C.N.R.S.
 
Famille de cognoscere 
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 Article 1/50 
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     ACONNOISTRE     
FEW II-1 cognoscere
ACONNOISTRE, verbe
[T-L : aconoistre ; GD : aconoistre ; AND : aconoistre ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

A. -

"Reconnaître qqn" : Lors a parmi le bois le conte tant alé Qu'il assena au lieu où son filz a trouvé, Et l'enfant se dormoit bellement et soué. Quant le conte le voit, s'en a Dieu merchïé. Bellement l'esveilla et si l'a acolé ; Et l'enfanchon se dresche, qui n'y a demouré : Quant son pere acongnut, s'en a ung ris geté, Mais le conte avoit si le coeur triste et serré Qu'à grant painnë a il à son enfant parlé. (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 404). [Ou faut-il lire a congnut ?]

 

Rem. COURCY, Hist. de Grèce, 1422, ds GD I, 70c.

 

-

Se faire aconnoistre à qqn (mais sans doute à lire se faire à connoistre à qqn ). "Se faire reconnaître, dévoiler son identité" : Pour se fere acongnoistre et resbaudir ses gens, encommença plus de dix fois en ung tenant de cryer « Berlaimont ! » et leur dist : « Avant, chevaliers perdus est retrouvez » sy prist une grosse lance en la main et se fery dedens a coitte d'esperons. (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 112). Et quant Pierre ouÿt parler de ceste sainte eglise il va vouher a Dieu et a monseigneur saint Pierre qu'il y demourroit par l'espace d'un moys sans se faire acognoistre a pere ne a mere, affin qu'ilz luy donnassent santé et nouvelles de la belle Maguelonne, non obstant qu'il pensoit et creoit seurement qu'elle fust morte plustost que vive. (Belle Maguel., c.1400-1450. In : Chrestom. R., 99). Ce pendant le temps que je diz Le sainct se mist en oroison. Lors vint l'angle de paradis Luy proferer plusieurs beaulx dictz Seul a part luy en sa maison, Disant qu'il estoit bien saison Que a iceulx [chevaliers] se fist acongnoistre Et que Dieu vouloit et raison Que aux armes se voulut remestre (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 210).

B. -

"Connaître qqn"

 

-

Se faire aconnoistre (mais sans doute à lire se faire à connoistre). "Se faire connaître, se présenter" : Si penserent entre eulx comment Ilz pourroient pour l'eure repaistre Et selon leur entendement. L'un d'iceulx s'aprocha du maistre D'ostel et se fist acongnoistre Disant qu'i luy enseigneroit Le haut, le bas marché, pour estre Par luy conduit, s'il luy plaisoit. (Repues franches K.V., c.1480, 101).

 

Rem. Cf. aussi Livre Regnart S.-H., c.1460, 103, 107.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 2/50 
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     COGNISSEMENT     
*FEW II-1 cognoscere
COGNISSEMENT, subst. masc.
[*FEW II-1, 845b : cognoscere]

"Acquisition de la connaissance" : Pareillement commune spiration ou spirement est une notion et cognissement faisant congnoistre qui est une unité ou Pere et ou Filz, et est distincte et separee de toute aultre notion, qui fait congnoistre les personnes. (Somme abr., c.1477-1481, 150).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 3/50 
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     COGNITIF     
FEW II-1 cognoscere
COGNITIF, adj.
[FEW II-1, 848a : cognoscere ; TLF : V, 998b : cognitif]

[D'une chose] "Qui concerne la connaissance" : ...car l'abit de prudence n'est pas fait en l'ame ne adjousté a cest voiement, c'est a dire, a ceste puissance cognitive qui est demotique senz vertu moral. (ORESME, E.A., c.1370, 357). Autres puissances cognitives Sont celles qui sont sensitives (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 42).

V. aussi cognoscitif
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/50 
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     COGNITION     
FEW II-1 cognoscere
COGNITION, subst. fém.
[GDC : cognicion ; AND : cognicion ; FEW II-1, 848a : cognoscere ; TLF : V, 998b : cognition]

A. -

"Connaissance" : Cognition, c'est à dire notice et science. (LA HAYE, P. peste, 1426, 182). ...la lumiere D'entendement que l'ange avoit, Qui trop plus clerement congnoist, Car toute sa cognicion Se fait sans inquisition : En soi n'a voile qui l'encombre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 42). Dont te fault il vroye cognition, Conduyte et mise par tel condicion, Que ne souffres quelque sedicion Par demesure (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 80).

 

-

Cognition du latin : Pour cela vueil mettre en rommans L'oroison que vouz recommans. Pour les lais et devotion Des dames, qui cognition Dou latin n'ont mie hantée... (J. DE CHAVENGES, Le Livre royal, éd. L. Delisle, 1345-1348. In : Bibl. Éc. Chartes 62, 1901, 331).

 

-

P. méton. "Ce qui est connu" : Cognicion est chose congneue. (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 50).

 

-

Cognition de qqc./de soi : Faicte ceste disgression, à plus belle cognition Desdictes causes suseraines, Or convient dire des prouchaines, Desqueles est la plus commune, Et qui plus tost la vie impugne, Couvert venim, en l'air gisant (LA HAYE, P. peste, 1426, 42). Ceste est la trés haulte et la trés utile lechon que vraie cognicion de soy mesmes et despection. (Internele consol. P., 1447, 275). La humble cognicion de toy est plus certaine voie a Dieu que la parfonde inquisicion de science. (Internele consol. P., 1447, 278). S'une foiz la cognicion En vient aux prebstres souverains, Il en aura dessus les mains De l'eaue chaude et a bon profit. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 484).

B. -

En partic.

 

1.

DR. "Droit d'avoir connaissance d'une affaire et d'en établir un jugement" : Arbitraige est aussi fini quant l'arbitre se excuse de cognicion de cause (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 123).

 

Rem. Cf. DU CANGE II, 392c, s.v. cognitio.

 

2.

SPIRITUALITÉ

 

a)

Cognition de Dieu, cognition divine. "Connaissance de Dieu" : Apren a toy vaincre en toutes choses pour l'amour du Createur et lors tu porras parvenir a la cognicion divine. (Internele consol. P., 1447, 192).

 

b)

[Dans le courant de Saint-Victor ; à propos de l'attitude de l'homme face à Dieu et p. oppos. à amour considéré comme supérieur] "Connaissance intellectuelle" : Il plaist a Dieu reveler et montrer soy et ses secretz plus habondamment a Devocion que a Raison, a dilection que a congnicion : Hinc seraphin proximiores sunt quam cherubin. (GERS., Trin., 1402, 170).

 

c)

[À propos de l'âme] "Connaissance, en tant qu'une des principales vertus qui ont Dieu ou la Trinité pour objet" : Item est representee par les trois douaires de l'ame, c'est a scavoir comprehention, congnoissance et dilection. Comprendre Dieu est conferé et se raporte a la puissance du Pere, cognition a la sapience du Filz, dilection a l'amour du Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 125).

 

d)

Cognition de soi. "Conscience morale" : Departie la vision, Ciz a de soy cognicion Et quant pense que il a fait Devant tel gent et quel lieu, En la presence Damedieu, Amertume a de son meffait (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 143).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 5/50 
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     COGNOSCIF     
*FEW II-1 cognoscere
COGNOSCIF, adj.
[*FEW II-1, 848a : cognoscere]

[D'une chose] "Qui concerne la connaissance, cognitif" : Et celuy [le bien] que il repreuve en cest chapitre resgarde la puissance cognoscive et medicative [l. meditative d'apr. var.]. (ORESME, E.A.C., c.1370, 201).

V. aussi cognoscitif
 

DMF 2020 - Synthèse Charles Brucker

 Article 6/50 
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     COGNOSCITIF     
FEW II-1 cognoscere
COGNOSCITIF, adj.
[GD : cognoiscitif ; FEW II-1, 848a : cognoscere]

Puissance/vertu cognoscitive. "Faculté qui permet de connaître" : C'est la puissance cognoscitive, par quoy l'ame a cognoissance et de ceste ne parle il pas ici endroit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 158). Et pour ce quant l'en dort et la vertu sensitive ou cognoscitive ne oeuvre, il semble que l'en ne vive pas selon elle. (ORESME, E.A.C., c.1370, 509). ...si comme des vertus, qui sont cognoscitives, une chascune moins est materiele, plus a perfette cognoiscence (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 167).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 7/50 
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     CONNAISSABLE     
FEW II-1 845b cognoscere
CONNOISSABLE, adj.
[T-L : conoissable ; GD : conoissable ; GDC : connoissable ; AND : conoisable ; FEW II-1, 845b : cognoscere ; TLF : V, 1344a : connaissable]

A. -

"Qui peut être connu" : ...les anciens noms des monnoies congnoissables (ORESME, Monnoies W., c.1365, XVIII). Par lesquelz un chascun savant Pourra sentir de paravant Les mortalitez à venir Et leurs malices prévenir, Desquelz signes le plus notable, Plus manifeste et cognoissable, Est estrange mutation Par soubdaine altération Des temps et jours, heures et moiz (LA HAYE, P. peste, 1426, 51). ...car ce qui est dit de Dieu ne se puet demonstrer par demonstration au sens, car Dieu n'a point de corps. Ne aussi par congnoissance d'entendement, car pas n'est congnoissable. (Somme abr., c.1477-1481, 155).

 

-

"Qui est connu, que l'on connaît" : Puis vi en un aultre cousté (...) Hommes bien autorisables, Mes a moy peu cognoissables (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 106).

 

.

"Bien connu, nettement déterminé" : Item fu ordene que de voiturer pieres et cailliaux parmy le dit pire, les dis piremans en prenderont foer conuignable et competent, tel que bonnement le poront auoir as marchans roquetiers (Doc. 1371. In : Ch. Doutrepont, Z. frz. Spr. Lit. 22, 1900, 124).

B. -

"Qui peut être reconnu" : La, ot enseignes cognoissables D'or et de couleurs (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 75).

 

-

Se faire connaissable. "Se faire connaître" : "...Elle me dist bien toutes fois, Au partir, se je le trouvoie, Fust en bois, en lande ou en voie, Que cognissable me fesisse A li et que je li desisse L'enclavure de son pourpos." (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 171).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 8/50 
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     CONNAISSABLEMENT     
FEW II-1 cognoscere
CONNAISSABLEMENT, adv.
[GD : conoissablement ; FEW II-1, 845b : cognoscere]

"De manière à être connu, reconnu" : Cognoissablement : cognoscibiliter (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 194). Cognoscibiliter (...) : congnoissablement (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 53).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 9/50 
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     CONNAISSABLETÉ     
*FEW II-1 cognoscere
CONNAISSABLETÉ, subst. fém.
[*FEW II-1, 845b : cognoscere]

"Caractère de ce qui est connaissable" : Cognoscibilitas (...) : congnoissableté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 53).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/50 
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     CONNAISSAMMENT     
FEW II-1 cognoscere
CONNOISSAMMENT, adv.
[T-L : conoistre (conoissanment) ; GD : conoissamment ; AND : conoissaument ; FEW II-1, 845a : cognoscere]

"En connaissance de cause" : Et li oueil si bien les reçoivent Que li ray point ne les deçoivent, Mais puelent vëoir clerement D'Amours adès congnoissamment La voie dou soleil entiere, Sans point affoiblir la lumiere Des yeus (MACH., D. Aler., a.1349, 353). Par ce point ne poez mesprendre ; Car s'on vous en voloit reprendre, Li plaidïers aprenderoit Le scens qui vous deffenderoit. Jugiez einsi hardiement Et le faites congnoissanment Au condempné bien amender ; Vous le pouez bien commander. Je, Congnoissance, m'i acort (MACH., J. R. Nav., 1349, 257). Car je vueil que le m'amandez Congnoissanment. (Mir. prev., 1352, 238).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/50 
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     CONNAISSANCE     
FEW II-1 cognoscere
CONNOISSANCE, subst. fém.
[T-L : conoissance ; GD : conoissance ; GDC : connoissance ; AND : conoissance ; DÉCT : conoissance ; FEW II-1, 845, 847b : cognoscere ; TLF : V, 1344a : connaissance]

A. -

"Fait de connaître"

 

1.

"Faculté de connaître, fait de connaître qqc., fait d'être informé de qqc., de savoir qqc."

 

a)

"Faculté de connaître, de discerner les choses" : L'AMANT. Je vous en pri ; car je ne trueve Riens en moy dont loër me doie, Fors dou bien et de la grant joie Qui me vient de vostre presence. ESPERENCE. C'est par deffaut de congnoissance ; Car se tu fusses bien apris, En ton cuer eüsses compris Qu'a l'issir dou ventre ta mere Elle ne te fu pas amere, Einsois te fu moult amiable... (MACH., R. Fort., c.1341, 96). En celle foriest fu .XVI. ans en un tenant, Tant qu'il plot a Jhesu-Cris, (...) Que ly chine se furent du vivier departant Qui congnissance avoient et sentement d'enfant (Chev. cygne P., c.1356, 44). Quant il ot l'aage de IX. ans, Que de norrice fu exens, Et laissa l'estat d'innocence, Et prist à avoir congnoissance, Toutes ses inclinations Et ses ymaginations, Tuit si penser, tuit si desir Furent en faire le plaisir De dames et de damoiselles. (MACH., P. Alex., p.1369, 9). Quant ma dame ne m'a recongneü, Je doy moult bien scens perdre et congnoissance. (MACH., L. dames, 1377, 141). Se quanque Diex en monde a fait Et quanque Nature a pourtrait Povoient avoir, par souhait, Sens, entendement, congnoissance, Plus certein que science n'ait, N'aroient il jamais retrait Dou bon et bel qu'aim sans retrait La bonté ne la grant vaillance. (MACH., Les lays, 1377, 362). ...tantost Qu'ilz (...) urent La cognoiscence de raison, Enquerre vouldrent l'achoison Des choses faites et requises (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 105). Nous scavons que une chose de petite congnoissance ne puet attaindre a ce que puet congnoistre la vertus, qui est de plus haulte congnoissance, comme l'oyeil corporel ne pourroit veoir ce que congnoist l'imaginacion par dedans, et l'imaginacion ne pourroit comprendre ce que je, Raison, congnois. (GERS., Trin., 1402, 158). Quant de la savance chascun sceit que en ce royaume sont gens de hault sens et de clere cognoissance. (CHART., Q. inv., 1422, 46). De la savance et cognoissance qui doit acompaigner la magesté des princes et des seigneurs et leurs chevances convertir en maintes oeuvres me puis je bien taire et en laissier les parolles a ceulx a qui sont les faiz et les dangiers, mais je m'arreste a l'obeissance et discipline de chevalerie dont nostre estat est a present reprouchiez et griefment reprins. (CHART., Q. inv., 1422, 62). O tu, Entendement, fait au patron de la Trinité par ces troys puissances, Congnoissance, Volenté et Memoire, unies en la substance d'une seulle ame, qui par les creatures faictes en ce visible monde congnoys par reflection, comme en ung mirouer obscur en lumiere de foy, lez invisibles oeuvres de Dieu, que aprés la glorification verras face a face, as tu memoire du sacrement que tu me feis en la reception du saint baptesme (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 30). Par ainsi il ne fault pas doubter que seigneurie et servitude sont establissement de loy roysonnable, non mye don de fortune. Et se tous sont egaulx humainement quant a l'engendrer et au naistre, cil qui par la loy a preminence de gouverner doit avoir par excercite perfection de congnoissance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 72). Mais, à regir et gouverner soy et aultruy et avoir charge et auctorité sur multitude, est requise grant congnoissance et deduction de raison. (BUEIL, I, 1461-1466, 58). La VIJe. trinité est par laquelle nous sommes reforméz a la glore eternele, comme les trois douaires de l'ame, c'est a scavoir congnoissance, comprehencion et dilection (Somme abr., c.1477-1481, 127). Il est difference entre predestination et prescience, car predestination est precedente congnoissance des bons avec les causes et la causalité d'iceulz. Mais prescience dit prealable congnoissance des mauvais sans causalité au regard de Dieu, mais est residente envers le franc vouloir, qui se dist libere arbitre. (Somme abr., c.1477-1481, 168).

 

-

P. personnif. : N'i fu Margot ne Agnesot, Mais douze damoiselles ot Qui jour et nuit la norrissoient, Servoient et endoctrinoient. La premiere estoit Congnoissance Qui li moustroit la difference D'entre les vertus et les vices Et des biens fais aus malefices... (MACH., J. R. Nav., 1349, 176). Entroes que Biautés et Plaisance, Desirs, Maniere et Congnissance (...) Entendoient as noms donner, Ensi qu'on les doit ordonner Et que le requiert li reviaus (...) J'avoie ailleurs mis mon entente (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 152).

 

-

L'estat de connoissance. "L'adolescence" : Hébé, deesse de jouvente, Qui est et belle et douce et gente, Et qui est des cieus boutilliere, Fu esleue la premiere, Pour li norrir [le roi Pierre] en son enfance, Jusque à l'estat de congnoissance, Ou plus avant, se mestier yere, Car bien en savoit la maniere. (MACH., P. Alex., p.1369, 5).

 

.

Venir à/en connoissance. "Venir à l'état de connaissance, c'est-à-dire à l'âge de l'adolescence ou à l'âge mûr" : J'amay les menus oiselés, (...) Hui .I., puis un autre demain. Quant j'en tenoie un en ma main, Bien cuidoie valoir un roy. Je ne faisoie autre desroy. Einsi trespassay ignorance, Tant que je vins a congnoissance, Mon cuer de bien entalenté. (MACH., D. Aler., a.1349, 244). ...pour lors, messires Gautiers de Manni et si frere estoient jone, et aussi vous savés que, qant il vinrent en congnisance d'onme, la guerre s'esmeut entre France et Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 629).

 

b)

"Fait de connaître qqc., fait d'être informé de qqc., de savoir qqc." : ...tant qu'il le maine En si hautaine congnoissance Que plus sert et plus a plaisance En servir la vierge Marie (Mir. ev. N.D., c.1348, 62). .Que fera ta moullier qui tant est doulce et france, Qui s'en ira pour toi en estrange tenance ? (...) Ayés cy connoissance ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 427). Lors regarda la belle et se douche samblance ; En lui véoir a pris d'amours le connissance, Et dist : "Il y aroit deduit par habondance." (Hugues Capet L., c.1358, 18). ...par quoy il appert que la consideracion et la cognoissance de telle fin appartient a ceste science civile. (ORESME, E.A., c.1370, 105). Car a les entendre, il y convient cognoissance et estude ; et a ce est requis lonctemps. (ORESME, E.A., c.1370, 373). ...ce roy Charle, si comme on list et treuve es croniques anciennes - car vous savez que toutte la cognoissance de ce monde retournent par l'escripture (...) fut en Espaingne par pluseurs foix (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 9). ...en l'eglise de Saint-Victor, il, pour la grant cognoissance qu'il avoit en icelle eglise et aus religieus dudit hostel, pour ce qu'il avoit plusieurs fois ouvré en icelle eglise, monta ou dortoir de ladite eglise, et illec, en la chambre et aus piez du lit dudit prieur, print un breviaire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 218). Car par les escriptures puet on avoir la congnissance de toutes coses (FROISS., Chron. D., p.1400, 37). ...d'elle nous vient L'appercevence et cognoiscence, Qu'avons a la divine essence. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 108). Et jasoit que encores n'eussent ilz senty ne gouté par vraye congnoissance la tresdoulce, tressainte et tresamoureuse grace de nostre vray Dieu le Saint Esperit, sy nous ont ilz tous adreschiez par leurs exemples et escriptures aux vrayes gloires de noz ames (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 3). ...onques ne fuz si espoventée (...) que j'ay esté presentement de voz parolles, quand elles m'ont donné la cognoissance de ce qu'oncques je n'oiz (C.N.N., c.1456-1467, 565). Ceste est une science surmontant les aultres sciences, eslevee par dessus toute speculation et consideration naturele, qui se dist phisique congnoissance ou science naturelle, et est ceste science theologique et divine preferee a toutes sciences par dignité et utilité (Somme abr., c.1477-1481, 98). ...car, par ce moyen, l'on peut prevoir et remedier aux inconveniens qui par icelle congnoissance [des corps célestes] sont preveuz et congneux avant la main et descencion des infortunes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°). ...eut aussi sept filles, qui puis, pour leur haulte congnoissance ès corps celestes, furent dictes Plyades (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 r°).

