C.N.R.S.
 
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     ACCROIRE     
FEW II-2 credere
ACCROIRE, verbe
[T-L : acroire ; GD : acroire ; AND : acreire1 ; DÉCT : acroire ; FEW II-2, 1298b,1305b : credere ; TLF : I, 457 : accroire]

I. -

"Acheter à crédit ; vendre à crédit"

A. -

"Acheter à crédit"

 

1.

Au propre : Et il estoit si large et tant dou sien donnoit, Chescun avoit mervelle la ou l'avoir prandoit ; Jamaix rien n'an paiaist, car trestous acreoit Et se disoit au gens cez perre paieroit : "Allez an a Monclin, demain ou quant que soit, Mez perre Bauduyn jamaix ne vous faroit Que ne fuissiez paiéz de ceu que on vous doit." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 32). Bialz filz, nous besoingne mal va, Car tant avez acrut et desa et dela Que ma terre ait vandue et se grant castel la (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 35). La creance de pain et de vin et de autres vitailles sera à moy faite à Dijon XV jours et, se dedans le devant dit terme n'auray rendu ce que l'en aura acreu, l'en ne me croira plus riens jusques à tant que toutes les choses acreues seront paiées. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 20). ...comme varlet peletier fourreur ; et en ce temps fourra plusieurs garnemens à iceulx mariez, pour lesquieulx il acheta à plusieurs marchans de la ville de Paris des fourreures pour lesdiz mariez, d'aucune desqueles il accreust l'argent aus marchans qui les lui vendirent, soubz confiance qu'il avoit que par lesdiz mariez l'argent qu'il devoit pour iceulx feust par eulx rendu aus marchans ausquieulx il avoit accreu lesdites denrrées. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). Gardez vous que vous n'acroiez ja chose que vous puissiez bonnement paier. Et se par neccessité vous fault accroire, tantost que vous avez l'aisement, faictes en satisfaction. Et ainsi pourrez vous estre sans dangier et vivre honnourablement. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Li contes de Montfort (...) tenoit grant estat et estofet. Et faisoit partout paiier bien et largement sans riens acroire (FROISS., Chron. D., p.1400, 473). ORDRE. Que dient ces vasaulx, Qui sont en ce poinct arivés ? LE MONDE. Se sont trois povres engelés Qui me veulent menger toult cru. ORDRE. Monde, s'on leur a rien acreu, Qu'on les paye, afin qu'i s'en voisent. (Troys Gal. P., c.1445, 41). Se nous avons des draps acreuz Nous poyrons a la Magdalaine (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 173).

 

-

Empl. abs. : ...plus y vit [dans ce monde] ly homs, plus a confusion ; Il acroit sans payer, s'en a mal guerredon. Dont je prueve de fait et fas probascion (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 58). Leur jeunesce demener Veulent et leur temps user Es delis, manger et boire, Mau paier, assez acroire, Eulx polir com blanc yvoire, Bien dormir et reposer, Pechié de char aloser (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 220). Car tout adiés fine haus hons, Ou par proumesses ou par dons, Ou par acroire ou par paiier (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 134). ...avoir en ce monde provision honneste et seure, c'est assavoir pasture licite et sans reprouche, hostel sans dangier, habit sans emprunct, chaufer de saison, fournir sans reprouche et sans acroire, prandre sans demander (Abuzé D., c.1450-1470, 3).

 

.

Prov. : De larechin toudis famez Est povre sans allegement, Equipollent aux diffamez Et reprochable en jugement Pour ce que devant juge ment Et que ses diz ne font a croire : Hongnier ne fault qui veult acroire. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 145).

 

-

P. ext. [Le compl. d'obj. désigne la somme que coûte la marchandise achetée à crédit] "Promettre de payer" : Il acheta (...) des fourreures (...) d'aucune desqueles il accreust l'argent aus marchans qui les lui vendirent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). Et furent faites certaines ordenances (...) sur la maniere du paiement des debtes acreues et deues depuis le temps du pié desdiz gros (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419-1420, 220).

 

2.

Au fig.

 

a)

"Commettre une faute, un méfait qui devra être expié tôt ou tard"

 

-

Prov. Sept ans accru et puis pendu. "Il faudra payer pour ses crimes" : Du Dyable je soye emporté S'il ne vous sera cher vendu, Combien qu'il vous soit attendu ! On dict en ung commun langaige, Sept ans acreu et puis pendu (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 306).

 

-

En partic. [Dans le lang. relig.] : L'escripture tesmoingne, dont on fait le sautier : Qui deshonneure chiaus que on doit avoir chier, Che est et père et mère, qui leur fait destourbier, Jhésus, li tous poissans, leur envoie encombrier ; S'il ne l'ont en che siècle, si l'ont-il en infer. On n'acroit riens à Dieu, qu'il ne faille païer (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 66). Pour ce me vodrai retrenchier Que d'acroire a un tel crenchier ["créancier" (Dieu)] Que pechiés est, qui tout poet perdre (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229).

 

.

[De la faute d'Adam, le péché originel, expiée par le sacrifice du Christ sur la croix] : Telle folie je compere A Adam, nostre premier pere, (...) Qui sa femme crut com son pere, Dont tout le monde le compere. Mauvaise fut l'heure qu'il crut : Mauvaise debte nous acrut. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 29). He Dieux, le juge [Pilate] combien qu'il feust mauvaiz et cruel, toutesvoyes, tres doulz sires, leur disoit il qu'il ne trouvoit en vous nulle cause digne de mort, et certes sire, il disoit voir, mais vous vouliez paier l'escot que vous n'aviez pas acreu. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 367). NOTRE DAME [à Dieu]. Ta parfaitte charité (...) te fist consentir a pendre En croiz, et par piez et par mains Estre clofichié pour humains Acquitter de leur grief deu Que n'avoies pas accreu. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 248).

 

b)

Accroire une dette. "S'exposer, par ses actes, à des conséquences fâcheuses" : Ferrans fu homs, et femme crut ; En cel jour mainte debte acrut, Bien perdi ce jour ses bontés, Quant par femme fut enhortés De tel oeuvre faire et emprendre. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 29).

 

c)

Accroire les treüs de nature. "Chercher à profiter le plus longtemps possible de la vie" : Quant la mort se weult herbergier En corps de creature humainne, Dedens se taverne l'emmaine ; Ne rien n'y vault li delaier, Car en la fin convient paier De nature tous les treüs, Quant on les a assés acrus. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 21).

 

Rem. Cf. Payer le treü de nature, de la mort. "Payer tribut à la nature : mourir".

 

d)

[À propos de coups échangés par des combattants] "Tarder à riposter, après avoir reçu un coup"

 

-

Sans accroire. "En ripostant sans tarder" : Apprés ce mot Loÿs de Gavres sailly avant et fery ung cop d'espee amont sur le healme de Cassidorus (...). Puis luy dist : O Cassidorus, assés poués congnoistre en moy que bon me fait prester, quant sans vous acroire avés recheu ce que m'aviés volu prester. Mais sachiés que avant ce que le vespre soit venu, plus amplement serés payés de vo deserte. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 54).

 

Rem. Cf. T-L I, 127, 48.

B. -

"Vendre à crédit"

 

1.

Au propre : Et les gens du pais Picars ne leur voulloient riens acroire (Chron. Valois L., c.1377-1397, 205). Je n'ay point aprins que je donge Mes draps, en dormant ne veillant, A nul, tant soit mon bienveillant ; Je ne les eusse point acreues. (Path. D., c.1456-1469, 116). Trois compaignons de ladicte ville, qui hantoient les tavernes, vindrent à ung tavernier à qui ilz devoyent, luy priant qu'il leur accreüst encores ung escot, et que, avant deux jours, le payeroient du tout (COMM., II, 1489-1491, 21).

 

-

Empl. abs. "Faire crédit" : On dit souvent : "Qui riens ne porte Riens ne lui chet" et on le croit. En cela point ne me deporte Pour ung party qui me recroit, Mais d'aultre part qui plus acroit Aussi est il trop plus abstraint. Qui trop embrasse peu estraint. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 44). ...il fait mal d'acroire, Ce sçavez vous bien, a l'estraine. (Path. D., c.1456-1469, 76).

 

.

Accroire sur gage. "Faire crédit moyennant un gage" : Acroire sur gage, Galer sans oultrage, Mettre oyseaulx en cage (CHART., L. Plais., c.1412, 151).

 

2.

Au fig. "Prêter" : Car Amours loirre Les cuers comme faucon au loirre, A qui l'en fait souvent a croirre De donner ce qu'on veult accroirre. (CHART., L. Dames, 1416, 247).

II. -

"Croire"

A. -

Accroire. "Croire" : A Ysengrin monlt bien parut, Quancquez il [Regnart] pensa acreüst ; Entour point il ne regarda, Et toudis Regnart l'ennorta. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 59).

B. -

Faire accroire (à qqn que + complét./qqc. à qqn). "Faire croire"

 

1.

"Faire croire à qqn une chose que l'on sait être fausse" : Tu ne dois escouter ne croire Nulx malx ne mettre a memoire, Se tu n'en es bien enformez. L'on le voit en mainte histoire Que malvais hons fait bien acroire De que proudomme est malmenez. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 201). Les Sarasins vous croient en la fourme et maniere que Mahom les entrodit, qui les trouva simples sans malice, et leur fesoit acroire qu'il estoit mesage de vous, et tout ce faisoit il par couvoitise pour avoir le leur, quer par vous ne fu onques loi baillie aus Sarasins, et ycelle n'est mie loi de salvation (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 8). ...il semble qu'ilz oingnent Les cuers des gens, et ilz les poingnent Telement qu'il leur font acroire Ce qui n'est mie chose voire (Mir. st Ign., 1366, 88). Et puis lui demanda des nouvelles dou païs. Il l'en dist assés, fussent voires ou bourdes, et lui fist acroire que toute li terre de Gales le desiroient mout à ravoir à seigneur (FROISS., Chron. R., IX , c.1375-1400, 76). Et avoit cellui roy un nepveu, lyquelz avoit, par l'introducion d'aucuns envieux, sur Hervy, vostre pere, grant indignacion, car ilz lui firent acroire que le roy, son oncle, feroit son hoir de Hervi, vostre pere, et dirent au nepveu du roy en telle maniere : Tu es droiz hoirs de Bretaigne Brute et Gallesse. Or estes vous bien ruez jus et deboutez de la noble contree de Bretaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Si pouoit de legier acroire Faire que ce fust chose voire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231). Si ont ycelles office d'acheter la viande et aler a la char, ou trop bien batent le cabaz - qui est un mot communement dit, qui est a entendre : faire acroire que la chose couste plus que elle ne fait, et retenir l'argent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209). Et aprés qu'ilz furent ordonnez et fermez, il fist de nuyt partir de la toute sa compaignie, en laissant toutesfois ou grant logis le pretoire ou il tenoit son siege et faisoit ses ordonnances, et le laissa tout a escient pour abuser les ennemis et leur faire acroire qu'ilz estoient tousjours leans. (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 104). ...si en ung peage il passe ung marchant qui n'aquite, on confisque toute sa marchandise. (...) Et n'en pourra mais le marchant, qui n'y sera n'ouy ne veu ; mais l'auront fait ses commis pour obliance ou pour peine d'aller aquiter, ou pour le rober au marchant meismes et lui faire acroire qu'ilz avoient aquitté. (BUEIL, II, 1461-1466, 12). Jamais ne me ferez acroire Que se ne soit quelque fentosme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 427).

 

2.

"Chercher à convaincre qqn d'une chose que l'on tient pour vraie"

 

a)

[Le destinataire refuse d'y croire ou hésite à y croire] : Se cestui filz qui vint en terre Fust vraiz Diex, com tu fais acroyre (...) Di moy conment morir peust (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 285). Tres fort vous en seriez blasmés, Et y aroit raison notaire, Sy vous nous voulez faire acrere Chose qui fust a reproucher. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 414). ...et pour tant lui sambloit bien que du mesme pourroit-il faire à Deventer et que autant le craindroit-on là et obéiroit comme on feroit en ses propres pays, mais ce toutevoies ne pouvoit-on faire acroire à la généralité du pays pour cause que la fraieur qu'avoient des Picars et de leur renommée, leur estoit plantée en courrage et ne leur pouvoit dehors nullement ! (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 160).

 

b)

[Le locuteur parvient à convaincre le destinataire] : Quant Loykin avoit le rasseurement de son maistre par sa vive parole (...), à prièmes se tint à certain que c'estoit-il, et partant le plus joieux que fut onques de lui pouvoir faire service de sa povreté, alla à coup faire lever sa femme, lui fit couvrir un lit, fit accroire que là avoit un des hommes du monde que mieux aimoit et à qui plus estoit tenu (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 267).

 

3.

"Laisser supposer que" : Sy vous prie qu'il vous plaise envoyer en toute diligence de la pouldre, car, attendu le train des Bourguignons, ilz font acroire qu'ilz tyrent droit audit Guise. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 325).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Jean-Loup Ringenbach

 Article 2/70 
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     ACRÉANCER     
FEW II-2 credere
ACREANCER, verbe
[GD : acreancer ; FEW II-2, 1303b : credere]

Acréancer qqn que + complét. "Assurer qqn que" : Et la dame lacreanca [acreanta ds Miélot, Mir. N.D. L., c.1456, 215] que, selle pouoit quelle feroit tant vers son mary quil la tiendroit quicte, puis enterroit en religion et vouldroit illecques plaindre et plourer ses pechiez et seruir Dieu et sa glorieuse mere (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 70). [Ou faut-il lire la creanta ?]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/70 
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     ACRÉANDI     
*FEW II-2 credere
ACREANDI, adj.
[GD : acreandi ; *FEW II-2, 1305b : credere]

"Fatigué, lassé" : Les joennes gens de cel accort Ne sont pas, ains, par leur recort, On emprendra la guerre aux Grieux (...) ; Dient que "honte est et pechié De croire viellars et provoires, En fait de guerre, ne que voires Prophecies soient et dis De divins, qui acreandis Sont et demandent le repos." (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 61). [Seul ex.]

REM. Sans doute dér., par changement de préf., de recreandi "fatigué".
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/70 
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     ACRÉANTER     
FEW II-2 credere
ACREANTER, verbe
[T-L : acreanter ; GD : acreanter ; AND : agraanter ; DÉCT : acreanter ; FEW II-2, 1304a : credere]

A. -

"Assurer"

 

-

[En discours dir. et en allocution] Acréanter à qqn que. "Assurer qqn que" : Il dist a ses ouvriés : "N'avalés plus avant ! Vecy la malle beste que le roy va chassant." Il remonta amont, mais je vous acreant Que la cerve plus tost va contremont rampant (Tristan Nant. S., c.1350, 211). Signeurs, se dist le ber, alez vous ordenant, Car demain partirons (...) Et se vous abillés, car je vous acreant Que aus Fransois arons la noise fiere et grant ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 225).

 

-

En incise

 

.

Je vous acréant : : Quant telz chose dirés, je vous ait en covant On cuderait per tout, je vous acreant, Que ceu soit aussi voir comme le saint saicrement (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 294). Un parlement y ot pour delaier le champt Et pour faire la paix ; mais, je vous acreant, Bertran en jura Dieu le pere roy amant : Jamais n'en fera paix en jour de son vivant, S'en poura on veoir l'un des deux recreant. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 60).

 

.

Je le vous acréant : : Si tost qu'une personne i aloit trespassant, Fasoient, lès sa tombe, .J. feu trestout ardant ; Les dras qu'il sieut vestir, quant il aloit vivant, Ardoient en un feu, je le vous acréant, Pour che qu'en l'autre chiècle fuissent leurs dras vestant (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 301). Amis, s'ai dit Lion, allez vous apaisant Et me laissiez aller en la saulle lusant, S'i vous plait, amis, per ung telz couvenant Que la droite moitiet que g'irait conquerrant Arés au revenir ; je lou vous acreant, Ne vous en mentiroie pour nulle rien vivant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 301). Biaulz filz, je vous prie en l'onnour saint Vincent Que briefment revenés a Toullette la grant, Car n'en pouons partir se n'est per le commant Du fort roy de Toullette, je lou vous acreant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 634). Sire, dist le bastart, entendés mon semblant. Demain au droit souper, je le vos acreant, Doy tenir court planiere que trestout ly joustant Seront cy retenu. (Tristan Nant. S., c.1350, 230).

B. -

"Promettre" : Jugement (...) que dit coment que, devant que l'atour de la burlette fut fait, par mil .IIIIc. et .VII., on n'avoit mie a paier burlette d'argent c'on avoit en wairde de jonnes enffants ne d'autre, par c'on ons acranteit. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1392], 570).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/70 
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     CRÉABLE     
FEW II-2 credere
CREABLE, adj.
[T-L : crëable ; GD : creable ; GDC : creable1 ; AND : creable ; FEW II-2, 1301 : credere]

A. -

[Sens actif] "Crédule"

 

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, gloss.

B. -

[Sens passif]

 

1.

"Digne d'être cru, que l'on peut croire, que l'on doit croire"

 

-

[D'une chose, d'un écrit...] : Pluiseurs gens ne le veulent point croire et nompourquant est ce aussi possible et creable comme... (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 55). Et oultre tout ce fist il dyables, Qu'enseignes apporta creables, Dont me merveil. (Mir. Oton, c.1370, 353). Et ce nous est creable et appert par induction. (ORESME, C.M., c.1377, 128). ...et aussi ne sont point creables ne recevables memoires ne aucunes actes de procés, se il ne sont en parchemin signéz et seelléz. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 124). Et pour ce que ce soit ferme chose et creable j'ai mis mon seel à ces presentes lettres (Trés. Reth. S.L., t.2, 1383, 288). Beaulx seigneurs, admenez Remondin, car les dames le demandent. Sa partie est toute preste. De ce se rirent tuit, et dirent que il ne lui en failloit ja tesmoing, car c'estoit bien chose creable. (ARRAS, c.1392-1393, 41). ...qu'il [le roi d'Angleterre] eust voulu renoncer, se n'est point chose creable ne soustenable. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 155). Les aultres [choses] sont par dessus raison lesquelles seulement sont comprehensibles et entendibles par revelation divine ou par l'auctorité des saintes escriptures sont creables comme nous creons trois personnes et ung Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 136). Il n'est creable la hayne que avoient ces deux villes l'une contre l'autre ; et si ne faisoient guères de mariages de leurs enfans, sinon les ungs avecques les autres, car ilz estoient loing de toutes autres bonnes villes. (COMM., I, 1489-1491, 95).

 

2.

[D'une chose] "Plausible" : ...si [l. se d'apr. ms. A] les causes dessus dites sunt creables. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 54).

 

3.

[D'une pers.] "Digne de confiance" : ...Bonne, gentil, franche, amiable, Loial, noble, honneste, crëable, Large de joie et de confort... (MACH., R. Fort., c.1341, 140). Et ay enquis se de Vermendois et d'ailleurs en estoient point venues des informacions ou plaintes de personnes creables et non favorables (JUV. URS., Verba, 1452, 358). ...[ilz] ne vous avoyent pas dit verité et ne sont pas une autresfoiz creables ligerement. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 19).

 

Rem. Mabrien V., 1462, gloss.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/70 
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     CRÉANCE1          CRÉANCE2     
FEW II-2 credere
CREANCE, subst. fém.
[T-L : crëance ; GD : creance ; GDC : creance ; AND : creance1 ; DÉCT : crëance ; FEW II-2, 1303b : credere ; TLF : VI, 439a : créance]

A. -

"Fait de croire ; ce que l'on croit" (synon. credence)

 

1.

"Croyance, credo" : Son seigneur es et te tiens son varlet ! Voy que Salmon escript en son rolet : "Homme sage, ce dit il, a puissance Sur planetes et sur leur influence." - Je n'en croy riens : tel qu'il m'ont fait seray. - Que dis tu dea ? - Certes, c'est ma creance. - Plus ne t'en dis. - Et je m'en passeray. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 71).

 

-

Avoir creance de qqc. "Croire à la réalité de qqc." : Mais, par adventure, en commettant les cas pourquoy cette pugnition luy advint, à ses enffans et à ses subjectz, ils n'ont pas ferme foy et creance de l'offence qu'ilz commettent contre Dieu et ses commandemens. (COMM., II, 1489-1491, 227).

 

-

Donner creance en qqc. "Ajouter foi, croire à qqc." : Il dit qu'il est tant douloureux, Et qu'il est mort sans recouvrance ; Mais bien seroit il maleureux Qui donneroit en ce creance. On peut veoir que celle penance Qu'il lui a couvenu souffrir N'a fait son visage pallir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 127).

 

-

Avoir creance que. "Croire, être convaincu que" : Or me sivez de près, Car j'ay creance et ferme foy Qu'il est paié (Mir. march. juif, c.1377, 219). - Par Dieu, fait elle, je ne seroy jamés aise jusques ad ce que je m'en soye acquitee. Et, par ma foy, j'ay ma creance que l'enfant est malade du pechié que j'en ay fait. - (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 68). ...et, celx, l'empereur tint avec soy, et dist que, comme ilz fussent feaulz à Dieu, il avoit creance que à lui le seroient (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 103). ...Et du soleil avoient creance Quë il n'avoit autre puissance, Fors que luy, et qu'il estoit dieux Gouvernant le regle des cieulz, Le siecle, la mer et la terre. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 62).

 

-

Legere creance

 

.

"Crédulité" : De che que auchuns dient les anciens folz, de legiere creance, oublieux et dissolus, che ne sont pas vices de viellesse mais de paresce, de lascece et de endormie anchienneté. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 345). Si te dy que tes rumeurs et particulieres affections, tes mençongieres paroles et ta legiere creance, ont mis sur toy ceste tresamere division. (CHART., Q. inv., 1422, 27). ...le cas de Tisbé, cruel et lamentable, proceda de trop parfonde amour et legiere creance (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 157). Et de fait y alla [le duc de Bourgogne, en Hollande où on le croyait mort] et se monstra aux parlans, lesquels tous confus se trouvèrent en leur folle légère créance par le contraire de leur cuidier. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 69). Et tantost après ladicte exposition faicte, ledit peuple, qui estoit de legiere creance, se esmeut pour faire guerre à l'encontre dudit roy Henry de Lancastre et de la royne sa femme, fille du roy René de Cecille et de Jherusalem, et du prince de Galle, leur filz. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 6).

 

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[P. oppos. à science] "Croyance peu fondée" : Et semblablement en nostre cas, se le juge avoit legiere creance senz science de tele innocence, il devroit jugier selon l'aprobacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318).

 

2.

En partic. RELIG. "Croyance, foi religieuses" : Ne trayés, noble gent honnourée, Car je suy crestyens en créance rieulée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 181). Lors on me demanda de quel estat j'estoie ou de quelle creance, je respondi que j'estoie christien (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 81). Che que li rois de France creï en Clement, couloura grandement son fait, car li roiaulmes de France che est li fontaine de creance et de excellense pour les nobles eglises qui i sont et les hautes prelacions. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 146). En celle eglise a une image de Nostre Dame à une petite cappelle, qui fait grans miracles et grans vertus, et en lequelle li roi d'Engletière ont tousjours eu grant confidence de creance. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 117). Car cil .IIJ. font toute une essance, Une vertus, une substance, Un pooir, une sapience : Ci ha trop mervilleus mistere. Et si n'en fais nulle doubtance, Car c'est ma foy, c'est ma creance, C'est ma vie et ma soustenance, Par celle qui par excellance Est fille au pere et dou fil mere. (MACH., Les lays, 1377, 407). ...vivre le laira, Sanz li tant soit po oppresser Qu'a sa loy vueille renoncer N'a sa creance. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 269). ...maugré luy il disoit aucunes choses qui tournoyent a sa louange, non pas pour soy louer, car il en laissoit a dire le plus, mais estoit ce pour les autres edifier en bonne creance, contre la faulseté des adversaires ? (GERS., P. Paul, a.1394, 502). Encores avons nous en mil lieux de l'Escripture saincte que ceulz qui avoyent vraye et ferme creance en Dieu impetroyent misericorde. (GERS., Purif., 1396-1397, 64). Que peult estre plus hault ficher sa creance que a ung seul Dieu, eternel devant toutes choses, createur de toutes choses, et puissant sur toutes choses. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 129). Car la creanse va devant l'espoir, et la certaineté d'esperer est fondee en la fermeté de bien croire. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 86). ...car par toutes les sibilles que pour ce vous ay dit, cy dessus nommees, et par les tressains hommes ne aultres escriptures, ne se treuve nulle vraye mencion de ceste faulce sibille que le dyable, par son pooir, a cause de nostre foible creance, a mis renommee sur pour decepvoir les simples gens. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 129). Adonc Charles, plain d'une foy entiere et de creance parfaicte, par contemplacion se va getter a terre, et tout estendu et moult forment pria Nostre Seigneur que, pour la gloyre de son saint non, presentement renouvelast les miracles de sa sainte passion et glorieuse resurrection. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 24). Sus, ma mie, va t'en de ce lieu En bonne paix de ta conscience ! Garde bien ta ferme creance ; Ta foy t'a fait estre saulvee. (Pass. Auv., 1477, 156). Doncques fault entendre qu'ilz seront pugnyz pour n'avoir voulu croyre et pour ce qu'ilz n'auroyent eu ferme foy et creance. (COMM., II, 1489-1491, 227).

 

-

Contraire creance. "Superstition, fausse conviction religieuse" : En especial ung advocat, que je puis nommer Plaisir mondain, a mis et bouté presques tout le monde en erreur et contraire creance. (GERS., Déf., 1400, 221).

 

-

Folle/mauvaise creance. "Croyance en une religion qui n'est pas la religion chrétienne" : ...maistre Jehan Truquan lui fu admonesté et ennorté qu'il se feist baptisier et chrestienner, ou l'en le feroit excecuter comme juif, c'est assavoir qu'il seroit dempné perpetuelment, pour la mauvaise foy et creance qu'il avoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 52). Merveilleusement est yci renversee et confundue la besterie des ydolatres, et la foy crestienne triumphe en ceste endroit glorieusement sur leur folle creance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 116).

