C.N.R.S.
 
Famille de habitus 
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 Article 1/23 
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     AMALADI     
FEW VI-1 male habitus
AMALADI, adj.
[T-L : amaladir]

"Pris de maladie" : Et comme le dit roy Jehan se vit amaladi, comme vray catholique il requist les sains sacremens (Chron. Valois L., c.1377-1397, 143).
 

DMF 2020 - Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 2/23 
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     AMALADIR     
FEW VI-1 male habitus
AMALADIR, verbe
[T-L : amaladir ; GD : amaladir ; AND : amaladir ; FEW VI-1, 92a : male habitus]

I. -

Empl. intrans. "Tomber malade"

 

Rem. Cf. GD V, 107c, s.v. maladie ; doc. 1408

II. -

Part. passé en empl. adj. "Rendu malade, pris de maladie" : Et comme le dit roy Jehan se vit amaladi, comme vray catholique il requist les sains sacremens (Chron. Valois L., c.1377-1397, 143).

 

-

P. anal. "Affaibli" : Le vent tant bouta et hurta Que le chesne a terre jetta. Tant a a bouter entendu Qu'a terre l'a tout estendu : Tout en my la riviere aval, Le chesne s'en va contreval Tout amaladi et vaincu (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 7).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Michèle Clarendon

 Article 3/23 
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     DÉSHABITUER     
FEW IV habitus
DESHABITUER, verbe
[GDC : deshabituer ; FEW IV, 371b : habitus ; TLF : VI, 1273b : déshabituer]

Part. passé en empl. adj. "Qui a perdu l'habitude (de)" : ...c'estoient povres vieux serviteurs deshabitués, peu réputés ydoines, qui se présentoient et avoient l'exercice de haux et royaux officiers (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 201).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/23 
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     HABIT     
FEW IV habitus
HABIT, subst. masc.
[T-L : abit ; GD : habit ; GDC : habit ; AND : habit ; FEW IV, 371a : habitus ; TLF : IX, 629b : habit]

A. -

"Habitus"

 

1.

"Manière d'être, état, qualité" : Santé est un habit corporel et vertu est habit de l'ame. (ORESME, E.A.C., c.1370, 276). ...il discerne et enquiert la substance des choses, la quantité, la relacion, la qualité, le siege, le lieu, le temps, le habit, le faire et le souffrir (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 161). [Nombreux ex. ds ce texte, cf. gloss. de l'éd.] Habit est une qualité de l'ame de une personne, par quoy elle est encline a operacion. Et pour ce, une vertu, un vice, une science et chescune tele chose est habit. Et cest mot est commun en science morale. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 372). Substance (...) Qualité (...) Quantité (...) Relacion (...) Action (...) Passion (...) Habit (...) Lieu (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 74).

 

-

"Manière d'être, état d'une personne, de son coeur..." : Selon les philosophes stoïques iniquité et injustice est un habit de cuer et de pensee qui destruit et gette du tout hors de la region et habitacion de bones meurs et banist justice et equité. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 82). Triumpher c'est ung grant abiz [pour qqn]. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 78). Jhesus est autant a dire comme sauveur (...) ; selon ce qu'il est dit de l'abit de sauver [Var. ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348 : sauveur], ainsi luy fut il mis de l'ange (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 196). Toutes gens sont au jour d'uy resolus Vivre en bobans et toute vanité, En dis, en fais, en abit [dissolus], Sans pencer fors qu'a la mondanité. (Cene dieux, c.1492, 110).

 

-

"Manière d'être habituelle d'une personne, de ses facultés, disposition habituelle, disposition" : C'est a savoir, droite raison selon les habis intellectuels (ORESME, E.A.C., c.1370, 330). Quant, dit il, on l'avra establi prince, celui qui se cognoistra et recognoistra en forme et habit de religion et charité d'affeccion comme frere de tout le peuple, il ne montepliera pas ne assemblera chevaux pour soy, par quoy il soit a charge a ses sougiéz pour trop grant nombre. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 57). Et mesmement teles gens sunt excercités et aptes as choses appartenantes a batailles ou as guerres selon leur habis. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 263). Et pour ce que je li ai dit L'afaire de vous et l'abit, La proece et la grant vaillance, Elle y a pris si grant plaisance Que... (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 67). Car Vertu est ung habit de coraige (TAILLEV., Psaut. vil. D., a.1440, 116). Car quant auras vertu par habit eue, Tu verras que le vice subit tue (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 84). Se tu vouldras scavoir comment Dieu scet les choses mauvaises, il est a noter qu'il advient que par deux manieres on congnoist aucune chose. L'une est par l'espece et forme propre de la chose ou par forme estrange et d'aultre chose. Par la premiere, on congnoist les habits ou les habitudes, comme les habits du couraige ou d'entendement ou du corps. Comme sapience et science et vertu sont habits de l'ame, force, vigueur, beaulté des membres et la disposition d'iceulz et la composition du corps sont habits corporelz. (Somme abr., c.1477-1481, 165).

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 11 (v.21993 : ...onques on ne veit Plus beal homme de luy, ne de plus saige abit).

 

-

Habit de qqc. "Disposition à qqc." : Et semblabement en notre propos, il a grant difference entre le habit de vertu et l'operacion. (ORESME, E.A., c.1370, 125). Et prudence n'est pas du tout ceste puissance demotique, mais prudence n'est pas senz elle ; car l'abit de prudence n'est pas fait en l'ame ne adjousté a cest voiement, c'est a dire, a ceste puissance cognitive qui est demotique senz vertu moral. (ORESME, E.A., c.1370, 357). Ceste condicion resgarde l'abit de vertu, qui doit estre ferme et immouvable et non pas de legier variable. (ORESME, E.A.C., c.1370, 156). Item il donne grace aux justes en donnant l'habit de vertu et le mouvement de vertu, afin que par le premier il face l'homme agreable a Dieu et digne de la vie eternele. (Somme abr., c.1477-1481, 179).

 

-

Au plur. "Moeurs, habitudes" : [On ne connaît rien quand on n'a pas voyagé] De la creance, des habis, Des vivres, des divers estas (...) : Il ne scet rien qui ne va hors. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 69). Il exposoit parfondement Nos habis ! (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 300).

 

2.

"Apparence, forme extérieure de qqn, de qqc." : ...et il vit l'abit et la forme d'Ercule qui li sembla estre plus grant et plus autentique que humanité ne requert (BERS., I, 1, c.1354-1359, 7.9, 12). ...car certes l'abit et la fourme d'Italie li eust semblé tout autre que cellui d'Ynde (BERS., I, 9, c.1354-1359, 17.17, 32). ...il estoit deceu de l'erreur des paians en croiant que les personnes qui sont en enfer sont toutes de telle forme et habit et maniere que ils estoient quant il vivoient sur terre (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 195). Mais faussement le deçoipt en li donnant esperance de repos quant par paroles et habit il li ment en soy disant estre Samuel. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 196). [Nombreux ex. ds ce texte, cf. gloss. de l'éd.] Mais un escript Truis qui descript De Jhesu Crit Qu'il convenoit que il souffrist Pour entrer en sa gloire, Et qu'il venist Et descendist Et qu'il preïst, Dame, en vous nostre humain habit. Certes, c'est chose voire. (MACH., Lays, 1377, 400). ...il [les contemplatis] se sont traiz et mis en l'espicial partie de Dieu et non pas a li servir de cuer ou par dedans seulement, mais en habit et estat par dehors singuliérement (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 228). ORILLART. Se semble ung mouton qu'on escorche, La peau s'en vient avec l'abit. CLAQUEDENT. Tant a il plus nouveau l'abit Ses playes luy sont bien ramentues. (Yci le mettent tout nud) (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 386). [La rime avec habit au sens de "vêtement" tend à prouver que habit au sens de "habitus" paraît un mot différent]

B. -

En partic. "Apparence vestimentaire, manière de se vêtir, tenue vestimentaire" : Quant elle a son amy perdu Par mort, le cuer si esperdu A, que jamais n'avera joie, Eins quiert lieu, temps, et gens, et voie, Ou il ait tout adès tristesse, Humble habit en lieu de richesse, Tenebres en lieu de clarté, Et en lieu de joliveté Pour porter chapelès de flours Ist de son chief larmes et plours (MACH., J. R. Nav., 1349, 194). ...mes pour verité nulle chose ne les cela tant, feust semblance de lengue, estrangeté d'abit ou fiction d'armez, comme fist ce que il par simulacion disoient impossible et que c'estoit horreur a oïr que nuls homs estranges osast jamés entrer et soy embatre dedens les saulx et forés ciminins. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 36.6, 66). Veoir poras pluseurs, vesves anchois qu'elles soient mariees, maleureuses en conscienche, tant seulement porter l'abit de viduité, qui vont teste levee et comme jouant des piés alant mignotement... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 354). Ne pense pas, bele, qu'en vain me plaigne : Voy mes cheveus, voy ma barbe grifaingne ; Voy mon habit Qui de ma mort te moustre vraie enseingne ! (MACH., F. am., c.1361, 167). ...Qu'abit onques ne vi si cointe (MACH., Voir, 1364, 214). ...en l'abit de dueil et de vesvage (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 61). Mais mon habit je changeray, De peur que je ne soye congneu. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 156).

 

-

De vil habit. "Mal habillé ; habillé de façon misérable, négligée" : Et en ce mesmes temps fut pris par justice a Lille et mené a Tournay ung herese (...). Estoit lait et de vil abit. Alloit deschaulz et a nuz piéz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 226).

 

-

De l'habit de qqn. "Qui porte la tenue (militaire) de (d'un grand seigneur)" : Et quant il fut a la porte de son logis, il dit au cappitaine de la garde qu'il ne menast que un peu de gens, tous les barons, et les cent hommes de son habit. Tantost ledict cappitaine ce mit devant avec cent hommes d'armes (Jehan de Paris W., 1494-1495, 76).

 

-

Habit desconnu / desguisé / dissimulé / mesconnu. "Tenue déguisée (pour ne pas être reconnu)" : ...en habit desguisé (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 245). La se tinrent moult longuement sans en yssir hors de dedens une fosse, sinon l'un d'eulx qui avoit a nom Malcus, qui aloit et venoit en la cité en habit mescongneu pour avoir leur necessité. (MANSEL, Fleur hist., c.1446-1451. In : Chrestom. R., 114). ...en abit dissimulé (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 296). ...que souventesfoiz en abit dissimulé la yroit veoir (LA SALE, J.S., 1456, 301). ...si seray en habit si descogneu que vostre veille ne ame du monde n'ara garde de moy cognoistre. (C.N.N., c.1456-1467, 259). Elle fut prinse a tout l'abit dissimulé par son mary qui l'avoit poursuye [La femme déguisée en moine] (C.N.N., c.1456-1467, 374). ...la quelle Gondobondus son oncle bannyt de son païs et l'envoya en abit dissimulé. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 4). ...Comme ceulx cy mal advisez Qui en leurs habitz desguisez Estoient venus par devers moy. (Sots gard., a.1488, 109).