 

-

[À propos de Dieu] : ...Dieu qui tout a en sa cognoissance (Mir. chan., c.1361, 185). Car le Pere et le Filz et le Saint Esperit ne puent avoir que une mesme puissance, une mesme perfection, une bonté, une vie, une congnoissance : c'est toute une chose des III ; mais es autres creatures n'est point ainsy, car se Jehan est ung homme, et Pierre est ung homme, et Martin est ung homme, ilz sont III hommes. Pourquoy ? En nom Dieu ! pour ce que l'un n'a pas la puissance de l'autre, ne sa vie, ne sa congnoissance. (GERS., Trin., 1402, 161). Quant a ce que la sapience de Dieu congnoist les choses possibles, qui peuent estre et non estre, elle est apellee science ou congnoissance. Et en tant qu'elle congnoist toutes les choses qui se font au monde, on l'apelle vision. (Somme abr., c.1477-1481, 164).

 

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[Opposé à la connaissance divine] Par connoissance humaine : Mais comment pourroit ce estre raisonnablement, s'il n'estoit en ton invisible jugement, quant par congnoissance humaine que nulz homs pourroit avoir bien et haulte honnour par mal faire ? (ARRAS, c.1392-1393, 19).

 

-

Avoir connoissance de qqc. : Puis que du fait la congnoissance Certaine avez. (Mir. ev. arced., c.1341, 134). Tu tiens siége de maistre Et si es si plain d'ignorance Que tu n'en as pas congnoissance ! (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240). Je vous diray les propres noms Qu'il avoient et les seurnoms, Au meins ceuls dont j'ay congnoissance, Se faire le puis sans ventance. (MACH., P. Alex., p.1369, 35). Et c'est grant signe que il [le ciel] est incorruptible, quar autrement il fust envielli ou son mouvement fust retardé ou meu, ou il fust aucunement alteré en tout ou en partie, si comme il est des autres corps corruptibles. Mais aucunes choses estoient avenues et sont depuis desquelles Aristote n'avoit pas congnoissance, si comme de ce dont saint Augustin fait mencion ou .XXIe. livre de la Cité de Dieu (ORESME, C.M., c.1377, 86). ...sauf meilleur jugement, je cuide qu'onques homme, se Adam non, n'ot parfaicte congnoissance des euvres invisibles de Dieu, pour quoy il ne puist de jour en jour prouffiter en science et oïr ou veoir chose qu'il ne puist croire estre veritables, lesquelles le sont. (ARRAS, c.1392-1393, 3).

 

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"Être informé de qqc." : Nous avons desja fait le signe à ceulx de la ville, qui ont bien congnoissance de vostre venue (BUEIL, I, 1461-1466, 190). Et, si avez eu amour à ma femme, plaise vous avoir pitié du povre et malheureux mary et orpheins. Sire, ne souffrés que autre que vostre misericorde, clemence et pitié soit juge de ma cause, ne autre que vous vous plaise, pour honneur de Nostre Dame, n'en ait congnoissance. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 369).

 

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Avoir la connoissance, assavoir que : ...aprochiés ces gens de plus priés, par quoi nous aions la connissance, assavoir quels gens ce sont. (FROISS., Chron. D., p.1400, 541).

 

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Avoir connoissance que/la connoissance que. "Savoir que, avoir la certitude que" : ...il aroit cognoissance Que puis qu'il sont ensemble enamouré C'on n'en pourroit faire la dessevrance. (Mir. st Sev., 1362, 240). ...entrués que li estourmie se conmença a eslever, chil dedens orent congnisance que lor dame estoit a la porte (FROISS., Chron. D., p.1400, 519). Mais, de ce que nous povons avoir congnoissance que le Roy, nostre souverain seigneur, a bonne querelle, et, se je ne le creoye fermement, je n'y porteroye jamaiz armes, or fault-il doncques que nous mettons peine, nous qui sommes ses hommes et ses serviteurs, qu'il ait le tribut de son payz (BUEIL, II, 1461-1466, 83). "Monseigneur, n'ayez point de deffiance de moy pour le fait de monseigneur vostre filz ; car j'ay bien la congnoissance qu'il failloit que vous en usissiez ainsi que vous en avez usé..." (BUEIL, II, 1461-1466, 256).

 

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[Avec le subj.] Avoir connoissance que. "Avoir l'intuition que, envisager que" : Et pour ce qu'il avoit bien congnoissance et doubte que les Rommains (...) ne le reffusassent... (LA SALE, Sale D., 1451, 214).

 

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Bailler la connoissance de qqc. à qqn : ...comme si nature luy en baillast la cognoissance, elle dist... (C.N.N., c.1456-1467, 108).

 

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Donner connoissance à qqn de qqc. "Faire découvrir qqc. à qqn, faire voir qqc. à qqn" : ...mais encor t'a elle Fait une moult grant courtoisie Laquele tu ne congnois mie, Qu'elle [Amour] li a par sa puissance Donné certeinne congnoissance Par maniere sage et soutive De l'amour qui en toy s'avive, En approuvant par son decret Que cuer as loial et secret... (MACH., R. Fort., c.1341, 65). Cestui Baxilliz donna congnoissance aux Pheniciens d'une estoille que nous appelons Mynor Ursa, par laquelle puis adrecerent leur navigage, plus adroit que n'avoient accoustumé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 r°).

 

Rem. FEW, 847a : «Donner connaissance que "faire voir que" Malherbe».

 

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Donner connoissance à qqn sur qqc. "Faire connaître à qqn la vérité de qqc." : Or allons sur le monument De celuy qui a fait la debte Et a Dieu je feray requeste Qu'il nous doinct sur ce congnoissance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 528).

 

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Donner la connoissance (de qqc.). "Faire connaître qqc., expliquer qqc." : Et ainsi s'en va esbatant par la sale. Et y voit mainte belle hystoire painte, et les escripz dessus qui donnent la congnoissance que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 303).

 

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Estre à la connoissance de qqn. "Être manifeste à qqn, être connu de qqn" : ...ilz n'auroient alesnes, pouldres ne choses mussées qui ne feussent à la congnoissance des mareschaulx et gardes du champ. (BUEIL, II, 1461-1466, 109).

 

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Parvenir à la connoissance de qqn : Se au temps du tresrenommé et eloquent Boccace l'adventure dont je veil fournir ma nouvelle fust advenue et a son audience ou cognoissance parvenue, je ne doubte point qu'il ne l'eust adjoustée (C.N.N., c.1456-1467, 191).

 

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Venir à/en (la) connoissance (de qqn). "En venir à être su (par qqn)" : INNOCENT PAPE. Il m'est venu a congnoissance, Seigneurs, que parmy Acquitaine Guillaume le duc s'i demaine Trop mal (Mir. st Guill., c.1347, 11). Et par ces contrarietés Se perçoit de ses qualitez Qui viennent en sa congnoissance Pour garir et donner substance Des grietez dont il est venus Tout attrait joieus devenus, D'une joie si a point faite, Car trop envis seroit defaite. (MACH., D. Aler., a.1349, 299). Pour tel chose ne quier ja lire, Dame, nom pas pour vous desdire. Mais ce n'est pas chose sensible Que vostre pensée invisible Puist venir a ma congnoissance, Fors que par la clef d'ordenance Dont vostres cuers soit deffermez, Et que si en soie enfourmez Que vostre bouche le me die. (MACH., J. R. Nav., 1349, 168). Et conment est a congnoissance Ce fait venu, mon chier seigneur, Autre foiz a loisir greigneur Vous conteray. (Mir. Berthe, c.1373, 228). Et estoit venu en la cognoissance des oncles du roy et du conseil des citez et bonnes villes d'Angleterre (...) que du chastel de Douvres on avoit avallé coffres et huches de nuit secretement et mis en vaisseaulx sus le port de Douvres et estoient escippé en mer (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 40). Lesquelles choses venues à la congnoissance de frère Jehan Soulaz, religieux, et de plusieurs varlez de ladicte abbaie (Ch. VI, D., t.2, 1388, 14). ...[il] confesse que il est coulpable et consentant dudit fait, et que les premieres paroles en vindrent à sa congnoissance en esté derrenier, à Saint-Denis en France, environ le Landit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 436). ...il estoit et est venu à la cognoissance dudit maistre Guillaume que ledit malfaitteur estoit ad present demourant à Paris, en la rue des Rosiers. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 375). Moult de apertisses d'armes se fissent en pluisseurs lieus, lesquels ne vinrent pas tous a congnisance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 890). Item, une houpelande de folet, fourrée de penne noire (...) Item, ung mantel court de violette, doublé de verd (...) Item, ung domino (...) Item, une cappe (...) Item, ung gibet a robes (...) Item, une fourme (...) Item, environ une chariotée de grosse buche (...) Et plus ne furent sceus ou trouvez biens meublez appartenans au dict deffunct, ne vindrent a cognoissance (...) Somme de la valeur des biens dessus dits contenus ou dit inventoire (Invent. test. beauv. L., 1401, 60-61). Il est venu à nostre congnoissance, que (...) vous avez fait aucunes aliances avec aucuns de nostre sang (Ch. VI, D., t.1, 1412, 352). ...par la relacion desdis des Comptes et Tresoriers, estoit venu à la congnoissance de ladicte Court que le receveur de l'ordinaire de Paris devoit au paieur des euvres du Roy certaines sommes d'argent pour le fait des reparacions dudit Palais (FAUQ., I, 1417-1420, 8). Et quant au IIJe pechié, qui est de envie, ce vray amoreux, tel que je dy, jamais sur homme ne sera envieux, car se il venoit a cognoissance de sa dame, il la perdroit vraiement. (LA SALE, J.S., 1456, 20). ...luy compta comment l'embusche de leurs amours estoit descouverte et venue desja a la cognoissance de monseigneur son pere (C.N.N., c.1456-1467, 166). ...il [acheva] de lyre sa lettre, par laquelle il cogneut que sa desloyaulté estoit venue a la cognoissance de celle qui luy vouloit tant de bien (C.N.N., c.1456-1467, 181). Touteffois, se nous demandons aide à ces grans seigneurs du payz, et il vient à leur congnoissance, se ilz y sont, ilz auront tout l'honneur et le prouffit (BUEIL, I, 1461-1466, 81). Et depuis ce temps, n'a esté aincoires aucun voire que j'aye sceu ne qui soit venu a ma cognoissance, qui ait volu prendre la paine de les mettre par escript [les évangiles des femmes] ou en registre au moins le tout, ne par ordre (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 79). Venue à la congnoissance du roy la mutation faicte en Normandie, se delibéra d'avoir paix, voyant ne povoir donner remedde à ce que jà estoit advenu. (COMM., I, 1489-1491, 81). ...l'art de phitonisse, d'enchantement, de fascinacion, de invisibilité, de ligacion et illusion, qui sont tous ars supersticieux et divinatoires, lesquelles choses desmelleray l'une de l'autre clerement et brevement, ce que par cy devant n'a esté fait, et si fait a esté, il n'est pas venu à ma congnoissance, ne de ces ignorans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 r°). ...et si passerent lesditz Bourguignons la riviere d'Oise et allerent courir en la terre de Coucy, où ilz firent plusieurs maulx, en boutant les feux partout où ilz passoient. Et, ce venu à la congnoissance de Mons. le grant maistre, y eust voulentiers remedié, et le fist sçavoir à Mons. le connestable, qui luy en fist la response par ces lettrez, ainsi qu'il s'ensuit (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 319).

 

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La connoissance de qqc. vient à qqn : ...quant la cognoissance me vint que le roy de France et le roy d'Angleterre s'en vouloient ensonnier, je me resveillay à ouvrer l'istoire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 171). Qant la congnisance des desfiances vinrent au roi de France, il n'en fist nulle compte (FROISS., Chron. D., p.1400, 319).

 

c)

Au plur. "Ce qui est connu, ce qui est su" : Et se aucun cuidoit que entre toutes ou sus toutes les sciences et cognoissances la meilleur et la plus vertueuse ou honorable fust politique ou prudence, ce seroit inconvenient. (ORESME, E.A., c.1370, 342).

 

2.

P. ext.

 

a)

"Compétence" : J'ay bien en pierres congnoissance (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 264).

 

-

"Expérience" : ...j'ay ung desirier qui en amour me lance Et de grant hardement me donne connoissance (Hugues Capet L., c.1358, 71). ...car le cappitaine par raison a la congnoissance de beaucoup de choses que le souldoyer ne peult ne ne doit avoir. (BUEIL, II, 1461-1466, 215).

 

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Par connoissance. "Par expérience" : Une autre question fut des chevaux, du harnoys, de tous les aultres biens qui se peurent trouver en essence et par vraye congnoissance. (BUEIL, II, 1461-1466, 214).

 

-

"Preuve, manifestation" : Preus estez et loiaulz, telle est bien m'esperance ; à ce cop en avez monstré le connissance. (Hugues Capet L., c.1358, 39).

 

b)

"Connaissance immédiate, conscience" : Uns enfes estoit li soudans D'environ XIIJ. ou XIIIJ. ans, Qui n'avoit pas bien congnoissance De leur mauvaise decevance. (MACH., P. Alex., p.1369, 186). ...combien que presques toutes les excellences et perfections autres qui sont en l'omme, on les treuve en aucunes des bestes ou des oyseaux, car on y treuve congnoissance du temps present, memoire du preterit, aucune proveance du futur (GERS., Trin., 1402, 152). ...la Puissance Vegetative jamais ne repose, avecquez ses filles Nutritive, Formative, Assimilative et Unitive, qui sont en continuel oeuvre en leurs forges, dont les souffleiz bouffent par les membres espris de vie, de mouvement et de congnoissance, pour rapaisier le dommage de l'umeur radical, dont partie se consomme et degaste en chacun moment. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 24).

 

-

"Conscience" : Quant la dame vous aprocha D'un fait qu'elle vous reprocha Que fait aviez ou temps passé. Se vous eüssiez compassé En vous aucune congnoissance Qui fust signes de repentence De ce que vous aviez mespris Contre les dames de haut pris, Vous eüssiez fait moult que sages. (MACH., J. R. Nav., 1349, 268). En ce point fu lonc temps tes peres Qui estoit rois et empereres, Jusqu'atant qu'il ot congnoissance De la souvereinne puissance Dou vray dieu qui est immortelz Et qui puet aus hommes mortels Donner roiaumes et empires... (MACH., C. ami, 1357, 30). ...monseigneur de Berry (...) vous prye que vous vueilliez descendre à toutte rayson et avoir cognoissance telle de vostre estat et affaire et que duc de Bretaingne doit avoir à son naturel seigneur, le roy de France (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 235). Aux enfans donnez congnoissance De leur meffait et repentance (Mir. ste Bauth., c.1376, 137). Dieu par sa pitié weille avoir pitié et mercy de nous et nous donner cognoiscence de nos fautes et orgueil, et mauvaistié. (BAYE, I, 1400-1410, 333). Qui mal voudroit au royaume de France ! Hommes failliz, bersaudez de raison, Desnaturez et hors de congnoissance, Desmis du sens, comblez de desraison, Folz abusez, plains de descongnoissance (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 62).

 

-

Se mettre en la congnoissance que. "Prendre conscience, comprendre que" : La Chasteleinne debonnaire N'avoit son ami riens meffait ; Mais il meïsmes fist le fait, Pour quoy elle se mist a mort. Quant il le sceut, il se remort Et se mist en la congnoissance Qu'il y apartenoit vengence ; Dont il meïsmes se juga, Punist dou tout et corriga. (MACH., J. R. Nav., 1349, 265).

 

c)

"Discernement" : ...Si avoit trop grant desplaisence En soi, de ce que congnoissance N'avoit des loiaus et des faus, Et trop li sambloit grans deffaus (MACH., D. Lyon, 1342, 220).

 

-

Perdre (toute) connoissance. "Perdre son discernement" : "...la grant amour que j'ay a mon filz Paris me fait perdre toute coignoissance et avoir hardiment de venir a vous pour ceste chouse." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 169-170).

 

3.

"Fait de connaître qqn, relation avec qqn"

 

a)

"Fait de connaître qqn" : Je cuide bien vous avez bonne cognoissance et familiarité avec mon mary (C.N.N., c.1456-1467, 572). Leurs lieuxtenans en ce lieu point ne nomme, Car pour ce fait il y avoit maint homme Dont congnoissance un peu m'est eslongnee. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 140).

 

-

Qqn de connoissance. "Qqn de renom" : Serchez les bien, vous ne trouvez Que prophete de congnoissance En Gallillee ait pris naissance (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 182). Combien qu'il soit de Galilee Et que soyez de son paÿs, Vous estes prince des Juïfz Qui les Escriptures savez. Serchez les bien, vous ne trouvez Que prophete de congnoissance En Gallilee ait prins naissance : Le paÿs en est fortuné. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 422).

 

-

Bonne connoissance. "Fait d'entretenir de bonnes relations" : Cela fut cause du bon appoinctement, De l'amitié, de la doulce acoinctance, De la parfaicte et bonne congnoissance, Qui tost aprés (...) On vit regner par grant benivolence Entre le pape et le vertüeux roy. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 232).

 

-

Avoir (la) connoissance de qqn. "Connaître qqn, être connu de qqn, fréquenter qqn" : ...Dieu me donna la grace et le loisir de veoir en mon temps la greigneur partie et d'avoir la cognoissance de hauls princes et seigneurs, tant en France comme en Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3). On luy fist très bonne chiere, car on le desiroit à veoir et la cognoissance et aquointance à avoir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 176). ...il estant logiez aus Maillés en la ville de Compiengne et couchié avec un compaignon du païs d'Alemaigne dont il ne scet le nom et duquel il n'a aucune congnoissance, fu par icellui compaignon dit à lui qui parle qu'il n'avoit point d'argent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 485). ...la fille dou duch de Braibant, madamoiselle Jehane (...) lors estoit la plus belle, la plus gente, la plus frice et mieuls aians toutes nobles manieres que nulle jone dame dont on euist la congnissance (FROISS., Chron. D., p.1400, 267). Pour lesquelles [armes] plus tost et plus honorablement acomplir se appensa venir en la tresnoble court de France, ou tous nobles et chevalereux hommes estoient tres honorez et bien receus, aussi pour avoir cognoissance et l'acointance d'eulz. (LA SALE, J.S., 1456, 144). ...le seigneur fut bien content de luy bailler sa fille a mariage, jasoit qu'il n'eust cognoissance de luy fors de ses loables meurs et vertuz. (C.N.N., c.1456-1467, 332). Exemple : se ung villain, qui soit de la nation de Biscaye ou de Gascoingne, viengne a une femme noble en lui disant : Je sui filz de roy ou de prince ou de duc, et la femme n'aura nulle congnoissance de lui, et il contrait avec celle femme, et elle cuide qu'il soit filz de roy, pour tant elle ne sera pas deceute. Et tendra le mariage (Sacr. mar., c.1477-1481, 50). Si ay-je eu autant de congnoissance de grans princes et autant de communication avecques eulx que nul homme qui ait regné en France de mon temps (COMM., I, 1489-1491, 2). ...et de plusieurs dont je n'ay eu la veue, mais congnoissance par communications de leurs ambassades, par lettres et par leurs instructions, par quoy on peult assez avoir d'informations de leur nature et condicion. (COMM., I, 1489-1491, 2). Et pour vous informer du temps dont ay eu congnoissance dudit seigneur, dont faictes demande, m'est force de commancer avant le temps que je veinse en son service (COMM., I, 1489-1491, 3). ...non pas que je entrepreigne de les tous reciter [ceux qui ont pratiqué l'astrologie], car plusieurs en y a eu, en diverses regions, dont n'avons riens par deçà et plusieurs en y a eu par deçà, dont n'ay pas eu, ne peu aver congnoissance, comme il soit aussi que la memoire de plusieurs se soit perdue (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 v°).

