C.N.R.S.
 
Famille de communis 
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 19 articles
 
 Article 1/19 
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     ACOMMUNER     
FEW II-2 communis
ACOMMUNER, verbe
[T-L : acomuner ; GD : acommuner ; FEW II-2, 962a : communis]

A. -

Acommuner qqn à qqc. "Admettre qqn au bénéfice de droits réservés à une communauté"

 

Rem. Doc.1378 ds DU CANGE I, 48c.

B. -

Acommuner qqc. "Mettre qqc. en commun, le rendre commun" : Ravage. Les mesons [des voleurs] ardoir, les prez arer, les vignes estreper, arbres trenchier, et les biens acommuner [Éd. : "c'est-à-dire, abandonner au commun des habitants"]. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 210).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 2/19 
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     COMMANANTÉ     
*FEW II-2 communis
COMMANANTÉ, subst. fém.
[*FEW II-2, 963a : communis ; FEW, Ø lat. médiév. commanentias]

"Fait de mettre en commun, de partager" : ...sanz aucune excepcion, entre les amis soient commanantez et participacions de toutes choses, c'estassavoir de conseil et aussi de voulentez (PREMIERFAIT, Vraye amistié D., 1416, 399).

REM. Cf. la note de l'Éd. p.529 : "...forme calquée sur le latin médiéval commanentias, qui a pour équivalent mansio/demeure chez Du Cange [...] et qui, dans le passage, fonctionne comme un équivalent du mot français communautez [...]. Il n'est pas à exclure que Premierfait ait confondu les deux étymons et/ou ait rapproché communitez et commanantez, paléographiquement très proches."
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Hiltrud Gerner

 Article 3/19 
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     COMMONGEMAISTRE     
*FEW II-2 communis
COMMONGEMAISTRE, subst. masc.
[*FEW II-2, 962a : communis (?)]

"En Flandre, magisrat municipal" : ...nous (...), chevaliers, eschevins du terroir du Franc (...), et nous, commongemaistres, eschevins et conseil des villes de Malines et d'Anwerps... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1385, 102). ...nous avons eu consideration aux choses dessusdictes, attendu aussi que les commoenge maistres, eschevins et habitans de nostredicte ville ont contribué de certaine grosse somme de deniers a la rancon de nostredit filz... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1399, 318).

Rem. Cf. VERDAM, 302a, commoniemeester, synon. de burgemeester "maire".
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 4/19 
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     COMMUN     
FEW II-2 961a communis
COMMUN, adj. et subst. masc.
[T-L : comun ; GD : commun ; GDC : commun ; AND : commun1 ; DÉCT : comun ; FEW II-2, 961a : communis ; TLF : V, 1134a : commun]

I. -

Adj.

A. -

"Qui est le fait de plusieurs personnes ou de plusieurs choses"

 

1.

[D'une chose]

 

a)

Commun à... (et à...)/Commun de... (et de...)

 

-

"Qui est le fait de plusieurs personnes (ou bêtes)" : Car je croy c'est pour le prouffit De nous conmun. (Mir. abbeesse, 1340, 67). ...une [cause] commune a la mere et au fruit (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 245). ...Et que c'est grant confusion, Et que Dieu courresce et offent Quant son service li deffent, Car à saoul et à geun Son digne service est commun, En tous cas, à tous et à toutes (MACH., P. Alex., p.1369, 226). Car tels deliz sont communs a nous et aus bestes, et doit estre nostre felicité en la plus noble chose qui soit en nous et en laquelle nous passons les bestes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 111). ...ycellui de Bedford de son povoir se vouloit emploier, comme amy commun des parties, à l'apaisement des procès et debas (FAUQ., II, 1421-1430, 155). ...le peril commun de moi et des autres cognoissoit (CHART., Q. inv., 1422, 49). ...nom d'amy a esté commun a eulx et a toy (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 9). Mais croire a Dieu est croire a ses paroles, doctrines et enseignemens. Le premier, croire Dieu estre, et le tiers, croire a Dieu et a ses paroles, apartient et est commun aux bons et aux mauvais, mais le second, croire en Dieu en le amant et tendant en lui par amour, apartient seulement aux bons. (Somme abr., c.1477-1481, 100).

 

-

"Qui est le fait de plusieurs choses" : Et donques ne est ce pas pour ce que elle [la terre] resgarde semblablement et equalment les parties du ciel, car ce est commun a toute chose qui seroit mise ou milieu ; mais estre meu au milieu est propre a la terre. (ORESME, C.M., c.1377, 548).

 

b)

Empl. abs. "Partagé"

 

-

[Par plusieurs personnes (ou bêtes)] : N'autre chose n'i va querir Fors au Saint Pere requerir Qu'il ottrie un commun passage, Car faire vuet le saint voiage. (MACH., P. Alex., p.1369, 219). ...et ordonna à estre ensevelis ou sepulcre commun des povres gens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 184). ...dès environ la Saint-Jehan-Baptiste derrenierement passée, il qui parle et ledit Jehan Le Camus, qui est son serourge, se acompaignerent à demourer ensamble et à estre à uns despens communs, et y ont tousjours depuis esté et demouré (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 510). ...il n'avoit pas dessoubz soy dix hommes, combien qu'il soit de commune bonne ligniée ["d'une lignée partout également bonne, qui a les mêmes qualités en partage"]. (JEAN DE SULTANIEH, Mém. Tamerlan M., 1403, 441). Tous apperçoivent et prevoient leur commune desolation et ruine (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 12). En l'unité de la nature divine sont trois personnes, entre lesquelles la premiere est de nulle aultre. La seconde par generation est seulement de la premiere personne. La tierce par commun soufflement et par spiration commune est de la premiere et seconde. (Somme abr., c.1477-1481, 123). Pareillement commune spiration ou spirement est une notion et cognissement faisant congnoistre qui est une unité ou Pere et ou Filz, et est distincte et separee de toute aultre notion, qui fait congnoistre les personnes. (Somme abr., c.1477-1481, 150). Cestui predist sur aucune revolucion et grande conjunction que les bestes plus domestiques comme chevaulx, beufz, vaches, chievres, brebis et pourceaulx laysseroient leurs communes habitacions et fuyroient ès lieux sauvages (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

 

-

[D'une sorte de caravansérail] Lieu commun : ...enseignier en verité Ne vous saroie lieu nesun, Se ce n'estoit un lieu conmun, Liquelz n'est pas pour vous honnestes : Car la foraine gent leurs bestes, Quant il sont venuz au marchié, Sitost qu'il les ont decharchié, Y mettent, sire. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210).

 

.

DR. Biens communs. "Biens qui sont dans la communauté du mariage, qui appartiennent aux deux époux" : Son mari contredisoit la dite marchandise et disoit que l'en ne preist nulz de ses biens, ne des biens de sa femme. Dit fut et à droit que le marchié seroit tenu et seroient contrains elle et son mari, par prinse de leurs biens communs, à paier les deniers, pour ce qu'elle est marchande commune. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 134). ...je vous prie que soiez contente que la divorce et separacion soit faicte de nous deux, et que amoureusement partissons noz biens communs par egale porcion. (C.N.N., c.1456-1467, 445).

 

.

Robe commune. "Robe qui est partagée par plusieurs personnes" : ...une canne et demye de drap gris, de quoy avons fait faire une robe commune, pour nos paiges, à quant ils sont malades (Comptes roi René A., t.2, 1471, 15).

 

-

[Par plusieurs choses] : Car les sciences sont et sont dites d'aucun principe commun. (ORESME, E.A., c.1370, 535).

 

.

MÉD. Maladie commune. "Maladie affectant à la fois les parties homogènes du corps (os, chair, etc.) et les parties composées ou organiques" : Tu dois entendre que maladie officiale n'est pas cause de douleur, se ce n'est par accident, car il n'y a que deux causes, c'est assavoir maladie consimile et commune (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 9). Et [Galien] dit universellement que toutes maladies, les unes sont complexionables qui sont es parties semblables, les aultres composicionales qui sont es parties organicques et les aultres communes qui sont faictes en une et en aultre partie. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.2).

 

.

Veine commune. "Veine médiane de l'avant-bras, partagée par tous les lieux de l'avant-bras" : Par certain temps ou certains moiz, Le doit doubler ou itérer, Se la vertu peut tolérer, Et est le conseil de Phisique Minuer lors de l'épatique, Ou d'une autre commune vaine Qui est dicte la médiaine (LA HAYE, P. peste, 1426, 116). ...une vene qui est en la curvature du bras on milieu qui se appelle purpurea ou la vene noyre eu la vene commune (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 2).

 

.

GRAMM. Qualité commune. "Propriété du nom dit commun" : Qu'est nom ? C'est une partie d'oroison qui signifie substance avec qualitee propre ou communne. (DonatS, a.1436. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 126).

 

c)

Loc. D'un / de / par commun accord./D'un / de commun assent./D'un / de commun assentiment./D'une commune voix... V. assent, assentiment, voix : Lors de commun acort recordent Qu'elle est digne d'estre loée. (MACH., D. Aler., a.1349, 351). Juges sui par commun acort Especiaument d'un descort Qui est ci entre deus parties, Pour atendre droit de parties. (MACH., J. R. Nav., 1349, 192). Si s'avisierent d'un malice Pour li oster de son office Et pour sa mort, que sans deloy Il le penroient en sa loy, Si que d'assentement commun Tuit furent en acort comme un (...) D'un edit faire et un decret, Tout en appert, non en secret (MACH., C. ami, 1357, 36). Lors d'un commun assentement Respondirent moult liement, Qu'il le feroient ; et le firent Mieus encore qu'il ne leur deirent. (MACH., P. Alex., p.1369, 54). ...et tous d'un commun accord avez advisié qu(il) est neccessité et expedient que pour les causes dessusdictes nostredit Chancellier demeure pardelà. (BAYE, I, 1400-1410, 250). Lors sans demeure et tout d'un commun assentement s'agenoillerent devant le trone de la majesté divine toutes les Vertuz (GERS., Concept., 1401, 396). Nous ottroyons tout au premier de grace especiale l'umble supplicacion que Oroison a faicte pour noz bonnes gens de nostre bonne ville de Nazareth, Joachim et Anne, attendue la bonne et veritable relacion que vous de commun accort avez faicte d'eulx. (GERS., Concept., 1401, 405). ...et pour pourveoir de commun assentement au gouvernement, à la garde et conservacion de ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 317). ...de voix commune ["par l'opinion générale"], Icy n'en est aucune nouvelle (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 83). En tesmoing de ce, d'un commun accord, Jehan le Gros le jeune, secretaire et auditeur de monseigneur de Charroloys, en fist et bailla acte et certification de sa main à tous ceulx dessus nommez qui avoir le vouldroient. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 195).

 

-

Chevaucher le commun pas. "Chevaucher le même pas" : Et cheauçoient tout le commun pas, rengiés et serrés ensi que pour tantost combatre. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 196).

 

2.

[D'une pers. ; p. ext. idée de rapprochement]

 

a)

"Relever (d'une même autorité)" : Ceulx sont communs en la ville de Chastillon à monseigneur le Duc et à monseigneur l'Evesque qui sont nés de l'omme lige monseigneur le Duc, et de femme lige monseigneur l'Evesque (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 350).

 

-

Communs en biens. "En communauté de biens" : Mari et femme dès ce qu'ilz sont mariez sont communs en biens et font entre eulx communauté de biens meubles et acquests (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 182).

 

.

Marchande commune. "Marchande qui est en communauté de biens avec son mari" : ...se une femme est marchande commune, son mari ne pourra despecier le marchié qu'elle aura fait, ne retarder le paiement aux crediteurs (...). Son mari contredisoit la dite marchandise et disoit que l'en ne preist nulz de ses biens, ne des biens de sa femme. Dit fut et à droit que le marchié seroit tenu et seroient contrains elle et son mari, par prinse de leurs biens communs, à paier les deniers, pour ce qu'elle est marchande commune. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 133-134). À Agnès, femme Alain du Tilloy, boulengier, marchande commune, soy faisant fort de Pierre Le Conte, boulengier, et dudit Tilloy, frère dudit Pierre, pour pain livré pour la despense de l'ostel de mondit Seigneur, comme il appert oudit roolle, par quittance de ladite Agnes, donnée le XXVe jour de juing IIIIxxXVI, 100 fr. À Agnès La Guernie, potagière et marchande commune de suif et de chandelle, pour la dite despense, comme il appert oudit roolle, par quittance de ladite Agnès, donnée le Xe jour de juillet, l'an IIIIxxXVI : 100 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 26).

 

Rem. Sent. Chât. Paris M., II, 1402, 615.

 

b)

[De plusieurs pers.] Estre commun en qqc. "Être proche, uni en qqc." : Mes chiers amis, Puis qu'Amours ad ce nous a mis Que nos deus cuers ensamble joindre Vuet sans partir et sans desjoindre, Et que faire vuet un de deus, Pour Dieu, ne faisons paire d'euls. Car il sont perdu et honni, Se si pareil et si onni Ne sont qu'en bien et mal commun Soient, et en tous cas comme un, Sans pensée avoir de maistrie, De haussage ou de signourie. (MACH., R. Fort., c.1341, 148).

 

c)

Estre commun (à) "Être proche (de), être familier (de), être accessible (sans faire de différence d'une pers. à une autre)" : Si privés, si communs estoit qu'an fut repris Et respondit com sires de valeur et de pris (Gir. Ross. H., c.1334, 188). ...li aultres m'est moult communs, C'est li bons sires de Couchi, Qui m'a souvent le poing fouchi De biaus florins a rouge escaille (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 56). Et gardez, tant que vous aurez a estre conquerant, que entre vous compaignons ne vous maintenez comme sire, mais commun au grant et au petit, et parler et tenir compaignie a chascun selon sa qualité, car ce fait les cuers enflammez d'amour a ceulx qui ainsi sont humain en seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Ne soiez pas entre voz compaignons comme sires, mais communs, et les honnourez chascun selon son degré, et leur donnez du vostre selon vostre aisement et selon ce que la personne le vauldra. (ARRAS, c.1392-1393, 153). ...et doit [le roi, Advis a Isabelle de Baviere] soy lever en tous temps à six heures à matin, diner à dix, souper à six et coucher à dix, oir sa messe à sept heures et, la messe oye, besoigner jusques à dix, se besoignes y a à expedier, et apres digner soy esbatre secretement à petite compaignie de ses bons [,] secrez et privés serviteurs et non mie estre trop commun. (Doc. c.1434. In : Vallet de Viriville, Bibl. Éc. Chartes 2, 1865-1866, 141). Commun, plain, joieux, humain, traitable... (Lex. techn. monolingue, éd. G. Hasenohr, c.1480. In : Romania 105, 1984, 127). ...on list de l'empereur Trajan es croniques rommaines que, comme aucuns de ses amis le reprenissent de ce que, oultre et par dessus tous les empereurs, il estoit trop famillier et commun en se condescendant et acointant de tous, il respondi qu'il desiroit estre tel envers tous que tous le desiroient trouver. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 184).