 

-

[Dans un cont. allég.] : Et premierement elle print ung habit qui se nommoit dissimulacion : il me estoit avis que ce estoit familiere prodicion ou trayson. (GERS., Noël, p.1404, 305).

 

-

Habit de + subst. désignant celui qui typiquement porte un tel vêtement : Si s'en alerent la en abit de pasteurs, armez de javeloz rustiques et agrestez et de faulx (BERS., I, 9, c.1354-1359, 36.6, 66). ...l'abit du menestrier (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 239). Lors abit de femme laissames, Conme hommes nous habituasmes (Mir. fille roy, c.1379, 112). ...icellui homme, qui estoit en habit d'omme marchant de village (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 134). ...et ce que aussi il est homme vacabond et de mauvaise vie et gouvernement, et avoit nagueres prinse à Chailliau une joine fille et icelle vestue en habit de homme pour la mener par le païs et en faire sa volunté (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 525). ...à cause de quoy [maistre J. Chanteprime] venoit quant ly plaisoit ceans et seoit avecques les autres seigneurs en habit de conseiller, comme par avant. (BAYE, II, 1411-1417, 172). Hoster vois fere mes cheveulx Et vestiray ung habit d'omme, Grace ou quel g'yray en personne Visiter les povres de Dieu Crestiens, lesquelx en ce lieu Sont boutez pour tenir sa foy. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 137). ...et vist que les aulcuns estoient en abit de chevallier et grans princes, les aultres en abit de chanoisnes, les aultres en abit de moysnez. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 190). Dy luy aussi pareillement [à Jeanne d'Arc] Qu'elle se veste en abit d'omme ; Je luy donray le hardiment Pour mieulx que le cas se consonne. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 290). Cestui, congnoissant la nativité de son superior Sardanapalus, pour experimenter icelle, ung jour lui ala porter aucuns reddevers que de sa terre avoit receuz, et le trouva habitué en habit de damoiselle, fillant et faisant petites pouppées (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38 r°).

 

.

Prendre (l')habit de : ...[il] cogneut et confessa par serement qu'il est nez de la ville d'Estrepigny, homme chartier et de labour, et que, puis VJ ans ençà, a prins l'abit d'ermite par devocion. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 312). Et quant il le sceust, il prinst habit de pellerins qui alloient en Egipte (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 28).

 

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Habit à : Flateur pourra icy dire : "Reprens tu les habiz a roynes, a damez, a damoiselles ? Veulz tu qu'ellez soient vestues comme femmes de village ou comme beguinez ?" Response : je ne reprouve que l'excez et l'abuz et l'orgueil et le mal acquest (GERS., Annonc., a.1400, 238).

 

.

En partic. Habit de moine / de prestre / de religieux : ...ycellui evesque, seul estant en sadite chambre, lonc vestu, n'est record s'il avoit housse ou habit de prestre qui vueille chanter messe, ne de quel drap il estoit vestu, lui donna, en la saison de karesme, en un jour de mercredi, tonsure de clerc (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94). ...un nommé Guerquin (...) doibt aler et repairer en Flandres, comme à Gravelines, à Durbarque, à l'Escluse, et doit retourner en habit dez moisnes de Saint-Vremet. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 388). ...fut prinse conclusion par eulx tous ensemble que chacune d'elles aroit habit de religieux (C.N.N., c.1456-1467, 373).

 

.

Habit + adj. de relation : ...il changa son abit royal en abit de saquement (CHART., Q. inv., 1422, 53). Ung riche abbit imperial... (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 193). ...en habit nupcial (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 218). ...nostre pasteur Devest abis episcopaux (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 391).

C. -

[Surtout au plur.] "Vêtement (de dessus)" : ...une escarlate vermeille entière de Broixelles, contenant XXIIIJ aulnes (...) pour faire les habiz qui s'ensuivent (...) XIIIJ aulnes, pour faire une robe de IIIJ garnemens pour le Roy nostredit seigneur (...) et IIIJ aulnes pour faire deux courtes houppellandes à chevauchier (...) et VJ aulnes pour faire chausses (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 126). ...trois assez honnestes compaignons court vestus, n'est recorde des couleurs ne des fourrures ou doubleures de leurs habis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 263). Sendaulx, samis et atabis Et tous draps, dont l'en fait abis De soye riche, cointe et noble Y a plus qu'en Constantinnoble. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 138). ...les paremens et habis Tant riches et beaulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 261). ...pour avoir advis et deliberacion en quel estat et en quelz habis ilz [les conseillers du Parlement] seroient au premier advenement du Roy, que on atendoit prochainement à Paris. (FAUQ., II, 1421-1430, 345). Ce jour, vint en la Court le recteur et pluseurs des maistres de l'Université en leurs abitz acoustumés (FAUQ., III, 1431-1435, 101). ...et le mena desaérmer en une chambre et le vesti de moult nobles habis. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 348). ...quand vint au departir, elles vestirent leurs habiz qu'on leur avoit appareillez, et en cest estat s'en retournerent devers leurs hostelz et s'en allerent devestir, et mettre jus leurs habiz de devocion [Des femmes s'habillent en moines pour retrouver leurs amants au monastère] (C.N.N., c.1456-1467, 374). Or alons donc a nostre maison, Et tous mes abis muarey. (Pass. Auv., 1477, 139). ORILLART. Se semble ung mouton qu'on escorche, La peau s'en vient avec l'abit. (...Yci le mettent tout nud) (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 386). ...Vestuz d'abiz moult sumptüeusement Tres bien fourrez de martres subelines (LA VIGNE, V.N., p.1495, 216).

 

-

Habit de chef / de teste. "Ce qui sert à couvrir la teste" : ...les dames sont prestes D'entrechangier aux jours communs, aux festes, L'abit des chiefs en estrange maniere [les femmes changent constamment de coiffure] (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 201). ...cinq paulmes et demy dudit veloux, pour faire ung habit de teste pour envoyer à madame de Lorraine l'aisnée (Comptes roi René A., t.2, 1478, 66).

 

-

Habit du siecle. "Vêtement séculier ; p. méton., genre de vie séculier" : Bien tost aprés ce qu'el fut veuve L'abit du secle delessa [elle prit l'habit monacal] (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 91). ...mais pour l'amour de nostre Seigneur (...) desiroit fervament d'estre serviteresse d'auculnes bonnes et devotes religieuses ; et de fait pour ce desir accomplir, elle existant encore en abit du siecle, elle ala humblement presenter en aulcun monastere de dames de religion (PIERRE DE REIMS, Vie ste Colette U.A., 1447, 15).

 

Rem. Autre ex. pour le sens de "genre de vie séculier", communiqué par G. Roques : c.1300, ms. fin XVe s., ds Rev. Et. Franciscaines 22, 449.

D. -

En partic. "Vêtement de religieux, vêtement monacal" : ...a vous toutes deux nous envoie Dire que vous mettez a voie De venir (...) Prendre nostre religion Et nostre habit. (Mir. femme, 1368, 230). ...pour prandre l'abit de Sainct François et devenir Cordelier de l'observance (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 190). ...mais la profession, c'est jurer de garder les saints veux et estatus de la sacree religion, en laquelle il se submet, par sacree ordre aussi recepvoir, et par la susception de l'habit de la religion. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54).

 

-

Porter l'habit : Requis à il qui parle comment il scet que les deux qui se disoient jacobins estoient d'icelle ordre, dit que il le scet parce que ilz se disoient telz et en portoient l'abit, c'est assavoir que ilz estoient vestus de leurs chappes noires, fendues devant, et dessoubz vestuz de blanc. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 464). ...Voulant porter l'abit devostement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 371).

 

-

Estre en habit et tonsure / en habit et tonsuré. "Être clerc ; appartenir à un ordre religieux" : Et il estoit vray que li dis Symon estoit mariéz, se ne savoient s'il estoit en habit et tonsure, et pour che, requeroient leur dit bourgois estre restablis. (Hist. dr. munic. E., t.3, 1374, 416). Et ce jour mesmes vint l'official de Magalonne qui me requist ledit Morasgnes comme clerc marié. Et après que je fu informé qu'il estoit en habit et tonsuré, je le rendi audit monseigneur l'évesque de Magalonne et à son official, à la charge de ladicte somme et luy fis deffense qu'il ne procédast à la délivrance et eslargissement dudit Morasgnes sans mon ordonnance (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 212).

 

-

Estre en habit et possession de tonsure : ...il est clert, en habit et possession de tonsure, non tenu de respondre par davant ledit mons. de l'accusacion dessus dite (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 294).

 

-

Prov. L'habit ne fait pas le moine : Li abbit ne fait pas le moynne. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 51). Voirement dit on voir : l'abbit Ne fait pas le religieux (Mir. Theod., 1357, 107). ...l'abit ne fait pas le moyne. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 97). L'abit le moyne ne fait pas (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 362). L'abit ne fait mie le moisne. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196). ...l'abit ne fait pas le moyne. (BUEIL, I, 1461-1466, 101). De ceste solennité de veu, il fault noter que aucuns dient en trois manieres de veu sans estre solennisié par propre profession, car l'habit ne fait pas le moyne, mais la profession (Sacr. mar., c.1477-1481, 52).

 

Rem. Morawski, 1053 ; Prov. H., 132 [H1].

 

.

Prov. : L'abit et la profession Ne font pas la religion. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 280).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 5/23 
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     HABITUATION     
FEW IV habitus
HABITUATION, subst. fém.
[GD : habituacion ; FEW IV, 371b : habitus]

A. -

"Fait d'être habitué, habitude" : ...les habituations de l'ame ont si grande colligance et alliance ensemble... (Chirurgie Chauliac B.-T., p.1472, 9). Et notez que ung angele en la congnoissance des choses en sa propre nature congnoist pluseurs choses ensemble par maniere de habitude et de habituation ou par maniere de habit comme d'avoir science de pluseurs choses, mais point actuelement, car de fait et actuelement ne puet congnoiste pluseurs choses ensemble. (Somme abr. M., II, c.1477-1481, 96).

B. -

"Habitation"

 

Rem. Expos. de la reigle M.S. Ben. (éd. 1486 ; frequentant les personnes et les habituations seculieres ; l. habitations ?) ds GD IV, 395a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 6/23 
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     HABITUEL     
FEW IV habitus
HABITUEL, adj.
[GDC : habituel ; FEW IV, 372a : habitus ; TLF : IX, 635a-b : habituel]

"Reçu au baptême et qui demeure"

 

-

Douceur habituelle : Vecy la doulceur et consolation que les bonnes personnes ont tousjours habituelement et ung chascun selon la grace a lui donnee. Et combien que ceste doulceur habituele aulcunes fois telement se respant qu'elle rent le cuer fervent et joyeux a tous biens espirituelz... (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 161).

