C.N.R.S.
 
Famille de consiliare 
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 Article 1/23 
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     ACONSEIL     
FEW II-2 consiliare
ACONSEIL, subst. masc.
[GD : aconseil ; FEW II-2, 1070b : consiliare]

"Conseil, délibération" : Mais à cellui tans fu .I. aultre consail pris De coy ly bourgois orent aconsail et avis, Et viserent adont que ly quens dont je dis Avoit esté retez de le mort Loays (Hugues Capet L., c.1358, 128). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 2/23 
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     ACONSEILLER     
FEW II-2 1070b consiliare
ACONSEILLER, verbe
[T-L : aconseillier ; GD : aconseillier ; AND : aconseiller ; FEW II-2, 1070b : consiliare]

I. -

Empl. trans. dir. Aconseiller qqn. "Conseiller qqn" : Mon Dieu, ma douce Misericorde, je te pri qu'il te plaise a moy donner a faire les euvres de misericorde et estude de pitié, compassion es travailliés, aïde es soufraiteus, secourir es meschis, aconseillier les errans, consoler les tristes, relever les oppreins, recreer les povres (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 40).

 

-

Aconseiller qqn + interr. indir. : ...feimes jurer sur saintes Euvangiles de Dieu lesdiz amis desdiz meneurs nous aconseilher loyaument lesquiex desdiz amis et prochein de lignage desdiz meneurs estoit le plus souffizans et profitables à avoir et prendre en soy la cue [l. cure] desdiz meneurs et de leurs biens (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1353, 462). Item, tantost le landemain, les dits eschevins allont annoncier à justice ce que le dit évesque lor avoit dit et demandez, et leurs priont qu'il leur pleut de eux aconcillier s'il yroient faire leurs excuses ou non. Et, sur ce, justice leur dit que ouy, et que, se le dit évesque leurs demandoit ou interrogeoit d'aulcunes choses, qu'il n'en respondissent riens (AUBRION, Journal L., 1481, 121).

II. -

Empl. trans. indir. Aconseiller à qqn. "Donner des conseils à qqn" : De Lille fu cieux nés dont je vous vois parlant, Et fu fieux d'un bourgois bien rice et bien manant : Mais fols fu et légiers et de sot convenant, Car ains croire ne vot cousin n'apiertenant. Par le pays ala XX ans, en ung tenant ; Mieus amoit les koquins ou ung povre mesquant Que trestous les plus rices à lui aconseillant (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 342).

 

-

Aconseiller à qqn de + inf. : Item, pour venir au retour desd. ambassadeurs, diront comment mond. Sr avoit de pieça deliberé de aller ce moys de may aux baings et comment lesd. ambassadeurs l'ont trouvé sur son chemin en s'en allant vers lesd. baings ; et, pour ce que les medicins ne lui ont aconseillé de les devoir laisser, après que eut ouy lesd. ambassadeurs, les en feist retourner devers Lascar pour besoigner, tandiz qu'il seroit ausd. baings, avecques aucuns de son conseilh ad ce ordonez sur la matiere (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., Pièces justif., t.2, 1471, 388).

III. -

Empl. pronom. "Délibérer, se consulter"

 

-

S'aconseiller comment + interr. indir. : Dist le seigneur d'Anboise : "Point ne nous renderons, Se ce n'est en bataille que le pieur ayons ; Mais de trièves avoir mout forment désirons, Pour nous aconsellier comment ouvrer porons." (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 457).

 

Rem. AUBRION, Journal L., 1481, ds GD I, 71b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/23 
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     CONSEILLABLE     
FEW II-2 consiliare
CONSEILLABLE, adj.
[T-L : conseillable ; GD : conseillable ; GDC : conseillable ; FEW II-2, 1070a : consiliare ; TLF : V, 1379a : conseiller (conseillable)]

A. -

"De bon conseil"

 

Rem. JEAN D'ARKEL, Ars d'Amour, c.1350, ds GD II, 250a.

B. -

[Sens passif]

 

1.

[D'une pers.] "Que l'on peut conseiller" : L'omme, comme dit Aristote, de sa nature est conseillable et se laisse conseiller et adrecer en ses affaires. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 246).

 

2.

[D'une chose]

 

a)

"Qui peut faire l'objet d'une décision" : L'en pourroit faire question a savoir mon se de toutes choses l'en peut ou doit conseillier et se toute chose est conseillable ou se aucunes choses sont desquelles il ne convient pas conseillier. (ORESME, E.A., c.1370, 188). Chose conseillable et chose eslisible sont une meïsme chose. (ORESME, E.A., c.1370, 193).

 

b)

"Qui peut faire l'objet d'un conseil, qui peut être conseillé" : Et briefment, par prudence est ly hons adresciés es choses conseillables et humainnes, et scet ce qu'il doit faire et ce qu'il doit laissier (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 262).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/23 
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     CONSEILLATIF     
*FEW II-2 consiliare
CONSEILLATIF, adj.
[*FEW II-2, 1070b : consiliare]

Empl. subst. fém. "Faculté qui permet d'agir avec prudence" : Et ainsi eubulie est ainsi comme qui diroit bien conseillative. (ORESME, E.A.C., c.1370, 348).

V. aussi consiliatif
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 5/23 
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     CONSEILLEMENT     
FEW II-2 consiliare
CONSEILLEMENT, subst. masc.
[T-L : conseillement ; GD : conseillement ; AND : conseillement ; FEW II-2, 1070a : consiliare]

A. -

"Avis proposé sur ce qu'il semble bon de faire ou de ne pas faire dans une situation donnée, conseil en vue d'une décision" : Pour ce c'on fist son pere coper villainement (...) Prist contre Loays un si fier vengement, Lui et les trayteurs, qui le conseillement En donnerent au roy (Lohier Malart M., c.1325-1350, 485). Ce qui est dit, commandement N'est mie, mez consellement. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 272). Et en grec eu c'est "bon", et bulesis c'est "conseillement." (ORESME, E.A.C., c.1370, 348).

B. -

P. méton. "Assemblée chargée de conseiller en vue d'une décision" : Dont appella Richier (...) Et maint aultre baron a son conseillement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 679). Monmiral en Brie ot grant consaillement. Ly prinche s'en partirent aprés le parlement (Hugues Capet Lab., c.1358, 95).

 

-

"Délibération" : En armes fault preste provision De gens expers, paine, force et malice. Non pas si grande consultacion, Et que telz gens n'aient point de perice Mais voisent hastivement Faire leurs faiz sanz tel conseillement (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 93).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/23 
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     CONSEILLÉMENT     
FEW II consiliare
CONSEILLEEMENT, adv.
[GD : conseilleement ; FEW II, 1070a : consiliare]

"En conseillant"

REM. BERS. ds GD II, 250a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/23 
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     CONSEILLER1          CONSEILLER2     
FEW II-2 consiliare
CONSEILLER, verbe
[T-L : conseillier1/conseillier3 ; GD : conseillier ; GDC : conseillier1 ; AND : conseiller2 ; DÉCT : conseillier1 ; FEW II-2, 1069b : consiliare ; TLF : V, 1378b : conseiller1]

I. -

[Correspond à conseil I ("avis donné à qqn sur ce qu'il devrait faire ou ne pas faire")]

A. -

"Donner un conseil (à qqn)"

 

1.

Conseiller qqn. "Assister qqn de ses conseils, lui donner son avis sur ce qu'il devrait faire ou ne pas faire" : Or vous requiert c'on la conseille Si qu'elle puist estre absolue (Mir. mère pape, c.1355, 364). Et cilz qui le conseil vous donne D'aler y si hastivement, Il vous conseille folement. (MACH., Voir, 1364, 610). Item, car elle l'avoit mal conseillié. (ORESME, E.A.C., c.1370, 177). Beaulx seigneurs, Dieux vous a envoyé belle adventure, se vous la savez prendre. Sire roy, ce respondent ceulx, puis que si avant vous en plaist a dire, si nous veulliez conseillier et dire que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 169). Hé ! lasse moy doulante, et que as tu fait, ne que pensoies tu quant tu conseillas et mis en voye de telz perilz cellui que en ce monde plus amoyes (LA SALE, J.S., 1456, 149). Il vint devers monseigneur de Noyon, qui fut bien esbahy d'oyr son cas, et ne le sceut conseiller (C.N.N., c.1456-1467, 287). Et après, sondit mary, bien conseillé de ses principaulx amis, la reprint, et se contint de là en avant avecques sondit mary bien et honnestement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 33). Marthe, ma suer, ad vous m'adresse ; Conseilhés moy ; donnés m'advis ! (Pass. Auv., 1477, 138). PHEBUS. Barons du ciel, assistans tresdiscretz Qui congnoissez les celestes secretz, Et des humains la detestable offence, Conseillés moy, dictes moy par exprès Que me reste il a faire cy après Fors seullement propherer ma sentence ? (Cene dieux, c.1492, 120). Cestui fut excellant astrologien et congneut son infortune estre entour pescheurs et eut contencion avecque aucuns, qui lui causa la mort et lui conseillant autres, ne se sceut conseiller. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 r°).