 

-

Estre commun à qqc. "Être favorable à, attentif à, ou au moins neutre vis-à-vis de qqc." : Prince clement [Charles d'Orléans], or vous plaise sçavoir Que j'entens moult et n'ay sens ne sçavoir ; Parcïal suis, a toutes loys commun. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 47).

 

.

Au fig. [De la Fortune et de ses apparences] : Scipio, tu voys et sces que la Fortune est commune ["aux apparences favorables, proches, familières"] (...) en laquelle nul se doit fier, car elle ne regarde fors a ses apetis. (LA SALE, Sale D., 1451, 70). Bonnes gens de trestoulx estas, Vous avés veu tout maintenent - Si avés entendu le cas- Comment en ce monde present L'ung a heu des biens a grant tas Par les mains de faulce fortune, La quelle n'est jamais commune ["favorable, proche"], Comme avés veu expressement (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 501).

B. -

"Qui est le fait de la plupart ou de tous"

 

1.

[D'une chose]

 

a)

"Qui n'est pas propre à telle ou telle personne, qui est partagé par toutes, qui est général" : ...quant une dame de haulte renommee vint a l'encontre de ses enfans qui d'une bataille s'enfuyoient et pour confundre leur vituperable honte et lacheté laissa la commune vergoigne feminine, car elle se descouvry par devant en leur disant, puis que fouir vouloient, qu'ilz rentrassent ou ventre qui les avoit portez et que autre lieu n'avoit pour les sauver (CHART., Q. inv., 1422, 61).

 

-

[Dans une situation partic.] "Général" : ...l'adversité est commune a tout le royaume (CHART., Q. inv., 1422, 33). Et, à ceste cause, fut bruyt tout commun parmi ladicte ville de Paris que le roy estoit ainsi mort, dont il n'estoit riens, et s'en revint, but, parla et menga très bien, et vesquit jusques au samedi au soir ensuivant, trentiesme et penultime jour dudit mois d'aoust, environ l'eure de entre six et sept au soir qu'il rendit l'ame. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 136). En ladicte année fut mortalité commune et universelle par la pluspart dudit royaume de maladie de flux de ventre et autres maladies, à cause de quoy plusieurs gens de façon moururent en ladicte ville de Paris et ailleurs (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 262). ...je suis de l'oppinion commune. (BUEIL, II, 1461-1466, 158).

 

b)

En partic.

 

-

"Qui est le bien de tous, qui appartient à tous, public" : ...il, à l'aide d'aucum de ses gens et serviteurs, tendi le drap entier de XVIIJ aulnes, duquel icelles quatre aulnes et demie sont yssues, et ont esté coppées, ès poulies communes estans à lui et autres drappiers, en la ville de Saint-Marcel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 113). La est l'ediffice commun Pour gens moyens et pour commun. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 123). L'anesse qu'est commungne Avec l'anon, sans fere a nul rancune, La m'amenéz (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 154).

 

.

Chemin commun. "Voie publique" : En la terre sui de Sennar Ou l'en me dit que d'ermitages A plus qu'ailleurs sur les boucages Et sur le grant chemin conmun. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 251).

 

.

Criee commune. "Proclamation publique" : ...et la publication et criee commune pour tous venans fu faite par les heraux (Saladin C., c.1465-1468, 98).

 

.

Commune policie. "Gouvernement par un grand nombre de personnes" : Commune policie est la ou une grande multitude tient le princey au profit publique ; aussi comme en aristocracie un petit nombre tient le princey, et en royalme un seul le tient et tout au profit publique (...). Et ceste policie Aristote appellle tymocracie (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 370).

 

.

[D'une cité] "Qui est à tous, qui est libre, qui est libéré du pouvoir féodal" : ...saulve la grace de sa dignité comme homme mortel, ainssi que je suis, se la place estoit commune, ou devant juge compettant, je lui respons que (...) il a menty. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 15). [Il s'agit d'une place forte le tresfort chastel et ville de Breth, mentionné plus haut dans le même texte]

 

-

"Qui s'applique à tous, général" : Et vous leur avez respondu que vous ne voliés que je y alasse, et que eu cas que je yroie, vous me feriés faire damage et deshonnour ; de la quele chose certes vous me faisiés grant tort, car le service de Dieu est commun et vous ne le deussiez mie deffendre à nul crestien, especiaument à moy, considéré le service que je vous ay fait. (MACH., P. Alex., p.1369, 229). Face chascun ce qu'il doit envers Dieu et son amour, sans resister a sa grace et a son mouvement secret, et il perfera le demourant. Car de loy commune l'un sans l'autre ne se fait point en la justificacion du pecheur par penitence : ne grace sans voulenté, ne voulenté sans grace. (GERS., P. Paul, a.1394, 498). Et aussi la sentence de Titus Largius estoit trop commune et s'estendoit trop (LA SALE, Sale D., 1451, 183).

 

.

Le bien commun / le salut commun / le commun profit : Je te pri que tu te conseilles A bonnes gens et que tu veilles A faire le commun pourfit, Einsi com Boësses le fit Et com maint philosophe firent Qui mainte doleur en souffrirent Et furent chacié en essil. (MACH., C. ami, 1357, 133). Mais pour ce que les livres morals de Aristote furent faiz en grec, et nous les avons en latin moult fort a entendre, le Roy a voulu, pour le bien commun, faire les translater en françois, afin que il et ses conseilliers et autres les puissent mieulx entendre, mesmement Ethiques et Politiques, desquels, comme dit est, le premier aprent estre bon homme et l'autre estre bon prince. (ORESME, E.A., c.1370, 99). ...et dit qu'il estoient icy venus pour tout le bien commun et par especial de ce royaume (BAYE, II, 1411-1417, 260). ...aprés le lien de foy catholique, Nature vous a devant toute autre chose obligiez au commun salut du pays de vostre nativité et a la defense de celle seigneurie soubz laquelle Dieu vous a fait naistre et avoir vie (CHART., Q. inv., 1422, 11). Pourquoy ledit excellent Roy, Considérant forment en soy, Comme Prince trez crestien, Le salut commun et le bien, Fist compiler (...) Une certaine et vraie doctrine (LA HAYE, P. peste, 1426, 12). Le prince ou bon chevalier desire le bien commung et de ses subgectz ; le tirant demande et quiert son prouffit particulier et l'oppression du peuple. (BUEIL, I, 1461-1466, 73). ...car par icelle [la partie irascible de l'âme], l'homme courrouchié par bonne jalousie enflammee d'une fervente amour d'aucune chose juste, honneste, grande, prouffitable et salutaire se expose pour l'apprehender en pugnissant et en deboutant ce qui est injuste et deffendant virilement ce qui appartient a justice et au bien commun piteusement, non furieusement. (Somme abr., c.1477-1481, 138).

 

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Guerre commune. "Guerre qui frappe tout le monde" : L'une des grans douleurs de soubz la lune, C'est veoir le feu en sa propre maison. Mais trop plus est veoir la guerre commune En ung pays, et sans juste achaison. (J. MESCHINOT, Trois ballades, 1493. In : Romania 49, 1922, 431).

 

.

Bourgeois / bourgeoise commun(e). "Bourgeois, bourgeoise qui a juré la commune" : ...autres bourgeois que bourgeoises que j'ay en lad. ville appellez communs, qui me doivent chacun an deux s. par. (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 370).

 

.

Commun pays de Flandres. "Groupement de toutes les villes de Flandres ainsi que le plat pays" : ...le paiement de 60000 escuz doubles lors derrainement accordez à icellui seigneur par son commun pays de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 235). ...l'ayde qui lors prouchainement seroit acordee à mondit seigneur par les bonnes gens, manans et habitans de son commun pays de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 237).

 

Rem. FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 274.

 

c)

[D'un fait, d'une réalité...] "Su, connu de tous, du moins de la plupart, qui est notoire" : ...on dit qu'en Lorraine en a une Qui, par renommée conmune, Est belle damoiselle et sage (Mir. ste Bauth., c.1376, 83). ...ce dictié vueil que l'en nomme, Quant l'istoire sera commune : "La mutacion de Fortune." (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 12). ...et lors failli le royaume de Inda, qui avoit esté en estat .CCCLXIX. ans, ce dient les communes histoires (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 166). Dont il advint une telle merveille que dedens huit jours que les malades estoient dedens l'ospital, ilz estoient garis. Vray est que ceste besongne fut incontinent commune [var. sceue] en ce paÿs. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 90). ...a la verité sez fais estoient en France aussy communs a toutez gens qu'il eussent esté meismez en Castille (Comte Artois S., c.1453-1467, 151). ...ses vertuz ne doivent estre celées n'estainctes, mais en commune audience publiquement blasonnées (C.N.N., c.1456-1467, 241). ...encores n'estoit pas descouverte l'encloueure de son infortune si avant que d'estre commune comme elle fut depuis (C.N.N., c.1456-1467, 246). Si (...) vous ne povez garder chasteté, au mains mettez peine de la garder tant qu'il touche fame et commune renommée. (C.N.N., c.1456-1467, 563). ...et telle est la commune et certaine renommee par tout (LA VIGNE, V.N., p.1495, 297).

 

-

Il est commun (que) "Il est bien connu que, cela est bien connu" : ...pour ce qu'il estoit tout commun et nottoire que ledit mons. l'evesque de Poitiers estoit fait arcevesque de Sens. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 522). Et ne scet, sur ce requis, nommer les personnes qui le lui ont dit, mais il est tout commun oudit pays. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 197). SOCTE MYNE. Comme source de sapience, Fontaine de toute science, Aiday nous as, il est commun. (Sots, c.1480-1500, 272). Il estoit tantost tout comun qu'il estoit arriué vng roy à la ville que on appelloit le Roy de Canare, et qu'il estoit logé à la seigne du Cherf, en la grant rue (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 192).

 

.

Chose est commune (que). "C'est bien connu (que)" : Chose est commune, Car quant la personne est plus pleinne D'onneur, de richesse mondeinne, De son tour a niant la meinne. (MACH., R. Fort., c.1341, 35). Car on voit - et chose est commune - Que qui plus en a, plus en pert. (MACH., R. Fort., c.1341, 90). ...car la chose estoit toute commune que le prinche de Castelongne traveilloit a tort le pays du conte d'Urgel et le voloit de tous poins desheriter (Comte Artois S., c.1453-1467, 27).

 

-

Proverbe / vers commun. "Proverbe, vers connu de tout le monde" : C'est un proverbe tout conmun Qu'il en fait conme de sa femme (Mir. femme, 1368, 178). Car aussi comme l'entendement qui se occupe en pluseurs choses est mendre en chascune de elles que se occupast en peu si comme dit un vers commun : "Pluribus intentus minor est ad singula sensus", semblablement est il de la volenté ou affeccion qui est partie en pluseurs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 490). On dist en un commun proverbe, et voirs est, que... (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 85). Ceulz yci sont bieneureux Qui les cuers ont doloreux. Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. (GERS., Déf., 1400, 221). ...car c'est ung proverbe commun... (JUV. URS., Nescio, 1445, 474). ...ainsin que dit le proverbe commun : Qui bien ne mal ne puet souffrir, a grant honneur ne puet venir. (LA SALE, J.S., 1456, 67).

 

-

[D'un ouvrage, d'un écrit] "Répandu" : Cestui Abraham monstra bien comme il estoit erudit en la science des estoilles, par ung livre qu'il en a composé, lequel est partout commun et imprimé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 v°). Cestui composa plusieurs beaux instrumens, servans à la science de astrologie et plusieurs belles tables, qui sont assez communes et en usage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 v°).

 

d)

"Qui n'est pas propre à telle ou telle chose, qui est partagé par toutes, qui s'applique à toutes" : ...[les nobles cieux] Gouvernent nécessairement, Se le Philosophe ne ment, Par Loy commune et naturèle, Toute la masse corporèle Des Elémens et autres choses, Qui soubz la Lune sont encloses (LA HAYE, P. peste, 1426, 3). Aussi le Ciel notoirement Par soy mouvoir diversement, Fait tourner avant et arrière, Sans cesser en quelque manière, Le beau Soleil avec la Lune, Comme veult Nature commune (LA HAYE, P. peste, 1426, 5).

 

2.

[D'une pers.]

 

-

Estre communs à qqc. "Avoir qqc. en commun" : En cel terre prendoit ons de tous les biens a sa volenteit, car ilz estoient commoins a toutes choeses. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 160). [Seul ex. ; peut-être altération du texte de Mandeville (et sont tous les biens du pays communs) ; cf. note de l'éd.]

 

-

[D'un collectif] La commune chevalerie. "Le gros des chevaliers, la plupart des chevaliers" : Or advint, au chief de huit jours [,] que la commune chevalerie se fut partie du Francq Palais (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 402).

 

-

[D'une femme] "Prostituée" : Et les fames conmunes qu'aux hommes vont gesir... (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 360). ...une garsse appellée Jehannete, la plus diffamée et la plus mauvaise ribaude que l'en sache, car elle est toute commune (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 350). ...fu attainte et fait venir Katherine, femme Henryet du Roquier, prisonniere oudit Chastellet, pour ce que l'en dit que elle est maquerelle publique et commune (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 42). ...Girot et Vilain et Boutevillain distrent a ladicte femme qu'il faloit qu'ilz eussent sa compaignie charnele, dont elle fut refusant, combien qu'elle feust femme toute commune, disant qu'elle estoit affiée audit Boschier. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 383). ...on appelloit celle Lorence louve pour ce qu'elle estoit une louere en luxure et moult commune a chascun (LA SALE, Sale D., 1451, 171).

 

.

Femme de vie et commune. "Femme publique" : ...Jaques Ferré, frere du dit Jehan Ferré, avoit leans mené une jeune femme de vie et commune (Doc. Poitou G., t.7, 1415, 288).