 

-

Grace habituelle : ...quant une personne indigne le reçoipt [le saint Sacrement] et nulle grace habituele ne luy est infuse ne donnee... (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 151).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/23 
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     HABITUELLEMENT     
FEW IV habitus
HABITUELLEMENT, adv.
[GDC : habituellement ; FEW IV, 372a : habitus ; TLF : IX, 635b : habituellement]

"De manière habituelle, par l'effet d'une habitude, habituellement" : Vecy la doulceur et consolation que les bonnes personnes ont tousjours habituelement et ung chascun selon la grace a luy donnee. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 161). Lymage de recreacion est entendu en ce que lame se conforme actuellement ou habituellement a dieu par congnoissance et amour de sa diuine bonte. (CIB., p.1451, 204). Il est aussi une conformeté selon l'abit et l'abitude, qui est par dedens habituelement, a laquelle on n'est pas tenu, si non quant il souvient de fait de la bonté de Dieu en pensant et meditant, et adont se doibt preparer a la charité et amour de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 174).

Rem. MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., ms., c.1386-1389, ds GDC IX, 741a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 8/23 
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     HABITUER     
FEW IV 371b habitus
HABITUER, verbe
[T-L : abitüer ; GD : habituer ; GDC : habituer ; FEW IV, 371b : habitus ; TLF : IX, 636a : habituer]

A. -

[En relation avec habit]

 

1.

"Habiller"

 

-

Empl. pronom. "S'habiller" : De ses drapz se despoulle qu'il avoit endossez, Et drapz de siecle a priz, si s'est habituez Bien et joliement comme chevalier loez (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 41). Un drap print d'un varllet dont il s'abitua (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 439). Lors abit de femme laissames, Conme hommes nous habituasmes, Si partismes de nostre lieu (Mir. fille roy, c.1379, 112).

 

.

S'habituer à (un vêtement) : Aimart de Poitiers s'i vot abituer [à une robe] (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 273).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Vêtu, habillé" : Puis qu'abituées nous sommes Et vestues con fussions hommes, Partir nous fault sanz faire noise. (Mir. fille roy, c.1379, 49). ...veu l'estat dudit cousturier et l'abit dissolu dont il est habitué, ce qu'il est vacabond et ne euvre aucunement de son mestier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 480). ...on le fist parer [le roi] De robe belle et bonne c'on avoit fait ouvrer, À fin or et à pierles noblement façonnée. Forment s'en cointioit et voloit regarder, Car pièça ne se vit si bien abitué. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 369). ...et fist son département en guise de moisne et ainsi habitué. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 89). ...vestus et habitués de leurs mantiaulx, chaperons et habillemens (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 442). SCIENCE. Au temps doré je estoie habituee De grans habits tixus subtillement, De jardinniers vaillans esvertuee ; Chief de camail portoie haultement. Denigree suis huy et subsequemment Descoulouree de ma face et plaissance (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 22). ...un josne fille (...) nommee Jehanne, laquelle estoit vestue et habituee en guise dhomme [l. d'homme] nee des parties dentre [l. d'entre] Bourguoingne et Lorraine dune [l. d'une] ville nommee Dormy assez pres de Vaucoullour. (WAVRIN, Chron. H., t.3, p.1471, 262). ...ung jour lui ala porter [à Sardanapale] aucuns reddevers que de sa terre avoit receuz, et le trouva habitué en habit de damoiselle, fillant et faisant petites pouppées (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38 r°).

 

.

P. ext. Habitué en qqc. "Placé en qqc." : Mais premier me dist que, veu et congneu la necessité en quoy en celle heure j'estoie moult pouvrement habitué et hors de grace de la Court, que bien a male peine je seroye d'elle escouté (Abuzé D., c.1450-1470, 116).

 

2.

"Équiper" : Adont ala Henris cez frerez adouber, Il méismez aussy s'ala il enarmer ; Et quant il vit cez frerez ainsi abituer, Du gentil cuer qu'il ot, a pris à soupirer (Hugues Capet L., c.1358, 104). ...Et la [à Bethleem], en ung lieu povrement Habitué, tant doulcement Chantoient les angelz que merveille (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 231). Las ! je voy bien que sur povre litiere De feurre et foain en lieu petitement Habituié prendra naquissement (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 142).

 

-

Habiyué de. "Pourvu de" : ...ledict païs de Poictou (...) habitué et decoré de trois eveschiez... (Reg. Poitiers F., t.3, 1469, 100).

B. -

[En relation avec habitude]

 

1.

"Demeurer la plupart du temps (en)"

 

a)

[D'une pers.] Habitué en qqc. "Qui demeure en qqc." : Mais il veult dire que celui qui est bien habitué en vertu, il a bien tost delivré et resgardé et conclus que est a faire et procede briefment a l'execucion senz grant dilacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 216).

 

-

Prebtre habitué. "Prêtre attaché au service d'une paroisse, mais qui n'a ni charge ni dignité dans l'église de cette paroisse" : Silvestre de Julliers, prebtre habitué en l'eglise de Tournay, prenostica, l'an VIIIe du regne de Henri, la grande habondance de nege qui fut si excessive que plusieurs forestz en furent rompues. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 v°).

 

.

Empl. subst. Habitué : Les dits enfans et autres prindrent encores trois des dits habituez et firent faire éleccion d'un évesque des sotz, et de nuyt allèrent parmy la ville à son de trompe, et portèrent l'évesque à grans falloz, jusques à une porte près d'une fontaine, où ilz baptisèret le dit évesque de trois seaulz de eaue qu'ilz lui gectèrent sur la teste (Doc. 1499. In : Bibl. Éc. Chartes 3, 1841-1842, 571).

 

b)

[D'une chose] Habitué de. "Lié à" : Le tiers signe si peut l'en mettre Quant nous semble le corps célestre, Habitué de grant douleur, Maintesfoiz de rouge couleur, Ou de jaune à rougeur tendant, Pour la vapeur en l'air pendant (LA HAYE, P. peste, 1426, 53).

 

2.

Empl. pronom. S'habituer à qqc. "S'appliquer assidûment à qqc." : ...laisses les charnalitéz et delis du corps et basses choses aux bestes mues qui n'ont autre gloire, et t'abitues aux grandes euvres qui parfont l'ame et donnent renommée. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 175).

 

-

S'habituer à + inf. : ...Il se habituent et accostument a jeter pierres à la main (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 379).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 9/23 
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     MALADE     
FEW VI-1 male habitus
MALADE, adj. et subst. masc.
[T-L : malade ; GDC : malade ; AND : malade ; DÉCT : malade ; FEW VI-1, 87b : male habitus ; TLF : XI, 227a : malade]

I. -

Adj. "Dont la santé est altérée"

A. -

[D'une pers.]

 

1.

[Attribut] : Mais je me doubt d'estre malade, Tant ay le cuer pesant et fade (Mir. abbeesse, 1340, 75). ...a tous besoins te porteray, Aiderai et conforteray, Trés loiaument et de bon vueil, Ne jamais laissier ne te vueil, Sain, malade, lié ne mari, Ne que la femme son mari. (MACH., R. Fort., c.1341, 71). Puis s'en raloient en Grenade, L'une heure sain, l'autre malade, L'une heure a cheval, l'autre a pié. (MACH., D. Lyon, 1342, 210). Cils nobles rois dont je vous conte, Toutes les fois qu'en sa nef monte Et il vient dedens la mer haute, Il le couvient estre sans faute Malade si tres durement Et si tres perilleusement, Qu'en la mer ja ne dormira, Ne buvera, ne mengera, Jusques à tant qu'il voise à terre : Là puet il sa garison querre (MACH., P. Alex., p.1369, 51). Li roys en son païs revint, Où si fort malades devint Qu'il jut en son lit moult griefment, Sept semainnes entierement. (MACH., P. Alex., p.1369, 255). ...et cuide souvent celui qui est malade que felicité soit avoir santé, et le souffrecteus dit que c'est avoir richesces (ORESME, E.A., c.1370, 109). Aucuns vivent selon tous leurs desirs, et tousjours sont sains. Lez aultres gardent toutes lez ruiles d'Ypocras, et tousjours sont malades. (Songe verg. S., t.1, 1378, 236). ...saichant le dessus dit Jehan de Ruilly, son voisin, estre homme de bonne vie, estat, gouvernement et renommée, et qu'il estoit moult malades, voulant esprouver les enseignemens à li faiz par sadite marrine, et en entencion de bien faire, et pour vouloir à son povoir trouver le remede de la santté et garison dudit de Ruilly, ala veoir icellui de Ruilly, qui estoit tout malades et couchiez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 293). Et Remond commence a souspirer comme cil qui grant douleur sentoit, et celle [Mélusine] l'embrace et lui demande : Monseigneur, que vous fault il ? Estes vous malade ? (...) Et cil lui respond, qui moult fu joyeux : Ma dame, j'ay esté un pou malade et ay eu ung pou de fievre en maniere de continue. (ARRAS, c.1392-1393, 244). Et pour lors estoit Remond moult malade et avoit fait son testament, et laissa a l'eglise moult de richesse, et a son chappellain, et a son clerc. (ARRAS, c.1392-1393, 289). ...en son lit Gist malade (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 132). Certes, ma'amye, j'apperçoy bien que vous estes malade et en grand peril. (C.N.N., c.1456-1467, 38).

 

-

Malade de telle maladie : Cedit jour, estoient presques touz messeigneurs de Parlement malades de reume et fievre tout ensemble, par une pestilence d'air qui a couru et cuert puiz l'entrée de ce present moiz (BAYE, I, 1400-1410, 89). ...le Roy estant malade en son hostel de Saint Pol à Paris de la maladie de l'alienation de son entendement (BAYE, I, 1400-1410, 137). Mes amies et voisines, quant vous alez au retrait, gardez vous de torchier vostre derriere de fueilles et pour aussi vray que euvangile, jamais ne serez malade du mal de sainct Loup de Fueilloy. ["érysipèle"] (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 103). Femme qui est malade de la rougereule doit prendre de l'eaue qui aura esté benoite le dimence et d'icelle en faire un chaudeau et en humer, et pour certain elle en garira. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 113). Se une femme est malade des varoles, il convient que son mari achate un noir aigneau de l'annee et qu'il couchie et lye sa femme en la peau d'icellui aigneau toute chaude, et qu'il face son pelerinage et offrande a saincte Arragonde, et pour certain elle en garira. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 113). Henry le Quint fut malade de alopisie, qui est ladrerie ou cueur et à la teste. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 180). Je demouray à partir aulcuns jours, pour ce que le roy fut malade de la verolle et en peril de mort, pour ce que la fièvre se mesla parmy (COMM., III, 1495-1498, 46). Et, se je povoye prandre Lethore, elle seroit mienne de bon gaing, et ne l'auroient jamais l'un ne l'autre, et seroit pour tenir tout en subgection. Mons. de Maillé est aujourduy arrivé, qui a laissé monseigneur de Guienne à Sainct-Sever malade de fièvres cartes (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 278).

 

-

En partic.

 

.