 

-

Connoissance de Dieu/de soi. "Fait de connaître Dieu, de se connaître soi-même" : ...et ne s'en repentent point mais vont tousjours de pis en pis tres honteusement, quelle merveille est se ilz ont petite ou nulle cognoissance de Dieu, se meismement ilz ne voyent point Dieu ne par mirouer ne en umbraige ? (GERS., Trin., 1402, 154). Si exposeray ung secret parlement et comme ung personnaige ou ung dyalogue de l'Ame devote avec sa suer Raison la saige pour monstrer aucunement la maniere de pervenir a la congnoissance de Dieu et de la benoite Trinité en simplesse et unité (GERS., Trin., 1402, 155). ...entre toutes les créatures la consideracion et congnoissance de toy mesmes est tresprofitable pour venir à la congnoissance tant des creatures incorporelles et spirituelles comme sont les anges que aussi pour actaindre a la congnoissance de Dieu. (CIB., p.1451, 195). ...par ce champ a present est entendu lomme qui est comme le champ ou il se fault excerciter a querir le tresor de sapience et fault fouyr et parquerir profondement iusques a ce que on ait congnoissance de ce qui est en lomme... (CIB., p.1451, 195). Et de ce que avons memore que nous sommes et congnoissance quelz nous sommes, procede et sourt une voluntaire amour en la maniere du Saint Esperit, qui procede du Pere et du Filz conjointement. (Somme abr., c.1477-1481, 114). Cestui Pitagoras fut moult bon et devost et adreça plusieurs à la congnoissance d'un vray Dieu au moïen de ses prenosticacions et garda autres de estre ydollatres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°). SAINCT MARTIN. (...) Et croyez qu'en la Trinité N'a rien qu'une seule substance : Trois personnes en unyté Et une en trois, par digne essence. PREMIER. Puisque j'ay de luy congnoissance, Congnoistre le veulx desormais ; Desormais en luy j'ai fïance, Ma fïence en luy toute mects (LA VIGNE, S.M., 1496, 497).

 

b)

"Relations de qqn" : Gabrïel, fay, sy li va dire Qu'il passe mer sanz contredire, Et delaisse sa cognoissance, Et face tant qu'il viegne en France. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 20). ...qu'il vous plaise (...) que en la ville ou j'ay eu tant de cognoissance et d'accointance, je ne reçoyve trop publicque punicion. (C.N.N., c.1456-1467, 450).

 

-

De la connoissance de qqn. "De ceux que qqn connaît, appartenant aux amis, aux relations de qqn" : ...lesdites deux tasses d'argent, qu'il presta à maistres Guillaume et Olivier, desquelx il ne scet les surnoms, tenans les escolles de grantmaire à Laon, pour ce qu'ils sont de sa congnoissance et du pays dont il est nez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 33). ...et ledit cheval (...) vendirent, un ou deux jours après ledit fait advenu, à un homme qui estoit de la congnoissance du seigneur du Cigne, demourant en ycelle ville (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). Mais messire Jaquelin Trousseau et messire Ja. de Montmor, chevaliers, à l'ayde et intercession d'aucuns de leur congnoissance, par leur bon rapport, furent garantiz dudit peril (FAUQ., I, 1417-1420, 151). ...comme il estoit sur son retour, il rencontra et trouva, passant pays, pluseurs de sa cognoissance (C.N.N., c.1456-1467, 424). ...se bouterent en une taverne, en laquelle ilz trouverent ung compaignon du païs de Liege (...) et certains autres compaignons de la congnoissance dudit suppliant, qui seoient buvans a table, a l'escot desquelx ledit suppliant et sondit compaignon se misrent et mengerent avec eulx (Doc. 1466. In : Ch. Petit-Dutaillis, Doc. nouv., 1908, 36). Dame Ysengrine du Glay y vint acompaignie de pluiseurs de sa cognoissance qui toutes apporterent leurs quenoilles, lin, fuiseaux, estandars, happles et toutes agoubilles servans a leur art. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 81).

 

c)

P. méton. "Personne que l'on connaît" : ...il mist un sien cheval en l'ostel du bailli de Senliz, où il n'a aucune congnoissance (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 458). ...nous tous descendismes a terre et fusmes bien venus et receups des bons chevaliers et habitans audit Roddez et mieulx que en nulle aultre cité ou ville depuis nostre partement et la nous trouvasmes plusieurs habitudes, familiers et congnoissances (BARBATRE, Voy. T.-C. P., 1480, 157).

 

d)

[Au sens biblique] "Relation charnelle" : Ne porte a femme ja ce loz Qu'elle puist enfant concevoir Sanz congnoissance d'omme avoir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). La seconde [i.e. Virginité] fut celle qui fist respondre a Nostre Dame qu'elle n'avoit propos de avoir cognoissance ou compaignie de homme charnel (GERS., Annonc., a.1400, 232). Vous luy dirés, par bon usage, Qu'avec sa femme ait congnoissance Pour augmenter l'humain lignage Par tout, selon nostre ordonnance. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 79).

 

Rem. FEW, 847b : «"coït" (1554)».

B. -

"Fait de reconnaître qqn ou qqc."

 

1.

"Marque qui permet de reconnaître, de distinguer, signe distinctif (en partic., à propos des personnes, les armoiries)" : Et lors le doit son maistre fere mener le limier en queste au matin aprés li et li enseignier quelle difference ne quelle cognoissance a du pié du cerf a celuy de la biche, comme je diray, et du pié d'un grant cerf encontre d'un juene, et d'un juene cerf encontre celui de la biche, et quanz jugemenz et connoissances il y a (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 149). Et en cela il se pourra adviser des differences et conoissances qui sont es piez, et trouvera qu'il n'est nul cerf si juene, s'il porte sis cors ou plus, qui n'ait le talon plus large et meilleur et plus gros os que n'a une biche et voulentiers plus longues trasces. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 150). Mais ilz avoient cognoiscences Tres dont sur eulx, pour apparence L'un de l'autre et par differance. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 178). ...à ce propos dit Aristote, là où il parle de chevalerie que en chascune baniere des chevetains doit avoir lettres ou enseignes affin que chascun homme d'armes se sache retraire soubz qui il est commis, et ancienement faisoient chevetains, qui soubz eulz avoient .C. chevaliers, c'est assavoir hommes d'armes, et chascune .Xe. avoit aussi un chief et puis tous ensemble se retreoient soubz le centurion, lesquelz avoient certaines cognoissences (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 218). Il portoit ung fremail et ung escut de France A quatre labiaus d'argent. Par cheste connisanche Connoist-on d'Orlyens les armes, sans doutance. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 418). Et tant plus que, pour avoir congnoissance de vrays crestiens, partans de leurs hostelz, de pas en pas, de leurs mains droictes se saigneront ou porteront le crucifix en banerettes petites (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 212). Et quant il fut l'eure que l'on se monstroyt au champ (...) Pierre avec son varlet et ung paige sans aultre compaignie s'en vint et s'en ala bouter a plus humble lieu comme celuy qui estoit estrangier et n'avoit nulle cognoissance qui le presentast et mist avant. (Belle Maguel. C., 1453, 5).

 

-

En connoissance de. "En signe de" : Et Remondin s'agenoille et l'en mercie et lui en requiert chartre, laquelle fu tantost faicte la plus forte que on pot et seellee du grant seel du conte, a la relacion du conseil et des pers du pays, qui y pendirent leurs XIJ. seaulx, en congnoissance de affermer le don a estre raisonnable, avec le grant seel du conte. (ARRAS, c.1392-1393, 32).

 

-

Pour connoissance. "Comme moyen de reconnaissance" : Et aussi prist le dit roy de Navarre l'aliance de pluseurs bourgois de bonnes villes, et fist à ses aliez porter chapperons semblables pour cognoissance. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 127). ...et portoit on devant luy [le roy d'Engleterre] ung heaume couronné d'une couronne d'or pour cognoissance (Journal bourgeois Paris T., 1420, 139).

 

-

"Signe d'avertissement" : Pourquoy luy envoya Dieu une congnoissance et avision qui le fist oster hors de son pechié. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 103).

 

2.

"Fait de reconnaître qqc."

 

a)

"Fait de reconnaître, d'identifier" : Dont dist Grard du Bors au duc : "Sire, commandez que la place soit delivrée de ces chevaulx ; ilz nous empeschent trop grandement. Nous ne povons veoir autour de nous, ne avoir la cognoissance de l'avant garde, ne de la arriere garde [de] vostre mareschal..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 165).

 

b)

"Fait de reconnaître, d'avouer qqc., aveu" : MATHATIEL. Le povre malheureux [chrétien] est mort Et voit on a l'oeil la fiance Et congnoissance de son tort [son parjure], Sainct Nicolas, vraye esperance. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 143).

 

-

Faire connoissance que. "Reconnaître que" : Benoist celle [Marie de Clèves, épouse de Charles d'Orléans] qui vous porta ! On doit dire du bien le bien. Cy devant Dieu fais congnoissance Que creature feusse morte, Ne feust vostre doulce naissance, En charité puissant et forte, Qui ressuscite et reconforte Ce que Mort avoit prins pour sien. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 43).

 

c)

"Reconnaissance de dette, quittance" : Jugement (...) coment ung peire ait mieulx a avoir la chevance de son fil en sa main que nul autrez, ne n'en ait nulle congnissance a ffaire, et tenir l'eritaige qui est escheus a l'enffans et leveir les prouffits pour lui et l'enffant gouverner, combien que li amis li enffans diënt qu'il l'en rendront prouffis et lui bien gouverner. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1332], 95). Jugement de Burtrant le Huingre d'une pairt, et de Marguerite, femme Collignon Ottignon, d'autre pairt. Ledit Burtrant disoit que ladite Marguerite li avoît bien a pourteix paix d'une congnissance dont li sire Nicol Burtrand xuoit ledit Burtrand ; dont li maistre-eschevin dit pour droict que ladite Marguerite l'en avoit bien a pourteir paix. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1374], 476).

 

d)

"Reconnaissance d'un service rendu" : ...il ramentoit la grant congnoissance qu'il avoit du beneffice a lui fait (LA SALE, Sale D., 1451, 220). ...s'il est en moy de vous faire autant de service, pensez que j'aray cognoissance de ceste courtoisie. (C.N.N., c.1456-1467, 258). ...si vous estiez mariée, dit il, et j'en estoie le moien et la cause, en ariez vous après cognoissance (C.N.N., c.1456-1467, 294).

C. -

DR. "Fait de connaître de qqc., droit d'instruire et de juger une affaire, certaines affaires, compétence juridique" : ...il est tenus à remettre ledite prinse en le main de le justice commune dou Chaisne, se le prinse est faite pour cas ou pour cause de quoy li cognissance puisse et doive appartenir à ladite justice commune dou Chaisne. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1331, 13). ...plusieurs de noz autres justiciers et officiers se sont efforciez d'atraire a eulx la congnoissance desdites eaues par plusieurs voyes et en plusieurs manieres (Trés. Reth. L., t.4, 1341, 201). Mes en commune policie et en aristrocracie la multitude non pas la populaire mes la multitude et congregation universele de tous les princeys ou offices et des principalz citoiens a la souvereine domination et la correction ou alteration des particuliers princeys ou offices et le ressort ou cognoissance des tres grandes questions (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 274). ...les contredisans, opposanz, rebelles et injuriateurs adjourner en nostre Parlement à Paris, ou par devant noz bailliz ou noz autres juges competens, à qui la cognoissance en devra appartenir, pour aler avant sur les diz debaz (Doc. Poitou G., t.5, 1377, 26). Je vous respons que, quant la demande est personele, mesmement pour cause du serement que partie n'a mie gardé, la cognescence appartient à l'Eglyse. (Songe verg. S., t.2, 1378, 153). ...quant aucuns debteurs sont obligiéz soubz ledit seel envers aucuns leurs creanciers, le chancellier de nostre dit oncle, auquel la juridicion, execucion ou congnoissance appartient de tous les contractz et obligacions faiz soubz ledit seel, faire et parfaire sur les diz obligiéz les execucions des sommes des deniers et autres choses deues soubz ledit seel (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 141). ...[ils] delibererent et furent d'oppinion que au roy seul, et pour le tout, appartenoit la cognoissance de ce ; et ledit de Buyencourt fu d'oppinion que à la court de l'Eglise en appartenoit la cognoissance. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 311). Tous lesquieulx, sauf icellui maistre Nicole de Buïencourt, furent d'oppinion que au roy seul, et pour le tout, et appartenoit et appartient la cognoissance des cas et justice de ladite Macete (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 334). Item, une fame avoit fait semondre une aultre en cas de injures, et avoit partie donné contestacion en cause et procedé en court d'eglise longuement ; et après vint la defenssure et monstra aux gens du roy comment l'autre la tenoit en procès, en cas d'injures en la court de l'eglise, dont la congnoissance appartenoit a la court laye. L'acture en fust mise en prison, come de transport de juridicion, et l'amenda au roy, o intimacion de partie. (Echiq. Normandie S., c.1400, 203). La Court a retenue la cognoisçance de la cause d'entre Pierre l'Escot, d'une part, et Jehan Lyonart, d'autre part (BAYE, II, 1411-1417, 63). Ce jour, messire Guillaume de Gaudiac (...) gisans malade en son lit, m'a dit qu'il soumettoit la cognoiscence de l'execution de son testament à la Court (BAYE, II, 1411-1417, 183). ...et voulut et ordonna c'on ne leur peult rien demander, en deffendant toute cognoissance et jurisdiction a tous ses justiciers et officiers et quelconques. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 441). ...les lectres pactentes dessus incorporées faisant mencion de la congnoissance et discucion des opposicions et adjudicacions de décretz des maisons et héritages (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 290). Les gens du conseil, qui estoient bons et sages, voyans que la cognoissance de ceste cause appartenoit au roy de bourdelois (...) la renvoyerent pardevant luy. (C.N.N., c.1456-1467, 525). ...et faire tant que le renvoy, court et congnoissance nous en soit baillié (Comté Porcien R., 1457, 255-256). ...police, cognoissance, justice, judicature et seigneurie de l'eschevinaige de notre dite ville d'Arras (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 448).

 

-

"Compétence, autorité sur qqn" : Item, ils congnoisteroient de leurs bourgois, estans en leur ville, sans plus, et en useroient selon leurs previlleiges, et non autrement ; et en ce estoit osté la congnoissance des bourgois forains. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 26).

 

-

Avoir la connoissance (de). "Avoir le droit d'instruire et de juger (une affaire, des personnes)" : ...et se par le temps avenir, il avenoit cas touchant haute justice en la dite lande, le premier occupant de chascune des dites parties et qui premier prendroit le forfaiteur, toutes fois que li cas avendroit, auroit la cognoissance du dit forfait et delit, sentence et execution de celui fait qu'il l'ocuperoit, et par samblable maniere de la moienne justice (Doc. Poitou G., t.3, 1353, 125). Aultrement il s'ensievret que lez juges seculiers, selon leurs plaisirs, aroient la cognescence dez clers (Songe verg. S., t.2, 1378, 152). Lez officiaux dez prelas, en troublant la juridiccion du Roy, si s'efforcent d'avoir la cognescence dez contraux, ja soit ce que ilz soient passez par la court seculiere (Songe verg. S., t.2, 1378, 153). Des contens faiz en la ville de Beaune, le maire et les eschevins doivent avoir la congnoissance et de ceulx de la ville et dehors. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 31). Le duc de Bourgoingne doit avoir la court et la congnoissance de toutes les choses où il doit avoir droit ; c'est à entendre que, se discension, est de fief ou d'arriere fief, nait entre parties, la congnoissance en appartient au prince et non à autre. La cause si est : car il est sires d'aleux, de fiefs et d'arriere fiefs ; et ceulx qui tiennent en fief ou es refiefs ne sont que seigneurs utiles. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 198). En l'absence de laquelle prisonniere, ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseilliers leurs advis et oppinions se, veuz les faiz cogneuz par icelle prisonniere, le roy devoit avoir la cognoissance, ou se elle devoit estre rendue à l'Eglise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 310). ...vous, ledit mayeur, ou autres noz officiers, vous efforciez, d'avoir la congnoissance et amendes de tous cas d'exces et de delis qui ne sont pas criminelz (Trés. Reth. S.L., t.2, 1393, 383). Jugement des maistre des bouchier, pour lui et pour ces compaignons, d'une pairt, et des maistre des chandellier, pour lui et pour ces compaignons, d'autre pairt, que dit que les maistrez ne les .VI. des bouchier n'ont mie a avoir lez congnissance de urer les poids des chandellier. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1358], 365).

 

-

[Du juge] Prendre la connoissance de. "Instruire et juger" : L'information faicte, qui la portera au juge ? Qui sera le juge qui en prendra la congnoissance et qui en fera la pugnition (je diz des mauvais et n'entendz point des bons, mais il en est peu) ? (COMM., II, 1489-1491, 224).

 

.

Prendre connoissance sur qqn. "Avoir compétence sur qqn, exercer de l'autorité sur lui" : Item, ils [les Gantois] furent encores condempnez de jamais prendre quelque congnoissance sur les officiers fais et créez par ledit duc, en ladicte ville. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 25).

 

-

Tenir cour et connoissance de qqn. "Établir une enquête sur qqn et le juger" : ...nienmoins, vous leur avez enterdit et deffendu que du dit Jaquemart ne tignent court ne cognoissance, disant que à vous appartient (Hist. dr. munic. E., t.2, 1368, 34).

 

-

Vaquer en la connoissance (de qqc.). "Exécuter ce qui est à faire quand on a la compétence juridique" : Premieremant que entre lesdis seigneurs de Beaujeu et de Vilars et lours aydans soit bone pays, fyns, et perpetuelle acors (...) sains ce que li ungs en puysse fere jamès guerre encontre l'autre principal ou aydanz, saul et reservé que des accions ou demandes que li ungs porroit avoir encontre l'autre, très hauz et puissans princes monssieur le conte de Savoye en puysse cognoytre, ordener, pronuncier et acorder de la volunté, conseil et consentement de deux chevaliers et ung clerc (...) et se par aventure aucuns desdis chevaliers et clercs aloyent de vie a trapassemant ou estoyent si evidemant en si grant necessité empechié que il ne puyssient vaquer en la cognoyssance dessusdicte, que la partie qui les ha nommés en puysse nommer et metre autres (...) en lour lue dedanz quinze jours apres ce que il en seroyent requis par ledit monssieur le conte (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1378, 594).

 

-

Connoissance de cause : ...comme par plusieurs diverses fois le duc de Bourgogne avoit fait remonstrer ausdis de Parlement et requerir que de telles cognoissances et acceptions de causes se voulsissent deporter... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 158).

 

.

En connoissance de cause

 

Rem. FEW, 847b, s.v. cognoscere : «en connaissance de cause "après avoir fait l'instruction nécessaire à un procès" (seit 1409)».

 

.