 

-

Conseiller qqn à qqc. "Assister qqn de ses conseils en l'orientant vers qqc." : ...Dieu nous inspirera a ceste assemblee a conseiller le roy a paix ou a guerre (JUV. URS., Loquar, 1440, 305). SAINCT MARTIN. Mon chier seigneur, vous me conseillerez, S'a gré vous vient, a quelque bonne entente Que j'ay en moy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 358).

 

-

Conseiller qqn de qqc. "Assister qqn de ses conseils au sujet de qqc." : ...c'estoit l'un des freres Glaude de Sion qui venoit devers son frere, pour ce qu'il l'avoit mandé pour lui conseillier du mandement que il avoit eu de Gieffroy, car il avoit entendu que Gieffroy estoit crueulx a merveilles. (ARRAS, c.1392-1393, 199).

 

.

Conseiller qqn en qqc. : ...[le clerc] pensa tantost que, pour l'absence du dit marchant, sa dicte femme le demandoit pour estre conseillée en aucune grosse cause (C.N.N., c.1456-1467, 571).

 

-

Conseiller qqn + interr. indir. "Donner à qqn un conseil indiquant comment / où......" : Passer me faut la mer parfonde ; Et si ne say où je doy traire. Maintes fois as estet au Quaire, En Alixandre et en Surie, Et en Egypte. Se te prie Que tu me vueilles consillier Où nous pourrons mieus esploitier, Car tous desesperez seroie S'en vain la haute mer passoie (MACH., P. Alex., p.1369, 60).

 

-

En partic. "Assister de ses conseils (un prince, un grand personnage...)" : ...mieulx la vie Perdre devroit vouloir qu'envie Avoir preudoms de conseiller Mauvaisement prince (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 43). Le Chancellier a requiz les dessusdiz qu'il conseillassent le Roy sur le contenu es lettres dont la teneur s'ensuient (BAYE, II, 1411-1417, 155). Ce jour, l'evesque de Coustances a fait ceans le serement de conseillier le Roy bien et loyalment, et de tenir secretz les conseils de ceans. (FAUQ., II, 1421-1430, 213).

 

-

Empl. abs. "Donner des conseils" : Helas, en ce royaume on a fort usé d' une maniere de beau parler, et y a plusieurs hommes d'armes et aultres qui mettent entente toute et ymaginacion a bien prononcer leurs parolles, mieulx a paine que ung advocat, en conseillant par une maniere de flaterye, en cuidant plus complaire(s) que conseiller. (JUV. URS., Nescio, 1445, 463). ..chascun conseille a la plaisance de son seigneur ou pour soy meismes, et l'un pour l'aultre (LA SALE, Sale D., 1451, 35). Qui pour son profit mal conseille, s'il en prent mal n'est point merveille. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 239).

 

.

Conseiller de qqc. "Donner des conseils au sujet de qqc." : ...et nul ne conseille de choses impossibles, mais tant seulement de choses faisables par nous. (ORESME, E.A.C., c.1370, 185).

 

-

Prov. : Car de ceulz qui ne croient conseil dit le proverbe commun : on ne doibt point conseiller beste qui conseil porte en sa teste ["qui a pris dans sa tête une décision obstinée"] (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1164).

 

2.

Conseiller qqc. (à qqn). "Indiquer qqc. (à qqn) qu'il devrait faire, qu'il devrait adopter..." : Mais ce n'est pas de mon conseil, Ne telle ouevre pas ne conseil, Qu'adès doit estre sus sa garde Dame, comment elle regarde Si qu'on n'i puist pinsier ne mordre, Ne que nuls ne se doie amordre A parler en, fors en tout bien. (MACH., D. Lyon, 1342, 205). Or couvenra il qu'elle die Dou quel li vient sa maladie, Pour li donner certein conseil. Je le lo einsi et conseil. (MACH., J. R. Nav., 1349, 204). Et pour ce te vueil supplier, Et si le te lo et conseil, Que tu uses de mon conseil. (MACH., C. ami, 1357, 77). "...Prenés la, je le vous conseil !" "Et ce me semble bon conseil" (MACH., Voir, 1364, 380). Or use dont de mon conseil Et fai ce que je te conseil (MACH., Voir, 1364, 534). Or resgardez que ce sera Quant li soudans chevauchera : Tuit serons pris à la ratiere. Si que, sire, en nulle maniere Je ne conseille la demeure. (MACH., P. Alex., p.1369, 102). Et des choses conseilliees est eleccion, comme il appert ou .IXe. chapitre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 196). Et je ne vous conseilleray chose dont bien et honneur ne vous doye venir. Mais il fault premierement que vous me promettez que vous me prendrez a femme. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Ce me semble tres bien son fait et si vous le me conseillez et ma fille me veille obeir, il ne sera pas escondit (C.N.N., c.1456-1467, 169). Cincq sont signes du bon plaisir de Dieu, c'est a scavoir ce qu'il commande, ce qu'il deffend, ce qu'il conseille, ce qu'il permet sans commander et ce qu'il fait ou a fait par operation, desquelz cincq le nombre se prend par ceste maniere. (Somme abr., c.1477-1481, 172). Cestui [Dyonisius Bachus] nomma la cité d'Arges en Grece et a bien consuliez ce nom. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 v°).

 

-

Conseiller (à qqn) que + indic. ou subj. "Recommander (à qqn) de" : "Dame, je vueil Que li juges soit fais tout a vo vueil." - "Mais au vostre, biau sire, et si conseil Qu'il ne soit fais fors par vostre conseil, Car vous l'avez Premiers requis ; pour ce dire devez". (MACH., J. R. Beh., c.1340, 101). Si que je vous lo et conseil Que plus ne parlez sans conseil ; Car vous estes trop juenes homs Pour dire si faites raisons. (MACH., J. R. Nav., 1349, 245). Mais se ti anemi d'acort Sont d'eaus retraire, bien m'acort, Euls retrais, que hardiement Tu traites bien et sagement. Se ton bon y vois, si le pren. Mais je te conseil et t'apren Que, comment que li traitiez prengne, Que ton fait a l'onneur se teigne, Qu'onneur crie partout et vuet : "Fai que dois, aveigne que puet". (MACH., C. ami, 1357, 115). Or ça je conseil Qu'alons diner, se le greez, La derriéres. (Mir. st Sev., 1362, 201). Si que, sire, je vous conseil, Que vous usez de mon conseil Et que faciez vos voiles tendre Droit vers la cité d'Alixandre... (MACH., P. Alex., p.1369, 62). Et, sire, se Dieux me doint joie, Pour le milleur conseilleroie Qu'à la porte vous treïssiez, Et vos gens y amenissiez. (MACH., P. Alex., p.1369, 87). Et quant li princes l'entendi, Tout en l'eure, li respondi : "Je loe et conseil qu'on li mande Que son armée contremande, Et que li Turq sont desconfit à s'onneur et à son profit." (MACH., P. Alex., p.1369, 170). Je vous conseille que vous faciez bonne diligence de ce que dit est, pour ce que je vouldroye vostre bien et vostre honneur. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 524). ...comme lui qui parle (...) ot dit qu'il n'avoit oncques eu tonseure ne porté icelle, l'un d'iceulx compaignons (...) lui dist et conseilla que il feist faire sa tonsure, et qu'il la povoit bien prendre sanz prejudice, pour ce qu'il avoit esté à l'escole, et que quant il en estoit partiz, il savoit assez lire et cognoistre ses lettres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 104). Lors vint uns homs que vostre pere n'avoit oncques mais veu, ce disoit il, qui lui conseilla que, le derrenier jour d'aoust, meist XXX. pieces d'argent, dont chascune vaulzist IIIJ. deniers, en une bourse (ARRAS, c.1392-1393, 296). Sur quoy fu conclud de conseillier au Roy que, pour pourveoir aux griefs et abus declarez en ladicte cedule, il estoit besoing de garder et faire garder les ordonnances royaulx touchans les libertés de l'eglise de France (FAUQ., II, 1421-1430, 148). ...luy conseillerent qu'il baillast la dicte femme, s'il estoit sage, aultrement luy tolliroient par force (C.N.N., c.1456-1467, 550). ...et puis voult, conseilla et ordonna que le roy yroit et acompagneroit ledit de Bourgongne jusques en la cité du Liege (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 227). Par ainsi, Centurion, vous conseilhe, Pour cognoistre ceste merveilhe, Que vous et voz gens y aliés, Et sans bouger y demeuriés Juc que trois jours seront passés. (Pass. Auv., 1477, 275). L'ESCUMEUR DE LATIN. Je conseille [,] moy [,] qu'on les farce. (Copp. lard., a.1488, 173). Et le mena le cardinal Balue devers le duc de Bourgoigne, auquel cardinal le roy avoit plus de fiance que en nul de son sang, et conseilla au roy, contre rayson et equité, qu'il debvroit aller jusques à la cité du Liege avec ledit duc, pour veoir destruire les Liegois : ce qui fut fait. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 214).