[Avec un compl. interne] : Malade de mal ennuieux, Faisant la peneuse sepmaine, Vous envoye, ma souveraine, Un souspir merencolieux. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 2275). ...le Roy estoit malade de sa maladie acoustumée, et m'a commendé ledit seigneur que je lui feisse sa lettre. (BAYE, II, 1411-1417, 105). ...le prince de Savoye y devint malade de maladie, dont il ala de vie à trespas audit lieu d'Orleans. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 260).

 

.

Malade d'amour : Douce Pensee est une chose Qui est en cuer d'amant enclose, Engendree par Souvenir - D'ailleurs ne puet elle venir - Si douce et si melodieuse, Si plaisant et si amoureuse, Qu'il est po de choses plus sades A cuers qui d'amours sont malades. Et comment qu'elle soit sensible, Vraiement, elle est invisible, Car nuls homs ne la voit ne sent, Fors cils en qui elle descent. (MACH., C. ami, 1357, 76).

 

.

Malade du mal saint Martin. "Ivre" : Visage de baffe venu, Confit en composte de vin, Menton rongneux et peu barbu, Et dessiré comme un coquin, Malade du mal saint Martin Et aussi ront q'un tonnellet (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 145).

 

-

Malade + compl. de cause : Et auxi a l'aventure sa femme a deux ou troys ou quatre enfans ou plus ou moins et est grousse encore, mais el est plus malade de ceste groisse ["grossesse"] que de toutes les aultres, dont le bon home en est en grant soussy et en grant douleur de lui querir ce qu'il li plaist. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 66). -- Ne vous souvient il, fait elle, comment je fu tant malade de noustre enfant et que je me voué a Nostre Dame du Puy et de Rochemadour, et vous n'en faites compte. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 68).

 

-

Malade de son corps : Il est une gent mal senee Qui dient que c'est par pechié Quant qui que soit est entechié D'aucune telle maladie,Et que Dieu cellui n'aime mie Qui est malade laidement De son corps (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 94). Trois sepmaynes, sans reposer, Ma fille les fievres a heu Et au lit depuis lors a geu, Maigre, deffaicte, macte et fade, Sans jamais partir dudict lieu Tant estoit de son corps malade. (LA VIGNE, S.M., 1496, 469).

 

-

Accoucher/s'accoucher malade. "Se coucher, s'aliter à cause d'une maladie" : Et en ce temps le dit prince acoucha malade d'une moult grieve maladie et devint ytropite. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1375, 67). Quant il fut retourné à l'ostel, s'acoucha-il au lit moult malade tant que il le monstra, car il morut au IIIe. jour aprez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 113). ...il vinst à Vernon et là acoucha malade, et fut tant la maladie griefve qu'il en mourust (Chron. Valois L., c.1377-1397, 132). ...il vinst à Vernon et là acoucha malade, et fut tant la maladie griefve qu'il en mourust (Chron. Valois L., c.1377-1397, 132).

 

-

Estre couché malade : Et pour ce qu'il lui fu dist que ladite Perrete estoit couchiée malade en l'Ostel-Dieu de Paris, pour les bateures faites par sondit mary, ala par deux ou trois fois veoir icelle Perrete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 275).

 

-

Gesir malade : ...le dous chant de la calendre, Qui est de si noble nature Que, quant aucune creature Malades gist, et on li porte, On scet a li tantost, se morte Sera de ceste maladie Ou s'elle en doit estre garie, Car se la kalendre l'esgarde, On est certeins qu'elle n'a garde ; Et s'elle li tourne la teste, On scet bien que sa mort est preste Et que mais garir ne porra De ce mal, einsois en morra. (MACH., D. Lyon, 1342, 161). Or retournons ung petit au duc de Lancastre qui gisoit malade en la ville de Saint-Jaque (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 132). La royne, qui en son lit Gist malade, a pou de delit, Adés ne fine de penser Comment de s'en vengier penser Pourra pour le traitre trahir, Que si mortelment doit hayr (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 132). Par une, gist malade, mis Ou lit d'amertume et grevance, Requerant tous ses bons amis, S'il meurt, qu'on demande vengeance. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 497).

 

2.

[Épithète] : Quant à raison, est chose neccessaire, tout ainsi que se un bon phisicien estoit establi à garir le corps d'un homme malade par toutes ses parties et il en reservoit à garir les jambes et les piéz ou autres menus membres, on ne tendroit mie la cure estre belle ne tout le corps sain. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 117). La est le lieu ou Amours le gentis Tient son escole a tous ses apprentis Sains et malades, Dont les plusieurs portent leurs couleurs fades. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 167). Encor voys tu que le pacient malade se esvertue et prent espoir de sa guerison, pour seullement povoyr soy plaindre et parler au mire. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152). Avecques ses gens tant malades que sains, Six jours entiers leans se reposa, Ne de marcher oultre ne disposa Pour reverence du jour de la Toussaincts. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 196).

B. -

[D'un organe] "Atteint d'une affection" : Quant l'oz est malade, la char qui est environ palle est malvaiz signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 96). Il vint a l'heure accoustumée veoir cest oeil malade (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

-

[Dans un contexte métaph.] : Et, quant il a aucun domage es offices ou par la negligence du prince ou aucune dissimulacion et que la vertu ou renommee d'aucune office est appeticiee, le prince encourt laides taches et honteuses, car ses membres sont malades et lais. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 84).

C. -

[D'un animal] : Et les doit mener en aucun lieu ou il ait herbes tendres, comme sont blez ou autres choses, pour pestre de l'erbe et fere leurs medicines, quar aucunne foiz chienz sont malades et lunadges, si se garissent et vuident quant ilz ont mengié de l'erbe. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 143). Se ung esprevier est malade tellement qu'il regecte sa viande quant il a esté peu, ouvrez luy a deux mains le becq et luy boutez dedens la gorge comme une feve de beurre fraiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 166). Item, quant aucun oisel de proye baille par troiz foiz de renc et fait mate chiere, c'est signe qu'il est malade (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 168).

 

-

[Dans un contexte métaph.] : ...or advisez et pensez comment vos brebis sont malades, c'est assavoir vostre povre peuple, il en a tant que plus n'en peult (JUV. URS., Verba, 1452, 272).

D. -

P. anal.

 

-

[D'un pays, d'une institution] "Affaibli, en mauvais état" : ...les tirannises sont venues a vostre congnoissance, et tousjours tout a esté retorqué sus le povre peuple, et l'avez laissee, "scilicet France", tellement malade et en tielx mains dont elle ne se pourra relever, c'est assavoir en la main de tirans, a les bien nommer, et par la faulte de justice luy avez osté magnificos suos , les notables gens d'eglise, nobles et bourgois, qui a falu qu'i s'en soient alez par ce qu'ilz n'avoient que menger. (JUV. URS., Loquar, 1440, 364). ...vous [le Prince] estes l'arme de la chose publique, laquelle est vostre corps, qui est tant malade que chose peut estre, et en icellui corps sont tous signes de mort, et n'y a comme point de remede, se brief ne luy mectez (JUV. URS., Loquar, 1440, 376).

 

-

[D'une chose abstr.] "Dans un état de faiblesse" : De ce dist Seneque en l'epistre a Lucille : "Le commenchement d'aler aux vertus est hault ou difficile, pour che la feible pensee et malade le resongne au commenchement et quant elle est inexperte." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 181). ...ma vertu est inferme et moult malade, et m'a laissé en main dont je ne me pourray relever (JUV. URS., Loquar, 1440, 364).

 

-

[D'un vin] "Qui tourne à l'aigre" : Item, s'ilh y at aulcuns vins malaides, jugies de mettre en assay por doubtanche qu'ilh ne pourissent, ly maire en doit eistre saisis et metre en lieu covenable aux frais del partie. Et, s'ilh revinent à eaux ou tournent sour aygreur, ly partie les doit ravoir, parmy les costainges et le herbegaiges paiant raisonablement (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 115). Car aucuns vendangent avant que les raisins soient meurs ; et pour ce ilz font petit vin, et soubtil et malade vin, et qui point ne puet durer. (Rustican H., 1373-1374, 94). Et quant aux vins, sachiez que se ilz deviennent malades, il les convient gairir des maladies par la maniere qui s'ensuit (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 133).

II. -

Subst. masc. "Personne qui souffre de maladie" : Que le medecin se demonstre selon ce qu'il appartient, aussi que le malade, que presens et assistens, que choses de par dehors se monstrent selon ce que doivent estre. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 53). Les condicions qui sont requises au malade sont troys : c'est assavoir qu'i soit obeïssant au meige comme serf au seigneur (...) qu'i se confie du tout en luy (...) et qu'il ayt pacience en soy mesmes. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). Ne peut malade a li venir Qu'il [un saint homme] ne garisse tout a net, Quelque maladie qu'il ait, Sanz herbes mettre ne racines (Mir. st Val., c.1367, 131). Quant il furent bien reposé Et li navré mieux disposé, Le prince et toute la brigade, Grant et petit, sain et malade Monterent dedens les galées Que le tricoplier amenées Avoit de Chypre, et s'en alerent. (MACH., P. Alex., p.1369, 171). Si comme en esté par grant chaut, l'en ne dit pas a un homme ou deffent que il ne sue, ne a un malade que il ne se deule ou a .I. autre que il ne ait fain et ainsi de teles choses. (ORESME, E.A., c.1370, 197). Car quant un malade se guerit de sa maladie soubdainement et oultre conmun cours de nature, c'est signe qu'i soit gueriz par miracle et par la grace du Saint Espirit. Or est ainsi, come l'en dit, que, aux roys de France, par l'unction et la consecracion royal, le Saint Espirit donne pover de guerir lez malades de escrouelles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 131). ...tu feras come font lez phisiciens, lezquelx, quant ilz voient que lez remedes acoustumés ne puent profiter aux malades, ilz usent de contraires remedes (Songe verg. S., t.1, 1378, 340). ...ou jour d'yer, environ heure de vespres, elle estant en l'eglise de mons. Saint-Jehan en Greve, se tray près d'un homme qui estoit en ladite eglise, et regardoit les malades qui en icelle eglise prenoyent congié de mons. saint Jehan (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 324). Nez reconforte [Espérance] les malades, A qui les viandes sont fades (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 92). ...[elle] se commenca a plaindre et faire si tresbien la malade qu'il sembloit que une fievre continue luy rongeast corps et ame. (C.N.N., c.1456-1467, 134). Il [Jésus] soloit malades guerir, Les mors en vie revenir ; Maintenant ne ce peult saulver Ne d'entre noz mains eschaper. (Pass. Auv., 1477, 211).

 

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Loc.

 

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Faire du malade. "Être plus ou moins souffrant, se croire malade" : Messire Jehan de Cro, qui riens moins ne sentoit de douleur que son frère, se lamenta ausi assez, mais considérant qu'en un troupeau de gens où tout chacun fait du malade et chacun du piteux et du desconforté, n'y a nul qui puisse aidier, ne secourir l'un l'autre, s'avisa de faindre et de restraindre un peu son annuy pour venir à son frère en secours, qui vouloit jeter la manche après la coigniée et donnoit tout perdu (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 269).