 

-

Affirmer qqc. sur sa creance : Pour ce te pri que tu me croies, Car je te jur seur ma crëance, S'estre vues en ma gouvernance, Qu'a tous besoins te porteray, Aiderai et conforteray... (MACH., R. Fort., c.1341, 70). Sur la crëance et la foiz Que j'ay a Dieu, mon crëateur, Il est vray. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 394).

 

-

Ajouster/avoir creance en qqc. "Croire au caractère sacré de qqc." : En ce livre ont ilz [les juifs] leur creance Qui leur est pure dechevance (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 77). On se pourroit esmerveillier de la grant creance que ceulx du pays environ y avoient [aux reliques reliques du saint Cardinal de Luxembourg], et des visitacions que ilz y faisoient, et des presens que roys, ducs, contes, dames et gens de tous estas y faisoient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 184). JESUS. ...Et s'en moy ses euvres voyez Et en moy croyre ne daigniez, Ayez en mes euvres crëance Si que vous ayez congnoissance Que, dedens moy, Dieu mon pere est Et jë en luy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 195). Atant nostre damoyselle adjousta telle creance en la vertu de ce dieu que devant nous tous elle dist qu'elle vouloit visiter ce temple (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 871).

 

-

Tenir la creance de qqn. "Croire en qqn" : Mais se puez sauver ta vie, Et de la crois descendre a terre, Nous t'irons de bon cuer requerre. Or nous fay ceste demontrance, Et tenrons tous ta creance (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 199).

B. -

"Confiance, crédit" (synon. credence)

 

1.

"Confiance (qu'on accorde, qu'on inspire)" : ...et par le service du temps passé enquerez quelle creance ou esperance l'en peut avoir de leur service [des chambrières] pour le temps advenir. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 128).

 

-

Homme de creance. "Homme en qui on peut se fier" : "Je vueil", dist-il, "parler à monseigneur de Glocestre, mon maistre, car c'est pour besoingne qui touche à lui grandement et à tout le conseil aussi." L'uissier cognissoit bien l'escuier, car il estoit homme d'onneur et de creance ; si lui dist : "Alez oultre de par Dieu." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54).

 

-

De legere creance. "Peu digne de confiance" : ...Amours est si petit saige Et de crëance si legiere Qu'el prent tout a son avantage Chose qui ne lui sert de guiere. (CHART., B. Dame, 1424, 345).

 

-

En creance. "Digne de foi" : Et vous aussi, seigneurs, qui demander Avez voulu par si bonne ordenance Qu'une balade chascun veulle ordenner Des amoureux, pour faire demoustrance De ce debat, lequel est en creance, Ou la Guignarde au muable talent, Ou le tresbon chevalier noble et gent Hutin qui veult Loyaulté maintenir (Cent ball. R., c.1388-1396, 224).

 

2.

[À propos de diplomates, de messagers]

 

a)

"Accréditation ; clause d'une lettre recommandant au destinataire de faire confiance pour le reste (les éléments confidentiels) au porteur de la lettre" : Et quant il ot dit sa parole, Je, qui ai esté a l'escole, Lisi la lettre mot a mot En l'eure que baillié la m'ot. Si vi qu'il y havoit creance (MACH., Voir, 1364, 746). ...pour eulx excuser envoyerent leurs ambassadeurs devers le roy, qui portoient letres de la seigneurie de Venise avec leur creance (Bouciquaut L., 1406-1409, 275). ...quant ledit maistre Anthoine aura accès devers l'Empereur pour la premiere fois, il fera les recommandacions deues et accoustumees pour mondit seigneur, luy baillera ses lettres contenant creance sur luy et pour iceluy ses creances dira et exposera ce qui s'ensuit... (Doc. 1460. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 98, 1937, 310). Quant le secretaire les eut leues, il dist qu'il n'y avoit que creance. Adonc dist le duc aux enbaxadeurs : "Beaux seigneurs, voz lettres ne contiennent que creance. Si vous voulez, vous la me direz." (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 10). Et devez sçavoir que, dès que le duc de Bourgoigne eut receu les lettres dudit connestable, il les leut tout du long et veit la creance dudit gentilhomme, qui estoit maistre d'ostel dudit connestable ; auquel il dist : "Apres ce que j'auray oÿ messe, je vous feray responce." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 349).

 

-

Charger à qqn en creance de + inf. "Accréditer qqn pour dire..." : ...Auquel vueilliez donner foy et fiance En ce que lui ay chargié en creance De vous dire plus palainement de bouche... (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 117).

 

-

P. méton. "Teneur du message de la créance, les instructions confiées au porteur, lui permettant de conférer avec ses interlocuteurs, informations confidentielles à transmettre oralement" : Pour despens du viconte d'Orbec, son vallet et chevauls, faiz à venir d'Orbec à Évreux le XIIIe jour de novembre lan LXIX, où moy J. Climence le fiz venir affin que je li deisse la creance dunes [l. d'unes] lettres que Monseigneur li avoit envoiées, et lors maporta [l. m'aporta] finance (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 355). ...tout l'enclinerent (...) et puis monstrerent les lettres de creance que il avoient aporté. Li contes les fist lire devant li par un sien clerc ; et qant il ot oy la creance, il fist toutes gens widier hors de la cambre, reservé son frere et les Englés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 247). Ce jour, le cardinal de Saint Marc, qui estoit envoié par le Pape en ce royaume (...) exposa certaine creance qu'il avoit à dire et exposer ou Grant Conseil du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 124). Et finablement, en effect, fu conclu de faire response de par la Court ausdis ambassadeurs sur la creance exposée par ledit Gelinier. (FAUQ., I, 1417-1420, 259). ...me transporté ou chappitre dudit Langres, et là, présenté aux doien et chappitre les lectres du Roy et leur exposé ma créance, tant sur le fait de leur éleccion et des bulles que de la recommandacion dudit monseigneur maistre Guy. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 162). ...furent assemblez au Palais de ceste ville de Montpellier les trois estatz de ce païs de Languedoc, ausquelx monseigneur de Carcassonne exposa la créance que le Roy avoit commise et ordonnée à luy et audit Octo et à moy touchant l'aide que le Roy requéroit. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 179). ...Madame par sa grant diligence pour soy au plus tost delivrer de maistre Julien incontinent lui bailla sa responce et dist sa creance telle qu'il lui plust (LA SALE, J.S., 1456, 261). ...quant ledit maistre Anthoine aura accès devers l'Empereur pour la premiere fois, il fera les recommandacions deues et accoustumees pour mondit seigneur, luy baillera ses lettres contenant creance sur luy et pour iceluy ses creances dira et exposera ce qui s'ensuit... (Doc. 1460. In : Henri Stein, Bibl. Éc. Chartes 98, 1937, 310). Or ça, cappitaine de Crathor, vous vous en yrez en la ville et vous logerez ; et puis vous en yrez devers mon beau cousin de Parvanchières, qui est par delà ; et demain, au saillir de ma messe, vous viendrez quant et lui devers moy et me direz vostre creance. (BUEIL, II, 1461-1466, 141). Lesquelles leues [des lettres], ledit de Clugny, par charge et ordonnance des deux chevaliers, leur declaira [aux seigneurs du conseil du roi] et dist leur creance, est assavoir la cause de leur venue, qui estoit pour le fait de monsieur le daulphin (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 43). "Beaux seigneurs, voz lettres ne contiennent que creance. Si vous voulez, vous la me direz." Les chevaliers luy dirent : "La creance est telle que le roy, noustre souverain seigneur, a ouÿ parler du bon renom de mademoiselle voustre fille, et pour le bien qu'il en a ouÿ dire, c'est la creature du monde qu'il auroit plus cher a avoir a femme, si voustre bon plaisir y estoit." (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 10). Et, tantost après, rescripvit ledit connestable ausditz capitaines unes autres lettres dont la teneur s'ensuit : "Messrs, je me recommande à vous. J'ay receu voz lettres et oÿ la creance qui m'a esté dicte de par vous par Pierre Cleret. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 295).

 

-

Lettre de creance. "Lettre contenant les instructions remises à un ambassadeur et qui atteste que le porteur est accrédité pour telle mission" : ...j'ay bien oÿ et entendu tout ce que li porteres de ces lettres m'a dit de par vous, par unes lettres de creance (MACH., Voir, 1364, 778). Se vous voulsissiez avoir sceu des nouvelles, vous deussiez estre venus en estat de chevalier et de preud'omme et avoir aporté lettres de creance ou d'estat ; ainsi euissiez-vous par delà rapporté toutes nouvelles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). Cilz departirent de Brouxelles quant leurs lettres de creance estoient escriptes et seellées, et se mistrent au chemin et vindrent à Paris. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 181). PHILIPPE. (...) Quel vent te porte ? LE MESSAGIER. Nouvelles que je vous apporte Et lettres aussi de creance. (Mir. st Lor., 1380, 132). ...messire Raymon Bernard se parti de Paris pour aler en Avignon, chargé de monseigneur de lettres de creance à nostre Saint Pere (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 11). ...pour faire response aux ambassadeurs du Roy sur les lettres de creance exposées en ladicte Chambre de Parlement (FAUQ., I, 1417-1420, 284). "Alez-vous en et nous saluez le Jouvencel et tous les chevaliers, escuiers et compaignons de par delà. Et dictes au Jouvencel qu'il face dilligence d'envoyer ceulx qui doivent venir, le plus tost qu'il pourra." Et, sur ce, le Roy fist baillier au herault lettres de creance pour porter au Jouvencel, et le conte de Parvanchières autres lettres". (BUEIL, II, 1461-1466, 137). Lors partirent les seigneurs et ambassaeurs, et tantost aprés allerent a l'hostel du chancelier ou ilz trouverent les seigneurs du conseil du roy en grant nombre ; et presenterent leurs lettres de creance de par leur maistre le duc a ceulx dudit conseil. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 43). En la compaignie dudict Symon de Quingy y avoit ung chevaucheur d'escuyerie dudict duc, qui avoit nom Henry, et natif de Paris, saige compaignon et bien entendu, lequel avoit une lettre de creance adressant audict Symon, escripte de la main dudict duc. (COMM., I, 1489-1491, 232). Et dict que ledit messire Guillaume de Rochefort luy dist qu'il ne luy eust baillé que lettres de creance s'il eust été congneu en Bretaigne, comme ilz font aux autres qu'ilz ont acoustumé d'y envoyer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 312).

 

3.

[Domaine financier, commercial] "Crédit"

 

-

À creance. "À crédit" : Trompez, tabour, naquaire avec lui ramenait, Quinze chevalz endestre qu'a crance achetait. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 34). Tancre Berthelemi (...) lui pria et requist qu'il le voulsist enseigner aucun marchant duquel pour un sien ami marchant demourant à Aucerre, il peust avoir aucunes denrées, et marchandises à creance , par payant à certain terme à venir, et que pour seurté de bien païer, il bailleroit bons pleges et caucion receant demourant à Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 488). ...et faut qu'ilz baillent une robe en gages pour l'autre avoir, - et Dieux scet se on leur sale bien ce que ilz prennent a creance, et se la denree leur couste au double ! (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 158).

 

-

De creance. "En faisant crédit" : ...et quant marchiéz vient a son mary de faire aucun ouvrage aucunement dongereux et non accoustuméz, elle le doit amonnester par bel qu'il garde bien qu'il n'entrepreigne marchié ou il puist perdre, et lui conseille que le moins qu'il puet face de creance, se il ne scet bien ou et a qui (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 206).

 

-

Faire creance (de qqc.) à qqn. "Faire crédit (de qqc.) à qqn" : La creance de pain et de vin et de autres vitailles sera à moy faite à Dijon XV jours et, se dedans le devant dit terme n'auray rendu ce que l'en aura acreu, l'en ne me croira plus riens jusques à tant que toutes les choses acreues seront paiées. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 20).

 

-

Faire creance. "Emprunter" : Ce ne font pas les layes gens, Lesquelz fault estre diligens De leurs labeurs et de leurs terres, De querir argent pour les guerres Et de faire en toute saison Pourveance pour leur maison Gouverner, leur fait soustenir, En pluseurs lieux aler, venir, L'un paier, l'autre faire crance (DESCH., M.M., c.1385-1403, 323).

 

4.

CHASSE FAUCONN.

 

a)

[D'un chien de chasse] Être de bonne creance. "Être obéissant, docile" : Et aussi, il ne sera de si bonne creance ne fera si bien la volenté de son maistre, quar il ne le hantera ne continuera, fors tant comme il le trera du chenill et le menera au boys et le retournera arriere ou chenill. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 191). Einsi les aprent on d'estre de bonne creance et de les fere venir la ou l'en veult. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 217).

 

-

Mettre en bonne creance un chien de chasse. "Rendre obéissant et docile" : Et li pourra enseigner trop de choses a l'ostel qu'il ne feroit pas au boys, comme est couchier et lever et fere mengier et laissier et fere crier et tayre et aler davant et demourer darriere et trop d'autres choses pour le mettre en bonne creance et doubtance et amour. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 191).

 

b)

P. méton. "Longue corde attachée à la laisse d'un oiseau de proie pendant qu'on l'exerce à prendre le leurre" : ...celui qui tendra le faucon pour le lessier aler au loirre doit estre a pié, et un autre qui tendra le bout de la creance, c'est de la ligne qui est atachiee a la lesse du faucon (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 186).

 

5.

"Pièce d'orfèvrerie utilisée pour porter les épreuves appelées langues de serpent" : Item, une creance que l'en dit creinte à une serpentele dorée, avec lengues serpentines. (Doc. 1355. In : H. Omont, Bibl. Éc. Chartes 74, 1915, 470).

 

Rem. Cf. GAY I, 492b, s.v. crédence.

V. aussi credence
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 7/70 
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     CRÉANCER     
FEW II-2 credere
CREANCER, verbe
[T-L : crëancier1 ; GD : creancer ; AND : creancer ; FEW II-2, 1303b : credere ; TLF : VI, 440a : créancer]

Empl. trans.

A. -

Creancer qqc. "Promettre, garantir qqc." : Et sur cela ledit duc le promit et le créança par serment à haute voix, tellement que les portes leur furent ouvertes. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 172).

 

-

Creancer qqc. veritable. "Garantir, affirmer la vérité de qqc." : Mais en aprés j'ay experimenté ce que premierement n'avoye voulu croire et creancé veritable la sentence mon pere, laquelle sentence ay vouloir de declairer en ceste presente epistre et de remectre toutes ces choses a ton jugement autentique (PICCOLOMINI, De curialium miseriis epistola L., c.1458-1477, 80).

 

-

Creancer de + inf. "Promettre de, s'engager à" : ...mais six en y eut qui, sur leur honneur et foy, créancèrent de venir (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 246).

B. -

Creancer qqn. "Faire qqn prisonnier sur parole (et non par la force)" : Et de fait y en mourut une part ; l'autre s'enfuy ès bois ; la tierce fut prise et créancée. Dont il advint que Hector, leur conduiseur, voyant ceste aventure et honteuse destrousse pour luy, cuidant subtilement sauver messire Karados et le renvoyer, prit mesmes la foy de luy et le créança comme son prisonnier. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 99).

V. aussi créanter
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 8/70 
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     CREANCEUR     
FEW II-2 credere
CREANCEUR, subst. masc.
[GD : cranceur ; AND : creancier ; FEW II-2, 1303a : credere]

"Celui qui se porte caution" (synon. créanteur)

Rem. Ex. agn., BERS. (crensseur) et doc 1419 (Fribourg, crencieurs) ds GD II, 359c.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 9/70 
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     CRÉANCIER     
FEW II-2 credere
CREANCIER, subst. masc.
[T-L : crëancier2 ; GD : creancier ; GDC : creancier ; AND : creancier ; FEW II-2, 1303a : credere ; TLF : VI, 440a : créancier]

"Celui à qui on doit de l'argent, créancier" : ...imposons à touz autres crediteurs ou creanciers, se aucuns en y avoit, perpetuelle silence. (Doc. Poitou G., t.2, 1334-1348, 226). ...et les quiex trois muis de tel blé, conme dit est, les diz Guillaume et sa femme promistrent en bonne foy et gaigierent en nostre main rendre et paier, chascun pour le tout, au dit creancier ou au porteur de ces lettres pour lui, senz autre procuracion porter, en la ville de Gambés, en ceste maniere, c'est assavoir un muy a la feste saint Remy prochaine venant, un muy a la Toussains prochaine venant enssuivant et un muy a la feste de Nostre Seigneur prochaine enssuivant (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1365, 309). [aussi p.310, 767, 800] Pour ce me vodrai retrenchier Que d'acroire a un tel crenchier Que pechiés est (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229). Et vient le terme qu'il est temps de paier ses creanciers et le pouvre homme ne peut paier et ilz ne le voulent plus atendre et le font executer ou excoumenier, et la dame en oit les nouvelles et voit faire l'execucion, et a l'aventure en a prins les joyaux pour lesquelx la debte est deue. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 12). Et vos bons creanciers faictes paier voulentiers et souvent de ce que vous leur devrez, et les tenez en amour afin qu'ilz ne vous changent, car l'en ne receuvre mye bien tousjours de bien paisibles. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 127). La Court a ordonné que des biens de maistre Loiz Blanchet seront faictes IIJ parties, l'une sera pour le vivre de lui, de sa femme et de ses enfans, l'autre pour paier ses creanciers, et la tierce pour soustenir et laborer les heritages (BAYE, I, 1400-1410, 260). ...les autres creanciers doivent venir avant la judicacion du decret veoir ceulx qui depuis XXX ans avoient acquis droit d'avoir rente ou autre redevance sur tieulx biens (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 419). Tieulx creanciers qui ont fait diligence d'avoir eu saisine et possession de la rente par eulx acquise sont prefferer avant les autres qui n'ont eu saisine ne possession au temps de l'execucion, vendicion et explectacion des biens (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, a.1458-14, 488).

Rem. Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 128 ; 129 ; Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 257... Ex. d'a.fr. et doc.1388 (crehanciers) ds GDC IX, 241b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/70 
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     CRÉANT1          CRÉANT2     
FEW II-2 credere
CREANT, subst. masc.
[T-L : crëant ; GD : creant1 ; DÉCT : crëant ; FEW II-2, 1304a : credere]

A. -

"Engagement, assurance, garantie" : Promettans, par leur leal creant et par la foy de leurs corps donnee corporelment en nostre main et seur l'obligacion de tous leurs biens meubles et non meubles, presens et a venir, que eulx et un chascun de eulz auront et tendront ferme [et] estable a touz jours tout ce qui par leurs diz procureurs ou par l'un de eulz sera fait, procuré, besoignié (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 133). Vechi un mien ami tres grant, Pour lui fai caution et crant Qu'il a le coer d'otelle taille Com ont chil de vostre bataille. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 97). "Apaisse toi, respondi Tieulliers, tu seras bien paiiés encores anuit. Tient t'ent à moi : tu as crant assés." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 119). Voulons que toutes et quelxconques lettres a eulx appartenant et qu'aprés [et qui après] le trespas de leurdit pere leur sont obvenuz, tant par droit de succession comme par le testament et darniere voulenté d'icelui leurdit pere (...), leur soient par tout rendues et delivrees et les detenteurs d'icelles a ce reaument et de faict constraincts et compelliz, et au cas qu'aucunes averoient esté perdues ou soubzstraictes, nous voulons qu'en faisant de ce foy a noz tabellions qui en averoient prins lez creans, qu'elles soient remises en estat et grossees selon la teneur de leurs prothecolles (Lettres rémission René II P.D.H., 1477, 106). Et, quant le dit sr Gérard fuit mort, la dite Gertrud mist estal en l'ostel du dit sr Gérard, pour ung crant de ijm lbz que le dit sr Gérard avoit cranté de mettre en acquest pour la dite Gertrud et pour ces hoirs, en traitiant le mariaige de luy et de la dite Gertrud. (AUBRION, Journal L., 1494, 349).

 

-

Mentir son creant de qqc. "Ne pas tenir la promesse, le serment qu'on a fait à propos de qqc." : La mauvesemant se prova [Renart], Sa foi et son crant an manti, Touz les manja [les petits de Thiécelin], bons les santi. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 322).

 

-

En (nom de) creant. "À titre de garantie, en otage" : Item, que on rechut a Corbaut et a Jehan le Cat en nom de crant pour le fil dou dit Jehan 3 escus (Comptes Mons P., t.1, 1355-1356, 712). ...et en nom de cran il en avoit envoiiés deus de ses filz, Jehan et Gui, en Engleterre. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 135). ...il ne pooient avoir point d'audiense. Mais les faisoit on la croupir et seoir au palais ou ailleurs (...) despendre lors deniers et laissier lors gages ou lors gens en crant aval Paris (FROISS., Chron. D., p.1400, 622).

 

.

Par/sur son creant. "En engageant sa foi, sa parole" : ...promettant ou nom dessus, par leur creant et foy... (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 185). Il envoia certains messages viers çascun, et les fist semonre, sour leur creant, qu'il venissent sans nul delai, ensi que creanté avoient. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 152).

B. -

[Domaine juridique, politique]

 

-

Creant de service. "Promesse avec serment, engagement d'exécuter les services (d'un vassal à son seigneur)" : ...de faire serement et tout ce qui a creant de service puet et doit appartenir à faire (Trés. Reth. S.L., t.2, 1369, 189). ...que led. Gobert en puisse faire ses hommaiges et creant de service avecq ses autres terres et seigneuries (Trés. Reth. L., t.4, 1477, 365).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 152a.

 

-

[À propos d'un acte juridique] Par creant (d'un officier public). "Devant un officier public, en ayant la caution de l'officier public chargé des actes" : ...pour ce que li devise n'est mie faicte par crant d'amant et qu'elle est de nulle valeur... (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1343], 226).

 

.

Par creant (d'une pers. sous l'autorité de laquelle qqn est placé). "Avec le consentement de" : Jugement (...) que dit que vandaige de jonnes enffans que sont dezoubz eaiges et que n'est point fait par le creant de lour amis chairnel ne par jugement de maistre-escheivin, est de nulle vallour. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1330], 85). [Autres ex. p.251, 261]
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 11/70 
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     CRÉANT1          CRÉANT2     
FEW II-2 credere
CREANT, adj.
[GD : creant2 ; FEW II-2, 1299b : credere]

"Digne de foi"

REM. FROISS. (éd. Kervin, quant les creantes nouvelles leur furent venues) ds GD II, 360c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 12/70 
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     CRÉANTEMENT1          CRÉANTEMENT2     
FEW II-2 credere
CREANTEMENT, subst. masc.
[T-L : crëantement1 ; GD : creantement1 ; FEW II-2, 1304a : credere]

"Engagement, promesse" : Lequel qui parle (...) promist et enconvenança lors à icelle Marguerite, par la foy et serement de son corps, et leurs mains destres pour ce bailliés li uns à l'autre, que il seroit son mary et la espouseroit, en li promettent foy et crantement de mariage. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 205).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/70 
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     CRÉANTEMENT1          CRÉANTEMENT2     
FEW II-2 credere
CREANTEMENT, adv.
[T-L (renvoi) : crëantement2 ; GD : creantement2 ; FEW II-2, 1304a : credere]

"De bon gré"

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1358 (grantement) ds GD II, 361b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 14/70 
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     CRÉANTER     
FEW II-2 credere
CREANTER, verbe
[T-L : crëanter ; GD : creanter ; AND : granter ; DÉCT : crëanter ; FEW II-2, 1304a : credere]

A. -

Creanter la/une dette. "Reconnaître une créance, une dette, faire une reconnaissance de dette" : Jugement (...) que dit que, se ung homme [qui] n'est mie demorant ..., [mais] a conduit de sa mere, combien qu'il ait femme et enffans, fait crant [de] debte, la quelle aprez le deceptz de son filz puelt bien la debte aneantir, en disant : "Mon fil estoit en maimburnie a jour qu'il cranteit la debte." (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1336], 134-135).

B. -

[Idée de garantie donnée, d'engagement] "Assurer, garantir, promettre qqc." : Lors dist li papes sans detry : "Sans doute je li feray faire De point en point, sans nul contraire, Dou tout à vostre volenté, Qu'einsi le m'a il creanté." (MACH., P. Alex., p.1369, 240). Dignes sont pour servir I. roi, Je le vous creanch et proumés. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 129). "...Or soiiés vous trente : nous serons nous trente, et le creante ensi par ma foy. - Ossi le creante jou, dist Brandebourch, car là acquerra plus d'onneur qui bien s'i maintenra que à une jouste." Ensi fu ceste besongne affremée et creantée, et journée acordée au merkedi apriès (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 112). ...la roÿne (...) s'appreste D'aler vers la mer, a grant feste, Pour creanter les couvenances. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 17). Les six chevaliers respondirent touz a une voiz : "Helas ! Sire, la dame vous dit vray ! Si vous prions, sire chevalier, que tout nous faictes pardonnez a son seigneur et mary. Et nous vous promectons que tout ainsi mauvais que nous avons esté, nous mettrons paine de estre bons." Si dist messire Charles : "Certes, ainsi le vous fault faire et creanter si vous voullez eschapper de mort" (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 103).

 

-

Empl. abs. : Je vous pri que vous me monstrez Ce livre : assez tost le rarez, Je vous creant. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 231). Ainsy qu'il y cuida entrer, je vous creant, Ly sallirent .XII. hommes bien armé au devant (Hugues Capet Lab., c.1358, 86).

 

-

Creanter l'un l'autre. "S'engager mutuellement"

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Creanter sa foi à qqn (que) : Adonc messires Raymons, qui fut moult resjoïs de ceste parolle, li creanta se foy qu'il li tenroit son couvent et encores oultre, se il voloit. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 8). Car sa grant biauté la plente D'amours plente En moy et me met en sente De li obeir, Et Loyauté n'est pas lente, Einsois l'ente Seur foy que je li creante Jusques au morir. (MACH., Les lays, 1377, 337).

 

-

Creanter service. "S'engager à exécuter un service" : ...par devers leurs gens et officiers, de creanter service pour nous et en notre nom (Trés. Reth. S.L., t.2, 1369, 189).

