe de la machinerie, responsable des machinistes" : Le maistre des secretz nommé Maistre Germain Jacquet fut envoyé querir a Ostun. (Procès-verbal de la représentation. In : LA VIGNE, S.M., 1496, 118).

 

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Maistre du tournoi. "Héraut" : ...quant ils furent assamblez et tous venus [les chevaliers] et que les maistres du tournoy l'eurent party, il n'y eut plus d'arrest. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 27).

 

c)

Maistre des (basses) oeuvres. "Bourreau" : ...Colin d'Espinay, maitre des basses euvres (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 23). ...maistre George Boucher, habitadour d'Arle, et bourreau sive maistre des oeuvres et exécuteur de justice (Comptes roi René A., t.2, 1474, 455).

 

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Maistre de la haute oeuvre. "Bourreau" : DEMANDE. Compains puis estre dit a la mort. Qui ainsi ne l'entend a grant tort, Car le vif, mort errant je rens Au desplaisir de ses parents (...). RESPONSE. De ce vous advertist le maistre de la haulte oeuvre. (Devin. R., c.1470, 114).

 

d)

Maistre de la basse oeuvre. "Vidangeur" : DEMANDE. ...de tous més suis conduiseur : Du grant, du moien, du myneur. Sans gouster en ay les narines Pleynes, et mes vaisseaulx et tynes. Cuisinier ne bouteillier ne a Dela les grans mers ne decha Qui aist l'adveu par telle guise Comme le porte ma franchise. RESPONSE. Ce est dit pour le maistre de la basse oeuvre. (Devin. R., c.1470, 119).

 

3.

[Idée d'excellence dans un domaine]

 

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Bon maistre. "Homme expert, compétent, habile dans son art, sa pratique" : Se n'avez medicin, bon maistre, Si tost que vous serez navrez A Dieu soyez recommandez (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 2485). Que ce medicin est bon maistre ; Je ne sans plus nulle doleur. (Pass. Auv., 1477, 129).

 

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Estre (bon) maistre et ouvrier/manouvrier (de qqc.). "Maîtriser la connaissance et l'exécution (de qqc.)" : Si appella ung jour quatre maistres massons qu'il tenoit a covenant et leur dit : "Je veulh que vous me faictes ung peu de ediffice qui m'est necessaire, mes je veulh que vous soyés maistres et manuvriers, car je veulh que arme du monde n'en sache riens, fors que entre vous et moy." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 217). ...après les merciemens gracieux et deuz en ce cas, dont il estoit bon maistre et ouvrier, se part d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 183).

 

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Maistre de qqc. "Qui excelle en qqc., qui est passé maître dans l'art de qqc. (de positif ou de négatif)" : Il est tout vray, sans nulle doubte, Que je sceus la maniere toute Des alerions, et leur guise, La naturele avec l'aquise, Dou gibier la grant melodie, Et de l'affaitier la maistrie, Au meins de ce que m'en moustrerent Cil damoisel qui m'en parlerent, Dont li pluseur maistre en estoient, Si que mieus parler en savoient. (MACH., D. Aler., a.1349, 308). Orpheüs jouoit de la lire Mieus qu'homme ne le porroit dire, Qu'il en estoit souverain maistre, Trop plus qu'homme né, ne a naistre. (MACH., F. am., c.1361, 203). Il [Néron] estoit souverainement curieux de instrumenz de musique, et si que il avoit envie des autres qui en estoient bons maistres (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 118). ...uns encantères, maistre de nigremance, qui estoit en la marce de Napples (...) vint au duc d'Ango. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 175). ...mais il faut qu'il soit maistre De grant barat, qui veult monter Par la et ce chemin hanter ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 114). Or s'est fait le cabuseur adourer, et lez sotz abusez ont rendu honneur et louenge au maistre de deshonnesteté, et au controuveur de toute infamie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). Mais le chevalier qui maistre estoit de son mestier, le porta hors de la selle. Mais quant le roy se senti a terre, il saily sus a coup (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 333). PATHELIN. S'il [escouvient] que je m'aplicque A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. GUILLEMETTE. Par saint Jaques, non de tromper : Vous en estes ung fin droit maistre. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

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"Bon connaisseur de qqc." : Ly grans maistres d'armes Vegece Nous dist que les laboureux Sont pour les armes prouffiteux ["sont aptes à"]. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 1398).

 

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Maistre enchanteur : Li dus ot de ceste parolle grant merveille, et appella de ses chevaliers le conte de Vendome (...) et les autres, et recorda che que chils maistres encantères dissoit. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 176).

 

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Prov. L'experience rend l'homme maistre : ...a propos de cellui Bertran, ce que Aristote dit en le .VIIIe. d'Ethiques, que dès .XIIII. ans en avant doit commencier le gentil homme petit à petit à soy exerciter es travaulx, qui aux armes apertienent, pour cause que la chose aprise et duitte en jeunece est communement retenue et volentiers continuée, et est chose perilleuse et desseant estre non appris ou mestier d'armes quant on entre en bataille, en laquelle convient exposer corps à mort, ains que on en ait l'experience, et comme dit cellui meismes Aristote : «L'experience rend l'omme maistre» (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 195).

 

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Coustume rend maistre : Aprez il vuelt que vous chevauchez tousjours en ordonnance, quelque part que vous alliez, soit en paix, soit en guerre, pour duire voz gens à estre tousjours prestz. Car, quant ils l'auront de coustume, quant le besoing y viendra, ne vous ne eulx, ne traveillerez point à le faire. Car coustume rent maistre et devient nature. (BUEIL, II, 1461-1466, 32). ...car, ainsi qu'on dit, usaige rent maistre et fait l'omme prest et habille (BUEIL, II, 1461-1466, 71).

 

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Estre maistre (sur tous). "Être le plus fort, le plus fin (de tous)" : Or cuidoye estre sur tous maistre, De trompeurs d'icy et d'ailleurs, Des fort coureux et des bailleurs De parolles en payement A rendre au jour du jugement, Et ung bergier des champs me passe ! (Path. D., c.1456-1469, 194).

 

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Un fin maistre : Je cuide que c'est ung fin maistre. (Sots gard., a.1488, 105).

 

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Un tour de maistre

 

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"Tour joué en finesse" : Ce n'est riens qui ne puist estre, On voit de plus grans merveilles Que de baster aus corneilles Lez mariz et l'erbe pestre. Car de jouer tours de maistre Femmes sont lez nonpareilles (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 377). On a jouay ung tour de maistre. (Copp. lard., a.1488, 178).

 

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"Exploit" : Quant Lints fut repeuplee et ravitaillie sans dur encombre, comme il appert, les Bourguegnons ne se tinrent pas à tant ; mais, pour monstrer à leurs ennemis ung tour de maistre et qu'ilz avoient en eulx esperit, sang et vie, ilz vindrent à chief d'une haulte besongne dont il sera memoire cent ans en avant, car ilz se mirent en notable arroy, plus fiers que tigres animéz, pour assaillir le bolvart dessusdit. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 69).

 

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Estre maistre de + inf. "Être habile à" : Or as tu cause de forgier L'espee, si peus commencier, Mais n'est pas a ma volenté : Plaisir ne l'a pas ordonné, Qui est maistre de la forgier, Si li pri que te vueille aidier. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 112). Cellui fu maistre de trouver Maintes choses (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 278). Soient tous maistres de gouverner leurs voilles, tirer cordes à point et lascher, ancrer et desancrer, si que le besoing est (BUEIL, II, 1461-1466, 56).

C. -

[Titre donné aux titulaires de certaines charges]

 

1.

[Dans la politique, les finances]

 

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Maistre de la chambre aux deniers : ...12 aunes d'un marbré lonc de Broixelles, délivré en ce terme, pour faire une robe pour maistre Pierre de Berne, naguaires maistre de la Chambre aux Deniers de l'ostel du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 153). ...que à ce matin fust en ladicte Chambre des Comptes, pour rendre compte avec le maistre de la Chambre aux Deniers (BAYE, I, 1400-1410, 24). ...maistre Jehan Sarrote, maistre de la Chambre aux deniers de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 644).

 

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Maistre (particulier) de la monnaie/des monnaies : Pareillement, la Court a fait defense à Regnault de Thumery, maistre particulier de la Monnoie de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 235). ..Augustin Ysbarre, maistre particulier des monnoyes d'icelles villes, certaine finance que mondit seigneur avoit pieça prestee comptans au roy nostre sire pour convertir ou fait de sa guerre et dont mon seigneur avoit esté assigné sur ledit Augustin par les generaulx gouverneurs des finances de ce royaulme (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 112). Dudit Guillemin Seran et Pierre Viart, maistres particuliers de la monnoye de Dijon, sur ce qu'ilz pevent et pourront devoir à monseigneur à cause de la revenue de ladicte monnoye, la somme de dix mille frans, en deniers payez pour les convertir es frais de la convention que le roy nostre sire entent prouchainement faire avec le roy d'Angleterre pour le bien et appaisement des querelles des deux royaumes (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 655). Ce jour, la Court fist venir en la Chambre de Parlement les maistres des monnoies pour leur parler du contenu en la requeste des orfevres (FAUQ., II, 1421-1430, 232). Regnault Thumery, maistre particulier de la monnoye de Paris (Ch. VI, D., t.1, 1422, 424). ...vint ans a ou plus il mist demourer Anthoine Grignon, son filz, avec Jacques Cuer, lors estant marchant et maistre de monnoie, pour aprandre fait de marchandie et d'échange (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 392).

 

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General maistre des monnoies : ...Jehan Poillevillain, general maistre des monnoies (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1354, 143). Quant au fait de noz monnoies et aux généraulx maistres d'icelles (Ch. VI, D., t.1, 1406, 295). Et, après ladicte execucion ainsi faicte dudit connestable, fut le samedi, XXIIIe jour dudit moys de decembre, fait publier à Paris, à son de trompe et cry publique, le desappoinctement des generaulx maistres des monnoies pour les causes contenues oudit mandement. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 1). Extraiz faiz à la requeste des gardes et juréz du mestier de l'orfavrie à Paris (...) et collationnéz en la presence de maistre Jehan Fourcault, procureur du Roy en la chambre de generaulx maistres des monnoies (Industr. Paris F., 1462,,, 299).

 

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Maistre des Comptes/Maistre de/en la Chambre des Comptes : ...maistres Jehan de Pacy, David Bousse, Dreue Suquet, maistres des comptes des officiers de Flandres et d'Artois et de la terre de Malines. (Hist. Lille T., t.1, 1405, 85). ...maistre Phelippe de Boisgillon, maistre des Comptes du Roy nostre Sire (BAYE, II, 1411-1417, 134). Et sont les commissaires donnez maistre Guillaume Le Clerc, maistre en la Chambre des Comptes, Gerard Perriere, Phelippe du Puiz et Jaques du Gard (BAYE, II, 1411-1417, 238). À maistre Jehan de Lanstais, conseillier et maistre des comptes de mondit seigneur à Lille, la somme de cinq cens frans monnoye du roy nostre sire, laquele il a à mondit seigneur, par son commandement et requeste, prestee et bailliee comptant en sa main, et de laquele somme, que icellui seigneur a convertie et distribuee à son plaisir, il ne veult autre declaracion estre faicte en ses lettres de mandement patent sur ce faictes (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 274). ...lesquelz tous concordablement, paucis demptis, esleurent en prevost de Paris maistre Giles de Clamecy, conseillier du Roy et maistre de la Chambre des Comptes. (FAUQ., I, 1417-1420, 246). ...maistre Jehan Bonnost, conseillier et maistre des comptes de mondit seigneur à Dijon (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 647).

 

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Maistre des gabelles. "Comptable chargé des gabelles" : ...nous vous avons pieça mandé [aux membres de la Chambre des comptes] que tous les maistres des gabelles et tous les receveurs d'icelles (...) vous feissiez contraindre de venir compter de leurs receptes par devers vous (Doc. 1347. In : R.-H. Bautier, Bibl. Éc. Chartes, 123, 1965, 445).

 

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Région. (Provence) Maistre rational. "Officier chargé des comptes" : C'est l'emolument du seel de la Royne en la comté de Provence, si comme Guigonet maistre racional a baillé par escript en une cedule dont la teneur s'ensuit. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 102). Ce jour firent sacrement les officiaulz qui s'ensuivent: le president de la chambre (...), les maistres racionalz, les notaires de la chambre et des appelacions (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 453). Jehan Matharon, maistre racional (Comptes roi René A., t.2, 1479, 86).

 

2.

[Justice]

 

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Maistre des requestes

 

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"Officier de justice faisant partie du Grand Conseil du duc de Bourgogne, introduisant les affaires au sein de ce Conseil" : Si furent ordonnéz a ce [une ambassade] deux nobles chevaliers, messire Jehan de Croy, messire Simon de Lalaing, Toison d'or, roy de l'ordre du duc, et maistre Jehan de Clugny, maistre des requestes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 29).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t. 1, 1957, 223.

 

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"Maître de la chambre des requêtes au Parlement de Paris" : Jehan de Voisines, maistre des requestes de l'ostel du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 84). ...veu le procès ou procès fais par ledit mons. le prevost contre ledit prisonnier par messire Almaurry d'Orgemont dessus nommé, maistre Robert Cordelier et Jehan de Voisines, maistres des requestes du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 416). Cedit jour, après disner, furent les seigneurs du Conseil assemblez en l'ostel du Chancellier pour eslire president et maistre des Requestes du Palaiz (BAYE, I, 1400-1410, 297). Maistre Phelippe des Essars a esté receu maistre des Requestes ou lieu de maistre Eustace de l'Aitre, qui est de nouvel president de la Chambre des Comptes (BAYE, I, 1400-1410, 302).

 

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Maistre des Requestes de l'hostel (d'un prince). "Maître des Requêtes attaché à la maison d'un prince" : ...maistre Gefroy de Perusse, de la nation d'Acquitaine, maistre des Requestes de l'ostel de monseigneur de Berry (BAYE, I, 1400-1410, 12). ...maistre Pierre de l'Esclat, maistre des Requestes de l'Ostel du Roy et conseiller de la Royne (BAYE, I, 1400-1410, 224).

 

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Maistre des intestats/des testaments. "Juge de l'Officialité, c'est-à-dire de la juridiction de l'évêque, commis au contentieux des testaments des clercs" : ...a ung plastrier pour avoir repparé deux troux en planchié de la chambre au maistre des intestas et ung trou en mur d'emprès chambres aesiées (Comptes Archev. Rouen J., 1407-1408, 66). ...neantmoins ung nommé Silvestre Juval, pour occasion de certain lais qu'il disoit à lui avoir esté fait oudit testament, l'avoit [Robert Agode] fait citer devant le maistre des testamens en Court ecclesiastique (FAUQ., II, 1421-1430, 265). Des testamens qu'on dit le Maistre De mon fait n'orra quy ne quot, Mais ce fera ung jeune prestre Qui est nommé Thomas Tricquot. Voulentiers busse a son escot, Et qu'il me coutast ma cornecte ; S'il sceust jouer en ung tryppot, Il eust de moy le Trou Perrecte. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 147). Pour lequel acomplir, icellui suppliant est esté [sic], puis aucun temps ença convenu en la court de nostre amé et feal conseiller l'evesque de Poictiers, par devant son official audit lieu, par devant le maistre des testamens (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 601).

 

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Maistre du Conseil du Roi : Quant li baron d'Escoce et li mestre del conseil le roy sceurent que li dis messires Guillaumes de Montagut (...) s'en aloit querre secours au roy englès (...) il parlèrent ensamble. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 130).

 

3.