 

-

Conseiller (à qqn) à / de + inf. : Mais li roys ne li demandoit, N'à nulle riens tant ne tendoit Fors qu'elle nommast la personne Qui li conseille d'estre nonne. Et la dame li respondoit, Endementiers qu'on l'estendoit : "Sire, vous estes mes drois sires, Faire me poez tous martyres, Crucefier, morir ou vivre..." (MACH., P. Alex., p.1369, 261). Lequel Durant, quant il lui conseilla à prendre ycelle couronne, lui promist que s'il le vouloit suir, qu'il le feroit riches homs, et qu'il yroyent gaigner ensemble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 95). ...et me conseilliez De present a moy marïer. (Gris., 1395, 13). ...[Ovide admonestait les faux amants] qui se vantent d'elles [des dames] quant ils ont trouvé aucune courtoisie, et leur conseille a celer leur fait (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 716). Cesar disoit que on devoit contre son anemy user du conseil duquel les medicins conseillent a user contre les maladies du corps, c'est assavoir de fain ainchoiz que de fer. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 61). ...ledit Regnault avoit fait plusieurs voyages pardevers divers seigneurs de ce royaume et conseillé de faire plusieurs traictiez et porté plusieurs seellez contre et ou prejudice du roy, dudit royaume et de la chose publique (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 348). ...mais plusieurs notables chevaliers estans à l'entour de sa personne luy conseilloierent de n'y point couchier par plusieurs grandes demonstrances qui luy firent... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 198).

 

.

Conseiller (à qqn) + inf. : Mais Nonchaloir, mon medicin, M'est venu le pouse taster, Qui m'a conseillié reposer Et rendormir sur mon coussin. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 292). ...je vous conseille estre armé le plus legier que vous pourrez (BUEIL, II, 1461-1466, 102). ...et leur conseilla se rebeller contre Florentins (COMM., III, 1495-1498, 57).

 

.

Conseiller qqc. (à qqn) + prop. inf. : Cest advis descouvrit a sa dame pour en avoir son oppinion, qui luy ["le lui"] conseilla souverainement estre propice et tres [bonne] pour mener a fin leurs amoureuses intencions. (C.N.N., c.1456-1467, 439).

 

-

Conseiller (à qqn) + interr. indir. "Donner à qqn un conseil indiquant comment / ce que..." : Si comme le medicin conseille se il guerira l'empostume par evacuacion ou par incision, et se il eslit par evacuacion et par prendre medicine, il conseille quelle medicine et en quelle quantité et a quelle heure et comment et de toutes circonstances et moiens qui font a son entencion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 192). Seigneurs, conseiller me devez Que j'en feray. (Mir. Berthe, c.1373, 217). Quant Claudius ot leu ces lettres, veu et sceu la force de Hasdrubal, son intencion et le chemin la ou ilz devoient assembler et tout ce qu'ilz devoient faire, tantost il envoya les lettres a Romme, et que on luy conseillast comment il se devoit maintenir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 42).

 

-

Empl. abs. Conseiller à qqn : ...et lors vous (...) demanderez au jeusne conte un don pour tout le salaire du service que vous feistes oncques a son pere ; et lui dictes bien que vous ne lui demanderez chastel ne ville, ne forteresse, ne chose qui guerres lui couste. Et je scay bien qu'il le vous accordera, car les barons lui conseilleront. (ARRAS, c.1392-1393, 31). Le dyable luy conseilhe ["c'est le diable qui l'inspire"] (...). Adont at le roy parleit, qui [cui "à qui" ; ou "que" ?] le dyable conseilhe (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 210). ...et que de conseiller à ung si saige roy et qui avoit si bon conseil, ce seroit trop grant presumption à eulx (COMM., III, 1495-1498, 28).

 

3.

[Avec une valeur d'incitation] "Inciter qqn à qqc."

 

a)

[D'une pers.] Conseiller qqn (de) + inf. "Inciter qqn à" : Ire esmeult riotes et noises et cris, et Luxure conseille blandir, flater et decepvoir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 88). ...les Cartegeniens furent conseilliez par Hanibal meismes de requerre paix... (LA SALE, Sale D., 1451, 107). Si fut conseillé de la faire citer par devant monseigneur de Cambray (C.N.N., c.1456-1467, 342).

 

-

Se laisser conseiller. "Se laisser inciter (au péché), se laisser faire" : ...car elle ne toutes celles qui vivent n'ont tant de bien en elles qu'elles ne se laissassant conseillier s'elles estoient aucunement requises [au péché] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 345).

 

b)

[D'une pers. ou d'une chose] Conseiller qqc. (à qqn). "Inciter (qqn) à qqc." : ...aucun des accidens si octroye et conseut tel purgacion (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 248). ...qui auroit consideracion quelz dommages et inconveniens sont avenuz ou temps passé par le fait de telles manieres de gens qui ont aydié, conseillié et conduit pluiseurs entreprinses contre lesdictes libertés en ce royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 267). Et ces deux occasions me conseillent et louent que je face de Gadiffer mon filz roy d'Escoce en mon lieu. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 583). "Ma dame," dist il, "Dieu et honneur le me ont conseillié." (LA SALE, J.S., 1456, 87).

B. -

P. méton.

 

1.

Conseiller qqn. "Aider qqn ; porter secours, assistance à qqn" : Je sui li confors des amans Qui font les amoureus commans ; Je les aide ; je les conseil ; Je sui de leur estroit conseil (MACH., R. Fort., c.1341, 78). Et pour ce vous vueil je rouver, Dame, que vous me consilliez, Ou perdus suis et essilliez (MACH., R. Fort., c.1341, 115). Et quanqu'on scet dedens nommer, Tout ce qui est, fu et sera, Fist tout, et tout ce deffera A un terme qu'il y a mis, N'oublie onques ses bons amis, Eins les conseille et les conforte Et joie en misere leur porte Par mainte diverse maniere, Et s'aimme d'amour si entiere Qu'onques a confort ne failli Qui donna tout son cuer a li. (MACH., C. ami, 1357, 3). Si que tu dois bien penre garde Comment Dieus ceuls et celles garde Qu'il vuet consillier et garder... (MACH., C. ami, 1357, 56). ...sa dite marrine dist à icelle voix que après sa mort elle lui donnoit son arme et un des dois de sa main, ne scet lequel. Et après icelli dom fait par saditte marrine à icelle voix, icelle sa marrine pria et requist par moult de fois et très-instanment celle voix à qui elle parloit, que à elle qui parle, sa filleule, il voulsist estre en ayde, et la conseillier et conforter de tout son povoir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 291). Onques oyseuse N'est [Griseldis] d'ouvrer vertüeusement, Puis pense du gouvernement De l'ostel, puis est ses mestiers D'accorder les familïers Du marquis s ilz se sont mellez, Puis conseille les desolez, Et les desconfortez conforte. (Gris., 1395, 48). Nous la venu, je suppose que nous serons adrechié, conforté et consillié de tout ce qu'il nous besongne. (FROISS., Chron. D., p.1400, 56). Vous jurez (...) que bien et loyaument conseillerés le Roy nostre Sire ou cas present de ceste election (BAYE, II, 1411-1417, 129). Grandement me sens conforté et proufitablement conseillé par ta presence et belles probations speculatives (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 133). Aincoires s'il trouvoit dame, damoiselle ne aucun chevalier qui eust mestier d'aide, il les doit conseillier ou secourir de son corps par bataille (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 411).

 

-

Conseiller qqn à + inf. "Aider qqn à" : Comment Nature, volant orendroit plus que onques mais reveler et faire essaucier les biens et honneurs qui sont en Amours, vient a Guillaume de Machaut et li ordonne et encharge a faire seur ce nouviaus dis amoureus, et li baille pour lui conseillier et aidier a ce faire trois de ses enfans, c'est assavoir Scens, Retorique et Musique. (MACH., Prol., c.1377, 1). Vuet que j'aie bonne Esperance, Dous Penser et douce Plaisance En faisant son trés dous service Bonnement, sans penser a vice, Et leur commande travillier Pour moy aidier et consillier A faire dis et chansonnettes Pleinnes d'onneur et d'amourettes, Doubles hoquès et plaisans lais... (MACH., Prol., c.1377, 6).