 

-

Creanter à/de + inf. : ...le roy graunta à le comune de eslire un meir à demorer jeske le quinzeine de seint Michel (Chron. London A., c.1350, 41). ...et aprés ce li Prince et li roi de Navarre granterent de socourer le roi Petro. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 101). Jugement (...) que dit, quant une parsonne lait ung heritaige a cens et crante de li wairantir, et li faultei don lieu vuelt que li nouvelz tenant pourte une doiennerie, cil que l'eritaiges a prin a cens en puelt bien xeure son wairrant. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1330], 81-82). Jugement (...) que dit que, se une parsonne ressoit argent pour jonnes enffans que soient en sa goubernation, et crante cellui argent a mettre en acquaist pour lesdits enffans, il convient qu'il le faicet, ne ne s'en puelt deffendre come pour dire : qu'il a cellui argent mis en rettenant l'eritaiges des enffans. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1337], 143-144).

 

Rem. Cligès C.T., 1455, gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

 

-

Creanter que : ...je vous creant et afy Que par lui serés avoiés. (Mir. enf. diable, c.1339, 37). ...je vous creant Que, quant de chi vous partirés, Vraies ensagnes en dirés A cheuls qui oïr les vorront (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 155). "Je ne sçai que li rois monsigneur en vodra faire ; mais je vous creante et convenente que je en ferai mon pooir." (FROISS., Chron. D., p.1400, 846). Crisostome creante Par vraie argumentacion Que... (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 65). ...car je jure et creant Qu[e]... (TAILLEV., Rég. fort. D., c.1445, 239).

 

Rem. Cligès C.T., 1455, gloss.

 

-

Creanter qqn de + inf. : Car je vous ai piessa crenté De faire tout vostre vouloir. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 221).

C. -

P. ext. [Idées de simple approbation, de confirmation, d'octroi...]

 

1.

"Approuver, accorder qqc., consentir à qqc."

 

-

[Formule d'assentiment] Ce fait a creanter. "Cela mérite approbation" : Alez prendre terre avecques lui [Geoffroy], car il a pou de gent se Sarrasins ont prins terre. Et veez la le roy Uriien qui escarmouche leur navire, a qui je voiz noncier vostre adventure et la venue de Gieffroy, son frere et le vostre. Par foy, dist le roy Guion, ce fait a creanter. Et lors se fiert ou havre. (ARRAS, c.1392-1393, 221).

 

2.

"Confirmer qqc." : En cele parlement le roy graunta à le cité de Loundres totes lour fraunchises q'il avoyent perdu devant (Chron. London A., c.1350, 59).

 

3.

"Accorder, octroyer qqc." : Et pur ceux qu'il emprendra et pur bon service q'il nous ferra ou temps avenir, lui avons grantez cent livres par an à prendre à nostre Escheqer (Nomin. Hastings V.D., 1347, 344). O dieus, qui tu m'envoies Tes saintz apostres au terrage Du corps dont nestre tu deignoies. Tout fuist granté ce que voloies, Et l'angel monte en son estage. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 330).

 

Rem. Région. (Ouest, anlo-normand). Doc.1394 (...les avons octroyé et granté, octroions et grantons) ds GD II, 362a, s.v. creanter ; cf. aussi AND, granter. Formes en g- région.

 

4.

Empl. intrans. ou pronom. "Se rendre, se livrer, s'abandonner" : Mais quant pris sui et je me rens pour pris Et com prison en vostre dous pourpris Crant [var. rant] et affie, Ne me devez grever, ce m'est avis, Meësmement que plus vous aimme et pris Qu'onques ne fist belle Heleinne Paris, Sans villennie. (MACH., F. am., c.1361, 155).

 

5.

Creanter qqn prison. "Régler avec son prisonnier la question de sa rançon" : ...mesires Renauls de Sconnevort enmena le signeur de Montmorensi et le creanta prison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 443).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/70 
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     CRÉANTEUR     
FEW II-2 credere
CREANTEUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : crëantëor ; GD : creanteor ; FEW II-2, 1304a : credere]

"Celui qui se porte caution" : Pour ce devopns regarder de qui nous prendons ; et plus devons aviser quex li créanteres est des bienfais que nous rechevons, que qués cis est à qui argent enpruntons. (ARKEL, Art d'amour P., t.1, c.1350, 385).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 16/70 
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     CREANTISE     
*FEW II-2 credere
CREANTISE, subst. fém.
[GD : creantise ; *FEW II-2, 1304b, 1305a : credere]

(Synon. de recreantise)

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD II, 362b.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 17/70 
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     CRÉANTURE     
*FEW II-2 credere
CREANTURE, subst. fém.
[*FEW II-2, 1304a : credere]

"Gage, promesse" : Li rois Pires parlat et dist : "Sur sens ["saints"] vous jure Que j'ay C Chevaliers, tres-nobles en armeure, Por faire la batailhe de grande entreprisure ; Je suy appareilhiés, veis chi ma creature [l. creanture]..." (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 668).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 18/70 
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     CREAT     
*FEW II-2 credere
CREAT, subst. masc.
[*FEW II-2, 1304a : credere]

(Synon. de créant) : ...contenant qu'il a certain temps que ledit Jehan, son marit, admodiast des mains de noz tabellions de Mirecourt, qui ont la garde de nostre seel dudit tabellionnaige, de seeller par aucun temps touz les creatz qu'il recevproit durant le temps de son admodiacion (Lettres rémission René II P.D.H., 1481, 118).

Rem. Suff. -at2 II B.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 19/70 
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     CRÉDENCE     
FEW II-2 1307b credere
CREDENCE, subst. fém.
[T-L : crëance ; GD : credence ; GDC : credence ; AND : credence ; FEW II-2, 1307b : credere ; TLF : VI, 448a : crédence]

A. -

"Fait de croire ; ce que l'on croit" (synon. créance)

 

1.

Avoir/ajouster/donner/prester credence à qqc. "Considérer qqc. comme vrai, ajouter foi à qqc." : ...nientmeins vous prions, reverent pere en Dieu (...) que (...) vous vuilléz ainsi fere a ce foiz (...) donantz outre ferme foy et credence a ce que nostre dit serviteur vous reportera de nostre part par bouche (Lettres agn. L., 1369-1412, 49). Si vous prie et requier bien affectueusement que les dessusdiz l'Enfant et Hanneford vous plaise benignement recevoir et oyr, et à tout ce qu'ilz vous diront et exposeront ceste foiz de par moy adjouster pleine foy et credence. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1440-1461, 217). Tu m'esbahis de ton rapport Si n'y ay credence ne foys. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 343). ...se jou avoie une verge d'or que la fille du roy porte en son doy pour en donner une plus belle et riche que vecy, qui seroit eschange legier a acorder, je la donroie au conte, mon mary, qui par ce penseroit que sez besongnez venissent a son plaisir et ainsy ne feroye je nulle doubte que il n'eust foy et credence a mez parolez (Comte Artois, c.1453-1467, 125). Et adfin qu'ilz adjoutassent plus grant foy et plus grant credence ad ce qu'il leur disoit, il leur dist comment il se nommoit, et le lignaige dont il descendoit, par quoy il leur monstroit clerement que ce qu'il leur disoit n'estoit pas fable ne fiction contrainte, mais verité notoire et bien de pluiseurs apprennee. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 14). Et se tu ne prestes credence aux antiques histoires prealleguees, envis donneras tu foy aux modernes de recente memoire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 85).

 

-

"Crédulité" : ...quand les voisins de ce simple laboureur, voyans par adventure ce qu'il ne povoit veoir, obstant la credence et feableté qui luy avoient bandé et caché les yeulx, luy dirent... (C.N.N., c.1456-1467, 440).

 

2.

RELIG. "Croyance, foi" : Aussi est appellee foy la substance, c'est a dire le fondement dez choses esperables et l'argument des choses qui ne pevent apparoir par humaine rayson, pourtant qu'elle n'a point de pié ne de soustenue, en quoy elle se puisse fonder sur sens humain, maiz par les eles de ferme adhesion elle eslieve la credence de l'omme sur son propre savoir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 87). Je vous annonce sa venue [de Jésus] Affin que plus ne soit tenue En ignorance vo credence. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 77). NOSTRE DAME. L'ancelle Dieu suis, s'il luy plaist. J'ay parfaicte credence en luy (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 52). JESUS. Ta credence est bien veritable Et je suis celluy mesmement Qui parle a toy presentement, Et n'y metz jamais varïance. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 157). ... [le chevalier] fist veu de jamais faire le signe de la croix, par la tresferme foy et credence qu'il avoit ou saint sacrement de baptesme, en laquelle credence il combastit le dyable (C.N.N., c.1456-1467, 15).

 

-

Avoir credence que. "Croire (comme un article de foi) que" : O Jhesus, j'ay ferme credence Que tu es le vray Messÿas Qui de ta doulce mercy as Ma fille entierement sanee. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 167). ...j'ay credence Que en perpetuité Régnes en trinité, Seul en divinité, Sans quelque difference. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 196).

B. -

"Confiance" (synon. créance)

 

1.

Avoir/ajouster/donner/prester credence à/en qqn. "Faire confiance, donner sa confiance à qqn" : Sire, lonc temps moy et mes predecesseurs vous avons loyaulment servy, et pour ce devés en nous avoir plus grant credence. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 40). ...et à ceste cause donna [le roi] singulière privauté et entrée à un nommé Guillaume de Bische, qui estoit un des singuliers du monde, auquel le comte son maistre donnoit plus de credence (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 115). Car s'il advient que les rois ou les princes pour montepliance des humains s'acointent de dames et de damoiselles, jamais en leurs propres femmes n'auront credence. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 440). Il n'est vivant qui te preste credence [à Envie], Chascun congnoit ta nature perverse (Lyon cor. U., 1467, 48).

 

-

Personne de credence. "Personne digne de confiance" : "Sire, ce dist la damoiselle, ad ce que je voy de vous, me samblés estre home de foy et de credence, et pour ce vous raconteray la cause pour coy j'ay icy esté mise..." (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 101). Pour quoy se il semble a aucuns que la dicte descripcion soit digne de audience, je leur racompteray assez nuement l'ordonnance de la chose faicte si comme elle a esté baillee et recitee par gens notables dignes de foy et de toute credence. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 2). ...dit leur fu [la vérité sur une guerre en cours] par le potestal de la ville, commis par les Veniscyens, homme notable et de grant credence. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 76). Et pour ce, seigneurs, je vous demande premierement se vostre espye est home de credence ne home en quy on puist adjouster foy. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 150).

 

.

De credence. "Digne de foi, dont le témoignage est fiable" : ...les envoians qui les ont escrites [les lettres] et qui mesmes estoient au lieu, sont d'autorité et de crédence (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 110).

 

-

Avoir credence. "Avoir du crédit, être estimé" : Il avoit en Romme grande credence et estoit bien amé. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 288).

 

2.

[À propos de diplomates, de messagers...]

 

a)

Lettre de credence. "Lettre contenant les instructions remises à un ambassadeur et qui atteste que le porteur est accrédité pour telle mission" : À Jaquet de Rue, qui baillez ont esté pour li et en son nom à Pierre de Rue, son frere, par lettres de credence de Monseigneur, en deduction de ce que Monseigneur povoit estre tenuz à li (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 330). ...treschier frere et filz, nous vous remercions affectueusement de cuer de voz lettres de credence ore darrainement a nous envoiéz escriptez de vostre main (Lettres agn. L., 1369-1412, 267). Ce jour, maistre Nicole Lamy, licencié en theologie, apporta et presenta à la Court lettres de credence de par le saint concil general assemblé en la ville de Basle. (FAUQ., III, 1431-1435, 45). Lesquelz [maistres] Jehan et Pierre avoient aporté lettres de credence de par ledit monseigneur le duc a messeigneurs d'Arras, de Saint Vaast et gouverneur. (LA TAVERNE, Journ. Paix Arr. B., 1439, 11). Comment aprés ladicte proposition faicte lesdis ambassaeurs presenterent leurs lettres de credence au chancelier de France (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 25).

 

-

[D'une lettre] Porter credence sur qqn. "Accréditer qqn" : Vos lettres ne portent nulle credence sur vous, et pour tant monseigneur s'avisera de respondre au roy et lui repondra aussi par escrit, et serez temprement délivré. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 391).

 

b)

"Instructions confiées au porteur, lui permettant de conférer avec ses interlocuteurs, informations confidentielles à transmettre oralement" : ...pour oïr exposer la credence des lettres du Roy à eulz adreçans, apportéez par messire Hue de Lannoy, chevalier (FAUQ., I, 1417-1420, 280). Très hault et puissant prince nostre très chier oncle, par Valois, herault d'armes, porteur de cestes, avons nagaires reçeu voz lettres closes données à Champigny le XXIe jour d'aoust, et si avons entendu la credence que de par vous icellui herault nous a exposée. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1440-1461, 207). ...et lors après avoir vu les lettres, ledit chevalier exposa sa crédence et commença à dire comment son maistre le connestable, par singulière confidence qu'il avoit en lui, l'envoia devers luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 344). Laquelle credence estoit en affect que le roy les mercioit moult de foiz de leurs grandes loyaultez, et si les prioit oultre de tousjours de bien en mieulx continuer, et que dedens le mardi ensuivant il seroit à Paris, comme au lieu du monde que plus il desiroit estre, pour donner remede et provision partout, et qu'il aymeroit mieulx avoir perdu la moitié de son royaume que mal ne inconvenient aucun venist en ladicte ville, ou possible lui seroit de y pourveoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 63). ...nous avons (...) sceu la credence dont ilz avoient charge de par vous, qui est en effect à ce que volsissions permettre les nobles et gens de guerre demourans en nostre ville d'Abbeville, qui ont acoustumé suir les armes, laisser demourer et resider en nostre dicte ville pour la garde, deffense et tuicion d'icelle. (Lettres Louis XI, V., t.2, 1461-1465, 358).

 

-

Credence de + inf. "Instruction permettant de" : ...celle nuitée mesmes, venu au logis, lui escrivit lettres de sa propre main contenant ce que icy est dit, lesquelles il bailla au dit chevalier, aveuques credence de tout en faire et dire ce qui appartenoit au cas et jusques à faire venir la chose à consommation et parfait. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 24).

 

-

Par credence. "Oralement" : ...le messaige est retourné et m'a rapporté responce de mondit seigneur de Warrevik, tant par escript que par credence (Louis XI Anglet. C.P., 1464, 296).

 

3.

De credence. "Accrédité" : ...je faisoie enqueste aux anchiens chevalliers et escuiers qui avoient esté es fais d'armes et qui proprement en sçavoient parler et aussy à aulcuns hiraulx de credence, pour veriffier et justefier toutes mes matieres (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 345).

 

4.

"Crédit (financier)" : Sous ombre donques de ce previlège droit-cy se retraient en ceste dicte ville souvent, mains faulx gabuseurs trompeurs et de mauvais arts pleins, et qui, sous aucune crédence que poront avoir à Paris, à Tournay, à Bruges et à Lille entre les marchans, esleveront les biens d'iceux par fainte marchandise, emprunteront grans sommes de deniers ou de vasselle d'argent sous leur credence (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 39).

 

5.

"Essai qu'on fait d'un mets devant un grand personnage" : ...puis allèrent à la viande le comte Palatin et le duc de Zasse, marissal de l'empire, lequel portoit ung baton en main comme maistre d'hostel, et le comte Palatin portoit le premier plat à cheval jusques au degréz, et fut assis par lui meismes qui fit faire la credence. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 510).

 

Rem. Doc. 1471 et 1485 ds GAY I, 492b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 20/70 
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     CREDENT     
*FEW II-2 1307b credere
CREDENT, subst. masc.
[*FEW II-2, 1307b : credere]

Lettre de credent. "Lettre contenant les instructions remises à un ambassadeur et qui atteste que le porteur est accrédité pour telle mission" : ...lettrez de crédent dont le crédence estoit qu'il lui pryoit qu'il volzist amener icelluy prisonnier devers luy (Actes Etats gén. Pays-Bas C., t.1, 1464, 84).

Rem. Ou lire credenc[e] ?
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 21/70 
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     CRÉDIBLE     
FEW II-2 credere
CREDIBLE, adj.
[GD : credible ; AND : credible ; FEW II-2, 1308a : credere ; TLF : VI, 448b : crédible]

"Digne de foi, croyable" : ...Et leur effect [ce que l'on suppose de l'effet des planètes] n'est pas crédible, Car en trop de cas est faillible. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 288). A Gerame disoit en sa raison credible Chose qui pour les siens estoit la moult terrible. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 78). Dieu vous a tant monstree de grace Cy tresbelle et cy credible. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 43). Beaul doux Pere, bien est credible Que toute chose t'est possible, S'il te pleüst, je ne queïsse Que par Juïfz la mort prisse (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 176). Chose non credible vous suis a dire, mais je prens Dieu a tesmoing de la verité. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 273).

 

-

"Qui est objet de foi, qui doit être cru" : ...Car nous trouvons par Genese, en la Bible, Qui doit estre de tous vivans credible, (...) Que Dieu benit par parolle prouvee L'omme et la femme et tout ce qu'il ot fait. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 51).

REM. Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des princes, 1444 (ms. déb. XVIe s., soy faire croidible et bien persuader) ds GD II, 362c. Cf. J. Bourguignon, R. Ling. rom. 46, 1982, 163.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 22/70 
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     CRÉDIT     
FEW II-2 credere
CREDIT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : credit ; GD : credit ; GDC : credit ; FEW II-2, 1306a-b : credere ; TLF : VI, 448a : crédit]

A. -

"Considération dont une personne est l'objet, influence dont elle jouit, confiance qu'elle inspire" : ...ledit Briçonnet estoit homme de bien et de credit. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 136). ...Guillaume Rin avoit plus grant voix à Gant et plus grant credit que n'avoit le prince du pays ne les plus grans de Flandres (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 275). Et entre les autres y avoit deux chevaliers qui avoyent grant credit avec ledict conte de Charroloys. (COMM., I, 1489-1491, 12). [Ex. passim] Le roy lui octroya très voluntiers, et lui sembloit bien que c'estoit à la diminution du credit et renommée dudict duc de Bourgongne. (COMM., II, 1489-1491, 118). [Ex. passim] Le mary n'a en sa femme credit, La femme n'a en son mary fiance (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 40).

B. -

"Créance, foi"

 

-

Adjouster credit à qqc. "Ajouter foi à qqc." : Toutes fois, a ce qu'elle dict, A pou que n'adjouste credit A sa parolle et a son dict (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 215).

 

-

Adjouster credit que. "Croire que" : Tantost fust la presque pasmé Le noble seigneur reclamé, Et adjousta alors credit Que Dieu avoit reconfermé Tout ce que l'angle avoit predict. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 216).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 23/70 
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     CRÉDITEUR     
FEW II-2 credere
CREDITEUR, subst. masc.
[T-L : creditor ; GD : crediteur ; FEW II-2, 1307a : credere ; TLF : VI, 450a : créditeur]

"Celui à qui de l'argent (ou un sevice) est dû, créancier" : ...imposons à touz autres crediteurs ou creanciers, se aucuns en y avoit, perpetuelle silence. (Doc. Poitou G., t.2, 1342, 226). Ou se il devroit poier ou delivrer son crediteur qui l'en requiert, ou se il devroit secourir a son pere et le delivrer des mains des larrons se il y estoit. (ORESME, E.A., c.1370, 456). Et, ainssi, conme quant aucun est obligé a son crediteur pour faire aucun service, le crediteur est aucunement son seigneur, pour ce dist la loy quod debitor est servus creditoris : "le deteur si est sers du crediteur". (Songe verg. S., t.2, 1378, 29). ...un officier lay de l'archevesque, qui se appelle viconte des omosnes, donne commission de contraindre et executer les dits omosniers a paier leurs crediteurs ce qu'ilz leur doivent, et en cas d'opposicion, main de justice garnie, fait ajourner les parties par devant luy, congnoist de l'opposicion (Mémor. Echiq. Archev. S., Pièces justif., 1391-1404, 61). ...la Court a ordonné que jusques à la Septembresche, J. de Saint Pere sera elargi et interim fera tout son effort de contenter ses crediteurs (BAYE, I, 1400-1410, 137). ...doit tant faire s'elle puet ceste sage dame ou damoiselle vers son mary par doulces paroles et bons amonnestemens, que ilz avisent ensemble et disposent de tenir tel estat comme leur dicte revenue pourra fornir, et non mie si grant par dessus que au bout de l'an se treuvent endebtéz vers leur maignee ou autres crediteurs (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 153). ...lequel estoit de noblie ligniee et qui moult avoit esté bon chevalier, eschappé de la prison son crediteur (LA SALE, Sale D., 1451, 178). Le crediteur par vertu de son obligacion n'aura quelque execucion. (JUV. URS., Verba, 1452, 369). Item, ne pourra le dit argentier faire aucune despense, mises ou paiement aux crediteurs de la dite ville, que ce ne soit par l'ordonnance et charge des dits maieur et eschevins (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 109). Les debtes de l'ung qui restoient, Bien a cinq cens deniers montoient, L'autre a cinquante en nombre entier. Or n'ont de quoy payer tous deux : Cil [le créancier] les quicte, que riens n'en clame. Je te demande lequel d'eulx Plus ferme son crediteur ame. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 439). Jugement (...) coment une parsonne estoit pleisge pour ung autre d'aulcunne debte, et cil a cui on debvoit voult estre paiet et fit estault sur les debtes en airches c'on debvoit a plaisge, et il delivre l'estault, se chaisse pués tant le creditour l'amant que li maistre-eschevin dit c'ons avoit bien de ciaulx escript [a] faire la volluntei don creditour, par tel qu'il feist xeuretei en la main du maiour de retraire avant dedan l'an et le jour passeit, et que tant chiesset de la debte et que li pleisge se puist de tan aidier sus le debtour. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1360], 378).

Rem. LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, gloss.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 24/70 
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     CREDO     
FEW II-2 credere
CREDO, subst. masc. et fém.
[T-L : credo ; GDC : credo ; FEW II-2, 1306a : credere ; TLF : VI, 450b : credo]

[Symbole des Apôtres, contenant les articles fondamentaux de la foi catholique] : LA VENTRIERE. Nous vous rapportons vostre enfant Crestïen (...) et li faites apprendre Sa Credo et sa Patenostre (Mir. enf. ress., 1353, 25). ...des apostres nous tenons la credo, et ceste nous disons par maniére de confession (Mir. fille roy, c.1379, 6). ...ouquel tapiz est escript ès rolleaux que tiennent les diz apostres tout le credo et prophesies (Comptes Lille L., t.2, 1420, 273).

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss. (petit credo "forme abrégée du credo, à voix basse" ; grand credo, "credo des messes solennelles") ; FOUL., Policrat. B., II, 1372, gloss. ...

 

-

[Avec jeu de mots sur le sens du latin credo "je prête"] : Cecy [Ave salus, tiby decus] estudient [mes trois orphelins, mes trois vieux usuriers], et, ho ! Plus proceder je leur deffens. Quant d'entendre la grant credo, Trop forte elle est pour telz enffans. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 105).

 

Rem. Aussi MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

 

-

Payer du grant credo. "Obtenir beaucoup à crédit" (Éd.) : LA FEMME. Moyen est, sans plus estriver, Qu'aler vers ces juifz usuriers, Car ilz prestent tres voulentiers. LE CRESTIEN. C'est tres bien dit quant on a gaige. Mais ou prins ? LA FEMME. Cest homme dit raige ! Il fault jouer de placebo Et les payer du grant credo, Assez promettre et rien tenir. LE CRESTIEN. Et puis, au dernier ? LA FEMME. S'enfouyr Et faire ung vidimus sans queue. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 84).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 25/70 
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     CRÉDULE     
FEW II-2 credere
CREDULE, adj.
[T-L : credule ; GDC : credule ; FEW II-2, 1307b : credere ; TLF : VI, 450b : crédule]

"Qui croit trop facilement qqn, qui lui fait spontanément confiance" : Et se maistre Jehan estoit si credule a eulx, et a leurs doulces parolles esquelles il se fiast trop, et il advenoit que il souffrist que sans marchander ilz entrassent en la besongne,.. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 126).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 26/70 
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     CRÉDULITÉ     
FEW II-2 credere
CREDULITÉ, subst. fém.
[T-L : credulité ; GDC : credulité ; FEW II-2, 1308a : credere ; TLF : VI, 451a : crédulité]

A. -

"Fait de croire, acte de foi, foi" : Certes, dist il Jésus à ses disciples qui lui ont demandé pourquoi ils n'ont pas pu guérir le démoniaque, ce a este Par defaut de credulite, Quar, se foy ëussiez autant Com grain de saneve est grant, Une montaingne ferïes Remouvoir si com voudrïes (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 212). Se ses infeaulx consideroient diligenment comment congruement est fette nostre redempcion, ilz n'avroient pas en desriseons [var. desrisions] nostre simplesse de vraie credulité, mais avec nous sagement ilz devroient louer et honnourer Dieu pour la sapience de sa benignité. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 168). On ne peut mye facilement cela scavoir et ne debvez pas legierement faindre tele credulité et tele foy se vous n'estes meute par evidente raison. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 157). Et, pour ce, le sage prince doit diligemment examiner se le conseil que on luy donne est honeste ou deshonneste affin que par trop legiere credulité il ne soit meu a faire chose deshonneste ou reprochable (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 205). MARIE. Noble chose en moy prant son lieu, J'en ay ferme credulité, Car c'est le digne filz de Dieu (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 180).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

B. -

"Ce que l'on croit (ou feint de croire), croyance, opinion, raison avancée pour convaincre qqn" : Et pour ce, l'incontinent, aprés la passion ou temptacion, s'en revient de legier et delaisse la credulité ou opinion que il avoit vers la chose singuliere en quoy il pechoit (ORESME, E.A., c.1370, 393). Car par neccessité il prennent teles credulités et suspicions selon lez similitudes que les enfans ont a leurs parens qui les ont engendrés. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 79). Se l'ennemi huche [à la porte de notre âme] par fraudes et mauvaises credulitez et sorceries, tantost nous li ouvrons et en faisons comme une fosse a larrons et I logis des ydoles, et briefment le Saint Esperit ne trueve rien prest (GERS., Pent., p.1389, 81). On ne peut mye facilement cela scavoir et ne debvez pas legierement faindre tele credulité et tele foy se vous n'estes meute par evidente raison. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 157).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 27/70 
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     CROIRE     
FEW II-2 credere
CROIRE, verbe
[T-L : croire ; GD : croire ; GDC : creire ; AND : creire ; DÉCT : croire ; FEW II-2, 1298b : credere ; TLF : VI, 521a : croire]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Idée de crédit (en argent) que l'on fait à qqn]

 

1.