[Domaine royal]

 

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Maistre des eaux et (des) forests. "Officier royal à qui incombe l'administration, la juridiction et la comptabilité des forêts d'une province" : De pluseurs exploiz de forests (...) que Colart de Fresnoy, maistre des eaues et forests de Monseigneur, fu institué oudit office (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 49). ...noz maistres des eaues et des forests pourront congnoistre des causes regardans leurs juridicions ordinaires : c'est assavoir touchans le fait des dites eaues et forests (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 298). Pierre de La Crique, lieutenant du maistre des eaues et forez d'Orliens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 66). Maistre J. Virgile (...) s'oppose à l'execution (...) de toutes lettres royaulx (...) sur le don de l'office de maistre des Eaues et des Forests es païz de France (BAYE, II, 1411-1417, 140). Cedit jour, le seigneur de Graville a requiz estre receu en office de general maistre des Eaues et Forests que tenoit le baron d'Ivry, qu'il disoit estre mort (BAYE, II, 1411-1417, 225). Messire Jehan de Villiers, seigneur de l'Isle Adam, fist en la Court le serement de l'office de maistre des Eaues et Forests de Normandie (FAUQ., I, 1417-1420, 3). Item, il en y a aucuns qui prennent boys livré par le verdier et par le commandement et ordonnance de monsieur le maistre des eaues et forestz ; et est icelle livrée appellée ou nommée guerbages, parquages, telages et caruages, et pour cause de ce paient au roy plusieurs devoirs, c'est assavoir guerbes, deniers, tourteaux (PETIT, Cout. R., 1444, 349). Lequel poisson (...) fut baillé par ledit Berthelemy Gardet pour la despense de bouche et des chevaulx du maistre des eaues et forestz de mondit seigneur de Bourbon (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 447).

 

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Maistre du Clos. "Officier qui a une juridiction, ou du moins une inspection sur les forêts" ( (D'apr. Éd.)). : ...le Maistre du Clos, les Bocherons ne Ouvriers quelconques, ne prendront, ne feront abatre arbres quelconques qui ne soit necessaire à nos dictes Euvres. (Ordonn. rois Fr. S., t.6, 1376, 220).

 

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Maistre sergent. "Officier chargé de la surveillance et de l'inspection dans tel secteur des forêts royales" : Que chascun Verdier, Gruier, Garde ou Maistre Sergant, visite chascune quinzaine à tout le moins, toutes les Gardes de la Forest dont il est Verdier, Garde ou Maistre Sergant, et voye l'estat et le port des Sergans, et les malfais qui y seront fais (Ordonn. rois Fr. S., t.6, 1376, 227).

 

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Maistre des ponts (de Paris) : En la ville de Paris aura deux Maistres des pons de ladicte Ville, pour monter et avaler les nefz, bateaux et vaisseaux tant montans que devalens par dessoubz lesdis pons de Paris (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 323).

 

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Maistre des ports et passages. "Officier chargé, dans le ressort d'une généralité, de l'entretien des ports, ponts et routes, de la surveillance des personnes et des marchandises, avec juridiction dans son ressort" : ...comme Philippe Gilier eust et ait esté par long temps en pluseurs offices de nous et de noz predecesseurs, c'est assavoir en la recepte de Poitou, Limosin et Belleville, maistre des garnisons de nostre tres chier seigneur et pere, ou temps qu'il estoit duc de Normandie, tresorier de Mascon, maistre des pors et des passaiges de nostre royaume et en pluseurs autres estaz, entre les quelx il fu tresorier de nostre Dalphiné, et depuis tresorier de France, chastelein et garde de nostre chastel de Meleun, et commis et deputez à faire les ouvraiges, reparacions et edifices (Doc. Poitou G., t.3, 1367, 341). Henry de Marimont, varlet tranchant du roy (...) et maistre des pors et passaiges au pais de Languedoc, a Alfonse Malteys, chevaucheur d'escuyerie. (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1462,,, 413).

 

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Maistre Visiteur general des ports et passages : Jean par la grace de Dieu, Roy de France : au Maistre-Visiteur general des Ports et Passages de nostre Royaume, ou a son Lieutenant, Salut. (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1358, 254).

 

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Maistre general de toutes les mines : ...l'office de maistre général, gouverneur et visiteur de toutes les mynes de nostre royaume (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1483,,, 453).

 

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Maistre des chaussees de Paris : Thomas Le Ralle, maistre des chaussées de Paris (Ch. VI, D., t.1, 1422, 419).

 

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Maistre de la maçonnerie de Paris : ...comme le Roy dès l'an CCCC VIII ly eust donné l'office de maistre de la maçonnerie de Paris (BAYE, II, 1411-1417, 252).

 

4.

[Maison du roi ou d'un grand seigneur]

 

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Maistre des garnisons. "Officier de la Maison d'un grand, chargé de l'approvisionnement" : ...le maistre des garnisons du Roy, cent l. t. (FAUQ., I, 1417-1420, 7). ...maistre Guillaume Perdriel, maistre des garnisons du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 88). Jehan Martin, maistre des garnisons de la Royne (Ch. VI, D., t.1, 1422, 426). ...les blez et vins ont esté receuz par le commandement de mondit seigneur par les maistres des garnisons des blez et vins de mondit seigneur (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 423).

 

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Maistre de la chambre. "Majordome, conseiller (d'un souverain)" : Saichés par moy vous mande le Empereur de Rome Par devant son commys, le maistre de sa chambre, Au jour .XXIIIIe. du mois nommé decenbre ; A laquelle journee de ly est ordonnee Que chascun cy voise au lieu dont il est né. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 62).

 

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Maistre d'hostel. V. hostel

 

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"Officier qui commande l'ensemble du personnel domestique attaché au service d'un grand personnage" : De maistre d'ostel n'avez point, Sire : un nouviau vous en fault faire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 250). LE ROY D'ESCOSSE. (...) Mon maistre d'ostel vous lairay [Dame] Et mon prevost ; ces deux seront Qui du tout vous gouverneront. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 34). Il est assavoir que au disner des noces d'un grant roy, cinq choses sont neccessaires et moult desirees. La prumiere si est biau temps et cler. La seconde grant planté de vins et de viandes delicieuses et estranges. La tierce biau palais et large ou biau lieu pour celebrer le disner. La quarte un seneschal ou grant maistre d'ostel saige, vaillant et bien expers pour ordonner et commander par tout les offices. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 87). ...en la cité de Panpelune, où il estoit alez pour gaigner, il print et embla, en une hostellerie où estoit logé le maistre d'ostel du roy de Navarre, deux cens florins d'Arragon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 251). ...presens messire Guillaume Cassinel, chevalier et maistre d'ostel de la royne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 71). En cel estat pensa ly contes moult longuement et tant que le maistre d'ostel lui vint dire : Monseigneur, il est prest quant il vous plaira. Par foy, dist ly contes, ce me plaist. Ilz laverent, et s'assistrent, et furent bien servi. (ARRAS, c.1392-1393, 37). ...messire Jehan de La Tramoille, seigneur de Jonvelle et grant chambellan de Bourgoingne, conseillier et premier maistre d'ostel de monseigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 23). ...le service de chevalier d'onneur et maistre d'ostel de madame la duchesse de Bourgoingne (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 340). "Monseigneur le maistre d'ostel," (...) "j'ay nom Jehan." - "Jehan," (...) "d'ores en avant vous ne serez plus paige. Le roy vous a son varlet tranchant ordonné..." (LA SALE, J.S., 1456, 67). ...s'adrecerent au maistre d'ostel du seigneur, qui estoit ung ancien escuyer, qui les receut, comme estrangiers, treslyement et honorablement. (C.N.N., c.1456-1467, 172). Si advint ainsi que, quand ce seigneur d'Aussy [premier chambellan du comte de Charolais] devoit partir et que l'on regardoit que cely de Rosinbos n'y estoit point, vindrent les maistres d'hostel a ly et les escuiers de cuisine et luy demanderent a qui, en l'absence de eulx deux, on porroit baillier l'estat et le plat du premier chambellan (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 103). DECIUS [Empereur]. Rommain, franc chevalier courtois, Je vous y reçoy doulcement Et si vous fay semblablement Chamberlan et maistre d'hostel. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 191).

 

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"Dans une armée, homme responsable de l'hébergement" : Après viennent les mareschaulz des logis, les maistres d'ostelz, les fourriers, prevostz et sergens pour deppartir les logis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 235).

 

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Grand maistre (d'hostel) de France. "Lieutenant du roi" : Et, le XXVIIIe jour de mars ensuyvant, ledit Anthoine de Chabannes, conte de Dampmartin, fist le serment dudit office de grant maistre d'ostel de France, es presences desditz seigneurs de Bourbon, de Treignel, de Crussol et maistre Jehan de la Loere, secretaire dudit seigneur. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 205). Et en la suscription : "à nostre chier et amé cousin le conte de Dampmartin, grant maistre d'ostel de France." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 208). En ce temps, le VIe jour d'avril mil IIIIcLXVII, le roy, estant au Montilz lés Tours, donna au grant maistre de France commission pour aller en la conté de Champaigne, par laquelle commission il le fist son lieutenant general, et luy mist soubz sa charge quatre cens hommes d'armes, desquelz Salezart avoit la charge de cent, le seigneur de Saint-Just de cent, Estienne de Vignolles et Robert de Conimgan, chascun de cent, avec IIII mil frans archiers. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 209). Le samedy XXe jour dudit moys d'aoust, oudit an mil IIIIcLXVIII, messire Charles de Meleun, seigneur de Normenville, qui avoit esté grant maistre d'ostel de France, lequel office il avoit usurpé sur Mons.. de Crouy, auquel le roy l'avoit par avant donnée, et lequel avoit été nouvellement constitué prisonnier par le commandement du roy en son Chasteau Gaillart lés Andely sur Seyne, et baillé en garde entre les mains d'aucuns gens d'armes de l'ordonnance du roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 211). Et constitua Anthoine de Chabannes, grant maistre de France, son lieutenant general es marches de Picardie, et luy mist soubz sa charge IIIIc hommes d'armes et VI mil frans archiers. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 214). Et le tint le duc en tel dangier que jamais ne fust retourné en France si n'eussent esté les parolles rapportéez par maistre Nicole Boisseau, que luy avoit dittez le grant maistre de France, qui tenoit son armée pour le roy es marches de Picardie, avec l'aide que fist Mons. le grant bastard de Bourgoigne, garny de honneste couraige (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 218).

 

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Maistre de salle : Et aux autres tables chevaliers de Berne grant foison, et estoit souverain maistre de salle messire Espan de Lyon, et IIII. chevaliers maistres d'ostel. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 117).

 

5.

ART MILIT.

 

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Maistre des arbalestriers. "Commandant de l'infanterie et de l'artillerie (avant que le maistre d'artillerie le remplace)" : Messires Hues de Chastillon, mestres des arbalestriers (...) nouvellement estoit retournés d'Angleterre (...) Quant il fu revenus, on li rendi son office, ensi que devant, de estre nommés monsigneur le Mestre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 182). Toutes gens d'armes (...) passoient oultre par l'ordenance des marescaus et dou mestre des arbalestriers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 589). ...et messire Pierre de Navarre, conte de Mortain, aussi son cousin germain, et pluseurs autres seigneurs, tant du sanc royal que autres estans à Paris, admiral de France que maistre des arbalestriers (BAYE, I, 1400-1410, 207). Ce jour, messire Hue de Lannoy, chevalier, fu receu et fist le serement acoustumé en office de maistre des arbalestriers. (FAUQ., II, 1421-1430, 37). Et des deux costez de la battaille seront les deux esles et leurs gens de trait, conduittes par deux princes ou l'admiral et le mareschal ou maistre des arbalestriers ou aultres cappitaines, saiges et vaillans, qui doivent soubitement envoier a dextre et a senestre bons et souffissans hommes de bien a cheval, pour descouvrir les contrees, les passaiges et le pays. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 236).

 

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Maistre de l'artillerie. "Commandant de l'artillerie" : Jehan Pescheur, artilleur et varlet de chambre du duc de Berry, s'oppose que aucune delivrance ou institution ne soit faicte à Mahiet de Beauvais, Estienne Lambin, ne à autre, de l'office de maistre et garde de l'artillerie du Roy nostre Sire (BAYE, II, 1411-1417, 149). L'artillerie se conduit soubz ung chevalier qui se nomme le maistre de l'artillerie, lequel a telle auctorité, qu'il doit estre obey en son estat comme le prince (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 89). Ilz blessèrent ung bien fort homme de bien, appellé messire Jacques d'Orson, maistre de l'artillerie dudict duc, qui peu de jours après y mourut. (COMM., I, 1489-1491, 238).

 

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"Celui qui dirige un groupe d'artilleurs" : De pavoys, de pics, de peles, trenches, cables pour remuer vostre artillerie, je m'en rapporte aux maistres de l'artillerie (BUEIL, II, 1461-1466, 45). Et fut telle diligence faicte par tous les maistres de l'artillerie, que toute la dicte artillerie estoit environ huit heurers du matin au dict camp ou estoit les tentes et pavillons tendus ainsi qu'il appartient en tel cas. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

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Maistre-canonnier. "Homme d'armes spécialisé dans le service d'un canon" : Or tantost aprés quelques grans coups ruez d'artillerie par les ennemys, incontinent que les maistres cannoniers du roy peurent choisir de l'oeil icelle, ilz affuterent ung gros canon a toute une grosse boulle de fonte, en telle maniere que du deuxiesme coup qu'il delascha, il rompit et mit en plus de mille pieces les bastons qui ainsi fort tiroient contre les Françoys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

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Maistre des chevaucheurs. "À Rome, maître de cavalerie" : ...liquel aveuques son maistre des chevaucheurs, L. Fulvius, alla assegier Satricule (BERS., I, 9, c.1354-1359, 21.2, 39). L'onneur de la vengence de l'empereur des Samniciens fu donné a son frere, car cilz, plainz de doleur et d'ire, prist le maistre des chevaucheurs rommainz et l'abati a terre et l'occit et murdri (BERS., I, 9, c.1354-1359, 22.9, 41).

 

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Maistres des gens à cheval. "À Rome, maître de cavalerie" : Et combien qu'il fust provoqué a bataille par Hannibal et que le peuple murmuroit contre luy qu'il ne combatoit, neantmoins oncques ne voult souffrir que la chevallerie rommaine, deprimee par les victoires des adversaires, feust a ung coup et comme la derreniere foiz exposee es perilz de Fortune, qui moult estoit favorable au vainqueur, et tant y contrestat que le peuple, en derogant au tiltre de son honneur, esleva en dictature et comme son compagnon Municius, le maistre des gens de cheval, et cellui qui soubz lui et son subgiet estoit fut son egal et son compaignon. (CHART., Q. inv., 1422, 36).

 

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Maistre-logeur. "Fourrier en chef, reponsable du logement des troupes en campagne" : Ceste façon touchant les logeiz estoit que, en toutes ses compaignies, chascun avoit ung maistre-logeur. Et ce maistre-logeur portoit une petite bannerette comme d'ung pié et demy en carré, en quoy estoit la livrée de son cappitaine. Et, incontinent qu'ilz partoient des battailles pour aller prendre les logeiz, il ne fut osé partir ung chevaucheur pour aller au logeiz sur peine de la mort, sinon ceulx qui avoient une bannerette au poing. (BUEIL, I, 1461-1466, 179).

 

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MAR.

 

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Maistre amiral : Si ordonna son mestre amiral dan Radigo de Rous à estre patrons, avoech le dessus dit Yewain, de toute ceste armée. Si se partirent dou port de Saint Andrieu en Galisse, quant la navie fu toute preste. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 84).

