I. -

Empl. trans. "Arranger, disposer"

A. -

Agencer qqc.

1.

[Domaine concr.] "Arranger, aménager qqc." : ...elles aggencent si faittement leurs cheveulx que elles en laissent une partie voler au vent. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 209). Laz moy, la grosse et rude forme des femmes estoit assez cause de dommaiges et de nuyre aux hommes, senz ce que les femmes eussent controuvé tans de affaitemens et d'ouvraiges pour aggencer le corps. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 210). On avoit fait les maisons agencer Pour sur le roy certain regard avoir : Caiges aux vens, enseignes despecer Et les paroiz en plusieurs lieux percer (LA VIGNE, V.N., p.1495, 202).

-

En partic. [Le compl. d'obj. désigne un mort, son corps] "Apprêter (un mort, son corps), faire sa toilette" : Aulcuns d'iceulx queroyent chauldes eaulx En potz de cuyvre et en larges vaisseaulx ; Le corps ja froid en agencent et lavent, Ainsin que tous au myeulx faire le sçavent. (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 308).

2.

[Domaine abstr.] "Réparer, arranger" : ...de laquelle [la noble Europa] mon frere Thiestes corrumpi la chasteté et l'entiere pensee par les admonnestemens et flateries de lui qui couloure et agense mauvaistiez et baratz. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 142).

-

En partic.

.

"Organiser" : ...bien est il vray ce que l'on dit que celuy est meilleur medicin qui scait mieulx aiansser les choses environ le particulier (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, Pref).

.

Au passif. [D'une faute, d'un péché] "Être lavé" : Ains est besoing que les faultes passees Joinctes aux ames soyent lors agencees ; Et pour ce doncques par peines merveilleuses Sont tormentees ces ames malheureuses (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 358).

B. -

Agencer qqn. "Vêtir qqn de façon à lui donner une belle apparence" : Desploiez cez draps, ce verray Comment miex le porray taller Pour ton amy miex agencer. (GUILL. DIGULL., Le Dit de la fleur de lys D., 1338, 262).

-

P. antiphr. "Maltraiter qqn, régler son compte à qqn" : Je vueil mourir, se je n'agence Ses Romains, s'ilz viennent deça. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 138).

II. -

Empl. pronom. [D'une pers.]

A. -

"S'apprêter, se parer, se faire beau" : "...Mais il fault que tu soie en point, Fort mignon, humble, gracieux (...)" Or bien, c'est bien dit, je m'adgence. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 362).

-

P. ext. "Composer son apparence, se comporter" : Pres de laquelle fontaine aperceut le Cueur une dame tresbelle, jeune, gente de corps, d'abit tres riche, et pompeusement aornee, mais pource moins en elle avoit ung sy : c'est car elle estoit, a bien veoir les faczons et manieres d'elle agenser, ung bien peu nonchalante. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 167).

B. -

S'agencer à qqc. "S'adapter à qqc., s'y préparer" : Ains suis mort ja de voulenté, Si que vueil pourveoir a mon ame. Mais par ou je dois commencer Ne comment m'y fault adjancer Concevoir ne puis nulement. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 24).

III. -

Empl. intrans. [D'un végétal] "Pousser, reverdir" : C'est au my mars que l'erbe agence Que le nouveau temps recommence. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 130).

Rem. L'éd. interprète par «faire pousser», ce qui suppose que le suj. de agencer est my mars et non erbe ; que semble avoir plutôt une valeur temporelle ("quand l'herbe reverdit").

IV. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une chose]

1.

"Apprêté, arrangé, aménagé" : Et, quant elle [une statue] fu parfaicte en tresnoble et belle forme et excellent quantité et convenable disposicion de parties et membres bien agencéz et proporcionnéz ensemble (...), aucuns argüerent et distrent que les seules jambes ne souffisoient pas a soustenir si grant fais [le monde]. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 151). Hercules monstrant son attour et maintien avoit le visaige hideux, barbe noire mal agencee, aspres cheveulx (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 161). Autour et du long les hayes, lesquelles estoyent faictes de fleurs d'esbaulpins, eglantiers, loriers (...), y avoit vignes artifficiellement treuillees, agencees, acoustrees et actintees (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 114).

-

En partic. [D'une plaie] "Nettoyé" : Ia ne sera jamais saine la playe, Et pourneant le mire si employe, Si tout à plain ne vuyde l'apostume, Qui tel langueur au pacient alume, Mais quant la playe est agencée et close, Le patient en sa santé repose (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 146).