Croire qqn. "Faire crédit (d'argent) à qqn" : ...et quant il vouloit dire que argent luy faloit, on le creoit (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 130). - Vous n'estes pas en vo pretoire ; Jouez. - Oil, s'on me vuelt croire : Car je n'ay plus d'argent content. - Ne vous alez plus debatant : Sur vo mentel vous presteray. Jouez, car je vous aideray. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 170).

 

-

Au passif Estre cru jusqu'à telle somme : ...et à rendre tant à iceulx prisonniers comme auxdiz demandeurs en la qualité qu'ilz procedent, c'est assavoir, pour eulx et les autres habitans, tous leurs biens, de l'estimation desquelx iceulx prisonniers demandeurs et habitans en ladicte qualité seront creuz par leurs sermens, c'est assavoir, chascun pour tele portion que lui puet apartenir, jusques à la somme de l mil libvres tournoiz et au dessoubz pour eulx tous ensemble (BAYE, II, 1411-1417, 76).

 

2.

Croire qqc. (à qqn). "Faire crédit (à qqn) de" : "Biaulz sire, per ma foid, vous nous yrés paiant ; Nous ne croirons Lion ung denier vallissant, Car on dit qu'i n'ait mie quaitorze solz vaillant. (...)" (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 167). - Sire, dit il, en pleges vous en donray ma foy. - C'est peu, dit l'armurier, foy que doy saint Eloy, Car dessus ung tel gaige riens volentiers ne croy. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 206). "Le roy de Navarre raplega le seigneur de Labreth, que le conte de Foeis tenoit en prison, de cinquante mille frans. Le conte de Foeis, qui sentoit ce roy de Navarre cauteleux ne les voloit pas croire au roy de Navarre." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 79). PATHELIN. (...) Ce sont six escus ? LE DRAPPIER. M'aist Dieu, voire. PATHELIN. Or, sire, les voulez vous croire Jusques a ja quant vous vendrez ! Non pas croire : vous les prendrez a mon huis, en or ou monnoye. (Path. D., c.1456-1469, 74). ...et doit, devra et sera tenu ledit prieur et celui ou ceux qui après luy feront, ou leursdits commis, bailler auxdits habitans de Sainct-Belin presens et advenir, vin a taille, et leur doit croire l'argent jusques audit jour de feste de Saint-Laurent, pourveu qu'ils soient solvables pour payer le deu de ce qu'ils auront prins dudit vin. (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1461, 81).

 

3.

Prendre à croire. "Prendre à crédit, emprunter" : ...poise [qu'il pèse] a la livre Buche et charbon, poisson, vaisseaulx, Sel, espices, cire, trousseaulx De coustes de linge et d'estrain, Vaisselle d'argent ou d'estain, Dont il fault faire garnison, Prandre a croire, ou paier a plain (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 135).

 

Rem. Avec jeu sur le sans B : Car nulz ne doit estre tenuz pour sage Qui femme croit se ce n'est sur bon gaige (MACH., App., 1377, 641).Sur le sens C : Et au premier commendement, De la Loy, qui dit qu'on doibt croire (Non pas l'escot quant on va boire, Cela s'entend) en ung seul Dieu (Fr. arch. B., c.1468-1480, 42).

B. -

[Idée de confiance accordée à qqn ou qqc.]

 

1.

Croire qqn

 

a)

"Avoir confiance en qqn" : Et, par ma foy, Si loiaument l'aim que j'ay plus d'anoy Cent fois pour li que je n'aie pour moy, Quant s'onneur voy amenrir ; car au doy La mousterront Ceuls et celles qui ceste ouevre saront, Et meins assez en tous cas la croiront, Qu'a tous jours mais pour fausse la tenront. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 101). Certes, trop ay en toy dur anemy. Si sui trop fols, quant je t'ay tant creü, Car tu pues bien acroistre mes anuis, Mais en toy n'a scens, pooir ne vertu De moy aidier, se de moy ne t'en fuis (MACH., L. dames, 1377, 162). Faus samblant m'a deceü Et tenu en esperance De joie merci avoir ; Et je l'ay com fols creü Et mis toute ma fiance En li d'amoureus vouloir. (MACH., Motés, 1377, 512). De la me viennent les rancunes, Car lerres le larron mescroit, Ne ly mauvès le bon ne croit, Ains cuide que chascuns soit lerres (DESCH., M.M., c.1385-1403, 130). Tu veulz de fait Ouvrer par voulenté sanz droit ; Et, qui a ce garde prandroit, Ne te devroit croire n'amer : Haie es en terre et en mer. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 358). Note de croire ceulx qui aiment Dieu et cognoissent verité (GERS., Annonc., a.1400, 235). Li jones contes fu consilliés par ceuls qui le gouvrenoient et par madame sa mere, que il venist en Flandres et cruist ses honmes, puisque il li presentoient amour et subjection. (FROISS., Chron. D., p.1400, 798).

 

-

Estre cru de qqn. "Avoir la confiance de qqn" : Li dis seneschaus estoit tant crus et tant amés dou dit duc et de madame la duçoise, que il brisa tous les pourpos des Englès (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 127).

 

.

Estre cru : Car bons parlers, dis loiaument, Fait tant que cils n'est plus creüs, Eins est tenus pour recreüs, Faus, mauvais, glassans et traïtes. (MACH., D. Aler., a.1349, 361).

 

-

Digne de croire. "Digne de confiance" : A Saint Omer n'a pas long temps advint une assez bonne histoire qui n'est mains vraye que [l'euvangile], comme il a esté et est cogneu de pluseurs notables gens, dignes de foy et de croire. (C.N.N., c.1456-1467, 431). Et je me delibère de ne parler de chose qui ne soit vraye et que je n'aye veüe ou sceüe de si grans personnaiges qu'ilz sont dignes de croire, sans avoir regard aux louanges. (COMM., II, 1489-1491, 173).

 

-

Trop croire de soi. "Avoir une confiance exagérée en soi-même, avoir trop bonne opinion de soi" : Ha a ! tant est dangereux savoir sans doctrine et, par trop croyre de soy, mescroire de Dieu. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106).

 

b)

En partic.

 

-

Croire qqn / en croire qqn. "Se conformer à ce que dit, conseille (qqn en qui l'on met sa confiance)" : Je ne say pour quoy ne commant, Li sires de Lesparre vit Qu'il se deslogeoient et dit, S'on l'en creoit, hors isteroient Et qu'assez sejourné avoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 161). Chieres gens, ne nous decevons point, creons noz amis mors et non point plaisir mondain qui nous destourbe d'avoir cuer doloreux. (GERS., Déf., 1400, 241). ...et se li contes euist creu son oncle, la besongne fust aultrement tournee que elle ne fist, et pour ce que point ne le crei, il l'en mescei, dont ce fu damages et pités pour tous ses pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 643). Aristote si apprenoit A Alixandre bonnes meurs Et qu'il creust les sages et meurs, Les vaillans tirast devers luy, N'en son conseil n'entrast nullui, S'il n'estoit appris en sagece, Prisast ceulx ou avoit proece (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 30). Eve, qui n'y pensa malice, Le deable crut comme nice ; A son mari porta la pomme, Elle en mengia, aussi fist l'omme, Dont ilz orent petit loyer (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 136). "Se vous me eussiez voulu croire, nous eussions frappé sur les enseignes du Jouvencel, quant il tenoit l'escalle ou petit villaige de la Francheville..." (BUEIL, II, 1461-1466, 93). Bien, brief on luy bauldra [l'habit], Qui m'en croira, puisqu'il l'a ordonné. (LA VIGNE, S.M., 1496, 372).

 

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Estre cru : "Dont, se j'estoie creus, dist li evesques de Norduich, la première chevauchie que nous ferions, che seroit en Flandres." - "Vous en serés bien creus, ce respondirent messires Thumas Trivès et messires Guillaumes Helmen ; ordonnons nous sur che." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 92). Et se creu fussent ces personnes, Je croy que tout en alast mieulx ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51).

 

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Estre cru de qqc. : "Sus tout che voiage je ne peus onque estre creus de cose que je desisse." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 132). Adont manda par ses messages, Par tous pays, a folz et sages Que "lui venissent rendre treu Ou que, s'il n'en estoit creü, Qu'il leur esmouvroit telle guerre Qu'ilz y perdroyent biens et terre." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 213).

 

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Estre cru de faire qqc. : Il ne fut pas le maistre lors, ne creu de faire son vouloir, et pour cause. (C.N.N., c.1456-1467, 26).

 

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Au fig. "Se laisser guider par (un sentiment, un penchant...)" : J'ai tant mon cuer et mon orgueil creü Et tenu chier ce qui m'a deceü Et en vilté ce qui m'amoit eü, Que j'ay failli Aus tres dous biens dont Amours pourveü Ha par pitié maint cuer despourveü Et de la tres grant joie repeü Dont je langui. (MACH., Motés, 1377, 495). Mais se tu prens et crois plaisir mondain, tu empescheras plus tes amis mors que tu ne les ayderas. (GERS., Déf., 1400, 230). Car Amours fait cuer d'amant bestourner Et de son droit estat le destourner, Et en homme par son pouoir tourner Sens insensible, Et ce qui doit ayder estre nuysible, (...) son contraire escouter, Volenté croire et raison rebouter. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 190). O arrogance aveuglee, folie et petite cognoissance de vertu, o tresperilleuse erreur en fait d'armes et de batailles, par ta malediction sont desroutees et desordonnees les puissances et les armes desjoinctes et divisees, quant chascun veult croire son sens et suivre son oppinion. (CHART., Q. inv., 1422, 58). ...fuy luxure, a ce que tu ne soies broillié en deshonneste renommee ; aussi ne croy point ta char, afin que par pechié tu ne blesses Jhesucrist. (LA SALE, J.S., 1456, 27).

 

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Croire le dieu Amour/croire sa dame. "S'acquitter de ses devoirs envers le dieu Amour/la dame à qui l'on a choisi d'accorder sa confiance et d'obéir" : ...il [l'amant] scet moult bien Que toute l'onneur et le bien Qu'il a li vient toute de moy [le dieu Amour]. Pour ce te di en bonne foy, Car il me sert, croit, aimme et crient Et fait tout ce qu'a gré me vient A son pooir de cuer loial, Honneur quiert et si fuit tout mal. (MACH., D. verg., a.1340, 28). Si me moustra la droite voie, Comment ma dame amer devoie, Servir, oubeïr, honnourer, Humblement croire et aourer Et cremir seur toute autre rien Com m'amour et mon dieu terrien (MACH., R. Fort., c.1341, 6). Si m'en marvoy, Quant je voy Bien qu'avoy N'arai n'ottroy, Ne qu'Amours ne m'yert tendre, Einsois perçoy Que par soy Mort reçoy, Ne sçay pour quoy, Car en foy Plus que moy Vous aim et croy De fin cuer, sans mesprendre. (MACH., Lays, 1377, 307).

 

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Croire Dieu/croire à/en Dieu. "Mettre sa confiance en Dieu et s'acquitter de ses devoirs de chrétien, suivre les préceptes religieux"

 

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Croire Dieu : Puet on penser chose plus digne Ne faire plus gracieus signe Com d'essaucier Dieu et sa gloire, Loer, servir, amer et croire, Et sa douce mere, en chantant, Qui de grace et de bien a tant Que le ciel et toute la terre Et quanque li mondes enserre, Grant, petit, moien et menu En sont gardé et soustenu ? (MACH., Prol., c.1377, 9). Se Dieu seullement aymions Et parfaictement croyons, Comme ceulx qui sommes siens, Chascun si le doubteroit, A luy on obeiroit, De cueur on le serviroit Comme bons vrais chrestiens. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 65).

 

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Croire à/en Dieu : O bon Jhesus, a qui je croy Par vraye foy, Treshumblement je t'en rens graces. (Pass. Auv., 1477, 131). Toutesfoiz, Jhesus, je t'avoye En la voye Estre le prophete tresgrant ; Et pour ce, sire, je vouldroye, Qui que l'oye, En toy croire tout mon vivant. (Pass. Auv., 1477, 132). Croire en Dieu est en creant Dieu le amer et aler a lui par amour et estre encorporé avec ses membres et estre reputé entre les membres de son corps. (Somme abr., c.1477-1481, 99). Mais croire a Dieu est croire a ses paroles, doctrines et enseignemens. (Somme abr., c.1477-1481, 100).

 

2.

CHASSE

 

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Croire un chien. "Se fier à un chien, en estimant qu'il suit la bonne voie" : Et si doivent avoir un bon brachet bien sage et bien affaitié, tellement que se la beste estanche, que le brachet soit creu de sa sieute. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 128). Et, si ses chienz vouloyent tourner arriere et requerir, il les doit croire (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 205).

 

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Chien creant. "Chien qui suit la bonne voie" : Car souvent sont [les chiens] d'une aleüre, Saiges, raides et bien chaçans, Crians, creans, bien rachaçans... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 463).

 

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[Du chien] Croire (qqn). "Obéir (à qqn)" : ...chien baut chasce au vent quant il est lieu et temps (...). Il creint [var. croit] et entent son maistre et fet ce qu'il li commande. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 133). Et bon veneur ne doit dire a ses chienz fors que la pure verité, affin qu'ilz y donnent plus grant creance en ce qu'il leur dit et qu'ilz le croient miex (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 217). ...les chienz ne donnent mie si grant foy ne croyent si bien quant on parle trop (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 217).

 

3.

Croire qqc.

 

a)

"Avoir confiance en la valeur (le plus souvent en la valeur religieuse) de qqc."

 

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Croire qqc. : Et cent mille, que sains, que saintes, Ont moustrées miracles maintes, Tout par la vertu de la crois. Mar fus nés, se tu ne la crois, Car c'est une droite creance, Et de nostre foy l'ordenence. (MACH., P. Alex., p.1369, 15). Encores veul et vous commande que totalement vous creez les xij articles de la foy, qui sont vertus theologiennes, meres au bon esperit (LA SALE, J.S., 1456, 37).

 

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Croire à/en qqc. : On ne doit pas croire en augure, Car c'est pechiez contre la foy Et c'est sorcerie et laidure Et grant deshonneur (MACH., L. dames, 1377, 229). [Fortune] Une ydole est de fausse pourtraiture, Où nuls ne doit croire ne mettre cure (MACH., Motés, 1377, 497). ...et ce [corps, estat et vie, prouesse de chevalerie...] pers tu, Se tu ne crois aux sains escrips Que je t'ay cy devant escrips (DESCH., M.M., c.1385-1403, 221). Mais trop me desplaisoit que "clercs" Fussent nommez gens sanz science (Car tieulx y ot, je vous fiance, Qu'erent ja tous chanus ou vieulx ; Et ne sceussent pas, se m'it Dieux, Com je croy dire proprement, Comme on doit croire ou sacrement, Ou en la foy, en aucuns cas) (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 62). Croire en la communion des sains et en la remission des pechiés. Croire en la generale resurrection de la char et de la vie pardurable. (LA SALE, J.S., 1456, 38). Comme dist saint Jehan ou premier chapitle de son evvangile : "Il nous a donné pouoir de estre fais et reputéz filz de Dieu a ceulz qui croient ou nom de lui." (Somme abr., c.1477-1481, 108).

 

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Croire qqc., c'est à savoir à telle ou telle chose : Encor veul et vous commande que fermement vous creez les vij sacremens de l'Eglise ; c'est assavoir : au saint baptisme, en la sainte confirmacion, en la vraie penitence, au tres saint sacrement de l'autel, aux saintes ordres, au saint ordre de mariaige, et en la saincte unction. (LA SALE, J.S., 1456, 40).

 

b)

Croire une regle/un avis/un conseil... "Suivre qqc., s'y conformer en raison de la confiance qu'on y met"

 

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Croire qqc. : "Pour quoi n'ay je crut discipline ? Pour quoy laissa mon cuer dotrine, Qu'il n'obeit et qu'il ne crut Celle dotrine qu'il reçut ?..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 186). Avises aussy que aucune fois on cuide recevoir le Saint Esperit et on recoit le mauvais (...) Si est le remede de querir souvant bon conseil et de le croire. (GERS., Pent., p.1389, 82). ...et encores amoit il [le roi Philippe] moult les armes, quoique son estat fust moult aucmenté. Mais il creoit legierement fol consel, et en son air, il fu crueuls et hausters. (FROISS., Chron. D., p.1400, 182). ...on n'a point tenu ne creu mon ordenance. Si sons sus un parti que de tout perdre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 730). Encores veul et vous commande que les huit beatitudes veulliez ensuir et croire, et premiers pouvreté d'esperit, debonnaireté de cuer, pleurs de voz pechiés et des autres, desir d'execucion de vraie justice, estre en cuer piteux et misericors, avoir purté d'esperit, paix a chascun, et estre pacient. (LA SALE, J.S., 1456, 39). ...si advint tout au contraire de ce qu'il cuidoit. En telle manière advient souvent à ceulx qui vuellent faire à leurs testes sans croire conseil d'aultrui. (BUEIL, I, 1461-1466, 70).

 

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Ne savoir que croire. "Hésiter sur la conduite à tenir" : Dont suis tiree De deux douleurs et martiree, Quant la joie qu'ay desiree Le plus, m'est du tout empiree Par doubte, voire Si fort que je ne sçay que croirre : Ou se je doubte, ou se j'espoire. (CHART., L. Dames, 1416, 272).

 

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Estre cru : Ensi par grant orguel et beubant fu demenee ceste cose, car casquns voloit fourpasser son compagnon. Et ne pot estre creue ne tenue la parole dou vaillant chevalier, de quoi il lor en mesvint si grandement com vous orés recorder assés briement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 724).

 

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Croire à/en qqc. : Or fut conseilliez à Westmoustier (...) que ce seroit bon que on alast honnourablement devers le roy à Brisco et lui feust remonstré certaument comment ung temps il avoit esté contre la plus saine partie de son pays et qui le plus amoient et avoient son honneur garder, et que trop avoit creu ou conseil de ses marmousés, par quoy son royaulme avoit esté en trop grant branle. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 75). ...la s'arrestent gens oultrecuidez, qui donnent auctorité a leur propre sens, quant ilz croient obstinement aux conseilz de leurs testes, et se gouvernent soubz l'esperance de leur cuiderie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 104).

 

4.

Prov. : N'est pas tout ung croire ["faire confiance à qqn"] et avoir (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 25). Et pour ce dit aussi le proverbe commun que on doit ce que on voit croire, et non pas ce que on oyt ["on doit faire confiance à ce qu'on voit et non à ce qu'on entend dire"] (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 180). Celluy qui croit follement follement lui en prent (MACHO, Esope R., c.1480, XXXV). Il n'est nul qui croye sa femme, Qu'il n'en ait en fin honte ou blasme. (C. Riffl., c.1480-1520, 61).

C. -

[Idée de foi ; en particulier, foi dans l'existence de qqn ou qqc.]

 

1.

Empl. abs. "Avoir la foi" : Car tes escrips portent que tu es envoyé a la vertu du glaive pour mettre a mort ou en servage ceulx qui ne croyront (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 126). JHESUS. Toutes choses sont trespossibles A celluy que croit. As tu foy ? LE PERE. Helas, sire ; certes, je croy. (Pass. Auv., 1477, 162). Doncques fault entendre qu'ilz seront pugnyz pour n'avoir voulu croyre et pour ce qu'ilz n'auroyent eu ferme foy et creance. (COMM., II, 1489-1491, 227).

 

-

Prov. : Plus tost se poet dampner c'uns autres ne porroit, Car il scet l'escripture, et toute le conchoit ; Mais chius qui mains en scet, c'est chius qui miex i croit. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 202).

 

2.

Croire qqn/qqc./croire en qqn/qqc. "Admettre l'existence de qqn/de qqc."

 

a)

Croire Dieu/croire en Dieu/croire en un dieu

 

-

Croire Dieu : Croire Dieu est croire que Dieu est. (Somme abr., c.1477-1481, 99). Les aultres [choses] sont par dessus raison lesquelles seulement sont comprehensibles et entendibles par revelation divine ou par l'auctorité des saintes escriptures sont creables comme nous creons trois personnes et ung dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 136). Quant aucun pense a la verité de Dieu, il le doit croire, quant il pense a la bonté de Dieu, il le doibt amer. (Somme abr., c.1477-1481, 174).

 

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Croire en Dieu/ en un dieu : Finablement ydolatrie s'i embat avec ses suers germaines qui sont sortilege, supersticion, magique qui font la povre ame aourer et croire en leurs dieux, denier son baptesme et la foy crestienne, adourer les dyables et luy sacrifier. (GERS., Purif., 1396-1397, 65). Cellui .xxxii. ans vesqui Et du mont Aventin acreut La cité, et du dieu, ou creut, Fist un temple (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 189). Je croy donc veritablement En Dieu qui le monde forma, Demandant pardon humblement Du peché qui trop surpris m'a. (LA VIGNE, S.M., 1496, 299).

 

b)

Croire qqc. : On ne puet riens savoir si proprement D'oïr dire comme on fait dou veoir ; Mais ce qu'on tient et voit tout clerement Doit on croire sans nulle doute avoir. (MACH., L. dames, 1377, 173). Et croit [l'amant] de vray ce qui oncques n'avint Et jure Dieu des fois ou quinze ou vint Qu'el ayme tel dont onq ne lui souvint. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 184).

 

c)

Empl. abs. : Nous ne croions Jusques a ce que nous voions, Maiz je doubt que bon eur n'aions Tant que plains de pechié soions. (CHART., L. Dames, 1416, 284).

 

3.

[Le compl. réfère à un obj. dont une propriété est sujette à discussion] Croire qqc. : Einsi me fait son gracieus viaire Vivre en morant, car nulz homs ne croiroit La tres dure dolour qu'il me fait traire. (MACH., L. dames, 1377, 55). Marcus Catho une boiteuse, Qui Arcore Paule avoit nom, Prinst a femme ; mais a Cathon, Combien que d'umble lieu fust née, Impotent du corps, mal senée Lui fut, tresorgueilleuse et felle, N'onq ne trouva douçour en elle, Fors tout tourment et villenie, Et lui fist mainte tricherie Que nuls hom croire ne pourroit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 84). Mais nul ne croiroit le tresbel et tresnoble jardin que ce peut estre et les belles fonteines faictes par ordonnance qui y sont, consideré le desert lieu ou il est assis. (Voy. Jérus., c.1395, 52).

D. -

[Idée de vérité] "Tenir pour vrai ou pour probable"

 

1.

Croire qqc./à qqc. "Tenir pour vrai (un dire)"

 

a)

Croire qqc. : Il [le philosophe] afferme, et je croy son dit, Que les maladies quelconques - Et qu'autrement il n'avint onques - Sont curées par leur contraire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 203). Encor li dist il autre chose Que je nullement croire n'ose, Car il li dist que la royne Estoit amie et concubine A monsigneur Jehan de Mors, Par le temps qu'il a esté hors, Et qu'il l'a heüe et tenue Cent fois, en ses bras, toute nue. (MACH., P. Alex., p.1369, 249). Et s'aucuns ont vileinnement parlé A li de moy, je les met tous au pis Qu'onques vers li feïsse fausseté N'envers autrui, n'il ne doit leurs faus dis Tost croire ne li mouvoir, Eins doit avant la verité savoir. (MACH., Bal., 1377, 551). Quar il sembleroit a ceulz qui entendroient a la rayson qui s'ensuit et la creroient que c'est impossible que un seul monde soit ou que plusseurs ne puissent estre. (ORESME, C.M., c.1377, 152). Et faisoit [le duc de Brabant] tout quoi tenir son chevalier, messire Lois de Cranehen, a Paris dalés le roi, qui tousjours esqusocit le duch de toutes imformations senestres qui venoient en la presence dou roi, et disoit au roi : "Sire, n'en creés riens, car monsigneur de Braibant, quel samblant que il monstre ne face a son cousin le roi d'Engleterre, ne vous fera ja guerre pour lui." (FROISS., Chron. D., p.1400, 297). Le duc grandement s'esjouy De la parolle, qu'il ouy, Car la dame tant lui plaisoit Qu'il croyoit quanque elle disoit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 223). Alixandres, qui avoit chier Antipater, pas de legier Ne crut les parolles sa mere, Qui redoubtoit sa mort amere. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 62). ...et averont [lesdits seigneurs] la Court tousjours pour recommendée et ly ayderont de tout leur povoir, et quant aux sinistres rappors n'en croiront rien jusques à ce que ceulx à qui touchera soient oïz (BAYE, II, 1411-1417, 43). Et le jaloux croit rappors et forge souspeçons Sus tous et toutes, N'il n'a repos ne que s'il eust les goutes. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 185). Bien avoit [le triste amoureux] a mon gré visé Entre celles que je vi lors, S'il eust au gré du cuer visé Autant que a la beauté du corps ; Qui croit de legier les rappors De ses yeulx sans autre esperance, Pourroit mourir de mille mors Avant qu'ataindre a sa plaisance. (CHART., B. Dame, 1424, 336). Quant à la querelle, je croye ce que vous et les vostres en avez juré. (BUEIL, II, 1461-1466, 183).

 

-

Croire qqc. de soi (mesme) : "N'est rien, comme dit Juvenal, que un qui est en puissance ne puisse croire de soy quant on le loue" (GERS., Annonc., a.1400, 234).

 

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Estre cru : Sa fausse jangle estre ne doit creüe, Pour ce qu'en li de verité n'a point, Car de haïne et d'envie est venue, Par traïson qui tout ce li enjoint. (MACH., L. dames, 1377, 172). Si sont moult creues les parolles Et moult en dit le roy de folles (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 305).