 

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Faire le malade. "Faire semblant d'être souffrant" : La malade faire me fault, Puis que mon gendre voi venir (Mir. femme, 1368, 189). ...la dame avoit telle paour que elle fist la malade, et que point ne se leveroit tout ce jour, ce dist-elle à son seigneur (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 178). ...et furent les pluseurs barrons et chevaliers et escuiers du roy mandé, qui s'excusoient et faisoient le malade (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 51). Le page du bon home est avecques les pages de ses amis en l'estable et leur compte comment la dame fait le malade, tant est courrocee que leurs maistres sont liens. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 54). Tost après fist cellui filz moult le malade, et tant, qu'il dist à son pere qu'il ne pourroit passer oultre, et qu'il mo[r]roit s'il ne retournoit en France. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 71). ...[elle] se commenca a plaindre et faire si tresbien la malade qu'il sembloit que une fievre continue luy rongeast corps et ame. (C.N.N., c.1456-1467, 134).

 

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Prov.

 

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Aux malades petite cause nuit : De che dist Ovide ou second livre des Remedes : «Aux malades petite cause nuist». Ichelui Ovide ou second livre de l'Art dist : «Lors que le nouveau rainseau croist en la verde escorce, il se plaie de toutes pars a peu de vent. Mais quant elle est endurchie, alors elle resiste au vent». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 165).

 

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Il n'est pas besoin de demander à un malade s'il veut guerir : Ja n'est besoing de demander A malade s'il veult guerir, Car a sa santé requerir Est contraint par necessité, Smaladeelon sa posibilité (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 5225).

 

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[Même idée] Malade, voulez vous santé ? : Celluy samble d'amytié loing, Et que de bien a hanté, Qui vient dire, ayant clos le poing : "Malade, voulés vous santé ?" (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 46).

 

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Malade riant meurt, et le pleurant guerit : ...et attaint de contrition parfonde, plora habondamment ; et à prime les astans prirent signe et espoir de garison, comme mesme les naturiens le disent ainsi : que malade riant meurt, et le plorant garist. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 212).

 

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On ne defend pas à un homme de suer, ni à un malade de souffrir, ou à un autre d'avoir faim : Si comme en esté par grant chaut, l'en ne dit pas a un homme ou deffent que il ne sue, ne a un malade que il ne se deule ou a .I. autre que il ne ait fain et ainsi de teles choses. (ORESME, E.A., c.1370, 197).

 

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Tant prie on malade qu'i hume. "Tant insiste-t-on auprès d'une personne souffrante qu'elle finit par avaler" : Tant prye on malade qu'i hume Et amoureuse qu'elle octroye (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 661).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 10/23 
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     MALADEMENT     
FEW VI-1 male habitus
MALADEMENT, adv.
[GD : maladement ; AND : maladement ; FEW VI-1, 89b : male habitus]

"Comme un malade" : "Sire, comment vous est ? - Belle, dist-il, maladement, mais mieulx actens, s'il plaist a Dieu..." (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 260). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/23 
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     MALADER     
FEW VI-1 male habitus
MALADER, verbe
[GD : malader/maladier ; AND : maladir ; FEW VI-1, 91b : male habitus]

Empl. intrans. "Être malade" : Egreo (...) estre malades, malader (Aalma R., c.1380, 115). Maladier ou estre malade (...) : egreo (...) egroto (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 37).

REM. Doc. 1416 (apres [l. aprés] aucuns jours icelle femme derechief rencheut (...) et malada jusques au quinzieme jour de juillet, même ex. ds DU CANGE V, 190b, s.v. maladeria) ds GD V, 107a et 1425 (à l'occasion desquelles bleceure et navreure, icellui Ahaume Noise a Maladé par l'espace d'un mois) ds DU CANGE V, 190b, s.v. maladeria.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 12/23 
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     MALADERIE     
FEW VI-1 91b male habitus
MALADERIE, subst. fém.
[T-L : maladerie ; GD : maladerie ; AND : maladerie ; FEW VI-1, 91b : male habitus]

A. -

"Hôpital, infirmerie, et partic. léproserie" : Et assemblerent les traicteurs en une maladerie, qui est oultre la Tumbe-Ysore, nommée la Banlieue (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 258). Les prelas si se efforcent d'avoir la cognescence dez personnes layes lezquellez demeurent ez maladeries soubz la juridiction du Roy et de sez subjés. (Songe verg. S., t.2, 1378, 177). Se lez personnes layes, dezquelles vous avez pallé, sont perpetuelment rendues de l'Eglyse, la cognescence appartient au prelat ou a son official ; dez aultres personnes layes lezquellez ne sont mie rendues mez servent en telles maladeries, la cognoiscence appartient a la justice seculiere, se la maladerie n'a priviliege ou coustume au contraire. (Songe verg. S., t.2, 1378, 178). Le maistre de la maladrerie de Gisors... (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 6). ...le dimenche gras derrain passé, icelle Juliote se transporta en l'ostel de la maladrerie Saint Ladre (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1423-1426, 306). ...une maladrerie nommée la Magdaleine (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 37). ...et dura la chasse et la tuerie des Gantois jusques aux portes de la ville, et plusieurs furent dedans les derrenieres barrieres et par dedans les maisons du fauxbourg de la maladrerie (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 244).

 

-

P. métaph. : Li aultre sont trop remplis et pesant, enfermés et endormis a cause d'avoir trop longement esté en l'enfermerie ou maladerie de la charnalité, par trop boire ou mengier ou parler vainement (GERS., Montagne contempl. G., 1400, 44). ...huit jours de prez, (...) royant de la maladerie (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 371).

B. -

P. méton. "Fonction d'administration d'une telle institution" : ...tous offices, maladeries, administrations ou capitennies qui avoient esté données durans les broillis qui puiz IIJ ans ont esté en ce royaume (BAYE, II, 1411-1417, 141).

REM. La forme maladrerie peut être due à l'influence de ladrerie.

V. aussi maladiere, maladrie1
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 13/23 
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     MALADEUX     
FEW VI-1 male habitus
MALADEUX, adj.
[FEW VI-1, 89b : male habitus]

"Souffrant" : ...le dit Guillaume, le quel est feble et maladous, disans qu'il ne pooit aler à la court de France sans grant dommage de son corps, se traissit par devers nous (Doc. Poitou G., t.1, 1332, 392). ...le dit Nymet qui estoit vielz homs, de l'aage de soixante ans ou environ et maladeux (Doc. Poitou G., t.7, 1417, 317).

V. aussi maladieux
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 14/23 
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     MALADIE     
FEW VI-1 male habitus
MALADIE, subst. fém.
[T-L : maladie ; GD : maladie ; GDC : maladie ; AND : maladie ; FEW VI-1, 90a : male habitus ; TLF : XI, 230a : maladie]

A. -

MÉD. "Altération critique de la santé, maladie" : En toute maladie, c'est bonne chose d'avoir confort en pensee, et aussi quant le pacient prent bien ce que l'en lui donne ; et le contraire est mauvaiz. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 62). C'est un homme que moult apresse, Sire, mal de mesellerie, Qui sur toutes est maladie Moult reprouvée. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 259). Si comme se maladie est desnaturele a corps humain, il convient que son contraire, ce est santé, lui soit naturel. (ORESME, C.M., c.1377, 602). Et la cognescence de cez remedes medicinales luy appartient [au médecin], car a luy appartient la cognescence de la conplexion de l'onme, et la cause de la maladie (Songe verg. S., t.1, 1378, 73-74). Mez pour ce que, a la conservacion de corps humain naturel et pour querir santé quant il enquert aucune maladie, Diex si a donnee et trouvee une art, laquelle est appellee Medicine, pour le corps tenir en sancté et pour le ramener quant il est aucunement alteré (Songe verg. S., t.2, 1378, 168). ...chascun jour il se complaignoit à elle qui parle de ce que souventes fois, ès compaignies où il aloit, il sentoit et enduroit moult d'angoisses, de maladies et espointures qui lui survenoient. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 330). Mais Hermine dist que devant que elle verroit quelle fin son pere prendroit de sa maladie, que elle n'en feroit plus avant. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Ce jour, n'a peu pronuncer les arrests messire J. de Poupaincourt, premier president, pour ce que ceste nuit lui est survenue maladie telle que n'est peu venir à la Court. (BAYE, I, 1400-1410, 48). Quelque maladie qu'on luy apportast ou denunçast, tousjours faisoit bailler clisteres. (C.N.N., c.1456-1467, 467). Et la fin et intencion de cirurgie est oster la maladie et garder la santé selon ce qui est possible. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). Fist les baings de medicine à Naples, qui garissoient de toutes maladies. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

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Maladie corporelle : ...Gloutonnie est nourrice de pluseurs autres pechiéz, et engendre pluseurs maladies corporeles et espiritueles (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 322).

 

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Une maladie prend à qqn : Et, à l'entrée du mois de mars ensuyvant, prist une maladie au dit roy de France, pour occasion de la quelle les traictiez qui furent apointiez (...) furent assoupez. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, 1350-1364, 340). Et ainsi, com partir voloit, Li prist une grant maladie, Qui si le contraint et maistrie Que tout son fait fu depecié A ceste fois et empeeschié. (MACH., P. Alex., p.1369, 130). L'evesque de Biauvais là estant, une maladie luy prist, dont il s'alitta (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3). Il fut levé de la table et tenu près du feu et les fenestres closes, et combien qu'il en voulsist approcher il en fut gardé par aucuns qui cuydoient bien faire, et fut l'an mil IIIIc quatre vingtz au moys de mars que ceste maladie luy print. (COMM., II, 1489-1491, 280).

 

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Choir/entrer/tomber en (une) maladie. "Tomber malade" : N'il n'estoit nuls si vrais amis, Qui ne fust adont arrier mis Et qui n'eüst petit d'aïe, S'il fust cheüs en maladie. Ne fusicien n'estoit, ne mire Qui bien sceüst la cause dire Dont ce venoit, ne que c'estoit (Ne nuls remede n'i metoit), Fors tant que c'estoit maladie Qu'on appelloit epydimie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149). ...ilz entroient en fievres et en maladie, et ou corps ilz avoient le cours du ventre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98). Le duc de Lancastre chey en langour et en maladie très grande et très perilleuse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 112). Il se desfrit et entre en plus grant pencee et espie et enquiert, dont il fait que foul, quar noble cuer de homme ne doit point enquerir du fait des femmes, car si le bon home sceit une foiz la faulte sa feme, il entrera en telle maladie car jamés nul medicin ne l'en guerira. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 55). ...il en entra en merancolie et maladie, et en morut (FROISS., Chron. D., p.1400, 319). Comment le roy tumba en une griefve maladie, dont il perdit la parolle et congnoissance pour ung temps. (COMM., II, 1489-1491, 280).