 

-

Homme commun. "Homme public, connu de tous" : Se un homme commun despendoit plus que tout le sien en donner un disner a une communité ou en aucune autre chose de soy honeste, il feroit que sot. (ORESME, E.A.C., c.1370, 245).

C. -

P. ext. "Habituel, ordinaire ; banal"

 

1.

"Habituel, ordinaire"

 

a)

[D'une chose] : Et de ce la vient la tempeste Qui destruit le monde et tempeste, Les merveilles et les fortunes Qui au jour d'ui sont si communes Qu'on n'oit de nulle part nouvelle Qui soit aggreable ne belle (MACH., J. R. Nav., 1349, 140). Car ce fu chose assez commune Qu'on vit le soleil et la lune, Les estoiles, le ciel, la terre, En signefiance de guerre, De doleurs et de pestilences, Faire signes et demoustrances. (MACH., J. R. Nav., 1349, 142). ...Et au temple donna preu dons ; Le ciel, le soleil et la lune Cultiva - c'est chose commune - Et toute la chevalerie Dou ciel, et pour l'idolatrie Plus essaucier, en certein lieu Les fist mettre eu temple de Dieu. (MACH., C. ami, 1357, 50). Mais mençonge, sanz deffaillir, En tous cas, leur ert si commune Que verité n'i est aucune, Ne en promettre, n'en jurer (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 48). ...et se pranront lesdiz gages sur les revenues communes de la terre de Coucy. (BAYE, I, 1400-1410, 280). ...il [Dieu] mue et change le commun et acoustumé cours tant de nature comme de l'Escripture et faisant miracles souvent, graces, pardons et privileges. (...) Et mesmement a nostre propos contre le commun cours il sainctifia Jheremie avant sa nativité (GERS., Concept., 1401, 403). De quoy vous sert cela, Fourtune ? Voz propos sont, puis longs, puis cours, Une foiz estes en decours, L'autre plaine comme la lune ! (...) S'est vostre maniere commune ; Car, quand je vous requier secours, Vous fuyez, aprés vous je cours, Et pitié n'a en vous aucune. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 445). Du Messias la comune voix Est qu'il nous doit tous rachapter. (Pass. Auv., 1477, 155). ...les [instruments] communs [des chirurgiens] : les aulcuns sont medicinaulx et les aultres sont de fer. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). Ce n'est [...] pas mon train commun Pour servir a mon appetit. (Sots gard., a.1488, 108). ...car lui seul porta un boeuf tout vif sur ses espaulles l'espace d'une stade, qui contient cent XXV pas et chacun pas V piez et chacun pié IIII palmes et chacune palme IIII doiz de main commune (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). ...et, entre autres merveilles, vit une dent maxillante, tant grosse que l'on en pourroit fere cent des communes des hommes de present. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 r°).

 

-

Communes annees. "Années ordinaires (c'est-à-dire en moyenne, en dehors d'éléments exceptionnels)" : Item, et quant a l'article de la valeur du pressoir, dient les dessus diz qu'il vault bien par an XXIIII livres, le pressoir retenu et deffroyé de toutes choses, combien qu'il ne soit bannier ; et a valu ceste presente année de ferme XXIIII queues de vin, et vault bien chascune queue l'une année par l'autre XL s. Parisis. (...) Item, l'estellage du dit lieu est vendu XXIIII l. Parisis pour an, et vault bien tant communes années par le rapport des dessus diz (Comté Porcien R., 1400, 212).

 

-

Sens commun. "Sens ordinaire, l'un des sens internes, rassemblant les impressions sensibles" : Donc c'est le service dequoy sert le nerf obtique, car il porte l'espece visible et raporte la semblance jusques au sens commun (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 1).

 

-

De commun cours. "Habituellement" : Or savez vous de conmun cours Nous n'avons que quarante jours A faire nostre eleccion (Mir. ev. arced., c.1341, 122). ...il est de conmun cours que celles qui pour l'amour de Dieu vivent en estat de virginité, a ce que elle soient dites vraies vierges, que touzjours sont paoureuses et doubteuses... (Mir. nonne, 1345, 314).

 

-

[D'un usage, d'une manière de faire, d'une opinion...] "Qui est le fait de la plupart, voire de tous ; usuel, habituel" : Pour ce penre congié convint ; Si le prist chascuns et chascune Selonc la maniere commune. (MACH., R. Fort., c.1341, 147). ...car c'est un langage noble et commun a genz de grant engin et de bonne prudence. (ORESME, E.A., c.1370, 101). Vous savez, c'est ung commun usaige, que nul ne paie voulentiers ne sacque argent hors de sa bourse, tant comme il le puist amender. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). Mais selonc le commun usage de parler, la ou elles sont inequales, la plus grande est appellee longitude, et l'autre apres latitude, et la plus petite est dicte spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 48). ...il seroit bien temps que nous alissons voyagier pour congnoistre les terres et les pays, et aussi pour acquerre honneur et bon nom en estranges marches et contrees, par quoy nous feussions introduit de savoir parler avecques les bons des choses qui sont par estranges marches et pays, qui ne sont pas communes par deca. (ARRAS, c.1392-1393, 82). De la boce qui lors régnoit, Et aussi pour y obvier à si grant mal, mortel et fier, Laquele quiers soigneusement Translater véritablement De Latin en commun Françoiz (LA HAYE, P. peste, 1426, 12). ...en quoy lesdis greffiers ont fait nouvelleté et entreprise contre l'usage, stile et commune observance de la Court (FAUQ., III, 1431-1435, 2). ...en quoy lesdis greffiers ont fait nouvelleté et entreprise contre l'usage, stile et commune observance de la Court (FAUQ., III, 1431-1435, 2). Mais la transquilité de la paix benoite est commun desirer de toutes bonnes gens (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 11). ...il lui paieroit le louage d'un selier où il les fist mectre, au pris commun (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 611). ...meschine estoit, faisant le mesnage commun comme les litz, le pain et aultres telz affaires. (C.N.N., c.1456-1467, 115). Ce village estoit assez estrange de la voye commune des chevaucheurs et chemineurs. (C.N.N., c.1456-1467, 547). ...telz espousailles qui n'ont esté d'aucune valeur prestent, donnent et baillent empeschement a ceulz de la consanguinité afin qu'ilz ne peuent contraire avec telz espoux, comme dist la commune opinion d'aucuns docteurs juristes. (Sacr. mar., c.1477-1481, 72).

 

-

Commun langage : Aristote tenoit que il n'estoit que un dieu, mais il parle selon le comun langage qui estoit lors. (ORESME, E.A.C., c.1370, 128). ...lesquelz estoient embastonnez, c'est assavoir ledit Jehan Launay d'une fourche ferrée à deux beusailz et ledit feu Martin d'une sarpe enmanchée, appellée en comun langaige volant. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 137).

 

-

Delit commun. "Délit commis par un ecclésiastique et justiciable du juge ecclésiastique, délit ordinaire, par opposition à cas privilégié" : La Court a baillié la detention de frere Guillaume Alaiz, religieux de Clugny (...) à l'abbé de Clugny, pourveu que ledit abbé ne procedera à la sentence diffinitive du delict commun jusques à ce que la Court ait cogneu du cas previlegié. (BAYE, II, 1411-1417, 191).

 

-

Droit commun : Mais aucune foiz appelle l'en droit commun celui qui est propre pour un royalme et commun a toutes les cités et parties d'icelui royalme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 304). ...touz ceulz qui, par affection ou prouffit particulier, pourchassent tel dommage contre la chose publique (...) contre droit commun et contre bonnes meurs, sont indignes de demourer et d'estre beneficiez en ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 267). ...je demandoie le dit Village par réquisitoire et non par commandement, à laquelle requeste, selon la disposicion de droit commun et ex precepto legis, le dit seigneur de Secille devoit et estoit tenu de optempérer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 203).

 

-

Grace commune. "Faveur ordinaire, opposée à grâce expectative" : ...quant aux benefices electifz et non cheans en graces communes et expectatives. (BAYE, II, 1411-1417, 157).

 

b)

[D'une pers.] Estre commun de + inf. "Avoir pour habitude de" : Fortune, Qui de mentir a tous est trop commune. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 68). Ay ! Fortune, Qui es forte une, Preste et commune De baillier prune Verte ou meüre, quant tu veulz (MACH., Lays, 1377, 476). Mais gardez vous que ne croyez Fortune Qui de flater est a chascun commune (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 101).

 

-

(Estre) commun de qqc. "Avoir l'habitude de qqc., y être versé" : Et qui en jeu se treuve plus commun Acquiert souvent entre joueurs le pris. (Lyon cor. U., 1467, 34).

 

2.

"Banal, ordinaire"

 

a)

[De choses] : Preigne l'abre, d'umble stature, Qui porte le fruit, par Nature, Duquel on fait la commune huile, Qui est à vivre moult utile (LA HAYE, P. peste, 1426, 167). ...ne ne fut femme, royne ou aultre, enointe de ladicte saincte huille, ne les roynes femmes des roys ne sont sacrees que de cresme comum. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 160). Fy de l'enseigne, Puisque l'ouvraige est si commun ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 126). [Pour faire le siège d'une place, il faut avoir...] Item ung canon especial de cuivre gettant cent livres pesant. Item vingt aultres canons communs gettant pierres. Item autres petiz canons gettans plombées et pierres communes de cent à six-vings livres. Item deux autres grans canons et six plus petis. (BUEIL, II, 1461-1466, 46).

 

-

[En partic., d'une plante, d'un animal] : Item, est ordonné que (...) chaponneau, oultre II. s. VI. d. (...) Item, poulet commun, oultre XV. d. Item, cochon de lait commun, oultre IIII. s. II. d. (...) Item, perdris retille, oultre II. s. Item, une assée, oultre XII. d. (Doc. Poitou G., t.7, 1422, 385). ...Ou de mellisse ou de bugloxe, Ou bourroche commune et grosse (LA HAYE, P. peste, 1426, 132). Mais la seconde noix, c'est assavoir l'aveleine ou la noix commune, nuyt, car elle est inflative et engendre ventiosités au ventre et fait douleur de teste et est difficile a digerer (Rég. santé corps C., 1480, 86).

 

-

De façon commune. "De coupe ordinaire, banale" : Vendu n'ay pour denyer ne maille, J'ay robe de façon commune. (LA VIGNE, S.M., 1496, 549).

 

-

Empl. subst. Cuisine de commun. "Cuisine ordinaire, banale" : Grosse cuysine de commun et de bouche ["raffinée"] (LA VIGNE, V.N., p.1495, 147).

 

b)

[De personnes] "Ordinaire" : Chier filz, qui establiz les loys, Qui de grace tant me donnas, Que de moy ta mére ordenas, Non pas conme mére conmune, Mais mére et vierge fui par une Voie qui fu dessus nature, En tant que de ta creature Tu daignas nestre en humain corps, Filz, entens cy a mes recors (Mir. ev. arced., c.1341, 132). Il n'est pas personne conmune En tant conme il est roy, c'est une ["c'est une première chose"] ; Ains est un homme singulier (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 9). Je vous diray, quant la personne est morte Et a bien fait : il n'a esté commun. (CONTE DE CLERMONT. In : CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 412).

 

c)

En partic. Les communes gens / la gent commune / le commun peuple / le peuple commun...

 

-

"Les gens, tout le monde" : Ne se tenoient mie en palais enfermez, Ainçoiz au commun pueple s'estoient monstrez (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 20). Ly contez Savaris, cescun le maudissoit ; Car de le mort du roy moult mescréus estoit, Et disoit on partout qu'enpoisonné l'avoit, Sy que ly communs peupple du païs le haiioit. (Hugues Capet L., c.1358, 25). Et les gens du païs l'appellent pollibastro ; et en mettent les communes gens de la contree en leurs viandes et es coffres de leurs linges, et en font sechier et pouldre pour mettre en leurs viandes en lieu d'espices. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 73). Et, au departir, parla à tous les cappitaines, chevaliers et escuiers qui estoient là, et appointa d'envoyer querir tout le peuple commung qui avoit esté prins en ceste course, et de le delivrer, excepté les nobles et toutes gens de guerre et ceulx des villes fermées qui faisoient guerre. (BUEIL, II, 1461-1466, 97).

 

.

[Dans une situation particulière] "Les présents, la foule assemblée" : Quant il furent tuit arrivé, N'i ot estrange ne privé Qui en son cuer ne se resjoie, Et qui ne meinne feste et joie, Quant il ont passé tel fortune ; Aussi toute la gent commune Dou païs grant feste en feïrent. De leurs galées descendirent Et aus hostelx se hesbergierent (MACH., P. Alex., p.1369, 110). Hé, Dieux ! que la gent commune fu au cuer resjoïe ! (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 341).

 

-

[P. opp. aux nobles, aux seigneurs, aux chefs de guerre, aux chevaliers, aux gens d'armes...] "Les gens ordinaires, le peuple" : Ly contez Savaris, cescun le maudissoit ; Car de le mort du roy moult mescréus estoit, Et disoit on partout qu'enpoisonné l'avoit, Sy que ly communs peupple du païs le haiioit. (Hugues Capet L., c.1358, 25). Et aussi moult desavenant Est a prince de hault paraige De finer ses jours sanz lignage Avoir procreé de sa chair, Auquel ait refuge et repair Le commun peuple de sa terre. (Gris., 1395, 16). Et trop fort se disferent en Engleterre les natures et conditions des nobles aux honmes mestis et vilains, car li gentilhonme sont de noble et loiale condition, et li conmuns peuples est de fele, perilleuse, orguilleuse et desloiale condition. (FROISS., Chron. D., p.1400, 42). Or se plaint le peuple de nous, or crient et murmurent les communes gens contre la seigneurie pour l'argent qui sur eulx est aucunesfois levé pour la defense du pays. (CHART., Q. inv., 1422, 32). TESTE LIGIERE. (...) Tu as resjouy ung chascun. MERE SOCTIE. C'est la nourrice du commun. (Sots, c.1480-1500, 272).

 

-

[P. opp. aux nobles et au clergé] "Le tiers état" : ...lesquelles [des plaintes] ne sont point pour mon interest particulier, mais pour tout le bien publique de vostre royaume et pour les trois estas d'icelluy, c'est assavoir l'esglise, noblesse et commum peuple (JUV. URS., Verba, 1452, 185).

 

.

