C.N.R.S.
 
Famille de collocare 
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 Article 1/19 
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     ACCOUCHÉE     
FEW II-2 collocare
ACCOUCHEE, subst. fém.
[T-L : acouchier ; GDC : acouchee ; FEW II-2, 909a : collocare ; TLF : I, 431a : accoucher (accouchée)]

"Femme qui vient d'accoucher" : Je sui une povre acouchee (Mir. enf. ress., 1353, 36). Ceste noble dame n'aura point honte de visiter aucunes fois les acouchees, et povres et riches (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 88). Item, laissa à l'Ostel Dieu de Paris vint frans. Item, aux Quinze Vins de Paris vint solz Parisis. Item, au Saint Esperit en Greve à Paris, povres orfelins et trouvez d'ilec, XX solz Parisis. Item, aux povres malades et accouchées du dit Hostel Dieu de Paris six frans à distribuer en leurs mains. (Test. Parlem. Paris T., 1409, 487). ZENON. Comment se porte l'acouchie ? PAULINE. Tres bien pour une josne mere. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 14). Item, se allés chés accouchées, Ne vous aprouchés près des baings (Amant cord. M., 1490, 76). La grant beaulté, la costance feconde D'une acouchee... (LA VIGNE, V.N., p.1495, 167).

 

-

Nouvelle accouchee : ...le pouvre nouveau marié habandonna ceste premiere nuyt la nouvelle acouchée. (C.N.N., c.1456-1467, 200).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/19 
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     ACCOUCHEMENT     
FEW II-2 collocare
ACCOUCHEMENT, subst. masc.
[GDC : acouchement ; FEW II-2, 908b-909a : collocare ; TLF : I, 428b : accouchement]

A. -

"Action de s'aliter"

 

Rem. Doc.1447 ds GDC VIII, 27c.

B. -

"Action de donner naissance à un enfant" : Ma commere, fait l'autre, ne lui acoustumez pas ainxin [votre mari] a vous lesser mectre soubz les piez, car il vous en feroit autant ou pis l'annee a venir a voz aultres acouchemens. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 19). ...car Anglentine avoit toutes ses fortunes racomptees, tant de son acouchement, de la perdicion de son enffant... (Mabrien V., 1462,, 84). Après lequel acouchement, lesdiz Pierre et Julien Barbins et ladite feue Morine, qui lors vivoit, (...) baptisèrent ledit enfant en une poesle à leur dit hostel (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 149).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/19 
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     ACCOUCHER     
FEW II-2 collocare
ACCOUCHER, verbe
[T-L : acouchier ; GD : acolchier ; GDC : acouchier ; AND : acoucher ; FEW II-2, 908b : collocare ; TLF : I, 429b : accoucher]

I. -

Empl. intrans. [D'un malade ou d'un mourant] "Se coucher, s'aliter" : Quant Porphilias deust savoir Que femme deust Athis avoir, Et en ses atours l'eust veüe, La pensée en eust esmeüe, Et si fors au cuer lui entra Que par maladie acoucha. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 17). Dame, vostre amour en tel point M'a mis que j'en suis acouchiez (Mir. emper. Romme, 1369, 260). Acouché gist en lit de Desplaisir Mon dolent cuer (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 377).

 

-

Accoucher malade. "S'aliter en raison d'une maladie" : La acoucha malade messire Henry de Bar en une ville coste Venise (Bouciquaut L., 1406-1409, 127). ...s'en ala à Napples (...) où il acoucha malade et y fina ses jours (Paris domin. angl. L., 1425, 162). ...Walerant, conte de Saint Pol et de Ligny (...) acoucha malade dedens le chastel de Yvvis (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 67). Quant il [nostre pere] vey que vous ne retourniés point et qu'il vous eut fait querir en mainte contree et qu'il n'avoit nulles nouvelles de vous, il acoucha malade (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 75). Or advint ung jour qu'il acoucha malade et fut appellé à sa fin (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 193).

 

-

Accoucher au lit de la mort/au lit mortel. "S'aliter en sentant sa mort prochaine" : ...elle fut malade tresfort et au lit de la mort acouchée (C.N.N., c.1456-1467, 327). Charlemaine acoucha au lit mortel, ou il receut les sacremens de l'Eglise (Chron. conq. Charlem. G., t.2,2, 1458, 295).

II. -

Empl. trans. indir.

 

-

Accoucher de. "Mettre au monde" : Et estoit pour lors la dame enceinte, et porta son terme, et acoucha a son jour de son second enfant (ARRAS, c.1392-1393, 78). La roine Jehane (...) acoucha de une fille (FROISS., Chron. D., p.1400, 174). Oudit temps, et le samedi derrenier jour de juing mil IIIIcLXX, environ entre deux et trois heures de matin, la royne acoucha ou chasteau d'Amboise d'un beau filz, qui ilec fut baptisé et nommé Charles par monseigneur l'arcevesque de Lyon (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 241). Grand nombre de bons chevaliers et escuyers se misdrent ès franchises qui sont à Londres, qui depuis servirent bien le roy Edouard ; et aussi fist la royne sa femme, qui y accoucha d'ung filz (COMM., I, 1489-1491, 206). Vincent d'Aigremont (...) jugea sur la commecte qui aparut (...) et dist choses qui advindrent bien à la verité et par avant sur la revolucion de l'année que la royne accoucha de Philippe au bois de Vincennes, avoit prenostiqué des fouldres et tempestes, qui advindrent, par especial, audit Vincennes et tumba la fouldre sur le lit de la royne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 134 r°).

 

-

Estre accouchée de. "Avoir mis au monde" : Il est voir que je me baingnoye, Comme acouchiee que j'estoye D'un filz (Mir. enf. ress., 1353, 46). ...d'un filz ma dame acouchée Est de nouvel. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 41). Nourrice, il convient bonnement Que cest enfant soit bien nourri. Ma dame acouchee de lui Est de present, la grace Dieux. (Gris., 1395, 49). ...la roine sa fenme i fu acouchie et relevee de une belle fille (FROISS., Chron. D., p.1400, 854). ...une sienne fille dont sa femme estoit accouchée (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 182). Fremine Fauvele dist a ce point que quant une femme est acouchie d'une fille, il convient l'asseoir sur la poitrine de la mere en disant : "Dieu te face preudefemme", et jamais elle n'aura honte de son corps. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 110).

 

.

P. plaisant. : Je sçay bien qu'elle est acouchee De vingt et quatre guiterneaux (Path. D., c.1456-1469, 122).

 

-

Empl. abs. : ...il a plus d'un mois Que vous acouchates (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 222). ...et auxi fault adviser quant vous relieverez : il a ja .XV. jours que vous estez acouchee. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 23). A Jehan du Croq, varlet de pié, le XXXe jour de janvier, pour faire les despens de la saige femme, dudit Jehan et de deux chevaulx, pour aler à Dracy devers Madame, pour ce qu'elle estoit preste d'acouchier, et pour les despens dudit Jehan et de deux chevaulx pour revenir à Paris : 7 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 72). JOSEPH. Ha, dame, j'ay le cuer marry Qu'il convient que je vous y maine [à Bethleem], Car vostre saison est prouchaine D'acouchier, comme je suppose ; Si doubte dessus toute chose Qu'il ne vous tourne a dolëance. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 62). La dame acoucha apprez lez doleurs (Comte Artois S., c.1453-1467, 153). ...la fille acoucha, qui a la bonne heure d'une belle fille se delivra (C.N.N., c.1456-1467, 104). Et par eulx leur mandoit qu'il leur envoieroit la royne pour acoucher à Paris, comme à ville du monde que plus il aymoit. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 44).

 

.

Accoucher avant terme : Et, à cause de l'effroy qu'ilz fist, y ot plusieurs femmes grosses qui en acoucherent avant terme (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 59).

 

.

Accoucher longuement. "Prolonger à plaisir le train de nouvelle accouchée" (d'apr. l'éd. Jannet, 1853 et 1857, dans le gloss. de l'éd. J. Rychner) : Or avient, Dieu mercy, qu'ilz ont ouy les prieres du bon home et se delivre sa femme d'un bel enfant, et fust ores le daulphin de Viennois, et acouche longuement. Les commeres viennent et se font les levailles belles et grandes. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 66).

III. -

Empl. pronom.

A. -

"Se coucher, s'aliter"

 

1.

[D'un malade] : Li roys Bauduins d'un griés mal s'acoucha (Bât. Bouillon C., c.1350, 211). Maladie le prit adonques, De quoi a lit il s'acouça (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 151). ...les meilleurs se foulloient et laissoient et s'acouchoient au lit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 96). Par laquelle vertueuze pollitie il rengna XII ans, puis s'acoucha d'une griefve maladie qui le tint longuement (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 490).

 

-

S'accoucher malade : Or revenons au roy d'Irlande. C'est bien raisons c'on en demande Comment il se maintient de puis C'avenus li fu cilz anuis De son chier fil que perdu ot. Onques conforter ne s'en pot Qu'il ne s'en acouchast malades. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 137). ...l'abbesse, qui belle et jeune et en bon point estoit, nagueres se acoucha malade. (C.N.N., c.1456-1467, 139). Il (...) commença à avoir peur et en ycelle peur s'acoucha malade (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 87).

 

2.

[D'un mourant] S'accoucher au lit [de la mort]. "S'aliter en sentant sa mort prochaine" : En ce temps, environ la Chandeleur, s'acoucha au lit le roy Pierre d'Arragon. Quant il vey que morir le convenoit, si fist venir en son present ses deux filz, Jehan l'aisné, et Martin (FROISS., Chron. M.M., XIII, c.1375-1400, 107). ...li rois (...) s'acouça au lit de la mort (FROISS., Chron. D., p.1400, 174).

B. -

S'accoucher de. "Mettre au monde" : De .VII. enfans se vot la roÿne akoucier, Une fille et .VI. fieux, tant en vot desquierkier (Chev. cygne P., c.1356, 67). ...s'acouça la fenme de ce d'Artevelle d'un fil (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). Catherine de France, royne d'Angleterre, s'accoucha d'un fils (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 295).

 

-

Empl. abs. : En la guere m'en vois, partir me convenra. Ma moullier vous lairay, briefment s'acouchera (Chev. cygne P., c.1356, 11). Comment Ourseau, Pallides et leurs femmes se mirent au chemin vers le perron ; comment Camille s'acoucha en chemin (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1095).

IV. -

Inf. subst. "Accouchement" : La ducesse se tourna par supz la montaigne de Combre, pour ce qu'elle estoit assez prèz de son acoucher (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 428).

V. -

Part. passé en empl. adj. "Qui vient d'accoucher" : ...pluiseurs de la ville de Paris (...) donnoient offrandes et aumosnes à ladicte eglise et à la mere acouchée, qui avoit moult travaillié en l'enfantement desdictes filles (FAUQ., II, 1421-1430, 311).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/19 
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     COLLOCATION     
FEW II-2 collocare
COLLOCATION, subst. fém.
[GDC : collocation ; FEW II-2, 909b : collocare ; TLF : V, 1051a : collocation]

A. -

"Action de placer à son rang (ici en vue d'un bénéfice ecclésiastique)" : ...lesquelz patrons et collateurs estoient tenuz, selon l'ordre desdictes nominacions, assignacions ou collocacions, presenter, pourveoir ou conferer ausdiz nommez, les benefices vacans (Ordonn. rois Fr. V.B., t.11, 1411, 642).