 

-

Conseiller qqn de qqc. "Aider qqn à propos de qqc." : Si prions Dieu par sa bonté Qu'il nous en vueille conseillier. (Mir. enf. diable, c.1339, 15).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui porte assistance" : ...ycellui Danet lui dist que s'il avoit esté present, conseillant ou aydant audit murtre fere, qu'il s'en alast et gardast bien qu'il ne feust prins (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 408). ...[il] afferma icelles larrecins avoir faites et commises seul (...) en desaccusant et descoulpant du tout et à plain ledit Perrin Lalement prisonnier cy-dessus par lui accusé, lequel aucunement n'en est saichant, participant, conseillant, confortant ou aydant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 421).

 

-

[De Dieu] "Guider qqn" : ...Emanuel Conseillé par le Saint Esp(e)rit (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 38). Et quant le duc de Bourgoigne le vit, il luy demanda où estoit le conte de Dampmartin ; et ledit Voyau lui respondit qu'il l'avoit laissé à Saint-Fergeau deliberé de s'en aller à son adventure là où Dieu le conseilleroit, et qu'il estoit tant pensif et courroucé que plus ne povoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 153).

 

.

[Dans un tour optatif] : ...Saudoines et Marbruns, cui Jhesucrist consaut (Bât. Bouillon C., c.1350, 98). Sur quoy nous conseil Dieux ly peres ! (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 54).

 

.

Se Dieus me consaut. "Que Dieu me guide, me protège" : Si regarday que ce seroit Et ce que li lions feroit, Car il fist, se Dieus me consaut, Entour moy maint tour et maint saut, Et longuement me conjoy, Dont mes cuers moult se resjoy. (MACH., D. Lyon, 1342, 171).

 

-

Inf. subst. "Aide apportée à qqn" : Et encores ce parfait amoreux, a tous ceulz qui bien lui ont fait ou feroient, fust en conseillier, en chastoy, ou en dons, il ensuit tous les jours le dit de Aristote... (LA SALE, J.S., 1456, 34).

 

2.

Conseiller qqc. (à qqn). "Dire, confier qqc. à qqn en secret, chuchoter qqc. à qqn" : Lors li conseilla en l'oreille Ce qu'elle volt, secretement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 219).

 

-

Empl. abs. "Parler à voix basse, en secret, confidentiellement ; chuchoter" : Mais di moy, quant tu la preïs, Sous quel arbre tu les veïs Parler ensamble et consillier. (MACH., C. ami, 1357, 13). Et elles (...) Consellent si bas que ne l'oë : ... (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 76). ...et mult souvent conseilhoit au roy ["lui parlait en particulier"], maiz je ne sçay de quoy. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 29). ...en l'ombre du pillier, Ainsi que je entroye a l'esglise, Viz ja pieça ung droit millier De femmes rire et conseillier, Qui la bavoient bien a leur guise. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 31). Trop conseiller a part entre homme et femme Presens plusieurs peut tourner a diffame. (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 323).

C. -

"Prendre conseil (auprès de qqn)"

 

1.

[Synon. rare de se conseiller à qqn, v. infra I C 2] Conseiller (qqn). "Prendre des conseils (auprès de qqn), consulter qqn" : Or a trouvé, s'il vous plaist, consillier Bon et loial ; laissiez le consillier ; Si ferez bien. Car il est pris en si estroit lïen Qu'il n'i scet tour d'eschaper, ne engien [ou empl. factitif ("se faire donner des conseils" ?)]. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 129). Amours scet bien comment elle me lace, S'aroie bien mestier de consillier. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 61). Belzebuch, le dieu Acharon, Fit conseillier par maint baron Pour savoir se il gariroit, Ou comment le besoingne yroit. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 28). Et damp Appolin conseilla, Qui se dur reponx a donné, Que ["à savoir que"]... (Moralité cincq pers. B., 1484, 84).

 

2.

Empl. pronom. Se conseiller (à qqn / à son conseil). "Prendre conseil (auprès de qqn), consulter qqn, demander son avis à qqn sur ce que l'on doit faire ou ne pas faire, solliciter son aide"

 

a)

Se conseiller à qqn / à son conseil : Conseile toy a homme sage (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 15). Je ne me puis miex conseillier Qu'au conseil d'un tel conseillier, Puis qu'il het du monde l'atour. (Mir. parr., 1356, 6). A vous deux conseillier me vueil Conme a mes amis. (Mir. st Sev., 1362, 191). ...Car j'ai mestier de ton conseil ; Et pour ce a toi seul me conseil ! (MACH., Voir, 1364, 488). Aler volez vers l'empereur, Qui est mon oncle et mon signeur ; Et je vous feray compaingnie, Car là sans moy n'irez vous mie ; Si useray de son conseil, Qu'à li volentiers me conseil. (MACH., P. Alex., p.1369, 30). Et, pour ce, est il escript (...) que l'en doit mettre a mort ceulx qui se conseillent aux dyvins ne aux phytons ne aux Anemis aussi. (Songe verg. S., t.1, 1378, 376). Un seigneur de devoste guise Voy la. Il fault que m'y conseille. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 21). A mon fil me conseilleray Et selon ce qu'il me dira, J'iray, s'il me dit qu'il ira. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 6). ...les Romains se conseillèrent à leurs dieux et leur en firent sacrifices (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 117). ...il s'en alla conseillier au dieu Appollo, duquel il eut en respons que... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 160).

 

-

Se conseiller avec qqn : ...et a dissimulé que il se conseilleroit avecquez lui. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 41.6, 70). Le prince me respondit que feüsse le très bien venu et que brief me feroit responce et qu'il se conseilleroit avecques son senat. (COMM., III, 1495-1498, 247).

 

-

Se conseiller (à qqn) de qqc. "Prendre conseil (auprès de qqn) au sujet de qqc., en discuter" : Berinus s'en conseilla a sa gent, qui moult lui louerent le marchié pour l'empeschement ou il estoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 47). Or regardons que nous ferons, Et se nous les assauterons ; Car hontes seroit de partir Sans eaus penre, ou sans assaillir : Et pour ce à vous tous m'en conseil. Or me donnez vostre conseil Si bon, que Dieux y ait honnour Et nous n'i aiens deshonnour. (MACH., P. Alex., p.1369, 80). ...et ne savoit lequel faire que de retourner devers le roy ou du demourer, et s'en conseilla à ses chevaliers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 66). Si vous en conseillez presentement a elles [vos parentes], et aprez leur conseil si en faictes ou plus ou moins selon vostre vouloir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 2). De ceste chose se conseille Et prie moult chacun qu'il vueille Dire ce qu'en est mieulx a faire (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 60). Et quant vint que la fin de ses XXX jours fust venue pour prendre congié, car il ne veoit chose qui ne lui fust desplaisante, sy s'en conseilla a son escuier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 98). ...et (...) se vinrent conseiller à luy de son plaisir et de ses affaires (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 68).

 

-

Se conseiller à Dieu. "Se confier à Dieu" : Et au soir, quant elle [Griseldis] revient, Ainsi comme il appartient A son povre pere et a lui, Au mieux que puet et sanz enuy Leur petite vie appareille, Car je croy qu'a Dieu se conseille. (Gris., 1395, 29).

 

b)

Se conseiller à soi-mesme. "Trouver en soi-même la bonne ligne de conduite, ce qu'il faut faire" : Quant j'ay mestier d'aucun conseil, A moy meïsmes me conseil ; Ne jamais n'iray pain querant, Quant je sui fils au Roy Priant, Einsois aray toudis assez. (MACH., F. am., c.1361, 219).

 

-

Se conseiller de / par qqn / de / par soi-mesme : ...je me conseilleray, ou de moy ou des miens, tellement que à la responce vous vous contenterez de moy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 15). Pour ce .VI. jours pran de delay De respondre, et si escripray Ces choses a ung vray ami, Et me conseilleray par mi Et aultres pendent la journée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 20).