Tiers (et) commun estat. "Le tiers état" : ...nous (...) vous mandons que (...) vous assemblez (...) les gens d'eglise, nobles, gens des bonnes villes et autres du tiers commun estat de vostre seneschaussée (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 29). A noz trés chers et bien amez les gens d'eglise, nobles, gens de bonnes villes et aultres du tiers et commun estat de nostre bailliage de Senlis. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 37).

 

-

[P. opp., parmi les non nobles, aux clercs, aux notables, aux bourgeois, aux riches...] "Le petit peuple, les petites gens" : Après toutes les besongnes dessusdictes, le XIIe jour de juing ensuivant, s'assemblèrent les communes gens de Paris de petit estat jusques à soixante mille ou plus, environ quatre heures après midi, et tous armez, doubtans comme ilz disoient que les prisonniers ne feussent mis à délivrance, non obstant le desenortement du nouvel prévost de Paris et de plusieurs autres seigneurs, iceulx embastonnez de vielz mailletz, haches, coignées, massues et de moult d'autres bastons dissolus, en faisant grant bruit et crians, Vive le Roy et le duc de Bourgongne ! s'en alèrent à toutes les prisons de Paris (...) où estoient les prisonniers. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 269).

 

-

La commune gent de... "Les serviteurs de" : ...desus le royne avoient mautallent, Pour ce qu'en sen palais, de se commune gent Ot fait tuer les princhez à Paris sy vieument. (Hugues Capet L., c.1358, 46).

II. -

Subst.

A. -

[Empl. neutre] "Ce qui est le fait de plusieurs ou de tous, ce qui est commun (à)"

 

1.

"Ce qui appartient à plusieurs ou à tous, les biens qui sont à plusieurs ou à tous, ce qui est commun, partagé" : La congnoissance des communaus et des communs appartient communément au prevost et au maire (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 354). ...se il en foïssoit son secret en terre, le rosel qui en croistra le revelera et le mettra en commun et par un legier et petit vent l'espandra en grans orages (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 235). Afin que du commun soient nourris touz, et femmes et enfans. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 106).

 

-

Commun de gent. "Ce qui est commun aux gens" : Quel donmaige fait le heron Ny autre oysel que prent faucon ? Par les marchés prennent les raines El mengüent herbes et graines Qu'ilz truevent parmy ces ruiseaulx ; Tel viande est pour telx oyseaulx. Dont püent il peu donmagier Commun de gent [var. Le bien commun] pour leur mengier. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 368).

 

-

Le commun. "Ce qui est commun, la commune" : ...et le veandredi ensuiguant que fut le premier jour de jung, l'an que dessus, convoquey a son de la clouche du commun, a la maniere acustumee, le commun de Besançon (Doc. 1386. In : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance, 2013, 683).

 

-

Commun de la paix. "Droit appartenant au roi en temps de paix et qui, dans le Rouergue ou le Périgord, se lève tout à la fois sur les propriétaires et les locataires" : ...la valeur des dis chasteaux, chastellenies, terres et seigneuries et de leurs dites appartenances et appendances, et pareillement des dis commun de la paix, passade, tail de canal et autres droiz (Archives servit. Louis XI, T., 1470, 35). ...nos villes, chasteaulx, chastellenies, terres et seigneuries de Villefranche de Rouergue, comprins le commun de la paix, les drois de la justice et autres drois et devoirs seigneuriaulx (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1480, 574). ...maistre Bremond de Saint Felix, s'est efforcé (...) nous dessaisir du droit du commun de la paix es lieux de Conques, de Sauveterre et ailleurs (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 274). Item, et sur ce que ledit Bourrain requerroit que, selon ung mandement qu'il avoit du conte d'Armignac, il peust lever sur le commun de la paix la taille annuelle dudit Severac jusque à la somme de six cens frans, pour payer l'assence du prioré de Severac et de Lavergne, fut respondu que le roy avoit fait prendre le commun de la paix, et en parleroit on ou roy, et feroit on le mieulx que on pourroit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 238).

 

Rem. Lettres Louis XI, V., t.4, 1470, 80 ; 145 ; t.6, 1477, 230 ; t.8, 1480, 271... Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 134b-135.

 

2.

"Ce qui est commun à plusieurs choses"

 

-

GRAMM. "Genre grammatical à la fois masc. et fém., ou à la fois masc., fém. et neutre" : Quantez geners est il ? Cinq. Quelx ? Le masculin, le femenyn, le neutre, le commun de deux, le comun de trois. (DonatOxf., p.1400. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 130).

 

3.

Loc. À commun / de commun / en commun

 

a)

À commun

 

-

"Ensemble" : Autant y ont droit tous comme un, Et si se gouverne a commun Par les plus anciens lignages (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 20).

 

-

"De manière générale" : ...ou temps plus ancïen Chantoit l'en bien de requïem Pour ceulx qui en la foi moroient, Mais a commun pas ne savoient des messes la grant efficace. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 85). [Autre ex. p.93, v.201]

 

b)

De / du commun

 

-

"Ensemble" : ...sans noise et sans assamblee de commun (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 780). CHASCUN. Sus doncques, puis que suis congneu Et que vous et moy c'est tout ung, Esbatons nous, je suis esmeu, Faisons tout de propre commun. (Sots triumph., c.1475, 42). Tous lez jours de la quarantaine Ilz font leur assignation. (...) O Gautier disneront lundi, Mardi disneront o Guillaume (...) Samedi aront qui que soit. Au dimence font du commun (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 190).

 

-

[D'une chose] Aller tout de commun. "Être mis ensemble" : [Discours révolutionnaire de Jean Ball] Bonnes gens, les coses ne pent bien aler en Engletière ne iront jusques à tant que li bien iront tout de commun. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 96).

 

-

Dire tout de commun que. "Dire de l'avis général que" : Mais il n'y ot cellui qui fort ne pensast aux merveilles et aux richesses que ilz avoient veues aux nopces, et aux trancheiz des fallisses, et au ruisseau qui soubdainement s'estoit comparus et fait ou dit lieu. Et disoient bien tout de commun que d'autres plus grans merveilles vendroient et apparroient de cest commencement. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

-

[D'une chose] Estre de commun. "Être prodigué à tous" : Elle jeue et rit a cascun, Si regard sont trop de commun ! (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 80).

 

-

Ville de commun. "Ville ouverte, place commerciale" : ...il n'est chastiau nesun, Cité, ne ville de conmun, Par ou pensent que venir doie, Qu'il n'aient estouppé la voie (Mir. ste Bauth., c.1376, 127).

 

c)

En commun

 

-

"Ensemble" : Chier sire, ce fait ce qu'ilz ont, Lui et touz autres (non pas un) Qui crestien sont en conmun, Une paroles si traittables... (Mir. st Ign., 1366, 88). Or escoutez vous en conmun : A touz ensemble et a chascun, Par foy, fas ce conmandement Qu'a la justice ysnellement Venez que le baillif veult faire (Mir. femme, 1368, 210). ...pour pourveoir audit paiement on devoit, concorditer unanimi consensu, poursuir en commun le paiement desdis gaiges pour tous eulz ensemble, sans querir paiemens et provisions à part separeement (FAUQ., II, 1421-1430, 181). ...les masures, jardin, vignes, prez, saulceiz et terres arrables, qui de present sont en totalle ruyne et boccage, qui sont six vingts jours ; et quand un autre les tenoit, devoient en commun au seigneur dud. Vonc, chacun an, de menus cens (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 371). François estoient X contre ung, Et pensions entre nous Anglois Morir tous ensemble en commeung Par les mains des tristres François. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 572). ..fut le premier qui mist les loix en Archadie et mariage, car lors vivoient encore hommes et femmes en commun (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

 

.

"Tous ensemble" : Soubz la couronne espicial, Resjouys nous as en commun. (Sots, c.1480-1500, 272).

 

-

"De manière générale" : Or avon donques ainsi dit en commun et generalment des vertus et avon mis leur gerre grossement et avon dit comment il sont moiennes ou en moien ou moienneresses et que elles sont habis. (ORESME, E.A., c.1370, 202). Si doit donques le prince honorer en commun [ou "en public" ?] la magesté du peuple et en son privé il doit mesurer et considerer l'estat de soy et de un chascun ensemble. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 70). ...en la cité m'as amené Dite de Magines a Romme Et ens ou pais on la nomme Et est ditte en conmun Edesse (Mir. st Alexis, 1382, 316).

 

.

"Unanimement" : ...Comme il est cy dit en commun. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 45).

 

.

En commun et particulier. "Collectivement et individuellement" : L'empereur me fit chevalier Pour avoir gloire terrïenne Partout sur le bras seculier En commun et particulier. (LA VIGNE, S.M., 1496, 259).

 

-

Traire qqn en commun. "Faire comparaître qqn en public" : Pour amour dou lignaige vout li juges tant faire Qu'elle moruit en chartre senz li en commun traire (Gir. Ross. H., c.1334, 196).

B. -

[Empl. de l'animé]

 

1.

[Empl. coll.] Le commun. "Personnes représentant le plus grand nombre ; les gens, le peuple"

 

a)

"Les gens, tout le monde" : Li communs la pais desiroit Tant que nuls ne le vous diroit (MACH., P. Alex., p.1369, 189). TESTE LIGIERE. On doit bien mauldire celluy Par qui le commun se doulloit. (Sots, c.1480-1500, 262).

 

-

[Dans une situation particulière] "Les présents, la foule assemblée" : Adont prinst le commun diuement [l. durement] a huer. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 480). ...le bon archevesque qui tant estoit senés Remontra au commun parlers si advisés Que par le sens de lui ilz furrent accordés (Cip. Vignevaux W., p.1400, 33). En ce temps, la royne, femme du roy Charles, acoucha d'un filz, lequel fut nommé sur les fons Loys, premier Daulphin de Viennois. Pour la nativité duquel fut faite grand leesce et grand joye par toute son obéissance, et par espécial en sa bonne cité de Tournay. Et furent fais grans feux par toute la ville, et crioit le commun Noël ! à haulte voix, en menant grant joye et leesce. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 173).

 

.

Tout le commun. "Tout le monde, tous" : LA CHOSE PUBLICQUE. Si ay, de vray, j'en ay eu ung [un enfant], Le pire de tout le commun [,] Que j'ay portay fort longuement, Lequel m'a donné du tourment, De l'ennuy et douleur amere Et ne faisoit rien pour sa mere, Tant est mauvais et detestable. (Sots mal., c.1480, 88).

 

-

[P. opp. aux nobles, aux seigneurs, aux chefs de guerre, aux chevaliers, aux gens d'armes...] "Les gens ordinaires, le peuple" : "...Il nous menra à tel pertuis Que nous en serons tous destruis, Car il sont bien mille contre un." Einsi murmuroit le commun. (MACH., P. Alex., p.1369, 80). Et partout estoient bien venut, especialment dou commun d'Engletière, quant il dissoient que il estoient de Gaind (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 264). ...nous nous garmentïons tous Comment au marquis, nostre sire, Pourrïons deprïer et dire Qu'a soy marïer s'assentist, Qu'avis nous est qu'en avenist Grant bien a lui et au commun. (Gris., 1395, 10). [Le quint chevalier au marquis] Et vez ci vos humbles subgez, Des plus grans une grant partie, Avec le commun qui deprie Ensemble eulx ma conclusïon. (Gris., 1395, 11). ...murmure de subgiez, plaintes de peuple et de commun (CHART., Q. inv., 1422, 46). En ce temps, se resmeurent ceulx de la ville de Tournay, et se mirent en armes l'ung contre l'autre à bannière déployée. Et fut la cause de ceste esmuette pour ce que la communaulté doubtoit que les seigneurs de Moy et de Conflans, qui estoient en leur ville et avoient grand audience, ne leur baillassent garnison plus puissant d'eulx. Nientmoins, soubdainement ilz se rapaisèrent sans cop férir. Et assez tost après, se départirent les seigneurs dessusdiz de ladicte ville de Tournay, doubtans la fureur d'icelui commun. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 174). Lesquels, jusques au nombre de bien IIII mil hommes, saillirent sur les gens dudit grant maistre ; mais tous lesdits Bourguignons furent durement rechassez dedans la ville, à leur grant honte, perte et confusion ; de quoy le commun print si grant despit contre eulx, qu'ils leur volurent courir sus. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 377).

 

.

Le menu commun : ...le second (...) avoit eu le gouvernement des canonniers ; le tiers (....) estoit capitaine du menu commun (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 357).

 

.

"A Rome, le peuple" : ...pour ce que a force d'armes il avoit pris et occupé le gouvernement du commun, il fu reputé tyrant et, par le consentement de la greigneur partie des senateurs, il fu occis de petis pugions, c'est a dire de greffez d'argent, ou Capitole. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 100).

 

-

[P. opp. aux nobles et au clergé] "Le tiers état" : Noblesse fuit encontre sa nature, Le clergié craint et cele verité, L'umble commun obeit et endure Fains protecteurs lui faire adversité (BAYE, II, 1411-1417, 220). ...j'ay intencion de exposer aucunes clameurs de vostre peuple, tant de gens d'esglise, nobles, que du commum (JUV. URS., Verba, 1452, 201). Aussi, monseigneur, tous les estas du payz, tant messeigneurs de l'Eglise, messeigneurs les nobles que le commun et la chose publique en general, vous devez avoir l'ueil à faire droit à ung chascun, à vostre povoir (BUEIL, II, 1461-1466, 27).

 

-

[P. opp., parmi les non nobles, aux clercs, aux notables, aux bourgeois, aux riches, aux hommes armés d'une troupe...] "Le petit peuple, les petites gens" : Estes vous marchant ou bourgoys Ou du conmun ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 76).

 

.

Le menu commun : Plusours des habitans de notre ville de Dyjon, especiaulmant des marchanz ou dou menu commun, sunt venu plaintiz à nous... (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1332, 61).

 

.

Le petit commun : ...tu fais tout ung Du roy et du petit commun. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 227).

 

.

Les gens de commun : Or oez, seigneurs chevalliers, Gens de commun, clercs, escuiers ! (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 208). Et s'estoient XXX. contre un De gens d'armes et de commun, Li Sarrazin, que Dieus confonde ! (MACH., P. Alex., p.1369, 157). ...plusieurs chevaliers, escuïers et autres gens de commun, tenans le [ parti ] et bien vueillans du roy nostre sire, ont esté prins et emprisonnez audit lieu de la Sousterrine, et mis à raençon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 58). Et lors montent a cheval a moult belle compaignie, et vindrent en la cité ou dames et damoiselles, chevaliers et escuiers, bourgois et gens de commun les regardoient a merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 187).

