Région. (Wallonie) "Lundi" : ...3 jours en le sepmainne, c'est assavoir le deluns, le dieux ["le jeudi"] et le samedi, et non autrement ne en autres jours (Vie urbaine Douai E., t.4, 1339, 264). Item, menet a Mons le deluns apriés le Saint Andriu, 4 muis vendus 25 s. le rasiere (Comptes Mons P., t.1, 1342-1343, 771).

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Cras deluns. "Lundi gras"

Rem. Doc. 1350 ds GD II, 491a-b.
 

"Lunaison" : J'ay veu cincq personnaiges D'ung triumphant hostel, En mains de dix lunaiges, Paier tribut mortel (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 314).
 

I. -

Adj. "De la lune, relatif à la lune" : Item, il appert par les demonstracions d'astrologie que les eclipses du soleil ne seroient pas lunaires, ce est a dire teles comme la lune appert, se ainsi ne estoit que la lune et le soleil ne fussent corps speriques. (ORESME, C.M., c.1377, 496). ...et que lesdictes gelées, neges, glaces et froidures se fussent amoderées dès venredi derrain passé pour la nouvelle conjunction lunaire (BAYE, I, 1400-1410, 215). La mer monter, courre et baler, En pluseurs lieux et s'en aler Encontre les cours des rivières Selon divers temps et manières, Et puiz descendre et se retraire Par le regart du Corps Lunaire, Lequel en a grant seigneurie Sur les humeurs, n'en doubtez mie (LA HAYE, P. peste, 1426, 8).

II. -

Subst. "Lunaison" : Entre ses euvres fist une verifficacion de la conjunction des lunaires, aussi des eclipses et estoilles fixes pour plusieurs ans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 r°).
 

"Temps compris entre deux nouvelles lunes consécutives" : ...et par especial a esté tel froidure et si aspre et si vigent par les IJ lunoisons derrainement passées que nul ne povoit besoigner. (BAYE, I, 1400-1410, 215). ...il y a plus de trois lunoisons que Jan Ployart, mon baron, ne fist ne çou ne quoy, et si suis aincoires femme assez pour l'endurer (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 87).

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[Ces variations pouvant influer sur l'état mental de certaines personnes] : Mais sa fille est une desvée Et par lunoisons hors du sens. (Mir. Berthe, c.1373, 176). ...en icellui chastel de Montemonaco, avoit ung prebstre, nommé don Anthon Fumato, c'est a dire messire Anthoine Fumé, lequel par lunoysons n'estoit mie en son bon sens (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 82).

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[Dans un mécanisme d'horlog.] "Durée équivalente que met la roue qui porte les phases de la lune pour revenir au point de départ" : ...et ainsi ne gaignera la roue [de la lune] a chacune heure que quatre dens, et sera demourée en sa lunaison d'ung tour, et adoncques remmendra ["reviendra"] come davent. (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 277).
 

"Cours de la lune, lunaison" : Platon et ceulx de son tinel Dirent trop mieulx, il est notoire, Que les cielx, solaire ["le cours du soleil"] et lunel Auront mouvement transitoire [c'est-à-dire que le monde aura une fin] (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 59).
 

"Atteint d'iridocyclite, maladie qui apparaît régulièrement et paraît être en rapport avec les phases de la lune" : Et aucunes foiz, quant le cheval est lunatif, ou par lunaisons ou parce que le cheval a la teste trop grasse (...), se le cheval est lunatif et que ceste maladie luy vient par lunoisons, incontinent soit seigné de la veine des temples (GUILL. VILLIERS, Hipp. P.-D., a.1456, 135).
 

ASTR. "Lunaison" : ...et quant on la cure on a abundance d'orine et plenté de gravelle en la fin du paroxime et en la fin de la lunacion (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 9).
 