 

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Maistre du port. "Capitaine de port" : Et sachiez que le tiers jour après, Gieffroy au grant dent arriva soubz le Limacon, mais le maistre du port ne le laissa pas entrer dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 215).

 

6.

Maistre des mestiers. "Chef de corporations" : Et y furent encores faitz pluseurs beaulx personnaiges tous consonans ausdiz monseigneur le daulphin et madame la daulphine. Et, pour honneur de sadicte venue furent mis hors et delivrés tous prisonniers de ladicte ville de Paris, et y fut fait nouveaulx maistres des mestiers. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 133).

D. -

[Forme allocutive (ou délocutive)]

 

1.

[Correspond à un titre ou à un état]

 

a)

[Un titre universitaire, professionnel]

 

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[La maîtrise en arts] : LE ROY. (...) Puis le menez [l'enfant] sanz contredit A maistre Josce l'alemant Et li dites que je li mant Que bien l'apprengne. (Mir. st J. Cris., c.1344, 267). LE QUART ESCOLIER. A mains d'une liue, chier maistre ; N'en doubtez pas. (Mir. st Val., c.1367, 138). Item, donne aux amans enfermes, Sans le laiz maistre Alain Chartier, A leurs chevetz de pleurs et lermes Trestout fin plain ung benoistier, Et ung petit brain d'esglantier En tous temps vert pour guepillon, Pourveu qu'ilz diront ung psaultier Pour l'ame du povre Villon. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 137). Oultre, monseigneur, je vous veulx dire XII petis vers de maistre Alain Chartier, qui ne sont pas de mon ambassade (BUEIL, II, 1461-1466, 30). Oncques maistre Françoys Villon Ne composa si bon jargon. (Vig. Trib., c.1480, 232).

 

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[La maîtrise en médecine] : Car tout aussi com d'une drame Le bon maistre garist et drame L'ueil empeschié de catharacte, Dou quel il couvient qu'il abate Par soutil engien une toie Qui la clarté tient et desvoie, Et li rent sa clarté premiere, Tout einsi me rendoit lumiere De cuer, de memoire et de l'ueil, Et me metoit d'umbre en soleil Sa clarté et sa resplendeur. (MACH., R. Fort., c.1341, 56). Si j'en parle a maistre Morin, Vourras tu bien avec lui estre ? C'est des mires le meilleur maistre (Mir. st Panth., 1364, 311). ...oy aussi maistre Jehan Le Conte, cirurgien juré du roy, qui dist que la playe faite audit feu Criquetot en la teste fu d'une hache, si comme il croit en sa conscience. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 409). Et peut on ajouster et croistre La recepte, selon le maistre, Choses chaudes et conférens Et aussi odoriférens, Dont sont faites narrations Es précédens descriptions (LA HAYE, P. peste, 1426, 152). ...pour le traveil du seigneur de Loissellench, aussy qu'il estoit blechié (...) disoient les maistres que il avoit moult a souffrir, le roy manda le vin et les espices (LA SALE, J.S. E., 1456, 266). Or sont venuz maistre Pierre, maistre Jehan, maistre cy, maistre la, tant de phisiciens que vous vouldrez (C.N.N., c.1456-1467, 32). Helas ! maistre Jehan, ne voiez vous aultre fasson pour la recouvrance de la santé de madame ? (C.N.N., c.1456-1467, 140). ...disent les maistres qu'elle eschappa de mort a cause d'avoir senty des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 351). Et qu'est ce la, dist il, maistre cyrurgien ? (C.N.N., c.1456-1467, 505). "O tu, maistre medicin, que dis tu de cestui pacient que tu as en ta gouverne ?..." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 133).

 

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[La maîtrise en droit] : ...un vaillant clerc, maistre en decrez, Dit maistre Guillaume Rousée... (Mir. Theod., 1357, 78).

 

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[Une maîtrise professionnelle (le possessif exprime ici la familiarité)] : PATHELIN. Voyla mon homme proprement Qui m'attent ; voyla mon marchant [un pelletier]. Je voys à luy tout beau marchant, Faisant semblant de le congnoistre. Et Dieu vous doint joye, nostre maistre ! (Nouv. Path. T., c.1474-1485, 45).

 

b)

[Correspond souvent à un titre dans l'administration royale, sinon désigne qqn qui en est proche] : LE TABELLION. (...) Un instrument vous en feray Bon et bel, que vous porteray Ja : souffist il ? L'OSTELLIÉRE. C'est bien dit, maistre Pierre, oil. (Mir. roy Thierry, c.1374, 321). LE SAMEDI IXe jour d'avril après Pasques, mil CCCIIIJxx et dix, par davant ledit mons. le prevost, lui estant en jugement sur les carreaux, presens maistres Pierre de Lesclat et Guillaume Porel, conseillers du roy nostre sire en son parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 208). ...maistre Dreux de Dampmartin, maistre des euvres de monseigneur de Bourgoigne... (Doc. 1422. In : Bibl. Éc. Chartes, 70, 1909, 448). ...confessions faites par ledit escuïer, devant honorable homme et sage maistre Henry de Marle, advocat en parlement et bailli d'icelle conciergerie. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 14). ...honorables hommes et sages maistres Dreux d'Ars, auditeur, et Michel Marchant, advocat (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 185). ...maistre Pierre du Pré, excecuteur de la haulte justice du roy nostredit seigneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 263). Le mercredi, second jour du mois d'aoust, l'an mil CCCIIIJxx et onze, par devant monseigneur le prevost, lui estant en jugement sur les quarreaux, presens honorables hommes et saiges maistres Jaques Boujeu, Robert Broisset et Guillaume Porel, conseilliers du roy nostre sire en parlement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 300). Aujourdui, la Court m'a enjoint que je enregistrasse la cedule que me bailleroit maistre Jehan de Cessieres (BAYE, I, 1400-1410, 3). Ce jour, maistre Guillaume de Launoy a esté receu conseiller du Roy en la Chambre des Enquestes ou lieu de feu maistre Guillaume Liroiz (BAYE, I, 1400-1410, 28). Et fu ordonné que, pour ce que les maistres ou seigneurs de ceans ne povoient bonnement venir d'oultre les petis pons qui estoient rompus et que Seinne passoit et issoit ses termes, ilz s'assembleroient en aucun lieu et feroient Conseil et arrests (BAYE, I, 1400-1410, 218).

 

c)

[Correspond à un état en religion] : ...savoir faisons à touz presenz et avenir, que pour le accroissement du devin service (...) et pour ce que noz amez les religieux, maistres freres et soeurs de l'Ostel Dieu de Paris soient plus enclins à prier Dieu (...) nous, à yceux religieux (...) avons ottroyé et ottroyons... (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1341, 121). Li maistres par especial, Et les freres de l'Ospital, Et aussi tous ceus dou païs, De qui il n'estoit pas haïs, Grant honneur et grant reverence Li feïrent de leur puissance. (MACH., P. Alex., p.1369, 52). Que demande ce maistre moyne ? (P. moyne, a.1500, 47). ...maistre Simon Guitoys, à present prieur-curé de ladicte eglise de Tarascon, grant arcediacre d'Avignon, sera doien et double chanoine prebendé d'icelle eglise de Tarascon (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1482, 9). Ha ! que ces maistres jacobins, Cordeliers, carmes, celestins Ne jouent de nature la basse, Onc chien puant de passe passe Ne fut si listre, par mon ame. (Rapp., c.1480, 63). Ilz vindrent en grand nombre de gens de bien vers les princes dessusdictz au lieu de Sainct Mor et porta la parolle maistre Guillaume Chartier, lors evesque de Paris, renommé très grant homme. (COMM., I, 1489-1491, 55). ...aussi fut la grant messe chantee par maistre Robinet, chanoyne de Rouan. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260). Allez vous en, maistre novice, Chanter la messe en vostre eglise. (P. moyne, a.1500, 49).

 

2.

P. ext. [Forme allocutive ou délocutive très générale dont l'emploi reflète des rapports sociaux variables]

 

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[Marque une connivence bienveillante] : GUILLEMETTE [au Drapier]. Par Nostre dame, mon doulx maistre, Vous n'estes pas en bon memoire (Path. D., c.1456-1469, 112).

 

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[Marque une certaine considération] : LE LARRON. (...) Sa, maistre, morir vous estuet Ou la dame me renderez, Dont ci endroit eu avez Si voz solaz. LE MARCHANT. Quelle dame, doulx sire ? (Mir. march. larr., c.1349, 105).

 

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[Marque une politesse sincère] : Ne vous desplaise, biaux maistres, je cuidoie trouver ung mien fremier d'Excesses, car trop bien vous le ressamblez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). "...Les aultres s'en retourneront querre vostre raençon, et, ce que vous ferez et paierez, je ay ordonné qui recevra les deniers. Si tost comme ilz seront mis oultre, vous partirez, je l'ay ainsi dit et ordonné, et il vous souviengne, Geronnet, que je vous fay bonne compaingnie. Se les nostres, par aventure d'armes, tournent en ce party, si leur faictes." -- " Par ma foy", respondy Geronnet, "biaulx maistres et sire, voulentiers, car moy et tous les aultres y sommes tenus." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 201).

 

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[Valorise le personnage désigné par maistre] : ...maistre Jehan se mist ung peu au dessus des aultres, et commença sa petite collacion (C.N.N., c.1456-1467, 222). ...trouverent la le maistre bergier qui besoignoit entour de ce parcq. (C.N.N., c.1456-1467, 357).

 

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[Associé à un subst. de valeur péjorative dont il renforce le sens ou la portée] : Ha ! [ha !] dist il, maistre houllier, vous m'avez bien celée ceste bonne chere [Valeur d'injure ici] (C.N.N., c.1456-1467, 26). Je me rys d'ung maistre coquart Le plus follas que je viz oncques. (Pipée R., c.1470-1480, 147). CUIDER. Argent m'y fault ! Argent m'y fault ! Sa, mes enffans, sa, mes minos, Venez achapter dorellos, Sa, venez ! ains qu'il soit plus tart. BRUYT. Et qui est se maistre cornart Qui reveille le guet ainsi ? (Pipée R., c.1470-1480, 160). Mais escoutez se maistre sot, Quels grans abillités il nomme ! (Pipée R., c.1470-1480, 191). Ce a bien esté a vous mal dit Dire que fammes habandonnees Sont a Paris ou alouees Les a ce fault, maistre enrimé ["Rimasseur ignorant ou ignare" (Éd.)], Infame Bourguignon salé Lequel est de vostre aliance. (S. fol, c.1480-1490, 8). Puis que j'ay fait dessus voz murs ung sault, Maistre paillart, vous demeurrez icy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 232). Allés, vostre [ fievre ] quartaine, A vostre abaye, maistre frappart, Et voulés vous estre paillart, Vuidés tost, c'est trop demouré ! (P. moyne, a.1500, 47).

 

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[Marque d'une politesse un peu distante à l'égard d'un subalterne (dont on reconnaît le travail, les responsabilités)] : [La maîtresse de maison s'adresse au majordome] Apres ce, maistre Jehan, tu doiz adviser se le cheval a bonne encontre et bonne herpe et ouverte, qu'il ne soit courbé ne fuiselé (et s'il est durié, c'est bon signe) (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138). Maistre Jehan, se vous voulez engressier pour vendre ung de noz chevaulx, primo soit etreillié, lavé et tenu nectement, et fresche lectiere. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140).

 

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[Accompagné de mon ami, il marque une légère condescendance] : Et puis, mon amy maistre Jehan, tu te dois congnoistre a l'aage dont il est [le cheval]. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 137). Maistre Jehan, mon amy, qui veult achecter un cheval il le doit premierement veoir a l'estable (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 137). Apres ce, maistre Jehan mon amy, tu doiz aler au costé et regarder s'il est point grevé soubz la seelle (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138).

 

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P. antiphr. : "Or ça, maistre, passez et vous mectez devant." Alors le petit Saintré, tout honteux, le viz de honte tout enflamé, soy inclinant, avec les autres devant se mist. [Appellation ici adressée à un inférieur] (LA SALE, J.S., 1456, 6).

 

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Par dérision : PREMIER SERGENT. (...) Sa, nous vous despoullerons, maistre ; Or sus : sur ce gril vous fault mettre Envers gisant. LORENS. Ce ne vous suy point refusant (Mir. st Lor., 1380, 189). Maistre Jhesus, despoulhés vous ; Et vous, Sirus, tout de cest'eure Faictes les partuis de mesure. (Pass. Auv., 1477, 194).

 

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Nostre maistre : [Un diable s'adresse à Gadiffer] "Comment, nostre maistre, avez vous esté tant presumptueux que de venir en noz marches, veu que Perceforest vostre oncle nous a mis a mort, et moy par especial qui estoie sire des forests...?" (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 20). Adont vingt ung mauvais esperit au jenne chevalier, qui lui commença dire : "Comment, nostre maistre, ou avez vous prins le hardement de vous soir sus ce prerron, la ou Darnant, nostre souverain prince, doit seoir quant il doit rendre ses arrests ?" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 152). Et quant Estonné eut esté ainsi touillié en ces orties tant que la char lui cuisoit comme s'yl fust escorchiez et sallez, il oÿ la voix d'un homme qui lui commença a dire : "Nostre maistre, ainsi fait on en ce paÿs aux chevaliers qui voeullent couchier avecq les dames !" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 349). "Nostre maistre, soyés certain que je vous occiray, car pour neant ne m'avés couppé le bras qui ne me donnoit qu'empeschement !" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 115).

 

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P. iron. : ...si commença maistre trenchecoille a faire ses preparatoires pour besoigner. (C.N.N., c.1456-1467, 404). ...s'avisa maistre mary, pour estre de l'estat de sa femme asseuré, qu'il feroit tant (...) que d'elle orroit la devote confession (C.N.N., c.1456-1467, 463).

 

.

[En partic. à propos de gens d'église dont le comportement est en contradiction avec leur état] : ...maistre moyne, plus eschaufé qu'un estalon, de son baston ung coup hurta (C.N.N., c.1456-1467, 107). Ung jour fut prest [prins] de faire bonne chere en la chambre de maistre moyne, après disner, ou sa dame promist de comparoir (C.N.N., c.1456-1467, 274). Ce maistre curé, qui estoit grand farseur et fin homme, commence a prendre la parole (C.N.N., c.1456-1467, 403). Ce maistre evesque se fist bailler ces perdrix, et les trouva telles qu'elles estoient, bonnes a bon escient (C.N.N., c.1456-1467, 581).

 

.

[Avec l'adj. poss. nostre, empl. ironique au compte de l'auteur] : Si s'en retourna nostre maistre en son lit, enprès sa femme, sans dire mot (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...pource que tressubtilement avoit perceu nostre maistre curé parler a sa dame, il se doubtoit tresfort de ce qui estoit. [L'homme pense que sa femme le trompe avec le prêtre] (C.N.N., c.1456-1467, 493).

 

-

[Façon de s'adresser à un sanglier avant de le tuer] : Et, s'il [le sanglier] est en fort païs et il li court sus, il est en perill d'estre blescié, ou luy ou son cheval, mes il doit venir au devant de luy et le doit apeller en disant : "Avant, maistre !" (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 232). [Un sanglier vient de blesser un pauvre homme lors d'une chasse] ROY AVENIR. A, maistre porc, je vous aray. Or tenez, est il adoubé ? (Et le tue) (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 300).