 

-

Faire croire qqc. à qqn. "Faire accroire qqc. à qqn" : Maintes choses li faisoit croire, Et tant fist, ce fut chose voire, Par son blandir, par le sens d'elle Qu'elle le trait a sa cordelle. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 32). Dames ne sont mye si lourdes, Si mal entendans ne si foles Que, pour un peu de plaisans bourdes Confites en belles parolles, Dont vous autres tenés escoles Pour leur faire croire merveilles, Elles changent si tost leurs coles (CHART., B. Dame, 1424, 342). Lors leur manda ung de ses chevaliers, comme fuitif, qui leur dist que en l'ost des Rodiens avoit tresgrant dissencion ; dont, pour mieulx faire croire la bourde, fist partir une partie de ses gens de son ost et faire ung aultre logis appart, assez loings du scien, ainssy comme se ilz se fussent partis par mal talent. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 53).

 

-

Estre fort/leger à croire : Car on dit - et c'est chose voire Qu'il est assez legier a croire - Qu'entre les grans et les meneurs A tous seigneurs toutes honneurs. (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). Mais de nulle chose qui soit oultre lesdictes portes de mettail, ne se treuve nul qui le sache, fors que par commune renommee et par voix generalle de gens du païs, qui en devisent a leurs voullentez. Et touteffoiz en disent ilz choses qui assez sont fortes a croire (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 89).

 

-

Empl. abs.

 

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"Tenir pour vrai ce qui se dit" : Entre vous, qui femmes hantez, Advisez vous de trop tost croire : Toute parole n'est pas voire. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 105). Ceulx qui veulent mesdire, a lui [l'amant jaloux] affuyent Et lui sacoutent, Car teles gens croyent tost et escoutent ; De mal en pis le nourrissent et boutent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186). Et quant ce fut fait, il fist laissier aller ung prisonnier, comme se il fust eschappé, qui alla tresjoieulx a ses gens, et leur compta le debat qui estoit entre eulx et le deppartement du logis ; de laquelle chose le simple peuple, qui legierement avoit creu, descendy de leurs fors ou plain, pour assaillir le nouvel logis. Mais ilz furent des aultres gens encloz et tous mors et prins. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 53).

 

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Croire contre/encontre qqn. "Tenir pour vrai ce qui se dit aux dépens de qqn" : Et qui legierement croit, Souvent sa pais et sa joie en descroit, Car maint meschié sont venu et norri De legier croire encontre son ami. (MACH., L. dames, 1377, 173). La conclusion dudit Philippes fut fort humble et saige, suppliant au roy ne vouloir legierement croire contre luy ne son filz et l'avoir tousjours en sa bonne grace. (COMM., I, 1489-1491, 8).

 

b)

Croire à qqc. : ...sera requiz et supplié au Roy qu'il escripve au Pape et au college des cardinaulx sur ce, et qu'ilz ne croient point aux lettres dudit cardinal de Pise (BAYE, II, 1411-1417, 56). Se n'est que toute menterie De son faict, n'y croyez jamais, Decepcion et flaterie Comme voyez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 494).

 

2.

[Avec un compl. prop. ou une constr. équivalente]

 

a)

[À la première pers. du prés.]

 

-

"Avoir la conviction, la certitude que"

 

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Croire que + verbe à l'ind. : Et vraiement, Tant fu belle [la dame], que je croy fermement, Se Nature qui tout fait soutilment En voloit faire une aussi proprement, Qu'elle y faurroit Et que jamais assener n'i saroit, Se l'exemple de ceste ci n'avoit Qui de biauté toutes autres passoit. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72). Mais moult tost me vinrent sus destre Deus dames, les plus esmerees, Plus gentes et mieuls coulourees Que ymage fait de painture. Et croi bien que Diex et Nature les fisent par especial. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 46). Dont, en pensant a ce, je m'esmerveille Et esbahis, en la mienne pensee, Ou tel beauté poet estre compassee, Et di en moi : je croi onques Nature Ne fourma voir si belle creature Que vous estes, dame de tous biens plainne. (FROISS., Orl., 1368, 87). Vous soiez li tres bien venus, Et à grant joie receüs, Car je croy de vostre retour Que Dieux l'a fait pour le millour. (MACH., P. Alex., p.1369, 114). Maistre, maistre, vous nous cuidiez abuser que soit vostre mere. Je croy bien que vous amez vostre mere, et que c'est celle qui vous entretient, mais ce n'est pas celle par qui vous portez cette devise. (LA SALE, J.S., 1456, 59). Ce procès a beaucoup duré. Et, à la verité, je croy que ung homme qui fait l'exploit de la guerre ne doit entendre autre part ; car c'est une chose qui se veult tousjours exerciter, et cellui qui l'exercite ne doit avoir autre entendement. (BUEIL, II, 1461-1466, 14).

 

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Croire que + verbe au subj. : Car nul n'en voy ne nulle qui demeure Tant en son pleur qu'a joie ne requeure, Eins que li ans Soit acomplis, tant soit loiaus amans, Ne excepter n'en vueil petis ne grans. Et vraiement, je croy que ce soit sens. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 99). Je di pour voir certeinnement, Et croy qu'il ne soit autrement, Que ce qu'il fait, c'est aventure Et vient de sa propre nature. (MACH., D. Aler., a.1349, 242). Avis m'estoit que je vëoie En mon dormant ou je songoie Deus dames de tele fasson Qu'il n'est ne peintre ne masson Qui leur biauté peüst escrire (...) Et sans doubte, je ne croy mie Que tel biauté soit terrienne, Eins croy qu'elle est celestienne. (MACH., F. am., c.1361, 199). "...Et n'est il pas vray, ma dame ? qu'en dictes vous ?" Madame, qui de ce oïr fut bien aise, en sousriant lui dist : "Et qui le vous a dit, abbés ? Quant a moy je croy qu'il soit ainsin." (LA SALE, J.S., 1456, 277).

 

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Croire que oui/non : Morray je dont sans avoir vostre amour, Dame, que j'aim, crein et desir, par m'ame, Plus loiaument, mieus et plus par honnour Qu'onques amans ne pot desirer dame ? Certes, je croy bien qu'oïl, Quant mon service et moy tenez si vil Que ne daingniez veoir ne resgarder Moy, las ! Dolent, qui muir pour vous amer. (MACH., L. dames, 1377, 193). Et doivent ilz estre orguilleux Nobles gens les plus batailleux ? Et, vrayement, je croy que non, Tant ayent proece ou hault nom (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 34).

 

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En incise Ce croi(s) : Or me bas en tes las, Pris et rendu ! Ce n'est pas ton honneur, ce croy, Quant je te ser en tele foy Qu'humblement a morir m'ottroy, Se c'est tes grez, Pour ma dame que plus ne voy. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Or en a un tel en vostre ost Qu'onques, ce croy, milleur n'i ost Chevalier, d'onneur renommez, De tous les bons preudons nommez (MACH., D. Aler., a.1349, 315). Or face dont qu'il soient tuit onny, Tant pour s'onneur, com pour la pais de mi, Fors que moy seul, qui tant l'aim et desir C'onques dame, ce croy, ne fu amée Plus loyaument ne de plus vray (MACH., L. dames, 1377, 66).

 

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(Je) le croi(s) : Il est vray, bien le croy, Qu'en triste desarroy Cheï pleinne d'ennoi Et en grant orphenté, Si com, raconter oy, Judée, quant son roy Prist la mort devers soy, Le vaillant Josué. (MACH., Lays, 1377, 474). ...force et hardiece Avoit [Achille] en lui sur tous les hommes, Fors Hector, qui en toutes sommes Passoit les bons, combien qu'aucuns Dient qu'auques furent comme uns De vaillance, mais nel croy pas, Car les histoires en tout pas Loent Hector en tous endrois, Non pas Achillés (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 76). "N'en avez vous point ?" dist Madame, "et qui seroit la bien eureuse qui un tel ami avroit ? Puet bien estre que n'en avez point, bien le croy. Mais de celle que plus vous amez et vouldriés qui fust vostre dame, puis quant ne la veistes vous ?" (LA SALE, J.S., 1456, 8). Ma dame, j'ay oy dire que ce josne filz Saintré a fait tres beaux paremens a merveilles ; vraiement je ne le puis croire. (LA SALE, J.S., 1456, 91).

 

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(Je) croi(s) + inf. : Se cil a destre sont paié, Si qu'il ne sont point delaié, Cil de la senestre partie Ont aussi tost leur departie, Si desservent et si reçoivent De quoy malement se deçoivent, Quant dames cuident decevoir. Je croy bien dire de ce voir. De ces peles ay assez dit, Si que, pour abregier mon dit, Je m'en puis bien dès or mais taire (MACH., D. Aler., a.1349, 339). Dont ma joie yert en declin, S'elle à garir ne s'encline Le mal que reçoy, Car son plaisant maintieng coy Par desir mon cuer affine, Toute ensement com la mine S'affine en feu ; dont je croy Morir dedens brief termine, N'autre garison n'i voy. (MACH., Lays, 1377, 316). Mais trop me desplaisoit que "clercs" Fussent nommez gens sanz science (Car tieulx y ot, je vous fiance, Qu'erent ja tous chanus ou vieulx ; Et ne sceussent pas, se m'it Dieux, Com je croy dire proprement, Comme on doit croire ou sacrement, Ou en la foy, en aucuns cas) (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 61).

 

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[Le suj., ne disposant que d'informations fragmentaires, ne peut affirmer pleinement] "Tenir pour probable"

 

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Croire que + verbe à l'ind. : Nous fuions a sauveté, car chi en ce village sont entré auqun compagnon françois, et creons bien que il sont issu de Mortagne, et requellent la proie et l'asamblent ; et avoecques tout ce il ont ja pris honmes et fenmes que il en voellent mener. (FROISS., Chron. D., p.1400, 430). Il i eut un brigant pillar, et croi que il fu alemans, qui trop fort resgna en Limosin et en la Lange d'Oc, lequel on nonmoit Bacon. (FROISS., Chron. D., p.1400, 857). C'est un beau jeu a gentil homme ! Je croy qu'on en usoit a Romme Jadis, et que si fais excés Apprenoit le sage Ulixés Aux chevaliers, de boire aux pos Quant ilz estoient a repos (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 32). ..."c'est, Dieu mercy, madame ma mere qui m'a fait ainsin joly." - "Et comment," dist Madame, "vous a elle fait si joly, elle qui est en Thoraine, et croy que jamais ne fut yci ?" (LA SALE, J.S., 1456, 56). ..."j'ay entendu que madame sa mere le pourvoit ainsin, et croy bien que ce est du vouloir son pere qui lui en donne l'onneur." (LA SALE, J.S., 1456, 78). Cappitaine, j'ay myz les gens de pié aux champs si celéement que je croy que nul ne les a veuz ne ouyz. (BUEIL, II, 1461-1466, 127). "Je verroye voullentiers le Jouvencel, de quoy il est tant de nouvelles et qui en son jeune aaige a tant fait de belles choses ; et croy que à ceste cause fut-il nommé Jouvencel." Et l'escuier respondist qu'il estoit vray. (BUEIL, II, 1461-1466, 236). Ilz [le père et la mère] s'en vont vers sainct Martin. LA MERE : Je croy que velle cy qui vient : C'est mon ; pencez que nous dirons. (LA VIGNE, S.M., 1496, 468).

 

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Croire que + verbe au subj. : Lors dist en bas Li chevaliers par maniere de gas : "Je croy qu'il ait oy tous nos debas." Et je li dis : "Sire, n'en doubtez pas, Que voirement Les ay j'oïs moult ententivement Et volentiers..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 105). Vous devés sçavoir que en la ville de Saint Omer se tenoit uns moult vaillans chevaliers françois, liquels se nonmoit mesires Joffrois de Cargni, et croi que il soit as armes campegnois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 861). ...la gaitte qui perchut la navie des Espagnols venir fillant aval vent, dist : "Ho ! Je vois une nef venant, et crei que elle soit d'Espagne." (FROISS., Chron. D., p.1400, 883). Ne de la fin ne vous puis je advouer Ou vous tendez, Ne je ne sçay comme vous entendez L'oppinïon que de ce cas rendez (...). Je croy au fort qu'en esbat le dïez ; Autry s'en deult et vous vous en rïez. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179).

 

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En incise (Je) croi(s) : Sur toutes flours tient on la rose a belle, Et en apriés, je croi, la violette. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 79). ...bien pora [ma dame] percevoir Comment Amours, qui m'a en son demainne, A la façon de l'orloge me mainne, Car de mon coer a fait loge et maison, Et la dedens logié a grant foison De mouvemens et de fais dolereus, Onques, je croi, n'en ot tant amoureus (FROISS., Orl., 1368, 85). Creniaulx alees et retrais Y a plains de grant beauté tres ; Pommeaulx dorez et a devises, Banieres sur les maisons mises, Qui au vent en vont voletant, Oncques, je croy, on n'en vid tant Comme il a la, ne de si belles, Ne tant de devises nouvelles. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 108). Si s'en vont au vent, jour et nuit. N'orent esté, croy, des jour .viii. Qu'au port de Troye ilz arriverent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 31).

 

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[En compar.] : Là estoit l'amiraut le roy, Et si avoit, si com je croy, Avecques li o v. ou vj. Des gentils hommes dou païs, Sans les autres qui escoutoient Par derriere ce qu'il disoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 257). Certainement, dist Belotte la Cornue, c'est un tres grant dangier car pour ce que ma mere en menga, j'en ay eu trois taches qui, comme je croy, jamais ne me fauldront. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84).

 

b)

[À une pers. et/ou à un temps autre que la première pers. du prés.]

 

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"Tenir pour vrai"

 

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Croire que + verbe à l'ind. : Ilz entrerent en la maison et monterent les degrez, et vindrent en la chambre où Trimelien estoit, et tantost ilz mistrent la main à luy et l'amenerent, voulsist ou non, ou palais. Vous poez bien croire qu'il y ot grant presse à lui veoir, car il estoit moult bien cogneus en Londres et en pluseurs lieux en Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). Cils poetes dont je vous chant Harpoit si trés joliement Et si chantoit si doucement Que les grans arbres s'abaissoient Et les rivieres retournoient Pour li oïr et escouter, Si qu'on doit croire sans doubter Que ce sont miracles apertes Que musique fait. C'est voir, certes. (MACH., Prol., c.1377, 10). Vous devés sçavoir et croire legierement que li rois d'Engleterre gissoit a grans frés et as grans coustages deça la mer (FROISS., Chron. D., p.1400, 297). Une foiz le [malheur] fault essayer A tous les bons en leur endroit Et le devoir d'amours payer, Qui sur frans cuers a prise et droit, Car franc vouloir maintient et croit Que c'est durté et mesprison Tenir un hault cuer si estroit Qu'il n'ait q'un seul corps pour prison. (CHART., B. Dame, 1424, 350). Lesquelles choses j'ay dit, diz et diray ; et prie a chascun de croire que ce ne sont que choses controuvees par l'ancien commun parler des simples gens. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 123). Il eust voluntiers dit qu'il estoit coux. Et creez que si estoit il a ceste heure (C.N.N., c.1456-1467, 260). On vous a baillé, mon filz, la femme d'un tel, et creez qu'il a la vostre (C.N.N., c.1456-1467, 341). Et croyez, Monseigneur, que je congnoys bien le grant honneur que Dieu a voulu que me ayez fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 184). Et croyez seurement que cruaulté ne valut oncques riens et en la fin il en vient tousjours mal ; car, ung homme sans pitié, Dieu n'aura jamais pitié de lui. (BUEIL, II, 1461-1466, 251). Croire Dieu est croire que Dieu est. (Somme abr., c.1477-1481, 99).

 

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[En cont. nég. ou employé avec pouvoir] : ...et puis que douceur est en li, Franchise y doit bien estre aussi ; Pour ce ne croiroit a nul fuer Que pitié ne fust en son cuer. (MACH., D. verg., a.1340, 39). On puet bien croire qu'einsi soit Que, se pluseurs gens chevauchassent, A fin que point ne m'araisnassent, Et aucuns bien en congneüsse, Que ja ne m'en aperceüsse, Tant y avoie mis ma cure. (MACH., J. R. Nav., 1349, 155). Mitres et croces et abis D'or, de perles et de rubis Et d'autres pierres richement Faictes, et li beau parement, Qui la sont, pour parer autelz, Nulz ne croiroit qu'ilz fussent telz (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 139). Pompee (...) Mis en paix et pors, et passages, Receup les fois et les hommages, Vers Arabe et puis vers Assire, Et vers Phenice, adont se tire, A si grant host qu'a peine creust Homme que tant de gent y eust. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 23). Sur quoy la Court a respondu et dit que ledit cas est un des mauvais cas qui pieça avenist ou royaume et de très mauvais exemple, et ne croioit pas la Court, ne ne croit que ledit conte eust volu faire ne perpetrer si mauvais et si dampnable cas, attendu le sanc et linage dont est le conte descendu (BAYE, I, 1400-1410, 284).

 

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Croire qqn/qqc. estre... : Et pour ce, est ce bien raisonnable chose de soy abandonner aus anciens et maismement a crere les paroles de nos anciens peres estre vraies, et que des choses qui ont mouvement aucune soit divine et immortelle (ORESME, C.M., c.1377, 274). Le premier, croire Dieu estre, et le tiers, croire a Dieu et a ses paroles, apartient et est commun aux bons et aux mauvais (Somme abr., c.1477-1481, 100).

 

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Le croire : Mais le Caire est une cité si merveilleusement grande et si merveilleusement peuplée de Sarrazins, et si y a assés d'aultres gens que nul ne le pourroit croire s'il ne l'avoit veue. (Voy. Jérus., c.1395, 59). ...adont s'espardirent les nouvelles en pluisseurs lieus aval la ville de Calais que li rois d'Engleterre avoit esté en celle besongne. Li auqun le creoient et li aultre non ; et en la fin tout le crurent Englois et François, car il le sceurent de verité. (FROISS., Chron. D., p.1400, 872). ...car, en pou de temps, il subjugua, vainquit et desconfist ses adversaires, recouvra et remist en sa main les diverses parties de sa terre et seigneurie, qui à tort lui estoient usurpéez par ses anciens ennemis, et reintegra sa couronne en si pou de temps que penser d'homme ne le pourroit croire ne entendement concepvoir ou comprendre suffissamment (BUEIL, I, 1461-1466, 28).

 

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C'est chose legere à croire : Vous devés sçavoir, et c'est cose legiere a croire, que de toutes ces besongnes, de ces aliances des Alemans et des sejours que chil signeur d'Engleterre faisoient en Valenchiennes, et de l'estat que il i tenoient, li rois Phelippes estoit enfourmés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 260). Vous devés sçavoir, et c'est cose posible et legiere assés a croire, que il n'est honme, tant fust presens a celle journee, ne euist bon loisir de aviser et imaginer toute la besongne ensi que elle ala, qui en sceuist ne peuist recorder, de la partie des François, bien justement la verité. (FROISS., Chron. D., p.1400, 726).

 

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C'est bon à croire que + verbe au subj. : Il deüst avoir mesuré L'estat dou gent corps honnouré De celle dame souvereinne ; Qu'en tout le crestïen demeinne N'a homme, s'il la congnoissoit, - C'est bon a croire qu'einsi soit - Qui hautement ne l'onnourast Et qui de lui ne mesurast Humble et courtoise petitesse Au resgart de sa grant noblesse. (MACH., J. R. Nav., 1349, 261).

 

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Il est à croire que + verbe à l'ind. : S'il failloit par ton livre infame Pitié d'entre dames bannir, Autant vauldroit qu'il ne fust ame Et que le monde deust finir. Puis que Nature s'entremist D'entailler si digne figure, Il est a croire qu'elle y mist De ses biens a comble mesure. (CHART., E. Dames, 1425, 365). Car il est à croire et est chose vraye que ceulx qui ayment Dieu et ont bonne cause et sont repentans et confès de leurs pechiez, finablement auront victoire de leurs ennemiz, comme il appert ou livre des Levites, ou xxvie chappitre. (BUEIL, II, 1461-1466, 73).

 

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En incise : ...n'estoit pas, creez, son engin oiseux, mais labouroit a toute force pour fournir la promesse a son serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 183).

 

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Empl. abs. : Car aucuns incontinenz ont telz opinions de quoy ilz ne doubtent en rien, mais cuident savoir certainement ce de quoy il ont opinion. Et donques qui diroit que ceulz qui ont opinion font contre tel opinion plus que ceuls qui ont science pour ce qu'il croient foiblement, ce ne suffist pas. Car, quant à ce, il n'a difference entre opinion et science. Car aucuns croient et se aherdent aussi fort et non pas mains as choses de quoy il ont opinion comme les autres font a celles de quoy il ont science. (ORESME, E.A., c.1370, 371).

 

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[Le locuteur présente comme erronée l'opinion qu'il rapporte] "S'imaginer"

 

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Croire que + verbe au subj. : Car tu penses et ymagines, Ce m'est vis, songes ou devines, Qu'elle pas n'entende ou congnoisse L'amour qui en ton cuer s'engroisse, Et crois qu'elle ne voie goute. Mais si fait (MACH., R. Fort., c.1341, 66). Mais aucun est qui excede et ist hors de droite raison pour cause de la passion de concupiscence, car tele passion le seürmonte en tant que elle le fait ouvrer non pas selon droite raison mais elle ne le seürmonte pas, en tant que il soit telement disposé que il cuide et croie que il conviengne parsuir teles delectacions senz ce que nulle en doie estre devee ou deffendue. (ORESME, E.A., c.1370, 394). Quant l'enfent fu auques percreu, Com cil qui toudis ot creu Que le pastour son pere fust Et que sa femme porté l'eust, Leur bestes menoit en pasture, Chacun jour, mais a sa nature Sperticus retray, sanz faille, Car, de façon, de corps, de taille, De maintien, de corps et d'arroy Bien sembloit estre filz de roy (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 194). Que de dueil ait le cuer nercy Qui ja croira, comme tu fais, Qu'oncques dame fust sans mercy ! (CHART., E. Dames, 1425, 363).

 

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C'est folie à croire que + verbe au subj. : Se ne me porroie tenir D'aler a li [ma dame], ne ne vorroie, Pour tant que de vray sentiroie Que ma dame le penseroit ; Dont, quant elle me manderoit, Ce seroit bien folie a croire Que point en vosisse recroire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 160).

 

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Il n'est pas à croire que + verbe au subj. : Doncques n'est il mie a croire que Dieu ordonnast a ses officiers de faire choses deshonnestes et malvaises, ne aussi le peupple ne fait mie voullentiers seigneur qui les doive oultre justice grever ne oppresser. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 15). Et se l'avair, par quelque cause, est amoureux, n'est point a croire que ce ne soit de meschant et vile chose, pour ne avoir cause de riens despendre. (LA SALE, J.S., 1456, 22).

 

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Croire qqn/qqc. + inf./adv. : Et pour ce, mon seigneur, je dis que paix doit estre desiree et cerchee dilligement et ne croire point de honte la ou est le commandement de Dieu ; car, qui a son tort la refuse, Dieu est contre lui (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 11). Et se aucun d'eulz [les époux] ignore, adont l'un creant l'aultre avec qui il a contrait mariage estre sans loyen de mariage, il porra estre avec celle ou cellui aprez la mort de l'homme legitime ou de la femme legitime, et ce pour la bonne foy que il a eu. (Sacr. mar., c.1477-1481, 64).

 

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Croire + inf. : Et, comme on treuve en mains dictiez, Ces enfens furent alaictiez D'une louve, qui les nourri Et de peril de mort gari, Mais, a droit voir dire, un pastour Fostis nommé, qui la entour Reppairoit, les en emporta Et sa femme les alaicta ; Et, quant furent grant et parcreu, Estre filz au pastour ont creu (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 177).

 

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[Tours factitifs]

 

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Faire croire (à qqn) que + verbe à l'ind. : Le menteur, que souvent on treuve En mençonge, par longue espreuve, Quant voir dit d'aucune aventure, On ne le croit, car sa nature Ou longue accoustumence croire Fait aux gens qu'il ne saroit voire Chose dire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 49).

 

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Faire croire (à qqn) que + verbe au subj. : Le dous regart et la face polie De la tres bele à qui je sui amis Croire me font qu'elle me soit amie. Mais trop suis fols, rudes et mal apris, S'en dous regart me fie n'en dous ris, Car en son cuer truis et voy le contraire (MACH., L. dames, 1377, 188).

 

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Faire/donner à croire (à qqn) qqn estre/adv. : Biaus amis, par merencolie M'avez tenté de moquerie De bourde, et de parole voire, Quant vous me donnastes a croire Ma dame loing par bel mentir. Il me plut moult bien a sentir Le vray de ce que vous mentistes, En ce qu'après le voir deïstes, Que ma dame estoit assez près. (MACH., J. R. Nav., 1349, 161). Chascuns sa parole recite Des faiz presens et trespassez ; Jamais n'en seroient lassez, Tant qu'ilz font bien par leur parole Croire bonne femme estre fole, Et la bonne par leur parler Font ilz bien en l'empire aler (DESCH., M.M., c.1385-1403, 285).

 

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Faire croire (à qqn) de + inf. : Se amans aux biens passez regardent, Tant moins en ont et plus en ardent, Car amours loirre Les cuers comme faucon au loirre, A qui l'en fait souvent a croirre De donner ce qu'on veult accroirre. ["qu'on donne ce qu'on ne veut que prêter"] (CHART., L. Dames, 1416, 247).

 

3.

[P. méton. de l'obj.] Croire qqn. "Ajouter foi à ce que dit qqn" : Car un bon ami ne creroit pas de legier nul qui deïst mal de son amy lequel il a par lonc temps esprouvé et ne croira ja telz diseurs (ORESME, E.A., c.1370, 421). Se vous ne me creés ou ne m'entendez, je le vous declereray. Chascun jour, voir presque chascune heure, le Saint Esperit quiert entrer dedens l'ostel de nostre ame. (GERS., Pent., p.1389, 76). "Se ilz ne croyent Moyse et les prophetes, respondit Dieu, et se aucun ressuscitoit, ilz ne le croyroyent mie." (GERS., Déf., 1400, 241). Le menteur, que souvent on treuve En mençonge, par longue espreuve, Quant voir dit d'aucune aventure, On ne le croit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 49). Certes ! On ne me croiroit pas, Se de ce lieu, les grans richesces Toutes comptoye et les nobleces ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 259). ...vous sçavez que le pouvre prisonnier vous confessa loyalment qu'il n'avoit point de dame advisee pour servir, dont je le croy mieulz que autrement. (LA SALE, J.S., 1456, 13).