Avoir connoissance de cause de qqc. : De quoy je ne me puis trop esmerveillier, pour ce que je ne cuide estre tenu à nully ne à homme vivant pour quoy nul homme ne me peut faire telle honte. Et ne pourroye croyre que Mons. de Bourgoigne, sans de ce faire avoir congneissance de cause, en tel cas deust donner congié à ung de ses serviteurs de porter [à] moy ne autre dehonnore pour le donner à entendre seulement d'un tel marchant (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 274).

 

.

Mettre en connoissance de cause. "Mettre une affaire entre les mains d'un juge" : Car de mectre en congnoissance de cause par devant juge hors du royaulme se l'agait sur le chemin publique et prinse faiz es mectes de vostre royaulme, assavoir entre les villaiges de Beaumez, Caignicourt, Metz en Cousture et Queant, qui et les villaiges voisins sont notoirement de la conté d'Artois et prevosté de Peronne, contribuans à vos tailles que l'on dit l'ayde ordinaire et composition d'Artois, et de personnes, lesquelles soubz vostre trés noble grace doivent estre reputez non seulement ambassadeurs de moy et de mondict pays de Flandres, mais de vous, mon trés redoubté seigneur, n'eult esté et ne seroit garder vostre honneur, vostre droit ne le myen. (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1483, 371).

 

-

Sans connoissance de cause. "Sans que la cause ait été instruite et jugée" : Nous veons que lez homicides et lez larons ne puent, par sentence en jugement, estre condempnés a mort sanz cognescence de cause, c'est assavoir sanz cognoistre du pechié, se il ont fait, ou nom, le crime. (Songe verg. S., t.1, 1378, 28). ...vous dittes que le roy de France, sanz cognescence de cause, si a debouté de la duché de Bretaingne messire Jehan de Montfort et, par consequant, il doit estre restitué. (Songe verg. S., t.1, 1378, 264). En laquelle commocion aucuns prisonniers et autres furent tuez et mis à mort sans autre congnoissance de cause (FAUQ., I, 1417-1420, 131).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 12/50 
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     CONNAISSEMENT     
FEW II-1 cognoscere
CONNAISSEMENT, subst. masc.
[T-L : conoissement ; GD : conoissement ; AND : conoissement ; FEW II-1, 845b : cognoscere ; TLF : V, 1346b : connaissement]

A. -

"Connaissance ; fait de faire connaître, promulgation"

 

Rem. Ex. d'a. fr. jusqu'au début du XIVe s. ds GD II, 244c. Ex. pic., "connaissance de l'art d'aimer", XIVe s., ds FEW.

B. -

Au plur. "Manifestations d'amitié (quand on se retrouve ou quand on se quitte)" : O vray Dieu ! quans embrassemens, quants baisiers plains de pleurs et de gémissemens y eut il fais et dis, avant qu'elles se départissent ly une de l'autre ! je cuide que à grant peine on les vous sauroit dire, et vous povés bien penser qu'elles menoient joye meslée de douleurs et de pleurs ; après lesquelx cognoistemens [l. cognoissemens] et festiemens, elle les fist mener dans une chambre de secret, et commanda prestement que on songnast ou pensast d'eulx très bien, et que on leur donnast à boire et à manger tout du meilleur (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 205). ...quant les chevaliers de toute la Selve Carbonniere eurent fait hommaige au comte de Pedracq leur seigneur, ses compaignons prindrent congié de lui, disant que retourner vouloient en leur contree pour voir leurs femmes ; et entrerent en mer aprés grans congnoissemens [var. congoissemens] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 470).

 

Rem. Proche de conjouissance (avec influence probable de ce mot).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/50 
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     CONNAISSERESSE     
*FEW II-1 cognoscere
CONNOISSERESSE, subst. fém.
[GD : conoisseor (conoisseresse) ; *FEW II-1, 845b : cognoscere]

"Celle qui connaît qqc., qui peut en juger" : Ma dame Raison, la certaine congnoisseresse de equité, Or jugiez se l'iniquité De superfluitez d'avoir Doit la gloire du monde avoir Par droit (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 209). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Synthèse Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 14/50 
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     CONNAISSEUR     
FEW II-1 cognoscere
CONNOISSEUR, subst. masc.
[T-L : conoissëor ; GD : conoisseor ; GDC : connoisseor ; AND : conoissour ; FEW II-1, 845b, 847b : cognoscere ; TLF : V, 1347a : connaisseur]

A. -

"Celui qui connaît qqc., qui a conscience de qqc." : Tu dis de moy que je suis lerres ; Tu n'en fus oncques congnisserres, Et si ne scez que je le soye (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 101). ...se il eust esté cognoiseur et metteur deffausse [sic] monnoie à escient. (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 178).

B. -

"Celui qui se connaît en qqc., connaisseur, expert" : ...aucune fois lui presentoit-on là dons estranges de divers pais, artillerie ou autre harnois de guerre et diverses autres choses, ou marchans venoient aportans veloux, draps d'or ou autres choses et toutes manieres de belles choses estranges ou joyaulz, qu'il faisoit viseter aux cognoisseurs de telz choses (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 46-47).

C. -

CHASSE "Celui qui, à partir des traces de la bête, peut l'identifier, reconnaître son sexe, son âge..." : Quant j'euz congnoissance certaine De ce serf par son viander [var. par le verdier], De trouver ses fumees mis peine Pour mon jugement amender, Afin de ma raison fonder Devant les maistres congnoisseurs [var. congnoissans], Dont a l'assemblee a plusieurs Des meilleurs que jamais verray. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 28).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/50 
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     CONNAISSEUX     
*FEW II-1 cognoscere
CONNAISSEUX, adj.
[*FEW II-1, 845b : cognoscere]

"Qui connaît (sexuellement) beaucoup de femmes (?)" : Et d'aultre part, le duc de Bourgoingne fut de son temps un prince le plus dameres et le plus connoyseulx que l'on sceut ; et avoit de bastards et de bastardes une moult belle compaignie. Et ainsi la Royne et la duchesse se rassembloient souventeffois, pour eulx douloir et complaindre l'une à l'aultre de leur creve cueur. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 55).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 16/50 
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     CONNAISSIBLE     
FEW II-1 cognoscere
CONNOISSIBLE, adj.
[*FEW II-1, 845b : cognoscere]

"Qui peut être connu" : ...la chose visible ou congnoissible (Somme abr., c.1477-1481, 134). Est a scavoir, toutevoies que entre les choses congnoissibles les aucunes sont en dessoubz raison, comme celles que nous congnoissons par les sens corporelz (...), les aultres sont prochaines a raison lesquelles nous percepvons moyennant raison (Somme abr., c.1477-1481, 136). Et ainsi appert qu'il y a pluseurs ydees, car elles emportent avec leurs significations congnoissance. Mais les choses congnoissibles sont distinguees dedens le congnoissant en son entendement. (Somme abr., c.1477-1481, 157).

REM. Avec le suff. -ible, att. seulement en a. prov.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 17/50 
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     CONNAISSIF     
*FEW II-1 cognoscere
CONNOISSIF, adj.
[*FEW II-1, 845b : cognoscere]

Potence connoissive. "Puissance, faculté cognitive" : Des potences congnoissives. (Somme abr., c.1477-1481, 90).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 18/50 
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     CONNAÎTRE     
FEW II-1 cognoscere
CONNOISTRE, verbe
[T-L : conoistre ; GD : conoistre/conoissant ; GDC : connoistre/connoissant ; AND : conoistre ; DÉCT : conoistre ; FEW II-1, 847b : cognoscere ; TLF : V, 1347b : connaître]

I. -

"Appréhender, dominer par le savoir ou par l'expérience ; disposer d'une certaine compétence"

A. -

Connoistre qqc. "Appréhender qqc. en sorte que cette chose appartient au savoir, à l'information, à l'expérience dont on dispose"

 

1.

[Dans l'ordre du savoir] "Appréhender qqc., l'identifier parmi d'autres objets, être en mesure d'en spécifier des propriétés et de le rattacher à son savoir"

 

a)

"Appréhender qqc. par l'esprit, découvrir qqc." : ...lors est la vertu d'ycelles espices aperceue et cogneue (Mir. prev., 1352, 232). Or est il ainsi que pour salver les apparences des mouvemens du ciel lesquelles ont esté apparceues et cogneues ou temps passé par observacions, il convient par neccessité mettre que aucuns des cielz sont excentriques et aucuns epycicles. (ORESME, C.M., c.1377, 284). Toutes dirent qu'il [le comte de Foix] a sens et scïence Et de chascun escouter pacïence, Et en amours bien grant experïence Et grant savoir, Valeur, bonté, hault cuer et bon devoir, Et droit advis pour congnoistre le voir Et qu'il vault bien a belle dame avoir. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 194). Tournez vos yeulx a l'environ a cognoistre les condicions et les meurs des hommes de tous estas et vous verrez que les pluseurs songent a part soy une singuliere forme de querir leur salut. (CHART., Q. inv., 1422, 32). Par science il [David] congneust les incertaines esperances des mondains, par sapience la certaine expectation dez biens du ciel. Crainte le fist retourner vers soy mesmez a congnoistre sa propre fragilité. Et pitié l'enclina a considerer par passion la infelicité d'autry. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 96). Et se tu qui aucune foys as voyagé sur leurs marches, en as congneu dez enseignemens, suffise toy a tant d'avoir ouy la diversité des loys dont sourt la vanité des sotes et frustratives esperances, et par l'ahesion d'une seulle sainte foy te arreste et afferme a la vraye esperance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 130). Est a scavoir, toutevoies que entre les choses congnoissibles les aucunes sont en dessoubz raison, comme celles que nous congnoissons par les sens corporelz comme les choses blanches, noires et verdes, doulces, ameres, dures, moles (Somme abr., c.1477-1481, 136). Aneccenebron, le grant philozophe et astrologien, fut en ce temps, lequel monstra aux Egipciens à cognoistre le temps, à faire l'introïte de leurs festes sur l'entrée du Soleil ès signes royaulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 r°). ...et fut grant investigateur de sciences nouvelles et ayma moult congnoistre estoilles, perres precieuses et herbes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 v°).

 

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"Avoir la révélation de qqc." : DIEU. (...) La femme a enfant conceü, Combien qu'encore cogneü Ne l'ait. Briefment le sentira. (Mir. enf. ress., 1353, 7). Item, les sains patriarches et les prophetes la cognurent [la trinité de Dieu] par inspiracion du saint Esperit et ne la nouz exposerent pas clerement mais en figures et en paroles obscures. (ORESME, C.M., c.1377, 56).

 

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Connoistre que. "Acquérir la certitude que" : ...et se l'odor lui monte par le corps dedens jusques a la bouche et aux narines, tu doiz congnoistre qu'elle n'est pas brehaigne quant est de deffaut qui soit en li. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 87). Et peult ou bien assés congnoistre qu'elles [des ampoules contenant du sang de martyrs] ne furent onques faictes par mains d'omme terrien, et si ne scet on de quoy elles sont, mais tresbelles sont; et icelles empolles scella monseigneur saint Martin de son grant seel, et en sont encor seellées. (Voy. Jérus., c.1395, 101).

 

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Connoistre + inf.

 

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"Avoir la certitude de" : Je congnois approucher ma seuf, Je crache blanc comme coton Jacoppins groz comme ung estuef. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 70).

 

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"Avoir la prescience de" : Cuydez-vous que ung prince mal saige, follement accompaigné, congnoisse venir celle malle fortune de loing, que d'avoir division entre les siens ? (COMM., II, 1489-1491, 229).

 

b)

"Dominer qqc. par l'esprit, savoir qqc., comprendre qqc." : En sciences speculatives, les proposicions universeles sont les plus cogneües et les plus certainnes (ORESME, E.A.C., c.1370, 164). Et comment, sire chevalier, dist Anthoine, ne vous semble il pas que la chose acoustumee de longue main ne soit mieulx congneue de ceulx qui l'exercitent que celle qui est nouvellement emprise, et grieve moins ? (ARRAS, c.1392-1393, 155). Et qui dit le contraire, je dy que les secrez jugemens de Dieu et les punicions sont invisibles a congnoistre a entendement humain, car il est trop gros pour entendre l'espite espirituelle, ne comprendre que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 311). Car les aucunes [causes] sont célestres Et les autres si sont terrestres, Estans en bas assez prouchaines Et dépendens des primeraines, Sans lesqueles avant cognoestre Nul Médicin, tant soit bon Maistre, Ne peut par art ne sagement Curer le mal aucunement (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). Subséquentement une table En commune prose, sans fable, Selon l'ordre de l'A B C, Par laquelle seront, pour vray, Lesdiz termes au long véuz Et déclarez et cognéuz (LA HAYE, P. peste, 1426, 171). Je congnois tout fors que moy mesmes. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). ...ung prince ne doibt jamaiz rompre la grande oppinion pour aucuns particuliers tendans à leurs fins. Et aussi est-il à penser que plusieurs testes congnoissent plus que une ou que deux (BUEIL, II, 1461-1466, 233). Item est le mot et le dit, par lequel sont donnéz a congnoistre et denonciés estre completes et parfaites, et aussi le luire, par laquelle, quant elles [les choses] sont adnoncees, sont congneutes et manifestees. (Somme abr., c.1477-1481, 110). Item par la premiere maniere de congnoistre on congnoist la lumiere, par la seconde les tenebres. Et pareillement il est a dire que par la premiere maniere on congnoist le bien et ce qui est bon. Par la seconde le mal (Somme abr., c.1477-1481, 165).

 

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[De Dieu] : Dieu tout puissant, tu sceis et cognois que qui vouldroit les abuz corriger en ceste partie plus y avroit de coulpables que de corrigeurs, car chascun veult estre maistre du mestier dont nous avons encores pou de bons apprentiz. (CHART., Q. inv., 1422, 56). ...et voions clerement que homme est une substance composee et imparfaicte, et qui mendie dehors la congnoissance dez choses par leurs especes, et Dieu si congnoist toutes creatures ains qu'ellez soient faictes, et homme ne congnoist riens s'il ne lui est representé par les sens de dehors ; ainsi la science divine n'a quelconquez proportion avecquez la savance dez hommez, et ne doiz rien juger de son savoir par le tien. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 159). Croy, et n'en doubte point, que il congnoist les choses advenir presentialement, lez choses temporellez eternelement, lez choses muables invariablement, et les contingentes necessairement ; ne la variableté dez choses ne varie sa science, ne sa science ne force leur contingence. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 160). Quant a ce que la sapience de Dieu congnoist les choses possibles, qui peuent estre et non estre, elle est apellee science ou congnoissance. Et en tant qu'elle congnoist toutes les choses qui se font au monde, on l'apelle vision. Item en tant qu'elle congnoist les choses bien faites et les bien fais, elle est appellee appreuvement ou approbation. (Somme abr., c.1477-1481, 164). Pour quoy il est a dire que Dieu congnoist le bien par ung seul moyen, c'est par sa propre essence. Le mal congnoist par double moyen, car par son essence il congnoist l'abit opposé et contraire a malice, et par le moyen de cest habit estant en lui congnoissant, congnoist le deffect et deffaulte, et pour tant dist on qu'il congnoist le mal et les choses mauvaises de loingz. (Somme abr., c.1477-1481, 166). Hachyn fut environ ce temps, comme plaist à aucun, souverain astrologien et grant philosophe et moult bien congnoissant la vertu des herbes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 r°). Finablement fault venir à nostre famille, que vulgariter on dit nostre maison, laquelle combien, mal ou bien, nous l'avons gouvernée, celluy seul le sçait qui tout congnoist. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 283).

 

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Connoistre Dieu. "Avoir une idée de la nature de Dieu" : Cy parle de la incomprehensibilité de Dieu. Le createur ne puet estre congneut de la creature plainement en ceste pelerination et en cest voiage, ne aussi au pays du royaume des cieulz (...). Comme dist Saint Eusebe : la trinité est congneue seulement a soy mesmes et a homme Jhesu Crist. (Somme abr., c.1477-1481, 133). Toutevoies Dieu puet estre comprins et congneut par foy aucunement en ce voiage. (Somme abr., c.1477-1481, 133). Il est a tenir et a croire que en cest voiage nous pouons congnoistre Dieu que il est et au pays du royaume des cieulz tel qu'il est et comme il est. Jamais toutevoies ne icy ne lassus porrons le congnoistre tout ce qu'il est. (Somme abr., c.1477-1481, 134). Les bons le congnoissent par goust espirituel. Comme dist le Psalmiste : "Goustez et considerez la doulceur et souefveté de Dieu." Et ceste maniere de congnoistre Dieu en ceste vie est la plus seure et parfaite. (Somme abr., c.1477-1481, 135).

 

-

Connoistre que. "Savoir que" : Et aussi qui cognoist que le subjet, c'est le corps, est bien disposé il cognoist que il a la char ferme et bien composee. (ORESME, E.A., c.1370, 276).

 

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Il est connu que. "Il est admis que" : Et il appert le contraire par la decretale qui conseille que non face pour eviter pechié mortal et qui suppose que il est allegué et prouvé ou cogneü que il l'a espousee et que il ne peut prouver que elle est sa cousine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318).

 

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Connoistre + interr. indir. : En ceste premiere et obscure appercevance sont unis toutes sectes, qui toutes ont entendement en gros que Dieu est, maiz toutes ne congnoissent pas qui Dieu est. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 171).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Connoissant. "Qui possède un savoir, qui a des connaissances" : ...l'ame est celestielle, Esperit legier, invisible, Tres cognoiscent et entendible (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 30). Secondement s'ensuit que Dieu a souveraine vie et congnoissance, car plus parfaicte est la chose vivant et congnoissant que les autres sans vie et congnoissance. (GERS., Trin., 1402, 160). Appoincté que les buefs seront prisiez et estimez par gens expers et congnoissans (FAUQ., II, 1421-1430, 54).

 

-

Part. prés. en empl. subst. Connoissant. "Celui qui possède un savoir" : Et ainsi appert qu'il y a pluseurs ydees, car elles emportent avec leurs significations congnoissance. Mais les choses congnoissibles sont distinguees dedens le congnoissant en son entendement. (Somme abr., c.1477-1481, 157).

 

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Inf. subst. "Connaissance, savoir" : Aultrement tu peulx en toy congnoistre mais cest de plus loing la semblance de la trinite selon trois choses qui sont en toy : il y a estre, il y a congnoistre, il y a vouloir. Tu es comme les autres creatures, tu as auec ce congnoissance et voulente. (CIB., p.1451, 203).

 

c)

"Distinguer plusieurs choses (p. oppos. ou p. anal.)" : Car je ne say, quant l'en me boute, Se ce sont ou bestes ou gent, Ne ne congnois le plonc d'argent (Mir. femme, 1368, 221). Cuides tu congnoistre le juste d'avecquez le pecheur, et estre certain du secret dez pensees dont Dieu a reservé a soy la congnoissance ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 50). Et semblablement [Mahommet] commanda faire cinq oreisons par jour et neuf genuflections, deux au point du jour, deux aprés medy, deulx aprés soleil absconsé, et troys aprés le souper, par telle condition que toute la nuyt fust exploittee a boyre et a mengier sans cesser, et a soy conjouir en toutes delices entre les bras dez femmez charnellement, jusquez a si cler jour que on peust congnoistre ung fil blanc d'un fil noir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 121). Je congnois bien mousches en laict (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois le beau temps du lait (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois qui besoigne ou chomme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois cheval et mulet, Je congnois leur charge et leur somme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois visïon et somme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54).