 

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Encourir une maladie. "S'exposer à une maladie" : Mez celle abstinence doit estre raysonnable et telle que nul ne perde l'usage de rayson, et que l'abstinence soit telle que, par elle, nul n'en enqueure aucune maladie, car elle seroit, adonques, deraysonnable et contre la volanté de Dieu. (Songe verg. S., t.2, 1378, 226).

 

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Estre aggravé/aggrevé de maladie. "Être accablé (par la maladie)" : ...[il] dit que, ou Quaresme derrenierement passé ot un an, il fu forment malade et agrevez de maladie, et ne trouvoit homme qui lui donnast conseil pour la garison d'icelle maladie, et lui dura ladite maladie jusques à la Saint-Martin d'iver ensuivant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 286). Ce jour, a esté enjoint à maistre Deniz de Paillart, filx de feu messire Philibert Paillart, president en Parlement en son temps, qu'il alast veoir madame Jehanne de Dormans, sa mere, aggravée de maladie et près de sa fin, comme elle disoit (BAYE, I, 1400-1410, 198). Vostre femme est fort aggravée de chaulde maladie et en dangier de mort (C.N.N., c.1456-1467, 135).

 

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Estre entaché d'une maladie. "Être affecté, touché par une maladie" : Item, quelconque a en son corps vice notable ou en quantité ou en couleur ou en figure ou deffaut de eage ou d'aucun membre ou qui est imparfect ou impotent ou qui est entechié d'aucune laide maladie, si comme celui qui est epilentique ou mesel ou lunatique (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 306). Messire Jehan de Hollande (...) veoit ses compaignons et ses amis entechiez de ceste maladie dont nul n'en eschappoit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99). ...si tost que [le seigneur d'Aussy] arriva a Bruselles, s'allita tout quoy et se trouva en grant peril de mort aveuquez pluseurs aultres qui tous furent entechiéz de maladie prise oudit pays de Zeellande. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 140).

 

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Estre en maladie. "Être malade" : C'est grant doleur que d'estre en maladie, D'avoir les fievres, froidures ou frissons, Rage de dens et mal d'espidemie, Estre batu souvent de gros bastons, Avoir gravelle et mal de trenchoisons (MACH., App., 1377, 646). O Dieu ! quelle misere ! Que fera, Sire, ceste povre emprisonnee [la mère au purgatoire] ? De quelle part se tournera ? Quel secours elle appellera se son enfant la refuse ? Quant mon corps estoit en maladie au monde, tu, mon enfant, et vous, mes autres amis, plouriez et monstriez cuer moult doloreux, et vous offriez faire tout vostre pouoir pour mon alegement. Las ! toutesfoiz mon mal present et celuy de lors ne sont pas a comparer, car je soustiens tres plus angoisseuse peine que celle du monde. (GERS., Déf., 1400, 228).

 

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Estre en extreme maladie. "Être à l'agonie" : ...quant on est en extreme maldie [sic], le temps est venu d'estre payé selon les oeuvres que l'on a faictes (MACHO, Esope R., c.1480, 92).

 

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Eschapper/guerir de maladie : Vous li direz qu'il mant Sevestre, Et il tel baing li mousterra Que si tost conme ens enterra Gari sera, que que nulz die, De touz poins de sa maladie (Mir. st Sev., 1362, 202). Et doit doner le phisicien comandemens et enseignemens teulx, c'est assavoir que ceulx qui garderont telle diette, ou telle, par raison, deveroient de telle maladie eschaper, et ceulx qui ne la garderont, morront. (Songe verg. S., t.1, 1378, 84). ...et aultrement, que ceulx qui gardent lez comendemens de medicine comunement sont sains, et si eschapent et garissent de leur maladies (Songe verg. S., t.1, 1378, 85).

 

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Prendre la maladie. "Tomber malade" : ...soudainement est mort [le roi d'Angleterre] et comme par merencolie du mariage de nostre roy, qui règne à present, avec madame Marguerite, fille du duc d'Autriche. Et dès qu'il en eut les nouvelles, print la maladie. Car lors se tint à deceü du mariage de sa fille, qu'il faisoit appeller madame la daulphine (COMM., II, 1489-1491, 231). D'autre part, le roy Charles, son père, quant il print la maladie dont il mourut, il entra en ymagination que on le vouloit empoisonner à la requeste de son filz (COMM., II, 1489-1491, 283).

 

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[D'une maladie] Prendre/surprendre qqn : Mais il est bien tout autrement: Car avant que homs son sens perde, Ne que forsens a lui s'aërde, Le prent et seurprent maladie Qui le trait a forcenerie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 227). Maladie le prist et aherdi sus son cemin, de laquelle il s'acouça au lit en la chité de Chartres, et en morut. (FROISS., Chron. D., p.1400, 462). ...environ IIJ sepmaines ou un mois aprés que vous fustes parti, une maladie la print telle que a veue d'eul toute secchoit tellement que, selon le dit du phisicien de la royne, elle estoit brief eticque ou morte se son air naturel ne l'eust recouvree (LA SALE, J.S., 1456, 270).

 

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[D'un membre] Avoir maladie. "Être atteint d'une affection" : Quant aucun pisse sang par troubes, et a strangurie, et la douleur vient soubz le nombril et ou panil, c'est signe que la vessie et les voies de l'orine ont maladie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 100).

 

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[Prov., sentence]

 

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De la maladie qui vient du chef se sentent tous les membres : Par semblable le vice qui du prince redonde sur ses subgietz pervertit l'ordre, trouble l'office et empire la condition de tous les estatz de son peuple ; car de la maladie qui vient du chief se sentent tous lez membres. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45).

 

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Douteuse est la maladie dont on renchiet. "Redoutable est la maladie qui connaît une rechute" : LE FRERE. ...Je sens mon cuer sain et entier, Et sens que j'ay determiné De mon mal si qu'il est finé : Lever me vueil. L'ESCUIER. Sire, vous ferez vostre vueil ; Mais, pour Dieu, ne vous hastez mie ; Car trop doubteuse est maladie Dont on renchiet. (Mir. emper. Romme, 1369, 262).

 

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En grief maladie gist grief remede. "Une maladie grave exige un traitement lourd" : Quant ung chevalier est griefment plaie [l. plaié] en bataille, il ne laisse point a la faire guerir pour les meschiefs que il doit souffrir en retranchant ou en recousant sa playe, car en grief maladie gist grief remede. (GERS., Epiphanie G., 1391, 533).

 

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Les maladies sont curees par leur contraire : Et nous savons une devise Que li bons philosophes dist ; Il afferme, et je croy son dit, Que les maladies quelconques - Et qu'autrement il n'avint onques - Sont curées par leur contraire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 203).

 

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[Ex. qui illustre le prov. : les maladies sont curees par leur contraire] : Qui par froit prant la maladie, Par chaleur doit estre garie, Et la chaleur par la froidure, Selon la raison de nature. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 238).

 

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Maladie couvee est difficile à guerir "Une maladie qu'on entretient et qu'on ne reconnaît pas comme maladie est difficile à guérir" : Maladie couvée moult est à warir forte. Cescune des miresses [Gloutonnie et Luxure] sour lui se boiste porte, A se malade dist cescun jour et enorte : "Fait tout chou que tu voels, de riens ne te déporte." (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 87).

 

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Tel est qui guerit maladie d'autrui qui ensuite cause sa propre perte : ...tel est aucune foiz mire D'autrui maladie garir, Qui puis fait soy mesmes perir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 48).

 

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[Différentes maladies]

 

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Chaude maladie. "Maladie accompagnée de fièvre" : Vous ferés ung coullaire qui vault moult a maladie chaulde se le corps est mundifié au commencement de la maladie a mitiguer douleur et a faire dormir (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 2). ...ilz ne sont mors tous deux que de chaulde maladie (C.N.N., c.1456-1467, 138).

 

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Maladie asthmatique : Avecques cautere rond se font troys cauteres en la poitrine specialement en maladie asmatique et empime (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, V, 2).

 

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Maladie cardiaque : Par cest exemple orrible et par maint autre se puet congnoistre que peril c'est en mariage de la maladie cardiaque et de paumison et de desperation. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 239).

 

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Maladie des boeufs. "Affection cutanée due à la présence de parasites" : ...de la section sur les vers engendres soubs la peau et ce nomme ceste maladie la maladie des beufs (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 66).

 

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Maladie de causon. "Fièvre ardente" : Et vecy merveille comment en maladie de causon ou est inflacion dernierement peust estre matiere crue (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 3).

 

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Maladie de cours/flux de ventre. "Diarrhée" : ...aultrement, ilz estoient si chargiez et empeschié, eulx et leurs gens, de maladie de cours de ventre ou de fievre que ilz estoient mort à moittié, et ne pourroient nullement souffrir, ne porter les painnes ne les dangiers de la mer. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 101). Et de mal en pis sourdit en leur ost une maladie de cours de ventre, qui fort les acoura : car là leurs gens mouroient espoissément de cellui mal (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 127). En ladicte année fut mortalité commune et universelle par la pluspart dudit royaume de maladie de flux de ventre et autres maladies, à cause de quoy plusieurs gens de façon moururent en ladicte ville de Paris et ailleurs. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 262).

 

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Maladie de feu/maladie saint Antoine. "Maladie inflammatoire de la peau, zona" (synon. feusaintAntoine) : ...car selon vng acteur nommé Dyacores la fiente [de l'agneau] confite auecques vinaigre guerit vne maladie de feu auecques cyre vierge et wylle guerit arseures et aussi les cornes et les ongles valent a medicine. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 474-475). Jay [l. j'ay] este [l. esté] depuis assez veritablement informez de la principalle malladie quy mena lessusdit roy a la mort, cest [l. c'est] a scavoir, que ce luy vint par feu qui luy prinst par desoubz au fondement, que len [l. l'en] dist estre malladie Saint Anthonne. (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 426). Cestui fut moult erudict en la science des estoilles et trouva la cause, dont provenoit ceste maladie que l'on disoit "sacro igne" ; disoit provenir de l'influence de Mars bruslé, etc., et incita le peuple de Picardie, par especial de recourir à la Vierge Marie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

 

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Maladie de fievre. "État de santé altéré, caractérisé par la fièvre" : En ceste dicte année mil IIIIc quatre vingtz et deux, de ladicte maladie de fievre et raige de teste ["Rage dont l'un des syndromes est la tête enflée" (d'apr. FEW X, 9a)] moururent en divers lieux moult de notables et grans personnaiges, tant hommes que femmes. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 113). ...il tumba en une maladie de fièvre, à l'occasion de laquelle ou dudit cop, au bout desdiz XVIII. jours, il est alé de vie à trespassement. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 3).

 

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Maladie de la goutte : Pour ces jours, estoit li contes de Hainnau en l'ostel de Hollandes, et gissans au lit de la maladie des goutes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 246).

 

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Maladie de lepre : ...voire le sang pur et ou quel il ny a point de corrupcion, mais le sang corrompu est inductif de totale corrupcion par tout le corps, comme il appert es febricitans et en la maladie de lepre. (CIB., p.1451, 218).