B. -

"Endroit où l'on s'établit, demeure, position"

 

Rem. RAOUL DE PRESLES (éd. 1531) ds FEW et TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/19 
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     COLLOQUER     
FEW II-2 909b collocare
COLLOQUER, verbe
[GDC : colloquer ; FEW II-2, 909b : collocare ; TLF : V, 1052b : colloquer1]

A. -

"Placer ensemble ; placer qqc. (une chose concr.)/qqn (qq. part)"

 

1.

[une chose concr.] : Jassoit que le siège de Nuysse fut tant proprement scitué que riens plus, toutesvoyes, on ne l'assist pas selon la doctrine de Vegèce qui enseigne à coloquier les tentes ou fors en tel lieu que nulle soudaine inundation n'y puist donner empeschement (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 83). Ma dame, j'ay de cuer entier Fay ceste fosse longue et large, Faictes collocquier en la marge Le corps que vous avés trouvé. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 331).

 

-

[Cont. métaph.] : ...en quoy proprement nous ensuivons la droituriere nature qui est la tres bonne, tres sage duchesse de vivre et gouvernerresse de toute bonne ordenance, la quelle a assis et colloqué en un chief les .V. sens du mendre monde, c'est a dire de l'omme qui a en son chief touz les .V. sens, et touz les autres membres a sousmis au chief en tant qu'il sont touz bien gouvernez et droitement meuz quant il suivent et obeïssent au commandement et a la franchise de saine teste. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 50).

 

-

HÉRALD. "Placer" : Il assembla avec les fleurs de lys, L'aigle de sable en champ d'or colloquée (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 202).

 

2.

[une pers.] "Loger qqn, placer qqn (en un certain lieu)" : Et devant fu monstré par autres raisons que nous sommes miex colloquiéz ou logiéz que ceulz d'orient. (ORESME, C.M., c.1377, 354). Il m'a colloqué en obscurtés, ainsi que les mors du siecle. [Collocavit me in obscuris, sicut mortuos saeculi] (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 146). ...elle revenoit ungne aultre fois de colloquier ses religieusses en aulcuns couvens nouvellement ediffiés (PIERRE DE REIMS, Vie ste Colette U.A., 1447, 71). Je pense, par mon serment, Que Argent auré trouvé lotgis (...) Quelqu'ung l'aura colloqué : Je vois cercher tout a l'eure Se quelc'un me vouldra lotgier, Qui sera bien grant avanture Si puis nulli trouver ! Or je vois a celluy parler Que voy la, en celle plasse, S'il me vouldra point alotgier Par une speciale grasse. (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 472). Le roy, son train et plusieurs de sa suyte Furent illec doulcement colloquez, Sans le recueil d'aucuns de sa poursuyte Qui sur les champs s'etoyent ja parquez. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 179). Au mont Gargare de verberable broque Et soubz Ismare par despit les coloque, Leur denotant mon pouoir suppernel (LA VIGNE, S.M., 1496, 136). ...et pourtant fut colloqué et mis en ung lieu vaste, prés le cimitiere du temple, et dessus son corps, l'epytaphe qui s'ensuit : ... (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 72).

 

-

[Au ciel, au paradis] : Et pour tant que je fus occis Avec lui ce jour a son dextre, Je lui priay que je peusse estre Sainct et monde de tout pechiet, Affin que fusse colloquiet En sa gloire avec ses amis (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 244). Et certainement je te dys Que, pour le desir qu'en toy voy, Ceste journee, en paradis Seras collocqué avec moy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 338). Sy prierent tous au Dieu Souverain devotement qu'il voulsist prendre l'ame de la damoiselle et le colloquier en son saint paradis (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 62). Et en parlant et soy commandant a Dieu (...) expira et rendy comme martir l'ame es mains des benoistz angelez, lesquelz le transporterent et collocquerent es cieux (Saladin C., c.1465-1468, 61). ...l'en puet raisonnablement croire et juger que amprés leur trespas furent glorieusement colloqués au royaume de paradis. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 86). Ha ! mon vray Dieu, si te plet, Pleyse toy de leur pardonner, Et fay qu'il soient colloqués Avecque toy en paradis. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 222). Ha ! povre home, si tu tournois De rechief, bien mieulx ordonnasses, Car de tes biens et or donnasses Pour colloquer ton ame es cieulx. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 44). Se mon realme cy en bas estoit, Mes [gens] combatroent avec moy ; Mais il est ou ciel coloquer, La son mes gens tous logier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 98). Dieu, par sa saincte grâce, vueille colloquer son âme en son benoist Paradis, Amen. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 140).

B. -

Au fig. [Avec l'idée d'un lieu ou d'une position favorable]

 

1.

"Placer, établir qqn" : Combien que peu vous y puis duyre, Ainsy que ma simple personne Ne se repute pas ydonne A estre sy hault colloqué, Puis que Dieu m'y a invocqué, Je mercye sa bienveillance Quant, a sa bonne pourvëance, Il m'a par sa grace accepté Que je suis douziesme compté En ung tant reverend colleige [des apôtres] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1051).

 

-

"Placer qqn en un rang élevé, dans une situation, une fonction importante" : Nulz ne te veult en hault lieu colloquer, Condicion as de povre et d'ethique (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 291). Celuy Sergius ton pareil en ambition esleust ta proximité pour ce qu'il avoit esté refusé de l'Eglise souveraine de Romme a estre colloqué et pourveu en auctorité de prelature pontifical, et pour ce, indigné envers l'Eglise et cité catholique, voulant s'en venger et substraire lez crestiens de leur saint propos, se joingny a toy et t'enforma de seditions et erreurs controuveez (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 125). De ce que j'ay fort souhaicté Bien en amours et convoicté Combien que assez et trop en eusse, De ce aussi que ay en voulenté D'estre coloqué et monté En plus hault lieu que je ne deusse. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 33). ...ma simple personne Ne se repute pas ydoyne A estre si hault collocqué (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 446). "Je suis ung simple chevalier, madame (...) et vous estez royne haultement coloquee et prisee..." (Saladin C., c.1465-1468, 96). ...sainct Loÿs, le bon roy (...) fut collocquié entre les champions de la foy catholique. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 108).

 

-

Colloquer qqn en mariage. "Établir qqn en mariage, marier" : ...afin que par le moien d'iceluy la vefve dudict de Bailly, sa fille, peust mieulx trouver son bien et estre plus tost colloquée en mariage. (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 254).

 

.

Colloquer qqn par mariage à... "Marier qqn à" : ...je te colloqueray par mariage a quelque jouvencel (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 34 [Ms. C, David Aubert]).

 

2.

"Établir (une cité, une collectivité) de manière favorable" : Et par ce, la cité du peuple romain est telement colloquee de Dieu [par Dieu] que elle tient la seigneurie et l'empire du circuite des terres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 297).

 

3.

Colloquer qqc.

 

a)

"Placer qqc. (de favorable) en qqn, attribuer qqc. à qqn" : Grant fuisson de clers des diverses parties dou monde estoient à Romme, atendant grasses, et ja les pluiseur estoient proumisses et coloquies. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 145). ...et le fist à sa semblance [Adam] (...) et colloca et establit en lui toute perfection,excellance et magnificence de noblesse (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 12).

 

b)

"Satisfaire qqc., y répondre" : LE PREMIER GENTIL. Mon entendement veulx placquer A leur faire honneur et service Et leur plaisance coloquer En tous temps, sans mal et sans vice. (LA VIGNE, S.M., 1496, 432).

 

-

"Instaurer qqc. (de favorable)" : Hé, Guerre, tu ars du pire ! Tu seras chassie en la fin Hors d'amis, parens et afin, Et Paix y sera colloquie ! (TAILLEV., Moral. D., 1435, 106).

C. -

[Idée d'inscription]

 

1.

ARITHM. "Placer, disposer, inscrire" : Et se peult convenablement mettre le partiteur dessoubz le nombre a partir chacune figure a lendroit de sa semblable avec deux lignes equedistans entre le nombre a partir et partiteur assez distans lune de laultre en maniere que le nombre venant de la division se puisse coloquer entre icelles (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 599).

 

2.

"Placer, inscrire suivant un ordre déterminé" : Item, cedit jour, en ladicte Tournelle, monseigneur maistre Robert Mauger, premier presidens ceans, et commis par le Roy au fait des nominations (...) nomma ou colloca de ce jour tous les compris esdictes nominations (BAYE, II, 1411-1417, 195).

 

-

DR. "Inscrire (des créanciers) dans l'ordre suivant lequel ils doivent être placés" : ...et combien que les autres dampniffiez en ladicte Galée de Narbonne ne feussent paiez et contens de ce pourquoy ilz avoient esté colloquez en ladicte marque des Genevoys, mais actendent leur paiement par chacun an selon leur collacion (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 10).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 6/19 
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     COUCHE     
FEW II-2 collocare
COUCHE, subst. fém.
[T-L : couche ; GD : couche2 ; GDC : colche ; AND : couche ; DÉCT : couche ; FEW II-2, 905b, 907b, 908a : collocare ; TLF : VI, 282b : couche]

I. -

"Lit ou divan"

A. -

"Lit, couche" : Ains que ma cousine s'eveille, Qui delez mon seigneur someille, Son pié lieray a la couche (Mir. femme roy Port., c.1342, 185). Dedens la chambre ou Dieus de sommeil couche Avoit un lit trop riche et une couche. La dedens gist, aussi comme une souche, De tel maintien Que ses mentons a sa poitrine touche, N'il ne remuet ne piet ne main ne bouche (MACH., F. am., c.1361, 164). Deulz lis [elles] trouverent tout a point. Lors sa sereur n'attendi point, Ains se coucha en un des lis Acouve(r)té de fleurs de lis. Ma dame en l'autre se coucha Et .II. fois ou .III. me hucha (...) "Venés couchier entre nous deulz, Et ne faites pas le honteus : Vesci tout a point vostre place." (...) Et la ma dame s'endormi, Tousdis l'un de ses bras sur mi. La fui longuement delés elle Plus simplement c'une pucelle (...). La vi je d'Amour la maistrie, Car j'estoie comme une souche Delez ma dame en ceste couche (MACH., Voir, 1364, 338). "...je vous pri, se on puet veoir ce roi d'Escoce, que je le voie." - "Oil", respondi Jehans de Qopelant. Il li fist veoir, qant il fu heure, et le mena dedens la cambre ou il se gissoit sus une couce. (FROISS., Chron. D., p.1400, 785). Les uns se sont couchiez souvins Sur lis, sur formes et sur couches (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 205). Aprés mynuit, entre deux sommes, Lors qu'Amours les amans resveille, En ce païs cy ou nous sommes, Pensoye ou lit ainsi qu'on veille Quant on a la puce en l'oreille ; Si escoutay un amoureux Qui a un autre se conseille Du mal dont il est doloreux. Deux gisoient en une couche, Dont l'un veilloit qui fort amoit ; Mais de long temps n'ovrry sa bouche, En pensant que l'autre dormoit. (CHART., D. Rev., a.1424, 306). Item, ung ciel dossier et trois rideaux de toille blanche, prisé le tout 4 l. 10 s. Item, une couche et les marchepiez, 25 s. Item, une petite couchecte qui est dessoubz le lit, prisée 15 s. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 114). ...la pouvre fille se laissa ferrer. Et fut mise sur une cousche les dens dessoubz (C.N.N., c.1456-1467, 33). ...sembloit mieulx le lit d'une espousée que couche de femme malade. (C.N.N., c.1456-1467, 244). Quand il cogneut et perceut a la lettre que sa dame n'avoit loisir ne volunté de l'entretenir, il se bouta sur une couche et se coucha (C.N.N., c.1456-1467, 253). Quant en quelque chambre voulez adouber lit ou couche a dormir, mettez le dossal vers midi affin que, se quelque pacient y couchoit, qu'il ait tousjours la clarté du jour sans grant veue de soleil, et au serain et au matin, le air de levant et ponent qui sentent ayr de montaignes et de fontaines (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 140). Au fustier de Saint-Rémi VII fl. I g., qui lui est deuz, tant pour avoir fait une couche pour Oline, une autre petite couche, ung marchepied devant le lit du roy, un escabeau devant ledit lit, deux petiz escabeaux, ung banc devant la table, une table et ung tauleron (Comptes roi René A., t.2, 1476, 340). Or escoutons tous sotz parfais, Triboullet gyst en ceste couche, Le lieutenant de maistre Mousche Jadis fut fort en sotoyant. (Vig. Trib., c.1480, 229). Pourquoy est il mis donc en couche ? (Vig. Trib., c.1480, 233). ...lit, couverture et couche (LA VIGNE, V.N., p.1495, 147). Trop esronflé, par dormitoire enflé, De voir niflé, assombré, mytouflé, Non desenflé, gisant sur une couche D'avoir le soir Bachus escorniflé (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 389).