 

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[D'une chose] Connoistre qqn/qqc. de. "Faire distinguer qqn ou qqc. de (d'autres)" : Piz me fait que les nobles hommes y prennent si peu garde que a peu se laissent ja les pluseurs couller en l'ordonnance des autres, sans difference de meurs ne de voulentez, et ne craingnent aucuns encourre male renommee contre qui noble cuer doit avoir plus mortelle guerre que contre autres ennemis, et doivent contre les autres celle merche porter que leurs euvres les facent cognoistre des autres et que nul d'eulx en son semblable ne laisse tache de reprouche sans y donner le remede, comme firent les Scipions a Romme, quant ilz osterent a l'un des hoirs de Scipion l'Auffricain l'annel qu'il portoit, ou estoit empraint l'imaige du vaillant Scipion, pour ce qu'il ne faisoit pas les oeuvres de cellui dont il portoit si noble ensaigne. (CHART., Q. inv., 1422, 60).

 

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Part. prés. en empl. adj. Connoissant. "Qui distingue, qui fait la différence" : Quelconque nom se dit ou est dit de Dieu, est ou essenciel selon l'essence, ou personnel selon personne, ou notional signifiant ou emportant notion congnoissante. (Somme abr., c.1477-1481, 152).

 

2.

[Dans l'ordre de l'information]

 

a)

"Être au courant de qqc., être informé de qqc., disposer de qqc. comme d'une information" : Mais comment garderas tu la parole de Dieu se tu ne la congnois ? Comment la pues tu mieulx congnoistre que par l'escouter ? (GERS., Pent., p.1389, 71). Or je pri a Dieu qu'Il me doint Selon le bon droit que je y ay, Et que ja Dieu ne me pardoint S'oncques vers elle varïay ; Mais, puis que premier la prïay Et qu'elle congnoist mon desir, Je pri Dieu ou je me fïay Qu'Il ne lui doint pas pis choisir. (CHART., D. Rev., a.1424, 319). Sur quoy a esté respondu par ladicte Court, en effect, que ycelle Court a bien congneu et congnoist par experience leur grant souffisance et notables merites (FAUQ., III, 1431-1435, 40). ...nostre clerc, plus cognoissant et mieulx voyant que cy dessus, saillit en piez (C.N.N., c.1456-1467, 151). Mais comment seront elles certaines de la mort de leurs espoux ? Response : par le serement et jurement de cellui soubz qui ilz ont milité et des compaignons qui ont bien congneu la mort d'eulz. Et ce veu, elles se porront marier. (Sacr. mar., c.1477-1481, 72). Monsieur l'arcevesque de Vienne, pour satisfaire à la requeste qu'il vous a pleu me faire de vous escrire et mettre par memoire ce que j'ay sceu et congneu des faictz du roy Loys unziesme, à qui Dieu face pardon, nostre maistre et bienfaicteur (COMM., I, 1489-1491, 1). Et lequel duc Philippe de Savoye, congnoissant le bon traicté et accord que ledit conte avoit fait entre le roy et luy, qui n'estoit au dommaige de l'un ne de l'autre, il donna audit conte la somme de dix mil escuz d'or, dont, pour seureté de ce, il luy bailla la baronnye de Cleremont en Genevoys, pour en joyr luy et les siens (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 146). Duquel Charles de Meleun le roy ne congnoissoit pour lors sa maligne volunté, et ne vouldrent ceulx de la ville riens faire pour lui... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 196).

 

-

Avoir vu et connu qqc. "Être au courant de qqc." : Et, s'il vous plaist, Monseigneur le Chancellier, vous en direz le premier ; car vous avez veu et congneu tous les faiz du Roy et du royaume (BUEIL, II, 1461-1466, 155). CUPIDO. J'en vois parler vaille que vaille De ce que j'ay veu et congneu, Et puis celly qui sera gru, Si en prenne une douleance. (P. moyne, a.1500, 51).

 

-

Donner à connoistre à qqn... "Informer qqn de" : ...par fin il le fist (...) si comme je vous donray à cognoistre tout en tretant de la matiere et selon ce que je fuy infourmez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 236). Par foy, dist ly soudans, ilz [les chrétiens] ont ouy quelzques nouvelles que nous ne savons pas, ou ilz le font pour nous donner a congnoistre qu'ilz ont gens et vivres assez pour eulx deffendre contre nous. (ARRAS, c.1392-1393, 96).

 

-

Connoistre que. "Être informé que, savoir que" : Tu sçais et congnois bien que par parolles moy et tous les aultres prestres faisons d'une hostie, qui n'est que de bled et d'eaue, le precieux corps de Jesus Christ (C.N.N., c.1456-1467, 583). Je cognoiz qu'il n'est pas manteur ; Jehan baptiste a esté mon filz ! (Pass. Auv., 1477, 114). Alons Jhesus en terre mectre, Car si sa mere peut cognoistre Que l'ayés descendu de la sus, Oncques n'oÿtes telz habus (Pass. Auv., 1477, 244). Et en parla le roy à plusieurs notables gens de ceste matere, lesquelz la trouverent estrange, pour ce qu'ilz congnoissoient qu'elle n'estoit capable d'avoir lignée, et n'osoient parler nesung pour ce que le roy menassoit que tous ceulx qui vouldroient aller au contraire dudit mariage ne seroient point asseurez de leurs vies en ce royaulme. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 161).

 

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Connoistre + inf. : ...et si congnoys l'entendement du roy estre tel que... (JUV. URS., T. rever., 1433, 58).

 

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Connoistre + interr. indir. : Je vueil la chandelle alumer, Pour miex congnoistre et aviser Quelz homs il est. (Mir. femme roy Port., c.1342, 174). Si arraisonne Son compaignon a qui sa foy s'adonne, Et toute nuit la teste lui estonne De lui compter comme elle est belle et bonne, Et du semblant Qu'el lui a fait, comme il cuide, en emblant, Et qu'el müa sa couleur en tremblant ; Et demande qu'il lui en va semblant. Et le compains Qui congnoist bien comment il est attains, Pour lui plaire ne lui en dit pas mains ; Ains le scet bien de ses plaisirs haultains Lors blasonner. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 170). ...mais ces grans faultes que je diz estoient euvres d'hommes aveugléz de gloire, qui ne congnoissoient point dont ce bien et honneur leur venoit ; et y procedèrent selon leur nature et experiance. (COMM., III, 1495-1498, 102).

 

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[D'une chose] Estre connu. "Appartenir à ce qui est su, appartenir à l'information, être porté à la connaissance de qqn" : Ses maulx un chascun apperçoit, Dont mon cuer tout autant reçoit ; Qui dit qu'il a piz, se deçoit. La mort neü Nous a. Le cas est congneü ; Estre ne puet descongneü. Onq en France tel cas n'a eu. (CHART., L. Dames, 1416, 296). Toutes ces choses sont cogneues et notoires et m'en rapporte a Dieu qui les voit, et neantmoins je les passe, car ameres sont a ramentevoir, fors tant que je ne me pourroye tenir de dire que la legiere foy muable et petite loiaulté des subgez a ceste seigneurie est mouvement et occhoison de la venue de noz ennemis sur nous, qui autrement n'en eussent prins le hardement. (CHART., Q. inv., 1422, 28). Il affiert bien aux catholiquez savoir par quelle malice Mahommet seduisi tant de gens, et comme il tyra derechief les inconstans a folle et frustrative esperance. Car le mespris de sa charnelle doctrine bien congneue fait priser la foy catholique es esperis ou elle est emprainte. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 118). Se ces exemples forains ne suffisent, fay servir a ton esperance lez croniquez de ta nation, dont la similitude dez cas te pourra plus tendrement mouvoir par affection de nature, et mieulx confermer ta pensee, pour leur plus congneue certaineté. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 143). Ce procés tant plaisant et nouveau, affin qu'il fust de pluseurs gens congneu, fut en suspens tenu (C.N.N., c.1456-1467, 37). ...celle qui auparavant par sa beauté, bonté et genteté congneue estoit de pluseurs gens... (C.N.N., c.1456-1467, 37). ...pource que je ne vouldroye pas que ma science fust descouverte ne cogneue de pluseurs, il seroit expedient que je parlasse a vous a part. (C.N.N., c.1456-1467, 45). ...affin qu'il [un cas] soit enregistré et en apert congneu et declaré, il fut tel. (C.N.N., c.1456-1467, 163). ...une tresbelle damoiselle (...) qui mariée estoit, dont le bruit n'est pas si pou cogneu que le plus grand maistre de ce royaume ne se tenist treseureux d'en estre retenu serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 182). ...il leur nomma le nom du chevalier, lequel estoit tresrenommé es marches, mais pou cogneu des gens, a l'occasion que tousjours avoit esté hors du païs (C.N.N., c.1456-1467, 548).

 

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Connu (telle chose). "Étant donné (telle chose)" : Povre et loyal exercité Est vertu de grant excellence ; Mais, congneu la diversité Du monde, c'est la consequence. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 83). Or vous y portez tellement Que ne faillez a vostre emprinse, Car ce nous sera chere prinse De Josep ; cogneu son vouloir, Voulentiers nous feroit douloir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 778). PHEBUS. Par le conseil de celeste asistence En excersant mon naturel office, J'ay propheré contre (la) Vie sentence Qui aura lieu, congneu leur malefice. (Cene dieux, c.1492, 140).

 

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Part. passé en empl. subst. De connue. "Au su de tout le monde" : Et ainsi qu'ilz entrerent, les mareschaulx et gardes du champ leur firent faire serement qu'ilz ne se aideroient riens de charroy ne de baston, qui ne fut de veue et de congneue, et qu'ilz n'auroient alesnes, pouldres ne choses mussées qui ne feussent à la congnoissance des mareschaulx et gardes du champ (BUEIL, II, 1461-1466, 109).

 

b)

"Avoir un avis sur qqc."

 

-

Empl. abs. [En incise] Je connois. "A mon avis" : Et je congnois, si faictes vous trestous le vouloir de cestuy, si me semble que j'en seray trop mieulx servi et suporté en ma vieillesse et mes neccessités que de homme qui vive. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 68).

 

c)

ASTR. Connoistre (un événement situé dans l'avenir). "Découvrir, déduire (à partir d'une configuration céleste) un événement, le prévoir" : ...et finablement tant en sercherent d'iceux mouvemens et de leurs influences, comme dit la glose, que Adam et ses enfans congneurent qu'il seroit deux deluges, l'un par feu, l'autre par eaue, mais lequel devoit preceder ne sçavoient tous bonnement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 12 r°). Icelui Naptanebus voulut speculler ès estoilles aucunes fortes constellacions pour bailler les assaulx, et congneut, par les influences, la mort prouchaine d'un roy et ne povoit trouver qui il estoit, pour ce que jà avoit feble veue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°). ...après qu'il ot veue la nativité d'icelui chevalier, il congnut, sur la revolucion d'icelle année, que pour verité seroit occiz et le dist à la femme du chevalier (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). ...si les conseilz d'astrologie eussent esté et estoient tenuz, plusieurs choses mal faictes par les princes ne se feussent ne se feroient et la rapine de plusieurs gouverneurs se congnoistrait avant l'effect, par quoy se pourverroit de mieux. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 127 r°).

 

3.

[Dans l'ordre de l'expérience]

 

a)

"Faire l'expérience de qqc., découvrir qqc. (une chose concr., un lieu, ou une chose abstr.)" : Dame, dame, taise soy de tes loenges qui ne scet ne n'a cogneu ta misericorde. (Mir. ev. N.D., c.1348, 60). ...et aussi dit le vilain que l'enfant doit cognoistre la verge. (Bérinus, I, c.1350-1370, 13). Ma dame, se il vous plaisoit, il seroit bien temps que nous alissons voyagier pour congnoistre les terres et les pays, et aussi pour acquerre honneur et bon nom en estranges marches et contrees, par quoy nous feussions introduit de savoir parler avecques les bons des choses qui sont par estranges marches et pays, qui ne sont pas communes par deca. (ARRAS, c.1392-1393, 82). ...car par hanter les diverses contrees et pays et nacions, et par lire les anciens livres et les entendre, congnoist on le vif et le vray des choses semblans increables. (ARRAS, c.1392-1393, 311). LE MARQUIS. O Griseldis ! assez souffist Ta vraye foy et loyauté. La constance et l'umilité Et l'amour qu'a moi as eüe Ay pour esprouver coigneüe, Et ta parfaitte obedïence Ay trouvé par experïence (Gris., 1395, 94). Et premierement Mescreance clost et bande les yeulz de l'ame, affin que jamais ne voye ou congnoisce misericorde pour l'appeller. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Quartement tu congnoys par ung seul oeil le mouvement du temps passé, du present et du futur, sans toy mouvoir ; pourquoy ne pourra Dieu congnoistre toutes choses estre muables sans sa mutacion ? (GERS., Trin., 1402, 162). Aussi son port En fait assez tesmoignage et rapport Car il portë en son mot par deport, Comme cellui qu'Amours maine a bon port, "J'ay belle dame", Qui sans paine n'avint oncques a ame Et sans sentir le mal et l'ardant flame Qu'a la gaigner cuer amoureux enflame. Or l'a il belle, Si doit savoir qu'est l'ardant estincelle Et congnoistre le plaisir que l'en cele, Et bien jugier sans que nul en appelle. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 194). Souvienge toy que vie curial est de la nature des folles et dissolues femmes qui plus cherissent lez derniers venuz, et gettent les bras au col plus ardaument a ceulx qui les pillent et diffament, que a ceulx qui trop les ayment et servent. Et se tu veulz congnoistre fortune et te submettre a sa variableté, de tout temps en court la trouveras. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7). Ardent desir de veoir pays, savoir et cognoistre pluseurs experiences qui par le monde universel journellement adviennent, nagueres si fort eschaufa l'atrempé cueur et vertueux courage d'un bon et riche marchant (...) qu'il abandonna sa belle et bonne femme (C.N.N., c.1456-1467, 126). Le cuer audit marchant, non encores content, tant d'avoir veu et cogneu pluseurs choses estranges et merveilleuses, comme d'avoir gaigné largement, le feist arriere sur la mer bouter (C.N.N., c.1456-1467, 126). Faulse et desloyale, or voiz je et cognois bien vostre grand trahison ! (C.N.N., c.1456-1467, 465). Après qu'il eut cogneu les vertuz et doulces condicions d'elle (...) il la demanda a ses parens et amys (C.N.N., c.1456-1467, 557). L'advons ung poy Envolpé [le corps de Jésus] dedans ceste piece De toelle fine, sans destresse, Affin qu'en piesse Ne cogneustiés ce Que volons faire du corps mort (Pass. Auv., 1477, 245). Si ainsi est, il m'en desplait, Et une foiz le cognoistra. (Pass. Auv., 1477, 266). En luy et tous autres princes que j'ay congneuz ou servy, ay congneu du bien et du mal, car ilz sont hommes comme nous. à Dieu seul appartient la perfection. (COMM., I, 1489-1491, 1). Le père estoit plus dangereux, car nul ne congneüt oncques son courroux ; et, en faisant bonne chère, prenoit et trahissoit les gens (COMM., III, 1495-1498, 78).

 

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"Se rendre compte de qqc." : Helas, ce [les dépenses des officiers royaux] n'est pas a leurs despens, c'est de celluy du peuple, et le voient et congnoissent evidanment (JUV. URS., Verba, 1452, 282). Le prieur, de loing le voyant venir [un ivrogne], cogneut tantost son cas par les desmarches lourdes et malseures qu'il faisoit (C.N.N., c.1456-1467, 60). ...vous suffise que vous seul cognoissez ma folie, et que par vostre tarder elle ne soit cogneue de ceulx qui me deshonoreront, s'ilz en voient l'apparence. (C.N.N., c.1456-1467, 124). Quand le bon hoste entendit et cogneut leur rigueur, et que sa doulce parolle ne luy prouffitoit point, il leur nomma le nom du chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 548). Quant je congneü cela, il me sembla bien qu'il n'y avoit point de peril, et le manday au roy, lequel vint incontinent à la porte, bien accompaigné. (COMM., II, 1489-1491, 58).

 

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Connoistre que. "Faire l'expérience que, s'apercevoir que, se rendre compte que" : Le duc fut moult pensieus sus ces nouvelles et ne sceut que dire ne que faire ; car ja cognoissoit-il bien et avoit che sentement que touttes ces gens qu'il avoit là assamblez et amassez n'estoient point tous d'ung courraige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 66). ...s'il eust senti ne cogneult que elles se deussent approchier, il se fust assez plus hasté que il ne fist (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120). Le conte de Guerles pour ce temps, des parolles de son oncle l'archevesque de Couloingne fut tous esbahis, car il sentoit bien et cognoissoit que il luy remonstroit verité. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145). ...les gardes de la porte (...) quant ilz oyrent l'effroy et le buschier et gens parler et chevaulx hannir, cogneurent tantost qu'ilz estoient deceus et souspris. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 216). ...et quant il fu un pou prez, si oït sonner trompettes et getter canons moult horriblement ; et a l'approuchier congnut que c'estoit le gallaffre et le roy Braidimons de Tarse qui assailloient fort au port pour y prendre terre. (ARRAS, c.1392-1393, 130). Adont le jour se esclarcy, sy congneurent appertement nos marigniers que ils estoient devant l'isle de Chippre (Voy. Jérus., c.1395, 80). Ainsi m'en alay En penser que jamaiz ne lay, Et en un val ou j'avallay Apperceü Les dames qu'eu premier veü ; Et a l'approuchier congneü Que moult de dueil orent eü. (CHART., L. Dames, 1416, 208). ...ainsi que disoit le psalmiste : Gustate et videte quia suauis est dominus. Goustez et congnoissez que nostre seigneur est souef et amiable. (CIB., p.1451, 179). A ce cop cognois je bien que jamais ne vauldrez riens. (LA SALE, J.S., 1456, 9). ...a quoy cognoissez vous que mon devant est en dangier de cheoir ? Il me semble qu'il tient tant bien. (C.N.N., c.1456-1467, 39). Si tost que je vous oy respondre, je cogneu bien que c'estiez vous. (C.N.N., c.1456-1467, 112). Le gentil homme tantost congneut que toutes ses excusacions estoient erres pour besoigner (C.N.N., c.1456-1467, 120). Le marchand cogneut tantost qu'il en estoit noz amis ; mais il n'en voult faire semblant (C.N.N., c.1456-1467, 128). ...vous avez bien cogneu et apperceu que je suis amoureux d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 230). ...hurta sa main d'aventure a son tetin [celui de la chambrière], qu'il sentit tresdur et poignant ; et tantost cogneut que ce n'estoit point celuy de sa femme, car il n'estoit pas si bien troussé. (C.N.N., c.1456-1467, 250). ...vous verrez, s'elles pevent cognoistre que nous soyons a cela, qu'elles enrageront après nous [Déçus par la froideur de deux dames deux hommes décident de feindre l'indifférence à leur égard] (C.N.N., c.1456-1467, 363). Excepté ce jour, ne congneu jamais que on eust esperance de combattre, mais ceste fois chascun se y actendoit. (COMM., I, 1489-1491, 72). Mais, quant il le vouldroient ainsi faire, en ce cas et non autrement, et en ensieuvant ce qu'il vous a pleu me mander, j'estoie bien content que l'armée ne tyrast plus avant ; mais j'ay bien congneu qu'il ne quierent qu'à delayer le plus qu'ilz pevent. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 237).

 

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Connoistre + interr. indir. : [Amours] A son besoing prestemnent Il envoie Pourveance, qui l'adrece et avoie A cognoistre quel chose il doit emprendre (FROISS., Orl., 1368, 92). Et puis quant il s'i est boutez, Et s'est aprés bien advisez, Dieu sceit se il cognoit, lors a part, Comment des riches biens celez En doit avoir petite part. (LA SALE, J.S., 1456, 17). Si le prophete de la loy Estoit cest homme [Jésus], com on dit, Tantost eust cogneu, si Dieu m'ist, Quelle est la femme que le touche. (Pass. Auv., 1477, 153). Si vous me voulés adresser Et me conduire ma lance Droit au cuer ung peu sur la pance, Je le poulsarey si tresbien Que cognoistrés en son maintien S'il a vie ne tant ne quant. (Pass. Auv., 1477, 230).