III. -

[Désigne un objet] "Dans la chasse à engins, corde qui borde un filet et le tient suspendu"

 

Rem. Cf. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss., s.v. maistre. FEW VI-1, 41a. Cf. aussi GD V, 100a, maistre 3 (partie d'une charrue, doc. de 1377) et maistre 4.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 14/33 
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     MAÎTRE1          MAÎTRE2          MAÎTRE3     
FEW VI-1 magister
MAISTRE, adj.
[GD : maistre1/maistre2 ; FEW VI-1, 40b : magister ; TLF : XI, 207b : maître2]

[Épithète antéposée]

A. -

[D'une personne]

 

-

"Suprême, placé au sommet d'une hiérarchie" : Et a messire Remond des Ursins, filz de messire Gentil des Ursins et frere du Pappe Nicolle des Ursins, qui estoit maistre justicier dudit royaume, donna a femme Madame Anastaise de Montfort (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 201).

 

-

"Qui est le premier, le chef de ceux qui exercent la même profession dans un corps de métier" : La Court a retenue la cognoisçance de la cause d'entre Pierre L'Escot, d'une part, et Jehan Lyonart, d'autre part, qui estoit et est de l'office de maistre vallet des grans chevaulx du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 63). Et est assavoir que le maistre varlet des autres, c'est assavoir le plus habile d'eulx tous, prins et choisy pour leur roy ainsi qu'on a de coustume de faire en telles et semblables choses, estoit monté sur le dict cheriot (LA VIGNE, V.N., p.1495, 302).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[Même forme au masc. et au féminin : maistre]

 

a)

"Qui est le plus important, principal (comparé à une autre chose)"

 

-

Au masc. : LE PREMIER DYABLE. Il le nous convient mettre ou fons De purgatoire ; au dire voir, La sera son maistre manoir Un grant temps. (Mir. prev., 1352, 248). ...il convendra que ledit Robert le [le fief] tiegne en plain fief de son seigneur de qui le maistre fief est tenu, et qu'il lui face hommage aussi bien comme du maistre fief et qu'il lui baille en son adveu comme propre fief (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 221). Et trouverent que le prieur en avoit bien fait son devoir, car il l'avoit fait ouvrir et enbasmer [le corps de Remond], et appareillier le cuer, et avoient ensevely les entrailles en la chappelle aux lampes, devant le maistre autel. (ARRAS, c.1392-1393, 290). Ly anciens chevaliers vint atout le sommage, et fist tendre trefs et paveillons et appareillier richement. Et sachiez que tuit cilz de la ville s'esbahissoient des grans pourveances que ilz veoient suiuir aprez ces gens. Lors vint Remondin et Alain et ses deux filz et descendirent au maistre paveillon, et s'abillerent moult richement pour aler faire la reverence au roy. (ARRAS, c.1392-1393, 55). Fromons fu en se salle ens ou maistre dongon (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 60).

 

.

Maistre fourc. "Endroit où les grosses branches d'un arbre se séparent du tronc" : Jehan du Pré a acoustumé prendre es forests de Vernon et d'Andeli (...) toutes les branches de chacun arbre, et [peut] coupper jusques au maistre fourc (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 36). ...et se aucun chesne apert sec par le coupel au dessus du maistre fourq et qu'il doie estre nommé estoc, ilz le pevent prendre par païant III s. p. d'amende (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 222).

 

-

Au fém. : L'autrier ardi les galiotes De Turquie, et d'Alixandre Mist les maistres portes en cendre, Et tua bien trois cens mil hommes. (MACH., P. Alex., p.1369, 132). ...le dit Thibaut estant à la fenestre de Guillaume Casse, en la maistre rue de la dicte ville et le plus publique lieu de la dicte ville (Doc. Poitou G., t.4, 1374, 333). ...sytost comme iceulx XX ou XXX hommes sauroient et verroient que ledit portier se seroit trait arriere et eslongnée la porte dudit chastel pour aler mettre hors yceulx gueitteurs, et auroit lessié l'uis ou guichet d'icellui ouvert, que ilz se boutassent, meissent et entrassent entre ledit portier et la maistre porte dudit chastel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 191). La pucelle Florie estoit en la maistre tour (ARRAS, c.1392-1393, 143). C'est du chastel la maistre entree, Qui est si grande de tous lez Que mille destriers ensellez Et gens, atout lances dessus, Tant estoit haute par dessus, Ou plus y entrassent de front (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 62).

 

b)

"Important, de bonne taille" : ...lors tout souef leve la chemise et prend ses maistres coillons, gros et quarrez (C.N.N., c.1456-1467, 405).

 

2.

[Forme maistresse] : ...la maitresse arche du pont Nostre Dame (Comptes Paris M., t.2, 1458-1460, 203).

 

-

Maistresse coudre. "Tige principale, tronc du coudrier" : Et pevent prendre de leur coustume tout le boiz que une couldre ara getiée, excepté la metresse couldre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 335).

 

3.

[Coexistence de deux formes de fém. pour certains mots : maistre, maistresse]

 

-

Maistresse cité "Capitale" : Solinus dit que ce Calcedone est la maistresce cité de Bytinie (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 280). Et pour ce dist Vallerius que Agatheoclès, roy de Sarragousse, il entend Sarragousse pour la maistresse cité du royaume, ainssy que on porroit dire roy de Paris pour le roy de France, Agatheoclès fust hardy en sa cautelle. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 47). En la maistresse ville d'Angleterre, nommée Londres (...) demouroit ung riche et puissant homme (C.N.N., c.1456-1467, 31).

 

.

Maistre cité : Et tant cheminerent qu'elles vindrent en Prusse, en la maistre cite de la religion, c'est assavoir Melienboure [l. Marienburg ?]. Qui veist lors la vaillant chevalerie de Dieu par grans routes assembler au Grant Maistre de Prusse ; toutes les campanes de la cite sonner (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 237). Il [le roi de Bohême] donna tant a heraulx et a menestriers et a vaillans chevaliers que souvent, lui estant [en Prague] sa maistre cite, n'avoit pas puissance de resister aux robeurs du royaume, qui en sa presence venoient rober jusques a la dicte cite. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 239).

 

-

Maistresse eglise : ...il fut mené en la grande et maistresse eglise de Napples au maistre autel. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 267).

 

.

Maistre eglise : Mais avant yrons (...) En la monteigne Didemi, Ou assise est la maistre eglise De nostre dame (Mir. emp. Julien, 1351, 214). Et le soir [Remondin] vint veillier a la maistre eglise, et y fu grant espace de temps en devocion. (ARRAS, c.1392-1393, 61).

 

-

Maistresse forteresse : Ainsi s'en vont vers la maistresse forteresse. (ARRAS, c.1392-1393, 165).

 

.

[En position d'attribut] : Crestienner fist en une ville Des mescrëans plus de sis mille. Li lieus avoit nom Medouagle. Et ne tien pas que ce soit fable, Qu'encor prist il quatre fortresses Qui dou païs furent maistresses : Xedeyctain et Gedemine, Gegusë, Aukahan ; et si ne Demoura la homme ne fame Qui ne perdist le corps et l'ame, Ne riens qui demourast en vie (MACH., C. ami, 1357, 107). Et les clefs des milleurs fortresses, Qui dou païs sont plus maistresses, Ont baillié au prince son frere, Par quoy la chose soit plus clere. Et s'en a la possession Paisible, sans rebellion, Et tient toute la signourie (MACH., P. Alex., p.1369, 223).

 

.

Maistre forteresse : Et tant [tristece] me blesse Que riens ne voy ou je pregne confort, N'a rien ne puis penser qu'a desconfort, Dont mon desir veint m'esperence au fort, Si n'est leësse Qui en mon cuer sache voie n'adresse, Mais bien y scet le droit chemin tristesse : C'est ses donjons, c'est sa maistre fortresse, C'est son ressort ; La regne et vit com roïne et maistresse, La tient mon cuer en trop mortel destresse Et la depart et donne a grant largesse Jouiaus de mort. (MACH., F. am., c.1361, 157).

 

-

Maistresse veine. "Artère" : Regardez par la maistresse veine Me frappa si tresgrand collee Que vne vache en fust affollee (Myst. st Martin K., a.1500, 327).

 

.

Les deux maistres veines (du cou). "Les deux artères carotides" : : Le soudant estoit embrunchiez, et le heaume estoit court par derriere, l'espee trouva le col nu, excepté le gambison de la gorgerete, et trencha l'espee le ganbison tout oultre et les deux maistres vainnes et les tendans jusques au gorgeron. (ARRAS, c.1392-1393, 113).

 

4.

Empl. subst. au fém. "Partie principale d'une charrue, haie"

 

Rem. Doc. 1377 (Guillaume Vernis prist audit lieu, ou estoit ledit tumbereau, le fer et le coultre de une charrue, le vennelier, la maistre, le tirot et l'esparre) ds GD V, 100a
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 15/33 
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     MAÎTRE1          MAÎTRE2          MAÎTRE3     
FEW VI-1 magister
MAISTRE, subst. masc.
[T-L : maistre ; GD : maistre5 ; FEW VI-1, 41b : magister]

"Vent du nord-ouest, mistral" : L'autre [vent] qui va aprés midy est nomméz garbin et par son contraire est cellui qui est nomméz meistr. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 635).

V. aussi mistral
 

DMF 2020 - DMF 2015 Hiltrud Gerner

 Article 16/33 
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     MAÎTRE-ÉCOLE     
FEW VI-1 42a magister
MAISTRE-ESCOLE, subst. masc.
[GD : maistreescole ; FEW VI-1, 42a : magister]

"Écolâtre, scolastique d'un chapitre" : ...Nous a esté exposé que comme ledit Maistre-escole à cause de sa dignité de Maistre-escolerie, soit chief et recteur dudit Estude [d'Angers], et à lui seul et pour le tout compette et appartiengne à faire congrégracions et assemblées, proposer et mectre en delibéracion les faiz touchant ledit Estude... (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1395, 222). [Autre ex. p.225]

Rem. Doc. 1359 (chanoine et mestre escolle), 1365 (Loiret) ; 1395 ; 1409 (Sarthe, la grange au maistre escolle) ds GD V, 100b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 17/33 
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     MAÎTRE-ÉCOLERIE     
FEW VI-1 magister
MAISTRE-ESCOLERIE, subst. fém.
[GD : maistreescolerie ; FEW VI-1, 42a : magister]

"Dignité d'écolâtre" : ...Nous a esté exposé que comme ledit Maistre-escole à cause de sa dignité de Maistre-escolerie, soit chief et recteur dudit Estude [d'Angers], et à lui seul et pour le tout compette et appartiengne à faire congrégracions et assemblées, proposer et mectre en delibéracion les faiz touchant ledit Estude... (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1395, 222). [Autre ex. p.225]
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 18/33 
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     MAÎTRE-JEAN     
*FEW V Johannes *FEW VI-1 magister
MAISTRE-JEAN, subst. masc.
[GD : MaistreJehan ; *FEW V, 47a : Johannes ; *FEW VI-1, 40b : magister]

"Intrigant"

REM. BAUDE, (Que c'est le propre fondement De la secte des maistres gens), ds GD V, 100b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 19/33 
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     MAÎTRESSE     
FEW VI-1 magister
MAISTRESSE, subst. fém.
[T-L : maistresse ; GD : maistresse ; GDC : maistresse ; AND : mestresse ; FEW VI-1, 35b, 41a : magister ; TLF : XI, 201b : maître1 ; TLF : XI, 207b : maître2]

I. -

Subst. fém.

A. -

[Désigne une femme ou, p. métaph., une abstraction]

 

1.

[Une femme, une personnification, qui exerce une autorité]

 

a)

Maistresse (de/sur qqn/qqc.). "Celle qui a du pouvoir (sur qqn/qqc.)"

 

-

[sur une pers. ou un ensemble de personnes] : Si vint Franchise, Honneur et Courtoisie, Biauté, Desir, Leësse l'envoisie, Et Hardiesse, Prouesse, Amour, Loiauté et Largesse, Voloir, Penser, Richesse avec Juenesse, Et puis Raison qui de tous fu maistresse. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 132). Ha ! vierge (...) Qui as la dominacion Sur les vierges et sur les anges, Qui puez conmander aux archanges, Qui es des apostres maistresse... (Mir. march. larr., c.1349, 109). L'EMPERIÉRE. Nanil, frére. (...) Et nientmoins vueil que souveraine Et maistresse sur vous et dame En soit l'empereris ma femme (Mir. emper. Romme, 1369, 247). ...en corps et en ame t'a mis Lassus en son hault paradis, Ou de touz sains es honnourée, Des anges servie et loée Conme leur dame et leur maistresse (Mir. emper. Romme, 1369, 277). De retourner m'est pris talent Devers damoiselle Esglantine Savoir mon se de la royne, Sa maistresse, m'enseignera Le saing (Mir. Oton, c.1370, 349). Vesta qui estoit la prestresse Et la souverainne maistresse Des nymphes, des tragediannes, Des juenes et des anciennes, Et de leurs temples ensement, Prioit là moult devotement, A tous dieus, à toutes deesses (MACH., P. Alex., p.1369, 4). ...ses grans hosts il a menees Devant une noble cité (...) Une roÿne en fu maistrece (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 55).

 

-

[sur qqc.] : Or vueil aler à confesse De ma fole hardiesse, Repenteus et pleins d'umblesse, A Venus qui est deesse Et souvereinne maistresse D'amours et de tous ses fais, Qui moy de blamer ne cesse Dou pechié de la rudesse Que j'ay fait par ma simplesse Contre Amours (MACH., Les lays, 1377, 441).

 

-

[sur du personnel de maison] : ...comme sesdiz maistre et maistresce estoient en pelerinage à Nostre-Dame de Montfort, à un matin, et que elle faisoit les lis dudit hostel, trouva d'aventure un coffre ouvert (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 307). Requise quelz biens elle a prins en l'ostel de sadite maistresse Langelote, dit par son serment que verité est que par icelle sa maistresse Langelote avoit esté mis en sa chambre, sur un de ses coffres, une bourse à homme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 128). LA PREMIERE DAME [à la fille du marquis et de Griseldis]. Mon tresdoulz enfant (...) Que la bien soiez vous venue (...) Quant fille estes nostre maistresse, Qu'onques enfant n'ot meilleur mere. (Gris., 1395, 96). ...quant leur maistre est au palais ou en la ville et leur maistresse au moustier a la grant messe, la desjunerie est faicte en la cuisine a bon gaudeamus, et n'est pas sans bien boire, et du meilleur. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209). La chambriere (...) fist le commendement de sa maistresse, et mist le jambon sur la table. (C.N.N., c.1456-1467, 487). ...je vous prie qu'en servant vostre maistresse, vostre loyal serviteur ne soit point arriere du bien que faire luy povez [Supplique d'un amant à son amie, confidente de la reine] (C.N.N., c.1456-1467, 192).

 

.

[En apostrophe] : ...l'un desdiz varlès, qui besongnoit avec ledit Bernard, dist à ladicte Guillemete : "maistresse, commandez ceste commande" en lui monstrant un fil de laine qui estoit rompu, et lui voulant dire qu'elle noast ledit fil. (Ch. VI, D., t.2, 1418, 170).

 

.

[Celle qui partage plus ou moins l'autorité du maître (son mari)] : ...quand il eut a son maistre et a sa maistresse dit le derrain adieu, le trespiteux fut a la fille (C.N.N., c.1456-1467, 68). ...jour de sa vie a aultre femme parolle ne portera au prejudice de sa maistresse. [Un jeune gentilhomme refuse de servir d'entremetteur à son maître] (C.N.N., c.1456-1467, 80). ...si d'adventure mon maistre ou ma maistresse venoient icy (...) je seroie perdue (C.N.N., c.1456-1467, 122). ...la maistresse, si son mary n'y estoit, vouloit bien avoir sa compaignie. [À propos d'une lavandière] (C.N.N., c.1456-1467, 303).