 

.

Le commun populaire. "La masse du peuple" : Par grans monceaulx le commun populaire Deça, dela, s'estoit voulu assire Pour hault crier en amour voluntaire Voire si hault qu'ilz ne se povoient taire: " Libertate, libertate, chier sire ! ..." (LA VIGNE, V.N., p.1495, 201).

 

b)

En partic. "Le peuple d'une ville, d'un bourg" : Mes amis, pour tout le conmun De ceste cité assembler, Faites le saint un cop sonner (Mir. emp. Julien, 1351, 184). Ce fist li roys à leur priere, Car d'amour certeinne et entiere Le commun de Venise amoit Et ses bons amis les clamoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 119). Le commun et habitans de Bohuon ont acoustumé de prendre en la forest de Lions III chesnes par livrée du verdier (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 28). ...se le roy meismes en sa propre façon Ne se fust amonstrés à la colation Dou quemun de Paris, tantos et sans pardon Il estoient entrés en telle abusion Qu'il eussent mis à mort tous ciaus de la mason (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 276-277). Le quemun de Paris en ot grant marison. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 335). ...et lors firent mectre sus le commun de Paris (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 54-55).

 

-

"Le corps des bourgeois d'une ville ; l'assemblée communale" : A touz ceulx qui orront et verront ces presentes lettres, le maire et le commun de Poitiers, salut en Dieu nostre Seigneur pardurable. (Doc. Poitou G., t.3, 1354, 144). ...et le veandredi ensuiguant que fut le premier jour de jung, l'an que dessus, convoquey a son de la clouche du commun, a la maniere acustumee, le commun de Besançon (Doc. 1386. In : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance, 2013, 683). ...lesquelles XLV quehues de vin madame la duchesse, par l'avis d'aucuns des gens du conseil de mondit seigneur et d'elle a fait donner et presenter de par elle et de par mondit seigneur aux personnes apres escriptes pour consideracion des bons et agreables services, afin qu'ilz soient plus enclin es affaires de mondit seigneur et mesmement à entretenir le commun de ladicte ville de Troyes à la bonne amour et adhesion de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 836). ...maistres Oudart Le Fer, ou nom et comme procureur du duc de Bourgongne, et Olivier Delebeque, procureur des advoé, eschevins, conseil, hoosmans, capitaines, et des XXVIJ personnes ordonnées pour le commun de la ville d'Ypre, presenterent à la Court les lettres royaux (FAUQ., II, 1421-1430, 171). ...ilz garderont et entretiendront ces presentes ordonnances au bien publique d'icelle nostre ville, en excerceant leurs dis offices bien, justement et loialement au bien de la justice et à l'onneur et prouffit de nostre dite ville et du Commun d'icelle (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 107).

 

c)

"Ensemble des membres ordinaires d'un métier" : ...par l'assentement et accort de tout le commun dudit mestier (Industr. Paris F., 1345-1412, 299). ...li wyt preudomme, qui seront pris et esleu de le Vintainne et des mestiers de le drapperie, et li wyt aussi, qui seront pris et esleu des mayeurs des gheudes pour estre en l'office et du nombre des Vint et quatre de le ville, seront tenu et astraint de dire et jurer publiquement et solennelment, par leurs foys et sermens, est assavoir li wyt de le Vintainne, par devant le Vintainne, les dis mestiers de le drapperie et leur commun et chil des gheudes, cascuns par devant son mayeur et sen commun (Hist. dr. munic. E., t.1, 1356,,, 356).

 

d)

"Ensemble des personnes qui forment le service d'une grande maison, serviteurs" : ...trois tapiz vers contenans 18 aunes quarrés, armoiez aus quatre cornes aus armes dudit monsgr le Dauphin, pour les sommiers de son commun (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 114). ...la despense du commun de Monseigneur qui estoit à Gavray, qui se compte par un item pour les mois de janvier, fevrier (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 65). ...Regnault, barbier du commun dudit seigneur (Comptes roi René A., t.3, 1469-1470, 340). Lors [le roi] se mect devant, et le roy d'Espaigne (...) se mect après, avecq grant nombre de gens. Quant ilz furent en la salle du commun, ilz se esmerveillerent fort de la richesse de la tapisserie que illecq estoit. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 73).

 

-

Gent de commun. "Suite d'un haut personnage" : ROY FLOIRES. Assez avez gent de conmun ; Mais pour estre voz conseillers Vous arez ces deux chevaliers Et ces deux massiers (Mir. Berthe, c.1373, 200).

 

e)

"Troupe" : LUCIFER. Suz, deables, horrible commun, Serrez voz portes a puissance... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 349).

 

2.

"Individu pris sur un tel ensemble"

 

a)

"Homme du peuple (en partic. d'une ville)" : ...nuls sires ne se doit trop comfiier en conmun estragne ["qui lui est étranger"]. De trop petit on piert lor grasce et lor amour. (FROISS., Chron. D., p.1400, 451). Povre et riche meurt en corrupcïon, Noble et commun doivent a Dieu service ; Mais les nobles ont exaltacïon Pour Foy garder et pour vivre en justice. (CHART., B. Nobles, c.1424, 196). Et certes l'Empereur et tous les princes de l'empire, voyre les commungs et les paysans, estoient tous pour le chappitre de Coulogne et à l'encontre de leur evesque (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 98).

 

Rem. Prov. : Ce n'est riens d'aide ou faveur de commun : fols est qui s'y fie ; C'est dure chose de commun rapaisier ; Qui sert commun, nul ne le paye (Prov. H., 80b-81a).

 

-

[En partic., par oppos. aux notables] : Li grant bourgois (...) se traisent d'une part (...). Quant li aultre commun veirent che, il se commencièrent a esmouvoir et à criier durement sus les grans bourgois. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 95).

 

b)

"Homme ordinaire, qui ne se distingue par rien d'éminent" : Symonides le Second, Grecq, lequel se delecta entierement en philozophie et en la theorique et speculative des estoilles en ce temps, en maniere que nul de son temps ne fut plus estimé, ne plus apprecié sçavoir, et trouva moïen de recouvrer les livres du grand Menesserab qui fist tant de jugemens en Syrie, au moïen desquieux semblablement se mist à la pratique et experience de jugemens et en fist choses moult estimées du commun et aussi des grans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 42 v°).

 

3.

"Être identique aux autres de la même espèce"

 

-

[A propos des anges] : ...Car les anges sont crëatures Nobles, dont le parfait commun Ne devoit pas descendre d'un Par quelque generacion (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 42).

 

-

Au plur. "L'ensemble, la totalité des êtres" : Considere donc, ma benigne ame, que les communes choses sont donnees a communs et les specialles es speciaulx et les singulieres es singuliers. Et en trestoutes ces choses il t'a demonstré grant signe d'amour, quant il t'a donné choses communes avec ceulx qui sont communs avec tous et t'a donné choses speciales avec ceulx qui sont particuliers et si t'a donné singuliere chose a toy singulierement par especiale et singuliere amour qu'il a a toy. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 272).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 5/19 
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     COMMUNABLE     
FEW II-2 communis
COMMUNABLE, adj.
[T-L : comunable ; GD : communable ; AND : communable ; FEW II-2, 962a : communis]

"Commun, qui est en commun" : Beaulx manoirs y a gracieux, Non mie si delicieux Com les premiers, n'a tel haultece, Si nobles, ne de tel richece ; Mais communables sont aux mains, Les uns plus et les autres mains. La est l'ediffice commun Pour gens moyens et pour commun. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 123). ...tous d'un propoz communable Amoyent plus chier la mourir Qu'en aultruy servage encourir. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 257).

 

-

DR. "Qui appartient en communauté à plusieurs personnes" : Jugement (...) que dit que ung homme vuelt que ung autre faice ung murs qui est communable pour les deux de cez coustange, pour ce qu'il vient trop grant pixour en son hostel, ou a remuer les porc que sont en son hostel ; et li autre dit qu'il n'en a point a ffaire ne a remuer ces porcques, pour ce que les rancs i ont esteis d'ancienneteis. Il fut dit que li dairien ait bien a demeureir en paix. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1372], 464).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/19 
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     COMMUNAGE     
FEW II-2 communis
COMMUNAGE, subst. masc.
[GD : communage ; FEW II-2, 962b : communis]

A. -

"Bien communal"

 

Rem. Doc. 1448 ds GD II, 197a.

B. -

"Gens du commun"

 

Rem. FROISS. (éd. Kervyn) ds GD II, 197a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 7/19 
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     COMMUNAILLE     
FEW II-2 communis
COMMUNAILLE, subst. fém.
[T-L : comunaille ; GD : communaille1 ; AND : communaille ; FEW II-2, 963a : communis]

I. -

"Menu peuple" : ...le duc (...) par sa franchise, licencia celle communaille qui à lui s'estoit rendue à la prise d'Ambérieu. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 302).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L II, 643.

II. -

"Pâturage communal"

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD II, 197a. FEW II-2, 963a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/19 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     COMMUNAL     
FEW II-2 communis
COMMUNAL, adj. et subst. masc.
[T-L : comunal ; GD : communal1 ; AND : communal ; FEW II-2, 962b, 963a : communis ; TLF : V, 1135a : communal]

I. -

Adj.

A. -

[De pers.]

 

1.

[Correspond au subst commun ; qualifiant gent] "Du peuple" : Souvent prioit a Dieu (...) Qu'il voulsist donner grace a Regnaut le loyal De convertir son pere a le loy general Et son frere enssement et le gent communial. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 511).

 

2.

[D'une pers.] "Ouvert à tous, accessible, serviable" : ...à ce ne failloit mie nostre prince ; doulz et humain, communal entre ses amis, fier et hardi contre ses adversaires ; lesquelles condicions et toutes autres bonnes furent ou roy Charles. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 32-33). ...trop enclose en chambre ne trop solitaire ne se doit tenir, ne aussi trop commune a la veue des gens, mais a certaine heure retraicte et aultres fois plus communalle. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 112). Non pas, pourtant, que on doie entendre que ceste benignité doye estre nice et sans maniere, si que à tous se rende trop privé et communal, qui est chose non partinant à grant seigneur ne meismement à quelconques homme sage, comme il en fust moins prisiéz et tenus à fol ou vil. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 141).

 

-

[D'un animal] "Docile, dévoué" : La damme lait aller le destrier communalz (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 71). Ains qu'il fut remonté au destrier communal En y eut geté jus maint nobile vassal. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 127).

B. -

[De choses]

 

1.

"Commun"

 

a)

"Commun (à plusieurs)" : Mais quant bien orent regardé Par tout, a la fin accordé Se sont par communal accort Que ilz s'en mettroient au recort Des princes francois (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 264).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L et GD.

 

-

"Commun à beaucoup de personnes, répandu, ordinaire" : A le voie se mist en baissant le nasal, Car on dist bien souvent ung parler communal : Que tout adez se doute ly hons qui a fait mal. (Hugues Capet L., c.1358, 215). Puet estre que de mains beaux Jouvenceaux Est priée tire a tire, Par quoy ses pensers roiaulx Communaulx Seront tousjours a desdireVos vouloirs (Cent ball. R., c.1388-1396, 141).

 

.

Commun à... et à : Mais malheür est communaulx Aulx debonnaires et aux faulx. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 89).

 

.

"Su par beaucoup de personnes, notoire"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 72 (Que vous eslongeroie la chouse communale ?).

 

-

En communal. "Commun"

 

Rem. Doc.1435 ds GD II, 197c

 

b)

"Commun à deux ou plusieurs propriétés" : En covertes de maisons, en goutieres communaulx ne convient point de plait (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 160).

 

c)

P. ext.

 

-

[D'une pers.] Communal à qqc. "Habitué à qqc." : Par Fausseté [Amours] fait tourmenter Ceulx qui sont si desnaturaulx Qu'a ses euvres sont communaulx (Cent ball. R., c.1388-1396, 98).

 

-

[D'une chose] Communal à qqn. "Ordinaire, habituel à qqn" : L'anffe croit et amande sans avoir nulz trovalz, Car ceu qu'il li failloit ["fallait"] li estoit communalz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 30). Car puis qu'en ce meffait mortal Serés, c'est nëant du retraire, Tantost vous sera communal (Cent ball. R., c.1388-1396, 50).

 

-

Empl. adv. "Communément, habituellement" : [Avant le péché originel] Tretout estoit bon communal, Riens ne lui pouoit faire mal [à Adam] (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 73). Chevauchier encor ne sçavoient ; Alloient a piet communal (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 87).

 

-

[Renforçant l'idée de totalité] Trestout en communal. "Communément, habituellement, toujours" : Tous lez dymengne Albiers l'evesque especials, Si celebroit la messe trestot en commonals (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 720).

 

2.

"De la commune, de la communauté" : La chité avironnent, les portes communaus (Bât. Bouillon C., c.1350, 52). ...ainsi qu'il eut laissé de faire sa besongne comme les autres de son estat ont acoustumé faire, print soubz son braz à l'ostel de sondit pere cinq ou six ripoisses à prendre oyseaulx et s'en alla droit à certaines brandes appartenans à sondit père et ses freres cheurs, assises comme à trois traiz ou gectz d'arc dudit lieu de la Cepaie, près autres brandes appellées les brandes communaulx, pour veoir s'il trouveroit point de repaire d'assées ou becaces, pour illec y tendre lesdiz ripoisses. (Doc. Poitou G., t.12, 1475-1483, 244).

 

-

"Commun, public" : Il ne chaut du bien communal (...) Tout est reversé contreval. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 274).

II. -

Subst.

A. -

[À propos de biens]

 

1.

"Terrain appartenant à une communauté, une commune" : ...la moitié des amendes des bois de communaulx dudit lieu et finaige de Beze (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1444-1445, 561). ...l'une [piece de prez] toichant, d'une part, a biefz appelez le biefz de Rupt et, d'aultre part, a communal dudit [lieu de] Clairon (Test. Besanç. R., t.2, 1453, 102).

 

2.

"Terrain dont le cens est commun à plusieurs" : ...les cens du communel, où led. Simon prent la moitié et autre personne qui les tient de moy, c'est assavoir messire Tiercelet et peuvent bien valoir x s. p. (Doc. 1399. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 15, 1911, page).