 

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Empl. impers. Il fut bien connu que. "On s'aperçut que" : Et le lendemain, par matin, envoya Anthoine le chevalier de l'avant garde et le gentilhomme devers le roy d'Ausay, disant les paroles qui cy aprez s'ensuivent. Tant s'esploictierent qu'ilz vindrent en l'ost ou bien fu congneu que ilz estoient messagiers. (ARRAS, c.1392-1393, 158).

 

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Empl. abs. "Être expérimenté" : ...car, par adventure, autres qui sçavoient et congnoissoient plus que moy seroient et estoient lors de l'advis qu'il estoit, combien que riens n'y fut debattu, ne là ny ailleurs, touchant ladicte matière. (COMM., II, 1489-1491, 172).

 

b)

"Dominer qqc. grâce à l'expérience, à la pratique qu'on en a, avoir l'expérience de qqc." : ...ung escuier de Castille qui s'appelloit Doumighe Vagher (...) traversoit le pays et avoit à passer celle riviere et bien savoit que tous les pons estoient deffais ; mais il cognoissoit bien les avantaiges des passaiges et savoit ung pas où on pooit aisement passer eauve à piet et à cheval (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 89). ...prindrent les champs, sans tenir voye ne chemin, car bien cognissoient le pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 197). Chiere dame, plaise vous assavoir que je scay et congnois ce pays tout environ, et sachiez que a quatre ou a cinq lieues de cy n'a recest, ne forteresse nulle, excepté celle dont je me suy huy partiz, qui est environ a deux lieues de cy. (ARRAS, c.1392-1393, 7). Chascuns s'esmerveilloit fort de ce que ly contes demouroit tant. Et venoient attendre a la porte devers la forest et furent la grant temps, et tousjours venoient gens qui tousjours disoient comme les autres, et que ilz s'estoient esgarez toute la nuit contreval la forest, sans savoir tenir ne congnoistre voie ne sentier, dont ilz s'esmerveilloient tuit forment. (ARRAS, c.1392-1393, 28). Mais la ot ung chevalier qui l'ot [Gieffroy] nourry et doctriné, qui bien congnoissoit son fier couraige et comment il ne ressoingnoit nulle rien du monde. (ARRAS, c.1392-1393, 198). Pour ce, vueil je [le marquis] que tu [Griseldis] y soiez, Nonobstant ton petit habit, Car tu cougnoiz sanz contredit Mes condicïons et mes meurs, Et comment on doit les seigneurs Et dames ceans recevoir. (Gris., 1395, 90). ...en racontant les faiz qu'ilz cognoiscent a l'oeil, ilz demeurent en descognoissance de la cause. (CHART., Q. inv., 1422, 4). Mescongnois tu court ? Et si l'as tant essaiee ! Au moins ce fruit en deusses tu avoir rapporté que par la congnoistre tu la sceusses fouir et eschever. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7). Le petit Saintré, qui ja estoit tout asseuré et cognoissoit bien les paroles de Madame, feingnant estre esbay, ne disoit mot. (LA SALE, J.S., 1456, 62). Il ne sceut ce faire [préparer des verges] si celeement que sa femme ne s'en donna tresbien garde, qui n'en pensoit pas mains, cognoissant assez par longue experience la cruaulté de son mary (C.N.N., c.1456-1467, 264). Vous estes de malice plains, Faulx Juïfz, je le cognoiz bien. (Pass. Auv., 1477, 170). Vous dictes : "Ce sang soit sur nous Et puis sur nous enfans trestous." Dorenavant vous cognoistrés Ce sang sur vous, quant vous varrés L'ire de Dieu sur vous venir (Pass. Auv., 1477, 268).

 

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Connoistre que : Or congnois je bien orendroit Que pour bien faire on est onniz, Puis que Pitié, Justice et Droit Sont de cuer de dame banniz. (CHART., B. Dame, 1424, 358). ...l'autre, qui savoit bien le contraire, luy dist qu'il cognoissoit tresbien que si. [Un homme refuse d'admettre qu'il est amoureux] (C.N.N., c.1456-1467, 228). ...vous savez et cognoissez de fait que je suis prinse (C.N.N., c.1456-1467, 235). ...vous cognoissez que c'est ma maniere de vivre, mon art et mon mestier, auquel moien j'ay acquis richesses (C.N.N., c.1456-1467, 561). Car seurement touteffoys que gens ont fait une destrousse, c'est l'eure qu'ilz doivent craindre de rencontrer leurs ennemiz et c'est l'eure que l'en doit assaillir. Et fut bien congneu au Jouvencel. (BUEIL, I, 1461-1466, 146).

 

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Part. prés. en empl. adj. Connoissant. "Expérimenté, raisonnable" : Tu, Melusigne, qui es l'ainsnee et celle qui deusses estre la plus congnoissans, c'est par toy, car le scay bien, que ceste dure chartre et prison a esté donnee a ton pere, et pour ce en seras tu la premiere punie. (ARRAS, c.1392-1393, 12). Vous avez ung maistre puissant Qui maintient si noble maison, Prudent est et bien congnoissant Et de bon conseil a foison. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 201).

B. -

Connoistre qqn./Se connoistre

 

1.

"Identifier qqn, les qualités de qqn, avoir telle ou telle relation avec qqn (de familiarité, de contact social, de fréquentation...)"

 

a)

Connoistre qqn : ...ung escuier qui est de ce pays, qui s'appelle Gourdinos que bien cognissiez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 199). Et j'ay apris à connoistre m'amie, Car elle m'a sa foy à tort mentie (MACH., App., 1377, 642). ...dist et afferma en sa conscience que elle congnoissoit bien ladite Margot sa seur, et que, puis demi an ença, elle lui a esté baillée par ses pere et mere, afin de la aprendre le mestier et euvre de broderie. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 42). Et il passe le pont et vint dedens, et vint descendre ou lieu ou il avoit acoustumé de descendre, avant ce qu'il se apperceust qu'il eust perdu sa forteresse. Et tantost qu'il fu descenduz, il fu saisi de tous costez et liez fermement. Lors fu moult esbahiz, car il ne voit autour de lui homme que il congnoisse. Qu'est ce ? dist il. Quel deable sont mes gens devenuz ? Par mon chief, Glaudes, dist un chevalier qui bien le congnoissoit, tantost serez logiez avec eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 205). Je sui Gieffroy au grant dent, filz de Remond, le seigneur de Lusegnen. Quant le jayant l'entendy, si fut moult doulens, car bien savoit qu'il ne povoit mourir fors par ses mains. Mais non pourtant [il lui respond :] Je te congnois assez. Tu occeiz l'autre jour mon cousin Gardon en Guerrandon. (ARRAS, c.1392-1393, 264). LE MARQUIS. Froissart, il me semble que j'ay Ceste fille veu trop de foiz ; Di moy, se tu point la cougnois, Qui elle est et de quelle vie ? (Gris., 1395, 29). [La seconde dame] ...c'est bien raison Qu'aïde toutes lui façon, Qu'en lui a moult bonne personne. Son bon los de toutes pars sonne, Et toujours croist sa renommee, De bonne eure feust elle nee. Quant a dame l'avons eüe, Longuement l'avons congneüe ; Maiz certes a tous biens s'adonne. (Gris., 1395, 49). ...vous respondistes que vous aymeriez mieulz attendre la misericorde de Dieu jusques a mourir que faire ou ordonner chose qui fust contre nostre foy. Je congnois la personne qui pour ceste response devote en a plouré. C'est icy en verité belle response digne de vostre royale personne (GERS., Noël, p.1404, 312). Le herault estoit froit et cault Et vit que ce jeune seigneur Estoit oultrecuidé et chault Et avoit en lui pou d'onneur, Dont il estoit bien esbaÿ Car il avoit cogneu le pere. (CHART., D. Her., p.1415, 422). ...toutesvoie je vous congnois de jeunesse (JUV. URS., Prop. I, c.1438, 289). Dont j'en cognois aucuns qui, pour estre vrays amoreux et de bien loialment servir leurs dames, sont venus en si hault honneur que a tousjours en sera nouvelles (LA SALE, J.S., 1456, 9). Je cognois bien mon mary, dit elle ; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard, quand il seroit en la ville (C.N.N., c.1456-1467, 28). ...je suis tout certain, tant la cognois je, qu'elle vous eust tout le visage egratigné (C.N.N., c.1456-1467, 67). Je cogneuz au temps de ma verte et plus vertueuse jeunesse deux gentilz hommes (C.N.N., c.1456-1467, 362). ...monseigneur tel (...) je le cognois de pieça, il est, de sa grace, tout de ceans (C.N.N., c.1456-1467, 478). Je les hay tous, ce sont meurdriers : Je les congnois bien de pieça ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 40). Sus doncques, puis que suis congneu Et que vous et moy c'est tout ung, Esbatons nous, je suis esmeu, Faisons tout de propre commun. (Sots triumph., c.1475, 42). Par une famme qu'on cognoit Tout mal croit, Si elle non est de bon affaire. (Pass. Auv., 1477, 107). LE PRINCIPAL. Je pry a Dieu qu'il me confonde Se ne vela ung de mes gens, Je le congnois bien, je l'entens, Laissez le venir, laissez faire. (Sots gard., a.1488, 100). Se sont gens pour tenir les rens Et pour contreffaire les grans, Mais, par Dieu, ilz n'en ont pas ung, Je ne m'en raporte que aux gens Qui les cognoissent a chascun. (S. fol, c.1480-1490, 8). Et ainsi que ledit Voyaul s'en sortist hors d'icelle maison, qui ne savoit où s'en aller logier, et estoit bien deux heures de nuyt quant il apparceut à la lune un des clercs de maistre Jehan de Reilhac, secretaire du roy Loys, qui depuis fut general de France, lequel ledit de Reilhac avoit autreffoys congneu en la court dudit feu roy Charles. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 147).

 

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[Un animal] : ...si vous eussez autant cogneu mon bon chien, a qui Dieu pardoint, comme j'ay, vous ne seriez pas tant esbahy de la sepulture que je luy ai ordonnée [Le curé a enterré son chien dans le cimetière] (C.N.N., c.1456-1467, 541).

 

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"Faire la connaissance de qqn" : ...que maudicte soit l'heure qu'oncques je vous cogneu et que l'alyance fut de moy avec vous (C.N.N., c.1456-1467, 444).

 

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De quoi le connoissez vous ? "Que savez-vous sur lui ?" : Et les moines de layens vindrent au chappellain, et lui demandent : Qui est ce grant deable a la grant dent ? Il semble moult crueulx ; de quoy le congnoissiez vous ? Est il de vostre pays ? Par foy, dist le chappellain, ouïl. C'est Gieffroy de Lusegnen, un des bons et des preux chevaliers du monde. Et sachiez qu'il tient moult belle terre et moult noble. Et ceulx dirent : Nous avons bien ouy parler de lui. (ARRAS, c.1392-1393, 276).

 

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"Savoir qui est qqn" : En ceste partie dist l'ystoire que quant Gieffroy se fu partiz de Lusegnen, il erra tant par ses journees qu'il vint a Romme, et se tray devers le Saint Pere, qui lui fist moult bonne chiere quant il le congnut. (ARRAS, c.1392-1393, 275).

 

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Connoistre qqn de vue : ...lequel dist et respondi que il les congnoissoit bien de veue dès environ un an avoit, parce qu'il leur avoit veu querir leur vie à Saumur et aillieurs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 465).

 

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Connoistre qqn + attr. de l'obj. : ...il sentoient et congnisoient le dit mesire Jehan de Hainnau si vaillant et si prudent que il ne lor requerroit cose qui ne lor fust raisonnable. (FROISS., Chron. D., p.1400, 362). Il luy fault monstrer a bon escient que nous la cognoissons telle qu'elle est. (C.N.N., c.1456-1467, 238). Quant a moy je le cognois pour ung bon jeune homme et bon laboureur (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...il s'en ira a la taverne, et n'en retournera jusques au vespre bien tard ; je le cognois tel. (C.N.N., c.1456-1467, 527). Et ne fut ledit de Meleun plainct du roy ne d'autres grans personnaiges du royaulme, pour ce que on le congnoissoit fort inutile en ce monde et duquel la garde ne valoit riens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 212).

 

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[D'une pers.] Estre connu. "Être identifié par la communauté, avoir une certaine notoriété" : Je suis de ceste nascion Et bien cogneu loing et près. (Mir. parr., 1356, 22). Ilz (...) vindrent en la chambre où Trimelien estoit, et tantost ilz mistrent la main à luy et l'amenerent, voulsist ou non, ou palais. Vous poez bien croire qu'il y ot grant presse à lui veoir, car il estoit moult bien cogneus en Londres (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). Sire, dist Melusigne, il est bon que desormais ilz commencent a voyagier pour congnoistre le monde et les estranges marches, et aussi estre congneu et congnoistre les estrangiers. (ARRAS, c.1392-1393, 146). Anthoine fiert le destrier, lance beissiee, et fiert un chevalier par telle vertu que la targe ne le jaserant ne le porent garantir qu'il ne le portast mort par terre. Puis traist l'espee et fiert a dextre et a senestre grans coups et pesans. Et fu en pou de heure si congneuz a la bataille que le plus hardy de eulx tous ne l'ose attendre. (ARRAS, c.1392-1393, 161). ...et j'ay très bien tout appointté en ceste ville ; car j'ay myz aux portes bonnes gens et seurs que nul ne saille, s'il n'est congneu (BUEIL, II, 1461-1466, 127). ...je dy que le Roy ne peult mieux pourveoir ses bons souldoyers, qui loyaument l'ont servi, que de monseigneur le gouverneur de ce payz, que on appelle le Jouvencel ; car par ce nom il est mieux cogneu que par autre ; et, pour ce, ainsi l'ay voulu nommer. (BUEIL, II, 1461-1466, 156). Il estoit homme bien congneü des gens d'armes, car tousjours avoit eu charge tant des Florentins que du roy Ferrande, et se print à crier : "Petillano, Petillano !" (COMM., III, 1495-1498, 193). Et dict que ledit messire Guillaume de Rochefort luy dist qu'il ne luy eust baillé que lettres de creance s'il eust été congneu en Bretaigne, comme ilz font aux autres qu'ilz ont acoustumé d'y envoyer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 312).

 

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Non connu. "Inconnu" : Que advint il de Gedeon, ou temps de l'oppression que fist le roy de Madian sur Israël ? Ne desconfist il pas avecquez IIIc combatans C et XXm hommes, et delivra par haulte esperance son peuple de langueur et de misere ? Et toutesvoyes estoit il povre laboureur, homme non congneu, de petit estat et de basse famile, en la lignee de Manasse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 136).

 

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"Incognito" : ...li rois d'Engleterre en prope personne vint a Calais, non congneus de plenté de gens (FROISS., Chron. D., p.1400, 864).

 

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[De Dieu] : Et par ce appert que les bons qui par grace sont justifiéz ne sont seulement congneus eternelement de Dieu, mais aussi sont esleuz pour avoir grace. (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

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Connoistre Dieu : Car nulz ne peut ores congnoistre Dieu ainsi qu'il est, mais lors nous le congnoistrons en verité et non mie en mireoir (Mir. st Guill., c.1347, 4). La premiere rieule est que nulle des notions se dist par predication des personnes. Car on ne puet dire paternitas est le Pere, filiation est le Filz, spiration est le Saint Esperit, mais puet on dire par paternité est congneut le Pere, par filiation congnoist on le Filz, par spiration ou spirement congnoist on le Saint Esperit. (Somme abr., c.1477-1481, 151).

 

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Empl. pronom. [De plusieurs pers.] Se connoistre : Or se departirent le roy de Portingal et le duc de Lancastre d'Aurench et chevaulchierent ensamble, mais leur host estoient separez l'un de l'autre pour tant qu'ilz n'entendoient point l'un l'autre ne se cognoissoient. Et aussy ilz le firent en partie pour eschever les debas et les rihottes qui se peuissent mouvoir entre eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88).

 

-

Se faire connoistre : Je croy bien que son honneur croistre Doit vouloir chascun gentilhomme Pour soy faire amer et cognoistre, Quoy que la sayson n'est pas comme Elle estoit du temps noz ancestres, Car ceulx qui les vaillans faysoient Estoient les bons vaillans maistres Qui les vaillans recognoissoient. (CHART., D. Her., p.1415, 425).

 

b)

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui connaît qqn personnellement ou par réputation, personne que l'on connaît, relation, familier" : Que diras tu de tes congnoissans acointes, que tu as servis comme tes amys, fors que nom d'amy a esté commun a eulx et a toy, maiz l'amitié t'est a toy seul demouree. Toutesvoyes veult la loy d'amitié que son emolument soit reciproque, et doit retourner a celui dont il vient par egal gratitude. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 9). ...comme ledit suppliant soit homme de bien et d'estat doulx et paisible, et tousjours s'est gouverné et vesqu et conversé doulcement et paisiblement entre ses congnoissans, sans ce que jamais il fist chose qui fust digne de reprehension (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 104). Cestui predist par la science des estoilles plusieurs choses que puis advinrent aux Romains ; à cause de quoy il acquist memoire perpetuelle entre ses congnoissans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°).

 

c)

Part. passé en empl. subst. "Personne que l'on connaît, relation, familier" : Car amisté est tant seulement a ses cogneüs (ORESME, E.A.C., c.1370, 265). Sy [Claudius] appella deux des plus amis et congneuz de Livius, son compaignon (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43).

 

d)

Inf. subst. Faire son connoistre. "Se mettre à découvert, se démasquer" : ...la contesse d'Artois ne luy avoit encore rien congnu de son affaire, car du premier cop ne voulu mie faire son congnoistre pour tous dangiers jusquez a ung jour qu'ellez estoient a part (Comte Artois S., c.1453-1467, 121).

 

2.

En partic. "Avoir des relations sexuelles (avec une femme / par déviation sexuelle, avec un animal)" : Response. - Je dy par raison semblable seroit excusé le marié de cognoistre sa cousine quant il est jugié par l'eglise selon les drois. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318). ...encores miex l'aim [ceste main] Avoir perdue et mort sentir Que moy a tel fait consentir Que mon pére me cogneust Ne charnelment a moy jeust (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 18). ...lui retourné oudit hostel de abreuver lesdiz chevaux, il semblablement cognut et ot compaignie charnelle par deux fois à ladite jument, en l'estable dudit hostel, où elle estoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 188). ...falu qu'elle souffrist dudit Baudet que, malgré qu'elle en eust, qu'il la cogneust charnelment. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 511). Moult me merveille du corage De nostre sire, le marquis, Qui de sa voulenté a quis Grizeldis, nostre bonne dame, Qui si bonne est de corps et d'ame ; Et depuis qu'il l'a congneü En a deux beaux enfans eü Qu'on ne scet qu'ils sont devenuz. (Gris., 1395, 70). Il fut informé comme par vray que son filz charnelement congnoissoit sa femme. (LA SALE, Sale D., 1451, 152). Il cognoistra ta fille, et d'eulx viendra ung filz eleu de Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 98). Ung prestre seculier ou autre qui charnellement cognoist femme mariee, n'ara du pechié pardon se du mary n'est pardonné avant tout autre (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 132). Et se par artacion et indisposition elle est separee du premier mary qui ne le puet congnoistre charnelement, et elle soit mise avec ung aultre homme et soit faicte ydonie avec l'aultre homme, elle sera separee du second et remise avec le premier. (Sacr. mar., c.1477-1481, 78). Il y a difference entre ceulz qui sont impuissans par frigidité et les maleficiéz, car le froit ne puet congnoistre femme, ne aussi a mouvement en femme, ne voulenté de habiter, mais le maleficié puet aultre femme congnoistre que celle avec qui il est. (Sacr. mar., c.1477-1481, 78). Cestui Zabulon fist la nativité de [Pasiphaé] et de sa lubricité, et expressement nota qu'elle appecteroit bestes brutez et à la fin se fist au moïen Dedalus congnoistre charnellement au torel, où elle s'encloyst en la forme d'une vache. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 28 r°).