 

c)

Se conseiller. "Prendre conseil et/ou essayer de trouver en soi-même ce qu'il faut faire, en y réfléchissant" : Qui se conseille et ne dit voir Riens n'esploite, mais se deçoit. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 116). ...je vous prie que vous me faciés oïr les raisons de chascun qui vuelt plaidier vers moy, et puis je me conseilleray et feray respondre pour moy (Bérinus, I, c.1350-1370, 81). Vous vous en yrés huy mais et ennuit je me conseilleray que je vouldray faire de ma terre et de mon païs (Bérinus, I, c.1350-1370, 178). Et me remonstrent et enortent Comment je me doi consillier Pour les pensees essillier, Qui nuit et jour me contrarient (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 145). L'autre jour je fis assembler Le plus de conseil que povoye, Et vins, bien au long, raconter Comment deffié me tenoye, Comme par lectres monstreroye De Merencolie et Douleur ; Pourquoy conseiller me vouloye Par les Trois Estas de mon cueur. Mon advocat prist a parler (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 155). Mais dittes moy quelque chose de vostre estat affin que sus ce je me puisse conseillier. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 22). "...et je me conseilleray icy un petit sus vostre demande." Atant le roy Lyonnel se traÿ arriere et le rouyne se conseilla, combien qu'elle avoit ja deliberé ce qu'elle en vouloit faire. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 47). Cestui fut excellant astrologien et congneut son infortune estre entour pescheurs et eut contencion avecque aucuns, qui lui causa la mort et lui conseillant autres, ne se sceut conseiller. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 r°). Le roy voyant du Sainct Pere l'erreur, Il assembla son conseil bel et bien, Et pour ung peu mitiguer sa fureur, Dessus ce cas se conseilla tres bien. Lors fut esleu quatre ou cinq gens de bien De haulte estoffe et de grande noblesse (...) Et pour faire leur grant harangue expresse, Monsieur d'Angiers dit maistre Jehan d'Arly. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 231).

 

-

Se conseiller + interr. indir. : Car li annemy de no loy Sont moult fort, si com dire l'oy, Et tant qu'on ne les puet nombrer, Tant sen sceüst clers encombrer. Si se couvient bien consillier, Ymaginer, penser, veillier Comment ceste chose [la Croisade] se face, Si qu'à s'onneur Dieus la parface (MACH., P. Alex., p.1369, 38). Un jour en la mer s'arresta Li roys, et moult bien s'apresta Et se conseilla qu'il feroit Et comment il descenderoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 213).

II. -

[Correspond à conseil II ("délibération, débat ; décision qui en résulte, décision")]

A. -

Conseiller qqc.

 

1.

"Examiner qqc. (en vue des dispositions à prendre), délibérer sur qqc., réfléchir en commun sur qqc. ; p. ext. réfléchir à qqc." : ...Pour mieux conseillier ce debas, Et sur ce chascun son avis Die... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 504). Six choses sont qui font prince exillier, Perdre s'onneur et haine encourir ; Trop longuement sa guerre conseillier... (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 55). Pour ces jours estoient le roy et les ducs ses oncles et les seigneurs moult enbesoingniet et tous les jours ensamble et en conseil pour pluseurs causes et incidenses qui leur sourdoient à conseillier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 182). Et lequel conseil ["décision à prendre"] fu conseillié, advisé, et prononcé, et executé contre ledit Jehan Binet, prisonnier, dessus nommé, l'an mil CCCIIIJxx et onze, le mercredi Ve jour de juillet. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 155). Dont fu dit as Escoçois que il se traissent arriere, et on conselleroit lor parole, et puis averoient response. (FROISS., Chron. D., p.1400, 213). Ce jour, fut conseillé un arrest sur un cas de faulseté, dont le registre fut fait par maistre J. de Cessieres, graphier criminel (BAYE, I, 1400-1410, 22). Cedit jour, a vaqué la Court audit Conseil à visiter, lire et conseiller les remedes articulez sur les defaus de la justice de ce royaume (BAYE, I, 1400-1410, 144). La Court s'est levée des Plaidoieries pour conseiller une besoigne pour laquelle monseigneur le Chancellier et pluseurs du Grant Conseil sont venu en la Court (BAYE, II, 1411-1417, 17). Samedi, XVe jour de mars, furent au Conseil les presidens et conseilliers pour conseillier et juger les procès des prisonniers amenez de Meleun ceans (FAUQ., II, 1421-1430, 13). Puis dist le Roy de rechief : "Je les veulx secourir. Ilz sont des meilleurs gens que j'aye ; et pour rien ne les laisseray perdre. Mais je vueil bien conseiller la manière et comment..." (BUEIL, I, 1461-1466, 174). ...je croy leurs affaires plus saigement conseillées que de prince ne communaulté qui soit au monde. (COMM., III, 1495-1498, 29).

 

-

Conseiller ses oeuvres. "Peser ses actes, réfléchir à ce qu'on fait" : L'an quatre cens cinquante six, Je, Françoys Villon, escollier, Considerant, de sens rassis, Le frain aux dens, franc au collier, Qu'on doit ses euvres conseillier, Comme Vegece le racompte, Saige Rommain, grant conseillier, Ou autrement on se mescompte... (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 11).

 

2.

"Décider qqc. (après délibération, après réflexion, en commun ou non)"

 

-

Conseiller que. "Décider que" : ...que il n'y avoit pas cause pour quoy elle deust souffrir mort, mais conseillerent que elle feust tournée ou pillory, et, en oultre, tenue prisonniere au pain et à l'eaue un mois oudit Chastellet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 201).

 

.

Empl. impers. : Là fut conseillié et ordonné, car le duc de Glocestre le vouloit ainsi, que tantost sans delay l'on se meist sus les champs (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 67). Et fu la dit, aresté et consillié que tout se departiroient de Villevort, ou logiet il estoient, et cemineroient oultre et passeroient parmi Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 308).

 

-

[Un jugement, un arrêt, un procès...] "Décider de" : ...fu ledit jugement conseillé contre lui oudit jour de samedi derrenierement passé, dit, proferé et sentencié par ledit mons. le prevost, et condempné à estre pendu comme larron. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 253). Et, ce fait, par ledit mons. le prevost, et en sa presence, lui fu dit, jugié et prononcié la sentence ou jour d'ier contre lui conseillée. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 100). ...et aussi ne s'entremetteront aucunement de l'exercite et jurisdiction d'icelle loy, ne des jugemens qui se doivent faire par lesdiz eschevins et conseilliers, ne estre presens en la chambre desdiz eschevins quant ilz conseilleront ou jugeront les procès pendant devant eulx (Doc. 1453. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 96).

 

-

Empl. abs. "Décider" : ...mais celui qui est injuste, il delibere et conseille devant et demeure et persevere en son mauvais conseil. (ORESME, E.A.C., c.1370, 398). Quant aux mines, par les mineurs vous y pourrez conseiller. (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

B. -

Empl. pronom. Se conseiller

 

1.

[De plusieurs pers.] "Délibérer ensemble, se concerter (en vue d'une décision)" : "...Or prendeiz bon conseil." Atant les laisat conseillier. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 80). Qant il ot parlé, on les fist issir de la cambre, pour euls consillier et faire response. (FROISS., Chron. D., p.1400, 204). Si se consellierent a grant loisir, et qant il furent tout consilliet, il respondirent et dissent : ... (FROISS., Chron. D., p.1400, 339). ...elles se conseillerent et dirent qu[e]... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 142). Adont se conseillerent ensamble le roy et Pernehan a telle fin qu'ilz assigneroient journee de couronnement (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 311). ...il leur demanda que eulx tous ensemble se conseillassent et lui deïssent qui... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 199).

 

-

Se conseiller + interr. indir. : ...il nous convient briément Conseillier l'un l'autre conment Nous le ferons. (Mir. ste Bauth., c.1376, 124).

 

2.

[D'une pers.]

 

a)

"Se décider, se déterminer" : Si vous pri que, dès maintenant, Vous m'en aidiez a conseillier (Mir. st J. Cris., c.1344, 260). Et fin de compte, de vous ne de vostre fait je ne me sçay que conseillier, sy non d'attendre la grace et mercy du Dieu Souverain. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 152). ...il n'y avoit sy sage d'entre eulx tous qui se sceut comment conseillier ne par quel maniere. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 199).

 

-

Se conseiller à / de + inf. "Pencher à, se trouver incité à" : Ne sai se je dor ou veil Quant son riant oeil, Son gent corps qui n'a pareil Et son doulz accueil Voi et son cointe appareil Simple, sans orgueil Et son vis blanc et vermeil Plus que fueille en brueil, A qui ["par quoi"] d'amer me conseil Dont maint plaisant mal recueil. (MACH., Voir, 1364, 390). Et, tout ainsi comme tel vicieux homme que on juge en ce monde caut et subtil se conseille a soy meïsmes a faire maises oeuvres, pareillement, il le conseille a aultruy. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 151).

 

-

Se conseiller que : Or se conseillent entre eulx deux, Qu'a qui qu'il soit ou joye ou deulz Ce qu'ilz diront sera tenu (Mir. ev. arced., c.1341, 124).

 

-

Part. passé "Se trouver incité à, se décider à" : ...se fut ly damme teilement conselhie que, malgreit son peire, freire et amis, et ultre la defense do conte de Namur maintenant vivant et de monssaingnor Johan de Namur, son freire, elle prist et despoizat ly dis Biertrans delle Boverie, et en at des hoirs (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 207).

 

-

Prov. : ...le proverbe dist que qui soeul se conseille, souvent soeul se repent (LA SALE, Sale D., 1451, 27).