 

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Estre cru : Une partie, comme vous scavez, ne doit mie estre tost creue ou receue sans ouyr l'autre : audi partem etc... (GERS., Déf., 1400, 222). Le plus secret veult bien qu'on die Qu'il est d'aucune mescreüz, Et pour riens qu'omme a dame die Il ne doit plus estre creüz. (CHART., B. Dame, 1424, 357).

 

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[Avec un compl. de propos] Croire qqn de qqc./en croire qqn : S'il est einsi, je tien mon fait seür, Et vraiement, assez m'en asseür, Car ja li dieu ne me seront si dur Que bon memoire N'aient des maus que pour ma dame endur, Et bien scevent que je l'aim de cuer pur, Et se je di que je l'aim, ou j'en jur, Qu'on m'en doit croire. (MACH., F. am., c.1361, 177). Tant ay perdu confort et esperence, Joie et solas, sans nul bien recevoir, Que je n'ay mais fors qu'en la mort fiance, Car Fortune, qui trop me fait doloir, De moy grever fait tous jours son pooir, Dont j'ay cuer teint et viaire pali. S'on ne m'en croit, si pert il bien à my. (MACH., L. dames, 1377, 182). Et qui ne m'en croira s'i voise Veoir ; il trouvera a plain Que le noble cuer hault et sain Les euvres des femmes n'enquiert, Mais ignorance en leurs faiz quiert Plus qu'il ne doit faire science (DESCH., M.M., c.1385-1403, 290). ...pour ce que les faulz apostres le [saint Paul] vouloyent debouter comme ung homme sans auctorité, affin que on ne le creust de riens, il fut contraint de dire par quelle et de quelle auctorité il preschoit l'Evangile et la foy qui luy estoit revelee. (GERS., P. Paul, a.1394, 502). Et tout che que il disoit, estoit bourde, car jamais ne l'euist fait ; et bien le creoient de ses paroles Ambrosins et mesires Joffrois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 862). Qui me dit que je suis amee, Se bien croire je l'en vouloye, Me doit il tenir pour blamee S'a son vouloir je ne foloye ? (CHART., B. Dame, 1424, 356). C'est ma foy ung fort baveur. Ne le croyez pas de tout ce qu'il vous dira. Car c'est ung tel menteur que ce jouvenceau qui fut à l'amiral de Bueil. (BUEIL, I, 1461-1466, 219).

 

-

Croire qqn que : ...et qui prendroit plaisir a tant de malgracieuses parolles qu'elle me dist, pour ce que ne ly dy qui est ma dame, et a ses femmes aussi, et ne me veult point croire que je n'en aye ne veulle avoir nulle ? (LA SALE, J.S., 1456, 64).

 

-

Ne me croyez jamais si. "N'accordez plus jamais foi à ce que je dis si ce que je dis ici n'est pas vrai" : Lors s'en repairent ensemble a Poictiers, et vont compter au conte et a sa mere ceste merveilleuse adventure. Lors dist la dame : Ne me creez jamais se Remondin n'a trouvé quelque aventure en la forest de Coulombiers, car elle est forment adventureuse. Par foy, dist ly contes, ma dame, je croy que vous dictes verité, car j'ay ouy dire que a la fontaine de dessoubz icellui rochier, a l'en veu advenir de maintes merveilleuses adventures. (ARRAS, c.1392-1393, 34). Si dist la dame : "Monseigneur, jamais ne me creez se ce perier n'est d'enchantement ou d'euvre de faerie. J'en suis en grant mrencolie ; se j'estoye assez forte, g'y monteroye et verroye comment il en est." (Nouvelles inéd. L., p.1452, 29).

 

-

Croire qqn par son serment. "Admettre que qqn dit la vérité lorsqu'il déclare qqc. sous serment" : Ne aussi ne sera pas creuz d'une prise des champs s'il ne le prouve, et le messier ordonné aux champs sera creuz par son serement. (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 359). Item, voult et ordena le dit testateur que toute la mise et despense que maistre Aymery du Buisson, en l'ostel duquel il avoit esté et estoit malade des le jour qu'il avoit esté blecié, soit paiée bien et loyalment, et que de toute ycelle, tant en mires et medecins comme en despense de bouche, de serviteurs, et aussy en la poursuite de faire prendre les malfaicteurs qui l'avoient batu et navré, le dit maistre Aymery soit creu par son serment, sanz neccessité d'en faire autre preuve. (Test. Parlem. Paris T., 1405, 416). Item, [elle] ordenna que toutes personnes qui luy doibvent soient creus par leurs sermens des paies qu'ilz diront aveoir faict et affermeront. (Invent. test. beauv. L., 1431, 67). LE JUIF. Sans plus faire de contredit, Viengne a l'autel sainct Nicolas Et qu'il en jure sur ce cas. Je le croiré par son serment. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 119).

 

-

Prov. : On ne doit pas croire chascun (Prov. H., 86).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[Idée de confiance]

 

-

Empl. pronom. réciproque "Se faire confiance" : Quant uns amans et une amie, Conjoint par volenté onnie, Se sont par amours acordé, Et leur acort bien recordé Entre euls deus si fiablement Qu'il viennent amiablement Et si entierement se croient Que d'euls croire point ne recroient, Or puet il estre qu'il avient Que de neccessité couvient Que d'euls soit faite departie (MACH., D. Aler., a.1349, 398).

 

-

Empl. pronom. réfl. Se croire. "Se faire confiance" : N'avons nous pas du roy Assuerus, qui fut moult courroucé et alumé de fureur, ne se voult pas croirre mais manda son conseil (JUV. URS., Verba, 1452, 312).

 

.

S'en croire à qqc. "Faire confiance à qqc." : Item, aucuns appetent et desirent estre honorés des bons qui sont vertueus et sachans afin que la propre opinion que il ont de eulz meïsme soit affermee et confermee. Car il ont grant joie d'estre bons et ilz s'en croient au jugement de ceuls qui sont bons et sages et qui le dient. (ORESME, E.A., c.1370, 429).

 

.

Je m'en croi(s). "J'en ai la conviction" : En amer n'a que martire, Nulluy ne le devroit dire Mieulx que moy ; J'en sauroye, sur ma foy, De ma main ung livre escripre, Ou amans pourroient lire, Des yeulx larmoyans sans rire, Je m'en croy (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 250). On s'en puet rapporter a moy Qui de vivre ay eu beau loisir, Pour bien aprendre et retenir, Assez ay congneu, je m'en croy (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 463).

B. -

[Idée de foi] Se croire en

 

-

[En une divinité] : ADRIEN. Jour que vive, en nulle saison Les ydoles n'adoreray Ne en voz dieux ne me croiray (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 96).

 

-

[En un dogme, un article de foi] : Je m'y croy tout, ne plus ne mains, En ce sacrement de noblesse Que la vierge, nostre maistresse, L'enfenta virginallement. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 653).

III. -

Part. prés. en empl. adj. ou subst.

A. -

Empl. adj.

 

-

Estre croyant (en qqc.). "Avoir la foi" : Dous Jhesucrist, en qui je sui creant, Ensengniez moy la voie con m'ame iray sauvant. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 140).

 

-

Estre croyant que. "Avoir la conviction que" : Mez il leur respondy qu'i n'en feroit naient, Car bien estoit creant que, plus aroit torment En se monde sa jus, plus seroit hautement Asis en la grant joie qui est sans finement. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 161).

B. -

Empl. subst. "Celui qui a la foi" : ...ou Fait des appostres est il dit de la multitude des creans : C'estoit un cuer et une ame. (Mir. st Val., c.1367, 122). ...il [Caton] se osta le don de la vie ; laquelle chose (...) par les ordenances des loiaux croians est deffendue (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 198). Maiz c'est par telle preminence que tous ses pointz sont a la gloire et exaltation de celui qu'ilz croient, et a l'onnesteté et prouffit des vrais croians. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 128).

IV. -

Inf. subst. "Fait d'admettre pour vrai" : ...et, se publiques exhortacions te ont de ce meu, je m'en rapporte aux publieurs du dire et a toy du croire, si en demeure le tort a qui il devra, mais de la mauvaise affection vient l'aveuglee et legiere creance et se peut aidier a decevoir par parolles d' autruy qui dedans soy mesmes est desja corrumpu par mauvaise pensee. (CHART., Q. inv., 1422, 42). Le conseil que vous me donnez Se puet mieulx dire qu'exploicter. Du non croire me pardonnez, Car j'ay cuer tel et si entier Qu'il ne se pourroit affaictier A chose ou Loyauté n'acorde ; N' autre conseil ne m'a mestier Fors pitié et misericorde. (CHART., B. Dame, 1424, 349).
 

DMF 2020 - Synthèse Corinne Féron

 Article 28/70 
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     CROYABLEMENT     
FEW II-2 credere
CROYABLEMENT, adv.
[GD : creablement ; FEW II-2, 1301a : credere]

"De manière à pouvoir y croire"

REM. Doc. 1428 (nous sommes creablement enfourmez que...) ds GD II, 359b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 29/70 
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     CROYABLETÉ     
FEW II-2 credere
CROYABLETÉ, subst. fém.
[T-L : crëableté ; GD : creableté ; FEW II-2, 1301a : credere]

"Crédibilité" : Credibilitas (...) : creabletés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 99).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 30/70 
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     CROYANT     
FEW II-2 credere
CROYANT, subst. masc.
[AND : cru]

Croyant en qqn. "Celui qui fait totalement confiance à qqn" : Mais le senat qui fut grandement indigné contre Pillate, car ne avoit premierement escript a eulx, sy reffusa la consecracion et fist ung edit par despit, que incontinent manderent en Jherusalem prendre et persecuter tous les disciples et croyans en icellui Jhesus de Nazareth. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 66).
 

DMF 2020 - La Sale Pierre Demarolle

 Article 31/70 
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     DÉCRÉANCE     
*FEW II-2 credere
DECREANCE, subst. fém.
[FEW II-2, 1326a : crescere]

"Fait de décroître, de diminuer, diminution" : ...avoies felonnie amére Contre sainte eglise ta mére, Qui est sanz nulle decreance La fontaine de quoy creance Et foy te doit appartenir (Mir. parr., 1356, 24).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Kunstmann

 Article 32/70 
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     DÉCROIRE     
FEW II-2 credere
DESCROIRE, verbe
[T-L : descroire ; GD : descroire ; AND : descreire ; FEW II-2, 1299b : credere]

A. -

"Ne pas croire qqn, se méfier de qqn"

 

-

[Sous la forme discrere] : Royalme est gardé et salvé par les amis du roy. Mais chose tirannique ou de tirant est discrere ou non crere ses amis, aussi comme se tous ses amis voulsissent pour eulz la tirannie. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 246).

 

-

Se descroire. "Se méfier" : ... car il ne veulent pas soustenir princey en partie, ce est a dire que il ne veulent pas que une des parties tienne le princey pource que il ne se discroient et ne se confient pas les uns es autres, ce est assavoir les povres et les riches (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 190).

 

Rem. ORESME, Pol. Arist., éd.1489, ds GD II, 572a (...pource que ilz se descroient et ne confient pas l'ung de l'autre).

B. -

"Accorder trop peu de crédit, de valeur à, mésestimer" : Ma grant puissance ung petit trop descrois Et en tes ditz es trop oultrecuydé (LA VIGNE, S.M., 1496, 246).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 33/70 
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     DESCRÉDENCE     
FEW II-2 credere
DESCREDENCE, subst. fém.
[GD : descredence ; FEW II-2, 1307b : credere]

"Méfiance" : En temps de guerre pour la diffidence et la discredence que les princes ont au peuple ou du peuple ; car il sunt contrains a user du peuple et a le faire armer [Éd. 1489 : descredence, GD II, 570c]. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 220).
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 34/70 
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     DISCRÉDENCE     
FEW II-2 credere
DISCREDENCE, subst. fém.
[GD : descredence ; FEW II-2, 1307b : credere]

"Méfiance" : En temps de guerre pour la diffidence et la discredence que les princes ont au peuple ou du peuple ; car il sunt contrains a user du peuple et a le faire armer [éd.1489, descredence, ds GD II, 570c]. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 220).
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 35/70 
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     DISCREER     
*FEW II-2 credere
DISCREER, verbe
[GD : discreer ; *FEW II-2, 1299b, 1306b : credere]

"Discréditer" : ...les flourettes, qui souloient avoir cours par toute France pour seize deniers, furent mises jus et discréées sur quatre deniers (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 239).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 36/70 
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     ENCRÉABLE     
FEW II-2 1301a credere
ENCREABLE, adj.
[T-L : encrëable ; GD : encreable ; FEW II-2, 1301a : credere]

"Incroyable" : Au nouveau feu qui mon cuer enflamba, Tout alteré de merveille encreable Mon corps pasmé jus à terre tumba (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 152).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 37/70 
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     ENCRÉANCER     
*FEW II-2 credere
ENCREANCER, verbe
[*FEW II-2, 1303b : credere]

Empl. trans. "Promettre, garantir" : Et s'il advient que je vous conquiere, vous serez mon prisonnier et ne bougerez de ma prison jusques a ce que plus fort viendra de moy, qui vous delivrera. et aussi, si vous me povez conquerir, me pourrez envoier a celui a qui je seray conquis, en quelque prison qu'il luy plaira. Et ainsi a esté ceste chose emprise et encreancee et prinse. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 107).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 38/70 
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     GRANÇON     
*FEW II-2 credere
GRANÇON, subst.
[*FEW II-2, 1304a : credere]

"Autorité, garant" : Et, si tu ne me crois, si prestes tes oreilles a nostre grançon Aquinat, qui le te dira : car il dit : "O Coridon, Coridon, cuides tu que il soit aucun secret du riche ? Les jumens parleront a fin que les serjans se taisent, et le chien et les piliers et les marbres crieront." (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 235). [seul ex.]

REM. Dérivé de creant, creance, cf. les formes normandes et anglo-normandes citées par le FEW : granter, graanter.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 39/70 
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     GRANTÉ     
*FEW II-2 credere
GRANTÉ, subst. masc.
[GD : granté ; *FEW II-2, 1304a : credere]

"Paiement d'une chose achetée à crédit" : Li courtilage de la Ville sont sehur en tel maniere, que l'en y peut riens prenre de par nous, se par achat non Yceulx donhes choses de foin et de courtilage, sont senz creance ; mais que par le gaige rendant, tant que cilz qui le vent, en ait son grantey : Et qui ce brisera, il li coustera soixante solz. (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1361, 395).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 40/70 
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     GREANTABLEMENT     
FEW II-2 credere
GREANTABLEMENT, adv.
[GD : creantablement ; FEW II-2, 1304a : credere]

"De bon gré, volontiers" : ...et renonce led. le Ferron, en tout et par tout cest fait, à toute excepcion et decepcion de pecune non eue et non greantablement receue, et à toute autre excepcion, lesion et decepcion (Cartul. Sires de Rays B., t.1, 1442, 250).

Rem. Cf. GD II, 361a, creantable / creantablement.
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 41/70 
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     INCRÉABLE     
FEW II-2 1301a credere
INCREABLE, adj.
[T-L : encrëable ; GD : encreable ; GDC : incroyable ; FEW II-2, 1301a : credere ; TLF : X, 56a : incroyable]

"Incroyable" : Il esmut et traist a l'estude et a l'amour de povreté honneste et volentaire si grant multitude de gent qu'il sembloit estre chose increable (FOUL., Policrat. B., VII, 1372, 302). Et se j'ay adjousté chose en ceste hystoire qui semble a aucuns increable, si le me veullent pardonner, car, selon ce que j'ay trouvé et peu sentir des anciens autteurs, tant de Gervaise comme d'autres anciens autteurs et philosophes, je repute ceste histoire et la cronique a estre vraye, et les choses faees (ARRAS, c.1392-1393, 310). ...la chiere qu'ilz s'entrefirent est increable. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 942). ...la desolacion increable de mon pays et le peril universel de tout le royaume françois (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 305). ...Joye parfaicte en parfond et milieu, Gloire increable, Bieneureté de salut prouffitable (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 149). Cestui Athlas predisoit au peuple universal choses merveilleuses et increables, disoit, entre autres choses, trouver les ans infortunez où il trouvoit la conjunction de Saturne et de Jupiter, en l'ascendant. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 v°). Cestui prenostica en son temps moult de choses sur ses enfans et prenostica de la merveilleuse et increable tempeste et horrible gresle qui fut en son temps (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 82 r°).

REM. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 64/3 ; ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 152 ; Comte Artois S., c.1453-1467, 13 ; Myst. process. Lille K., t.3, a.1485, 40/93 ; COMM., II, 1489-1491, 168...
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 42/70 
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     INCRÉDIBLE     
FEW II-2 1308a credere
INCREDIBLE, adj.
[T-L : incredible ; GD : incredible ; DEAF, I186 incredible ; AND : incredible ; FEW II-2, 1308a : credere]

A. -

[D'une chose] "Impossible à croire" : Et que les lieus desus diz soient prochains ce n'est pas chose incredible, car ceulz qui ce dient ont a ce arguement pour ce que ou desrenier habitable vers occident et ou desrenier vers orient sont engendrés elephans (ORESME, C.M., c.1377, 566). Il n'est pas incredible que pour les pechiez du temps passé et ja pardonnez quant a la coulpe, Dieu substrait aulcunes fois la grace de devotion. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 157).

 

-

"Incroyable, étonnant" : Celui fu tout esbahi de ce que il oï, si ne sot que faire : de dire ces choses, pour ce que il estoient incredibles, ou de taire les ; mes toutesvois il dist au pere l’estat de sa fille (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 285). ...et si grande quantité qu'elle seroit incredible ... le dire (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 23). ...tant pour sa science de astrologie que pour son admirable et incredible vertu et puissance (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 28 r°). ...fut en ce temps homme de incredible et admirable engin et fut moult aprecié pour l'experience qu'il avoit en la science des estoilles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 66 v°). On peut certainement dire que c'est cruaulté incredible et inestimable. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 66).

 

Rem. MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.5, 1440-1442, 19329 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 14510 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 86 ; 309 ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. ; Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 47/338.

B. -

[D'une pers., de son coeur...] "Mécréant" : ...et convertira les cuers incredibles a Nostre Seigneur (VIGNAY, Le Miroir historial C, 1333, II, 378). MOÏSE. O tresrebelle et incredible ! De ceste roiche sans faillir, Je vous puist faire eaul saillir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 38). Ne sont point ceulx bien incredibles, Et contre Dieu pecheurs horribles, Qui croyent cy ne en autre lieu La terre ou le ciel estre dieu ? (Moralité six pers. A., c.1490-1520, 514).

 

Rem. FROISS. (adj. et empl. subst.) ds DEAF ; leçon incrédule ds FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 187.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 43/70 
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     INCRÉDIBLEMENT     
FEW II-2 credere
INCREDIBLEMENT, adv.
[T-L : incredible (incrediblement) ; GD : incrediblement ; DEAF, I187 incredible ; FEW II-2, 1308a : credere]

"A la manière de celui qui ne croit pas, à la manière d'un mécréant" : Pietres n'est mie dignes ne si ne autrement De tenir le royaulme et le grant casement, Car il est mescreans, et incrediblement A resgné en la foy il a ja longuement, Et n'a de conscience nes c'un viel chien pullent (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 192). Incredibiter (...) : incrediblement, sans croire (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 229). Insuadibilis (...) : qui n'est pas a croire. (...) Insuadibiliter (...) : incrediblement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 176).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 44/70 
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     INCRÉDIBLETÉ     
*FEW II-2 credere
INCREDIBLETÉ, subst. fém.
[*FEW II-2, 1308a : credere]

"Incrédulité" : Insuadibilitas (...) : incredibleté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 176).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 45/70 
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     INCRÉDULE     
FEW II-2 1308a credere
INCREDULE, adj. et subst.
[T-L : incredule ; GDC : incredule ; DEAF, I187 incredule ; FEW II-2, 1308a : credere ; TLF : XS, 53b : incrédule]

I. -

Adj.

A. -

"Qui n'a pas la foi chrétienne, qui est incroyant" : Et, aprés sa mort, aouree Comme deesse l'ont [Yo] la gent Folle, incredule et non sachant (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 279). ...et se bien y pensons devotement, il n'est si dur cueur, ne tant incredule, qui ne doye estre ravy en l'admiration du merveilleux mistere de crestienne foy (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 32). Pour ce vous prie en requirans A vous nostre sire empereur Et aussi a vous mes seigneurs Du peuple qui estes incredule (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 79).

 

-

[Des Juifs] : Qui de Dieu est, il ot ses dis, Mez de ce vous les Juifs incrédules estes remis, Quar vous n'estes mie de li. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 238).

 

-

[Des Musulmans] : ...il s'estoit amiablement composés au roy de Grenade et au roy de Bellemarine et au roy de Tramesainnes, qui estoient ennemi de Dieu et incredule. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 186).

 

-

"Hérétique" : Et fu en plain concitore, en Avignon et en le cambre dou pape, escumeniiés publikement et reputés pour bougre et incrédule. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 187). Li Flamenc tenoient celle oppinion contraire dou pappe Clement et se nommoient en creance Urbanistre ; dont li François dissoient que il estoient incredulle et hors de foi. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 53).

B. -

[Sans référence à une croyance religieuse] "Qui ne croit pas facilement, sceptique" : Et, es comedies et fables des poetes, se trouve mesmement ung tres fol personnage de homes viellars, folastres et incredules, qui ne congnoissent et ne croient les choses qu'ilz oÿent et voyent (PREMIERFAIT, Vraye amistié D., 1416, 453).

II. -

Subst. "Incroyant, mécréant" : Quy se doubte de cela sinon l'incredule et infidele ? (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 148). O incredules de dure teste ! (Pass. Auv., 1477, 162). Car je estoy ung grant bourdeur Ung incredule et moqueur (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 90). Les dyables et les incredules Qui ont les consciences dures Par cecy seront confondus (Myst. st Martin K., a.1500, 294).

 

-

"Celui qui n'a pas la foi chrétienne, Musulman" : Et maneçoient encores li incredule grandement sainte Crestienté. De ces nouvelles fu li papes moult courouciés. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 115). ...le grant roy Charlemaine (...) desconfi à Juberote sept roys mescreans et y ot bien mors cent mille incredules (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 282). Et pour ce li rois Phelippes avoit celle devotion de convertir ces armes et esbatemens a aler sus les Incredules et conquerre la sainte chité de Jherusalem et le roiaulme de Surie, et tant faire par poissance que de oster hors des mains dou soudan et des Incredules. (FROISS., Chron. D., p.1400, 240). ...sire soudan, fet lors Baudoyn Soiés seurz que de vostre finance ne sommez nous pas sy diseteux qu'en ceste maniere ne par aultre moyen quelconquez rendons la sainte cité a ung incredulle et persecuteur des serviteurs de Dieu. (Saladin C., c.1465-1468, 38).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 46/70 
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     INCRÉDULEMENT     
FEW II-2 credere
INCREDULEMENT, adv.
[FEW II-2, 1308a : credere ; TLF : X, 54a : incrédule (incrédulement)]

"De manière incrédule" : Increduliter (...) incredulement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 229).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 47/70 
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     INCRÉDULERIE     
*FEW II-2 credere
INCREDULERIE, subst. fém.
[*FEW II-2, 1308a : credere]

"Manque de foi, mécréance" : ...je ne le demande point par incredulerie (...) mais pour moy confermer en la foy et pour esclarcir mon sens de ce que je croy entierement. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 234).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/70 
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     INCRÉDULITÉ     
FEW II-2 credere
INCREDULITÉ, subst. fém.
[T-L : incredulité ; GDC : incredulité ; DEAF, I187 incredulit‚ ; AND : incredulité ; FEW II-2, 1308a : credere ; TLF : X, 54a : incrédulité]

"Défaut de croyance religieuse, incroyance" : Et par le contraire, nous avons que Jhesu Crist ne feist pas moult de vertus et de misericorde aux malades de son pays pour l'incredulité d'eulz (GERS., Purif., 1396-1397, 64). Et en verité, je me doubte que l'incredulité de nous ne empeche fort misericorde venir pour bailler santé a nostre Roy. (GERS., Purif., 1396-1397, 64). ...par aucune incredulite sur la foy (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 199). ...et depuis n'ot entre eulx esperit de prophecie, vision, revelation, ne aultre visitation divine, ainsi qu'ilz avoient par avant ceste incredulité (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 109). Et pour vous dire la raison Dont ce fait cy prent son motif C'est por un grant meschant chetif Qui se dist filz de Dieu le pere, Qui fondement est et matere D'erreur et incredulité, Destruisans toute verité, Lequel se fait nommer Jhesu (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 150). Mais le roy, comme trés reconforté de la vision angelique qu'il avoit eue (...), lui dist qu'il amoit mieulx à mourir en prison que la ville demeurast en incredulité, mais, s'il se vouloit baptisier et faire son peuple baptisier... (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 355). SAINCT MARTIN. Je loue Dieu parfaictement De quoy il a ses gens osté De la voye de dampnement Et de toute incredulité. Jadis s'estoyent delicté A servir ses ydolles vaynes Ou ilz avoyent fidelité Par abusions inhumaynes. (LA VIGNE, S.M., 1496, 499).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 49/70 
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     MALCRÉANT     
FEW II-2 credere
MALCREANT, adj.
[GD : malcreant ; FEW II-2, 1303a : credere]

"Qui ne professe pas ou qui professe mal (la foi considérée comme vraie), mécréant" : Jehanne qui s'est fait nommer la Pucelle, menterresse, pernicieuse, abuserresse de peuple, divineresse, supersticieuse, blasphemeresse de Dieu, presumptueuse, malcreant de la foy de Jhesu-Crist (FAUQ., III, 1431-1435, 14).
 