 

-

[P. allusion au lit du malade] : Et ainsi comme homme esvanouy et pasmé, me vint porter [la vieille] au logeis d'enfermeté, et me getta en la couche d'angoisse et de maladie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 3). Et lors si durement enferme de corps et de pensee, fus renversé sur ycelle et tres ennuyeuse couche, ou j'ay depuis plusieurs jours demouré a fade bouche, et fally a appetit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 5).

B. -

"Sorte de divan ou de banquete" : ...il se gerra sur une couche Ou sur un lit ou on se couche (MACH., Voir, 1364, 108). ...elle devint pale et terrine. Si se getta sur une couche, Comme celle qu'Amours au cuer touche (MACH., Voir, 1364, 524). La dame le prist par la main et l'emmena dedans le paveillon, et s'assistrent sur une riche couche, et tuit les autres demeurerent dehors. (ARRAS, c.1392-1393, 30). ...ilz se misrent sur une couche qui estoit en la chambre, et se commencent a deviser de pluseurs choses. [Dans un salon, en plein jour] (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

-

Couche champenoise. "?" : Et a Cerie, ou les [s]ors avoient esté apeticiés, l'en commanda a faire par my les rues les couches champenoises ou les lis de repos, et en Algide fist on supplicacion a la deesse Fortune et a Rome lis de repos a Jouvence la deesse ["par my... repos" trad. lat. lectisternium] (BERS., XXI.62, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., fr. 263, f° 213b).

II. -

[Idée de disposition horizontale]

 

-

En couche. "L'un au-dessus de l'autre" : LE CRESTIEN. Il [le juif] sera payé, se je puis, Tout sec et son or sera nostre. Vecy ung baston qui est propre Pour le cas, et y servira. (...) Les cent escus mettray icy Et n'en aura aultre mercy. Aussi, le juif est riche assés. LA FEMME. Faictes luy proprement. LE CRESTIEN. Pensés, Car en cela gist nostre fait ! Le baston y est aussi fait Qu'i seroit possible de faire. (...) Vela ces cent escus en couche. Je m'en revois en m'ajournee. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 127).

 

-

"Étendue horizontale, étendue d'appui" : Elle est donc appellee Cybeles (...) pour ce que elle est habitacle et aussi come couce et fondemens ou toute chose corporele vivant se repose et appuye. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 323).

 

-

Au fig. "Enjeu, objet (?)" : Comme une souche dormant, j'oys la couche D'une farouche querelle de reproche, Que contre Mort proferoit la Bazoche. (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 389).

III. -

[En lien avec l'idée de coucher par écrit] "Action d'exposer, de coucher par écrit" : JHEROBOAN [un pharisien]. Mais n'esse pas ung grief trespas Et vient d'un bien felon courage Devant tous, faire tel oultrage, Noz vielz pechéz renouveller ? Jamais je n'osay reveler Ceulx que je voy ycy en couche Que de son doy [Jésus] en terre couche, Dont je me sens estre confus [Réf. à l'épisode de la femme adultère (Jean 7, 3-11)]. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 427).

 

-

Mettre en couche. "Mettre par écrit" : C'est a ce coup qu'il fault vostre noblesse Soit par amour, par rigueur ou humblesse Prudentement escrire et mettre en coche. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 153).

REM. Cf. aussi l'attest. suivante : : ...du plat dudit cousteau lui donna deux coups par derrière sur la couche du chapperon. (Doc. Poitou G., t.11, 1467, 85)., citée par GD II, 330a, avec le sens "bourrelet ?", pour laquelle l'éd. émet l'hypothèse d'une mauvaise lecture pour conche.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/19 
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     COUCHÉE     
FEW II-2 collocare
COUCHEE, subst. fém.
[T-L : couchiee ; FEW II-2, 908a : collocare ; TLF : VI, 284a : couchée]

"Gîte, endroit où l'on passe la nuit" (synon. couchis) : ...tout droit vint a la porte heurter d'ung gros logis moult ancien, hault et divers, assis sur la poincte d'ung rochier dur et penible. La doncques, nous convint monter, car pour certain c'estoit le but et la couchee des passans (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 275).

REM. Sur le sens de "relations amoureuses", cf. H. Lewicka, La Dér., 1960, 80. T-L II, 955, enregistre couchiee au sens de "coucher du soleil".
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/19 
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     COUCHEMENT     
FEW II-2 collocare
COUCHEMENT, subst. masc.
[T-L : couchement ; GD : couchement ; AND : couchement ; FEW II-2, 906b : collocare]

A. -

[À propos d'une pers.] "Fait de se coucher, d'être couché" : MAGDALEINE (s'excuse des plaisirs de l'atouchement). De solacïeux touchemens Et autres plaisans couchemens, Cela gist en ma volunté. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 116).

 

Rem. MONDEVILLE, JEAN BOUTILLIER, Somme rural, 1393-1396 (éd. 1486), COLART MANS., Bibl. des poet. de metam., c.1480, ds GD II, 330a-b.

B. -

ASTR. "Coucher (d'un signe du zodiaque, du soleil)" : Le 13e chappitre pour savoir l'ascencion ou le couchement des signes, c'est a dire combien de temps ilz mectent a monter sur l'orizon en la partie d'orient. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 117).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD II, 330a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/19 
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     COUCHER     
FEW II-2 collocare
COUCHER, verbe
[T-L : couchier ; GD : couchant ; GDC : colchier1/colchier2 ; AND : cucher ; DÉCT : couchier ; FEW II-2, 905a-907b : collocare ; TLF : VI, 284b-286b : coucher1/coucher2/couchant]

I. -

[(Se) mettre en position allongée (en partic. au lit)]

A. -

Coucher qqn.

 

1.

"Mettre au lit, aider (qqn) à se mettre au lit" : ...mort le gettérent par terre. Lors le fis apporter bonne erre, Et le couchames en son lit, Con si dormesist par delit. (Mir. femme, 1368, 205). ...et en couchant sondit maistre, il print et osta à icellui son maistre, en une bourse qui pendoit à sa poitrine, un franc en or. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 106). Et lors [Mélusine] fu couchiee, et attendirent entour le lit, en devisant de pluseurs choses (ARRAS, c.1392-1393, 41). Et si couche son pere et lieve Et soustient, que point ne lui grieve Sa vieillesce, treshumblement (Gris., 1395, 29). ...la crepe ou Jhesus fut cuchiet entre le buef et l'aisne. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 75). Elle fut couchée en ung lit, et la fist on beaucop suer. [Il s'agit d'une jeune fille atteinte de la peste] (C.N.N., c.1456-1467, 350). Il est en guise d'un jeune enfant couchié en la cresche des bestes, acompaignié d'une pucellette et d'un homme ancien, Marie et Joseph (GERS., Noël, p.1404, 295). SAINCT MARTIN. Mon ame a Dieu restituer Fault icy ; pour tant, taisez vous, Couchez moy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 560).

 

-

(Estre) couché (au lit) : A beaulx feux, chauffez et sechez Sont, puis, en riches lis couchiez. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 301).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : ...puis tu ly rendras graces [au Saint Esprit], puis le coucheras nettement et purement ou bel lit et linceux souefs, flairans de toute chasteté. (GERS., Pent., p.1389, 85).

 

-

Coucher + attr.

 

.

Coucher qqn blanc et mol. "Faire coucher qqn dans un lit douillet avec des draps blancs" : ...car ainsi le m'avoit-il commandé et que fussent bien festiés, et si ont beu des vins blancs et rouges leurs plaines testes, et si ont estés couchés blanc et mol, et l'ostal estoit bel, net et paré (Comptes roi René A., t.3, 1473, 41).

 

.

Bien couché/mal couché : Et pour ce que aux hommes est la cure et soing des besongnes de dehors, et en doivent les mariz songner, aler, venir et racourir deça et dela par pluyes, par vens, par neges, par gresles, une foiz moullié, une foiz sec, une foiz suant, autresfoiz tramblant, mal peu [nourri], mal hebergié, mal chaussié, mal couchié -- et tout ne luy fait de mal pour ce qu'il est resconforté de l'esperance qu'il a aux cures que la femme prendra de luy a son retour, aux aises, aux joyes et aux plaisirs qu'elle luy fera, ou fera faire devant elle: d'estre deschaux a bon feu, d'estre lavé les piez, avoir chausses et soullez fraiz, bien peu, bien abeuvré, bien servy, bien seignoury, bien couché en blans draps et cueuvrechiez blans, bien couvert de bonnes fourrures, et assouvy d'autres joyes et esbatemens, privetez, amours et secretz dont je me taiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 99).

 

.

(Se) coucher souvin. "Coucher sur le dos" : Les uns se sont couchiez souvins Sur lis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 205). ...[il] la trousse et prend entre ses braz, et dessus ung peu d'herbe mise en tas qu'elle avoit assemblé, souvyne la coucha (C.N.N., c.1456-1467, 157).

 

2.

"Allonger" : ...[il] se print à jouer à ycelle levriere, qui estoit demourant en l'ostel où estoit logiez mons. l'evesque, la coucha à terre, et ot compaignie charnelle à ycelle levriere une fois seulement. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 230). ...auprès de luy sur le lit la cousche (C.N.N., c.1456-1467, 51).

 

-

Part. passé : ...si trouverent la rue moult esmeue, et des mors couchiés sus les cauchies. (FROISS., Chron. D., p.1400, 120).

 

3.