 

b)

"Réfléchir" : Aucuns exemples l'en voel faire, A fin que sus il se conselle (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 195). Maleureux, conseille toy. Destruire ainsi pas ne te laisses. (Mir. st Ign., 1366, 98). C'est la voie par laquelle vous poés venir a vostre entente : nous n'i veons aultre. Si vous consilliés, sire rois, et nous en faites response. (FROISS., Chron. D., p.1400, 340).

C. -

Empl. abs. "Délibérer, examiner les dispositions à prendre, tenir conseil" : Tantost fist son conseil mander Pour savoir et pour demander Comment il se doit maintenir, Puis qu'il ne puet à pais venir. Si que longuement consilla, Et trouvé en son conseil a Qu'il face une très grosse armée, Et qu'il mande par la contrée Ses subgés et ses bons amis Pour destruire ses anemis. (MACH., P. Alex., p.1369, 129). Sire, il est tard ; si n'est pas heure De conseillier (MACH., P. Alex., p.1369, 148). Et einsi comme il conseilloient En une chambre où il estoient, Il oïrent une grant noise (MACH., P. Alex., p.1369, 150). ...car se la Court emploie aucuns jours de Plaidoiries à conseiller et juger ladicte epistle, en pourra repranre autant des jours ordonnez à conseiller (BAYE, I, 1400-1410, 164).

 

-

Conseiller de / sur qqc. "Délibérer au sujet de qqc." : Sire, il est tard ; si n'est pas heure De conseillier, à dire voir, N'encor ne poons nous savoir Leurs alées ne leurs venues, Leurs entrées ne leurs issues, Si que demain nous les sarons Et seur ce nous conseillerons. (MACH., P. Alex., p.1369, 148). Item, les operacions de quoi l'en conseille sont pour la grace d'autres choses et sont pour les fins (ORESME, E.A., c.1370, 192). ...Pour conseiller sur ceste affaire Et veoir qu'avons a besongner. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 338).

 

.

Empl. impers. Il est conseillé sur. "On délibère, on tient conseil sur" : ...et a esté conseillé sur ce que maistre J. de Vitry, conseiller ceans et maistre des Requestes de l'Ostel de monseigneur le Daulphin (...) requeroit l'advis de la Court et du Conseil ["On délibère sur le point sur lequel maître J. de V. demandait l'avis de la Cour"] (FAUQ., I, 1417-1420, 26).

 

-

"Réfléchir, peser les choses" : Dit Saluste que on doibt longuement conseiller et tost exequuter. (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1164). L'entendement que Dieu a donné a homme pour bien jugier, conseillir, eslire le bien, fuir le mal... (PIGNON, Commenc. seigneurie V., c.1428-1432, 157).

 

.

Conseiller + prop. interr. indir. "Réfléchir pour savoir si" : Si comme le medicin conseille se il guerira l'empostume par evacuacion ou par incision, et se il eslit par evacuacion et par prendre medicine, il conseille quelle medicine et en quelle quantité et a quelle heure et comment et de toutes circonstances et moiens qui font a son entencion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 192).

D. -

Part. passé

 

1.

Estre conseillé à / de / en / sur qqc. "Être décidé à qqc. (après délibération, après réflexion...), avoir envie de" : Bien me plaist (...) ; Mais qu'il plaise a vo mere, quelle en soit conseillie ["qu'elle y soit elle aussi déterminée"] (Bât. Bouillon C., c.1350, 210). ...mais brief conseillié sur cecy, envoia un escuier (..) devers le roy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 11). Sy fut tantost conseillé en ce qu'il en feroit, et n'y délibéra guères longuement dessus (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 394). Nous ne plainderons point langaige, S'a cela estes conseilliés. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 65).

 

-

Estre conseillé (que) de + inf. "Avoir décidé de, être prêt à" : ...et les autres furent tost conseillié(r)s de faire leur response (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 131). Et si fui moult tost consilliés De regarder se... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 75). ...finablement li rois d'Engleterre, par l'avis de ses previleges asquels il ajoustoit grant foi, fu consilliés de escrire ensi lettres patentes seelees de son grant seel, en recongnissant l'onmage tel que il le doit et devoit adont faire au roi de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 191). Li contes de Hainnau fu consilliés que d'aler en Engleterre et remonstrer au roi son serouge ses besongnes (FROISS., Chron. D., p.1400, 362). Et ce fut la chose qui plus espoventa les deux Allemans dessusdiz, et aussy pour ce que le prebstre ne vault oncques aller plus avant. Et tellement eurent paour que tel foiz fut qu'ilz estoient conseilliez de retourner. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 87). ...tailliez D'estre prestement conseilliez De festoyer gens haultement (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 194). Et lors Loys l'annee d'aprés passa en Angleterre et fit aulcunes conquestes de places et en assiegea aulcunes, mais son pere ne luy osoit ayder, et si eult aulcunes fortunes contraires ; et fut conseillié de s'en retourner et de fait le fit, et emporta XVm marcz d'argent (JUV. URS., T. crest., c.1446, 144). Elle dist ung jour a son curé, qui chaudement poursuyvoit sa besogne, qu'elle n'estoit pas conseillée de faire ce qu'il requeroit (C.N.N., c.1456-1467, 293). ...le roy n'a pas esté, ne n'est conseillé de les lui octroier (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 166).

 

2.

(Estre) conseillé. "(Être) déterminé, décidé, résolu" : Et tuit li autres ensement De la tour aval avalerent, Et puis sus leurs chevaus monterent, Bien armé et bien abillié, Et de leur fait bien consillié. (MACH., P. Alex., p.1369, 97). Maiz temprement fut Charlez aultrement conseilhiéz ["il changea d'idée"], car il luy sont venus nouvellez que... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 183). Toutes ces paroles furent sceues en la garnison de Hainbon et dittes et comptees a messire Gautier de Manni, qui tantos sus heure fu consilliés et dist a ses compagnons : "Biau signeur, il nous fault rescourre les deus chevaliers..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 552).

 

-

"(Être) bien au fait, bien décidé" : Un jour en la mer s'arresta Li roys, et moult bien s'apresta Et se conseilla qu'il feroit Et comment il descenderoit. Et quant il fu bien consilliez, Bien aprestés, bien abilliez, Il fist nagier tout droit au port, Et là se combati si fort, Que maugré tous est descendus. (MACH., P. Alex., p.1369, 213). Si se consellierent a grant loisir, et qant il furent tout consilliet, il respondirent et dissent : ... (FROISS., Chron. D., p.1400, 339).

 

3.

Bien / mal conseillé

 

-

(Bien) conseillé

 

.

"Bien inspiré" : ...li signeur de France ne furent pas bien consellié qant il sentoient que elle estoit hors, et il ne missent enbusques sur li, dont depuis il s'en repentirent (FROISS., Chron. D., p.1400, 518).

 

.

"Réfléchi, avisé" : ...je suis roy sans seigneur terrien et dieu sans recognoissance du Souverain Dieu, comme celui qui puis garir et saner tous mes subgés et les mettre en ce saint paradis sans souffrir aucune paine a la mort. Et lors je vous advertis que vous fussiez conseilliez de moy aourer comme dieu. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 94). Il n'est engendrement qu'en boing (...) Ne clemence que felonnie N'asseurence que de peureux Ne foy que d'homme qui regnye Ne bien conseillé qu'amoureux. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 56).

 

-

Mal conseillé. "Mal inspiré, qui a pris le mauvais parti" : ...a l'ayde de Dieu, nous yrons secourir la pucelle que le roy d'Ausay veult avoir par force, dont il me semble mal conseilliez, car quant on les a par leur bon gré et accort en mariage, si y a il a la foiz grant riote. (ARRAS, c.1392-1393, 150). Trahitrez, tu fus mal conseilhiéz, quant au levrier, mon champion, veneiz tellement : vous en moreiz ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 133). Et aussi li contes de Hainnau est trop mal consilliés, qui suesfre a aler et venir les Englois en son pais (FROISS., Chron. D., p.1400, 267). ...l'amour d'entre eulx deux a ceste occasion en fut redoublée, qui entre aucuns mal conseillez eust engendré discord et mortelle hayne. (C.N.N., c.1456-1467, 214). Le daulphin, mal conseillié, fist ung legier sault en la cuidant prendre [l'anguille], mais elle, glueuse et terrestre, se mucha dedens la fange et le dauphin, comme pasmé, demoura au sec dessus la terre. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 143).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/23 
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     CONSEILLERESSE     
*FEW II-2 consiliare
CONSEILLERESSE, subst. fém.
[GDC : conseilleor (conseilleresse) ; *FEW II-2, 1070a : consiliare]

A. -

[Fém. de conseilleur] "Celle qui donne un conseil" : Venus, qui estoit la conseilleresse de l'ostel... (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 130). Auricularia (...) : conseilleresse secrete (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 37). Dame mere, conseilleresse Me soiiés selonc la raison (Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 207).