DMF 2020 - Synthèse Denis Lalande

 Article 50/70 
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     MÉCRÉABLE     
FEW II-2 credere
MESCREABLE, adj.
[T-L : mescrëable ; GD : mescreable ; AND : mescreable ; FEW II-2, 1301b : credere]

"Mécréant" : Et quant est d'estre amiables Ne piteables, Les sarrazins mescreables Le sont d'aussi grant mesure. (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 93).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 51/70 
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     MÉCRÉABLETÉ     
FEW II-2 credere
MESCREABLETÉ, subst. fém.
[T-L (renvoi) : mescrëableté ; GD : mescreableté ; FEW II-2, 1301b : credere]

"Caractère de ce qui est incroyable" : Pource que Jhesucrist ressucita, aussi ressuciterons nous, car il le fist pour la mescreableté de nostre ressurection. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 397). [Le mot figure déjà ds VIGNAY : cf. GD V, 276a]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 52/70 
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     MÉCRÉANCE     
FEW II-2 credere
MESCREANCE, subst. fém.
[T-L : mescrëance ; GD : mescreance ; AND : mescreance ; DÉCT : mescrëance ; FEW II-2, 1303b : credere ; TLF : XI, 555b : mécréant (mécréance)]

A. -

"Incrédulité" : Sire, dist Orchas, ainsi en advint il, et pour ce je le vous ay monstré, que je vueil que vous sachiez que plusieurs hommes ont perdu maint bien par leur mescreance, si comme furent les filz d'Israël ou desert, a qui Dieu envoya la manne dont ilz estoient repeüz, et y trouvoit chascun saveur de ce qu'il desiroit a mengier. (Bérinus, II, c.1350-1370, 108). Et par ceste mescreance ilz perdirent la manne. (Bérinus, II, c.1350-1370, 108). Pleust a Dieu le createur Qu'il eust telle congnoissance Qu'il eust guerpi mescreance Pour nostre loy. (Mir. st Panth., 1364, 315). ...pour feblesse de corps ou aucune telle raison, et non mie pour mescreance ou doubtance que purgatoire ne soit. (GERS., Déf., 1400, 232). Tous charroient en mescreance, Tant est [la quatrième face du château de Fortune] orrible et tenebreuse (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 102).

 

-

[Personnification] : Et premierement Mescreance clost et bande les yeulz de l'ame, affin que jamais ne voye ou congnoisce misericorde pour l'appeller (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

B. -

"Fausse croyance religieuse" : Tu as beauté corporelle, mais saiches que trop plus belle, plaisante et desirable est celle de ton ame, a laquelle garder tu doys mettre toute ta cure, o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil, noire et tachee par envie, aveuglee et chascieuse par mescreance et ignorance, begue ou muette par paresce de Dieu loer et de prier (GERS., Concept., 1401, 418). Alons veoir m'amour et ma joie Que les Juïfz de mescreance Ont fait trespercier de la lance. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 248).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 53/70 
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     MÉCRÉANDISE     
FEW II-2 credere
MESCREANDISE, subst. fém.
[T-L : mescrëandise ; GD : mescreandise ; AND : mescreantise ; FEW II-2, 1302b : credere]

A. -

"Défiance, soupçon" : Ferme foy de ly [de Mercure] ne vient point, Ans naist de ly mescreandise Et ypocrisie et faintiese [ou sens B ?] (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 215). Et convint que en sa presence Je preisse le hardement De li demander plainement Un baisier qu'elle [la marquise] m'y donna, Et delivré fu par cela De la mescrantise du roy. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 154).

B. -

"Attitude de mécréant" : Car les martyrs vainquirent leurs persecuteurs en mourant, et par mort ont trouvé l'entree de pardurable vie, et triumphé sur la mescreantise des vivans. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 32). Dont vient ce que le peuple dez Jufz est par si long temps en dispersion et rebuté de Dieu, fors par mescreantise obstinee et esperance opinative ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 54/70 
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     MÉCRÉANT     
FEW II-2 1302b credere
MESCREANT, adj. et subst. masc.
[T-L : mescroire (mescrëant) ; GD : mescroire/mescroiant ; GDC : mescreant ; AND : mescreant ; FEW II-2, 1302b : credere ; TLF : XI, 555a : mécréant]

A. -

"(Celui) qui est incrédule, incroyant" : Car de deus personnes ensamble Les oppinions en sont bonnes, Quant loiaus sont les deus personnes. Si qu'a Guillaume en parleray Et tel chose li moustreray Qu'il se tenra pour recrëans, S'il n'est trop fols ou mescrëans. (MACH., J. R. Nav., 1349, 219). La gent folle et mescreant... (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 187). Est tout rempli d'iniquité, D'orgueil, envie, ire et tristesse, D'orde luxure et grant peresce, De gloutonine, d'avarice Et tout autre desplaisant vice, Mescroiant chascun en sa Foy, Inutile à Dieu et à soy (LA HAYE, P. peste, 1426, 35).

 

-

"Incrédule, soupçonneux" : De la me viennent les rancunes, Car lerres le larron mescroit, Ne ly mauvès le bon ne croit, Ains cuide que chascuns soit lerres : On ne verroit en nulles terres Plus mescreant de vous sanz failles (DESCH., M.M., c.1385-1403, 130).

 

Rem. Peut-être jeu de mots ds l'ex. suiv. ("incrédule, soupçonneux" / "créancier impitoyable" de croire "faire crédit") : Saint George, Qu'est il venu a bonne forge, ["Qu'il s'est fait avoir !"] Luy qui est si tresmescrëant ! (Path. D., c.1456-1469, 116).

B. -

"(Celui) qui croit à une fausse religion ou qui est hérétique" : ...ceste terre de Cana, en laquelle a .XV. menneres de chrestiens mescreanz et scismat et tous nestorins. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 10). Et puis il s'en ala de la Droit eu roiaume de Cracoe Et par les glaces en Letoe. Crestienner fist en une ville Des mescrëans plus de sis mille. Li lieus avoit nom Medouagle. (MACH., C. ami, 1357, 107). ...a ce besoing me sequeurs, Si que ja ne parte de toy, Mais qu'atraire puisse a ta foy Ces mescreans. (Mir. st Ign., 1366, 82). Car enuis s'en porroit chevir, Se il li refusient aye, Especiaument de navie, Pour ce que moult de gent faudra Passer, quant la saison vendra Que ceus qui sont en Dieus creans Passeront sus les mescreans. (MACH., P. Alex., p.1369, 48). ...il avoient grant envie D'aler contre les mescreans, Qui pas ne sont en Dieu creans. (MACH., P. Alex., p.1369, 55). Là en y eut pluiseur occis et rués par terre, car nulz n'estoit pris à raençon, et ensi estoit ordonné dou conseil monsigneur Bertran, très le jour devant, pour le grant plenté de mescreans, Juis et aultres, qui là estoient. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 75). Le pays et royaume de Portingal ne povoit longuement demorer sans chief, tant pour les Espaignolz que pour les mescreans de Grenade et de Bougie ausquelz ils merchissoient. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 3). Sachiez que se Pere et Jasson, Scie et Rodes n'estoient avecques l'ayde des Genevois, les mescreans venroient courir jusques à Gaiete, voire jusques à Naples, au port de Cornet ou à Romme. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 207). En ce temps y avoit ung roy mescreant qui s'appeloit Aquin, lequel estoit roy de Bougie et de Barbarie à l'opposite d'Espaigne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 9). Et pour ce, disoie je ou chapitre precedent que la voie que je ay mise en ceste mattiere est concordable a nostre foy, car par ce appert que ceulz d'orient qui sont mescreans ne se peuent venter que il soient en plus noble lieu que nous crestiens en resgart au ciel, car nous et eulz sommes equalz en ce. (ORESME, C.M., c.1377, 350). Elle [Male Volenté sous le manteau de Superstition] ne souloit aler en cest habit fors entre vieilles, par quoy on les nommoit vieilles sorcieres, ou ne avoit son lieu fors entre sarrasins, mescreans, ydolatres. (GERS., Noël, p.1404, 307). Fust aussi trouvé chargié ledict Jacques Cuer par les dictes informacions, que luy ou ses gens avoient faict mener grant quantité de harnoiz ausdiz Sarrazins et mescréans (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 7). Laquelle ysle fut jadis convertie par saint Thomas l'apostre, ja soit ce que la plus grant partie du pays soient mesureans [l. mescreans]. (LA SALE, J.S., 1456, 213).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 55/70 
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     MÉCROIRE     
FEW II-2 credere
MESCROIRE, verbe
[T-L : mescroire ; GD : mescroire ; AND : mescreire ; DÉCT : mescroire ; FEW II-2, 1299b : credere ; TLF : XI, 555b : mécroire]

I. -

Empl. trans.

A. -

Mescroire qqc.

 

1.

"Ne pas croire qqc., refuser de croire qqc." : Qui mescroira ce que j'en di Peut en l'Apocalipse lire Que la sentence nostre Sire Est telle contre ame dampnee : Tant com plus s'est glorifïee Et esjoïe en ses delices Et ne voult delaisser ses vices, Tant plor et tourment li donnez (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 100). Et que nul ne mescroye ceste chose, certainement je l'afferme pour vray, car lorsque j'estoie enfant je vi le chevalier sarrazin richement et estrangement vestus, et estoit nottoire la cause de sa venue (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 85). Ilz esperent ce qui ja est advenu, et mescroient ce qui leur advendra. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106).

 

-

Mescroire que. "Mettre en doute que" : Et ainsi me promistes vous, il ha un an tout droit en ce mois (...), que jamais ne mescreriés que je ne fusse vostre bonne et loial amie, ne diriés chose dont je me deusse courecier (MACH., Voir, 1364, 736).

 

-

Mescroire qqn. "Refuser de croire qqn (dans ce qu'il affirme)" : Moult fu Huëz joians, ja ne m'en mescreez ["croyez-moi bien"] (Hugues Capet Lab., c.1358, 161). Je vous jur, ne m'en mescrés mie (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 116). Se ma dame me mescroit, c'est à tort, Que jamais jour ne vueille departir Ne dessevrer de li jusqu'à la mort, Ensois la vueil amer sans repentir, Servir, celer, doubter et obeïr (MACH., L. dames, 1377, 90). De la me viennent les rancunes, Car lerres le larron mescroit, Ne ly mauvès le bon ne croit, Ains cuide que chascuns soit lerres : On ne verroit en nulles terres Plus mescreant de vous sanz failles (DESCH., M.M., c.1385-1403, 130). ...laquelle [cité : (Rome)] estoit en très grant crainte de sa deÿficacion, car ilz mescreoient les Peres de sa mort. (LA SALE, Sale D., 1451, 249). Mais on fait a maint homme mal souffrir sans raison Par lui a tort mescroire. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 848).

 

-

Empl. abs. "Refuser de croire" : Mais, quoyqu'aucuns veulent mescroire, Si est ce verité prouvee (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 9).

 

2.

"Croire à tort" : Plusieurs dieux ont, qui est foy mescreüe. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 349).

B. -

Mescroire qqn. "Soupçonner qqn" : L'ARCEDIACRE. (...) Et savez vous ame Qui ait ce fait ? SECOND CHANOINE. Sire, mon corps ait mal dehait Se j'en say mescroire nulluy (Mir. ev. arced., c.1341, 115). J'estoye de mort en balance (...) quant le riche roy Me mescrut et se print a moy En disant que traistre estoye Quant sa femme li fortreoye. Helas ! et il n'en estoit rien (Mir. marq. Gaudine, 1350, 153). ...aujourd'uy et puis nagueres plusieurs murtres et larrecins ont esté faiz de nuit à Paris par gens incongneuz et hommes vacabonds, et que d'iceulz l'en ne scet qui mescroire. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 459). On n'en savoit qui mescroire, ne a qui le demander [Un diamant a mystérieusement disparu dans une chambre occupée par plusieurs personnes] (C.N.N., c.1456-1467, 44).

 

-

Mescroire qqn/qqc. de qqc. "Soupçonner qqn/qqc. de qqc." : Ly contez Savaris, cescun le maudissoit ; Car de le mort du roy moult mescréus estoit, Et disoit on partout qu'enpoisonné l'avoit, Sy que ly communs peupple du païs le haiioit. (Hugues Capet L., c.1358, 25). Requis queles personnes ilz souspeçonnoyent d'avoir faites lesdites larrecins, dient en leur conscience qu'il ne scevent qui en mescrere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 214). ...et d'icellui larrecin fu mescreu par les gens dudit chevalier ledit Jehan, lequel, pour ce, sans prendre à aucun congié, se parti de l'ostel et service d'icellui chevalier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 79). ...elle lui dist que elle n'en mescreoit point autre que lui, se ce avoit-il fait, et qu'il ne chargast point son ame, et qu'il remeist les choses en tel lieu que l'en les retrouvast (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 284). ...que il vouldroit bien que aucune bonne personne deist que icelli Guïot eust emblé les choses dessus dites, afin que icellui Laisné n'en feust point mescreuz (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 284). ...l'en lui avoit rapporté que (...) illec avoit esté perdue une tasse d'argent, et que le seigneur de l'ostel où ilz avoient beu mescreoit d'icelle tasse sa femme, disant que elle l'avoit prinse pour donner à ses ribaus. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 300). Ce tresor en portant a Romme Fu emblez, et ne sçot on comme, Ne qui l'embla, et, toute voye, Le consule, qui celle voye Avoit faicte, fu de l'avoir Mescreu (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 272). De faveur ne sera mescreu Vostre conseil (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 260). Tous mescreüz De traÿson... (CHART., L. Dames, 1416, 225). Et pour ceste raison ne devez vous pas mescroire vostre femme de vilonnie (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 426).

 

.

Mescroire qqn de + inf. "Soupçonner qqn de" : Certes ja tant de mal n'eüsse Se d'autre amer la mescreüsse, Qu'espoir eüsse en sa bonté Et en sa fine loiauté (MACH., Voir, 1364, 166). Après laquelle besongne on commença moult à murmurer contre l'onneur de messire Guy le Boutiller, et fut mescreu d'avoir fait syer ledit pont. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 297). Ledit seigneur de Montauban, admiral de France, que aucuns mescroient d'avoir esté cause de plusieurs discencions... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 203).

 

.

Mescroire qqn que. "Soupçonner qqn de" : ...En disant que j'avoie tort Et cuer nice, rude et entort Quant ainsi de li me doubtoie Et quant en riens la mescrëoie Que ses cuers ne fust tous en mi. (MACH., Voir, 1364, 156). Las ! dolens, or me mescroit, Par faus rapors, qu'ailleurs mes cuers ne soit. Mais mort m'ara, se je li voy einsi De legier croire encontre son amy. (MACH., L. dames, 1377, 174).

 

-

Empl. abs. "Être soupçonneux" : Rouge Gorge, mon bel amy, Cil qui bien veult amer a droit Ne doit pas croyre quant qu'il voit, Mais doit estre comme une sousche, Aucunesfois faire le lousche : Onque vray ament ne mescroit. (Pipée R., c.1470-1480, 213).

 

-

Mescreü. "Soupçonneux" : Desir m'a deserte Et recreüe, Sans Desperance mescreüe (CHART., L. Dames, 1416, 260).

 

-

Se mescroire de/que. "Soupçonner que" : ...je crieng et me mescrois Qu'a present ne vous fourvoiiés. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 93). As tu nulle poires d'angoisses Quil aient les queuhez bien aguez ? J'an veul donner mangier des cruez A mon mary quil a la tous, Quil ce mescroy tant d'estre coux Et cy vramment con c'est a tort. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 157).

II. -

Empl. intrans. "Être incrédule ou incroyant"

A. -

Mescroire de : ...tant est dangereux savoir sans doctrine et, par trop croyre de soy, mescroire de Dieu. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106). De cela nul ne doibt mescroire, Car c'est article de la foy (Myst. st Laur. S.W., 1499, 256).

B. -

Part. passé en empl. adj. ou subst. Mescreü

 

Rem. GD V, 277b-c.

 

-

"Incrédule" : Esperance : Gens lassés et recreus, Deffiez et mescreus, Et de vertu descreus, Qui a souffrir ne s'aprennent, Et lez biens qu'ilz ont eus Et par grace receus, Ont trop tost descongneuz, Sans savoir dont ilz lez prennent, De legier vers Dieu mesprennent, Et d'espoir tost se desprennent, Quant fortunes lez surprennent, Tost sont en ire cheuz (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 93).

 

-

"Mécréant" : ...de ce ne parlés plus, Mais alons assalir les felons mescreüs (Flor. Rome W., c.1330-1400, 164). Et dirent Godefroy de la gent mescréue Qui le jour par devant orent fait une issue, Où il avoient pris de no gent absolue (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 45).

C. -

Part. prés. en empl. adj. ou subst. V. mescreant

D. -

Inf. subst. "Incrédulité" : ...si comme furent les filz d'Israël ou desert, a qui Dieu envoya la manne dont ilz estoient repeüz, et y trouvoit chascun saveur de ce qu'il desiroit a mengier. Et longuement ainsi furent tant qu'ilz le perdirent par leur mescroire, car ce que Dieu leur envoioit ilz mussoient et cuidoient que Dieu ne leur en peüst assez trouver ne livrer. (Bérinus, II, c.1350-1370, 108).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 56/70 
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     MÉCRU     
FEW II-2 credere
MESCREU, adj.
[T-L : mescroire ; GD : mescroire ; FEW II-2, 1302b : credere]

"Mécréant, infidèle" : YPOLITE. Payen de fol contennement, Decius, faulx chien mescreu, Me cuides avoir mis tout nu, Et je suis trop certainement Mieulx vestu que n'estoye devant : A moy tu as perdu ta peine. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 258).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 57/70 
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     MESCROI     
FEW II-2 credere
MESCROI, subst. masc.
[T-L : mescroi ; GD : mescroy ; FEW II-2, 1299b : credere]

CHASSE Corner mescroi. "Sonner du cor pour ramener les chiens sur la piste du cerf" : Encore deves [l. devés] corner mescroy, Quant vos chiens sont en grant effroy De leur cerf, qui ["qu'ils"] cuident perdu ; Car tieulz chiens sont esperdu, Qui ayment ases [l. asés "assez"] mieux le change D'une biche ou brocart estrange (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 23).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 58/70 
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     NON-CREANCE     
*FEW II-2 credere
NON-CREANCE, subst. fém.
[GD : noncreance ; *FEW II-2, 1303b : credere]

"Incrédulité" : ...et longue non-créance du père fut commuée en vraie cognoissance, par commune criée des grans de la maison (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 154).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 59/70 
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     NON-CROYANT     
*FEW II-2 credere
NON-CROYANT, adj.
[T-L : noncrëant ; *FEW II-2, 1302b : credere ; TLF : XII, 221a : non-croyant]

"Incrédule" : Incredulus : non croyent (Abavus III, R., c.1300-1350, 169). Preschiez la loy de sainte Eglise, Les non croians convertissiez Et les non sages enseigniez, Aus saintes gens honneur portez Et les imparfais supportez (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 134). Prechiez la foi de sainte Eglise ! Les nons creans convertissés (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 187).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 60/70 
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     RACRANTÉ     
FEW II-2 credere
RACRANTÉ, adj.
[GD : racranté ; FEW II-2, 1304a : credere]

"Obligé"

REM. Doc. 1347 (Valenciennes) ds GD VI, 542c. V. acreanter.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 61/70 
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     RÉCRÉANCE1          RÉCRÉANCE2     
FEW II-2 1305a credere
RECREANCE, subst. fém.
[T-L : recrëance ; GD : recreance ; FEW II-2, 1305a : credere ; TLF : XIV, 545b : récréance]

A. -

"Fait de renoncer par lâcheté, lâcheté" (synon. recreandise) : Et se tu es juene mari, Et tu demeures delez li, Sanz querir honneur et vaillance, On dira : "C'est par recreance Que cilz n'ose aler nulle part ! ..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 142).

B. -

"Corde qui permet de faire renoncer le faucon, de le faire revenir" : Puis le couvient reclamer a la commande ou recrence, et puis en pluseurs lieux et en especial aux champs et es pres a recreance, et puis sans recreance a pié a pluseurs foiz presens les chiens (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 153). Et soiez adverty que depuis ce, comme dit est dessus, que vostre esprevier commencera a voler, item, ainsi le convient deux foiz la sepmaine nectier, et aussi baingnier deux foiz la sepmaine a certain jour entre tierce et midi en un jardin ou preel au soleil et en si large bacin que ses elles ne se batent aux bors, et le tenir a la commande ou recreance afin que sans congié il ne s'en voit essorer. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 154). ...car ja soit ce qu'ilz aient esté bien siliez, bien veilliez et trebien reclamez a commande ou a recreance, qui est tout ung, toutesvoyes quant l'en les fait voler, communement ilz se essorent fort, et adonc une bouffee de vent les emporte maulgré eulx (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 165).

C. -

DR.

 

1.

[À propos d'une pers.] "Mise en liberté provisoire d'une personne détenue (la justice décidant de renoncer provisoirement à la détention)" : ...et disoit que depuis ses amis avoient empetré mandement de court, envoié à nostre predecesseur, que, comme le dit varlet feust de bonne fame et de bonne conversacion et honeste, et il eust esté detenuz en prison par moult lonc temps, que l'on le oïst en ses justes deffenses et li feist la recreance de son corps (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 120). ...ausquelz sergens nous accordons que ilz puissent prendre telz malfaiteurs et les enprisonner, senz en faire recreance ne delivrance aucune, senz nous paier la moytié de toute la somme pourquoy il seront enprisonné (Hist. dr. munic. E., t.2, 1371, 467). Lez officiaux font citer plusieurs persones layes sur aucuns crimes ou delis lezquelx il leur mettent suz, et quant ilz sont venus a leurs journees, ilz lez detienent prisonniers, ja soit ce que ilz nient avoir perpetré lez diz crimes. Et ne lez la[i]ssent ja partir, ne a caution ne recreance, posé que le cas soit tel que ilz doient estre delivrés a recreance. (Songe verg. S., t.2, 1378, 155). Item (...) quant aucun homme est arresté [en] personne ou ses biens ou heritages, les juges en font recreance de jour a autre, pour avoir plus, souvent en prejudice de partie, que le juge qui fera la recreance la fera [la face] jusques en fin de cause par plege ou caupcion suffisante, pourveu que le cas ne soit criminel, ouquel cas soit sur ce procédé selon la discretion du juge. (Echiq. Normandie S., 1398, 99-100). ...pour l'interest de justice et des parties est ordonné que nul denoncié ou accusé ne doit estre mis en recreance sans eslire son domicille et constituer son procureur en ville (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1496, 467).

 

2.

[À propos d'une chose]

 

a)

"Mise en possession d'une chose qui est adjugée provisoirement en attendant le jugement de fond" : ...et toutes telles choses que vous trouverrez ainsi, comme dessus est dit, acquises, mettez ou faites mettre tantost et sanz delay en nostre main et en nostre dommaine, sanz en faire delivrance, ne recreance, ne laischance quele que elle soit (Doc. Poitou G., t.2, 1345, 282). ...si arrestez et mettez tantost main à tous leurs biens qu'ilz tiennent de nous pour lesdites gardes ou estages et iceulx employer et lever par nostre main et au proffict de nous, sans en faire delivrance ou recreance se ce n'est par nostre commandement expres (Trés. Reth. S.L., t.2, 1364, 167). ...pour cause des fruiz et levées des terres de Windrout et de Mérendie en Flandres, desquelles la recréance fu japiecà adjugée au dit de Laval, par arrest de Parlement (Cartul. Laval B., t.2, 1370, 272). ...et, ou cas que la chose prendroit trait ou delay, que recreance feust faicte des choses contencieuses aus dis religieux et non mie audit curé (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1396, 707). Il sera dit que le college jouira de son temporel par maniere de recreance. (BAYE, I, 1400-1410, 80). L'abbé d'Aniane propose et dit que Estienne de Montigny a miz son temporel en la main du Roy, sur quoy a obtenu certeinnes lettres royaulx (...) par vertu desquelles lui fu faicte recreance jusques à ce que autrement en seroit ordonné (BAYE, I, 1400-1410, 247). ...si requiert l'enterinement de ses lettres et soit maintenu et gardé en son dit office, au moins ait l'estat ou recreance et despens. (BAYE, II, 1411-1417, 252). ...la recreance de certaine partie d'icellui a esté adjugé ausdits Celestins, et par ce moien ledit jardin et maison d'icellui, avecques autres choses, sont gouvernées sous la main du Roy (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1447-1449, 614).

 

-

[Cont. métaph.] : Dont pas longuement certes n'eut De son espoir la jouyssance, Ains tost perdit la recreance Et fut par esgal jugement Condempné corporellement (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 360).

 

-

"Restitution sous caution d'un bien pris par décision de justice" : Si te mandons et pour les causes dessus dictes commettons que, se appelés ceulz qui feront a appeller, tu treuves estre ainsi, fai oster le trouble, empeeschement et la nouvelleté dessus diz, et garde et deffen les diz religieus en leur dite saisine, et fai rendre et restablir ce que levé a esté de leurs dictes dismes, et, se debat y a, celli prins en nostre main comme souveraine et par ycelle faite ressaisine et recreance ou appartendra, fai sur ce acomplissement de justice. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 68). Se aucun sergent prent gages ou bestes en aucun lieu, cellui sur qui elles sont prinses doit venir à justice et querir sa recreance, et l'en lui doit faire sur pleges. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 162). ...et avec ce prenez et tenez ledit chastel, la terre et toutes les appartenances en nostre main (...) sanz en faire lasche, rendre ne recreance (Doc. 1391. In : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance, 2013, 600). Ypothecque est de telle nature selon la coustume desdiz pays, que quant le créancier requiert exécucion sur son debteur de ce que luy est deu et qui appert par lectres obligatoires, la justice doibt tenir en main de court des choses de l'obligé jusques à la valleur de la debte, sans en faire recréance par pleige (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 589).

 

b)

"Provision ordonnée par un tribunal pour la réparation d'un tort" : ...se aucun pasture ou finaige et justice d'autruy et il est prins pasturant en cest lieu et il allegue avoir usage de pasturer en ce lieu et en celle justice par tiltre ou par longue possession, le plait durant, recreance sera faite des bestes et de la pasture par une foiz et par toutes les prinses, sur caucion de pleges (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 91). Et pour le temps avenir, par maniere de provision, jusques à ce que autrement en soit ordené par ladicte Court, paiera ledit evesque par maniere de recreance selon l'arrest de ceans ausdis demandeurs IIJc pains, chascun pain pesant XXIIIJ onces cuit seulement, et IIIJc quartes de vin bon et souffisant (FAUQ., III, 1431-1435, 51).