"Étendre qqn (dans une intention hostile)" : [à propos de Procruste] Ce fu un tyrant qui se delictoit en effusion de sanc humain ; et avoit .I. lit de fust ou il couchoit chascun que il povoit prendre (ORESME, E.A.C., c.1370, 381). ...adonc et n'avoit homme en pays ne sy grant Frison qu'il ne cuche a terre ; et chevaulchoit mieux que ceulx qui avoient xx ans (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 20). ...tant radement le sallue de l'espee sur le heaulme qu'il l'estonne et secondement le fait coucier a terre. (Cligès C.T., 1455, 109). Or cza, seigneurs, soiez moy escoutant. Soiez droit la son chevalier [il s'agit du comte d'Alagonne, martyr] couchant Par davant touz, car je vueil c'on le voie. Or sus, bourreau, soiez moy tost prenant En vostre main ung rasoer bien trenchant, Si Jupiter et Vulcain vous pourvoye, Et lui ostez du large de trois doie Du lonc d'un cuir une forte couroye Et puis de sel la trace sallerez, A celle fin que son dieu il regnoye (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 189). ...interroguiét et examiné et finablement despoulliét et couchiét sur le banc, et tant piteusement torturé qu'il le convient reporter en prison en une chaière. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 637). [Au combat] ...et ainsi qu'ilz venoient, les couchoit l'un sur l'autre tous mors (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 22).

 

-

Coucher (un mort au tombeau) : Il ot estéit en mer et dever Gallilee (...) Et en Jherusalem la citeit honnoree Le Sepulcre baisier et la piere listee Ou la char Jhesu fuit couquie et posee En terre, que de mort fuit pour nous suscitee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 510). Dou Sepulcre venons, c'est bien chose prouvee, La ou la chair de Dieu fuit couquie et posee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 522).

 

4.

P. méton. "Loger" : Li palais qui me hierbegoit, Li cambre qui bien me coukoit... (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 83).

B. -

[D'une pers. ou d'un animal] (Se) coucher

 

1.

"S'étendre pour dormir" : Je pense qu'estes traveillié. Cy endroit plus ne vous tenez, Mais avec moy vous en venez, Car ensemble maishui serons Et souperons et coucherons (Mir. march. juif, c.1377, 201). ...et firent celle nuit moult noble guet au costé devers leurs ennemis, et souppa on parmy l'ost, et couchierent tous armez la nuitie. (ARRAS, c.1392-1393, 228). Remond (...) entra en une chambre et se coucha sur un lit. (ARRAS, c.1392-1393, 253). ...à l'eure de XJ heures de nuit que le Roy se voloit coucher et aler dormir (BAYE, I, 1400-1410, 164). Si se coucherent et dormirent, Comme gent qui plus ne cremirent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 158). ...se deshabilla, et ou beau lit qu'elle avoit mis a point se coucha, et dormit tresbien (C.N.N., c.1456-1467, 265). Flamans couscheront sur le feurre, Ne buront ne mengeront beurre Jusques Sainct Omer sera prins. (Rapp., c.1480, 67).

 

-

Part. passé : Si me fu avis en mon dormant que je vous trouvoie couchié en une sale en .I. biau lit et bien paré. (MACH., Voir, 1364, 506). ...elle envoya querir son clerc, qui, quand il la vit couchée au lict, demanda si pour ung seul jour qui restoit avoit perdu courage (C.N.N., c.1456-1467, 578).

 

-

Aller coucher. "Aller dormir" : Il est d'aler couchier saison, Si com me semble. (Mir. nonne, 1345, 332). Et puis, après soupper, si deviserent de pluseurs materes, et puis alerent couchier. (ARRAS, c.1392-1393, 37). ...Mais il fu temps d'aler couchier, Car ja estoit minuit passee. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 13). ...S'il va couchier joieux, n'en faictes doubte. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 169). Il avoit commis ung cas très horrible, car il avoit prins son père prisonnier à ung soir, comme il se vouloit aller coucher (COMM., II, 1489-1491, 2).

 

-

Se coucher dormir. "S'étendre pour dormir" : ...par fain de dormir qui le surprint, s'en ala coucher dormir sur un siege estant auprès de l'autel et en la chappelle Nostre-Dame (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 364). ...et icellui drap despendi, et, en après ce, le porta mucer en un vielz masure de ladite ville, et illec se coucha dormir jusques à grant jour (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 114). Sy veillerent tant que les quatre des huit compaignons se coucherent dormir, et les aultres quatre se mirent en point pour veillier toute la nuit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 227). ...puis se coucherent dormir, car a merveilles estoient travailliés. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 690).

 

-

Estre couchié (au lit / en son lit) : En ce dous temps dont je vous cont, Dou mois d'avril le jour secont, L'an mil trois cens quarante deus, Forment estoie sommilleus, Si qu'en un lit couchiez estoie, Pour ce que mestier en avoie. (MACH., D. Lyon, 1342, 160). ...si vint au lit ou elle estoit couchee et l'esveilla et lui dist: "Doulce suer, or vous levez ..." (Bérinus, II, c.1350-1370, 9). Taisiez: vous en dormirez miex Quant serez en voz liz couchiez. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 18). Quant je suis couschié en mon lit, Je ne puis en paix reposer (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 24).

 

-

Estre couchié sus (qqc.) : Et si vivoient a tous aises ; Ne savoient qu'estoit mesaises ; Onques n'avoient eü fain, N'esté couchié sus pou d'estrain, Qu'onques n'avoient mal geü, Ne point de vin trop chaut beü (MACH., D. Lyon, 1342, 203).

 

2.

"Passer la nuit qq. part" : ...il ala en la ville d'Amyens se loger en un hostel ouquel l'en osteloit gens, et y coucha une nuit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 91). Et dit que, le dimenche paravant, ledit prisonnier souppa et coucha avecques lui en l'ostel dudit Cretot (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 556). ...il qui parle et ledit Pierre de Vailledoli estoient logiez hors de ladite ville de Molins en l'ostel du Ruyau et celle nuit ledit Pierre coucha dedens la ville (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 443). Je vien de soupper de vostre maison pour coucher ceans. (C.N.N., c.1456-1467, 212). ...il convenoit qu'il retournast a sa maison (...) s'il ne se vouloit coucher sur les rues. (C.N.N., c.1456-1467, 509). ...le roy, qui ja bien amoit Boussicault, fut content et ordonna qu'il couchast avec Saintré en la couchecte, c'est assavoir quant il ne couchoit avec la royne. (LA SALE, J.S., 1456, 142). ...où le convoyèrent icellui duc Loys de Bavière et le cardinal, jusques en l'hostel où il coucha. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 253). Puis de mener ung chascun s'ordonna Le roy souper et couchier a Quïers. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 163). L'endemain alasmes coucher au village de Montlehery, qui estoit le tiers jour de la bataille. (COMM., I, 1489-1491, 38). Le vendredy ce royal pelerin, Deliberé avec ceulx de sa bende, Alla coucher et disner dens Turin Ou il y eult solempnité moult grande. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 158).

 

-

[D'un animal] "Passer la nuit dans un lieu" : L'en voit bien couchier [var. courcher] sur le lit Du roi de France les levriers, Pour ce qu'i les aime et tient chiers. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 247). ...la royne a une levriere (...) dont elle est beaucop assotée, et la fait coucher en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 193). ...qui metteroit ces herbes ainsi cueillies la nuit sainct Jehan deseure l'uys de l'estable ou les vaches couchent, en disant : "Que Dieu les sauve et saincte Bride !", qu'elles donneroient lait tousjours de bien en mieulx. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 108).

 

-

Mal couché. "Mal logé" : A non Dieux, entre ceaux qe soeffrent tant de mesaise, comme de meynt malveis mangiers et pires boires, mau choché et mau vestu, si q'entre tiels gientz purroie jeo trover de faire moun pru, si jeo feusse sage (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 14). ...les malheurtez qu'on puet avoir à la guerre, peut-on aussi bien avoir par sieuvir la court, et des autres encores plus largement, comme povreté, paine, travail, estre mal couchié, mal repeu, mal logié et souventeffois pour tous services et bienfais en la fin desherité (BUEIL, I, 1461-1466, 54).

 

Rem. AND, s.v. cucher.

 

.

Prov. [Coucher en cooccurrence avec reposer] : La sont condampnés et jectés Ceulx qui meurent en grefz pechés : Mal reposent les mal couchés. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 204). Tel est couché qui ne repose. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 371).

 

-

Coucher à terre : Maiz Aigres y fut moult travailliez et se coucha a terre pour se reposer. (Bérinus, I, c.1350-1370, 307). ...ce qu'i fault que les vaillans hommes soustiennent et portent, c'est assavoir le chault et le froit, l'iver, l'esté, coucher a terre (JUV. URS., Verba, 1452, 246). Et ont esté moult lons temps couchans à terre plaine, sans draps, linge ne lange, fors en la povre robbe dessirée que ilz avoient vestue (BÉTHENCOURT, Canarien C., c.1490, 211).

 

-

[Dans un contexte métaph.] Coucher sur paille : Je n'ay repast que de Foiblesse, Couchant sur paille de Destresse, Suy je bien payé maintenant De mes jennes jours cy devant ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 535).

 

3.

Adj. et subst. masc. en partic. DR. FÉOD. Levant et couchant. "(Celui) qui est établi sous un seigneur, justiciable ; mainmortable" : ...se li oblegiet sont hoste couchant et levant desdittes religieuses et li dons est donnés à mi ou à mes gens comme à signeur souvrain, si voel-je que li pourfis des painnes ou du don qui seront donnés sur leur couchant et levant viegne et demeure asdittes religieuses (Cartul. Flines H., t.2, 1337, 568). Que dores-en-avant lesdiz pescheurs, par adjournement ou autrement, ne seront traiz hors des lieux principaux de chastellerie, prevostez ou ressors, soubz qui il demoureront, et seront couchans et levans (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1367, 28). Et de la partie dudict Massot et dudict prieur, adjoinct es noms que dessus pour cause que icelluy Massot est hoste couchant et levant soubz et en la terre de sondict prieuré et son justiciable, sicomme il disoit (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1385, 545).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, 2,1958, 309 : "Un vassal pourvu d'un fief, même médiocre, peut être haut-justicier. À ce titre, il a pour justiciables les hommes libres de son domaine, dits couchants et levants ou hommes de poesté, qui ne sont pas ses vassaux..."

 

4.

Coucher (d'enfant). "Être en couches, accoucher" : Or approche le temps de l'enfantement ; or convient qu' il ait comperes et commeres a l' ordonnance de la dame ; or a grant soussy pour querir ce qu' il fault aux commeres et nourrisses et matrones qui y seront pour garder la dame tant come elle couchera (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 18). Sy trouverent la rouyne Blanche ou chastel de Lionnel et la Belle Jeande qui sejournoit avecq elle et qui avoit couchié d'un beau filz depuis que son mary s'estoit parti d'elle. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 471). Pour estre quitte des poirions, il fault prendre du filé que une femme a filé tandis qu'elle couche d'enfant et en loyer les poirions, et incontinent ilz cherront tous sans aucune remede. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 144).

 

5.

"S'étendre, s'allonger" : Si [le lion] se couchoit moult doucement Aus piez la dame... (MACH., D. Lyon, 1342, 181). Si m'estoie couchiés en l'ombre, Par quoy la chaleur dou soleil Ne me grevast n'au corps n'a l'ueil (MACH., Voir, 1364, 42). ...il se bouta sur une couche et se coucha ; mais il n'avoit garde de dormir [La scène se passe dans un salon] (C.N.N., c.1456-1467, 253).