 

-

[sur une maison, sur des biens]

 

.

Maistresse de leans. "Maîtresse des lieux" : ...soy voyant aussi bien maistresse de leens que s'elle fust sa femme espousée, [elle] ne parla plus de ce mariage (C.N.N., c.1456-1467, 416). Ce gentil clerc, frez et viveux, fut tantost picqué de sa maistresse [La femme d'un procureur] (C.N.N., c.1456-1467, 91).

 

.

[Dans un cont. métaph.] Maistresse d'hostel/de l'hostel : Apres, chere seur, sachiez que sur elles, apres vostre mary, vous devez estre maistresse de l'ostel, commandeur, visiteur, et gouverneur et souverain administreur (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 128). Sy est au jour d'uy la premiere et principale feste de toute la Trinité quer Dieu marie son Filz, et le Saint Esprit celebre les nopces, et Nostre Dame donne et ministre la matiere et le lieu ; elle est hostesse ; c'est la maitresse d'ostel ; les dons, les metz de toutes vertus y sont pleinement et sans mesure espanduz. (GERS., Annonc., a.1400, 230).

 

.

Dame et maistresse de qqc. : J'ay, la Dieu mercy ! des biens assez, dont vous serez dame et maistresse (C.N.N., c.1456-1467, 341).

 

-

[sur des religieuses] "Abbesse" : ...les choses si bestournées Sont que nostre plus grant maistresse Est grosse d'enfant : c'est l'abbeesce (Mir. abbeesse, 1340, 78). Item, à la maistresse et seurs du grant hospital Dieu à Saint Quentin, que mondit seigneur leur a donné pour administrer aux povres dudit hospital leurs necessitez et autrement, 4 frans (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 479). De Jehan Pasquier, marchant potier d'estain, demourant à Paris, pour les ventes et saisines de 4 l. p. de rente qu'il a rachettées de la maitresse et bonnes femmes de la chapelle Estienne Hauldry (Comptes Paris M., t.2, 1470-1471, 245).

 

-

[sur tous les mortels] : C'est la Mort, des humains maistresse, Envoyé par les dieux celestes Vers toy, pour confire des pestes De ta tres venimeuse escume, Vomissement et orde spume Pour tous humains empoisonner. (Cene dieux, c.1492, 127).

 

.

[De la mort] Estre maistresse de qqc. "Avoir tout pouvoir (dans un certain domaine)" : Pour vous noyer de desplaisir Et vous estraindre par tristesse, La mort est de telz faiz maistresse Que riens n'en revient par gemir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 197).

 

-

Empl. abs. "Souveraine" : Et briefment tuit, grant et meneur, Li faisoient feste et honneur. Mais bien sambloit estre maistresse, Car elle fu par grant noblesse Entre coussins de soie assise. (MACH., J. R. Nav., 1349, 176). Et moy ausi, mon tresdoulx frere, Au doulx Jhesus je m'abandonne ; Et ma pouvre ame je luy donne, Mon corps et toute ma pensee, Y a la doulce vierge honnoree La quelle prans pour ma metresse. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 34). Les biens de vous, ma dame, ma maistresse, Sont trop plus grans que ne suis pecheresse, Sans lesquelz biens ame ne peult merir N'avoir les cieulx (VILLON, Test. M., 1461-1462, 79). Saige Cassandre, bele Echo, Digne Judich, caste Lucresse, Je vous congnois [Marie d'Orléans], noble Dido, A ma seule dame et maistresse. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 44).

 

.

[D'une institution] : Se il y a biens immeubles a la jurisdiction laye on s'en rapporte a eulx, et semble par telles manieres que la jurisdiction seculiere veuille estre maistresse et par dessus l'ecclesiastique. (JUV. URS., Nescio, 1445, 500).

 

.

"Dame" : Si [Orphée] s'en ala a grant eslais Droit devant le triste palais D'enfer ou mainte ame dolente Pleure, souspire et se demente. A l'entree de ce passage Trois dames ot, pleinnes de rage, Et s'estoient si grans maistresses Qu'elles s'appelloient deesses, L'une d'orgueil, l'autre d'envie, L'autre de toute tricherie. (MACH., C. ami, 1357, 82). Haa, que la mere a grant douleur, Marie, la bonne maistresse ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 128).

 

b)

En partic. "Dame qui règne sur le coeur d'un homme, femme aimée (même si elle n'aime pas en retour)" : Dydo, roïne de Cartage, Ot si grant dueil et si grant rage Pour l'amour qu'elle ot a Enée Qui li avoit sa foy donnée Qu'a mouillier l'aroit et a femme ; Et li faus l'appelloit sa dame, Son cuer, s'amour, et sa deesse, Et sa souvereinne maistresse. Puis s'en ala par mer nagent En larrecin, lui et sa gent, Qu'onques puis Dydo ne le vit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 209). Car se j'estoie duc ou conte, Si me doit il souffire voir Telle dame a amie avoir. Pour ce sera touzjours amée De moy et ma dame clamée Et ma maistresse. (Mir. Theod., 1357, 78). Amis, ne vous veuillez plus plaindre Et me dites vo maladie, Et, se je puis, elle iert garie. Vous m'appellés vostre maistresse Et vo souverainne deesse, Et rien ne me volés rouver ! Veuilliez savoir par esprouver L'amour qui en mon cuer demeure, Et vous verrés et sans demeure Que dessus toute creature Vous aim d'amour leal et pure. (MACH., Voir, 1364, 248). Et quant dame de sa noblesse Puet faire de don tel hautesse Et garir de toute tristesse, Sans ce qu'en riens en soit grevée, Cils est eüreus qui s'adresse A servir si bonne maistresse : Si doit estre comme deesse De li servie et aourée. (MACH., Les lays, 1377, 340). ...si n'est grief qui tant blesse Que d'eslongner sa dame et sa maistresse. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 81). Tu m'as tolu ma dame et ma maistresse, Et as murtry mon cuer et ma lëesse Par un seul cop, dont ilz sont tous deux mors. (CHART., Compl., 1424, 321). Doulce maistresse, Se par vous je n'ay lyesse Aucunement, Mourir me fauldra briefvement En grant tristesse. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 141). A tant s'en va et laisse sa maistresse [Une nonne a refusé de recevoir le moine qui est épris d'elle] (C.N.N., c.1456-1467, 106). Ma leale et bonne maistresse, veez cy vostre humble et obeissant serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 166). ...ce bon chevalier s'en apperceut, dont il ne se meut que bien a point, tant fort s'estoit donné a sa rebelle et rigoreuse maistresse. [Une femme est éprise d'un chevalier qui en aime une autre, sans être payé de retour] (C.N.N., c.1456-1467, 474). L'AMOUREUX. ...Y fault aler voir ma metresse, Car c'est mon plaisir et soulas. (Retraict T., c.1490, 207).

 

c)

P. métaph. [D'une chose abstr.]

 

-

Estre maistresse de/sur qqc. : Jamais n'avras vraie leësse, Fors peinne, misere et tristesse, Et en doubtance Seras dou perdre, qui trop blesse, Ou l'ardeur aras et l'aspresse D'avarice qui est maistresse De pestilence. (MACH., R. Fort., c.1341, 38). Et par semblable, la vertu qui prent garde et est maistresse sus toutes oeuvres humaines, elle est architectonique ; et c'est politique. (ORESME, E.A.C., c.1370, 345). Car fortune n'est sanz paresce Nulle fois, mais celle est maistresse De fortune: c'est diligence, Qui fait rebouter indigence Et maint autre cas fortunel. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 359). Par ce au jour d'uy Nostre Dame fust confermee royne et dame en soy mesmez et sur soy mesmez, c'est a dire que raison fut maitresse de son corps, et le corps telement y obeit que nulle rebellion y fut trouvee, né que au premier estat de innocence. (GERS., Annonc., a.1400, 231). Item, de fait et sans doubtance, Apparest par expérience Cotidienne et trez expresse, Qui des choses est la maistresse, La mer monter, courre et baler, En pluseurs lieux et s'en aler Encontre les cours des rivières Selon divers temps et manières (LA HAYE, P. peste, 1426, 8). O inhumains et dommaigeux, Qui nom portez de seigneurie, Vous prenez les pleurs d'homme a jeux, Mais pas n'est temps que seigneur rye, Quant on voit charité perie, Qui est des vertus la maistresse. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 54). Le premier que celluy qui joue à quelque jeu que ce soit doit bien avoir regart que la voulenté ou affection ne soit pas maistresse de la raison, car souvent il advient que grans maulx en sont advenus et peuvent advenir. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 62).

 

-

Empl. abs. : Ore te prouveray comment ymagination est seigneur et maistre de toutes euvres bonnes ou mauvaises que l'en fet et de tout le corps et membres de l'omme. Tu sces bien que onques euvre bonne ou mauvaise, soit petite ou grande, ne se fist que premier ne fust ymaginee et pensee. Donc est elle maistresse, quar, selon ce que l'imagination commande, l'en fet l'euvre bonne ou mauvaise (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 53).

 

-

Regner comme maistresse : Si que la merencolioie Tous seuls en ma chambre et pensoie Comment par conseil de taverne Li mondes par tout se gouverne ; Comment justice et verité Sont mortes par l'iniquité D'avarice qui en maint regne Com dame souvereinne regne, Com maistresse, comme royne, - Qu'avarice engendre haïne, Et largesse donne et rent gloire, Vraiement, c'est parole voire, Qu'on le scet et voit clerement Par vray et juste experiment, - Comment nuls ne fait son devoir, Comment chascuns quiert decevoir Son proisme. (MACH., J. R. Nav., 1349, 139).

 

2.

[Une femme qui a des compétences, qui est experte dans certains domaines]

 

a)

[En médecine] : Je vous amain une maistresse Qui de ce mal vous gairira (Mir. emper. Romme, 1369, 293). Quant elle sot que ce fu le Chevalier del Papegau, sy se pena et travailla de luy aisier et de guerir ses playes, come celle qui estoit la meilleur maistresse que on sceust nulle part (Chev. papegau H., c.1400-1500, 51). Adont elle pensa moult qu'il estoit de faire du tronchon de la lance et nous pareillement qui estions presentes, jassoit ce qu'il y eut de bonnes maistresses. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 826).

 

b)

[En éducation, pour transmettre des savoirs scolaires et non scolaires] "Éducatrice, gouvernante, duègne" : Mais toudis, quant elle donnoit, Ses dons sagement ordonnoit Et savoit certeinnement quoy, Quant, comment, a qui et pour quoy. Tost le faisoit, et volentiers, S'en estoit ses dons plus entiers ; Car qui tost donne, deus fois donne. De ce m'estoit maistresse bonne Qui m'aprenoit a bonne escole Que n'eüsse largesse fole, Avarice, n'escharseté Que largesse het sans pité, Et seur tout qu'en moy fer ne fust Dou dart d'avarice ne fust, Qui tout autre bien fait perir Par tout ou il se puet ferir. (MACH., R. Fort., c.1341, 10). Car de tous biens estoies nus, Et elle te prist erraument Et t'alaita diligenment De son lait, c'est de ses richesses, De ses honneurs, de ses noblesses, Et te fu norrisse et maistresse, Favorable admenisteresse De la gloire, t'environna De tous les biens ou raison a, C'est des biens qui sont de son droit. (MACH., R. Fort., c.1341, 96). Se [l'homme] trop jone a [l'épouse], il ne fait que penser, Maistresse fault pour la duire et garder (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 248). L'EMPERIÉRE. Escuyer, et toy, vaz me dire La maistresse ma fille aussi Que sanz delay l'amaine cy. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 70). LA FILLE. (...) Pour ce, sanz plus terme ne jour, Conseillier m'en vueil hui ce jour A ma maistresse. ANNE. Bien veignez vous, ma dame, qu'est-ce ? (Mir. fille roy, c.1379, 45). Si n'aura mie ceste dame cy, se bien veult faire son devoir, petite charge ne de pou de soing ne regart, car il convient qu'elle entende a deux choses principaulx : l'une qu'elle duise et maintiengne sa maistresse en sage gouvernement et bonnes meurs, et tellement que nulle voix ne parolles puissent sourdre contre son honneur (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 92). Et, avec le bon enseignement que sa maistresse lui bailloit, la fille estoit tant bien condicionnee et bien adrecee de toutes belles taches d'amer Dieu et l'Eglise, estre aulmoniere aux pouvres que c'estoit ung grant bien que de ouyr parler d'elle. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 2). ...le prince veult, et son conseil, que le devantdit escolastre seroit institué, instituast ou instituassent quatre soubmaistres (...) pour enseigner enfans masles, et quattre soubmaistres ou maistresses pour les pucelettes apprendre depuis leur ABC jusqu'au commenchement du Donat (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.2, c.1447, 771). Sitost que la maistresse de l'escole fut widée, nostre mary, qui a l'huys n'actendoit aultre chose, entra ens. [Une mère et sa fille, le soir des noces] (C.N.N., c.1456-1467, 497).

 

-

En apostrophe : L'EMPERIÉRE. (...) Ralez vous ent, ralez, maistresse, Et ma fille aussi renmenez Et autrement l'endottrinez. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 60). LA FILLE. Certes, bien doy estre a mesaise, Ma chiére maistresse et ma mére, Et en pleurs et tristeur amére Le cuer avoir. ANNE. Pour quoy, dame ? (Mir. fille roy, c.1379, 45).

 

.

[D'un être céleste] : Il est donques expedient et neccessaire que noz chevaliers et combatans, fondes en ceste sainte Passion, doient diligaument finir l'escole de la tresdoulce Vierge Marie, voire pour aprendre son mestier, car c'est elle qui est seule et souveraine maistresse, qui doulcement ensaigne ses devos en l'art et science sustouchies, et lez fait maistres en brief tamps de toute bonne science (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 73).

 

.

[D'une chose abst.] : Et comme dist Quintilien ou premier livre : «Acoustumance est la tres certaine maistresse de parler». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 18). Et Chaton dist : «La vie d'autruy est la maistresse qui enseigne che que tu dois fuir». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 258). ...et si el avoit tenu son mary par avant meschant et de petit pouoir, elle le croit encore mieulx de present, car les plaisances presentes sont tourjours mieulx en souvenance que celles qui sont passees ; si le croit plus fermement que davant, car experience est la maistresse. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 59).

 

c)

[Dans un art, dans une technique, un savoir-faire] (Estre) maistresse (et ouvriere) de + inf. "Être habile à, exceller à" : ...archeres, Qui de traire furent maistreces. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 141). Tant bien lui siet a la noble Princesse Chanter, dancer et tout esbatement, Qu'on la nomme de ce faire maistresse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 25). ...elle estoit maistresse et ouvriere de faire bon brouet. (C.N.N., c.1456-1467, 368).

 

-

Maistresse-ouvriere. "Ouvrière qualifiée" : GRIMANCE. Et qui fargera ? MALEMBOUCHEE. Moy ! Ne suis je pas maistresse ouvriere ? (Pass. Auv., 1477, 178).

B. -

P. anal. Estre maistresse de qqc.

 

1.