"Jour de la semaine qui suit immédiatement le dimanche, lundi" : Messe oïrent devotement, Et puis en leurs vaissiaus monterent, Et en haute mer s'esquiperent, En un lundi, bien m'en remembre, Droit XXVIIJ. jours en septembre, L'an mil CCCV. et sexante. (MACH., P. Alex., p.1369, 64). Le lundi matin se leverent, Et seur la place s'en alerent Pour considerer les alées, Les yssues et les entrées Des Sarrazins (MACH., P. Alex., p.1369, 150). L'an de grace mil trois cens quatre vins et neuf, le lundi VJe jour de septembre, en jugement sur les carreaux par devant mons. le prevost (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 1). Et le lundi ensuivant, se parti de Paris et ala au giste à Autueil. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 556). Chiers sires, je vous prie, sur tous les services que je vous pourroye jamais faire, qu'il vous plaise a moy faire tant d'onnour que de venir lundi a mes espousailles a la Fontaine de Soif, et y veulliez admener vostre mere et de vostre baronnie. (ARRAS, c.1392-1393, 36). ...le lundi, li rois fist faire un ordenance sus le pais (FROISS., Chron. D., p.1400, 744). Item, cedit jour, fu ordonné que l'en ne plaideroit ne lundi ne mardi prouchain. (BAYE, I, 1400-1410, 218). En cellui temps on estoit prés de caresme et en l'abbaye estoient grans pardons le lundi, le mercredi et le vendredi de la caresme. (LA SALE, J.S., 1456, 245). Et à tant se partirent dudit lieu de Poictiers lesdiz ambasseurs, feignans eulx en retourner audit pais de Bretaigne ; mais ilz firent tout le contraire, comme cy après sera dit, car ilz partirent dudit Poictiers à ung jour de samedi. Et ce jour ne firent que quatre lieues, et ilec demourerent jusques au lundi ensuivant (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 37). Predist aussi la violente mort du duc d'Excestre, conte de Hontiton, frere du feu roy Richard, le lundi XIXe janvier oudit an, lequel la contesse d'Avorde fist tuer piteusement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°). La dicte baterie dura depuis le jeudi jusques au lundi ensuyvant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 252).

-

Lundi prochain venant. "Lundi prochain" : Il convient que vous alez prier le conte et sa mere et tous voz amis, qu'ilz viengnent a voz nopces, cy, en ceste praierie, lundi prouchain venant, par quoy ilz voient la noblesce que je [Mélusine] y pense a faire pour vostre honneur accroistre (ARRAS, c.1392-1393, 35).
 

A. -

ASTR. [et langue courante]

1.

[Dans le système géocentrique] "Première des sept planètes qui tournent autour de la terre en cercles concentriques"

a)

(La) lune : Si en choisi entre les autres l'une Qui, tout aussi com li solaus la lune Veint de clarté, Avoit elle les autres seurmonté De pris, d'onneur, de grace et de biauté (MACH., J. R. Beh., c.1340, 68). Car ce fu chose assez commune Qu'on vit le soleil et la lune, Les estoiles, le ciel, la terre, En signefiance de guerre, De doleurs et de pestilences, Faire signes et demoustrances. (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). Car chascuns pot vëoir a l'ueil De lune esclipce et de soleil, Plus grant et plus obscur assez Qu'esté n'avoit mains ans passez, Et perdre en signe de douleur Longuement clarté et couleur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 143). Bien savoit la cause des choses Qui sont ou firmament encloses, Pourquoy li solaus en ardure Se tient, et la lune en froidure, Des estoiles et des planettes Et des douze signes les mettes, Pourquoy Dieus par nature assamble Humeur, sec, froit et chaut ensamble (MACH., J. R. Nav., 1349, 179). ...aussi bien que la lune de droit Prent ou soleil clarté qui l'en pourvoit... (Mir. st Val., c.1367, 170). Item, en autre maniere nous appellons ciel toute la masse qui est meue circulairement et contenue en la desreniere circonference. Et ainsi nous disons estre ou ciel le solleil et la lune et les autres estoilles. (ORESME, C.M., c.1377, 158). Et les natures de chascune M'aprist et de souleil et lune Les mouvemens et les eclipses (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 79). C'est la Lune, qui maintes foiz Par sa clarté tolt et destruit La grant obscurté de la Nuit, Au prouffit des bestes sauvages Qui habitent par les boscages. (LA HAYE, P. peste, 1426, 32). Et quant ilz furent ce soir ou preau pour deviser, Saintré ly monstra le bracelet a la clarté de la lune, mais bien veoir ne se pouoit. (LA SALE, J.S., 1456, 83). Eclisse ce fait par nature, Et au soleilh et a la lune (Pass. Auv., 1477, 274). ...et predist sur ladicte conjunction l'infortune des scribes pour la presence de Mercure, Venus et la Lune ou signe de Gemini, et que les subjectz desdaigneroient leurs seigneurs et que les voies et chemins seroient infestés par larrons (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 v°). ...et les impressions de feu qui se monstrerent et la signifficacion d'une estoille que plusieurs virent entrer dedans la Lune, comme il sembloit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 r°). Semblablement j'ay plusieurs grans deesses Qui de l'air sont regentes et princesses Et ont pouoir sur les choses celestes Par prudentes, tryumphantes haultesses ; Des regions divines sont hostesses Et ont en main la lune et les comectes, Le regyme de toutes les planetes Et des estoilles les estincelles nectes (LA VIGNE, S.M., 1496, 146).