 

3.

Empl. pronom. réfl. [D'une pers.] Se connoistre

 

a)

"Être conscient (de son propre état)" : Mais Pierre de doleur estoit dimy mort et a peine se congnossoit ne sçavoit ou il estoit. (Belle Maguel. C., 1453, 34).

 

b)

"Avoir la capacité de mesurer ses propres qualités" : Or y pensez, belle Gantiere [dit la belle Heaumière], Qui escolliere souliez estre, Et vous, Blanche la Savetiere, Or est il temps de vous congnoistre : Prenez a destre et a senestre, N'espargniez homme, je vous prie, Car vielles n'ont ne cours ne estre Ne que monnoye qu'on descrye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57). Si me semble que les grans seigneurs et gentilzhommes, quant ilz vuellent applicquer leurs enffans à la guerre, ne doivent point avoir honte de les mettre au commencement soubz la main et conduite d'aucun bon cappitaine, sans leur bailler estat ne serviteur, par quoy ilz se puissent trop tost congnoistre. (BUEIL, I, 1461-1466, 59).

 

c)

[Au sens socratique (et comme moyen pour accéder à la connaissance de Dieu)] "Prendre conscience de soi-même et de sa condition" : Et n'est pas merveille se l'ame humaine se doit congnoistre, car elle est la belle ymaige faicte et formee du Souverain Maistre a la semblance de la Deité et de la benoite Trinité (GERS., Trin., 1402, 154). Se tu veulx bien penser a toy congnoistre tu trouueras en toy grant tresor pour forger larche de sapience. Regnum celorum intra vos est. (CIB., p.1451, 195). ...multi multa sciunt et seipsos nesciunt, plusieurs sceuent moult de choses et ne se congnoissent. Mais la science des aultres choses quant tu ne te congnois est vaine et ne fait que enfler par orgueil et ne edifie point par humilite. (CIB., p.1451, 196). O la tresbelle entre les femmes puis que tu te ignores et que tu ne te veulx congnoistre va ten, ys de la compaignie des bestes et va derriere apres les tropeaux de tes bestes, tu paistras les boucs. O dure sentence sur lame qui ne se veult congnoistre. (CIB., p.1451, 199).

 

-

[De Dieu] : ...car il [Dieu] a en soy et en son entendement la representacion et similitude de toutes les choses qui sont et iamais seront et ont este pour ce quil se congnoist parfaictement et quil a en soy toute perfection. (CIB., p.1451, 202).

C. -

Se connoistre à/en qqc. "Être compétent, expérimenté en qqc." : A mon chevet ay ceste lettre Trouvé. Gardez, oncle, que c'est. Ne m'y cognois fors tant qu'elle est Nouvelle escripte. (Mir. chan., c.1361, 177). ...pluseurs chevaliers et escuiers qui en armes se cognoissent (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 143). Et y a plusieurs des freres moignes de leans qui se congnoissent en courtillage (Voy. Jérus., c.1395, 48). Il fist escrire tantos une lettre qui contenoit auques la maniere dou sauf conduit, et puis le bailla au chevalier, et li dist : "Cambeli, tenés, qant vous venés par de dela, si le faites, par un clerc qui s'i congnoise, groser sus la fourme et ordenance que on a en France" (FROISS., Chron. D., p.1400, 753). ...selon l'opinion de ceulx qui s'i cognoissent (BAYE, I, 1400-1410, 217). Robert dit que le sire de Talboth tient ses heritages, qu'il ne se congnoist en plaidoieries (FAUQ., II, 1421-1430, 349). ...ce n'est point leur fait d'entendre au fait des finances, et ne s'y congnoissent (FAUQ., III, 1431-1435, 78). ...et ce est notoire entre les clercs qui se congnoissent en droit civil et canon. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 177). Et combien que je m'y congnois bien pou (JUV. URS., Nescio, 1445, 524). Et estoit chevallier en armes, docteur en théologie et medecine, en loix et en decret ; se congnoissoit en l'art de musique plus que nul aultre ; jouoit de tous instrumens tant bien que nul ne l'en pooit passer (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 70). Il fault que aiez homme qui se cognoisse bien en chevaulz et qui vous adresse a avoir bons serviteurs. (LA SALE, J.S., 1456, 70). ...vous ose bien dire que vous ne le porterez gueres longuement qu'il ne vous chiege [le "devant" de la meunière], tant m'y cognois je. (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...entre les aultres sa bonne mere, qui au mestier se cognoissoit s'en donna garde la premiere [de la grossesse de sa fille]. (C.N.N., c.1456-1467, 69). Je ne me cognois en ceste maniere, dist ung gentil homme, il nous fault festoier de nous mesmes. (C.N.N., c.1456-1467, 199). Par ma foy, dist son pere, je ne m'y cognois pas bien, mais je faiz grand doubte que vous ne puissez avoir aultre femme. (C.N.N., c.1456-1467, 341). "...et sommes tous d'opinion que Piètres et Foulliers garderont bien la place par le conseil du Mareschal, aussi que Piètres se congnoist en eschielle, comme vous sçavés." (BUEIL, I, 1461-1466, 133).

 

-

[D'une pers.] Connaissant à/en. "Compétent en, expérimenté en" : Jehan Hardoye et Lambert Blequebert, tous barbiers jurez dudit mestier, expers et congnoissans oudit mestier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 491). ...plusieurs personnes, tant tixerrans, cordouenniers, laboureurs, vignerons, come autres de divers estaz et mestiers, povres gens et non congnoissans en ce, se sont entremis et entremettent chacun jour dudit fait de courretage de chevaulx, en quoy pluseurs personnes, tant gens d'eglise, nobles, comme bourgeois et laboureurs, en ont esté et sont souvent trompez, deceuz et abusez par la faulte et coulpe d'iceulx courretiers (Paris domin. angl. L., 1424, 123). Et en ce devez bien adviser et avoir l'oppinion de gens ad ce congnoissans (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 34). Des perilz de mer saichent les destours et voyes et aussi les adresses de tous les portz et passaiges, et bien soient congnoissans en la carte et ès signes et estoilles du ciel où mariniers prennent leur regart et qui les adressent. (BUEIL, II, 1461-1466, 55). Cestui fut maistre de Ullixes, qui puis fut de subtil entendement et fut moult congnoissant en la science de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 r°). Cestui fut envoyay plusieurs foiz en Engleterre et à Romme pour aucuns differans, pour ce que, plus qu'autre, estoit congnoissant des faiz du royaume, pour ce que son pere avoit eu l'entremise de plusieurs grans afferes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

 

.

Non connoissant en. "Ignorant en" : Ainsi se meut question, comme à present, contre les astrologiens, mais il leur monstra bien qu'ilz estoient asnes et ebethés, et plus que ignorans et non congnoissans en lettres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 125 v°).

D. -

Empl. trans. indir.

 

1.

[D'une science] Connoistre de qqc. "Étudier qqc." : ...à vouloir maintenant eslongner et chasser de vostre royaume, et par consequent d'entour vous, ceste tant noble science de astrologie, ou au moins la brider en façon qu'elle ne congnoisse plus, fors seullement des mouvemens, qui sont de grant peine et de nul prouffit ou utille sans pratique (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).

 

2.

DR. Connoistre de/sur

 

a)

"Avoir compétence en/sur" : LE CONTE. (...) il est bien verité Que je ne puis pas ma conté Gouverner par moy seulement (...), j'ay mestier de garde, Qui mes villes justice et garde, Et qui congnoisse sur mes hommes (...). C'un juge establir y voulray. (Mir. enf. ress., 1353, 14). Car le prince ne peut congnoistre de tant de causes. Et convient que il face malveses commissions et distributions de biens d'offices et de honeurs. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 289). Et en parlant des meurs de ceulz de Gallie, l'ystoire met entre les autres choses a cest propos que la gent ordenee pour le divin cultivement et pour les sacrefices as diex, laquele gent il appelloient druides, cognoissent presque de toutes les controversies, et des homicides et des honnesces et des causes de heritage et des mettes. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 313). Premieremant que entre lesdis seigneurs de Beaujeu et de Vilars et lours aydans soit bone pays, fyns, et perpetuelle acors (...) sains ce que li ungs en puysse fere jamès guerre encontre l'autre principal ou aydanz, saul et reservé que des accions ou demandes que li ungs porroit avoir encontre l'autre, très hauz et puissans princes monssieur le conte de Savoye en puysse cognoytre, ordener, pronuncier et acorder de la volunté, conseil et consentement de deux chevaliers et ung clerc (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1378, 594). ..commectons [Bouciquaut] (...) de congnoistre (...) de tous les cas (...) perpétrez par les dessusdiz rebelles (Ch. VI, D., t.1, 1411, 338). Si aucun meffait en paix et il se transporte en autruy pais voisin, et les coustumes des deux pais sont adverses, question est qui en congnoistra. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 155). ...l'arcevesque de Reims a congneu ou temps passé de actions reelles (JUV. URS., Verba, 1452, 370). Item, ils congnoisteroient de leurs bourgois, estans en leur ville, sans plus, et en useroient selon leurs previlleiges, et non autrement ; et en ce estoit osté la congnoissance des bourgois forains. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 26).

 

b)

"Instruire et juger de/sur" : ...se vous avez auqune juridiction temporele par juste titre (...) vous povés cognoistre et juger dez choses temporeles, es mettes de celle juridiction seulement ; autrement, vous ne povés ne ne devés dez causes civiles ou crimineles cognestre ne juger. (Songe verg. S., t.1, 1378, 29). ...lez prelas de Saincte Eglyse puent cognestre dez causes personeles dez gens lays et de tant de temps que il n'est memoire du contraire. (Songe verg. S., t.2, 1378, 148). Et sont ces manières de proceder entendus quant es cas mobilières et de simples injures, dont l'en peult congnoistre en basse justice. (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 43). ...monseigneur le duc de Berry (...) estoit ordonné par le Roy à ordonner et cognoistre sur le fait des finences de ce royaume (BAYE, I, 1400-1410, 57). Et a defendu la Court et defent audit evesque que, jusques à ce qu'elle ait cogneu du cas privilegié, il ne procede contre ledit Marie à sa sentence diffinitive. (BAYE, I, 1400-1410, 322). ...le Roy mandoit à la Court qu'elle ne cogneust point de ladicte cause et que l'avocoit devent lui. (BAYE, II, 1411-1417, 94). ...et toutesvoyes on luy [Edouard] offrit que la court de Parlement en congneust et que justice fut faicte (JUV. URS., T. crest., c.1446, 29).

 

-

[D'un juge] Estre connu d'un cas. "Être saisi d'un cas" : Et disoit et rapportoit icellui Fauvel, par mesdiz seigneurs, que ilz mandoient et avoient volu et ordonné que par mons. le prevost de Paris feust cogneu du cas dessus dit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 184).

 

-

Connoistre de qqn. "Être chargé de réunir des informations sur une personne en vue d'un procès" : Et, de Droit civil, c'est assez cler que l'evesque ne peut cognestre d'un lay sanz le juge seculier (Songe verg. S., t.2, 1378, 155).

 

Rem. FEW, 847b : «mfr. nfr. connaître de "juger ; faire des actes d'instruction en une cause" (seit Est 1549)».

II. -

"Reconnaître qqn ou qqc."

A. -

"Identifier qqn ou qqc. comme un objet déjà connu, faire le lien à propos de qqn ou de qqc. avec le savoir précédemment acquis, reconnaître qqn ou qqc."

 

1.

Connoistre qqn. "Reconnaître qqn, l'identifier comme qqn de connu" : Mais il estoit si desguisiez et desconneüz que nulz ne le peüst adviser ne congnoistre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 148). Bien vous sarai connoistre, car vous estes saigniés D'une trache de sang qui va jusques au piés ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 514). Si tenrons les fenestres closes De la chambre (...) Afin que ne soiez veue En la face ne cogneue. (Mir. Berthe, c.1373, 205). Vray Diex, j'ay bien apperceu Que ces gens ci m'ont cogneu. Ne m'en merveil en verité, Car ilz ont mes voisins esté. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 290). ...adonc li moustra l'en ledit mesire Guy, et il le cougnut tantoust, et dist que c'estoit messire Guy La Personne. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 383). ... lequel enfant y fu mis audit jour et fu congneu par une femme laquele se disoit estre sa marrene, et aussi par la nourrisse, qui l'avoit nourry (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 530). Or vous alez donques armer et vous mettez en tel estat que nul ne vous puist congnoistre, et nous vous actendrons au dehors de la ville, et si vous menrons en tel lieu ou vous vous pourrez bien vengier a vostre aise. (ARRAS, c.1392-1393, 57). Quant il vint a la porte, il fu moult bien congneu et lui fut la planche avalee et la porte ouverte. On lui demande des nouvelles. (ARRAS, c.1392-1393, 159). Aulcuns Alixandre choisirent Et cognurent (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44). ...et par la congnoissance de l'image, comme de l'image du roy on congnoist le roy que elle represente, voire obscurement et imparfaictement. (GERS., Trin., 1402, 161). Mon seignieur, mon frere et amy, Vous soyés le trés bien venus. Je vous ay bien de loing cognus, En veniant pour le grand chemin. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 8). ...Madame, qui bien asseuree estoit que nulle de ses femmes ne la cognoistroit, prent la boursecte, et devant toutes la regarde (LA SALE, J.S., 1456, 57). Je congnois fols nourris de cresmes (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je pense qu'il y a une damoiselle qui ne veult pas estre veue ne cogneue. (C.N.N., c.1456-1467, 275). CHASCUN. Il fault que je soye remys Et congneu, je le voy tresbien. (Sots triumph., c.1475, 42). Ceste femme est fort marrie. Pouvre femme, doulce Marie, Vous ne cognoiscés plus Jhesus [(dont les traits ont été altérés par la torture)]. (Pass. Auv., 1477, 190). Joyeulx mondain, il estoit nuyt Et pour mieulx faire la cautelle Il n'y avoit point de chandelle, Car elle m'eust assez congnu. (B. veoir, p.1480, 17). Selond ce que je presupose, J'apperçoy cy venir Marie Qui retorne ; plus n'y varie, C'est elle, je la cognois bien. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 175). ...Saincte Veronne, qui comme les Juifz menoient Jesuscrist au mont du calvaire pour le crucifier, tout plain de sueur et de crachatz que les faulx Juifz lui avoient craché au visaige, tellement qu'on ne le congnoissoit, luy bailla unc couverchief pour se essuyer (Pèler. D., 1486, 340-341). Si se tyra vers ledit clerc et le salua, et, quant ledit clerc l'apperceut, si le congneut bien et luy demanda dont il venoit et s'il avoit souppé, lequel luy respondit que non et qu'il ne faisoit que arriver. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 147). ...il ne savoit où se retirer, tant pour ce qu'il estoit desja tard que aussi qu'il ne fust congneu d'aulcuns qui luy eussent peu faire quelque desplaisir, car, comme dit est, il avoit esté menassé par ledit admiral que, s'il le trouvoit, qu'il le feroit noyer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 147).

 

-

[Un animal] : Et, du lieu de Fontaine, ledit conte envoya Jehan de Harmes devant jusquez à Saint-Morise et luy dist qu'il chevauchast fort, car ceulx dudit lieu congnoistroient son cheval (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 181).

 

-

Connoistre qqn à/de/par qqc. "Reconnaître qqn par qqc." : ...tu le pourras congnoistre par les enseignes qu'il avra ou front (Bérinus, II, c.1350-1370, 39). La differance par quoy l'en congnoist toutes manieres de gens oudit pays est telle : premiers, les Sarrasins sont congneuz ad ce qu'ilz portent le faissel de linge blanc sur leurs testes (Voy. Jérus., c.1395, 43). La premiere enseigne dont il la congnut [Foy] estoit ung livre ancien, dont la couverture fut de couleur obscure pourtraite de divers seignes et figures entremeslees cerimonieusement, qu'elle portoit clos et ployé soubz son bras senestre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). Moult fut releessié Entendement et tres conforté de sa douleur quant il congneut par si cleres enseignes celle que tant souvent en l'estude de sainte Theologie et en ses secretes meditations il avoit suyvie et honnouree, et bien se attendoit estre par elle enluminé et getté hors dez doubtes qui le aguillonnoient (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 28). Et lors tirerent tous les crestiens, qui tous furent cogneus aux croiz qu'ilz portoient de diverses couleurs, et ceulz qui n'estoient mors furent portez et menez en l'ost et puis es bonnes villes pour les garir (LA SALE, J.S., 1456, 221). Je congnois le maistre au varlet (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Par ma foy, dame, je suis vostre mary, et ne me cognoissez vous au parler ? (C.N.N., c.1456-1467, 112). Aprés LA CHAMBETIERE de l'ostés A saint Pierre a raconter : Je te cognoys a ta parole, Je te cognoist, tu es d'escole. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 87). SOTOUART. Dieu luy pardoint tous ses meffais, De tous folz il portoit le fais, Comme premier sailloit en place, On le congnoist a ses effais, Il a composé mainte farce. (Vig. Trib., c.1480, 230). C'est ung mignon especial. Je le congnoys bien a sa myne (Sots gard., a.1488, 106). Et estoit sus le portal de laditte porte la femme de Jehan Cueur-de-Roy, natif de Bretaigne, boulengier, messire Jehan Marchaiz, prebstre, et Jehan le Fevre. Laquelle femme congnut ledit conte à son parler ; pourquoy elle descendit en bas et ouvrit la porte. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 180).

 

.

Prov. À l'ouvrage on connaist l'ouvrier. V. ouvrier

 

-

Connoistre qqn de qqn. "Reconnaître qqn p. oppos. à qqn d'autre, distinguer qqn de qqn d'autre" : ...et ne congnoit on une paillarde d'une preude femme. (JUV. URS., Nescio, 1445, 547).

 

-

Se faire connoistre. "Révéler son identité" : Par ma foy, pour neant je me suis traveilliez de y venir, car je y cuidoie trouver mon pere et ma mere, maiz il m' est aviz que non feray, car pour nul avoir ilz ne s' i oseroient faire congnoistre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 357). ...ce poise moi que vostre nepveu s'est fait congnoistre a vous (Bérinus, I, c.1350-1370, 365). Sachiez que encores vit Jossellins de Pont le Leon, et a un filz qui gouverne a present toute la terre de Leon, qui doit estre vostre. Vous en yrez devers vostre oncle Alain de Quemeninguigamp et vous ferez congnoistre de lui, et il vous croira assez de ce que vous lui direz. (ARRAS, c.1392-1393, 50).

 

-

Empl. pronom. réciproque "S'identifier les uns les autres, se reconnaître" : Quant ilz ouyrent leurs gens, ilz demanderent : "Qui vive ?" Et ilz respondirent : "Sainct Michel ! Parvanchières !" qui estoit le cry de la nuyt. Puis assemblerent ensemble et se congneurent et demanderent :... (BUEIL, I, 1461-1466, 206).

 

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Ne pas se connoistre en qqn. "Ne pas reconnaître qqn, être dérouté par le comportement inhabituel de qqn" : Par ma foy, frere, tant que a mi, Je ne me cognois plus en vous. Je vous tenoye saige sur tous ; Mays vous monstré bien le contrayre. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 92).