2.

[Du langage] "Bien tourné, agréable à entendre" : Ha, mondieu ! et quant je la tien, Je suis ravy jusques aux cieulx. Mos adgencez, mos precieux, Dits plaisans, proprement assis, Soulas, deduys delicieux, Tant beaux, tant gens, tant gracieux, Mignons y sont ils point transis ? (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 354).

B. -

[D'une pers.]

1.

"Paré, bien habillé, beau" : MARTIN. Telz ont le bruyt. GAUTIER. Telz sont cassés. MARTIN. Tels sont mal paiez de leurs gaiges ; Tels sont gorriés et agenssez Qui n'ont de quoy nourrir leurs paiges. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 176).

2.

Mal agencé. "Qui est dans une mauvaise situation ; mal parti" : [Eurialus rend hommage à la ruse de Lucresse, son amante, qui a trouvé le moyen de le garder caché à son mari :] Qui est celuy qui eust si tost pourveu, Consideré ne le moyen pensé Soudainement, ainsi que l'as pourveu, Pour du danger, ou m'estoie lancé, Bouter dehors ? que ne feusse pressé, As la voie promptement avisee. Bien dire puis qu'estoie mal agencé Et ma vie entierement finee. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 83).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un de ses attributs] Agencir qqn (ou un aspect de qqn)

1.

"Apprêter, parer" : Dame ne puet s'onneur trop pres garder, Pour ce lui loist ses ottroys redarder. Mieulx vault qu'amis soit au pressoir ainsi Tant qu'elle l'ait a son gré agensy (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 91).

-

[D'une chose] "Parer, rendre gracieux" : Ce l'embelit, Ce l'adoucit, Ce l'agencit, Ce l'apertit (MACH., Lays, 1377, 343). La coste simple est bonne et prouffitable, Agensit dames et les monstre valloir. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 16). Ung courdon fault pour madame lacer (...). Le lacet lye le corps et agenssit, Et coste et pieche entretient fermement, Ou mal yroit tout nostre habillement. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 22).

2.

"Rendre agréable" : Sa leesce m'esjoïssoit Sa cointise m'acointissoit Et son gent corps m'agencissoit (MACH., Voir, 1364, 3134).

B. -

Agencir qqc. "Arranger qqc. (dans un sens qui convient)" : Le seigneur d'Esquerdes (...) aspiroit de prendre quelque ville de frontière pour avoir entrée en Franche, delibera (...) d'atraper la fleur et le chois de sa chevalerie par quelque malicieux tour. (...) il forga mediateurs (...). Et, entre les aultres, ung compaignon aventureux nommé Ruele (...) se adressa au lieutenant de la gouvernance de Lisle, à messire Baulduin de Lannoy et, finablement, à monseigneur Philippe de Clèves ausquelz, pour agensir son fait, disoit que les villes des frontières estoyent fort depopulées de gens d'armes (...) et que jamais on n'aroit sy belle au jeu (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 571).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers., de son corps, de son comportement, de son langage, de ses réalisations...] "Beau, noble, accompli"

-

[D'une pers.] : A treze ans fu si bielle, si douche et agenssie, Parfaitte en tous estas, sage, bielle nourie N'est homs, se il le voit, qui n'ait le chiere lie (Flor. Rome W., c.1330-1400, 136). Synamonde la belle (...) Regarde Bauduin (...). "Ahi", dist elle, "roys, comme tu es faitis ! Biaus et dous et bien fais, courtois et agencis ; Ne me escaperiés mie se[n]s estre mes amis". (Bât. Bouillon C., c.1350, 82). [Le roi :] Elle n'a que .XIII. ans, mais tant est agencie, Plus a de sens en luy qu'en toute sa lignye. (Tristan Nant. S., c.1350, 125). Sire, dist le bastart, je suis certains et fis Que sans moy ne serés ne retenu ne pris. Je seray avec vous huymés et mors et vifz. - Vassaulx, se dist Gallaffre, moult estes agencilz (Tristan Nant. S., c.1350, 279). Et cant I. hons est bons et loyaulz et hardis, Adrechiez de tous membrez, courtois et agensis (...) Et qu'il aquieve bien tout ce qu'il a enpris, Il en doit amender et bien estre servis. (Hugues Capet L., c.1358, 145).