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[En tant que première planète, sépare les quatre éléments (le monde sublunaire) des sphères planétaires] : Toute la masse corporèle Des Elémens et autres choses, Qui soubz la Lune sont encloses (LA HAYE, P. peste, 1426, 3). ...comme elle [la machine céleste] estoit divisée en deux parties, l'une depuis le sercle de la Lune, montant contremont tout oultre la region des planetes, tendant jusques à la dixieme spere et que icelle partie il appella "etherea lucida" et l'autre partie seconde d'embas il comprint depuis ledict cercle de la Lune jusques au centre de la terre et l'appella "ellementaris regio" (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°).

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HORLOG. Roue de la lune : ...et est mene celuy pignon de 6 dens par une viz qui est en l'arbre qui porte la roue du soleil, et celuy de 12 dens maine la roue de la lune et la fait tourner chacun jour deux dens, et ainsi elle fait en 29 jours et demy ung tour. (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 277).

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RELIG. [À propos de Marie] : Qui est ceste dame (...) qui est belle conme la lune, eslevée conme le soleil (...) ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 251). ...a sa destre la voult puis couronner De douze estoilles cléres et luisans (...) Et a ses piez pour sa perfeccion Mettre une lune (Mir. Theod., 1357, 132). ...on la doit de son droit appeller Lune royal qui de biauté flambie (Mir. st Val., c.1367, 170). On vous doit bien nommer par seigneurie Lune luisant, vraie estoille de mer (Mir. st Val., c.1367, 170).

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Haut comme la lune : ...aussi haulx que la lune (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 168).

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Jusques la lune aura trois cornes. "Toujours (ou jamais en phrase nég.)" : Jusques la lune avra trois cornes Ne seront Lupalois loial (Pastor. B., c.1422-1425, 124).

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Sous la lune. "Sur terre" : Je ne congnois plus faulse [que Fortune] soubz la lune ! (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 101). Je suis ung de seulx, soubz la lune, Qu'elle [Fortune] plus a son vouloir dresse (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 412). Vous avez argent et pecune, Plus que homme qui soit soubz la lune (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 9). Des plus dolens dessous la lune... (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 7). Pren de Prudence la conduicte : Tresbien te guydera, com duyte De rendre les humains parfaictz, En tous cas, par dictz et par faictz. Elle est de tes lunettes l'une : Tel berille n'a soubz la lune. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 36).

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Par soleil ou par lune. "D'une façon ou d'une autre" : A toutes gens feray greuance Tant que par soleil ou par lune Toutes gens auront rancune Puis que ie men entremet. (Myst. st Martin K., a.1500, 263).

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Aboyer après la lune. "Agir en pure perte" : Alez ailleurs le temps passer, Vous abayez aprez la lune ! (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 218).

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Happer / ferir la lune : ...que je ne tasche pas a ferir la lune du ciel d'ung boujon pesant (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 148). Trop quiert qui veult happer la lune. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 421).

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[Surnom (rêveur, songe-creux)] Happe la lune : ...grant cousin de Happe la lune (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 105).

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Avoir la lune sous les pieds. "Être maître de la situation, dominer les choses" : A fin que tout en sa posté Fust (...). C'est la maniere comment a La lune souz piés des piec'a. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 48).

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Ne voir soleil ne lune. "Être aveugle" : Maudicte soit l'eure que je suis nez, Je ne voys soloz ne lune. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 203). Tres doulce gens, or m'antendés. Mauldit l'eure qu'onque fut nez, Quar je ne voyt souloil ne lune. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 110).