B. -

[À propos de pers.] "Homme lige commun à deux suzerains" : ...en la ville de Chastillon a plusieurs condicions d'ommes et de femmes ; les ungs sont nobles [ils relèvent tous du duc de Bourgogne] ; les autres clercs [ils relèvent de l'Evêque de Langres] ; les autres hommes et femmes liges originalement à Monseigneur de Langres ; les autres sont hommes et femmes liges à l'un des deux seigneurs ou à l'autre par convenances ; les autres sont communs à deux seigneurs justiciables et tailliables ; les autres sont communs à deux seigneurs justiciables et non tailliables et sont appelez communaus et ne doivent à deux seigneurs chacun an, fors que à chacun vi deniers tournois le jour de la Saint Remy pour recongnoissance (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 349).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/19 
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     COMMUNALEMENT     
FEW II-2 communis
COMMUNALEMENT, adv.
[T-L : comunal (comunaument) ; GD : communalment ; AND : communalment ; DÉCT : comunaument ; FEW II-2, 962a : communis]

A. -

"En commun"

 

-

[Renforçant l'idée de totalité] Tous communalement : De ceu se mervillerent trestout communalment (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 211). [aussi p.766, v.24793] Seigneur, entendez moy, oiez le mandement Que mes sire vous mande a touz communaument (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 3). ...ilz s'en retournerent tous communalment vers la cité. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 24).

 

-

"D'un mouvement commun, tous ensemble" : Et quant li Grigois virent que Gharsillez se rent, Dont tournerent fuiant trestous comunaulment Et la desconfitture dura moult longhement (Flor. Rome W., c.1330-1400, 234). Trestout communalment sont en le ville entré ; La porte ont refrumée, s'ont portier restoré D'un moult boin escuier et plain de grant fierté. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 189). En l'ost ne demoura ne cheval ne jument Que ne fust mis en oeuvre pour amener briefment Le bos et le mairien en l'ost communaulment. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 94). Li bourgois de Paris trestoux communamment, En ont laissiet l'ouvrer pour vëoir le content. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 13).

 

Rem. Aussi JEAN LE LONG, Voy. Odoric M., 1351, gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

 

-

"D'un commun avis, unanimement" : Et quant li borgois ont oyr li parrlement, A ung conseille allerent tout communalment (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 479). Mors est rois Loays (...) ! Et on dist ou royaume partout communaument Que ly contez le fist enerber fausement (Hugues Capet L., c.1358, 33). Or quide bien rois estre ains le deffinement ; Se maus ly en venoit de cest demainement, Bien seroit emploiiet et pau plaint durement ; Et sy diront de my trestout communaument (Hugues Capet L., c.1358, 142). Et adont cuidierent tous communalment que l'autre messagier feust mort. (Bérinus, I, c.1350-1370, 332). Li bourgois de Paris trestoux communamment, En ont laissiet l'ouvrer pour vëoir le content. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 13).

B. -

"Communément, en général, habituellement" : Gent de malvaise conscïence Se deulent mains corporelment Et du monde communelment Joïssent trop mielx que les dignes. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 94). ...ils scevent tout communaulment l'art d'ingremance, et sont touz leurs ars faiz par art de diable. (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 286). ...ceo q'il est par dehors serra moustree : c'est le plus bel communalment de nous touz (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 117). ...car, en matiere moral, les choses a quoy nous sommes plus enclins elles semblent estre plus contraires au moien et a vertu, si comme sont delectacions, asquelles communelment nous sommes naturelment enclins (ORESME, E.A., c.1370, 171). Et comunelment, se un nom signifie pluseurs choses et est dit en pluseurs manieres, le nom contraire signifie aussi pluseurs choses et est dit en pluseurs manieres (ORESME, E.A., c.1370, 276). Donques a nostre propos, il est certain que communelement et ou plus des cas les choses prouvees en fourme de droit sont vraies. (ORESME, E.A.C., c.1370, 379). ...car, pour la molesce et fragilité de elles, raison n'est pas en elles si forte que elle puisse combatre ou resister a concupiscences communelement (ORESME, E.A.C., c.1370, 382). Item, selon les philosophes, la cause pourquoi ceulz devers septentrion sunt communelment plus courageus et impetueuz ou cruelz et moins subtilz, ce est car il habondent plus en humidité et en sanc. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 297). Et ceulz qui meinent vie contemplative sunt communelement dehors les cités, car vie civile ne leur est pas propice. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 302). ...la monnoie usuale qui communaument avoit cours au temps du paiement (Doc. Poitou G., t.5, 1377-1390, 154). "...Par orgueil et outrecuidance en tous ses fais communaument elle eslit la pieur partie, et se le mari la reprent, au bec et aus ongles elle se deffent et souvent demeure obstinee obs[t]inee". (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. G.-K., c.1384-1389, 11). Lisses sont chaudes et en leur amour communelment deux foiz l'an, mais elles n'ont nul terme, quar touz temps en trouverez de chaudes. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 111). Il est escript que de nuit communaument regne la poissance de tenebres, c'estassavoir le dyable, pechie et traison (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 68). ...le diable ne trovera pas champ convenable la ou la zinzanie puisse rendre grant fruit, [et] pour ce il se retornera as autres champs en l'ost, qui par regle convenable ne seront pas si bien cultives, et la semera la zinzanie comme il a acoustume, et par consequant un grant host communalment ne peut pas estre longuement sans debas et discentions. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 69). ...et la dedens celle abbeie sont les sepultures conmunelment des rois d'Escoce. (FROISS., Chron. D., p.1400, 219). Vraymant j'auray grant envye De savoir tout secretemant Se les crestiens communelmant Tyennent mellieur foy que nous autres (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 62).

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1341 (communalement), 1387 (communaulmant), 1435 (communalment) ds GD II, 197c-198a. Aussi JEAN LE LONG, Voy. Odoric M., 1351, gloss.

 

-

[À propos d'une chose] "Habituellement, communément" : La cause pour quoy lez portoient Haut enterrer ? Poue ce fesoient Que trop d'eve a en la valee Qui du bois i est avalee. (...) En yver especiaument I court eve communalment (Vie st Evroul S., c.1350, 85).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 10/19 
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     COMMUNALITÉ     
*FEW II-2 communis
COMMUNALITÉ, subst. fém.
[*FEW II-2, 963a : communis]

DR. "Qualité de celui qui est dans la communauté de mariage ; biens communs aux époux" : Souventes foiz est advenu que aucunes fammes emprès le deceix de leurs maris faisoint renonciation de prendre es biens meubles de leur communalité (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1420, 382).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/19 
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     COMMUNAUTÉ     
FEW II-2 communis
COMMUNAUTÉ, subst. fém.
[T-L : comunauté ; GDC : communalté ; AND : communalté ; FEW II-2, 963a : communis ; TLF : V, 1136a : communauté]

A. -

[À propos de pers.]

 

1.

"Régime, organisation d'une collectivité, pouvoir communal" : ...laquelle [Espinars] se tenoit sans avoir nul seigneur, ains se tenoit par communaulte. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 268). ...la ville et cité d'Angiers, qui est chief et capitalle du pays et duché d'Anjou, (...) laquelle, puis aucun temps en ça, par deffaut de police et conseil, et qu'il n'y a eu aucune communaulté comme il y a en plusieurs autres bonnes villes et citez de nostredit royaume, est très fort diminuée et apourie, et les fossez, murailles, portaulx, boullevert et autres emparemens et communs affaires d'icelle si mal traictez, régiz, gouvernez et conduiz (Roi René vie L., 1475, 355).

 

-

En partic. "Régime populaire" : Et [le roi Lancelot] avoit ses alliez le duc de Millan, les Venissiens, les Genevoiz et les Sennoiz, et generalment tous les seigneurs et communaultez d'Ytalie, excepté la cité de Florence, laquelle voulloit seignourir (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 190). Aux princes d'Ytalie (dont la pluspart possèdent leurs terres sans tiltres, s'il ne leur est donné au ciel ; et de cela ne povons que deviner), lesquelz dominent assez cruellement et violentement sur leurs peuples quant à leurs deniers, Dieu leur a donné pour opposite les villes de communaulté qui sont audict pays d'Italye, comme Venise, Florence, Gennes (COMM., II, 1489-1491, 208). Or notez qu'ilz cuidoient bien saigement parler, et aussi faisoient-ilz, car, pour aujourd'uy, je croy leurs affaires plus saigement conseillées que de prince ne communaulté qui soit au monde. (COMM., III, 1495-1498, 29).

 

2.

[Subst. collectif]

 

a)

"Ensemble de tous ceux qui vivent sous le même régime" : De prime face, les pugnitions de Dieu ne sont point de telle grandeur qu'elles sont à traict de temps, mais nulle n'en advient à ung prince ou à ceulx qui ont le gouvernement sur ses affaires ou à ceulx qui gouvernent une grand communaulté, que l'yssue n'en soit bien grande et bien dangereuse pour les subjectz. (COMM., II, 1489-1491, 228).

 

b)

En partic. "Habitants d'une ville (organisée en commune)" : De rechief, sont encor complaint lidit habitant et communaultéz seur ce que ondit accort est contenu que chacuns de nous seigneurs dessus diz et nostre officier povons mettre saisines en maisons de nos bourgois (Trés. Reth. S.L., t.2, 1332, 16). Du maieur, eschevins, bourgois, habitans, maieur de bannière, et de toute la communauté de la ville d'Amiens, par la main de Jehan du Gard, compaignon de l'esquevinage, et Jehan Piedeleu, maieur de bannière, messaigiers envoiez devers le Roy par les dessus diz, pour don qu'ils ont fait au Roy pour son vivre et estat maintenir (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 202). Et encore vorra il plus faire, Que les esliseurs de l'empire Voloit assambler, tire a tire, Et escrire à nostre Saint Pere Par coy sa diligense appere, Aus princes, aus communautés, Qui sont si homme, et feautés Li doivent, pour eaus esmouvoir (MACH., P. Alex., p.1369, 40). Et estoient donnés les trieuwes, et ensi furent elles (...) publiies (...) dedens la chité de Tournai, pour resjoir la conmunauté de la ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 457). ...le Roy avoit mandé et fait assembler pluiseurs barons, nobles, prelas, conseilliers et autres personnes notables, procureurs ou ambassadeurs des communaultés et bonnes villes de son royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 359).

 

c)

[P. oppos. aux nobles, au clergé, aux notables...] "Ensemble du commun peuple, du peuple (d'un pays, d'une ville, d'une localité...)" : Mais le roy Ferrant avoit respondu que les communautez n'avoient nulle puissance sur les nobles de son pays, que le roy son filz, dan Jehan de Castille, estoit trop puissant roy pour eulx constraindre et chastier, se rebellion avoit en Portingal après sa mort. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 235). Monseigneur, en la requeste et priere de ces bonnes gens et de la communaulté de vostre royaulme je n'y voy que droit et raison. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 31). ...en ces jours, ne fut pas delivrez messire Symon Burlé du chastel de Londres, où il tenoit prison, car il estoit grandement en la malivolence des oncles du roy et de toutte la communaulté d'Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 39). C'est un grant peril pour tout ce royaulme, car, se les communaultez s'esmouvoient et resveilloient, il ne puet estre que grant meschief n'aviengne en Angleterre, ou cas que les seigneurs ne sont mie tout ung. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 58). Li communaulté et les eglises et aucun riche homme de le ville se voloient tourner françois. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 60). ...prelas, barons et chevaliers, dames et communautés, se tournent tous les jours françois. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 91). Le roy la fist demander pour femme. Mais la pucelle ne s'y voult accorder. De quoy le roy fu moult doulens, et jura Dieu que, se il povoit, que il l'auroit, comment qu'il feust. Lors fist son mandement et deffia la pucelle et tous ses aidans. Quant les barons et les nobles et la communauté du pays le scorent, si jurarent, puis que leur dame ne le vouloit prendre a mary, qu'ilz luy monstreroient qu'il avoit tort vers la pucelle et vers eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 147). .VIIJ. jours y fut le roix (...) Aveucques lez bourgois et la communaulté. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 18). ...li ainnés ot nom Edouwars et fu rois d'Engleterre par l'acort de tous les barons, prelas et conmunautés d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 45). Les bourgois de la chité et toute la conmunauté, qui avoient assés affection as François, se rendirent incontinent (FROISS., Chron. D., p.1400, 658). ...li rois de France (...) dist que il ne voloit fors guerriier des gentils honmes dou roiaume de France, et que des conmunautés amener en bataille, ce n'est que toute perte et empecement, et que tels manieres de gens ne font que fondre en bataille ensi conme la nive font au solel (FROISS., Chron. D., p.1400, 821). Segneur, dedens Paris ot mout de bonne gent De la communauté et marchans ensement (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 524). Le Maieur, Eschevins et Communaulté d'Amiens. Faisons savoir que... (Doc. 1415. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 65). ...pour exposer la creance selon le contenu des lettres des eschevins et communaulté de ladicte ville (FAUQ., II, 1421-1430, 296). ...obstant les divisions qui estoient lors en Engleterre, tant entre les nobles comme entre les communaultez. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 306). Sy en mercia le mayeur, l'archevesque et les seigneurs, ensemble les bourgeois et la communauté de la cité (Faits Lalaing K., c.1470, 99). Ledict duc tenoit à grant gloire ceste grant armée d'Allemaigne, tant de princes, de prelatz que de communauté, qui estoit la plus grande qui ait esté de memoire d'homme pour lors vivant ny de long temps par avant (COMM., II, 1489-1491, 26). Conte de Dampmartin, noz très chiers et bien amés les mayeurs et eschevins et toute la communauté de nostre bonne ville et cité d'Amyens, eulx demonstrans noz bons, vrays et loyaulx subjectz, nous ont envoyé certaines lettres closes de par le roy presentées à aucuns de nostreditte ville par ung officier d'armes, lequel, en les leur presentant, a faict certaine summation. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 257).

 

d)

P. ext. "Ensemble de personnes liées par un lien quelconque"

 

-

"Ensemble des personnes habitant un même endroit" : ...pour la facon de certaines nattes mises sur les sièges de plastre du palaiz archiépiscopal contenans VI toises et demi ouquel palaiz fut ordonné que la communauté dudit hostel disneroit et soupperoit (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 184). Le roy eut pitié d'eulx [les douze frères], leur donna chevance, pour eulx remettre en chastel, et leur conseilla de vivre en communautté, consideré leur prochainneté, jusques a ce qu'ilz sceussent gaigner pour eulx vivre et gouverner. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 111).