.

[Dans une formule à la louange d'un haut personnage, vivant ou disparu] Qui tant est/fut agenci : Pour Gharsille rescourre y vinrent ses amis, Et pour l'empereour, qui tant fu agensis, Y est venus Sansson (Flor. Rome W., c.1330-1400, 162). Li dux Harpins de Bourges, qui tant fu agencis (Bât. Bouillon C., c.1350, 16). Il n'est hons qui soit vis, S'il me desconseilloit, ne par fais ne par dis, A amer che biau roy qui tant est agencis (Bât. Bouillon C., c.1350, 83). Et lequel est Regnaut qui tant est agenssis ? (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 259). Chis chastelain Buevon ot à femme Bealtris, Filh al cuen de la Roche, qui tant fut agensis Et de grant sanc roiial de Franche engenuis. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 605).

.

Agenci de + subst. indiquant la nature de ces qualités. "Accompli pour ce qui est de" : GABRÏEL [à Nostre Dame]. (...) Cil [Jhesus] sera grant et agensiz De tout bien qui est en enfant (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 51).

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Agenci es armes. "Parfaitement revêtu de ses armes" : Quant vint Huon Cappez, ly vassaulz postaïs ; Se lance avoit brisie desus cez anemis. Sur le cheval estoit es armes agensis ; Grans estoit et poissans, de membrez bien furnis (Hugues Capet L., c.1358, 51).

.

Empl. subst. : De Vïenne se part Garin li agencis (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 146). ...il orrent espïé (...) Tant qu'i sceurrent o vray de Huon l'agensy Et de Gerard son frere qui fourment s'esbauby. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 6).

-

[Du corps ou d'une partie du corps] : Tant que la fée fu ou chastel seignori Doucement l'enfançon aleva et nourri. Quant elle l'ot nouri bien .IX. ans et demi Il avoit en estant le cors si agenci Qu'il n'en fu onques nul plus gracïeus de li (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 95). ...li roys Corbadas (...) Roys de Jhérusalem, celle cité garnie, Voloit à icel jour (...) Sa couronne donner par noblièce exaucie Son fil Cornumarant qui cire ["chière, chère"] ot agenssie (Chev. cygne R., c.1356, 129). ...ta dame au corps agensi Ressambleroit sans nul fourvoi Chelle qu'en ton present je voi. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 114). [Belle] Aude fist venir, au gent corps agensi. (Galien D.B., c.1400-1500, 145).

-

[D'un aspect du comportement, d'un trait moral] : Hues de Tabarie au corage agenci (...), Bauduins de Sebourc au corage hardi (Bât. Bouillon C., c.1350, 67). Ainsi ly connestablez, qui le cuer ot hardy, Looit le ber Huon au coraige agensy (Hugues Capet L., c.1358, 58). Secré, discré et joli, Plain de toute courtoisie Et de maintien agensi, Digne d'avoir belle amie, A tel amer ne fail mie (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 164).

-

[Du langage] : Par paroles bien agencies (MACH., D. Aler., a.1349, 312). Se dist ensi Par langage tres agensi : Le souhet de Plaisance (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 209). HONORÉ. (...) Doulz parler menra soulz nos eles Quentin au coraige endurcy. RICTIOVAIRE. Maistre Honoré, il est ainsi, Nos dieux ont leissiet leurs vertus En tres doulz langaige agenci, Dont pluseurs gens sont abatus. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 181).

-

[D'une réalisation] : Huimès orrés chançon bone et bien agencie, Car a l'onneur d'amours la matiére est traitie (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 9). Et quant Gondras fut mors, une tombe entalhie Ont fait, ù fut sa chare noblement enfoiie Droit devant une alteit qui fut d'oevre agensie (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 634).

-

[D'un animal]

.

"Beau" : Si vi que dessus s'esbatoit Uns gentils espriviers ramages, Et se vi bien que ses plumages Ne tenoit nul affaitement, Fors que de li tant seulement, Combien qu'il fust moult agensis. (MACH., D. Aler., a.1349, 258).

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"Agréable, gentil" : Tant dist on a Gallaffre qu'il a nouvelle ouÿe Que sa fille emportoit la cerve ressongnye. Dont fist le roy armer toute sa baronnie (...). Se Jhesus Crist n'en pense, le filz sainte Marie, Mourir fera Tristan et la beste agencie Qui oncques ne fit mal a la gent baptisie (Tristan Nant. S., c.1350, 211).