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Tenir de la lune. "Être lunatique" : ...Et qui tiennent tant de la lune Qu'ilz valent un demy croissant (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 181). [cf. note de l'éd.]

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Tenir un quartier de la lune. "Être à moitié fou" : ...il tient ung quartier de la lune, car il dit des motz aucunesfoiz que n'ont ne chef ne queue. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 47).

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Tourner comme la lune : Doux yeux tournans comme la lune (Amant cord. M., 1490, 68).

b)

"Clarté de la lune" : Et pource que, en temps que l'exécucion se devoit faire, n'estoit point de lune pour chevaucher par nuyt, prolonguèrent et misdrent ung autre jour audit Grand Pierre. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 114).

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Clair de lune : Je le mis mort au cler de lune (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 234). Je m'en allay au cler de lune, A ce beau matin tout joyeulx. (B. veoir, p.1480, 18).

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Faire clair de lune : ...il faisoit cler de lune (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 161). ...il faisoit cler de lune (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 173).

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Faire lune : ...et s'il fet lune, ilz verront les lievres, qui s'en revendront a leur giste. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 285).

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Quant la lune est claire : Et doit, quant la lune sera clere, aprés la mie nuit tendre aux bouches des tesnieres ses pouches. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 245).

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La lune luist clair : Car la lune luisoit moult cler (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 117).

c)

Cours de (la) lune : Mout accues, Puis desaccues. Or joie esmues, Après faiz duelz, Mains estable que cours de lune, Que ne te duelz Quanque tu pues, Quant hors des muels Est mis tes rois ["roue"] (MACH., Lays, 1377, 477). La Lune est l'une des VII Planètes et est de froide et moiste nature, et de sa propriété elle a domination sur les humeurs, dont la mer croist et descroist selon le cours de la Lune. (LA HAYE, P. peste, 1426, 208-209). Et pareillement la mer selon l'estat et le cours de la lune, elle s'estent et passe ses termes accoustuméz, lequel mouvement commence du centre moyen et s'estent jusques aux extremités et encores les passe. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

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La lune croist / decroist : Cestui presenta au roy de Perse une perre precieuse appellée selenites, laquelle croist par sa proprieté en la Lune croissant et descroist, la Lune descroissant. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 v°).

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Age de la lune. "Phase de la lune" : Item menstrues fluent selon l'aage de la lune, car ilz viennent aux pucelles ou premier quartron (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 8).

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[P. compar. avec la lune changeante] : Ce nom li doing [à Fortune] : "Lorde, borgne, fausse et enfrune." De mal faire onques n'est geüne. Tout le mont ne prise une prune, Eins le demeinne A la samblance de la lune Qui ore est pleinne, clere et brune, Et fourme ne clarté nesune N'a en quinseinne, Fors tant que n'a mois ne semainne, Jour prefix, ne heure certeinne, Eins est sa venjance soudeinne (MACH., R. Fort., c.1341, 35). Richesses sont dons de Fortune Qui tout aussi comme la lune Ont leurs cours, qu'elles vont et viennent, N'onques en un point ne se tiennent, Se ce ne sont aucun tresor De gemmes, de monnoie ou d'or Qui sont en prison et en serre. (MACH., C. ami, 1357, 69). L'omme sage demeure en sapienche comme le soleil, et le fol se mue comme la lune (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 72). ...c'est Fortune Qui tout ainsi comme la lune Est belle et clere, toute plaine, Et riens n'i ha dedens quinzaine. (MACH., Voir, 1364, 756). Le fol se mue comme la lune. (ORESME, E.A.C., c.1370, 472). ...Plus que la lune muable (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 80). Vous estes trop en ce cas importune D'ainsi changer plus souvent que la lune. (Parn. sat. S., a.1500, 105).

2.

"Phase de la rotation de la lune autour de la terre ou apparence que présente la lune dans cette rotation"

a)

"Lunaison" : Semblablement à Saint Ignocent, à Paris, en la fosse ordonnée pour mectre les pouvres, nul corps n'y demeure à corrompre plus de IX jours, autres dient d'une Lune ; touteffoiz il est d'aucuns corps nez soubz telle constellacion, que à jamais ou que se soit, il demeure incorruptible. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 v°).

b)

"Phase de la lune" : Cedit jour, à la conjunction de ceste prouchaine lune, c'est amoderé le temps qui par les IJ lunes cy devant (...) ont esté si fors et si merveilleuses gelées que les rivieres ont esté congelés (BAYE, I, 1400-1410, 212). Environ ce est a noter que fistule est ulcere de laquelle fluit continuelement matiere, et a periode en son flui selon divers temps ou diverses lunes jetant matiere en plus grande quantité. (Rég. santé corps C., 1480, 133).