 

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Maladie de Naples. "Syphilis" : ...mais finablement il concquist la grosse verolle, de laquelle, comme impetueuse, horrible et abhominable maladie, il fut angoisseusement touchiét, et aucuns de ses gens, qui retournèrent en France, en furent douloureusement oppresséz ; et pour ce qu'il n'estoit nouvelle de ceste griefve pestilence avant leur retour, elle estoit nommée la maladie de Naples ; aucuns l'appelloyent les grosses pocques, les aultres la grant gorre. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 410). ...plusieurs des Espaignolles estoient mallades d'une malladie qui alors couroit, appellée la malladie de Naples, laquelle estoit de telle condicion qu'il sambloit que les gens fuissent laidres. Et duret ycelle malladie ung an ; et estoit contagieuse et acorsonneuse terriblement. (AUBRION, Journal L., 1496, 380).

 

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Maladie de pestilence. "Peste" : En ce temps, furent apportées à Paris les chasses de saint Crespin et saint Crespinien, pour trouver remede à ladicte maladie de pestilence, et aussi pour eulx quester, afin d'avoir de quoy recouvrir l'eglise desdiz sains audit lieu de Soissons, que ladicte fouldre et tempeste avoit ainsi destruicte et abatue, que dit est devant. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 166).

 

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Maladie de la rage : Et, quant ilz mordent un homme, a poines en peut garir, comme j'ay dit, quar leur morsure est trop venimeuse pour les crapax qu'ilz menjuent, comme j'ay dit, et d'autre part pour la maladie de la rage. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 97).

 

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Maladie de saint. "Affection nerveuse et mentale, équivalent du mal saint Mathurin ou du mal saint Acaire (?) ou synonyme de mal de saint (qui demande qu'on invoque le saint susceptible de la guérir)" (Semble ici être l', ) : LE GENTIL HOMME. ...Quel mal est-ce dont il se plaint ? ESOPET. C'est maladie de sainct. J'en suis souvent en grand danger. LA CHAMBERIERE. Pourquoy ? Jesus ! ESOPET. Il veult menger Les gens quand ce mal le surprent, Qui soubdainnement ne le prent Pour le lyer et le [de]batre (Coust. Esop. T., c.1500, 170).

 

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Maladie du costé. "Pleurésie" : Et, ce mesme jour, fut remonstré au roy par les medecins et cirurgiens de ladicte ville que plusieurs et diverses personnes estoient fort traveillez et molestez de la pierre, colique, passion et maladie du costé (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 322).

 

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Maladie nerveuse : ...spasme si est une maladie nerveuze en laquelle les lacertes sont venus en retraiant vers leur naissance, c'est vers le cervel, et sont inobediens en dillatacion (SAINT GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 194). Spasme est mouvement mauvais venant en la vertu motive voluntaire de disposicion de maladie et pour ce est maladie nerfveuse. (PANIS, Guidon, 1478, tr.III, doct.1, chap.1, 173).

 

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Maladie de saint Fiacre. "Hydropisie" : ...et en la ville de Corbueil acoucha malade de la maladie de Saint Fiacre. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 105).

 

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Maladie royale. "Écrouelles" : ...ou nous alons aux roys, car les roys les souloient curer en tastant, mesmement le roy de France et, pour ce, l'appelle on maladie royalle (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 20).

 

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Maladie dont l'on choit. "Épilepsie" : ...ledit Jehan Morrigeau, qui est maladif de la maladie dont l'en chiet, dist qu'il estoit malade et requist que on envoyast querir le prebstre (Doc. Poitou G., t.11, 1468, 129).

 

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Maladie inguinaire. "Peste" : En deux Somme[s] ilz départirent, Dont en la première, sans doubte, En poursuyvant leur droite route, Ont démonstré, par leur savance, Des causes, signes et naissance De la maladie inginaire Com par Nature il se peust faire (LA HAYE, P. peste, 1426, 19).

 

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Maladie interieure/maladie exterieure : Fist aussi icelui Virgille en icelle cité, pour l'utillité du peuple, pour une admiracion perpetuelle, une maniere de baings de somptueuse construction, qui garissoient de toutes maladies interiores et exteriores, et, pour chacune diversité de maladie, mist epithaphes et tiltres, pour advertir que l'un ne se print pour l'autre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 r°).

 

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Maladie materielle. "Maladie avec suppuration" : Et pour decider ceste matiere est a noter que selon la diversité du corps, plus grant ou moindre quantité de viande est convenable au disner que au souper, car les corps sont sains ou il declinent en maladie ; si declinent a maladie, ou en maladie materielle ou sans matiere. (Rég. santé corps C., 1480, 11).

 

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Maladie saint Acaire. "Folie, mélancolie" : LE TAVERNIER. Dieu gard, dame. Vostre mary est-il ceans ? LE CHAULDERONNIER. Helas ! il est tout hors du sens. Je ne sçay qu'il luy peult faloir. LE TAVERNIER. Comment ! pourroit-il bien avoir La malladie sainct Aquaire ? (Chaulder. T., c.1500, 220).

 

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Maladie seche et chaude : Et, selon ceste posicion, la comete, non mie de soy, mez pour accident, segnefie mortalités causees de maladies seches et chaudes, car, en tel temps, avient volantiers une chaleur tres desordenee. (Songe verg. S., t.1, 1378, 380).

 

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Haute maladie. "Épilepsie" : Esmeraude, en latin smaragdus, est une pierre précieuse assez cogneue et est de très verte couleur, d'ont proffite moult à la veue, et est bonne portée au col contre la haulte maladie et conforte la mémoire, et rompt volentiers quant cellui qui la porte a affaire à femme, comme dit Aubert et autres qui ont escript des pierres précieuses. (LA HAYE, P. peste, 1426, 198).

 

Rem. Cf. haut mal, v. mal.

 

-

En partic.

 

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Maladie d'enfanter. "Douleurs de l'accouchement" : Et ne sceut point la dicte suppliante se le dit enfant estoit mort ou vif, quant elle le gecta en ladicte fosse, ne s'il estoit masle ou femelle. Et aussi ne sceut s'il fut baptisé, pour la maladie d'enfenter qu'elle enduroit (Doc. Poitou G., t.8, 1447, 420).

 

.

Privees maladies des femmes. "Règles des femmes" : La vayne de dessoubz la cheville du pié par dedans saigne l'on pour filz et pour apostumes qui viennent es aignez et aussi pour esmovoir les priveez maladies des femmes quant elles ne les pevent avoir en temps deu. (LE LIÈVRE, Traité saignée W., a.1418, 17).

B. -

Au fig.

 

1.

"Souffrance qui trouble l'âme et l'esprit (essentiellement dans la passion amoureuse)" : En amer a douce vie Et jolie, Qui bien la scet maintenir, Car tant plaist la maladie [var. melodie], Quant norrie Est en amoureus desir, Que l'amant fait esbaudir Et querir Comment elle monteplie. (MACH., R. Fort., c.1341, 105). Qui bien aimme a tart oublie, Et cuers qui oublie a tart Ressamble le feu qui art, Qui de legier n'esteint mie. Aussi qui a maladie Qui plaist, envis se depart. En ce point, se Dieus me gart, Me tient Amours et maistrie. (MACH., L. plour, 1349, 283). Si vous dirai la maladie Qui me perse le cuer et l'ame : J'aimme par amours une dame, Tant bonne et bele, a grant merveille, Qu'en ce monde n'a la pareille. (MACH., F. am., c.1361, 194). Pleins de dolour et disiteus d'aye, Loing de merci, familleus de merir, Nus de tout ce qui me puet resjoïr Sui pour amer et de mort en paour, Quant ma dame me het et je l'aour. N'il n'est confors de ma grief maladie Qui me peüst de nulle part venir, Car une amour s'est en mon cuer nourrie Dont je ne puis joïr ne repentir Ne vivre lié ne morir ne garir Ne bien avoir fors languir à dolour (MACH., Bal., 1377, 540). ...Tant que s'amour qui me lie Soit onnie A tous fors à moy qui plour Pour doubte que ne m'oublie. Ce detrie Ma joie et ma maladie Fait gringnour. (MACH., Ch. bal., 1377, 608). En .IJ. amans qui s'aimment signourie Estre ne doit, einsois doivent avoir Un cuer, une ame et une maladie, Une pensée, un desir, un voloir ; Dont se vos cuers n'est onnis A mon desir, li miens sera honnis, Car je ne puis pas longuement durer Sans vostre amour avoir ou esperer. (MACH., L. dames, 1377, 229). Si gracïeuse maladie Ne met gaires de gens a mort, Mais il siet bien que l'on le die Pour plus tost actraire confort. (CHART., B. Dame, 1424, 340). ...elle [une coquette] s'appensa de non plus comparoir, affin encores de luy rengreger [à l'amoureux] et plus accroistre sa maladie. (C.N.N., c.1456-1467, 414). J'ay une recepte cy mise Pour (la) maladie des jaloux. (Dorib., p.1480, 248).

 

-

Amoureuse maladie : ...a l'entrée d'un vergier Me fist aventure aporter. S'entray ens pour moy deporter, Pleins d'amoureuse maladie, Et pour oïr la melodie Des oisillons qui ens estoient Qui si trés doucement chantoient Que bouche ne le porroit dire (MACH., D. verg., a.1340, 14). Mais ja n'en sera meins amez De moy, pour chose qu'on m'en die, Eins sera mes voloirs doublez, Et l'amoureuse maladie Sera dedens mon cuer chierie, Ne ja sans li garir n'en quier : Pour ce l'aim je de cuer entier. (MACH., L. dames, 1377, 96). Mais se l'espart Seur moy s'espart De ses dous yex, je n'ay resgart De mort pour mal qu'Amours m'envoie ; Et s'il li plaist que je devie De l'amoureuse maladie, Je ne puis, à meins que je die Qu'onques ne fu si dure amie Et que le dart Qui mon cuer art Vient de sa biauté, que Diex gart (MACH., Les lays, 1377, 435). ...ne je ne puis Plus avoir, jour de ma vie, L'amoureuse maladie. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 120).

 

-

Maladie de saint Amant. "Jalousie" : Aultres maintiennent que jalousie est maladie Sainct Amant, fort furieuse, ung petit caduque, engendree en la region de Rains, par extreme challeur, attraiant mauvaises humeurs, pour causer tremblement de membres (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 885).

 

-

Maladie des ames. "D'un point de vue religieux, tout ce qui éloigne du salut, péché" : C'est l'oreison dominical dictee par la bouche de celuy qui par doctrine nous aprint, et par exemple, a adorer, quant luy mesmez aux affaires de son humanité requist son pere, et que il voult que sa devote patenostre que il ordonna fust enregistree ou livre de ses saintes Evangillez, comme une medicinal requeste pour remede dez maladies dez amez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 163).

 

-

Maladie de peché : Et pour ce l'odeur et la vertu qui yssi de lui, c'est assavoir le benoit fil de Dieu, le doulx Jhesu fu souverainement souef flairant, souverainement vertueux et confortatif contre maladie de pechié et souverainement puissant pour la puissance de l'ennemi disciper et destruire. (Mir. prev., 1352, 230).