B. -

[D'une chose]

1.

"Bien apprêté, beau, riche, agréable" : [La duchesse :] Ja ay noble seigneur qui est preux et hardis, Sires est de Dijon, sy en tient le pourpris, Et duc de Valvenise ; il tient .IIII. païs Dont le mendre est contés, c'est beaulx et agensis. (Tristan Nant. S., c.1350, 240).

-

[D'un lieu] : "Seigneur", che dist li roys, "or ne [me] celés mie : A ville ne chastel ne chité agencie Ou on ne croie Dieu en ichelle partie ?" (Bât. Bouillon C., c.1350, 112). Ly conte de Nammure tenoit d'ancisserie Del engliese de Liege voie [l. une ?] terre agensie Che est de Brugerons, la conteit portraitie (...), Qui est unc beal paiis (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 606).

2.

[D'un mécanisme] "Bien réglé" : Premierement je considere ensi, Selonc l'estat de l'orloge agensi, Que la maison qui porte et qui soustient Les mouvemens qu'a l'orloge apertient (...) Proprement represente et segnefie Le coer d'amant qui fine amour mestrie. (FROISS., Orl., 1368, 84).

3.

[D'une institution, de l'Église] "Noble, saint, vénérable" : ...le devision de l'églisse agensie, Qui avoit par errour et par simonnie Estet mout longement au siècle desvoïe, Fu par ces nobles prinches vaillanment radrecie (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 358).

V. aussi agentir
 

I. -

Empl. trans. "Rendre gentil, embellir, parer, orner" (GD I, 159c)

II. -

Empl. pronom. "Soigner son apparence ; devenir policé" : J'ay bien cause d'estre joyeux (...) quant je voy mon filz, naguerres rude et de dur entendement, par la vertu d'Amours pensant a soy retraire et desja commenchant soy desraciner de toutes folles pensees, pour ung hault voulloir quy a son cuer se combat et luy enseigne de soy agentir, adfin de complaire a aulcune dame. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 22).

III. -

Empl. intrans. "Soigner son apparence, se parer" : Desquelz abillemens il se atourna de pure voullenté, sans enhortement de personne sy non d'Amours, quy sy bien l'aida a agentir qu'il sambloit estre ung homme nouveau en fourme, maniere et contenance. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 23).

IV. -

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Beau, noble" : Quant oï que ses freres estoit des Turs saisis, Il le plaint et regrete, en disant : "Chiers amis, Loiaus freres chertains, d'onneur supellatis, Combatans souffisans, noble et agentis, Prex et courtois et sages, en science nouris..." (Bât. Bouillon C., c.1350, 16).

-

Empl. subst. : Or est conte Bertran, marechal seignoris De toute Normendie, de par le roy gentis. La le laissa li roys, quant revint a Paris. Bien y avoit mestier Bertran li agentis, Car ou païs avoit grant planté d'annemis. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 117).

REM. L'ex. MACH., Poésies (agentissoit) que cite GD I, 160a, correspond à MACH., Voir, 1364, 298 (v.3136, agencissoit).

V. aussi agencir
 

"Défaire l'agencement de"

-

Part. passé en empl. adj. "Décousu, désordonné" : ...elle ne pot plus endurer le desagencié et rude langaige du chevalier (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 704).
 

"Vénérable, respectable" : Cornumarans, dist l'abé, je suy tous esbahis, Que vostre cuers ne s'est en ung aultre loy mis, Tant est la nostre loy noble (...) Tellement ordenée, de fais sy engenssis. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 60).

V. aussi agencir
 

I. -

Empl. trans. "Déplacer, disposer" : ANATHOT. Garde ce costé, Il semble qu'el vueille verser [la loge qu'ils essaient de déplacer]. LUDIN. Je te la feray bien genser, Ne t'en soucye, va tousjours. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 196).

II. -

Empl. pronom. "S'arranger, s'appliquer" : Achin, vecy ja le repaire, Il nous fault promptement penser De nous arruner et genser Pour aler faire cest hommaige. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 67). MERAIOTH. Je vous pri, chanson en faison, On ait melodie a foison. THESAN. Sus, que chacun de nous s'i gense. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 86).
 

A. -

[D'une personne]

1.