-

Nouvelle lune / pleine lune : ...quant la lune est playne (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 178). Je me conforte a che qu'il me souvient Que tous les mois avons nouvelle lune. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 96). Derechief, la lune donne croissance a toutes humeurs, si comme il appert des oz qui ont plus de mouelle en plaine lune que quant elle est petite, et ainsi est il des autres humeurs du corps. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 350). ...car le premier jour de la lune, la mer est plus grant que elle ne soit devant le secont, elle appetice et descent tousjours jusques au .VIIIe. jour, et puis elle croist par .VII. jours, si que la mer est plaine en la nouvelle lune et en la plaine lune. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 351). Car tout aussi que la lune nouvelle croist continuelment en augmentant sa lumiere tousdiz de plus en plus, tant qu'il avient que elle se moustre plaine, et depuis au contraire sa lumiere tousdiz se diminue et va en decroissant tant que on ne la voit plus, ainz samble estre du tout de clarté desnuee quant a nostre regard, tout aussi croist jonesce (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 632). ...quant plaine lune arrive (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 115). Cellui qui point d'argent n'a en sa bourse, se doit abstenir de regarder la nouvelle lune ou autrement il n'en aura gaires tout au long d'icelle. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 92).

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[Dans une compar.] : Voz propos sont, puis longs, puis cours, Une foiz estes en decours, L'autre plaine comme la lune ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 445).

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Prime lune. "Nouvelle lune, lorsqu'elle commence à apparaître" : Et pour ce le parfait et bon phisicien selon la doctrine de Ypocras doit regarder la prime lune, et quant elle est plaine, car adont croissent les humeurs ou corps et la mouelle, et en la mer et en toutes choses mondaines. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 353).

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Prime lune / pleine lune : Tiengne et sache chacun medicin que, la Lune jointe avecques les estoilles fortunées, les maladies sont terminées à bien, et par la conjuction d'icelles aux estoilles contraires sont faiz et causés effectz opposites et mauvais, et pour ce doit le bon medicin premierement considerer en quel point est la Lune, c'est assavoir si elle est prime ou plaine, car lors croissent les humeurs et les moelles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°).

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[Selon la phase, l'influence sur les hommes et les choses est différente] : Mais d'autre lez, si fortune est amie Vers nous, aussi n'y prenez point rancune, Car point de vous ne nous vient ceste lune. (CHASTELL., Dit vérité K., c.1456-1460, 227). ...ils en estoint encores fort estonnés et espaouris, esperans venir unne meilleure lune pour eux ou que le cours de la planette gettast son influence mieux à leurs avantaige (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 131).

B. -

P. anal.

1.

"Glace ou plaque de métal d'un miroir circulaire" : ...un miroil d'ivoire, sanz lune. (Doc. 1360. In : L. Douët d'Arcq, Bibl. Éc. Chartes 40, 1879, 559). Plourez, marchandes, bourgoises et pucelles, Plourez, plourez ces piteuses nouvelles : Vostre mirouer a sa lune cassee (...) Plus n'y verrez les laides ne les belles, En ce mirouer plus n'y congnoistrez celles, Puisque la lune est morte et trespassee. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 180). Ung tableau d'or, esmaillé d'ung chevalier et d'une dame, garni de 5 balais et de 5 grosses perles, et au dos d'icelluy une lune de mirouer. (Comptes Lille L., t.2, 1439, 420). ...ung autre miroir d'or, garny autour de la lune, de VII petis rubis et de VII troches de perles (Comptes Lille L., t.2, 1467, 122).

-

[Contexte métaph.] : Et ycelui estat est la chasse qui soustient la lunete du mireeur ; icelle lune est nostre foi (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 143).

2.

"Tache de poils, de couleur différente du reste de la robe, sur le front (d'un cheval)" : ...un cheval bayart [“bai”] o longue couhe et o une lune au front (Doc. 1406. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 425). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

3.