 

-

(Se) coucher sur le ventre : Les autres espreviers se couchent sur le ventre au travers de la perche ainsi comme un chappon, et ainsi se reposent en dormant et en veillant (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150). ...et fut appointié que le cappitaine [et] le sire de Roqueton demoureroient au long de la haye, au couvert, couchiez sur les ventres en ung petit arrière fossé, qui estoit derrière celle haye (BUEIL, I, 1461-1466, 87).

 

-

En partic. CHASSE [D'un chien] "Se coucher sur le ventre (en position d'arrêt)" : Et aussi, tant plus seront ensemble son maistre et le limier, et l'un saura mieulx les coustumes de l'autre et mieulx se connoistront. Et li pourra enseigner trop de choses a l'ostel qu'il ne feroit pas au boys, comme est couchier et lever et fere mengier et laissier er fere crier et tayre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 191).

 

.

Part. prés. Chien couchant. "Chien de chasse qui se couche quand il sent le gibier, chien d'arrêt (par oppos. à chien courant, v. chien)" : Quant une robe a prins son ploy, Il m'est advis qu'il se destourbe Qui lui veult baillier aultre loy. Se le chien couchant n'a chastoy Quant assez grandelet sera, Ou il n'aura cure de toy Ou jamais bien ne chassera. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 168). Item, je donne a Jehan le Lou, Homme de bien et bon merchant, Pource qu'il est linget et flou Et que Cholet est mal serchant, Ung beau petit chiennet couchant, Qui ne laira poullaille en voye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 94). A ung masson d'Arle, pour ung chien que le roy fait faire couchant, en don, deux escuz (Comptes roi René A., t.3, 1476, 278).

 

-

En partic. HÉRALD. [D'un animal] "Représenté allongé dans l'attitude du sommeil"

 

-

Part. prés. : Une châsse d'or (...) et dessoubz est un arbre esmaillé d'azur brossonné sur un lyon couchant d'argent doré, ladicte châsse et angelot pesant VI onces d'or (Ch. VI, D., t.2, 1418, 328).

 

.

Part. passé : ... sur le pavillon qui fut tendu pour ledit messire Jaques de Lalain, avoit ung cerf couchié de broudure. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 123).

 

6.

[D'un cheval] "Se pencher, se courber" : En monde n'a si bel destrier, Soiés sus, le piet en l'estrier, Et le ferés des esperons (...) Que, s'il ha mauvaise maniere (Que s'il veult reculer arriere Ou s'il se couche ou s'il se cabre, Ainsi com cilz qui fait la cabre...) (MACH., Voir, 1364, 322).

C. -

[Domaine sexuel]

 

-

(Se) coucher avec qqn. : Car il n'a gueres qu'en un lit Couchay avec elle (Mir. st J. Cris., c.1344, 292). Item, selon une ancienne fable, quant Jupiter coucha avecques une appellee Almena, il doubla celle nuit et la fist durer .II. nuiz. (ORESME, C.M., c.1377, 374). ...lez maux et lez horribletés qui avienent tous lez jours a Cristianté par la conversacion dez diz Juys, primierement, car lez Crestianes, par leur tres grant povreté et pour ravoir leurs gages, si se couchent avesques eulx dampnablement (Songe verg. S., t.1, 1378, 356). ...[il] commanda à sondit chambellan qu'il feist coucher Katherine en la chambre qui estoit prez de la sienne, et partant les mist hors de sadite chambre ; et commanda à elle qui parle que elle se couchast avecques lui, et en son lit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 44). Dit aussi que, en ycelle nuit, elle sceut bien que ycellui chevalier coucha avecques sadite seur, et que l'endemain elle lui dist qu'il lui avoit donné deux frans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 46). ...en ycelui temps que elle coucha avec un carme de ladite ville de Rouen (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 435). Et quant il fut heure, on mena l'espousee couchier en un moult riche lit. Puis vint Regnault et se coucha avecques la pucelle. (ARRAS, c.1392-1393, 192). ...assez tost après le dit Merigot estant ou dit service requist la femme d'iceluy suppliant de coucher avec elle et continua de l'en requerre tant que, la sepmainne après Noel ensuivant, si comme la dicte femme l'a dit et confessé, il ot a elle compaignie charnele et en ce continuerent jusques au temps dont cy après sera faicte mencion (Doc. Poitou G., t.6, 1400, 368). Qu'il est chose désagréable, Moult périlleuse et détestable, Nom pas en meurs tant seulement, Maiz aussi bien naturelment Par charnalité à couchier O femmes lors et les touchier, Se n'est à ceulx, par saint Eloy, Auxquelz est permiz par la loy (LA HAYE, P. peste, 1426, 106). ...luy va tout compter comment c'estoit la fille a son maistre de Bruxelles, et qu'il coucha avecques elle et l'engrossa (C.N.N., c.1456-1467, 71).

 

-

Coucher charnellement (avec qqn) : Et après ce ala en son solier, où estoit son lit, ouquel il vit ledit Jaquet sur sa femme, couchez charnelment. (Ch. VI, D., t.2, 1381, 205). ...a nous vous devez rendre le disme du nombre des foiz que vous couchez charnellement avecques voz mariz. (C.N.N., c.1456-1467, 216). ...car sa mere Erudice avoit fait mourir ses II autres filz pour ce qu'ilz ne volurent coucher avecques elle charnelement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 51 v°).

 

-

Coucher l'un avec l'autre : Les autres s'en vont dormir. Et Regnault et la pucelle furent couchiez l'un avec l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 192).

 

-

[De deux jeunes époux] Coucher ensemble : ...les deux enfans ja venus a eage, [cely de Croy] les fit espouser, faire leurs nopces sollempnelles et couchier ensamble (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81).

 

-

Se coucher ensemble : Robin le Blanc, son vallet (...), avoit deceuz ladite femme, par telle maniere que il en faisoit toute sa volenté et se couchoient ensemble toutefoiz qu'il leur plaisoit (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1346, 286).

 

-

Coucher à l'envers. [Inverser la position de l'homme et de la femme ?] : Je cuide et si croy que pour le palasin des rains, il se fault garder de couchier a l'envers voire, les femmes et les hommes au contraire.[G. Roques, R. Ling. rom. 51, 1987, 649 : "faire l'amour".] (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 95).

D. -

Au fig. "Mettre, placer"

 

1.

[Le suj. désigne une pers.] Coucher la coulpe sur qqn. "Rejeter la faute sur qqn" : ...vous en estes fort accusé De luy avoir fait grant injure ; Et, brief, tout le peuple en murmure Et la coulpe sur vous en couche. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 430). Vous en estes fort accusé De luy avoir fait grant injure ; Et brief, tout le peuple en murmure Et la coulpe sur vous s'en couche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 991).

 

-

Coucher sa foi. "Engager sa foi" : Loyal cuer et voir disant bouche Sont le chastel d'omme parfait, Et qui si legier sa foy couche, Son honneur pour l'autruy deffait. (CHART., B. Dame, 1424, 344).

 

-

Coucher qqc. en l'ordonnance de qqn. "Mettre qqc. à sa disposition" : "Mon très souverain et redoubté seigneur, je croy assez que vous avez eu grant maltalent sur moy pour la cause de vostre biau frere de Braibant, que je ay tenu trop longuement en prison ; laquelle chose je meth et couche du tout en vostre ordonnance et disposicion et de vostre hault et noble conseil." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 169).

 

2.

[Le suj. désigne une chose abstr.] Se coucher sur qqc. "S'étendre sur qqc." : LA MERE. (...) Touchant puissance paternelle, La vostre dessus luy se couche ; Mais quant a l'amour maternelle, Je suis celle a qui le cas touche. (LA VIGNE, S.M., 1496, 162).

II. -

P. ext. empl. trans. Coucher qqc. "Poser, mettre (en partic. par écrit)"

A. -

Au propre [Une chose concrète]

 

1.

"Poser" : "Je vous ferai aporter (...) deus harnas (...) et, quant il seront là mis et couchiés, vous les regarderés et aviserés, et lequel que vous vollés (...) vous eslirés et prenderés." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 46). Si passèrent le pont de Commines à cele ajournée li signeur en grant peril, car il metoient et couchoient targes ou pavais sus les gistes dou pont et aloient oultre. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 24). À lui, qui encores a soyé par trois jours et demi pour soyer aix de chesne pour couchier sur le mur de l'espoye pour sauver ledit mur à l'encontre des nefz au passer par ilec (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 635). ...et aussi, s'il y a plesseys, il nous fauldra porter tronssons d'eschelles pour les coucher sur les plesseys (BUEIL, I, 1461-1466, 89). Et, en ensuyvant l'ordonnance du pas, fut l'orloge couchié, afin que le sablon ne courust à perte (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 182). Dispose ton instrument en façon que l'allidade soit couchee sus la ligne .a.d. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 172). Hault sur son chief ung grant poylle on coucha Lequel portoyent en maniere civille Quatre seigneurs (LA VIGNE, V.N., p.1495, 190).

 

-

Coucher [une partie du corps] qq. part : Mais belement, a cuer tremblant, Devers la dame s'aprochoit, Si que sa robe a li touchoit, Si coucha sa teste desseure. Et la dame, que Dieus honneure, De sa blanchette main polie Le poil de son chief aplanie... (MACH., D. Lyon, 1342, 177). ...en defendant à elle qui parle que sur cedit oreillier elle ne meist ou couchast sa teste dessus aucunement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 337). ...puis couce son chief sur sa main et baise sa face comme pensif (Cligès C.T., 1455, 85).

 

-

Coucher qqc. sur qqn/qqc. : LE BAILLIF. (...) Puis que liée est de fors hars, Couche sur lui de toutes pars Largement et busche et estrain, Et puis le feu y boute a plain (Mir. femme, 1368, 214).

 

-

Coucher en. "Déposer" : Depuis ceste ordenance faite, li rois Robers de Brus ne vesqui que trois jours. Si fu ouvers et enbaupsumés, et son coer pris et enbaupsumés, et couchiés en .I. petit vasselet d'or si ricement ouvré que on ne pooit mieuls (FROISS., Chron. D., p.1400, 166).

 

-

Coucher entre. "Poser entre" : [Alixandre] se devest et cent mille fois baise et acolle sa chemise [cousue par Soredamours], et mesmes par nuyt il la couce entre ses bras, disant qu'il est le plus heureux chevalier du monde. (Cligès C.T., 1455, 89).

 

-

Coucher sur. "Poser sur" : Mon tresdoulz cuer, je vous mercy trop chierement de ce que vous m'avés envoié - et envoierés -, et, par m'ame, toutes les nuis je les couche sur mon cuer et les baise plus de .C. fois le jour. (MACH., Voir, 1364, 450).

 

-

COUT. Couché. "Aplati en couches" : ...un autre [parement] de damas noir, dont l'ouvraige est tout pourfillé de fil d'argent, et le champ tout emply de houppectes couchees de plumes d'octrisse (LA SALE, J.S., 1456, 90).

 

2.