"Noble, bien né" : ...Soies loyaus a toutes gens, Si en seras tenus pour gens, De bon renom et de bon fame. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 112). ...Ne vient pas seul Floire le gent, Ains amaine foison de gent Qui sont d'estat et de valour (Mir. Berthe, c.1373, 247). Aurelian, li preuz et gens, S'en vint a moy (Mir. Clov., c.1381, 268). Or estoit-il gent chevalier et de grand courage (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 471).

2.

"Avenant, qui fait preuve d'élégance et de distinction, beau, gracieux"

-

[Dans toute sa personne] : ...madamoiselle Jehane (...) lors estoit la plus belle, la plus gente, la plus frice et mieuls aians toutes nobles manieres que nulle jone dame dont on euist la congnissance (FROISS., Chron. D., p.1400, 267). ...le temps sera Q'une vierge gente et plaisant Doit concevoir ung bel enfant (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 119). Ceste tant gente pucelle tenoit en sa main dextre l'espee du bacelier. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1). A l'ostel d'un grand baron du païs demouroit et residoit ung jeune, gent et gracieux gentilhomme (C.N.N., c.1456-1467, 163). ...il choisit et enoeilla une tresbelle jeune et gente fille a marier (C.N.N., c.1456-1467, 293). ...elle estoit belle et gente et en bon point (C.N.N., c.1456-1467, 431).

-

[Dans son corps] : Le roy, la roÿne au corps gent Demourerent a pou de gent. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342,). ...Puis repaira la serve vers la dame au corps gent (Tristan Nant. S., c.1350, 154). Haa, Remond, la journee que je [Mélusine] te vy premiers fu pour moy moult douleureuse. Las ! Mal vy oncques ton gent corps, ta facon, ne ta belle figure, mal convoitay ta beauté, quant tu m'as si faussement trahie. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Et lors trouvay une autre dame Gente de corps et bonne d'ame (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 33). Car tant fu belle creature L'enfent et de gente faiture (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 193). Je prens tel plaisir a l'oÿr Que de riens qu'oncquez mais oÿs, Tant en cueur ne me resjoÿs, Tant est gent de corps et de voix. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 123). Quant la royne le vey sy gent de corps et sy ben formé, elle dist... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 351). Tant fu a Assuere belle Et avenant celle pucelle Qu'il l'a choisye devant toutes, Car on amenoit, a grans routes, Pucelles devant Assuere, Gentes de corps et de viaire, Sages et de noble lignee, Pour choisir la mieulx enseignee, Et celle, qui mieulx lui plairoit. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 263). ...je plains et complains mon gent et jeune corps qu'il fault pourrir sans avoir eu ce desiré plaisir. [L'amour] (C.N.N., c.1456-1467, 348). Le pastourel, de moult gente facture (...) le fier lyon regarde (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 98).

.

Se faire gent. "S'embellir" : Pour m'abiller et faire gent Tout mon avoir y despendoye (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 179).

-

[Dans son comportement] : LE SECRETAIRE. Tost m'en delivreray sanz faille. Dame, tenez. LA MÉRE. Vous estes clerc gent et senez (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 46). ...[elle] esprouva la loyauté du gentil homme par une merveilleuse et gente façon (C.N.N., c.1456-1467, 7). ...l'achevement de sa gente chasse luy estoit plus grand eur et trop plus desiré que nul aultre quelconque bien [Cont. amoureux] (C.N.N., c.1456-1467, 183).

-

"Vif" : Prince gent comme esmerillon, Saichiez qu'il [Villon] fist au departir : Ung traict but de vin morillon, Quant de ce monde voult partir. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 151).

-

[D'un animal] "De bonne mine, de belle apparence" : Pallefroix ont et beaulx et gent (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 53). ...tenez cy en ceste boursecte cent et soixante escus que je vous donne pour acheter un gent, frisque et fringant cheval de compaignon qui soit bien vif et saillant (LA SALE, J.S., 1456, 69).

.

[D'un aspect de l'animal] : Et là fu trouvés en la base court li plus biaux blans chevaulx et de plus gente taille que on euist point veu en toute l'anée. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 127).

3.

[Sens moral]

-

"Bon" : LE FILZ CLAUDE LA GENTE. Allons y, car vostre adversaire Est deliberé, en substance, De tresmal voz besongnes faire ; Pour ce, faictes y deligence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 518).