"Maîtriser, dominer des mouvements physiologiques ou psychologiques" : Pour ce que la personne qui est subiecte a gloutonnie n'est pas maistresse de son cuer, ains le pert, et n'a force ne puissance (GERS., Gourm. II, G., 1402, 802). Si sembla bien femme honnorable, Quoie, atrempee et de grant sens Et maistresse de tous ses sens Celle dame (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 20-21). ...mais convendra que ce soit fait par si bonne maniere qu'ilz ne s'en donnent de garde, et que elle soit maistresse de sa bouche, car se aucun mot disoit d'eulx en derriere contraire a ses semblans qui fust raporté ce seroit peril [ce seroit peril]. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 64).

 

2.

"Préserver, protéger qqc. (son honneur)" : Et s'uns amans dit qu'il vit en tristece Et qu'il languist en paour de sa vie, Quant sa dame est de s'onneur si maistresse Que deshonneur et fole amour renie, Elle ne doit de son plour Avoir pité n'entroïr sa clamour, Pour ce que bien puet veoir et sentir, S'il cuide amer, ne fait il que haïr. (MACH., L. dames, 1377, 198).

II. -

Adj. fém. [D'une chose comparée à une autre] Maistresse/plus maistresse

A. -

"Principal" : ...la maistresse vayne du col (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 156). Et pevent prendre de leur coustume tout le boiz que une couldre ara getiée, excepté la metresse couldre. ["Tige princpale, tronc du coudrier"] (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 335). Regardez par la maistresse veine Me frappa si tresgrand collee Que vne vache en fust affollee (Myst. st Martin K., a.1500, 327).

B. -

En partic.

 

1.

[D'une ville, d'une forteresse, d'un lieu] "Qui est la plus plus importante" : Crestienner fist en une ville Des mescrëans plus de sis mille. Li lieus avoit nom Medouagle. Et ne tien pas que ce soit fable, Qu'encor prist il quatre fortresses Qui dou païs furent maistresses : Xedeyctain et Gedemine, Gegusë, Aukahan ; et si ne Demoura la homme ne fame Qui ne perdist le corps et l'ame, Ne riens qui demourast en vie (MACH., C. ami, 1357, 107). Et les clefs des milleurs fortresses, Qui dou païs sont plus maistresses, Ont baillié au prince son frere, Par quoy la chose soit plus clere. Et s'en a la possession Paisible, sans rebellion, Et tient toute la signourie (MACH., P. Alex., p.1369, 223). Solinus dit que ce [Calcedone] est la maistresce cité de Bytinie (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 280). Mais ceulx de Crespy en Valois, qui estoit la maistresse ville de tout le pays, quant ilz sceurent la venue dudit conte de Saint-Pol, se submirent en l'obéissance du Roy (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 213). C'est le voiage chacun an a La Mecha, qui estoit une mayson appliquee aux vituparables sacrifices de l'idole Venus, et a present est le grant pelernaingne [l. pelerinage] et la maistresse mahommerie des Sarrasins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 122). Et pour ce dist Vallerius que Agatheoclès, roy de Sarragousse, il entend Sarragousse pour la maistresse cité du royaume, ainssy que on porroit dire roy de Paris pour le roy de France, Agatheoclès fust hardy en sa cautelle. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 47). Et telle dilligence fit le conte qu'il surprint le duc Baudouin dedans la ville où il estoit, qui estoit la maistresse ville du payz et se appelloit Cap. (BUEIL, II, 1461-1466, 145). Quartement que j'appelle plus grant chose que grant bien, il fist tuer le duc Louis d'Orleans, frere du Roy, en la maistresse cité du royaulme, c'est Paris, l'advoua en plain conseil, comme il est dit dessus, et se partit de Paris sans aultre destourbier. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 200).

 

-

"Qui domine par sa valeur militaire et stratégique" : Parquoy, pour une forte et maistresse clef, qui beaucoup leur pouvoit porter grand profit ou grand mal, ilz mirent le siège devant Melun, ville dont assez est congnue la force et la situation (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 152). ...il [le duc de Blamont] estoit craint et douté durement des aucuns, et des autres amé et bienvoulu pour cause que puissant y estoit de places maistresses, tant dedens le pays comme sur les marches frontières. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 187).

 

2.

[D'une construction, d'un élément d'architecture]

 

a)

[D'un édifice religieux ou autre construction] : Touteffois il firent tel portement qu'ilz furent seigneurs de la maistresse tour du chastel et pallais, et puis fermerent les portes et furent tout seurement, mais n'y eut dangier fors qu'il ne pouvoyent avoir a mengier. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 100). Le secont entremectz de celle table estoit ung chasteau à la façon de Lusignian, et sur ce chasteau, au plus hault de la maistresse tour, estoit Melusine en forme de serpente, et par deux des moindres tours de ce chasteau sailloit quant on vouloit eaue d'orange, qui tomboit ès fossez. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 351). ...il fut mené en la grande et maistresse eglise de Napples au maistre autel. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 267).

 

-

Empl. subst. : ...ils se transportèrent ès églises, et spécialement en la maistresse et cathédrale, appelée Saincte-Sophie (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 19).

 

-

[D'un élément d'architecture] "Qui tient une fonction principale"

 

.

Empl. subst. : ...la maitresse arche du pont Nostre Dame (Comptes Paris M., t.2, 1458-1460, 203). ...à Saint-Augustin, qui estoit noble eglise et grande, laquelle, en ce mouvement [de terre], fu toutte tresbuchée et versée ; et furent les deux maistresses des voultes ouvertes, et tellement cheurent en bas que tout fut effondré, cassé et brisé, par telle foudre, que nulz ne oseroit ne saveroit penser. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 345). Ilz vont entrer en la chambre de Florippes, dont l'entraige estoit fait merveilleusement, scelon l'euvre sarrazine : dessus la maistresse porte, par beaux arcs, les cieulx, les estoilles, le souleil, la lune, le temps d'esté et d'iver, boys, montaignes, oyseaulx, bestes saulvages, poyssons y estoient peints de toutes especes par merveilleuse faczon (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 77).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 20/33 
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     MAÎTRIAGE     
*FEW VI-1 magister
MAISTRIAGE, subst. masc.
[*FEW VI-1, 35b : magister]

"Puissance, domination" : Cilz qui a bonne femme et saige Amer la doit de bon coraige. Honeur li doit et foy pourter. Et cilz qui l'a d'aspre coraige, S'il vuet soffrir son maistriaige, Elle le tiendra a viltey. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 156).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 21/33 
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     MAÎTRIAMMENT     
*FEW VI-1 magister
MAISTRIAMMENT, adv.
[*FEW VI-1, 35b : magister]

"Magistralement" : Magistraliter (...) : maistriamment (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 288).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 22/33 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAÎTRIE     
FEW VI-1 magister
MAISTRIE, subst. fém.
[T-L : maistrie ; GD : maistrie ; AND : mestrie ; DÉCT : maistrie ; FEW VI-1, 35b,38a : magister]

I. -

[En lien avec maistre, maître]

A. -

"Charge, dignité de maître"

 

-

Maistrie des eaux et forests. "Charge d'administrateur des eaux et forêts, ayant juridiction dans sa circonscription" : À Colart de Fresnoy, pour don à li fait à vie par Monseigneur, à cause de loffice et mestrie des eaues et forests de Monseigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 94).

B. -

"Atelier d'un artisan ayant la qualité de maître" : ...se uns draps est eswiskiés par le faute dou foulon, il le doit amender et sera à l'amende de deus s. Item, est ordenet que doy maistre foulon, qui tienent mestier en nostre dicte ville, ne puissent ouvrer ensamble en une maistrie, sur l'amende de vint s. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1372, 406).

II. -

[En lien avec maistrier, maistriser] "Fait de maîtriser, maîtrise"

A. -

"Fait de maîtriser, maîtrise (d'une situation), puissance, domination" : Or y a prince d'autre guise Qui toillent es [var. aux] gens par maistrise [var. maistrie]. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 78). Science a perdu sa maistrie (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 103). ...s'il revenoit par aucune maistrie, Je seroie a tous jours retéz de tricherie (Flor. Rome W., c.1330-1400, 187). La aprent il sans mespresure De tous biens la bonne apresure, Et la parfaite congnoissance D'onneur et de toute vaillance. Car je le met en la maistrie De Science qui le maistrie ; Cremour et Honte de meffaire Et Congnoissance, a lui parfaire, Sont ordené et establi. (MACH., D. verg., a.1340, 25). Si n'ara ja mais deshonnour ; Car desirs et forse d'amour Font endormir honte et cremour Aucune fois par tel maistrie Qu'onneur en puet estre perie. (MACH., Compl., 1340-1377, 268). ...Amours par sa signourie Humelie L'amoureus cuer a souffrir, Et par sa noble maistrie Le maistrie, Si qu'il ne puet riens sentir, Que tout au goust de joïr Par plaisir Ne prengne, je n'en doubt mie. (MACH., R. Fort., c.1341, 105). Car il [nos deus cuers] sont perdu et honni, Se si pareil et si onni Ne sont qu'en bien et mal commun Soient, et en tous cas comme un, Sans pensée avoir de maistrie, De haussage ou de signourie. Qu'adès a tençon et rumour Entre signourie et amour. Et seurtout que chascuns regarde Qu'onneur et pais a l'autre garde. (MACH., R. Fort., c.1341, 148). Einsi par sa noble maistrie La dame le lion maistrie Seulement par son dous regart, Car il n'a paour ne regart Qu'il ne soit de tous maus gardez, Quant il est de li regardez. (MACH., D. Lyon, 1342, 182). Or me vint Amours chastïer Et mon cuer a point nettïer, En moustrant que riens ne doubtasse Et que baudement m'aprochasse De la chose que j'ameroie. Car pour folie doubteroie Puissance, force, ne maistrie, Noblesse, ne grant signourie, Pour ce qu'on y est mieus venus Qu'en autres lieus, de tous biens nus. (MACH., D. Aler., a.1349, 344). Maintes fois laist aler la foudre Qui tout destruit et met en poudre, Ou la mort, ou le vent qui vente, Qui tout honnist et tout cravente, Ou Fortune qui rit et pleure Et tume les siens en po d'eure, Qui a tel force et tel maistrie Que tu vois que pluseurs maistrie Qui furent riche et noble né, Et si ne leur a riens donné, Mais quant li plaist, elle moult tost Ce que pas n'a donné tout tost. (MACH., C. ami, 1357, 68). Aucune maistrie de virginité desire a estre confortee par les exemples de viduité. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 430). ...tu ne dois pas estre en doubte Que je ne soie tienne toute Et sans partie, N'en moy n'a de traïson goute, Pour ce qu'elle est trop male gloute. Mieus ameroie avoir la goute Toute ma vie. Et se tu dis : "Je ne vif mie, Quant ne voy ma dame et m'amie", Ou se Desirs par sa maistrie Te pique et boute, Resgarde l'image jolie Que tu as en ta compaingnie, Et jamais l'amour qui nous lie Ne sera route. (MACH., F. am., c.1361, 225). ...Com cil qui peut par divine maistrie A son plaisir ouvrer sensiblement [à propos du Christ]. (Mir. chan., c.1361, 184). Or puis je clérement avoir Que noz diez n'ont nulle maistrie, Mais que c'est fole ydolatrie Que de les com diex honnourer. (Mir. st Panth., 1364, 328). Li dieux qui est signeur et maistre, De quan qu'il est, fu et sera Et qui jamais ne finera, Qui est darreins et primerains, Et de tous les dieux souverains, Mist dedens et l'ame et la vie, Par sage et par noble maistrie. (MACH., P. Alex., p.1369, 3). Vulcans fu en l'eure mandez. Mars li dist : "A moy entendez. Vous avez des dieux la science, Et vraie et juste experience, L'auctorité et la maistrie Seurs tous ouvriers qui sont en vie Pour un homme armer proprement, Richement et seürement. Faites moy unes armeüres, Bonnes et belles et seüres..." (MACH., P. Alex., p.1369, 7). Mais vo douce maistrie Maistrie mon cuer si durement Qu'elle le contralie Et lie En amour tellement Qu'il n'a de riens envie Fors d'estre en vo baillie. (MACH., Ch. bal., 1377, 584). Sans departir est en mon cuer entrée Nouvelle amour par si noble maistrie Que la millour et la plus belle née Qui onques fust amée ne servie Vuet que mette sens, temps, cuer, corps et vie, Penser, desir en son tres dous demainne Et qu'elle soit ma dame souverainne. (MACH., L. dames, 1377, 216). [Rifflart, venu à confesse, demande au prêtre de parler d'abord] Marie, sire, s'a vostre grace, Car vous devez dire devant, A moy n'est pas appartenant, Point ne doy avoir tel maistr[i]e. (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

-

Avoir maistrie sur/sus qqn : Mais je l'ay dit, pour mon propos Ravoir, car trop seroie sos, Se li sages, riches et biaus Sus les povres, nices, loiaus Avoient pooir, ne maistrie, N'avantage de don d'amie. (MACH., D. verg., a.1340, 28). ...Qu'Amours, qui or fort me maistrie, Sur moy n'avoit nulle maistrie (MACH., Voir, 1364, 44). N'est Crestien, tant ait vasselage, S'il va en saint pelerinage Dou sepulcre, qu'il ne rençonne Ou occie, s'il ne li donne. Dont li vient ceste auctorité, Qu'il nous tient en si grant vilté ? Doit il avoir seur nous maistrie, Avantage ne signourie ? En tous cas nostre foy despite, Eu monde n'a si bon hermite Qui ne se deüst mieus offrir A mort que tel chose souffrir. (MACH., P. Alex., p.1369, 125). Il feïrent une ordenance Qu'esleüs XIJ. homes seroient Qui le païs gouverneroient, Et si tost com l'un mort seroit Le pueple un autre y metteroit, Pour ce que rois n'eüst maistrie Jamais seur euls, ne signourie, Ne puissance ; eins fussent signeur, Et en tous cas du roi greingneur, Si comme Gautiers le m'a dit, Autrement ne di je en mon dit. (MACH., P. Alex., p.1369, 273). Si mettray paine que briefment Loyaulté sur eulx ait maistrie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 32). Prince Jesus qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous [nous, les pendus] seigneurie : A luy n'ayons que faire ne que souldre ! Humains, icy n'a point de mocquerie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. c.1461 (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 67).

 

-

Mener maistrie sur/sus qqn : Ma fame maine grant mestrie Suz moy, s'en sera tourmentee ; Quant je veul pois, n'ay que poiree. Trop me desprise malement, Sy en ara grief paiement En brief termine. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 29).

B. -

"Maîtrise, excellence, science, art, savoir-faire" : Mais ce ne vueil pas taire Que vous dites qu'encor puis je tant faire Par honnourer, Par bien servir, par souffrir, par doubter, Par obeïr, par loiaument amer, Qu'en joie puis ma dame recouvrer. Mais ce seroit Moult grant maistrie [var. maistrise] au garder qui l'aroit. Car en un lieu son cuer n'arresteroit Nès que feroit un estuef seur un toit. Et vostre amour, Qui tant avoit de pris et de valour, Ne pouez mais recouvrer par nul tour, Dont vous avez veinne et pale colour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 93). Il est tout vray, sans nulle doubte, Que je sceus la maniere toute Des alerions, et leur guise, La naturele avec l'aquise, Dou gibier la grant melodie, Et de l'affaitier la maistrie, Au meins de ce que m'en moustrerent Cil damoisel qui m'en parlerent, Dont li pluseur maistre en estoient, Si que mieus parler en savoient. (MACH., D. Aler., a.1349, 308). Et la quarte [science], ou plus a maistrie, Est astronomie (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 113). Pour ce fu dicte geometrie De mesurer l'art et maistrie (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 118). Moult fu sage d'astronomie, Tout en congnoissoit la maistrie (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 118).