 

-

[Dans un cont. allég.] : Elle veist bien Verité, la loyale et feable conseilleresse, mais n'en tenoit gueres de compte, ainsoys se moquoit d'elle (GERS., Noël, p.1404, 305). Elle parfaisoit tout le mal que dissimulacion n'avoit peu acomplir, et empeschoit tout le bien que Verité, la bonne conseilleresse, avoit conseillé et ordonné (GERS., Noël, p.1404, 307).

B. -

En partic. "Entremetteuse" : De ceste maniere d'amour deshonneste sont les vieillettes moienneresses et conseilleresses, ausquelles affiert justement che qui est dit en Johel ou .IIIe. chapitre : "Elles ont mis l'enfant ou bourdeau et la pucelle ont vendu pour vin, affin que eussent a boire." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 390).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/23 
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     CONSEILLEUR     
FEW II-2 consiliare
CONSEILLEUR, subst. masc.
[T-L : conseillëor ; GD : conseilleur ; GDC : conseilleor ; FEW II-2, 1070a : consiliare ; TLF : V, 1379b : conseilleur]

A. -

"Celui qui conseille" : ...le traÿtre conseillier [var. conseilleur] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 211). Quant le conseil de Bonne Amour Senti, je ne fis pas demour, Mais au gré de mon consilleur Pris de deus voies la milleur... (MACH., D. Aler., a.1349, 343). Ce seigneur je nomme et appelle Nostre Dieu qu'est filz de pucelle Et conseilleur de grant mervoille, Prince de paix quil n'a pareille, Pere du siecle advenir [Réf. à Is. 9, 5]. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 45).

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Bon conseilleur. "Celui qui donne de bons conseils" : Vous avez l'art de rethorique Et savez toute la praticque Que doit avoir bon orateur ; Et comme ung tres bon conseilleur, Je me tiens de vostre partye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 892).

 

-

Mauvais conseilleur. "Celui qui donne de mauvais conseils" : ...me conseilles mallement ...celuy qui fit cest jour ...tresmauvais conseilleur. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 204).

B. -

"Membre d'un conseil (administratif, politique ou judiciaire) ; officier appelé à donner des avis à un personnage de haut rang" : Ostes li empererez (...) A grant fianche en vous et moult grant amisté, Et vous estes du tout si conssilleur privé (Flor. Rome W., c.1330-1400, 146). Et fu donné encores et la presentement, a Phelippes de Castiaus, son mestre esquier et souverain consilleur, .C. livres a l'estrelin de revenue par an (FROISS., Chron. D., p.1400, 105). Et pour ce, encores à parler des faulx menistres et desloyaulx conseilleurs, quant de telz en a environ grant seigneur ou puissant homme, ou monde n'est plus grant peril, voire, quant ilz le sentent enclin ou condicionnéz à croirre et adjouster foy à leurs faulx consaulx comme orreur ne soit qu'en teste ne lui mectent. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 79). Car doubte de desplaisir des personnes ne doit pas empescher les choses proufitables aux communitez et aux seigneuries, et qui donne conseil a l'appetit, non pas a la raison, son oppinion n'est pas conseil mais flaterie. Si dy que en la loiaulté des conseilleurs gist la sceurté du prince et le salut de la chose publique et la devons cerchier le fons de toutes noz difficultez et la solution de noz debas. (CHART., Q. inv., 1422, 64). L'empereur Dyoclecïen Et som concellieur Maximiien Fyrent publïer grans esdis Que tous crestïens fussent pris Et mis a mort vileynement. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 10).

C. -

[Antiquité romaine] "Principal magistrat de Rome" : "Oste, dist elle, la destinee neccessité"; car, "se fortune veult, elle fera du retheur conseilleur [trad. lat. consul] et, se elle meismes veult, elle fera du conseilleur [trad. lat. consul] retheur" (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 294). Les conseilleurs [trad. lat. consul] de Romme dient et mandent salus a Pirrus le roy (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 328).

 

Rem. FOUL., Policrat. B., V, 1372, gloss.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/23 
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     CONSILIANT     
FEW II-2 consiliare
CONSILIANT, adj.
[FEW II-2, 1070a : consiliare]

"Qui a une fonction de conseil, une fonction consultative" : Et que aucuns conseillent et ordenent de toutes choses, ce est maniere olygarchique. [...] Et list a chescun qui possiet tele honorableté participer en cest princey consilians. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 194).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 11/23 
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     CONSILIATEUR     
*FEW II-2 consiliare
CONSILIATEUR, subst. masc.
[GD : consiliateur ; *FEW II-2, 1070b : consiliare (?)]

"Conseiller"

REM. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), et P. FARGET, Miroir vie humaine (éd. 1482 ; consiliateur) ds GD II, 255a. Sans doute différent de conciliateur (cf. FEW II-2, 1007a : concilium).

V. aussi conciliateur
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/23 
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     CONSILIATIF     
*FEW II-2 consiliare
CONSILIATIF, adj.
[GD : consiliatif ; *FEW II-2, 1070b : consiliare]

A. -

"Propre à conseiller, réfléchi, circonspect" : ...dirons encore d'ycelle selon les termes d'Aristote, qui dit que prudence est es hommes ce qu'ilz deliberent par raison des choses agibles, dont proprement prudence est rigle de conseil ; si que, où est nature consiliative, proprement est prudence, car il convient que quiconques conseille, premierement conceve aucune fin, et puis, qu'il enquiere les choses duisans à celle fin, c'est assavoir, en conferent entre elles, lesquelles sont celles qui valent mieulx ou pis, et ainsi toute poissance consiliative est prudence, car, comme nulle poissance proprement ne confere senon raison, pour ce conseillier, proprement affiert à raison, et prudence, qui regule conseil, n'est ou monde ça jus proprement que es hommes (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 167-168).

B. -

"De conseil, consultatif"

 

1.

[D'une pers.] "Qui a une fonction de conseil, une fonction consultative" : ...car nous disons celui estre citoien d'aucune cité qui a posté de communiquer en princey consiliatif ou judicatif en celle cité. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 116). Ce est assavoir des princeys consiliatis et des electifs et des pretores, et de telz membres principalz des policies - comment eulz pevent estre combinees ensemble. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 256).

 

2.

[D'une chose] "Qui relève de la fonction de conseil" : Ou .XIXe. chapitre il determine d'une partie de policie appellee consiliative. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 193).

 

-

Empl. subst. fém. "Fonction de conseil" : Et premierement, quant a ce qui touche la vertu intellective principal en pratique, ce est assavoir prudence, de laquelle consiliative ou conselier est une partie, si comme il appert en le .XIe. chapitre du sixte d'Ethiques. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 73).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/23 
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     CONSILIATION     
*FEW II-2 consiliare
CONSILIATION, subst. fém.
[*FEW II-2, 1070b : consiliare]

"Débat" : Item, il avient aucunes fois que la consiliacion ou consultacion dure trop lonctemps, et aucune fois que elle dure trop peu. (ORESME, E.A., c.1370, 350). ...car en chascun est la consiliacion qui enquiert par raison de ce que est a faire (ORESME, E.A.C., c.1370, 345).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 14/23 
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     DÉCONSEILLER     
FEW II-2 1070b consiliare
DESCONSEILLER, verbe
[T-L : desconseillier ; GD : desconseillier ; GDC : desconseillier ; AND : descunseillier ; DÉCT : desconseillier ; FEW II-2, 1070b : consiliare ; TLF : VI, 860b : déconseiller]

I. -

"Conseiller de ne pas, amener qqn à renoncer à qqc., déconseiller"

 

-

Desconseiller qqc. (à qqn) : Je ne sui pas alés a Saint Quentin (...) pour aucuns ennemis qui sont en Biauvesis, si le m'a on desconsillié, pour laquele chose je sui demourés. (MACH., Voir, 1364, 592). Tout estoient en celle volenté, quant un nuit li contes d'Asquesuffort, qui estoit pour che tamps tous li coers et li consaulx dou roi (...) destourna et desconsilla tout, ne sai mie sur quelle entente. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 272).

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Desconseiller à qqn (à/de) + inf. : Et, se li dus de Lancastre ses cousins que moult amoit et creoit, li euist otant desconsilliet le pais à faire que il li consilloit, il ne s'i fust point acordés. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 4). ...li sires de Cliçon (...) moult desconsilloit au roy (...) aler en Engleterre. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 158). Maistre Michel de Saint Mesmyn, cirurgien moult estymé à Montpelier, vint au service de messire Charles de Blois et, comme prevoïant des choses advenir, desconseilla à son maistre de non soy combattre contre messire Jehan de Montfort, dont il ne fut pas creu. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

 

-

Desconseiller à qqn que : Il s'en consella a auquns de son consel et a la contesse sa fenme, laquelle li desconsilloit que point n'i vosist aler, et que il n'i avoit que faire ; et li aultre li consilloient et disoient que si avoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 484). Le roy Adrastus se conseille De ceste chose et desconseille A Polinicés qu'il n'y aille (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 302).