 

-

"Groupement des membres d'un même métier, corporation" : ...le Procureur de la communeauté d'icelle boucherie n'en veut aucune chose paier, pour ce qu'il dit que la ville leur doit plus que cela ne monte par le moyen de la taille que ladite ville print dernierement (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 61). ...en la cause d'entre les proprietaires de la Hale des basses merceries, d'une part, et la communaulté du mestier de peleterie, d'autre part (FAUQ., III, 1431-1435, 31).

 

-

"Hommes de troupe" : En che pourpos estoient li dus de Lancastre et si frère et pluiseur haut baron d'Engletière et la grigneur partie des communautés de l'ost. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 272). Et ne fait pas à demander si le duc de Bourgoingne et le conte de Charrolois furent desplaisans de ceste male aventure, avec toute la chevallerie et communauté de l'armée (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 311).

B. -

[À propos de biens matériels]

 

1.

"État, caractère de ce qui est commun à plusieurs" : ...un certain mas de terre, appelée la Chaulme du Queyrouer, duquel mas est la communaulté dudit villaige du Vergier jusques à la montance de cent boissellées de terres ou environ (...). Et pour ce que lesdiz supplians avoient autel droit, partie et porcion èsdictes communaultez comme ledit du Vergier, ilz se transportèrent, (...) esdictes chaulmes du Quayrouer et se prindrent à labourer jusques à la moytié de cinq à six boisselées de terre. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 11). Jugement (...) que dit que ung homme vuelt c'on partisset plussieurs hommes et femme que sont de commoteit et lez parsons soient faicte au moin demambrei ; et li autrez dit qu'il n'en a nulle a ffaire parsons, pour ce que lez commoteis sont faictes par escript d'airche et l'accort dez homes et des femmes et pour ce que parsons ne s'em puelt faire se se n'est par l'accord de tous les segneurs. Il fut dit que parsons s'en avoit bien a ffaire, saulf tous drois. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1370], 450).

 

2.

En partic. DR. "Régime matrimonial dans lequel certains biens sont communs aux deux époux" : ...lesquelles deux sommes font ensemble la somme de quatre vintz onze escuz lequel messire Jacques et dame Jehanne de Ravel, sa femme, qui sont alez de vie à trespas, estoient tenuz en ladicte somme par la communaulté de leur mariage. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 545). Entre homme et femme conjoinctz ensemble par mariaige y a communaulté ensemble en telle maniere que (...) le mari est tenu personnellement de payer mobilières deues à cause de sa femme (...) et aussy la femme est tenue après le trespas de son mari payer la moictié des debtes mobiliaires (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 431).

 

-

[D'une chose] Choir en communauté. "Tomber dans la société de biens (entre époux)" : Mais les propres heritaiges ne les conquestz heritaux qui auroient esté faiz par avant la communité ne cheent point en communité. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 503).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 12/19 
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     COMMUNE     
FEW II-2 communis
COMMUNE, subst. fém.
[T-L : comune ; GD : commune ; GDC : commune ; AND : commune ; DÉCT : comune ; FEW II-2, 961b,962b : communis ; TLF : V, 1136b : commune]

A. -

[À propos de pers.]

 

1.

"Association, ensemble organisé (apparaissant comme une personne morale) de personnes liées par une charte, voire par un serment ; ville ainsi organisée, ville franche" : "Et volons et consentons, tant comme en nous, que nostre Saint Père le pape conferme toutes ces coses, en donnant monitions et mandemens generaulz sour l'acomplissement d'icelles contre nous, nos hoirs et successeurs et contre tous nos subgès, soient communes, collèges, universités ou personnes singulières quelconques." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 31). Les maire et eschevins de la ville d'Arras nous ont fait exposer en complaignant que comme il soient noblement fondéz en corps, Loy et commune et aient en la dicte ville et en la banlieue d'ycelle toute jurisdiction et cognoissance, jugement et decision, en touz cas... (Hist. dr. munic. E., t.1, 1377,,, 392). ...nostre cousin Hugues, duc de Bourgoingne, a donné à ses hommes de Dijon commune à la forme de Soissons, saulve la franchise qu'il avoient avant. Ceste commune, li devant remambrés Hugues, duc, et Odes, ses filz, ont juré à tenir et à garder enterinement. Pour laquelle chose, à la requeste et à la voulenté du duc et de son filz, nous prenons en main ceste commune à garder et à maintenir en tele forme que, se le dux ou si hoirs vouloient enfraindre ceste commune ou il le vousesit saillir arriere des institutions de la commune, nous la ferons estre tenue à nostre povoir. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 26). ...les habitans d'une ville qui n'ont corps, cri ne commune ne puent constituer procureur sanz la licence de leur seigneur (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 125). ...comme les communes de Flandres par mauvais conseil se furent rebellées contre leur seigneur (...) pour ce, par son conseil y ala le roy et toute sa baronnie, à assemblée banie moult noble et moult redoubtable (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 163). ...le procureur de maire et commune de la Rochelle a protesté que ce, quant au fait de capitainne, ne prejudicie au droiz, libertez et franchises de ladicte ville et du maire de la Rochelle (BAYE, II, 1411-1417, 10). ...le vidimus desquelles lettres fait soubz le scel de la baronnie et commune de Charrolois (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 596). ...le commun de Lucques, l'archevesque de Millan et les aultres prelas et princes et communes de Lombardie et de Toscanne, qui tiennent de la couronne de Millan. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 227). ...se chascun trayt a soy les utillitez qui appartiennent a la chose publicque, la commune aura moult a souffrir et ne porra estre longuement sans destruction finale. (LA SALE, Sale D., 1451, 95). ...et luy dist qu'il sçavoit bien que le roy d'Angleterre ne venoit point à sa requeste, mais y estoit contrainct tant par le duc de Bourgongne que par les communes d'Angleterre (COMM., II, 1489-1491, 31). Il predist les grandes innundacions et deluges des eaues et l'eslevacion et rumeur de la commune de Millan, de quoy il fut moult aprecié. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 87 v°). ...et jugea sur la revolution de l'an ensuivant où il predist l'eslevacion de la commune de Paris, qui tuerent les deux mareschaulx de France, present le duc de Normendie et en sa chambre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 v°).

 

-

Jurer la commune : Tous les hommes qui sont demourans en la ville de Dijon et dehors dedans la banlieue, en quelque terroir qu'il demoraint, juraint la commune. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 22).

 

-

Gens de commune : ...icellui de Saint Savin vint par maniere de siege devant la dicte place, acompaigné de plusieurs tant gens de guerre que commune, cuidans et eulx efforçans prendre icelle (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 299).

 

-

Crier "commune". "Appeler «à l'aide» les gens de la commune" : ...s'il avenoit que aucune personne non bourgoise meffesist ou villenast bourgois ou fil de bourgois, nous volons et concedons que la personne villenée puist crier "commugne" (Hist. dr. munic. E., t.1, 1374,,, 95).

 

-

P. méton.

 

.

"Corps des bourgeois qui ont juré la commune" : ...la supplicacion de noz amez et feaulx les maire, eschevins, bourgois, conseilliers jurez et de toute la commune de nostre ville de Poictiers (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 230).

 

.

"L'ensemble des hommes réunis pour combattre sous l'étendard de leur commune" : De l'autre part y avoit maint homme, Car la feurent, n'en doutez mie, Les communes de Pikardie (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 55).

 

2.

"Ensemble de gens du commun peuple, le commun peuple, le peuple" : Si avint un jour que li dus de Normendie estoit ou palais à Paris à tout grant fuison de chevaliers, de nobles et de prelas, li prevos des marchans assambla ossi grant fuison de commugnes de Paris qui estoient de sa secte et de son acord. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 96). Et me fist mondit seigneur capitaine de Rotredam, soubz moy deux cens combatans, où nous eusmes une aventure de la commune de la ville qui s'esmeut contre nous (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 163). Je vous prie, soyés commandant A la clergie, a la commune Qu'il soyent apresté tout digne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 56). Et à ce jour et depuis vindrent certaines nouvelles en France que lesdiz de Clairence, Warwyk, qui ainsi estoient sur les champs et en armes oudit royaume d'Angleterre, cuidans trouver ledit Edouart, prospererent ilec tellement que tous les princes, seigneurs, nobles, prelas, bourgois et commune dudit pays d'Angleterre, et singulierement tout le populaire de Londres, vindrent au devant dudit Warwyk (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 247). Grans et petiz et la commune, De luy chacun estoit contant, Mes en mille heures ne fault que une, Qui n'adviendra pas en mille ans. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 217). Vaillant capitaine, il vous mande Que vous et toute vostre armee Soit tost et promptement paree, Et que vous veniez a sa court, Car je vous dy a ung mot court Que ceulx de Gaule ont prins journee A la my may, et adjournee Est ja trestoute la commune ; Vous y envoirriez cent pour une. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 143).

 

-

[Dans une armée] "Soldats du commun peuple, hommes de troupe" : ...et de telz coups fiert Fortune, quant elle s'y met, Que souvent le bas hault remet ; Et voirement fut ce Fortune, Car [les Romains] n'avoyent tant de commune, Ne de chevalerie en toutes Leur batailles, com les grans routes De Hanibal (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 219). ...et dit ad ce propos le dit livre que se le prince ou chevetaine de l'ost a mestier de gent de commune, qu'il doit eslire gens de mestiers plus de bras travaillans (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 189). A tenir lequel siege y estoit le bailly de Sens, nommé messire Charles de Meleun et plusieurs communes avecques lui. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 48). Si descendirent les nobles barons françois et commencerent a entrer en pays fierement arroiéz, la ou assez tost et sans gueires aller avant trouverent en barbe ung abbé nommé [...] atous VIm de communes, bons combatans et fors (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 293).

 

3.

P. ext. "Ensemble de gens, assemblée de gens, communauté quelconque" : ...le commune en fu courouciés et irée Qui volentiers euissent ceste voie akievée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 382). La quemugne vint là qui fu toute diervée (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 421). ...par quelque infortune, Se rebelloit celle commune Dyabolique et tres crueuse (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 18). ...toutesfoiz, enquerez vous tousjours de leur commune pour y resister [Éd. : «Paysans levés en masse»] (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 111). Mais quant ilz virent nostre comune, et que nous estions pou de gens, à la fin ilz nous cuiderent trayr. (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 110).

 

-

Au masc. : ...et furent là XV. jours et entreux apprindrent-ilz biaucop de l'estat et du comune de la ville (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 201).

B. -

[À propos de choses] "Ensemble plus ou moins structuré"

 

-

La commune des estoiles. "L'ensemble des étoiles" : Quant li dieu par amors amoient, Et les deesses se jouoient Aus dous gieus, courtois, savoureus, Qui sont fais pour les amoureus, Li clers solaus, la belle lune, Et des estoiles la commune, Li XIJ. signe et les planettes, Qui sont cleres, luisans et nettes, Ordenerent un parlement, Fait de commun assentement. (MACH., P. Alex., p.1369, 1).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/19 
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     COMMUNEMAÎTRE     
FEW II-2 communis
COMMUNEMAISTRE, subst. masc.
[FEW II-2, 963b : communis]

Région. (Flandres) ADMIN. "Chef de la commune" : ...icellui receveur ala avecques lesdiz de Roubaiz et doyen en la ville de Malines devers les communemaistres et eschevins dudit lieu et aussi devers ceulx de la ville de Heiste que illec ilz avoient mandez, ausquelx ilz firent requeste de par icellui seigneur qu'ilz lui feissent don ou aide, chascun membre en droit soy, d'une bonne somme de deniers (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 239).
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 14/19 
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     COMMUNÉMENT     
FEW II-2 communis
COMMUNEMENT, adv.
[T-L : comun (comunement) ; GD : communement2 ; GDC : communement ; AND : communement3 ; DÉCT : comunement ; FEW II-2, 962a : communis ; TLF : V, 1137b : communément]

A. -

"En commun, ensemble, tous ; unanimement, sans exception"

 

1.

"En commun, ensemble, tous"

 

a)

"En commun" : ...yceus vendeurs, tant communement comme divisement... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1343, 122). La congnoissance des communaus et des communs appartient communément au prevost et au maire (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 354).

 

-

Tout communement. "Ensemble" : Yceulx Francois entrans en la ville de Rains tout communement crioient : "Noel Noel" (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 116).

 

b)

"Tous" : Uriiens fait les chevaulx passer le pont, car il appercoit bien que Sarrasins se retraient et montent. Atant estes vous l'arriere garde qui commence a passer le pont. Quant Sarrasins les appercoivent, si montent communement a cheval, et tournent en fuye après leurs gens, qui en enmenoient leur proye de beufs, de vaches, de moutons et de pors, et moult de troussaige. (ARRAS, c.1392-1393, 102). L'EMPEREUR. Desarmons nous communement, Seigneurs, puisque guerre est faillie, Et faisons trestous chiere lye Puisque obtenu avons victoire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 65).

 

-

Tous communement / communement tous. "Tous ensemble, tous" : Grant fieste li ont fait trestous conmunement. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 198). Et pour ce s'en souffroient tous communement et tournoient tout a joie et a deduit (Bérinus, I, c.1350-1370, 9). Li chevalier tous communement tindrent ce conseil qui estoit bon et loyal, et le firent ainsi que Grianor les conseilloit. (Bérinus, I, c.1350-1370, 120). ...et alerent tous communement aux nefs ou Berinus estoit. (Bérinus, I, c.1350-1370, 183). Lors assaillent payens trestous communement (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 54). Quant li prince et li amiraut Oyrent son entention, Chascuns tint son opinion, Et dirent tuit communement [var. communiment] Et d'un commun assentement : "Sire, par nostre loyauté, Il vous dit pure vérité." (MACH., P. Alex., p.1369, 82). Je mesmes (...) L'iray faire savoir a touz Conmunement [ou "notoirement" ?]. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 55). Et disoient communement tous et touttes, quant on le vey ou dangier de prison, qu' il le vouloit embler et mettre hors d'Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41). La chose fu legiere a jugier car de tous communement fu la voix donnee au chevalier aux armez vermeillez (Comte Artois S., c.1453-1467, 15). ...tous communement se exerçoient en ceste tant notable science de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 32 r°).

 

-

Entre eux communement. "Entre eux tous" : ...un proupos couroit entr'eulx communement qui disoit en telle maniere : ... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 613).

 

2.