 

-

Par (grant/tel...) maistrie : Li mas fu de gaiet ouvré par grant maistrie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 630). Et si n'ot onques annemi Qu'il ne chastiast par tel guise Que l'onneur en avoit acquise. Mais einsois qu'il finast sa vie, Par scens, par armes, par maistrie Fist que roy, duc, marquis et conte Fist son fil, qui a droit le conte, Et le fist signeur de l'empire. De li ne pense plus a dire, Fors qu'il a richesse a son ouès. (MACH., C. ami, 1357, 109). Et laisse se bataille, chevauce par mestrie (Hugues Capet Lab., c.1358, 195). Et l'image de Morpheüs, Dont longuement me suis teüs, Soutieument et par grant maistrie Y sera, d'or fin entaillie, Sus un piler de fin argent Bien esmaillié, par quoy la gent Aient memoire et ramembrance De son scens et de sa puissance. (MACH., F. am., c.1361, 234). En milieu estoit atachiez Uns serpens d'or a douze chiés Qui par engiens et par conduis Estoient ad ce faire duis Que la fonteinne sans sejour Gettoient de nuit et de jour. Prëaus avoit entour le marbre Trop bien ordenés, et li arbre Planté furent par tel maistrie Que le soleil point n'i maistrie, Einsois estoit tout a couvert, Tout fait par mesure et tout vert. (MACH., F. am., c.1361, 191). Courc siet en païs d'Ermenie, Et s'est assis par tel maistrie Que la mer li bat au gyron, Et non mie tout environ. (MACH., P. Alex., p.1369, 136). Le premier an de sa coronne, Il s'en ala en Ermenie. Là, prist par force et par maistrie Un chastel qu'on appelloit Courc. Si vous en diray brief et court. Li chastiaus fu subjes aus Turs, Grans et puissans, fors et seürs De fossez, de tours, de muraille. (MACH., P. Alex., p.1369, 20). Or me tient long de ma dame jolie Si longuement et en si dur espoir Qu'il me convient morir ou li veoir. Car mes desirs est pleins de tele ardure Qu'il art mon cuer par si noble maistrie Que nulz n'i voit plaie ne blesseüre. (MACH., L. dames, 1377, 137). Je sui Amours qui maint cuer esbaudi Et fai mener douce et joieuse vie. Si ay oy, Guillaume, je te di, Que Nature, qui tout fait par maistrie, T'a dit qu'a part t'a volu faire Pour faire dis nouviaus de mon affaire. Pour ce t'ameinne ici en pourvëance, Pour toy donner matere a ce parfaire, Mes trois enfans en douce contenance : C'est Dous Penser, Plaisance et Esperance. (MACH., Prol., c.1377, 4). Les autres weulent, par maistrie, Mesurer par geometrie Et compter par arismetique (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 89). Elle la chambre fut toute a or batue, Plaine et riche pierrerie ; Compassee yert par grant maistrie (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 270). Ainsi comme l'enseignement, Qui s'ensuit, du gouvernement Contre la faulse épidémie Est devisé par grant maistrie En deux poins ou ententions, Contenans grans instructions (LA HAYE, P. peste, 1426, 72).

 

-

Avoir la maistrie de + inf. : Et vous les assauterez à ces murs où il sont montez ? Il sont haus, larges et espès, Et s'a bonnes tours près à près, Bien garnies d'artillerie Et de gens qui ont la maistrie De bien traire ; car ce sont gent Qui de ce sont trop diligent, Si que de toutes pars trairont Et vostre gent mehaingneront. (MACH., P. Alex., p.1369, 81).

 

-

[P. oppos. à nature] "Art" : ...et puis celle boire est boire de salvacion et bien sai qe pur nous estoit il proprement fait et ordenee, car de nature n'estoit il mye fait, mes de droit meistrie de vous, beau Meistres, et ordenee a garrir noz autres maladies et plaies, qe si grante meister en avons. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 133).

 

-

"Artifice, tour d'adresse" : ...il doutoient d'Aubuïn le maistrie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 605).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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     MAÎTRIER     
FEW VI-1 magister
MAISTRIER, verbe
[T-L : maistrier ; GD : maistrier1 ; AND : mestrier ; FEW VI-1, 36a : magister]

Empl. trans.

A. -

"Soumettre à son autorité, dominer" : Il n'est nuls qui par force le puisse maistrïer [,] D'estour ne de bataille ne traire ne trïer, Se pour ses rutes cops n'a touz jourz la victoire (Gir. Ross. H., c.1334, 132). Einsi par sa noble maistrie La dame le lion maistrie Seulement par son dous regart, Car il n'a paour ne regart Qu'il ne soit de tous maus gardez, Quant il est de li regardez. (MACH., D. Lyon, 1342, 182). Qui bien aimme a tart oublie, Et cuers qui oublie a tart Ressamble le feu qui art, Qui de legier n'esteint mie. Aussi qui a maladie Qui plaist, envis se depart. En ce point, se Dieus me gart, Me tient Amours et maistrie. Car Plaisence si me lie Que jamais l'amoureus dart N'iert hors trait, a tiers n'a quart, De mon cuer, quoy que nuls die. (MACH., L. plour, 1349, 283). C'est cils qui nulle fois ne faut Aus siens, car de riens n'ont deffaut ; C'est cils qui le monde forma De nient et qui sa fourme a Pris de li seul, sans autre aïe. C'est li sires qui tout maistrie. Son bien n'aroie jamais dit, Qu'en li n'a deffaut ne mesdit. Tout puet, tout vaut, tout scet, tout a. (MACH., C. ami, 1357, 48). ...Fortune qui rit et pleure Et tume les siens en po d'eure, Qui a tel force et tel maistrie Que tu vois que pluseurs maistrie Qui furent riche et noble né, Et si ne leur a riens donné, Mais quant li plaist, elle moult tost Ce que pas n'a donné tout tost. (MACH., C. ami, 1357, 68). ...Et de ce tray je à tesmoing vraie Amour Qui scet comment ma dame me maistrie, Sans esperer garison ne aïe. (MACH., L. dames, 1377, 86). Et senefie que cellui qui premier le porta en armes [le bar] estoit fort de bouche c'est a dire de vertueuses parolles et de grant force par quoy il detrenchoit et maistrioit plus grant et plus dur que soy. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 498). Ledict roy Loys, qui de tout temps avoit blasmé ceste façon, print tant à cueur que à merveilles ce que on l'avoit tenu par force, et en faisoit plus de semblant qu'il ne luy tenoit au cueur, car le principal fons de ceste matière estoit de peur qu'on ne le voulsist maistrier, et entre autres choses en expedicion de ses affaires et matières, soubz couleur de dire que son sens ne fust pas bon (COMM., II, 1489-1491, 283).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

P. métaph. : En milieu estoit atachiez Uns serpens d'or a douze chiés Qui par engiens et par conduis Estoient ad ce faire duis Que la fonteinne sans sejour Gettoient de nuit et de jour. Prëaus avoit entour le marbre Trop bien ordenés, et li arbre Planté furent par tel maistrie Que le soleil point n'i maistrie, Einsois estoit tout a couvert, Tout fait par mesure et tout vert. (MACH., F. am., c.1361, 191).

B. -

En partic.

 

1.

"Gouverner, diriger la conduite de qqn" : La aprent il sans mespresure De tous biens la bonne apresure, Et la parfaite congnoissance D'onneur et de toute vaillance. Car je le met en la maistrie De Science qui le maistrie ; Cremour et Honte de meffaire Et Congnoissance, a lui parfaire, Sont ordené et establi. (MACH., D. verg., a.1340, 25). Or tien dont son pooir si vil Qu'aies de toy la signourie. Garde que Raisons te maistrie Et qu'aies en toy pacience Et la vertu de souffissance, Car bonneürtez vraiement Vient de souffrir pacienment, N'il n'est homme, a mon essient, Que quant il est impacient, Qui ne vosist avoir fait change De son estat a un estrange ; Et ce le fait maleüreus Et vivre en estat perilleus (MACH., R. Fort., c.1341, 91). Si me tray près de la danse Com cils qui a sa dame pense. Mais la bonne et bien enseignie Que Raison gouverne et maistrie, Qui tant scet, tant puet et tant vaut Que riens de bien en li ne faut, De sa bonté tant m'enrichist Que ses dous yeus vers moy guenchist. (MACH., R. Fort., c.1341, 125). ...ung conseillier doit gouverner et maistrier les affections, adressier ce qui est affaire, corriger les excés, concepvoir les meurs, ordonner en honneur la vie, determiner les choses confuses, les volans et orguillieux restraindre, les choses dispergees et separees assembler et recuillir, les secrés sur quoy on doit deliberer bien ruminer et y penser, avant que on dye son oppinion (JUV. URS., Verba, 1452, 314).

 

2.

"Se rendre maître de qqn, malmener, tourmenter qqn (physiquement ou moralement)" : Lors se treï vers moy la simple et coie, Pour qui Amours me destreint et maistroie, Et dist : "Amis, certes, riens ne vorroie Faire a nelui, Dont il eüst grevance ne anui ; Ne l'en ne doit faire chose a autrui Qu'on ne vosist que l'en feïst a lui..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 77). Es Champingnois se fiert, si forment lez maistroie De l'espee tranchant qu[e]... (Hugues Capet Lab., c.1358, 123). Seigneurs, a vous renduz nous sommes. D'une chose vous vueil prier, Que ne nous faciez maistrier, Ne ne mettez en autruy mains Qu'es vostres meismes ; ou au mains, Se de moy voulez raençon, Je vous donrray sanz contençon Tantost soixante mille livres (Mir. Amis, c.1365, 12). Et ainsi, com partir voloit, Li prist une grant maladie, Qui si le contraint et maistrie Que tout son fait fu depecié A ceste fois et empeeschié. (MACH., P. Alex., p.1369, 130). Et vostre gentil corps gay Serviray Humblement et à s'onnour ; Si que durer ne porroie, Se n'avoie Confort de vostre valour Contre desir qui guerroie Et maistroie Mon cuer et tient en langour. (MACH., Ch. bal., 1377, 603). ...sy avray maistrié tous ceulx de ceans et pendus par leurs gueules (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 336). ...elle de son esmouvement a dit par pluseurs foiz à gens de bien qu'elle estoit cause de son mal ; et à ceste cause, pour ce qu'elle disoit qu'elle en estoit cause, la mère d'elle la tensa par plusieurs foiz en lui donnant charge et la blasmant de ce qu'elle avoit esté si rigoureuse et voulu maistrier ledit suppliant. (Doc. Poitou G., t.9, 1453, 348).

C. -

Au fig. [D'une chose] "Dominer qqn ou qqc. ; subjuguer qqn" : Einsi longuement, sans doubtance, Pensay, qu'onques je n'os plaisance A chose qu'ou vergier veïsse, Par quoy mon penser y tenisse ; Car par pensée remiroie La grant biauté qui me maistroie, Le scens, la valeur et le pris Par qui je sui d'amer espris, Et le plaisant viaire dous De ma dame a qui je sui tous. (MACH., D. verg., a.1340, 17). L'ABBEESSE. (...) vostre amour si me maistrie Que tout mon sens surmonté a : Faites tout quanqu'il vous plaira, Amis, de moy. (Mir. abbeesse, 1340, 72). ...par la vertu dou deable les ydoles se jettent hors dou feu. Mais les freres l'espargent d'eaue benoitte, et tantost le feux les mestroye. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 61). Reculler lez couvint, car forche lez mestroie (Hugues Capet Lab., c.1358, 123). Et voy qu'Amours pert toute seigneurie, Quant povres homs, pour bien qui soit en li Ne loyauté, est nyce, s'il se fie Qu'il soit amez. Dont ne m'atent je mie, Se n'enrichi, que soie ami clamé ; Car puis qu'argent vaint amour et mestrie, Ja povres homs ne sera bien amé. (MACH., App., 1377, 641). Mais vo douce maistrie Maistrie mon cuer si durement Qu'elle le contralie Et lie En amour tellement Qu'il n'a de riens envie Fors d'estre en vo baillie (MACH., Ch. bal., 1377, 584). Helas ! douce creature, C'on ne porroit comparer, Sentés vous dont la pointure De vostre ami desirer ? Certes, or doit bien doubler La dolour qui me maistroie, S'ainsi est que ne vous voie. (MACH., L. dames, 1377, 41). Gentil dame de tres noble figure, Je vous aim miex et de plus vraie amour Que je ne fais toute autre creature, Pour la bonté qui tant vous fait d'onnour ; Et sachiés bien que vo fine douçour Tant doucement me maistrie et demainne Que de mon cuer estes la souverainne. (MACH., L. dames, 1377, 127). Aveuc ce, douce anemie, Honte me maistrie, Paours me chastie, Desdaing me deffie Et Dangiers m'escrie Que nulle chose ne die Pour Refus qui m'assaudroit (MACH., Les lays, 1377, 302). Si n'est vie Si jolie Com de desirer amie En Espoir Qui chastie Et maistrie Desir, si qu'il n'ait maistrie Ne pooir, Qu'il detrie Vie lie, Quant Espoirs ne s'amolie. (MACH., Les lays, 1377, 431).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 24/33 
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     MAÎTRIEUSEMENT     
FEW VI-1 magister
MAISTRIEUSEMENT, adv.
[T-L : maistrïos (maistrïosement) ; GD : maistrieusement ; FEW VI-1, 36a : magister]

"En maître, de façon autoritaire" : ...je ne sui pas mestre pour ordonner si mestrieusement que pour estre nommés ne recommendés entre les ouvriers de cel art. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 149). ...grant multitude de Parisiens cueilly des murmures beaucoup à l'encontre du roy anglois, pour cause que trop maistrieusement les commençoit à traiter (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 313).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 25/33 
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     MAÎTRIEUX     
FEW VI-1 magister
MAISTRIEUX, adj.
[T-L : maistrïos ; GD : maistrieux ; FEW VI-1, 36a : magister]

"Qui a le goût du pouvoir" : ...le duc l'avoit fait saisir au corps [le conseiller qui poussait la Hollande à soutenir le comte de Charolois, fils du duc] (...) pensant que le comte son fils, lequel il sentoit assez maistrieux et roide en opinion, ne pust, par ceste maniere de faire, tant et tant plus devenir dur et restif enfin contre luy, comme seigneur du pays (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 315).

 

-

[D'une chose] "Impérieux"

 

Rem. Doc. 1400-1500 (Valenciennes, maistrieuses parolles) ds GD V, 102b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 26/33 
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     MAÎTRISAMMENT     
FEW VI-1 magister
MAISTRISAMMENT, adv.
[GD : maistrisamment ; FEW VI-1, 35b : magister]

"En maître" : Les ungs disoient que le Roy Jaques vouloit trop maistrisamment vivre avec elle, tant sur le gouvernement du royaulme comme sur ses plaisances et passe temps. Autres disoient que la Royne ne print pas bien en grée aucunes assemblées de dames, par maniere de festiemens que journellement faisoit le Roy (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 191).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 27/33 
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     MAÎTRISART     
FEW VI-1 magister
MAISTRISART, subst. masc.
[GD : maistrisat ; FEW VI-1, 38a : magister]

"Charge de grand maître, maîtrise (d'un Ordre)" : ...attendu que ledit seigneur roy dom Fernande tient ladite administration desdis trois maistrisartz de Saint-Jacques, Calatrava et d'Alcatra, par auctorité apostolicque, pour sadite vie durant, (...) qu'il plaise à sa sainctité ottoyer, aprèz le trespas dudit seigneur roy dom Fernande, l'administration desdis trois maistrisartz ausdis seigneurs roi dom Philippe et done Johanne (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 580). [Autres ex. p.578, 579, 581.]