-

"Aimable" : Avoec les amoureuses gens Estoie haitiés, liés et gens (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 8).

-

Empl. subst. fém. [Comme qualificatif donné à la Vierge Marie] "Gentille"

.

[Dans une formule de serment] : ...par saincte Marie la gente (Path. D., c.1456-1469, 136). SAINT MARTIN. I'aymasse trop mieux par la gente Que des solz eust cousté [[ce vêtement]] cinquante Et qu'il eust esté grand et lay (Myst. st Martin K., a.1500, 315).

B. -

[D'une chose]

1.

[D'un état] "Noble, distingué" : ...puis que Mahom mis En estat si noble et si gent Vous a... (Mir. st Lor., 1380, 153).

2.

[D'une chose concr.]

-

[D'un objet, d'un élément] "Beau, bien fait" : La mére Dieu servi avoit De gens chapiaux qu'il li faisoit (Mir. march. larr., c.1349, 116). ...Et lluec nous mesins en mer (...) En une nef grans, gente et fors. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 122). ...Par l'avision d'une estelle Luisant en l'air, gente et isnelle, En ceste cité arriverent (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 121).

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"Bien fait" : ...Par saiges gens fut dit et advisé Qu'on renvoyroit chariot et charrettes (...), Car on se fust lourdement abusé De les mener jusques dessus les metes Des mons d'Ambrun, car a peine brouettes Tant soyent gentes y ont chemin et voye (LA VIGNE, V.N., p.1495, 146).

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[D'un lieu] "Plaisant, agréable" : Vecy chambrette belle et gente Pour Dieu, mon crëateur, servir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 51). ...esquelles maisons avoit gentes sales, chambres, garderobes (LA SALE, J.S., 1456, 175). Au gent et plantureux païs de Hollande avoit, n'a pas cent ans, ung gentil chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 502). En une gente petite ville cy entour, que je ne veil pas nommer, est nagueres advenue adventure (C.N.N., c.1456-1467, 507). ...faictes devoir De faire vostre hostel bien gent (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 156). Lequel jour il partit pour aller a Montcailler, qui est une tres gente petite ville et bien troussee, assise en ung hault lieu, et au bas d'icelle passe la belle et bonne riviere. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 301).

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[D'un aliment] "Agréable" : A trois tournois y arons vin Et bon et gent. (Mir. march. juif, c.1377, 179).

3.

[D'une chose abstr.]

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"Remarquable" : PAIX. ...En voz ditz [de Sapience] n'y a riens perdu, Tant sont faiz par maniere gente. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 46).

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"Beau, aimable" : Parlez de faire bon potaige ; Car ce parler n'est beau ne gent (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 127).

C. -

Empl. adv.

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"D'une belle façon, avec goût" : Et pour li servir ne li bailles Mais que femmes bien acesmées Et pucelles gentes parées Qui soient avec li touz jours Et touz temps de nuiz et de jours. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 288). Vous les manoiiés si tres gent [les boucles, les agrafes], Et par si courtoise maniere, Que pucelle ne camberiere n'i saroit avenir vers vous. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 86).

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"Convenablement" : ...Et pour verité, g'i prenoie Plaisance [à Cointise] en tant, qu'entre la gent Me faisoit contenir plus gent (ACART, Prise am. H., 1332, 39).

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Bel et gent

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"Convenablement" : Mais par sa grant devocion Et qu'en Dieu s'esperance ot mise Ne volt unques lesser s'emprise Pour ce qu'il avoit pou de gent, Ainz les ordenna bel et gent (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 77).

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"À souhait, à satiété" : Se nous ne sommes fortunéz A ce que le temps s'apareillie, Nous devrïons faire merveille D'avoir du poisson bel et gent Et, par consequent, de l'argent, S'il est que maree se vende. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 420).
 