 

.

Maladie d'orgueil. "Péché d'orgueil" : Se ung tel exemple, ung tel miroir, une telle medicine ne garist cuer humain de la maladie d'orgueil, ne scay chose autre qui la doye garir. (GERS., Noël, p.1404, 295).

 

2.

"Situation critique, risque"

 

-

La maladie croist. "La situation empire" : Je voy que le besoing nous fault Et croist tousjours la maladie (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 370).

 

-

Connaistre la maladie. "Être conscient du risque" : J'entens bien qu'il y a peril Et conçoy bien la maladie. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 224).

 

.

Entendre la maladie. "Comprendre la situation, ne pas être dupe" : Qui est si fol qui ne congnoit Que feme est de fresle nature, A l'omme subjecte par droit, Comme l'en voit en l'escripture ? Je ne voy de quoi tu la puisses Loer, se les choses ne fains. Et si ne croi que jamais visses Les dis des sages et des sains. Mais de quelque fole es tu chains. J'entens trop bien la maladie. Sy as tous entendemens fains Pour femme que Jhesu mauldie (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 161).

V. aussi mal1
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 15/23 
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     MALADIÈRE     
FEW VI-1 male habitus
MALADIERE, subst. fém.
[GD : maladiere ; FEW VI-1, 91b : male habitus]

"Hôpital de lépreux, léproserie" : Item, que l'on bailloit au maire comme a Guillaume Bourgeoise la melaidere de Dijon pour estre maistres et governerres d'icele (Echevin. Dijon L., 1342, 12). Ce jour, ont esté presentées à la Court certeinnes lettres royaulx (...) par lesquelles le Roy restitue tous offices et maladieres à ceulx qui les avoient au temps de la paix faicte à Bourges (BAYE, II, 1411-1417, 92). À Denis Juliot, bourgois de Dijon, la somme de huit frans qui deuz lui estoient (...) pour le dommaige qui lui a esté fait tant es murs des maisons de la maladiere de Dijon comme en certains champs lors emblavez d'avaine estans devant lesdiz murs, pour occasion de la bombarde derrenierement faite en la ville de Dijon (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 478).

V. aussi maladerie
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 16/23 
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     MALADIEUX     
FEW VI-1 male habitus
MALADIEUX, adj.
[T-L (renvoi) : maladïos ; GD : maladieux ; FEW VI-1, 91a : male habitus]

A. -

[D'une pers., d'un animal] "Maladif" : ...les nouvelles s'espardirent en pluseurs lieux, villes et citez où les maladieux Anglois estoient trais pour avoir santé (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 116). ...ilz se trouverent plus de mille chevaulx, et estoient à jus à maladieus qu'ilz estoient guerry à moictié quant il se mettoient au retour (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 117). Et quant les menstrues fluent ainsi qu'il appartient en quantité, en qualité et en ordre, adonc les femmes sont castes et fecondes et quant ilz se varient, elles sont malades et incontinentes et brehaignes et s'elles conçoyvent elles engendrent enfans chetifz et maladieux (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 9). ...si aucuns anciens ou maladieux y avoit... (Entrées roy. G.L., 1463,,, 185). ...l'hoste estoit (...) Maladieux et fort debilité (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 165).

 

Rem. Autres ex. ds GD V, 108 (doc.1397, maladieuse ; ex. du XVe s. (De Vita Christi), maladieux ...).

B. -

[D'une chose] "Propre à la maladie" : ...une [malice] est dite malice bestial et une est dite malice par maladie ou maladieuse et non pas malice simplement. (ORESME, E.A., c.1370, 382). Semblablement, selon tele maniere est une incontinence bestiale et une maladieuse (ORESME, E.A., c.1370, 383). ...quelz lieux sont reputez sains et quelz maladieux (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 213).

C. -

P. anal. "Qui a les apparences de la maladie" : En ce frefel et en celle rihote Fai maint souspir, maint plaint et mainte note Qui ne sont pas de sons melodïeus, Mes attemprés de chans maladïeus (FROISS., Orl., 1368, 103). L'an mil .CCCXI.. et sissante, Ou tamps que li rossegnols chante Et que le terre s'esjoïst Assés plus que dont qu'elle oïst Sons d'instrumens melodieus, Car li yviers maladieus, Qui diversement le desrobe, Li avoit tollue sa robe (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 114).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 17/23 
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     MALADIF     
FEW VI-1 male habitus
MALADIF, adj.
[T-L : maladif ; GDC : maladif ; AND : maladif ; FEW VI-1, 89b : male habitus ; TLF : XI, 233b : maladif]

"Qui est souvent malade ou qui est durablement malade" : Et est tout cler que une malvese naif [nef] requert plus grande industrie a estre menee que ne fait une bonne ; et un corps maladif a estre gouverné que un sain (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 269). Et pour ce ycelz Marle et Boschet rappellez, fu dit par ledit monseigneur le Chancellier que, attendu que ledit Boschet estoit bien aagiez et foible et maladiz, et ledit Marle fort et laborieuz, si estoit esleu par la plus grant partie de trop, nonobstant que toute la Court eust moult pour recommendée la personne dudit Boschet (BAYE, I, 1400-1410, 64). En un lit couchee pale et descoulouree vi une autre dame de grant autorite a chiere et semblant de femme maladive (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 88). ...l'Escripvain estoit moult ancien et imbecille et maladif, et (...) plus ne povoit servir (BAYE, II, 1411-1417, 177). ...je me sens aagé et fort debrisé et maladif (JUV. URS., Loquar, 1440, 366). Lequel Festineau estoit maladif et detenu d'une griefve maladie et avoit esté en langueur six ans avoit et plus. (Doc. Poitou G., t.9, 1447, 28). Et apprez, pour tant que l'impedimie s'estoit frappé en l'ost du dessusdit duc, et que desja estoient mors d'icelle maladie pluseurs de ses gens, (...) et aussy que lui meisme de sa personne estoit tout maladif, rompit son armée (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 205). Ce bon seigenur [l. seigneur] avoit femme espousée desja ancienne et maladive (C.N.N., c.1456-1467, 115). ...ledit Jehan Morrigeau, qui est maladif de la maladie dont l'en chiet, dist qu'il estoit malade et requist que on envoyast querir le prebstre (Doc. Poitou G., t.11, 1468, 129). Comment le roy, au retour de son voyage de Sainct-Claude, s'en alla à Tours, logéz au Plessis, aggravé de maladie, où peu de gens le veoyent, et les suspicions et crainctes où il entra en la fin de ses jours, se voyant maladif, et de la façon comme il se contint audict Plessis. (COMM., II, 1489-1491, 288). ...Jehan Charles fut en ce temps à Paris grandement habitué en l'Eglise, lequel tant ayma et practica la science des estoilles qu'il y fut très expert et jugea moult precisement sur la revolucion de l'an que le frere du roy fut à Naples et comme son voyage seroit infelix et comme il s'en retourneroit pouvre et maladif et indigent, jaçoit ce qu'il y alase, garny de grande noblesse et de moult grande richesse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

 

-

[Cont. métaph.] : Trop est maladis Quant a l'ame qui quiert telz biens (DESCH., M.M., c.1385-1403, 353). O deïté pure, O parfaicte cure Pour cueurs maladis, Ta bonté nous cure, Nostre bien procure En faiz et en dis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1064).

 

-

Empl. subst. : ...mesmes les povres, les impotens, les maladifz, ou enlangourez, et ceulx qui sont au lit de la mort, preignent et quierent plesir et joye, et par plus forte raison les sains (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 88). Un douloreux pense tousdis Des plus joyeux le droit revers, Et le penser du maladis Est entre les sains tout divers (CHART., B. Dame, 1424, 351).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 27928.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/23 
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     MALADIVE     
FEW VI-1 male habitus
MALADIVE, subst. fém.
[GD : maladive ; FEW VI-1, 89b : male habitus]

"Maladie" : Je le monstre par trois moiens. Le premier est de deux griesves maladives que le roy eust tantost après. La première fut à Beauvais, qui fut tant angoisseuse qu'il en perdi les ongles et les cheveux pour la greigneur partie. (JEAN PETIT, Prop. D.-A., 1408, 227).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 19/23 
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     MALADIVEMENT     
FEW VI-1 male habitus
MALADIVEMENT, adv.
[FEW VI-1, 90a : male habitus ; TLF : XI, 234b : malade (maladivement)]

"De façon maladive, comme un malade" : Morbide (...) : maladivement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 310).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 20/23 
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     MALADREL     
FEW VI-1 male habitus
MALADREL, subst. masc.
[GD : maladrel ; FEW VI-1, 92a : male habitus]

"Lépreux"

REM. Doc. 1472 (Noyon, les maladraux) ds GD V, 108b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 21/23 
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     MALADRIE1          MALADRIE2     
FEW VI-1 91b male habitus
MALADRIE, subst. fém.
[GD : maladerie ; FEW VI-1, 91b : male habitus]

"Hôpital, infirmerie, et partic. léproserie" : A Willame de Costel fu marchandet de abattre et araser jusques a terre le pan de mur allant dou bierfroit jusques a le noefve fortreche de le dicte ville viers le malladrie (Arch. Nord, 1409, B 10365, f° 42, IGLF). Et quant a la dicte robe, le dit Jehan Margas la retrouva en la dicte malladrie par l'enseignement d'aucuns bregiers. (Arch. Lille, 1474, 12118, f° 113, IGLF). ...ung coppon de riviere commenchant au deseure de la chapelle de la maladrie de Semoy jusques a la chute de la fontaine du Mont de Gyeu. (Trés. Reth. L., t.3, 1429, 96). ...autres offices esquelx l'on aura la dite recepte et maniance d'argent, comme de maistre des ouvrages, receveur de la maladrie, hospitaulx et chartriers (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 109). Et quant a la dicte robe, le dit Jehan Margas la retrouva en la dicte malladrie par l'enseignement d'aucuns bregiers. (Arch. Lille, 1474, 12118, f° 113, IGLF). ...au devant de lui, estoit ung ruisseau passant par une maladrie fort bien avironné de .II. fortes hayes à .II. costéz (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 165).

V. aussi maladerie, maladière
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 22/23 
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     MALART1          MALART2     
*FEW VI-1 male habitus
MALART, subst. masc.
[GD : malart2 ; *FEW VI-1, 92a : male habitus (?)]

"Lépreux"

REM. Doc. 1470 (Morlaix, aux malars et cacous de Penankueck) ds GD V, 110b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 23/23 
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     RHABITUER     
FEW IV habitus
RHABITUER, verbe
[GD : rabituer ; FEW IV, 372a : habitus]

"Établir comme précédemment"

REM. Doc. 1452 ds GD VI, 531a-b : une somme est attribuée à qqn pour lui revestir et rabituer ; empl. pronom. pour GD, ce qui n'est pas certain. Cf. aussi TLF XIV, 689b : réhabituer (XVIe s.).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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