En partic. ART MILIT. Coucher la lance. "Abaisser la lance" : Sitost que Lancelot du Lach voit Cligés coucier lance, il couce pareillement la sienne, puis s'entreviennent tant chevalereusement que Lancelot tronçonne la lance, et Cligés s'affute contre l'escu de Lancelot (Cligès C.T., 1455, 129). Alors chascun, garny de sa lance sur sa cuisse, en son arrest la coucha et et tant que destriers peurent courre l'un contre l'autre s'aproucha, maiz a celle premiere course riens ne firent. (LA SALE, J.S., 1456, 115). Et quant le roy de Thebés eut donné a Herculés l'ordre de chevalerie, lors chauldement uns et autres coucherent les lances et se prindrent a jouster... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 127). ...car je ne croy pas que de douze cens hommes d'armes ou envyron qu'ilz estoient, qu'il en y eust cinquante qui eussent sceu coucher une lance en l'arrest. (COMM., I, 1489-1491, 27).

B. -

[Une chose abstr.]

 

1.

[Au jeu] "Miser, mettre en jeu" : Uns homs jouoit aux dés en ma presence, Et un grant cop coucha soudainement A un autre qui a touché la chance (...) A l'autre cop de sort couchier s'avance, De .x. et .viii. .xv. va demandent. Cilz qui getta avoit haute loquance Et rencontra, et l'argent happe et prent (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 286-287). Anstroingnart, .iii. frans vous couche ; le tenez vous ? - Ouil, par Dieu. Or suy je ou blanc, droit en milieu. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 168). - Jettez pour demi franc, beau mestre ! - En despit de Dieu ce puist estre ! Couchez vous si petiz lopins ? Je vous couche .iiii. flourins, Et vous me couchez demi franc ! (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 169). Qui pert, riens n'y font repentailles C'on n'en meurre a honte et diffame, Et qui gaigne n'a pas a femme Dido, la royne de Cartaige. L'omme est donc bien fol et infame Qui pour si peu couche tel gaige. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

 

-

Empl. abs. : A .ii. coups ay perdu .vi. frans. Pour autres .vi. voulez vous bien ? - Couche ; je ne refuse rien. Or va, va ! - Vous l'avez perdu : Il gist ou noir tout estendu (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 168). [Dans un cont. métaph.] Que puis je comparer plus chier Qu'i mectre cuer, vie et courage ? Je n'ay mieux pour en jeu couchier, Si bon plege ne tel hostaige. Mais ma dame a trop l'avantaige, Dont la chose est pis departie, Car el garde mon cuer pour gage Et fault qu'el soit juge et partie. (CHART., D. Rev., a.1424, 315).

 

2.

"Consigner par écrit" : Hélas ! mon cas plus me touchast Qui y vousist remede mettre Et qui ma desserte couchast Comme on le m'a voulu promettre (Abuzé D., c.1450-1470, 112). Se voulïés mon amour cy endroit Diminuer, vostre plaisant language De doctrine plain et non en usage Ne devïés en vos lettres coucher, Car ce m'a plus abstraint en vo servage Et causé soif que je ne puis estancher. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr., c.1490. In : Chrestom. R., 259). Aprés y est couché de journee en journee, de disnee en disnee et de soupee en soupee ou ledict seigneur fut logé luy et son train, soit en ville ou en villaige, en chasteau ou en maison de plaisance (LA VIGNE, V.N., p.1495, 129). Cestui fist aussi ung livre intitullé le Tresor des pouvres, qui est chose moult utille en medicine pour simples gens, jaçoit ce qu'il y a aucunes choses couchées, qui selon nostre loy ne sont à faire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 127 v°).

 

-

Coucher par escrit/coucher par escriture : ...nous, par le consentement et accord d'icelles parties (...), aions envoié couciés les dites questions, procèz et appoinctemens, ensamble noz advis, par escript par le dit procureur d'Artois en la Chambre des dis comptes à Lisle (Hist. dr. munic. E., t.2, 1422, 164). La pluspart disoyent que la seüreté que le roy avoit luy fust gardée, veü qu'il accordoit assez la paix en la forme qu'elle avoit esté couchée par escript (COMM., I, 1489-1491, 143). ...En ordonnance si tres bien adoubez Qu'on ne le peult coucher par escripture (LA VIGNE, V.N., p.1495, 164). ...le dict maistre Andry de la Vigne, lequel il avoit commis a coucher et mettre par escript ce present voyaige (LA VIGNE, V.N., p.1495, 325).

 

-

Empl. abs. [avec compl. de manière] : Et n'entends pas de couchier ou d'escripre de nulles matieres par ouy dire, ou par rapport d'aultruy, mais seullement toucheray de ce que j'ay veu, sceu et experimenté (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 184).

 

-

Coucher qqc. en français : Cy fine le second volume des conquestes (...) A esté extrait et couchié en cler françois par David Aubert, l'an de grace mil quatre-cens cinquante-huit. (Chron. conq. Charlem. G., t.2,2, 1458, 295). Cestui maistre Jehan de Bruges a faicte une prenosticacion que j'ay eue au moïen du seigneur de Donjullien (...) qui est en françois très bien couchié et s'efforce parler jusques à très longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 r°).

 

-

"Composer" : Vous ourrez dictiéz bien riméz Et chant couchié a l'avenant (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 56). Soubtil sens couchié par compas, Enveloppé en beau langage, Musse le vouloir du courage (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 363).

 

.

Coucher qqc. par rime : ...assez pres avoit un merveilleux perron ou avoit escripte grande narration bien faitte et couchie par rime qui disoit en telle maniere :... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 796).

 

-

MATH. "Écrire (un chiffre, une formule dans une opération)" : Je veulx reduire R2.R3.13. a une denominacion. Multiplie .2. par .3. qui sont les denominacions, montent .6. pour denominacion de racine de .13. que lon doit ainsi coucher R6.13. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 658). [Soustraction] Et s'il convient enlever une [figure] majeur, adonc fault enprunter une 10e., et de 10. adjoustez avec la figure mineur qui doit estre du nombre superieur l'on doit faire sa soustraction en couchant la [sic] reste au dessoubz d'icelle, et puis l'on doit tenir 1. en son entendement (NIC. CHUQUET, Triparty, 1484. In : Chrestom. R., 239).

 

-

"Insérer dans un procès-verbal, une liste, un compte" : ...les causes et consideracions couchées en une requeste expediée au Bureau en l'Ostel de ladicte ville (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 238). ...combien que nous luy ayons fait don des amendes et confiscacions des greniers à sel establiz en ses duché de Bourbonnois et conté de Cleremont en Beauvoisiz, neantmoins vous avez rayé aux grenetiers desdiz lieux ou à aucuns d'eulx les parties de despence qu'ilz ont couchées en leurs comptes (Lettres Louis XI, V., t.3, 1469, 316). Dechie d'amendez dont n'est cy aucune chose couchié pour ce que le receveur n'en a peu recouvrer les rooullez ou verificacions (Comptab. Dieppe M., 1474-1479, 125). ...lequel procés jà pieçà couché soubz droit en nostredicte court, ledict seigneur d'Albret et ses enfans ne veullent souffrir ne permettre nostredicte cousine joyr de ladicte tierce partie (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1496, 92).

 

.

"Insérer (une somme) dans un compte, à la rubrique qui convient à son affectation" : Et pour ce avons desclairé et ordonné qu'il fera plénière recepte de 9.000 frans ou lieu de ladicte partie de 8.000 frans par luy couchée en sondit compte. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 118). ...lesquelles sommes ledict exposant a paiées et baillées aux personnes (et) ainsi que ordonné lui estoit, et sur chascune partie couchée audit roole pour le sire de Hastingues (Louis XI Anglet. C.P., 1476, 370). ...trois mille cent et quarante livres tournois avoir et prendre sur les sommes couchées ès rôles dudit trésorier de ceste dite année (Cartul. Laval B., t.3, 1468, 254). Et est toute la valleur desdiz acquiz, grans et petiz, couchee en playne valleur de recepte (Comptab. Dieppe M., 1474-1479, 117). ...combien que ledit sieur de Gavre ait plusieurs foiz requis et fait requérir ledit viconte afin de lui faire paiement de ladite somme, combien qu'elle soit couchée en sondit estat, ce néanmoins il a tousjours différé (Cartul. Laval B., t.5, 1485, 105).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Cuidez vous, par dueil et courrouz, Ainsi gangner vostre voulois ? (...) De riens ne vous peuent valoir, Et se les couchez en despence ; Trop remaint de ce que fol pense. (...) Mais de voz doleurs raconter Faictes bien, ainsi qu'il me semble. Et les assommer et compter Devant Amours ; car il ressemble A l'ostellier qui met ensemble. Et tout dedens son papier couche : Pour parler est faicte la bouche. (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 273-274).

 

-

[P. méton. de l'obj.] Coucher qqn (dans un écrit). "Citer son nom" : Et, pour vous declarer le conte de Parvencheres ou livre du Jouvencel, ce eust esté forte chouse d'avoir couché tous les lieutenants que le Roy ordonnoit ; car il en a eu plusieurs et en plusieurs pays et contrées. (TRING., c.1477-1483, 298). J'ay mis en jeux et en praticques Mille couleurs de rethoricques, Mille motz, mille ditz d'ouvriers, Mille parolles sophisticques, Pour estre couché en cronicques Ou nombre des advanturiers. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 246).

 

3.

P. ext.

 

-

"Exposer" : Et singulierement fut creé icelluy concile à l'encontre et à la refformacion de Pape Eugene, et publicquement luy mirent avant, à l'encontre de sa vie et de sa personne, plusieurs cas telz et de telz gestes, que je n'en veuilz escripre ne ramentevoir, mais le laisse reciter et escripre à ceulx qui plus saigement sçavent coucher et mectre en souvenir ou ramentevance chose de tel poix et de telle efficasse (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 261).

 

-

En partic. "Exprimer oralement ou par écrit"

 

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Coucher (son) dit : Jehan, passé longue saison, J'ay soustenu en mon couraige Que vous estiés saint homme et saige Et faisiés pour les simples gens Beaucop de beaulx enseignemens ; Mais je vous vois trop advancer : Vous penssez sans contrepenser Devant qui vous couchez vos ditz (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 145).

 

.

Coucher (son) langage. "Exposer son propos" : Mais ung point y a que je doubte, Que celluy roy dont ilz nous touchent Et dont si hault langaige couchent, Ne fust Crist, né nouvellement, Dont les prophetes plainement Ont affermé qu'il doit venir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 86). Si l'appella la dame assés humblement, et tant bien luy advint a couchier son language, asseurant icellui Salhadin, qu'il vint a elle moult voulentiers (Saladin C., c.1465-1468, 69).

 

.

Coucher en meilleur langage. "Mieux exprimer" : Et là où je fauldroye, trouverez monsr de Bochage et autres qui myeulx vous en sçauront parler et le coucher en meilleur langaige que moy. (COMM., I, 1489-1491, 3).

 

.

Coucher (une/sa) sentence. "Prononcer une sentence" : Damoiselle, se tort avoie, Bien say que condempnez seroie Nom pas par vous ; car l'ordenance Ne doit pas de ceste sentence Estre couchie en vostre bouche, Pour ce que la chose vous touche ; Eins la doit pronuncier le juge Qui a point et loyaument juge. (MACH., J. R. Nav., 1349, 251). Les autres ont Espoir de coste. Et si m'a prïé que je note, Ains que je couche Sentence, qu'il n'est nul reprouche, Prison ne perte si farouche Que la mort trop plus ne courouche (CHART., L. Dames, 1416, 292). Je m'esbahys plus du langaige Et la naturelle prudence Qu'il a en couchant sa sentence, Que je ne fais du demourant. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 122).