"Gracieux, mignon" : Or y a autre oiselès, Biaus, gais, jolis et gentelès [var. gentilles]... (MACH., D. Aler., a.1349, 331). Avez vous point veu cy entour Ung enfant d'un bien doulx visaige, Bien gentelet ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 128). ...si avoit [la Sirène] le crin blons comme fil d'or et longs jusques en l'eaue bien ung pié sur floctans, et oultreplus avoit les tetins genteletz, droitz et pongnans, et les bras grasselez, et en sa main tenoit une petite fleur laquelle si alloit o ses dens transonnant comme si elle la mangeast tout par esbatement. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 169). Filles gentellettes, Gentilz combattans, Ne soyés doubtans (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 92). La tres illustre fleur de jennette, Fort mignongnette, ou le soleil attouche, Porté nous a une fleur vermeillette, Plaisant fillette, honneste plantellette, Fort gentellette et de tres vive touche (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 350). Chascun poeult lire en ces fleurs gentellettes, En lettres d'or, cleres et bien vëables, Bien formees sur leurs tendres foeullettes, Tant des meres que des jeunes fillettes, Les nobles meurs et merites loables. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 105). Puant suis je mais Plantelettes gentes, Gentelettes entes, Nettes, fort recentes, Flairans desormais. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 214).
 

A. -

[Idée dominante d'élégance et de grâce]

1.

[À propos de l'apparence] "Élégamment, joliment" : Aprés met paine a songier et viser De quelque habit tout nouvel adviser, Et s'estudie a bien le deviser Nouvellement, Et le vestir et porter gentement, Et d'assez peu soy tenir nettement, Marchier a droit, chevaucher seurement Sus fiers chevaulx (CHART., D. Fort., 1412-1413, 169). Item, en cest an, le duc Phelippe de Bourgongne mist sus en l'onneur de Dieu et de monseigneur saint-Andrieu, duquel en armes il portoit l'ensaigne, une ordre et fraternité de vingt quatre chevaliers sans reproche, gentilz hommes de quatre costés. Auxquelz il donna à chascun d'eulx ung colier d'or moult gentement ouvré de sa devise, est assavoir du fusil. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 373). ...pource que chacun jour il ne failloit point de passer devant son huys, allant au marché, elle se mectroit au perron, parée le plus gentement qu'elle pourroit (C.N.N., c.1456-1467, 570). Et si en avrez quatre paires de draps linges et IIIJ couvrechiez bien deliez, des soulers et des patins qui soient bien faiz, et que je vous voye bien joly dimanche prouchain. Et se de cecy vous vous gouvernez bien et gentement, bien brief, au plaisir de Dieu, je vous feray mieulz. (LA SALE, J.S., 1456, 50). ...aux unes les gracieux diamans et rubis et aux autres les verges d'or gentement esmaillies (LA SALE, J.S., 1456, 72). Après se trouva sur les rens messire Jehan de Montfort, gentement houssé de soye et de bordure [var. brodeure]. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 127). Après vint messire Jehan de Monfort, moult gentement houssé de soye et de bordure. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 347).

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P. iron. : Heu ! ce las cy ne veult courir, Mauldis soit qui fist le luicol ! Or met ceste esquierpe a ton col, Il te siet bien et gentement ; Prendez cel autre, alons nous ent. Monseigneur, ve cy ces larrons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 178).

2.

[À propos du comportement] "Noblement, aimablement" : La sëoit la plus gente dame Et la plus gaie qu'homs ne fame Veïst onques, a mon devis, De corps, de maniere et de vis, De dous regart, de simple chiere, De maintieng, de sage maniere, De rire et jouer gentement Et de tout autre esbatement Que bonne dame doit savoir. (MACH., D. Lyon, 1342, 175). Mais si gentement se maintegne Qu'adès honneur en sa main teingne, Humbles, amiables et cois A toutes gens (MACH., D. Lyon, 1342, 262). ...il couvint la danse laissier, combien que mieulx leur eust pleu danser que le reposer ; sy fist lez honneurs le conte tant gentement que c'estoit ung grant soulaz et la belle de son costé pareillement (Comte Artois S., c.1453-1467, 7).

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P. iron. "Gracieusement, gentiment" : Or fourbissons Dont ung petit nos alemeles, Pour trenchier couppeurs de semeles, Il en mouront plus gentement. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 303). ...Et ses maistres cardinaulx dissolus, Par bou(r)gerons en mes las les actrappe, Puis je les mectz gentement soubz la trappe Ou ilz sont tous de leurs cas absollus Es chauldieres du loudier Tantallus Et es fours chaulx des infernaulx palus (LA VIGNE, S.M., 1496, 478).

B. -

[Idée dominante de savoir-faire]

1.