 

c)

"Jouissance d'une chose litigieuse accordée par la justice à l'une des parties en procès" : ...les parties ont procedé en certaine forme et maniere, et quoy quessoit ont adjugé la recreance de ladicte prebende audict Pelisson (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1490, 54).

 

-

P. ext. "Mise à disposition" : Et au regart de la dixme de Naintré appartenant a la ville, que ledit monseigneur de Chastelleraut empesche et a mise en sa main, appoincté est que le procureur duroy (...) yront devers monseigneur de Chastelleraut pour en demander delivrance ou recreance (Reg. Poitiers F., t.1, 1437, 228).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 62/70 
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     RECREANDER     
*FEW II-2 credere
RECREANDER, verbe
[*FEW II-2, 1305a : credere]

A. -

"Faire recreant, faire céder, vaincre" : Contre ceu traytour me vorai(t) si pener Per quoy il [ne] me puist per force recrander, Ne que Lion, mez sire, appeler me puist lere. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 721). Et [se] mez champion t'avoit recreandéz, Tu m'aroie aussi et pleuvi(r) et jurér Le siege laisseroie (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 840).

B. -

"Céder, relâcher" : Et si estes de li amée Sur toutes riens, je vous creante ; Car pour vostre amour recreante Tous chevaliers et lait aler, Sitost que il les ot parler De vous (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 235).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 63/70 
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     RÉCRÉANDIE     
FEW II-2 credere
RECREANDIE, subst. fém.
[T-L : recrëandie ; GD : recreantie ; FEW II-2, 1305a : credere]

"Renoncement par lâcheté, lâcheté" : "...ja repris Ne sera, pour riens, qu'on lui dye, D'avoir en lui recreandie, Car mieulx veult mourir en la peine Qu'il s'en tourt a honte villaine." (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 33).

V. aussi recreandise
 

DMF 2020 - Synthèse Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 64/70 
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     RECREANDIR     
FEW II-2 credere
RECREANDIR, verbe
[T-L : recrëandir ; GD : recreandir ; FEW II-2, 1305a : credere]

I. -

Empl. trans. "Faire céder ; affaiblir, fatiguer" : Vien-t-ent à moi combatre, voire, par tel devis Que, sé je sui par toy matés et recrandis, Je te larai Rohais, si en seras servis (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 426). Car Bertran chevauchoit par tel condicion C'un destrier recrandi et .I. bon aragon (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, c.1380-1385, 172). ...il s'advisa qu'il descenderoit du pallefroy qu'il avoit du tout recrandy (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 171).

 

-

Empl. trans. indir. Recreandir de qqc. "Renoncer à qqc."

 

Rem. MONSTRELET ds DU CANGE, VII, 59b, s.v. recredere.

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "Céder, faiblir, se fatiguer" : Adonc se va mettre en la sieute Avec .L. chiens de muete, Si bien chaçans c'om ne pourroit Si bons trouver (...). D'unes aleüres sont tuit Sanz recroire [var. recrandir] jusqu'a la nuit. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 374). ...a tost se recrandist [var. se restraint, se ratendrist] mol courage soubz petite playe. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 103).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Affaibli, fatigué ; sans courage, lâche ; mâté, soumis" : ...et ayme mieux mourir léal preud'homme qu'estre fuy lasche et recrandy de coeur. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 184). Oez vous point hurter a vos taudis Les Turcqz maldis accourans les grans cours ? Resveilliez vous, sans estre recrandis, Princes hardis (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 145). Bon corps avoit non recrandy, Il estoit bon archier hardy (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 764). Lors devindrent gens recrandis corrageux, fermes et hardis (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 95).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (recreandi).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 65/70 
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     RÉCRÉANDISE     
FEW II-2 credere
RECREANDISE, subst. fém.
[T-L : recrëandise ; GD : recreantise ; DÉCT : recrëandise ; FEW II-2, 1305a : credere]

A. -

"Fait de renoncer par lâcheté, lâcheté" : ...recreandise ou couardie li tolloit que lui en propre personne n'aloit comme bon chevalereux aux armées (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 131). Drece toy ! Plus ne soies accropie en la pouldriere de recreandise. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 8). Desir, mon loyal compaignon, Qui dis qu'en moy a tant renon, Tu me scez moult bien blazonner Sans que m'ayes veu esprouver ; Mais d'une chose je t'avise, Qu'en moy n'y a recrëandise, Ains suys tout prest de parfournir Tout ce que a quoy bee a venir. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 43). Il pert bien que vous estes lasches, Matz et plains de recrëandise ; S'en voz cueurs eust eu vaillendise, Vous en eussiés ou pié ou elle. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 885).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. T-L VIII, 496-497. GD VI, 692c.

B. -

DR. "Mise en possession d'une chose qui est adjugée provisoirement en attendant le jugement de fond" (synon. recreance)

 

Rem. Doc.1398 ds GD VI, 693a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 66/70 
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     RÉCRÉANT     
FEW II-2 credere
RECREANT, adj.
[T-L : recroire (recrëant) ; GD : recreant ; FEW II-2, 1305a : credere]

"Qui renonce (à combattre, à lutter...), qui est à bout de force, affaibli, sans force, sans courage ; lâche, veule" : Desarmes remains com devant, Las et afflit et recreant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 279). E ! Diex, trop seray recreant. Se plus sui cy. Certes g'y vois La ou m'a endicté la vois. (Mir. Theod., 1357, 91). ...oncques, tant que le siege dura, on ne les vit recreans ne lassez (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 60). Mais tels est riches de biauté Qui est povres de loiauté ; Et tels est fors com Renouars Qui est recreans et couars ; Et tels est riches qui mendie Des biens de ceste mortel vie ; Et tels cuide estre souvent sages Qui ne scet de bien nes qu'uns pages. (MACH., F. am., c.1361, 184). ...Car nous les avons detranchiez, Ocis, desconfis et chaciez Maugré leur dens, dedens leur ville, Qui tant est grant, fort et nobille ; Si que s'einsi me departoie, À tous jours mais honnis seroie ; Et si me seroit reprouvé Toudis, com recreant prouvé, Se ne faisoie mon pooir D'avoir la ville et mon devoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 83). ...pour paour de mort en la deffense du bien publique chevalier ne doit estre recreant (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 186). Mais onques il n'en fu blamés, Ne fols ne recreans clamés, Ains l'escuserent de tout visce Li dieu pour son loiiel servisce (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 120). O chetif homme, plus que tous aultres recreant et las, par les veilles, peines, labours et ententes que tu as prins et porté tant par mer que terre ! (C.N.N., c.1456-1467, 555). N'estes vous pas bien putier, recreant, lasche et meschant (C.N.N., c.1456-1467, 76).

Rem. Hugues Capet Lab., c.1358, 3808 ; 4725 ; FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss. ; Cligès C.T., 1455, gloss. ... Cf. T-L VIII, 505.

 

-

Estre reputé pour recreant. "Être reconnu vaincu" : Lequel gaige ou non sera devant les parties adjugié au jour et place par nous ou par leur juge ordonné, sur la painne de estre reputé pour recreant et convaincu cellui a qui la faulte sera. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 211).

 

-

Se tenir pour recreant. "Se déclarer vaincu, se rendre" : Car de deus personnes ensamble Les oppinions en sont bonnes, Quant loiaus sont les deus personnes. Si qu'a Guillaume en parleray Et tel chose li moustreray Qu'il se tenra pour recrëans, S'il n'est trop fols ou mescrëans. (MACH., J. R. Nav., 1349, 219).

 

-

[D'un animal] "Qui est à bout de force, qui est affaibli" : ...car le destrier que le roy de Jherusalem lui avoit donné estoit demouré recreant assez prés de la riviere (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 130). ...et estoit le cheval qu'il avoit demouré las, recrant et refoullé en ladicte ville de Vernon (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1449, 366).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 13728.

 

-

Empl. subst. "Celui qui est affaibli, abattu" : De tout sui gouverneresse Et de tous maus (je) sui miresse, J'enlumine les non veans Et donne force aus recreans, Je relieve les trebuchiez Et radrece les fourvoiez. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 11).

V. aussi recroire
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 67/70 
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     RÉCRÉANTEMENT     
FEW II-2 credere
RECREANTEMENT, adv.
[T-L : recroire (recrëanment) ; GD : recreanment ; FEW II-2, 1305a : credere]

"Sans force, sans courage"

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 296 (recreaument). JEAN D'ARKEL, Ars d'Amour, c.1350, ds GD VI, 691c (recraiamment). FROISS., Chron. ms. Besançon 865, 104v, c.1375-1400 (The Online FROISSART) : ...ne oncques sy mescheans gens que ceulx de Bruges estoyent ne furent ne qui plus laschement ne recreantement se maintindrent [= FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 309, recranment]. Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD VI, 691c (recreaument).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 68/70 
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     RECREDANCE     
*FEW II-2 credere
RECREDANCE, subst. fém.
[GD : recreance ; *FEW II-2, 1305a : credere]

DR. "Restitution provisoire (au défendeur de la chose litigieuse)" : ...ledit monseigneur le prevost de Paris (...) a aadjugié la recrédence du gouvernement dudit chantuaire ausdis marglissiers et condempné lesdis religieux de Saint-Saulve et maistre Nicolle és despens d'iceulx marglissiers (Doc. 1465. In : G. de Lhomel, Nouv. rec. de doc. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-Mer, 1910, 35).

REM. Forme savante de recreance ; attestée ds GD VI, 690c-691b (XVIe s.).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 69/70 
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     RECROIRE     
FEW II-2 1304b credere
RECROIRE, verbe
[T-L : recroire ; GD : recroire ; DÉCT : recroire ; FEW II-2, 1304b : credere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Refuser, faire céder"

 

1.

"Refuser, repousser qqc." : SAINCT MARTIN. Dire puis doncques sans mesdire Que son faict ne vault une poire. Jamais ne me ferez acroire Que se ne soit quelque fentosme. SECOND PRESTRE. Ses faitz n'orrez en mal recroire Jamais a femme ne a homme. SAINCT MARTIN. Voire, mais je m'esbays comme, Veu que de luy rien n'est escript, Vous cuydez qu'il soit sainct, en somme, Et martire de Jhesucrist. (LA VIGNE, S.M., 1496, 427).

 

-

"Faire céder, faire renoncer, réduire, vaincre" : Mais depuis s'est si fort acreue Celle place que nul recreue Ne l'a par guerre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 19). La .IIe. foiz, pour vengier Ce meschief, sanz gueres targier, Y envoyerent moult grant ost, Qui fu desconfite tantost, Et moult de bonne gent perdirent Les Rommains, qui derechief mirent Sus un host, la .IIIe. foiz, Qui desconfit fu toutefoiz, Et tuit y furent malbailly, Dont Hanibal moult s'orgueilly, Car sa puissance moult acrut, Et celle des Romains recrut. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 215). Pour ung party qui me recroit... (CHAST., Temps rec. D., 1451, 44).

 

2.

"Céder, restituer qqc. (en y renonçant soi-même)"

 

-

Sans recroire un denier. "Sans rien rabattre" : ARCEDIACRE. Il convient qu'ad ce marchant j'aille ; Combien cela ? FRIPPIER. Vous pouez croire Que, sans ung seul denyer recroire, Huyt solz en auray, somme toute. ARCEDIACRE. Commant, huyt solz ? FRIPPIER. Par sainct Jehan, voire, Il m'en fault huyt solz tout de route. (LA VIGNE, S.M., 1496, 550).

B. -

En partic. DR.

 

Rem. V. recreance

 

1.

Recroire qqn. "Renoncer à la détention de qqn, mettre qqn (un détenu, un prisonnier) en liberté (provisoirement ou contre caution)" : Et fu li chevaliers mesires Jourdains pris et moult bleciés, et se rendi a mesire Gautier de Manni qui tantos le recrut sus sa foi, pour tant que il estoit trop fort bleciés (FROISS., Chron. D., p.1400, 608). Les auquns, il missent a finance courtoise, et les aultres il recrurent simplement sus lors fois, et lor donnerent jours de retourner a Bourdiaus ou a Bregerach (FROISS., Chron. D., p.1400, 620). ...et en recrurent courtoisement les auquns sus lors fois, qui depuis paiierent a lor aise, car en tels coses Englois et Gascons ont esté moult courtois (FROISS., Chron. D., p.1400, 768). ...il [le sire de Coucy] estoit recreus sur sa foy, et replesgiez et demourez pour lui ung sien cousin de Grece (...) le sire de Matelin (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 637). ...nostredit chastellain requiert ledit prisonnier à lui estre rendu et recreu par ledit prevost qui le detient (Trés. Reth. S.L., t.2, 1401, 484).

 

-

Part. prés. en empl. subst. : ...le sire de Coucy n'est point avec nous ; il est demourez à Burscle et sus recreant du seigneur de Matelin (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 639).

 

2.

Recroire qqc. "Remettre provisoirement qqc. (un bien litigieux) en attendant la décision définitive, remettre qqc. sous caution" : ...pour requeste ou pour sommation souffisante ne vousissent rendre, recroire, ne venir à jour ne à droit par main de seigneur marchissant (Trés. Reth. S.L., t.2, 1366, 178). ...et, quant au temporel desdiz evesques, abbez et autres, qui estoit en la main du Roy, la Court leur recroit soubz ladicte main jusques à ce que autrement en soit ordonné (BAYE, I, 1400-1410, 135). Ce jour, la Court a licencié sans jour et sans terme l'abbé d'Anianne et ly a recreu son temporel quousque, attendu qu'il a offert respondre par peremptoires cuicunque et de quibuscunque, comme appert ou registre des Plaidoiries du jour d'ui. (BAYE, I, 1400-1410, 248). La Court a recreu de cy au landemain de la S. Remi prouchain à l'evesque de Beauvaiz, à sa caution, son temporel qui avoit esté miz en la main du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 213).

 

-

Recroire la prison à qqn. "Mettre qqn en liberté provisoire" : ...je vous recroy vostre prison jusques en la fin du tournoy (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 60).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

II. -

Empl. trans. indir. Recroire de

A. -

"Renoncer à ; cesser de disposer de" : Douce dame, tant vous aim sans meffaire De cuer, de corps, de desir, de penser, Que nulle autre, fors vous, ne me puet plaire En maniere que la peüsse amer. Et sachiés bien que tant vueil endurer Que, se la mort recevoir en devoie, N'en recroiray, quoy qu'avenir m'en doie. Et si me doubt, tres douce debonnaire, Qui belle et bonne et sage estes sans per, Qu'il ne doie vo gentil cuer desplaire L'amour, de coy je vous aim sans fausser. (MACH., L. dames, 1377, 73). Et s'il vous plaist à moy reconforter, Tres bien ferés, car pour mal ne pour joie N'en recroiray, quoy qu'avenir m'en doie. (MACH., L. dames, 1377, 74). Car qui assoté de tel femme Seroit, perdre le corps et l'ame Pourroit, et de tout bien recroire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 82). ...et soy frauder de esperance par crainte trop paoureuse et pusillanimité deffiee de Dieu est lacheté de courage recru de bonne foy ["qui a renoncé à"] (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 103).

 

-

Recroire de + inf. "Renoncer à ; cesser de" : Quant uns amans et une amie, Conjoint par volenté onnie, Se sont par amours acordé, Et leur acort bien recordé Entre euls deus si fiablement Qu'il viennent amiablement Et si entierement se croient Que d'euls croire point ne recroient, Or puet il estre qu'il avient Que de neccessité couvient Que d'euls soit faite departie, S'en porte chascuns sa partie De grieté qui moult leur anuie. (MACH., D. Aler., a.1349, 398). ...Vous et vostre cuer, qui s'esclaire Aus dis mesdisans de pute aire, Et vous les deüssiés blamer, Haÿr, fuyr et diffamer : Comment les poés vous oÿr Ne leurs paroles conjoÿr, Quant il vous font d'amer recroire ? (MACH., Voir, 1364, 760). ...Se de bien faire ne recroy. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 16). Ne pensez pas, dame, que je recroie De vous amer, se souvent ne vous voy, Car nullement faire ne le porroie, Tant vous aim je de cuer en bonne foy ; Ainsois en vous cuer, corps et vie employ, Ne riens qui soit ne me destourne Qu'a vous ne pense, ou que je tourne. (MACH., Bal., 1377, 546). GODEFFROY. Je revien, mon seigneur. Or ça, Ou est ce sac que doy porter ? (...) LE FILZ PHILIPPE. (...) Voiz le ci. Sus ! devant t'en vas (...). GODEFFROY. Je le vous feray bonnement : Ne suis pas encor recreu D'aler. (Mir. st Lor., 1380, 158).

 

-

Estre recreant de qqc. "Se lasser de" : Pour oster mon ame de paine Je requier estre baptisee. (...) Car je suis en Jesus creante ; Jamais ne seray recreante De la loy Jesus, nostre sire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 215).

 

-

Sans ce que j'en recroie : Si l'ameray, sans partir ne mouvoir, De cuer, de corps, de penser, de pouoir, Tout mon vivant, sans ce que j'en recroie, Et encor plus, se plus vivre pouoie. (MACH., L. dames, 1377, 34). Mais quant à vous sui si donnés et mis Que de fin cuer et d'amour pure et vraie Seur tout vous aim, vous serf, vous lo, vous pris, Vous criem, vous vueil, sans ce que j'en recroie, N'il n'est desirs ne pensée que j'aie Ailleurs qu'en vous, par m'ame, c'est à tort, Quant pour ma mort plaisance ailleurs l'amort. (MACH., L. dames, 1377, 65).

 

-

Sans ce que je recroie : Si vous promet qu'en foy serés amez Par dessus tous, sans ce que je recroie, Et aveuc ce mon cuer emporterez Qui pour vous seul me guerpist et renoie ; Se le vueil liés bien garder Et comme ami conjoïr et amer, Car plus chier don n'ay dont je vous honneure (MACH., Bal., 1377, 544).

B. -

"Repousser, rejeter, refuser qqc." : SUER MARIE. (...) sachiés Voustre portehors, si dirons Midy : il en est bien saisons (...). L'ABBEESSE. Ja ne m'en verrez recreant. (Mir. abbeesse, 1340, 67). HELAINE. (...) cuer ay eu po discret, Quant en Crist n'ay pieça creu. Or n'en soions plus recreu : Creons y touz (Mir. st Sev., 1362, 234). DEUXIESME CHEVALIER. (...) Et a l'emperiére en irons, S'en sui creu. BAUDOIN. Ja ne m'en verrez recreu. Avant : alons. (Mir. emper. Romme, 1369, 281). LE PREVOST. (...) Se je dy bien, ne recreez De mon conseil. DEUXIESME CHEVALIER D'ESCOSSE. Nanil ; mais assentir m'y vueil. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 58).

 

-

Recroire de + inf. : ...Dont, quant elle me manderoit, Ce seroit bien folie a croire Que point en vosisse recroire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 160). ...j'ay tant mon orgueil creu Que mon oultrage recreu Me fist de mercy empetrer Vers celui qui pour moy monstrer Mon bien si fort me desplaisoit (Mir. parr., 1356, 25). ...il nous esmeut a ce que de faire penitence ne doyons recroire, quant il dit : Penitenciam agite. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 246). "...Si que, ma belle douce amie, Je vous pri que vous le paiés Et que ce pas ne delaiés." Et elle respondi en l'eure : "Doulz amis, se Dieus me sequeure, De ce faire pas ne recroi ; Et vous savés assés, ce croi, Que je ne sui pas mienne dame..." (MACH., Voir, 1364, 332). Chier sire, sachez tout prest sui : Y a [l. Ja] recreant ne me verrez D'aler partout ou vous irez Tresvoulentiers. (Mir. Berthe, c.1373, 226). Ha ! faulx Juifz, faux mescreans, De tout bien faire recreans Courcié m'avez grandement. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 161).

III. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

(Se) recroire. "Se lasser, se décourager, être à bout de force" : Tant avoit combatu que tous se recreoit (Hugues Capet Lab., c.1358, 143). Nul ne doit pour triboul recroire. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 62). Dont commencierent a recroire Li Grec (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 247). Ancor cestui ne se recrut ; Les murs de Romme moult acrut, Si y fist de beaulx ediffices (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 189). Mais comme plus le sieuvoit, plus sailloit le chevrot les saulx menuz (...). Quant Passelion vey qu'il ne recreoit, il print a haster s'alure (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 351).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Sans recroire : Pymalion fist l'image d'ivoire Que moult pria et ama sans recroire, Mais il n'ot pas si tres noble victoire Ne tel eür Comme j'aray, se Morpheüs avoire Ce que je tieng qui sera chose voire. (MACH., F. am., c.1361, 177). Dont a il besoing de croirre D'adorer et de requerre Sans cesser et sans recroire Cil qui les secretz desserre Et les enferrés defferre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 169).

 

-

Se recroire de qqc. : ...en my Avez un trés loial ami Qui jusques a la mort fera, S'il puet, quanque bon vous sera, Ne ja ne m'en verrez recroire. (MACH., D. Lyon, 1342, 192). Pour ce, où que je soie, Tous à li m'ottroie, Ne m'en recroiroie, Se morir devoie. Or doint Diex que moie Soit s'amour ; plus ne vorroie. (MACH., Les lays, 1377, 331).

 

-

Se recroire de + inf. : Mais je n'en puis ne gieu ne ris attraire, Einsois me fait pis qu'elle ne soloit ; Et se m'enmuet que mes cuers se recroit De bien amer. Mais se Diex me doint joie, .C. fois pour li miex morir ameroie. (MACH., L. dames, 1377, 55). Je ne li vueil plus rouver, Car s'il vuet considerer, Comment j'employ Mon cuer et m'amour en soy Et mon penser, Il ne pourroit oublier Ja mais, ce croy, Ce qu'en riens ne me recroy De li amer. (MACH., Les lays, 1377, 450).

 

-

Part. passé "Lassé, découragé" : Ceulx de Thebes, a grant conroy, S'en sont issus, avec leur roy ; Durement furent recreü, En petit d'eure orent sceü La grant force des Argiens (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 315). ...la vraye force de courage humain est celle, qui n'est oncques brisiée en adversité, ne s'orgueillist en prosperité, qui n'est recreue en labour, qui est hardie en perilz (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 212).

 

-

[D'un cheval] "S'épuiser, devenir fourbu" : Or s'en reviennent et autelle paine que le bon home avra eu a aller l'avra au revenir et pourra estre que l'un de ses chevaulx se recroira ou demourra par aucun accident de morfonture, de releveure ou d'aultre chose, et convient au bon home en achapter ung aultre et a l'aventure il n'a pas de quoy. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 70).

B. -

Recroire arriere en sa loi. "Renoncer à sa religion, abjurer"

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 335.

V. aussi recreant, recreu
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     RECRU     
FEW II-2 credere
RECREU, adj.
[T-L : recroire (recrëu) ; GD : recroire (recru) ; FEW II-2, 1304b, 1305a : credere ; TLF : XIV, 548a : recru]

A. -

"Épuisé, à bout de forces" : Aussi est il hors de cuidier, Par quoy verité fait vuidier Son cuer de toutes vanitez Et mettre en lieu fiabletez D'autrui croire et d'estre creüs, Sans estre mas ne recreüs. (MACH., D. Aler., a.1349, 299). ...douz Sires, de ceo siu jeo, cheitif, tout las et recreuz. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 98). ...tant rompirent de lances qu'ilz furent si las et recreuz qu'il convint qu'en beaulx bras ilz demourassent endormiz. (C.N.N., c.1456-1467, 366).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss.

 

-

[D'un animal] : À Guillaume Bloville, sergent darmes de Monseigneur, en recompensation daucunz de sez chevaulx qui li sont demourez recreuz en certain voyage quil fist en Navarre devers Monseigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 81). ...il emprunta dudit Breton quatre frans en quatre frans d'or, pour acheter un cheval pour lui, pour ce que le sien estoit recreu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 534). ...[Baude] poursuyvy le grant cerf jusques en ung maraiz près d'ung beau manoir, qui estoit le buisson et nativité dudit cerf. Le quel cerf, viel, foible et recreu, ouvry ses elles, se print à mugir et grater la terre du pié, et soubdainement s'esvanoy, et ne sceut Baude qu'il devint (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 128).

 

-

Empl. subst. : S'en sont pluseurs que je voy encheüz En desespoir, en dolour, en tristece Sens reveler ; mès ce sont recreüz En qui constance est subgecte à peresse, Sens à folour et vertu à foiblesse, Qui se plaignent à tort de teste saine, Car nulz ne doit avoir honeur sanz paine. (MACH., App., 1377, 651).

B. -

Au fig.

 

1.

"Las"

 

-

Recru de + inf. "Las de + inf." : ...onques mais je ne vis François recreux de bien faire (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 36).

 

2.

"Lâche" : Car bons parlers, dis loiaument, Fait tant que cils n'est plus creüs, Eins est tenus pour recreüs, Faus, mauvais, glassans et traïtes. (MACH., D. Aler., a.1349, 361). Et sceü Tres bien fu Que cilz ci Ot cuer garni D'amour, quar il ot en li Champion non recreü, Maiz creü En vertu Et tenu Asseüré et hardi. (MACH., Les lays, 1377, 475). Et [Geoffroy] lui escrie : Sarrasin, tu es faulx et recreuz, quant tu es si bien montez et si noblement armez, qui t'en fuiz pour un homme seul. Tourne, ou je t'occiray en fuiant, combien que je le face moult a envis. (ARRAS, c.1392-1393, 230). Estendez le col malostrus, Chien recrus, Vous me faictes enrager d'yre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 242).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

3.

Fou recru. "Fou fieffé" : Car s'en jeunesse il [le pauvre vieillard] fut plaisant, Ores plus riens ne dit qui plaise - Tousjours viel singe est desplaisant, Moue ne fait qui ne desplaise - ; S'il se taist affin qu'il complaise, Il est tenu pour fol recreu ; S'il parle, on lui dist qu'il se taise Et qu'en son prunier [ce qu'il dit] n'a pas creu. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 51).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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