 

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"Arrêter" : Mie ne tient à plaindre, li fais n'est pas kuchiés (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 680).

 

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Estre mal couché. "Être mal considéré" : Vous vous donnés a tous pechés, De tous villains fais aprochés Et faictes tant de dueil a tous Que nous en sommes mal couchés Et tous noz parens reprochés, Seullement pour l'amour de vous. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 140).

 

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Coucher que. "Rapporter que" : Et, pour tant que de luy couchés Qu'il besongne le jour des festes, Autresfoys, par dis magnifestes, Vous respondit sur ce debat Qu'on peult bien, le jour du sabbat, Son beuf ou son asne saulver, S'il estoit en voye de noyer (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 157).

 

-

Empl. trans. indir. Coucher de qqn/qqc. "Faire mention de qqn/qqc." : Sur l'euvangile est bien couchié Du filz qui chaït en lasté, Quant il ot tout le sien gasté En vivant luxurousement, Puis se repenti humblement Et dist au retour a son pere.. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 112). S'on couche de quelque compere, L'une dit qu'il est trop fachant, L'autre, qu'il a belle maniere, Mais il se panche ung peu devant.. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 236). Quelque jour il nous mescherra : On ne couche que de noz vies. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 168).

III. -

ASTR. (et langue courante) [D'un corps céleste] "Descendre sous l'horizon" : Et par ce appert clerement la response de la premiere experience, car l'en diroit que le soleil et les estoilles apparent ainsi couchier et lever et le ciel tourner pour le mouvement de la terre et des elemens ou nous habitons. (ORESME, C.M., c.1377, 524). Et en ces regions aucunes estoilles apparent tousjours sanz couchier ou sanz rescouser lesquelles ne apparent onques en aucunes regions qui sont vers midi. (ORESME, C.M., c.1377, 564). Et se cest honme aloit tout droit vers le pole artique et passast outre tout droit vers les antipodes, le soleil et les estoilles leveroient a sa senestre et coucheroient a sa destre des ce que il seroit notablement oultre le pole. (ORESME, C.M., c.1377, 572). Tout ainsi demeurerent parlant le Chevalier du Papegau et le nain de la tour, tant que le souloil commença a coucher. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 86). ...les 6 signes qui se lievent a celle journée mectent grant temps a lever et les autres 6 opposites aussi grant temps a eulx coucher ; et le contraire est des autres quant le soleil est en capricornus. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118).

A. -

Part. prés. en empl. adj.

 

1.

Soleil couchant. "Coucher du Soleil" : Si m'abelli tant leur dous chans Qu'einsois qu'il fust soleil couchans, Je m'en senti a volenté De cuer, de corps et de santé, Tant pour la douce ramembrance Que j'avoie en bonne Esperence, Comme de ce que je pensoie Que briefment ma dame verroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 110). Le diemanche dont je vous chant, Einsi comme à soleil couchant, Arriva Monstry et ses gens. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Et aucune fois elle lieve avant que le soleil et adonques est appelé Lucifer. Et aucune foiz elle resconse aprés soleil couchant, et pour ce est appelee Hesperus, et de ce est dit le vespre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 279). En oultre recuillit ce faulx prophete dez deux Testamens certaine abstinence de boire et de menger et de cohabiter avecquez les femmes en certains jours jusquez au soleil couchant, que il appella lez jeusnes du moys Ramazan. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 121). Anuyt, depuis souleil levant, N'a onques cessé la bataille, Jusques pres de souleil couchant A frapper d'estoc et de taille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 477). ...un grand trabs ardent en l'air (...) qui tumba le IIe jour de mars, ung peu devant Soleil couchant, vers occident, l'an 1497, duquel les vestiges durerent en l'air bien deux heures. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 r°). Bien vous garderay de chanter, Avant qu'il soit soleil couchant. Tantost chanterez aultre chant, Mais qu'ayez la teste baissee. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 266).

 

-

De soleil levant jusques à soleil couchant. "Du matin au soir" : Il fuira bien de souleill levant jusques a souleill couchant s'il est jeune porc sur son tiers an. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 90). Car ainsi comme entre nous gens ruraulx disons le jour depuis l'aube du jour jusques a la nuit, ou du soleil levant jusques a soleil couchant, les clercz qui preignent plus soubtilement dient que c'est le jour artificiel (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 6). ...et par ainsi il appert que ilz sont en esté et en yver depuis soleil levant jusques a soleil couchant 6 signes levans et les autres 6 signes couchans (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118).

 

-

Ainz le soleil couchant. "Avant le soir" : ...je vous livre mon gant, Et vous feray jéhier ains le soleil cousant, Que vous alés la dame à grant tort encouppant (Chev. cygne R., c.1356, 108). J'ay telle fiance en Dieu qui fist le ray, Et ains le sollay couchant, je le vous renderay. (Enfances Garin de Monglane K., p.1400, f° 56v).

 

-

Dedans le soleil couchant. "Avant le coucher du Soleil" : Et sachiez que, dedens demain soulleil couchant, je vous savray a dire qui vostre tresor a eü. (Bérinus, II, c.1350-1370, 35). Et fut dit, puisque l'homme du Jouvencel avoit combatu comme deffendeur et l'autre ne l'avoit desconfit dedans le soleil couchant, que l'honneur et l'argent luy demouroit. (BUEIL, II, 1461-1466, 111).

 

-

Environ soleil couchant. "Vers le soir" : JEHENNETE (...) dit et deppose (...) que le jour d'uy a VIIJ jours, environ solail couchant, si comme elle estoit en l'ostel Guillemette La Richarde (...) avecques un nonmé Jacob, qui est de Tournay, qui moustre jeux de bateaux ès halles de Paris, autrement ne scet dire son sournom, lui dist, cogneust et confessa que, puis IIIJ jours ençà, il avoit très-bien batu et navré ledit Hennequin. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 257). Cedit mercredi mesmes partismes d'illec, et retournasmes au giste au Caire, environ souleil couchant. (Voy. Jérus., c.1395, 68).

 

2.

P. méton. [du Soleil]

 

-

À jour couchant. "Au moment du coucher du Soleil, le soir tombant" : Si ordonna que, à jour couchant, que l'en se partit. Si fu fait. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 136). Si manderent au sire de Roqueton qu'il se rendist à la Vannaiz à jour couchant (BUEIL, I, 1461-1466, 82).

 

-

Dessous l'estoile couchant. "En Occident" : Car ne sçay homme nul dessoubz l'estoille couchant Qui de toute noblesse allast Garin passant, Ne de haute pröesche s'allast vers lui vantant. (Enfances Garin de Monglane K., p.1400, f° 67).

 

3.

[Point de l'horizon] Entre soleil couchant et septentrion. "Nord-ouest" : Et Aquitaine se estend despuis la Garonne vers les montaignes Pyrenees, la ou est Navarre et Bisquaie, et vers la partie de la grant mer d'Espaigne, et a son regard entre soleil couchant et septentrion. (GAGUIN, Comment. César, 1485. In : Chrestom. R., 250).

 

4.

Signe couchant. "Signe zodiacal qui se trouve en dessous de l'horizon" : ...et par ainsi il appert que ilz sont en esté et en yver depuis soleil levant jusques a soleil couchant 6 signes levans et les autres 6 signes couchans (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 118).

B. -

Part. prés. en empl. subst. Le couchant. "L'Ouest" : Puis y est le royaulme de Bosse, qui est entre Grèce et Esclavonie du costé du couchent, et du midy le royaulme d'Almassie et entre le levant et le couchant a le païs de haulte Autriche (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 95). Près de ce royaulme du costé du couchant est le païs d'Escoce et puet-on aller par là de l'un à l'autre sans passer par mer. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 118).

C. -

Part. passé en empl. adj.

 

-

(Heure de) soleil couché. "Au crépuscule, à la première heure de la nuit" : ...[ils] s'en retournerent en ladite ville de Fresnes, environ heure de soleil couchié, en laquele ilz soupperent ; et d'icelle ne parti oncques puis en celle nuyt (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 228).

 

-

Au/après soleil couché : ...durant le temps de son jeune ne mengeroit son pain et eaue jusques après soleil couché (C.N.N., c.1456-1467, 576). ...nagueres devant Basle les Françoys desconfirent les Suisses, et dura la bataille depuis le soleil levé jusques au soleil couchié. (BUEIL, II, 1461-1466, 228).

 

-

P. méton. [du Soleil] Jour couché. "Après le coucher du Soleil" : ...et après ce, à heure de jour couchié ou environ, le dit Pernetea ala au dit hostel et ainsi qu'il passoit par dessus la palice ou cloison du vergier, le chien du dit exposant abaya si fort que il l'esveila (Doc. Poitou G., t.6, 1398, 304).

IV. -

Inf. subst.

A. -

"Moment où l'on se met au lit" : Je le voel, dist Calabre, (...) Que vous ayés assés à boire et à mengier, Et que vous ne soyés batus à vo choucier. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 257). Si la mis [l'"image" de Toute Belle] haut dessus mon lit A grant joie et a grant delit, Pour li vëoir et atouchier A mon lever et au couchier. (MACH., Voir, 1364, 176). En lieu de Plaisance lye, Au lever et au couschier, Trouveras Merencolie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 132). ...Monseigneur, pour ce que vous m'avez fait dire que je feusse à vostre couchier et lever tous les jours, je y suis venu (Doc. Poitou G., t.7, 1421, 366). En ceste dolente et triste pensee, qui tousjours se presente a mon cueur et m'acompaigne au lever et au couchier, dont lez nuys me sont longues, et ma vie ennuieuse, ay ja par long temps travaillié et foullé mon petit entendement (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 3). ...pource qu'il estoit tant tard, l'orfevre retint au couscher son chareton (C.N.N., c.1456-1467, 65). Car ceste beneiçon partant de la vraye bouche de Nostre Seigneur me semble estre plus loable et plus proffitable que nulle que je saiche, et pour ce la vous recommande au lever et au couchier de vostre lit. (LA SALE, J.S., 1456, 42). Et au coucher du roy vindrent des plus grans seigneurs du dict Luques (LA VIGNE, V.N., p.1495, 276).

 

-

"Fait de coucher (avec une femme)" : ...la premiere nuyt que vous me refusastes le coucher avecques vostre fille, qui cy est, je fu logié en la chambre au plus près de la sienne. (C.N.N., c.1456-1467, 336).

 

-

Avoir femme à son coucher. "Fait de passer la nuit avec une femme (p. oppos. à bougre)" : Bougres ne sont pas proprement [les chanoines] ; Des femmes ont a leur couchier. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340 [c.1450], 53).

 

-

Vin de coucher : Mais les pluseurs prennent vin de couchier, Et ne redoubtent tenir publiquement Leurs concubines. (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle M., c.1431-1439, 543).

 

Rem. Cf. les attest.de vin de coucher ds GDC IX, 123a.

B. -

P. anal. ASTR. "Moment où un astre disparaît sous l'horizon" : ...si advint que le VIIIe des ydes de avril fut veu ou ciel, entre orient et midi, un grand trabs ardent en l'air, courant après le Soleil, qui jà tendoit à son coucher et tumba en terre, duquel les vestiges se monstrerent longtemps après (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 r°).