 

-

Desconseiller qqn. "Inciter qqn à ne pas accomplir telle action" : Et quant ilz furent pour debvoir monter en la nef, le josne frere au chevalier s'avisa et dist que, pour certain, jamais ne feroit aultre voyaige jusques ad ce que il y aroit esté. Sy fust assez desconseilliez ; mais pour neant estoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 117).

 

.

Estre desconseillé de (faire) qqc. : Il quida à son venir aler ou Liège, mais il en fu si desconsilliés que point n'i alla. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 148).

 

-

Empl. abs. : FRANCE VOULENTÉ (...) Tous biens et maulx sont fais par moy, [Car] je conseille et desconseille (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 53).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

"Privé de conseil, incertain, désemparé, découragé" : Car j'estoie devant desconsilliez, Povres, perdus, despris, et essilliez, Sans nul ressort, Quant je failloie a son trés dous confort. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 80). Alons, Michiel (...) Partout ou ma dame vouldra : Ja desconseillié ne sera Qui l'aint en cuer. (Mir. femme roy Port., c.1342, 199). Dame, qui (...) a droit sentier ramaines Les orphelins desconseilliez Et les esgarez essilliez... (Mir. emper. Romme, 1369, 282). De bonne eure m'angenuïtes, Et alaitastes et norrites, Je vous aim [Ms. : ayme] tant conme mon cuer, Ma douce mére, douce suer, Ne soiés pas desconseillie (Jour Jug. R., c.1380-1400, 246). Ne veuyés vous plourer noustre pere Et ausi noustre bonne mere, Noustre femmes tant desoulees, Pouvres vevhes deconcelliés, Nous enfans, jeunes orphelins ? (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 104). Et, s'ainsi est que, pour avoir d'autres affaires ou moyennant le conseil d'aucuns, il soit troublé et desconseillé en manière qu'il ne nous puisse donner provision de payement ou de gaiges, il nous faudra lever de nous-mesmes vivres et finances, tant sur ceulx de nostre obeissance comme sur nos ennemys, le plus raisonnablement que faire se pourra. (BUEIL, I, 1461-1466, 95).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss. ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

B. -

Desconseillé de qqc. "Privé de qqc." : D'ostel estoit desconseilliéz Aprés ce que soleil coucha. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 119).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 15/23 
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     DESCONSEILLEEMENT     
*FEW II-2 consiliare
DESCONSEILLEEMENT, adv.
[GD : desconseilleement ; *FEW II-2, 1070b : consiliare]

"D'une manière inconsidérée, imprudemment" : Inconsulte : desconsillement (Abavus IV, R., c.1350, 361). Desconseilleement, folement : inconsulte (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 209).

REM. Ex. de BERS. et Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s.) ds GD II, 564b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/23 
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     DESCONSEILLEUR     
FEW II-2 consiliare
DESCONSEILLEUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : desconseillëor ; GD : desconseilleur ; FEW II-2, 1070b : consiliare]

"Celui qui déconseille, qui détourne par ses conseils"

REM. Ex. de BERS. ds GD II, 564c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 17/23 
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     ENTRECONSEILLER     
*FEW II-2 consiliare
ENTRECONSEILLER, verbe
[GD : entreconseiller ; AND : entrecunselier ; *FEW II-2, 1070b : consiliare]

Empl. pronom. réciproque. "Se conseiller l'un l'autre, délibérer ensemble" : Approuchiez vous et vous tirez, Icy dessoubz cest paveillon, Car la fault il par motz irez Que l'un l'autre nous reveillon, Et que nous entreconseillon Nous deux d'aucuns faiz ancïens, Avant que en armes traveillon C'est la coustume de cïens. (Chev. dames M., c.1462-1477, 138).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 18/23 
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     FORCONSEILLER     
FEW II-2 consiliare
FORCONSEILLER, verbe
[T-L : forconseillier ; GD : forconseillier ; AND : forconseiler ; FEW II-2, 1070b : consiliare]

A. -

"Mal conseiller, égarer par de mauvais conseils" : Vous et les aultres de vostre secte, vous nous avez fait biaucaup d'annoy à mon frere et à moy, et avez tourblé à vostre povoir et fourconseillié monseigneur et les nobles aucuns de ce pays et les bonnes villes envers nous. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57). Jamais le roy mon frere ne forconseillerez (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 156).

 

Rem. Ex. d'a. fr., JEAN D'ARKEL, Ars d'Amour, c.1350, et Chron. bourgeois Valenciennes, a.1400, ds GD IV, 72c-73a. FROISS., Chron. [Amiens], D., t.3, c.1375-1400, 22. Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 376.

 

-

Estre forconseillé. "Être mal inspiré" : Je ne venrai pas aisse à men entente de ces blans capprons : che sont male gent et fourconsilliet. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 217).

 

Rem. Doc. 1406 (Wallonie, forconseillé, Haust Rég 3) ds FEW.

B. -

"Faire des reproches à"

 

Rem. FROISS.( ms. forconceilloient, fourconseilloyent) ds GD IV, 72c-73a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 19/23 
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     MALCONSEILLÉ     
*FEW II-2 consiliare
MALCONSEILLÉ, adj.
[GD : malconseillié ; *FEW II-2, 1070b : consiliare]

"Qui a reçu de mauvais conseils" : Il a esté mauconsilliés de vous avoir desfiiet et de renvoiier son honmage. (FROISS., Chron. D., p.1400, 337). ...le vaillant Boece, qui tout son vaillant Perdi, et si fu exillé Par li Rommain mauconseillé (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 89).

V. aussi conseiller
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 20/23 
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     MÉCONSEILLER     
FEW II-2 consiliare
MESCONSEILLER, verbe
[T-L : mesconseillier ; GD : mesconseillier ; AND : mesconseiller ; FEW II-2, 1070b : consiliare]

Mesconseiller qqn. "Donner de mauvais conseils à qqn" : Et s'aucuns te voloit sousquerre Ou mouvoir en ton païs guerre, Pren conseil a ceuls qui feront Tout ce qu'il te conseilleront, Car la chevense avec la vie Y va ; pour ce ne doubte mie, Qu'il ne te mesconsilleroient Pour rien, car il s'en honniroient. (MACH., C. ami, 1357, 110). ...je croy que a ceulx de qui la voulenté est toute bonne leurs conseilliers ne les oseroient mesconseillier (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 37).
 

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 Article 21/23 
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     RECONSEILLER     
FEW II-2 consiliare
RECONSEILLER, verbe
[GD : reconseiller ; FEW II-2, 1070b : consiliare]

I. -

[Sur conseil]

A. -

Reconseiller qqn

 

-

Reconseiller qqn de qqc. "Donner à nouveau à qqn un avis, un conseil au sujet de qqc." : Sy vous prie tous que de rechief m'en vueilliez francement reconseillier. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 11).

B. -

Reconseiller qqc. "Délibérer attentivement sur qqc., soumettre qqc. à un examen attentif" : Ce jour, ont esté conseilliez et reconseilliez IIJ arrests touchans l'archevesque de Senz et sa mere à l'encontre de messire Guillaume de Neelle (BAYE, I, 1400-1410, 43).

C. -

Se reconseiller à qqn. "Prendre conseil auprès de qqn (en partic. par la confession)" : ...il s'en voloit aler a Romme pardevers nostre saint Pere le pappe pour soy a lui reconseillier et confesser, car il savoit bien que il avoit parpetré ung tressorible pechié (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 210). ...nostre Saint Pere le pape, auquel il se reconseilla et confessa (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 135). ...il n'y avoyt celluy qui, pour sa bonne doctrine et saincteté [d'un ermite], ne se voulsist aller reconseillé et confesser a luy (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 197).

II. -

[V. reconcilier] Reconseiller qqn avec qqn. "Réconcilier qqn avec qqn"

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. (var. reconsilier). V. reconcilier : les deux verbes sont morphologiquement proches.
 

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 Article 22/23 
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     RECONSEILLERESSE     
*FEW II-2 consiliare
RECONSEILLERESSE, subst. fém.
[GD : reconseilleur (reconseilleresse) ; *FEW II-2, 1070b : consiliare]

"Entremetteuse, gardienne"

REM. Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD VI, 679a.
 

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 Article 23/23 
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     RECONSEILLEUR     
*FEW II-2 consiliare
RECONSEILLEUR, subst. masc.
[GD : reconseilleur ; *FEW II-2, 1070b : consiliare]

"Entremetteur, gardien"

REM. Gloss. lat. fr. (Montp., c.1380) ds GD VI, 679a.
 

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