"Avec facilité, aisance" : Si dit Tulles en sa Rethorique, en louant façonde et maniere de parler, que ja soit ce que un homme ne sceust dire ses motz biaulx ne polis, et il savoit les proferer gentement, de belle maniere, et par biau point, si seront ilz louéz, et s'il les dist sans ordre, quelque la matiere fust belle ne seroit ja à ouir plaisans. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 167). Cleriadus appelle ung de ses gentilzhommes, (...) et ung de ses escuiers pour dire la teneur à lui et à l'enffant. Adonc commence Cleriadus la chançon si bien et si gentement et d'une si belle voix, si haulte et si necte que le roy l'escoutoit moult voulentiers chanter et la royne aussi. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 492). Après lequel cry dessusdit, Maillotin de Bours, qui estoit appellant, commença à marcher tout premier, et après messire Hector vint contre lui, chascun d'eux paumoiant leurs lances gentement. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 438). Ou service de ce cardinal se maintint et conduisist gentement nostre bon clerc. (C.N.N., c.1456-1467, 284).

2.

"Selon les règles de l'art, bien comme il faut" : Si cheminay longuettement, En regardant com gentement Li vergiers estoit compassé ; Car d'arbres y avoit assés, Mais de groisseur et de hautesse Furent pareil et par noblesse Planté, si que nuls ne savoit Com plus de l'un a l'autre avoit. (MACH., D. Lyon, 1342, 166). La a de povres maisonnettes, Mais moult sont jolies et nettes (...) Et moult gentement maçonnees (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 124). Et d'icelluy cousté est le ditte cipté plus haulte que de nulle autre part et par de dens sont quatre rues principaux, toutes d'un renc et longues tant comme ung home pourroit tirer la pierre en deux traitz et par dessus sont toutes voutees de belle pierre bien gentement et au chief de ceste cipté devers le Mont Dession est le chasteau du roy David. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 37). Item, ung eschequier, d'un costé d'ivoyre entaillé à l'entour bien et gentement et de l'autre costé tablier (Arch. Nord, c.1450, B 3501, n°123745, f° 30 v°, IGLF). Et au dessus [d'un chêne] estoit la maysoncelle d'un hermite bien gentement assise, ou huit personnes se fussent bien logiez a ung besoing. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 27). ...l'eglise et tout le pourpris de leans estoit tout fondé sur une roche d'aymant fin, et les murs furent tous faiz par desoubz de marbre bis et par dessus de jaspe bel et cler, et fut tout couverte de platines de fin argent gentement esmaillé a estoilles d'azur, sicque quant le souleil rayoit dessus, c'estoit belle beauté a veoir. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 110). ...au matin, qu'elle eut blanchy ces chemises, couvrechefs et petiz draps, les sechez au feu, et ploiez bien et gentement, elle fut [appellée] de sa maistresse (C.N.N., c.1456-1467, 397). Mes quoy ! Y nous fault tenir tous Et faire bon guait jour et nuyt, Garder noz murailles et tours Tres gentement, sans mener bruit. Que chacun de noz gens soit duit A gouverner l'artillerie Pour bien la tirer a proffit, Et que on ne leur faille mie. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 530).

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P. iron. : Jehans de Castiel Morant assegna le chevalier moult gentement et li donna grant horion enmi le poitrine tant que messires Guillaumes de Ferrinton fleca. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 39).
 

"Élégance, distinction" : ...tout aussi tost qu'il me souvient de la grant beaulté, genteté, humilité et amiableté qui sont en elle, le corps me tressue de paine et de desir que j'ay d'estre avecques elle (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 105). ...de bonté, beaulté, genteté, passoit toutes les filles d'elle plus eagées. (C.N.N., c.1456-1467, 31). ...par sa beauté, bonté et genteté congneue estoit de pluseurs gens (C.N.N., c.1456-1467, 37). ...je vous avoye entre aultres choisie comme la non pareille en [beaulté], genteté, et gracieuseté (C.N.N., c.1456-1467, 233).
 

"Balayer"

REM. Doc. 1479 (Vienne, de jancer l'eglise touttefois qu'il en estoit mestier) ds GD IV, 631b.
 

"Balayure"

REM. Doc. 1479 (Vienne, janceure) ds GD IV, 631b-c.
 

"Agencer, arranger de nouveau" : Gentement est Maniere ragensie (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 69). [var.] ...et reagencerent les herbes odorens (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 501).

REM. GD VI, 555b-c : ragencié [d'une terre] "ensemencé" (doc. 1323).