REM. Cf. A. Henry, Vox rom. 4, 1939, 92, à propos de la substitution de préfixe : maistrisart pour maistrisat, lequel est formé comme canonicat, diaconat...
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 28/33 
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     MAÎTRISE     
FEW VI-1 magister
MAISTRISE, subst. fém.
[T-L : maistrise ; GD : maistrise ; GDC : maistrise ; AND : mestrise ; FEW VI-1, 35b,38a,40a : magister ; TLF : XI, 209b : maîtrise]

I. -

[En lien avec maistre, maître]

A. -

"Charge et dignité de maître, office" : ...si comme sont aucuns establis en saintes ordres et qui gouvernent tres hautes maistrises (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 110). Mais il appartient au present article que l'en face reverence aus offices publiques. Car si grande reverence leur est deue comme la hautesce de leur maistrise s'estent. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 288). Maistre J. Le Bugle, procureur du baron d'Ivry, s'est opposé et oppose que aucun ne soit receu à la maistrise generale des Eaues et Forests (BAYE, II, 1411-1417, 224). Ce jour, la Court a defendu à Guillaume de Chehaigne, sur peine d'estre mis en prison et bouté hors de l'Ostel-Dieu Saint-Gervais, qu'il ne s'entremette aucunement de l'office de maistrise dudit hostel, ne du gouvernement d'icellui (FAUQ., II, 1421-1430, 180).

 

-

P. ext. "Charge, responsabilité" : Mais en lieus privéz hors du fait commun, en privé, quant a aler ou seoir en disners et compaignies familiaires, le filz puet bien laissier les honneurs communes qui li sont deues pour cause de maistrise et presidence et faire au pere les honneurs naturelles (FOUL., Policrat., IV, 1372, 70). ...mondit seigneur (...) vueult et mande (...) à Jehan de Noident, son receveur de toutes ses finances, le paier [messire Philibert, maistre d'ostel] ou fere paier de sadicte pension depuis ledit premier jour de novembre mil quatre cens et quinze et des lors en avant, tant que ladicte maistrise de son hostel et devers madicte dame, en rapportant copie ou vidimus des lettres de l'ordonnance de ladicte pension avec lesdictes lettres de relievement et quictance à ce appartenans (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 328). ...aucuns paient les deniers d'une rente nommée les "sept livres" qui est une rente particuliere deue au roy et se cueult par le fermier d'une ferme nommée le "droit de la maistrise de Roumarë" qui se baille par le viconte de Rouen (PETIT, Cout. R., 1444, 349). ...la maistrise et administracion de l'Ostel Dieu de Gonnesse (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1489, 223). Tu leur as donné maistrises dont ilz en sont orgueillis tant que merveilles (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 110).

B. -

[Dans un corps de métier]

 

1.

"Statut de maître dans un métier" : ...li maistre tenant maistrise de tondeur donront, tant que boin samblera à eschevins, au varlet 13 d. par jour, et lidit maistre qui tiennent maistrise se fachent paiier cascun de sen drapier si con boin li samblera et qu'il porront estre d'acort avoec les drapiers (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1340, 298).

 

2.

P. méton. "Examen donnant droit de s'établir comme maître" : ...li maistre tenant maistrise de tondeur donront, tant que boin samblera à eschevins, au varlet 13 d. par jour, et lidit maistre qui tiennent maistrise se fachent paiier cascun de sen drapier si con boin li samblera et qu'il porront estre d'acort avoec les drapiers. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1340, 298).

C. -

[Dans la hiérarchie universitaire] : L'escolier doit amer son maistre et soy joieusement a lui submettre, car chilz ne doit avoir le degré de maistrise, qui subget ne se veult estre. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 55).

II. -

[En lien avec maistrier, maîtriser] "Fait de maîtriser, maîtrise"

A. -

"Fait de maîtriser, puissance, domination, pouvoir" : Or y a prince d'autre guise Qui toillent es [var. aux] gens par maistrise [var. maistrie]. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 78). Et au dit Thibaut ycellui Jehan le Nepveu dist : "Vous servés de parolles ou voullés avoir les biens par vostre maistrise", et en ce disant, se arresta un pou, et le dit Thibaut pour doubte se arresta. (Doc. Poitou G., t.4, 1374, 334). Et comment telles femmes rebelles, haultaines et couvertes, quant pour monstrer leur maistrise elles ont tout honny, elles cuident en elles excusant faire croire a leurs mariz qu'elles cuidoient que ce fust un neant, et pour ce n'ont point fait leur commandement. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 78). Aucun n'est digne d'avoir seignourie ou maistrise sur aultruy qui ne peut estre maistre de luy mesmes. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105). Et ainsi sagement, non par maistrises ne par haultesses, doivent les bonnes dames conseiller et retrayre leurs mariz par humilité (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 115). Les autres pastours en chierté Les tenoient [Romulus et Remus], tout nonobstant Leur fussent durs et contrestant, Et la maistrise eussent sur eulx. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 177). Ou Amours est, il veult que tout soit sien Et gouverne sens, vouloir et maintien Par sa maistrise (CHART., D. Fort., 1412-1413, 160). Amours est de pareille guise A cil que on loge par franchise, Qui puis veult avoir la maistrise Du logeis et de la pourprise, Quant est logiez (CHART., L. Dames, 1416, 267). Dya, compains, qui se veult soubmectre Desoubz l'amoureuse maistrise, Il se fault de son cuer desmectre Et n'estre plus en sa franchise (CHART., D. Rev., a.1424, 311). A ces troys pollitiquez especes sont opposites troys incivilles usurpations de maistrise, c'est assavoir : tyrannie, confusion populaire, et pluralité seigneurial. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 70). ...car il estoit tardif et craintif à entreprendre, mais à ce qu'il entreprenoit il y pourvoyoit si bien que à grant peine eust-il sceü faillir à estre le plus fort et que la maistrise ne luy en fust demourée (COMM., I, 1489-1491, 146). Le conte de Warvic vous chassera d'Angleterre et en unze jours en aura la maistrise (COMM., I, 1489-1491, 203). Faisons prestres de guerre s'entremettre, Et gens de guerre aux eglises commettre, Et par maistrisse aux femmes porter brays Si punirons le peché des mauvais. (Cene dieux, c.1492, 120).

 

-

"Contrôle de soi" : LA DAME. (...) Pour Dieu, alez vous confesser Pour l'ennemi qui vous atise. LE SEIGNEUR. A ! dyables ! y a il maistrise ? Ce sera fait, vueillez ou non. LA DAME. Vous estes uns homs sanz raison, Quant ainsi estes eschaufez. (Mir. enf. diable, c.1339, 9).

 

-

"Domination au jeu" : Tant fist l'oste par ses inducions que Berinus s'assist au jeu et joua a lui, et tant jouerent que le bourgois qui se faignoit fu mat, ne sçay .II. foiz ou .III., par quoy Berinus lui dist : "Si m'aïst Dieux, biaux hostez, je vueil bien que la maistrise de ce jeu en soit a moy, car petit en avez apris, si ne vueil plus a vous jouer, car vous y gasteriez vostre paine" (Bérinus, I, c.1350-1370, 43).

 

-

P. méton. "Acte d'arrogance" : Après, ladicte partie adverse fist détruire les défenses et municions faictes entour la maison du Roy pour cause de eschever la voie de fait qui jà avoit esté commencée par ladicte partie adverse. C'estoit certainement une maistrise qui monstroit signe de subject tendant à male fin contre le Roy. (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 290). Et le vendredi ensuivant, quart jour dudit moys, le roy ordonna aux portiers de laditte porte Saint-Anthoine qu'on laissast entrer desdiz Bourguignons en icelle ville, dont plusieurs y vindrent à ceste cause et en grant nombre, qui y firent plusieurs excès et maistrises, ce qui ne leur eust pas esté souffert qui bien eust sceu que le roy ne s'en feust point courroucié. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 125).

B. -

"Fait de maîtriser l'exécution de qqc., excellence, science, art, adresse, savoir-faire" : Et de ce peut estre mis un autre exemple en art architectonique, ce est a dire maistrise de edifier (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 124). Je voy en ces autres mestiers Que, se maçons ou charpentiers Ont pluseurs ouvraiges meffais, Mais que li uns en soit bien fais, Il ne souvient du mal premier, Et dit on qu'ilz sont bon ouvrier, Et les loe on de leur maistrise (DESCH., M.M., c.1385-1403, 79). Et, tant pour la char comme pour la pel, chascun paisant y est bon veneur de cela, quar il n'i a pas trop grant maistrise a les prendre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 73). Le quester et le trouver est aussi belle chose, et grant plaisance le prendre a force et par maistrise (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 134). N'est pas si grant maistrise d'acquerir la chose desiré comme de la bien garder. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 62). ...et en maugreant Dieu lui dist qu'il avoit trois ans qu'il avoit convenu qu'il eust aidié audit suppliant par maistrise a fere ses labours, et que a l'occasion de ce il y perdi ung beuf (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1434, 277).

 

-

Par (grant) maistrise. "Excellemment, parfaitement" : Gent, joint, joli, juene, gentil, grasset, Lonc, droit, faitis, cointe, apert et graillet. Trés bien tailliez Hanches, cuisses, jambes ot, et les piez Votis, grossez, bien et bel enjointiez, Par maistrise [var. et par maistrie, par mesure] mignotement chauciez. Dou remenant Que pas ne vi, dame, vous di je tant Qu'a nature tout estoit respondant, Bien fassonné et de taille excellent. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Oint en avons le corps de ly, Aprés l'avons ensevelly Et avons fait en roiche bise Ung monument par grant matrise Mout noblement esdiffié. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 227).

 

-

P. méton. "Conduite, agissement habile, habileté (de l'homme ou de l'animal), ruse" : Cez chienz sont bons chienz et de grant recouvrier, combien qu'ilz ne sachent faire autre maistrise, mes ilz veulent bien examiner leurs routes, affin qu'ilz ne perdent leur beste, quar au moins scet le veneur jusques la ou la beste aura foy et jusques ou ses chienz l'auront faillie. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 132). ...les maistrises et subtilitez que bons chienz font (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 134). Ore vuill je donc, puis que cest enfant a esté bon paje et bon vallet de chienz et ore est bon aide, qu'il soit bon veneur, et li vuill aprendre comment il doit chascier et rechascier et requerir et prendre a force et par maistrise le cerf (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 193). Et de prime encontre, desheaulmerent et jetterent par terre lez ungz lez aultrez. Mais la maistrise estoit d'enmener lez chevaux a sauveté - c'est a dire, jusquez aux mettes et banierez ordonnees - car quant aucun chevalier estoit abbatu, sourdoient gens propres a puissance, pour leurs chevaux rescourre. (Saladin C., c.1465-1468, 103). JUDAS. (...) Tout droit au lieu vous conduiray Ou nous chargerons nostre prinse, Mais a le prendre [Jésus] est la maistrise. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 679).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 29/33 
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     MAÎTRISÉ     
FEW VI-1 magister
MAISTRISÉ, adj.
[GD : maistrisié ; FEW VI-1, 40a : magister]

"Qui a obtenu le grade universitaire de maistre" : ...ou cas que aucun non maistrisié ès sciences dessus dictes, vouldroit dire et maintenir soy estre souffisant pour ladicte science exercer, Nous ne voulons que aucunement il y soit receu, jusques ad ce qu'il vous appere qu'il soit examiné et trouvé souffisant par ceuls à qui il appartient. (Ordonn. rois Fr. S., t.7, 1390, 354). Maiz ceste supplication, Sourdant de bonne affection, Très singulièrement s'adresce À Messeigneurs, de grant prouesce, Maistrisez sans difficulté En la très noble Faculté De doctrine médicinale, Lesquelx, pour sentence finale, Le pevent faire en vérité Par art et par auctorité (LA HAYE, P. peste, 1426, 166).

Rem. GD V, 102c.

 

-

P. anal. [Des apôtres] : La IIIIe question, a scavoir se les apostres au jour d'i a la recepcion du Saint Esperit sceurent toute science ? Je respon que oÿ, a parler de science qui estoit neccessaire au salut et a predicacion, et furent au jour d'ui maistrisiez et assis fermement en la chaire de vray[e] foy, et par avant avoient estez licenciez (GERS., Pent., p.1389, 83).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 30/33 
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     MAÎTRISER     
FEW VI-1 35b, 40a magister
MAISTRISER, verbe
[AND : mestriser ; FEW VI-1, 35b, 40a : magister]

A. -

"Affirmer sa supériorité sur, dominer, commander" : Si devint [Oedippe] grant et semilleux Et maistrisier volt les enfens (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 287).

B. -

"Soumettre à son autorité" : [Et le seigneur d'eulx] dist aux autres que Wandry les vouloit maistrisser et qu'il cuidoit bien avoir de Doolin son salaire (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 154).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 31/33 
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     MAÎTRISEUX     
*FEW VI-1 magister
MAISTRISEUX, adj.
[GD : maistriseus ; FEW VI-1, 35b : magister]

"Autoritaire, rigoureux, sévère" : ...maistres vertueux et prudens (...) les doivent plus corrigier [les enfants] par bons exemples et paroles introduisans à bonnes meurs que par verberacions ou bateures maistriseuses (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 28). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Synthèse Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 32/33 
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     MESTRER     
*FEW VI-1 magister
MESTRER, verbe
[GD : maistrier1 ; *FEW VI-1, 36a : magister]

Empl. trans. indir. DRAP. Mestrer de qqc. "Relever le bain de garance par l'adjonction de certains ingrédients" : Et que nuls ne nulle ne puist mestrer de cauch, ne d'airrement ne d'autre cose nulle, qui ne soit pourfitaule et souffissant pour le draperie de Valenchiennes. Et que nuls ne meche es draps dessus dis nul avanchement pour les taindre, autre cose que propre waranche, fors que as draps vers u on puet metre waude, cendre d'Estre, u cendre de Flandres, ensi que on l'a d'usaige et de coustume. (Drap. Valenc. E., c.1344, 277).

Rem. Doc.1410 ds GD V, 102a. Cf. G. De Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 183 et t.2, 1951, 125, s.v. mestrer. Empl. technique, en teiturerie, de maistrier. Le FEW enregistre aussi amestrer, comme terme de teinturier.
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 33/33 
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     SOUS-MAÎTRE     
FEW VI-1 magister
SOUS-MAISTRE, subst. masc.
[T-L : sosmaistre ; FEW VI-1, 38b : magister]

A. -

"Celui qui, dans une école, surveille les élèves ou remplace le professeur en titre" : Et a ledit jour esté institué maistre dudit college ledit Gomaud par ledit Mauger en la sale dudit college, present ledit graphier, les procureur, soumaistre, chappellains et escolliers dudit college (BAYE, I, 1400-1410, 192). La Court a donné congié à maistre J. Bonnet, soubmaistre ou college de Dormans jusques à la fin d'aoust prouchain venant, parmi ce qu'il a laissié substitut en sondit office (BAYE, I, 1400-1410, 320).

B. -

"Subordonné, intendant" : Or, pour conduire ceste charge haultaine De par le duc de Millan la dedens, Ung homme y est nommé le capitaine De tous ceulx la qui y sont residens. Dessoubz luy sont grans gouverneurs et maistres, Varletz, servans de bouviers et vachiers, Aussy y sont frisques bergiers champaistres, Acompaignez d'un grant tas de porchiers (...). Le capitayne tous les vivres delivre Et en cela prend ung certain sejour ; Puis les soubzmaistres luy rendent a la livre Tout ce que fait ilz auront pour ce jour. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 187).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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