[Pierre précieuse] Pierre de la lune. "Pierre de lune, sélénite" : La pierre de la lune est blanche, pale, à vaynes noires ou rouges, ou telle foys jaunes ; sy rent clartet de nuit telle foys en playne lune. Et telle foys ne luist fors en certaines heures et constellations. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 180).

4.

P. plaisant. "Les fesses" : Arregarde [mon cul], il est velu ! (...) arregarde la lune ! (Pass. Auv., 1477, 213).
 

"Lunaison" : Flourie la royne disoit à le volée, C'onques ne conforta la gent crestiénée En la grant tour Calabre, ne heure ne lunée (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 44).
 

"Lunatique"

Rem. Cf.  ; AND : lunetus.
 

"Folie"

Rem. Cf.  ; AND : lunetie.
 

"Celui qui fabrique les lunettes" : Et pour souspeçon de ce fut mis et constitué prisonnier ung jeune escolier de Paris, nommé maistre Pierre Le Mercier, filz d'un lunetier du Palais, qui peu de temps après fut delivré non chargé du cas. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 261). ...merciers, lunetiers et tapissiers sarasinois, une banniere (Ordonn. rois Fr. P., t.16, 1467, 673).
 

A. -

Au plur. "Paire de verres enchâssés à poser sur le nez pour améliorer la vue" : Et devant ses yeux [cette vieille] avoit deux lunetes de cristal, qui estoient encorporees et atachees a ses yeulx, car pour ce qu'elle avoit tant regarde les estoilles elle avoit aussi comme perdu la veue. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 596). ...car aussi estoie-je aucunement debilité de ma veue et ne povoie pas bien enregistrer sans avoir lunettes (BAYE, II, 1411-1417, 273). Or, maintenant que deviens vieulx, Quant je lys ou livre de Joie, Les lunectes prens pour le mieulx, Par quoy la lettre me grossoye (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 150). ...huit étuiz de cuir noir, garniz de lunettes de veirre polly, d'yvoire et de corne (Comptes roi René A., t.2, 1451, 318). ...pour achat d'unes lunettes pour ledit Triboulet III s. IIII d. (Comptes roi René A., t.3, 1452, 62). Item, je donne aux .XV. Vings - Qu'autant vauldroit nommer Troys Cens - De Paris, non pas de Prouvins, Car a eulx tenu je me sens ; Ilz auront, et je m'y consens, Sans les estuiz mes grans lunectes, Pour mectre a part, aux Innocens, Les gens de bien des deshonnestes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 132).

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Paire de lunettes : Pour huict paires de lunettes à foureau doublés pour servir à Mesdits Seigneurs Prevost et eschevins, clerc, procureur et autres à ladicte recepte du domaine (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 366). ...pour une paire de lunettes clouans pour Mondit Seigneur le Prevost, pour ce qu'il n'en avoit eu que une paire qui n'estoient pas clouans, 6 s. p. (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 367).

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Au sing. : Lors me sembla qu'entre ses belles blanches mains elle tenoit une lunette telle sans difference que celles dont le jour precedent elle m'avoit faict le devis et promesse. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 34).

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P. plaisant. "Yeux" : Folles amours font les gens bestes : Salmon en ydolatria, Sanson en perdit ses lunectes. Bien eureux est qui rien n'y a ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 63).

B. -

"Pièce de fer de forme ronde où est enchâssé le verre du cadran" : ...à un huchier qui a fait un etuy pour l'orloge de l'Ostel de ladite ville, 20 s. p., pour le salaire du maçon qui a sellé ledit etuy, et pour plastre, 4 s. 8 d. p. ; item, au serrurier, pour crampons et lunettes, 4 s. p., et pour le salaire de l'orlogeur qui l'a mise à point, 4 s. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 688).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss., s.v. lune.

C. -

"Lunule"

1.

GÉOM. : Maintenant soustrayons du semy-cercle et d'icelle quarte l'arc .m., et restera du costé de la quarte le triangle orthogone .b.p.c., et de la part du semy-cercle restera la lunette .k. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 409).

2.

MÉD. : Secondement note que quant on parle la vule ou la lunette clot le ysophagus et quant on menge, elle clot la trachee et pource ne doit on pas parler quant on mengue (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 24).
 

"Lundi"

REM. Doc. 1382-1383 (Loire, le luns, mars et mercres) ds GD V, 53c.