"Unanimement, sans exception" : Aux gens monstra comment feroient Et conment vignes planteroient. Il leur monstra bien et honneur Tant qu'ilz en firent leur seigneur ; Le servirent communement Et firent son commandement (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 204). Et antre tant de peuple comme a Bordiaux s'estent Ne puet estre qu'il n'aist de la mavaise gent, Et on n'est pas amé de tous communement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 283). Quant la suer Marthe (...) Vint aux piez Jhesu Crist plourer (...) Conmunement on la nommoit Pour les pechiez que faiz avoit La pecherresse (Mir. mère pape, c.1355, 386). Et dit que dudit cas icellui prisonnier est communement et nottoirement diffamé au pays [ou "notoirement" ?]. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 403). ...car quant ceulx de Grece savoient que on fait guerre a Cresus, ilz se assembloient universallement de toutes citez et lui venoient aydier aussi communement comme a rescourre le feu commun... (LA SALE, Sale D., 1451, 231).

B. -

"De manière générale, fréquemment, généralement, habituellement, ordinairement ; régulièrement, toujours ; banalement"

 

1.

"De manière générale, fréquemment, généralement" : Il s'efforce a ce qu'il habonde A avoir des biens temporex (...) Qui ne sont pas biens proprement, Car il faillent conmunement (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 254). ...et leur met l'en sus qu'ilx prennent l'argent, qui est à leur grant charge, combien qu'ilx soient communement riches et ne voudroient faire que bien et honneur (BAYE, II, 1411-1417, 199). ...communement et souvent Dieu punist les gens pecheurs par pires pecheurs que eulx (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 196). ...il resconforta ses chevaliers, qui tresdoubteux estoient, par la grant multitude de ses anemis que eschiever ne povoient, les confortant par ce prodige et signe merveilleux, disant que les dieux lui monstroient que il obtenrroit la victoire dessus ses anemis ; car c'est la partie [la partie inférieure du corps du cheval] plus communement ensanglantee de sang des gens vaincus. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 56). ...ceulx qui ont grant front et gros par dessus ilz ont aucunement bonne ymaginatiue et forte ainsi comme ceulx qui ont la partie de derriere grosse et bossue sont communément de bonne et grande memoire... (CIB., p.1451, 212).

 

-

"Habituellement, ordinairement" : Et ce sont les pimeiens, qui sont communement lons .IIJ. espans, et font grans ouvrages de [de] coton et de [de] soie merveilleusement. (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 59). Mais riens demander ne vous ose, Amour, merci, ne autre chose, Qu'a moy n'apartient nullement, Et on dit que communement Demander vient de villonnie, Et loange de courtoisie. (MACH., R. Fort., c.1341, 138). Chascun an, quant ma feste estoit, Il la gardoit solempnelment, Et chascun jour conmunement Me faisoit devote priére. (Mir. prev., 1352, 254). Mais c'est la guise et li usages Dou temps qui court presentement, Car on le voit communement. (MACH., C. ami, 1357, 101). Dont font communement ceste cose nonchier à tout chiaulz qui estoient L. et disenier (Hugues Capet L., c.1358, 139). Et l'empereris ensement Y demeure communement. (MACH., P. Alex., p.1369, 31). Et sachiez qu'en la region De toute Surie et d'Egypte N'a cité ne ville petite, S'on y marchande qui ne paie De X. deniers un ; c'est la paie Qu'on paie tout communement Par tout et especiaument à Sur, à Baruth, à Sajette, à Alixandre, à Damiette, à Triple ; et en Jherusalem Et à Damas le paie l'en. (MACH., P. Alex., p.1369, 173). Comment que Leon le secont l'eust institué [le baiser de paix ] disant qu'il estoit necessaire au mistere, toutes foiz n'estoit il mie encore en usage communement [var. communiement]. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 625). ...unes tenailles de fer qu'il portoit communement avecques lui (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 91). ...lequel compaignon est communement vestu d'une longue hoppelande de drap vermeil. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 450). Item, nota que communement tous potages qui sont sur le feu surondent (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 173). Et tout communement disoit Que "le frere du roy vivoit..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231). Lequel suppliant, voyant la continuacion, voulenté et chaleur dudit recouvreur, pour obvier qu'il ne le tuast, tira ung cousteau qu'il avoit en façon de dague, que il a acoustumé porter communement, et en frappa ledit Estienne Pierre (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 232). Et pour ces causes a esté ordonné le très noble et très excellent estat de chevallerie pour conserver, deffendre et garder le pueple en transquillité, qui communement est le plus grevé par les adversitez de la guerre. (BUEIL, I, 1461-1466, 14). Dit oultre Socrates que le conseil qui se donne par ire ou par hastiveté n'est pas bon, car communement on se repent de croire tel conseil. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 143). Vous savez que communement Que quant une famme s'arreste A peu de chose ou autrement, James n'en fera riens qu'a sa teste. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 429).

 

.

Appeler communement. "Appeler habituellement, généralement" : Il [Lucifer] est aussi communement appellé Deable en ebrieu qui vault autant à dire en latin comme "bas trebuchant" (CORBECHON, Mauvais anges S., 1372, 488). Je di que le secont ciel en montant peut estre dit ciel du premier et le tiers dit ciel du secont et ainsi des autres, car nous appellons communement le ciel d'une chose ce que est par desus elle et qui la contient ou queuvre. (ORESME, C.M., c.1377, 268). ...une desplaisante et dangereuse maladie que communement l'on appelle broches. (C.N.N., c.1456-1467, 32).

 

.

Dire communement. "Dire habituellement, généralement" : ...Car cils qui fait premierement Honneur, on dit communement Qu'il a la grace dou bien fait, Nom pas cils a qui on le fait ; Et plus va a amour tirant Cils qui preste que cils qui rant. (MACH., J. R. Nav., 1349, 252). ...et pour ce dit on communement que thenasmon est d'aller hors a chambre sans povoir egerer excessive matiere (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 131). Pource que on dit communement que c'est aussi forte chose que une belle femme se puist garder entre les jouvenciaulx et les gens curiaux desireux d'amours sans ce qu'elle soit prise, que c'est d'estre entre les flames sans soy ardoir, bien s'en sçot deffendre la belle et bonne Antoine... (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 883). ...la bonne fille, qui, comme l'on dit communement n'avoit pas son cueur en sa chausse, respondit... (C.N.N., c.1456-1467, 497). Oudit an, le roy envoya grant nombre des gens d'armes de son ordonnance, des frans archers et autres et de son artillerie pour reconquerir le royaume d'Arragon. Dieu leur doint grace de y bien besongner et de retourner joyeusement, car on dit communement que c'est le cimitiere aux Françoys ! (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 315).

 

-

"Selon l'usage habituel" : ...et que quant ilz ystroient hors d'icellui, le portier dudit chastel laiss[e]oit l'uys et guichet dudit chastel ouvert tout communéement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 191). Il avoit devant luy six escuyers vestuz de blancz manteaulx, pourtans le bourdon en broudure devant et derriere, et servoit à deux fins, l'une pour mistere de la Pelerine, et se nommoient pelerins, et communement tous pelerins chargent le bourdon. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 121). Pillars en jugement Et folz en prelature Sont mis communement. (Cene dieux, c.1492, 115).

 

2.

"Régulièrement, toujours" : Et a esté tousjours la maniere des Angloys ; car communement, quant on a eu treves, ilz les ont rompues quant qu'ilz ont veu leur advantage. (JUV. URS., Verba, 1452, 232).

 

3.

"Banalement" : A communement exposer Une sepmaine pour sept jours... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 123). Lyonnel (...) se retira moult de aucuns regars que Amours lui faisoit faire envers la pucelle Blanche, et puis se print a deviser communement. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 194). Il vit plus sainctement c'une ange Ainsi qu'on dit communement (LA VIGNE, S.M., 1496, 361).

C. -

"Publiquement" : Lors respondirent li tirans, A la mort Daniel tirans : "Rois, or saches certeinnement Que Daniel communement Aoure son dieu a genous Trois fois le jour. Chascuns de nous Le scet, l'a veü, l'a prouvé..." [ou "habituellement" ?] (MACH., C. ami, 1357, 38). Et le jour precedent, avoit esté dit et relaté communement à Paris que l'election dudit de l'Aitre avoit esté confermée par le Pape (FAUQ., I, 1417-1420, 373).

REM. À distinguer de communalement communalment, communellement communelment, de communal et non de commun.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 15/19 
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     COMMUNER     
FEW II-2 communis
COMMUNER, verbe
[T-L : comuner ; GD : communer ; AND : communer3 ; FEW II-2, 962a : communis]

"Aller de pair" : Mais se honnesteté et utilité conviennent [var. communent] ensemble, c'est conseil louable et a ensievyr. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 234).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 16/19 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     COMMUNIANCE     
*FEW II-2 communis
COMMUNIANCE, subst. fém.
[*FEW II-2, 963a : communis]

"Relation" : Aprés il met les communiences de amistié royal et de amistié paternel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 438).
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 17/19 
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     COMMUNIER1          COMMUNIER2     
FEW II-2 963a communis
COMMUNIER, subst. masc.
[GDC : communier1 ; AND : communer1 ; FEW II-2, 963a : communis ; TLF : V, 1142a-b : communier2]

A. -

DR. "Personne qui est en communauté de biens avec une autre"

 

Rem. Doc. 1304 (agn.) et 1467 (datation du TLF) ds GDC IX, 135c-136a.

B. -

"Membre d'une commune ; conseiller communal ?" : ...Prevostz, maieurs, communyers, Moyens, petis et menuyers, Prieurs, bourgoiz et habitans (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 5).

 

Rem. Doc. 1375 ds GD II, 369b, s.v. crete1 (...qui seront tenus de paier aux communiers de ladicte ville tous les ans une maile de cens au terme de Pasques). Doc. 1402 ds GDC IX, 135c-136a. Doc. 1411 ds TLF.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 18/19 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     COMMUNITÉ     
FEW II-2 communis
COMMUNITÉ, subst. fém.
[T-L : comunité ; GD : communeté ; AND : communité ; FEW II-2, 963a : communis]

A. -

"Relation" : Tele communicacion est communité civile ou l'en doit trouver tout ce que est neccessaire et convenable a vie humaine, selon commune posibilité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 300).

B. -

(Synon. de communauté) : Et monarchie, c'est la ou .I. tout seul a souveraine seigneurie sur une communité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 434). Pour ce pent l'en les larrons afin que la policie ou la communité en soit purgiee, et afin que les autres se corrigent par tel example, et que la painne de un face paour a pluseurs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 533). La furent les traïstres occis et decouppé (...) Aux bourgois n'en chault, n'a la communité. (Galien D.B., c.1400-1500, 120). ...comme en riens depuis ne soit amendri l'estat de la couronne de France ne la richece de la comunite, est à presumer, et je le tiens, que Dieu du tresor de sa soubstrait de sa santé (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 167). Des eschevins et communité de la ville de Lille, à cause de l'ayde qu'ilz avoient nagaires octroyé et accordé à monseigneur pour le fait de la guerre et pour le voyage qu'il entendoit lors briefment faire devers le roy nostre sire, la somme de trois cens escuz (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 240). Nous ne povons pas vivre du vent, ne noz revenues ne nous suffiront a soustenir les fraiz de la guerre, et se le prince ne recueult de son peuple dont il nous puisse paier, et en servant a la communité nous vivons des biens que nous trouvons, a Dieu m'en rapporte d'avoir noz consciences excusees. (CHART., Q. inv., 1422, 33). Jugeons les plus grans et difficilles choses par les doubtes que nous appercevons es maindres, si saurons que nulle communité ou compaignie ne se peut maintenir sans justice et mesmement entre les larrons, pour continuer ensemble et departir leurs proyes, fault il une maniere de justice garder et l'un vers l'autre (CHART., Q. inv., 1422, 55). Lez sens et crainte dez vaillans parens se espart et communique a leur generation par usage de bien endoctriner, et par frequentation de haultes oeuvres. Ainsi plusieurs communités ont accepté seigneurie heredital nommee royaulme, comme plus parfaicte et semblable au regime universel qui tout despent du chef, lequel est commencement et fin de toutes choses creez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 69). ...les gens d'Eglise, nobles, mayeur, eschevins, corpz et communité, bourgois, manans et habitans de la dicte ville d'Arras nous feront planiere et entiere obeissance (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 420). ...ensemble les tables, canons et instrumens qui en ont esté faiz et par quelx acteurs et les temps semblablement et soubz quieux princes, empereurs ou communités et soubz quelx climatz, unniversités, villes, lieux et cités, les provinces et regions où la pluspart d'iceulx ont flory (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 10 r°). Maistre Symon de Perre Couverte (...) appellé par les Gantoys pour conseiller leurs afferes, comme homme ellegand (...). A ceste cause, fut en ce temps esleu de la communité pour remonstrer au conte Loys leurs afferes et excuses et, pour ce qu'il estoit chevalier de nom et de fait (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 r°). ...voulons bien appoincter le differend qui est entre vous et ceux de la ville et comunité de Sene (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 215).

 

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"Communauté (spirituelle)" : Ne l'Apostre ne dit pas lez paroles devant dittes pour lez prelas seulement, et mesmement il ne lez dist mie pour le Saint Pere de Ronme, mez lez dist en la persone de la comunité dez Crestiens. (Songe verg. S., t.1, 1378, 190).

 

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[P. oppos. à ecclesiastique] Communité civile : Ainsi donc appert il que le jeu des eschez n'est mie sanz raison a la communité civile comparés. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 5).

 

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En communité. "Collectivement" : ...car homme est par nature ordené a vivre civilement et en communité. (ORESME, E.A., c.1370, 118).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 19/19 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ENTRECOMMUNER     
FEW II-2 communis
ENTRECOMMUNER, verbe
[GD : entrecommuner ; AND : entrecommuner ; FEW II-2, 962a : communis]

Empl. pronom. réciproque. "Communiquer l'un avec l'autre" : Pour ceo que les bones gens du roiaume d'Engleterre sont embrasez a sçavoir lire et escrire, entendre et parler droit françois, a fin qu'ils puissent entrecomuner bonement ové lour voisins (...), tres necessaire je cuide estre aus Engleis de sçavoir la droite nature de françois. (Donat Oxf. S., p.1400, 128). Le plus grant avancement de parvenir a bon traittié et conclusion, si seroit que les marchans d'Angleterre et de nostre dit pays de Flandres se peussent entrecommunier les uns avec les autres (Arch. Nord, 1405, B 523, n° 23903, IGLF).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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