 

Rem. FEW : «mfr. nfr. coucher m. "action d'un astre de se coucher ; moment où il se couche" (seit Ind 1564)».

 

-

"Côté de l'horizon où le Soleil se couche ; Ouest" : ...et s'estant jusques en Behaingne du costé du levant, et jusques en Autriche du costé de midy, et devers le coucher au païs de Suisces, que on dit les Biernois. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 62).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 10/19 
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     COUCHETTE     
FEW II-2 collocare
COUCHETTE, subst. fém.
[GD : couchiette ; GDC : colchete ; FEW II-2, 908a : collocare ; TLF : VI, 287b : couchette]

"Petite couche basse et mobile, souvent glissée sous un lit principal" : ...elle s'en party et vint dedans sa garderobe, ou elle se jetta sur une couchette. Le mal d'amer luy touche au ceur sy fort qu'elle devint moult matte, vaine et morne. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 71). Item, ung ciel dossier et trois rideaux de toille blanche, prisé le tout 4 l. 10 s. Item, une couche et les marchepiez, 25 s. Item, une petite couchecte qui est dessoubz le lit, prisée 15 s. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 114). ...le roy, qui ja bien amoit Boussicault, fut content et ordonna qu'il couchast avec Saintré en la couchecte, c'est assavoir quant il ne couchoit avec la royne. (LA SALE, J.S., 1456, 142). Elle fist baloiz courre par tout, espandre la belle herbe vert partout en sa chambre, couvrir le lit et la couchette, desploier riches couvertes (C.N.N., c.1456-1467, 571). Anthoine de Chasteauneuf, seigneur du Lau, fut tué, par male fortune, d'un archer qui essaioit ung arc, duquel il tiroit une flesche contre ung huis qui estoit devant lui, à l'eure que ledit maistre Loys ouvroit, et lui vint passer la fleche tout au travers du corps. Et incontinent s'en ala getter dessus une couchete estant en la chambre, dessus laquelle il rendit l'ame à Dieu incontinent aprés. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 49). ...une cochete comme ledit lict (Trés. Reth. L., t.3, 1468, 445).

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, gloss. Doc.1374 ds TLF. Pour GAY I, 453, la couchette est de moindre importance, plus basse et plus mobile que la couche. Elle a souvent la taille du lit lui-même sous lequel on la glisse ou la roule.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/19 
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     COUCHEUR     
FEW II-2 collocare
COUCHEUR, adj.
[AND : couchour ; FEW II-2, 908b : collocare ; TLF : VI, 287b : coucheur]

"Paresseux (?)" : Mais si le chivaler couchour Ne guart la reule ne l'onour De ce que son estat destine... (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 263).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/19 
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     COUCHIER     
*FEW II-2 collocare
COUCHIER, subst. masc.
[*FEW II-2, 908b : collocare]

"Valet de chambre" : Blasto (...) blatero (...) : couchier ou hospiteler (Gloss., c.1400-1500. In : P. Nobel, Lexique 4, 1986, 168).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/19 
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     COUCHIS     
*FEW II-2 collocare
COUCHIS, subst. masc.
[*FEW II-2, 908a : collocare]

"Gîte, endroit où l'on passe la nuit" (synon. couchée) : Ung hermite y trouvai qui me donna chouchi (Hugues Capet L., c.1358, 219).

REM. Cf. TLF VI, 288a-b : couchis.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/19 
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     DÉCOUCHER     
FEW II-2 collocare
DESCOUCHER, verbe
[T-L : descouchier ; GD : descouchier ; GDC : descolchier ; FEW II-2, 908b : collocare ; TLF : VI, 868b : découcher]

Empl. intrans. ou pronom. "Quitter son lit, se lever" : Il se sont descouchés, s'ont la messe escoutee (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 262). Aux hostelz vont dormir entre les draps de lin Jusques a l'endemain (...) Que tout sont descouchiet li baron palesin (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 868). A celle heur que l'estourmie monta et le hairois, il estoit en son hostel et se commenchoit à descouchier. Si entendy les nouvelles qu'i leur ville estoit prise (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 194). PREMIER POVRE. (...) Ce qu'er soir n'oy, mon ami chier, Que souper me fit descouchier Si matinet. DEUXIESME POVRE. Tu en as le ventre plus net (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 231). ...quant il ot soupé, incontinant, sanz partir hors de l'ostel, il s'en ala couchier ainsi qu'il avoit acoustumé de faire, et fu le landemain, le soleil levé bien hault, avant ce qu'il se descouchast (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 229). ...en la dicte maison du dit Merigot, laquelle estoit ouverte, et trouverent le dit Merigot qui encores estoit couchié ou lit, et sa mere qui estoit descouchiée (Doc. Poitou G., t.6, 1400, 371). ...puis que le soleil fut levé et que la chevalerie fut descouchee... (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 747). ...mais soyez songneuse de vous lever de bonne heure (...) et cheminez de la a vostre logis, car de moult prez vous sievra le conte qui sera a peu aussi matin descouchié comme vous. (Comte Artois S., c.1453-1467, 128). Il (...) est tousjours le premier descouchez, trestout le premier prest et le devant au chemin. (C.N.N., c.1456-1467, 111). ...se descoucha si tres matin et monta a cheval que bien luy semble que son cheval a sa maison le rendra ains que madame soit descouchée (C.N.N., c.1456-1467, 111). ...ces bonnes femmes, qui pas n'avoient toute la nuyt dormy, ne se descoucherent pas trop matin (C.N.N., c.1456-1467, 203). ...la bonne damoiselle, qui point ne dormoit, si tost qu'il fut heure de descoucher, se leva (C.N.N., c.1456-1467, 368).

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (descouquier) ; Mabrien V., 1462, gloss. (descoucher).

 

-

[D'un animal] : Lors li oiselès se descouche D'entrepiez ou il a geü En grant paour qu'il a eü. Adont en son estant se dresce... (MACH., D. Aler., a.1349, 288).

 

-

Inf. subst. "Lever" : Sire, dist Godefroys, très-bien ensonnyer Les sèvent nostre gent, pour iaus appareillier, De leurs robes laver, de viestir et cauchier, (...) Et garir les navrés de leur dékouchier, D'esbatre par amours qui en a désirier. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 468-469). ...ou jour que par le procureur de la royne elle fu prise et admenée prisonniere en Chastellet, elle s'estoit, au matin à son descoucher, disposée et ordonnée de venir par devers icelle Macete (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 309). Car il est de trop male encontre, N'est pas asseür qui l'encontre ; Et qui l'encontre au descoucher, Il se peut bien raler coucher (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 86). L'eure de son descouchier, au matin, estoit rigleement comme de .VI. à .VII. heures (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 43).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/19 
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     ENCOUCHER     
FEW II-2 collocare
ENCOUCHER, verbe
[T-L : encouchier ; GD : encouchier ; FEW II-2, 909a : collocare]

Empl. intrans. "Être couché" : LE HARENC. Aigles vollans, tant vous glorifiés, Tant vous portés et en gloire fiés Que vous vollés estre dieux appellés ; Dieu et ses sainctz a vous sont courouchiés ; Se les aucuns sont pour l'heure encouchiés, Prennent en gré, car ils sont bien pellés. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 634).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 16/19 
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     ESCOUCHER     
FEW II-2 collocare
ESCOUCHER, verbe
[T-L : escouchier ; GD : escouchier ; FEW II-2, 905b : collocare]

I. -

Empl. intrans. "Se coucher, disparaître à l'horizon"

 

-

Sur le point de soleil escouchant. "Au coucher du soleil" : A l'endemain, nous partesimes et venimes disner à Montgerbier, et puis montanes et bumes un cop à Ertiel, et puis venimes à Ortais sur le point de soleil escouchant. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 75).

II. -

Empl. trans. "Placer" : Que nuls vieswariers seans en le halle ne porte ne esqueuche se viesware devant autruy estal. (Arch. Lille, 1388, n° 379, f° 40, IGLF).

 

Rem. Ou s'agit-il ici du verbe escourre "secouer" au subj.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 17/19 
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     RECOLLOQUER     
*FEW II-2 collocare
RECOLLOQUER, verbe
[*FEW II-2, 909b : collocare]

"Replacer, remettre en bonne place" : Soient par toy couppez tous pechiez Et paix et amour revoquée, Ronces et chardons errachiez Et justice recolloquée. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 141).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 18/19 
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     RECOUCHEMENT     
*FEW II-2 collocare
RECOUCHEMENT, subst. masc.
[*FEW II-2, 906b : collocare]

Recouchement du soleil. "Coucher du soleil" : Noctilupa vient de la grossitude des humeurs et des esperilz, laquelle est mal veoir aprés le recouchement du souleil comme dit Rasis et pour la subtilité et petitesse vient aliaar, laquelle est veoir de nuyt et non pas de jour, comme dit Avicenne. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.2).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 19/19 
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     RECOUCHER     
FEW II-2 collocare
RECOUCHER, verbe
[T-L : recouchier ; GD : recouchant ; GDC : recolchier ; DÉCT : recouchier ; FEW II-2, 908b : collocare ; TLF : XIV, 540a : recoucher]

I. -

Empl. trans. "Remettre au lit" : Vous vous leverez, par ma foy, Car ce lit autrement feray ; Et puis si vous recoucheray A mon vouloir. (Mir. st J. Cris., c.1344, 288).

II. -

Empl. pronom. Se recoucher. "Se remettre au lit" : ALEXIS. (...) Venez a moy, venez, Lorens : Vostre enque et la penne vous rens, Mais ceste lettre garderay Et ici me recoucheray Que plus n'en puis. (Mir. st Alexis, 1382, 352). Lequel qui parle, veant que ledit coffre n'estoit point fermé, se releva de nuit du lit où il estoit couché, pour venir à icellui coffre, ouquel coffre il print ledit drappelet noué, et s'en vint recoucher. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 91). Si se leva tout bellement et ala a l'uis, et ne trouva point de balay et se recoucha secretement, et esveilla sa femme et lui demanda se le balay estoit derriere l'uys. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 85). ...elle s'estoit levee de nuyt environ deux ou troys heures devant jour, et environ le point du jour recouchee et aucunement assommee (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 146). ...et volentiers l'eust plus longuement retenue et sauf tout droit mais la dame, qui sagement volu conduire son fait, se retray en la garde robe et illecq se vesty de sez habis et brief ala au logis de son seigneur ou elle se recoucha comme se de rien ne fust (Comte Artois S., c.1453-1467, 134). ...[elle] les ramena dehors, et les fist aller recoucher, car il estoit trop matin pour eulx lever [Une mère et ses enfants] (C.N.N., c.1456-1467, 367). A cest coup, il s'en alla, et monseigneur se recoucha (C.N.N., c.1456-1467, 457). ...lors descendit et ouvrit l'huys, et s'en vint recoucher (C.N.N., c.1456-1467, 213).

III. -

Empl. intrans. [Du soleil] "Se coucher" : Je l'acompliray sans esloigne ; Ainçois que le souleil recouche, Sans en faillir une seule once, Vostre messaige acompliray [L'éd. F. Guessard lit reconche (cf. GD, s.v. resconser)] (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 262).

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss. (au soleil recouchant).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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