 

2.

Connoistre qqc. "Reconnaître qqc., l'identifier comme qqc. de connu" : Et nonpourquant, se je veoye celle mer, je la cuideroie bien congnoistre selon ce que j'en ay oÿ compter (Bérinus, I, c.1350-1370, 209). ...oncques jour de sa vie il ne print en l'ostel dudit Michel Le Moine les deux tasses d'argent par lui cy-dessus congneues (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 20). En somme tant estoit cellui habit changié par empirement de couleur et de beauté que ceulx qui tel le bastirent a paine y cognoistroient leur ouvraige. (CHART., Q. inv., 1422, 8). ...combien qu'il soit seul tout puissant a fayre son vouloir de ses dons et graces, avecques ce est il juste et droicturier a les bien emploier, et ne les ottroye pas a ceulx qui les mesprisent et ne les demandent, maiz les soustrait aux ingratz qu'ilz ne les congnoissent ["qui ne les identifient pas comme venant de Dieu"]. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 150). ...la court de Parlement contraindra ung cardinal evesque ou arcevesque a congnoistre son seing manuel, et quant il aura congneu a garnir (JUV. URS., Verba, 1452, 370). "Ne savez-vous pas bien, dit le conte, qui est cellui qui vous osta vostre gantelet ?" "Non, Monseigneur, dit-il. Mais si je veoye mon gantelet, je le congnoistroye bien." (BUEIL, I, 1461-1466, 224). Je n'y congnois ne blanc ne gris. (Sots triumph., c.1475, 40). Mais jamais je n'ay congneu prince qui ait sceu congnoistre la difference entre les hommes (COMM., I, 1489-1491, 78).

 

-

Connoistre lettre. "Savoir épeler" : Requis se il scet lire ne congnoistre lettre aucune à lui sur ce monstrée, dit que non, par ce que dit est, et qu'il n'a point frequanté l'escolle ne aussi aprins à lire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 75). Et pour savoir s'il est voir ou non, lui a esté monstré le Sautier, ouquel et sur lequel l'en a acoustumé de examiner et esprouver ceulx qui dient qui sont clers, pour savoir de lui s'il sauroit lire ou cognoistre lettre aucune. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 103).

 

-

Connoistre que : ...il la choisit, et congnut visiblement que c'estoit Foy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26).

 

-

Connoistre + interr. indir. : Les autres savoient congnoistre, Fust seculers ou fust de cloistre, Li quels pensoit a fausseté, Et li quels voloit loyauté (MACH., D. Lyon, 1342, 215). Je congnois quant tout est de mesmes (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois quant parleur gergonne (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54).

 

-

Connoistre qqc. à qqc. "Reconnaître qqc. par qqc." : Car elle est sage et parcevant De congnoistre un cuer decevant Au maintieng et a la parole (MACH., R. Fort., c.1341, 66). A tes diz cognois je bien le vouloir de ton courage et que, quant tu pues et oses, tes faiz et tes parolles sont en rigueur, mais quant crainte te oste le hardement, encore demeure ton langaige aigre et poignant pour tousjours courre sus par detraction a meilleur de toy. (CHART., Q. inv., 1422, 40). Ceste tresscandaleuse faulte est venue de plus haut que de toy ne de moy, quant ceulx qui ont eu a departir les guerredons des biensfaiz et des honneurs les ont donnez aux robes et aux apparences de dehors, dont chascun a prins tele instruction que fort est de congnoistre l'estat des hommes a leurs habiz ne de choisir ung noble home d'avec ung ouvrier mecanique. (CHART., Q. inv., 1422, 41). Je congnois a la robe l'homme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois au pommier la pomme, Je congnois l'arbre a veoir la gomme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois pourpoint au colet (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Je congnois le vin a la tonne (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54).

 

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Prov. : Car certes je scay bien que je n'ay mie sens pour bien faire si haulte histoire comme ceste est, qu'il n'y ait a dire, mais on dit souvent qu'a l'euvre congnoist on l'ouvrier ; et de petit mercier, petit pennier. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : ...le signe de mort se congnoist quant le polz fault (JUV. URS., Loquar, 1440, 429).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Connoissant. "Reconnaissable" : Il a dedens [dans sa baniere] ung eschicquier ; cela est assés congnoissant (Saladin C., c.1465-1468, 101).

B. -

"Reconnaître comme vrai, comme réel"

 

1.

"Admettre qqc. pour réel, pour vrai, le reconnaître comme tel" : ...et toutes ses causes et besongnes excuser, deffendre et essoinier, pledier pour elle, entamer plait ou plaiz, convenir, reconvenir, proposer, et, se mestiers est, par escript bailler toutes manieres de faiz, raisons ou exempcions declinatoires, dilatoires, perhemptoires et autres quelconques, repliquier, dupliquier, tripliquier, congnoistre, nyer, advoer, desadvoer (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 158). ...je ne saveroie Le fait congnoistre ne niër. (MACH., J. R. Nav., 1349, 166). Et le joenne de meurs qui est en aage et poursuit ses volentés a la oÿr [la science] proffite en cognoissant sa misere et ce que il deüst faire, par quoy il se puet mouvoir et disposer a bien. (ORESME, E.A.C., c.1370, 107). Adoncquez icelle dame congnut sa contrition et le vit humble et docile. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). ...et devez doncques congnoistre que estes homme (JUV. URS., Nescio, 1445, 451). Par ma foy, dist frere Aubry, seur Jehanne m'amye, je cognois ce que vous dictes. [Soeur Jeanne vient de faire l'éloge de son corps] (C.N.N., c.1456-1467, 308). Je cognoiz bien - la chose est seure - Qu'on a fait ung tresgrant peché D'avoir mis a mort a cest'eure Ce bon Jhesus (Pass. Auv., 1477, 233).

 

-

Connoistre mal. "Admettre à tort" : ...on luy disoit bien, puis l'un, puis l'autre, que c'estoit de luy mal cogneu et a sa femme pou d'honneur porté [Un bourgeois croit avoir reconnu sa femme dans le lit de son voisin] (C.N.N., c.1456-1467, 27).

 

-

Connoistre que. "Admettre que" : Las ! qui cuidast Qu'alors tel congié demandast Et qu'a moy se recommandast, Sans que jamaiz m'en amendast, En descroissant Les joies ? Cuer n'est congnoissant Jamaiz qu'Amours soit si puissant Comme quant maulx le vont froissant. (CHART., L. Dames, 1416, 266). Tournez voz yeulx et convertissez vostre jugement sur vous mesmes, denuez voz pensees de toutes affections qui vous meuvent a part, et vous cognoistrez que les pluseurs de vous laissent la seigneurie dont vous estes subgiez sans defense exposee a toute fortune, comme la nef degetee par tempeste de mer qui va la voille baissee ou le vent et les vagues la dechacent. (CHART., Q. inv., 1422, 13). Haa, mere, jadiz habondant et plantureuse de prosperité et ores angoisseuse et triste du declin de ta lignee, je reçoy bien en gré ta correction et cognois que tes plaintes ne sont point desraisonnables ne sans cause, maiz trop m'est amere desplaisance que j'aye de ce meschief la perte et le reproche ensemble et que m'en doiez en riens tenir suspect quant d'autruy coulpe je porte la tresaspre penitance. (CHART., Q. inv., 1422, 20). Juge tes faitz par aultrui, si congnoistras que l'issue de ton cas est sur toutes choses redoutable, quant tant d'anciens sages philosophes qui ont resisté a fortune par sapience n'ont sceu sans mort eschapper les curiaulx maladventures. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 9). Maiz plus dure chose y a ; car lez prelas se vivent et continuent comme exemps du devoir de leur estat et de la cremeur de Dieu. Congnoissent au moins que ["qu'ils admettent au moins que"] Jhesu Crist est le souverain evesque de l'Eglise, dont le testament fut de humilité et de charité, et de qui jugement nul ne pourra appeller. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 58). Congnoiz maintenant que oreison porte confort et proufit, et tieng tant de moy que oncquez oroison ne fut presentee de bon cueur a Dieu sans apporter fruit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152). En regardant doncquez les choses prouffitables d'embas, et contemplant les choses merveillables d'en hault, congneurent ilz [les premiers hommes sur terre] grossement que leur soustenement despendoit de plus haulte puissance que de celle d'omme. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 171). Quand le bon seigneur a cogneu a la verité que mes parolles n'estoient pas fainctes... (C.N.N., c.1456-1467, 210). Je cognois, dist il lors, que vous dictes voir. (C.N.N., c.1456-1467, 267).

 

.

"Être conscient que" : En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures, qui est maistre de toutes les choses faictes et a faire, qui doivent tendre a perfection de bien et les autres pervenir selon les vices des creatures. Et pour ce, au commencement de ceste hystoire, je, cognoicent que je ne soye pas digne de lui requerir, supplie a sa haulte dignité que ceste histoire je puise achever a sa gloire et louenges, et au plaisir de mon tres hault, puissant et redoubté seigneur, Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d'Ouvergne, conte de Poictou et d'Ouvergne (ARRAS, c.1392-1393, 1). Beaulx seigneurs, premierement je rens graces a Dieu et a vous après, de l'onneur dont il m'a presentement pourveue, car si povre orpheline comme je sui n'est pas digne d'estre assignee en si hault lieu que d'avoir la fleur de chevalerie et de noblesce de toute crestienté. Et d'autre part, je sens et congnois que vous, qui estes mes hommes, qui veez plus cler en mes besoingnes que je ne fais, ne me conseilleriez chose qui ne feust mon prouffit et mon honneur ; si ne vous doy ne ne vueil desdire, mais suis preste d'obeir a vostre plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 170).

 

-

Connoistre + interr. indir. "Prendre qqc. en considération" : ...et congnoissez entre vous se il y a aucun qui s'en soyt entechez, et vous reformez. (JUV. URS., T. rever., 1433, 70). ...quand je cognois quelx sont vostre aage, beaulté, et l'inclinacion de la secrete et mussée chaleur en quoy vous abundez, il me semble pas possible qu'il ne vous faille (...) avoir compagnie d'homme (C.N.N., c.1456-1467, 562).

 

-

Connoistre + inf. : ...par icelle Marion ledit coustel est cogneu estre et appartenir audit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 383). Lettres obligatoires : Primes, ung brievet de Chastelet, par lequel Franchois Lorfèvre, chaussier demourant a Paris, confesse devoir au dict deffunct (...) sur le dos duquel brievet est contenu qu'il en a paié en chausses (...) Item, une cedule en parchemin, escripte de la main maistre Gerard de Versigny, chanoine de Laon, par laquelle il cognoist devoir au dict deffunct I. couronnes, et est escript au dos, de la main du dict deffunct, que de la dicte somme il a receu XXV couronnes. Item, un constitutus, par lequel Thierry Sadon voirrier cognoist devoir au dict deffunct cy (Invent. test. beauv. L., 1397, 52). Jehan Tarenne, changeur et bourgeois de Paris, a congneu et confessé avoir receu de la Court de Parlement (...) la somme de deux cens livres tournois (FAUQ., I, 1417-1420, 42). ...vous ne dictes chose que je ne cognoisse estre vraye (C.N.N., c.1456-1467, 295). ...touteffoiz l'on a depuis congneu son conseil aver esté utille, s'il eust esté observé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°).

 

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Connoistre qqc. à redire : Quant je considere ces testes Entassees en ces charniers [on entassait les squelettes au cimetière des Innocents, pour faire de la place], Tous furent maistres des Requestes, Au moins de la Chambre aux deniers, Ou tous furent portepaniers ; Autant puis l'un que l'autre dire, Car d'evesques ou lanterniers, Je n'y congnois riens a reddire. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 133).

 

-

Connoistre qqc. à qqn. "Concéder (un point), reconnaître (un argument) à qqn" : Se tu diz : "Voire, mais li sien Est vray Dieu," je le te cognois, Et si te dy qu'aussi tu vois Mon ainsné filz Dieu estre en terre (Mir. mère pape, c.1355, 351).

 

-

Empl. pronom. Se connoistre + attr. "Admettre qu'on est..." : Par le sang bieu, s'il estoit heure Je me congnoistroie bien a bout. (Est., p.1460, 27).

 

-

Se connoistre en jugement. "Comparaître pour admettre l'escroue du jugement dont il est fait appel, qui sera lue à la cour et sur laquelle celle-ci se prononcera en droit" (Éd. Soudet, 11, n. 3) : ...Colin Baron, d'une part, et Jehan Le Tavernier le jeune, d'autre, se furent (...) congneus en jugement (Mémor. Echiq. Archev. S., 1381, 11).

 

2.

En partic. "Avouer qqc., reconnaître (un tort, une faute...)" : Et pour ce que trop fort mespris, Quant a dame de si haut pris M'osay nullement aastir De plait encontre li bastir, Je, Guillaumes dessus nommez, Qui de Machau sui seurnommez, Pour mieus congnoistre mon meffait, Ay ce livret rimé et fait. (MACH., J. R. Nav., 1349, 282). ...et illec persevera esdites confessions par lui faites, et autre chose ne cognut ou confessa. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 149). ...oultre et par-dessus les confessions cy-dessus escriptes, par lui cogneues... (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 189). Laquelle promesse le tribun lealment luy obtint, car il congneust bien son tort (LA SALE, Sale D., 1451, 152). ...me pardonnez au surplus que je vous puis avoir meffait. Je cognois mon tort, je cognois mon cas (C.N.N., c.1456-1467, 29). Mais au fort en fin elle fut ad ce menée qu'elle cogneut son piteux cas (C.N.N., c.1456-1467, 69). ...neantmoins, pour ce que l'en vous a rapporté que vous avés ce fait par faulces et malvaises inductions et seductions d'aucuns, et dont depuis congnoissans la faulte par vous faicte avez esté et estes desplaisans, nous, ayans pitié et compassion du pouvre peuple de nostreditte ville et desirans eschever tant que possible est tous inconveniens, avons voulu differer de plus avant y proceder jusques à ce que aurons fait parler à vous aucuns noz conseilliers (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 266).

 

-

Connoistre qqc. à qqn. "Avouer qqc. à qqn" : Et quant elle luy eut confessé verité et congneu la traïson, il la juga a mourir honteusement (Nouvelles inéd. L., p.1452, 65). ...tant fu la hantise amoureuse dez deux damez que l'une ne pooit sans l'autre et de pluiseurs chosez secretez se devisoient souventefois aussy priveement que se ce fussent deux seurs germainez, sauf toutevoiez que la contesse d'Artois ne luy avoit encore rien congnu de son affaire (Comte Artois S., c.1453-1467, 121).

 

-

Connoistre que. "Avouer que" : ...oultre et par-dessus les confessions cy-dessus escriptes, par lui cogneues, congneut et confessa que, ou temps qu'il estoit varlet et famulier de maistre Clement de Reillac, advocat en parlement, il mal print et embla, en la chambre dudit son maistre, une espée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 189). ...il n'avoient oncques volu cognoistre que lesdites bateures il eussent faites à la denonciacion, promocion ou requeste d'icelle prisonniere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 255). Voyez comment maint jeunes homs est mort Par offensser et prendre autruy demaine. Chascun en soy voye sa mesprison ! Ne nous vengons, prenons en pacïence : Nous congnoissons que ce monde est prison Aux vertueux franchis d'impacïence. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 62). Jugement (...) que dit coment, quant un marit ne gouverne mie sa femme et qu'il congnoit qu'il n'ait mie le povoir, il convient bien qu'il esxuroicet sa femme, son corps et ces biens, mais il fault qu'ilz vicquoicet des biens sa femme avec lei. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1335], 128). Jugement de Jehan de Waudrewange, le chaingeour, d'une pairt, et de Isaibel, la femme Jaicomin, (de) d'Aié que fuit, d'autre pairt, que dit coment on puelt bien faire estaller ung homme pour debte qu'il doit sans escripts ou demener son heritaige pour la debte a paier, ou cais qu'il congnoit a lit de la mort par devant plussieurs bonne gens qu'il doit la debte. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1365], 421).

 

-

Connoistre + inf. : ...par devant ledit official, lesdiz Jaquet et Jehannin avoient cogneu avoir feru, batu et navré ledit Rotisseur (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 255). ...sur les carreaux dudit Chastellet, hors de toute question, ycellui prisonnier a congneu et confessé avoir mal prins en une taverne vers le carrefour Saint-Severin une pinte d'estain par lui vendue vers Saint-Germain-l'Aucerrois VIIJ d. par. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 469).

 

-

Se connoistre + inf. : Et pour ce que je me cognois avoir si grandement mespris et failly (LA SALE, J.S., 1456, 233).

 

3.

Connoistre qqn/qqc. "Reconnaître, apprécier la valeur, les mérites de qqn ou de qqc." : ...dont a la parfin le très vaillant prince ne fust pas bien congneu, ains fust très mal et villainement merité. (LA SALE, Sale D., 1451, 252). Par lequel a tous ses biens fais [Solon] ne fust pas conneux ; ains lui en convint fouir en Chippre en sa viellesse... (LA SALE, Sale D., 1451, 261). "...Et vous tenez seurs que je vous pourverray ; car vous le valez de voz personnes et m'avez si bien secouru et servi que je seroye roy descongneu, se je ne vous congnoissoye ; et aussi c'est raison que la requeste de vostre amy vous vaille." (BUEIL, II, 1461-1466, 174). Car ne cognoiscés Les grans biens qu'estoyent au prophete [Jésus], Ne la perdicion que advés faicte En tout vostre pays hebrieu ! (Pass. Auv., 1477, 273).

 

-

Connoistre qqc. à qqn. "Reconnaître (une compétence) à qqn" : Sy advint que cestui conte de Saint Pol (...) s'en alla vers le cardinal d'Avignon, legat en France (...) et obtint lettres et bulles papales dudit cardinal, comme legat (...), et, icelles obtenuez, vint et les fit publiier en leur vertu es pays du duc alencontre de Croy, meismes en ceulx la ou le legat n'avoit nulle juridiction, comme en l'Empire, et la ou le duc ne luy devoit riens cognoistre ne donner. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 82).

 

.

"Reconnaître à qqn le mérite de qqc., être reconnaissant de qqc. à qqn" : "Saintré, faictes bien seullement, car nous le vous congnoisterons." (LA SALE, J.S. E., 1456, 111).

 

-

Mal connu. "Mal reconnu" : A cest argument se efforcent aucuns de donner solucion en disant que ainsi a il tousjours esté, et ne fut oncques que en court de prince n'eust des services mal congneuz et des biensfaiz mal deserviz (CHART., Q. inv., 1422, 51).

C. -

"Reconnaître, avouer (une autorité, un pouvoir, Dieu...)" : A quoy est-ce bon que ce duc d'Irlande est si bien du roy ? Nous cognoissons bien son estraction et sa venue et que le royaulme d'Angleterre sera du tout gouverné par luy (...) Ce ne fait pas à souffrir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19). Je congnois le pouoir de Romme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). Pour complaire a leur malefice, Je me suis mis en ung destroit Ou nul d'eulx ne me congnoistroit. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 906).

 

-

Connoistre que : Cilz de Galles respondirent qu'ilz estoient tenu de obeir au roy et à son commandement, et que souverainement à luy devoient-ilz foy et non au fort à aultruy, car ilz cognoissoient bien qu'il estoit leur roy et leur sire ; si yroient partout là où il les vouldroit envoier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 49).

 

-

Connoistre + inf. : Je t'ay touz jours en cuer eu Et confessé et cogneu Seul vray Dieu estre. (Mir. st Lor., 1380, 181).

 

-

Connoistre qqn à. "Reconnaître qqn comme" : Je vous congnois [Marie d'Orléans] , noble Dido, A ma seule dame et maistresse. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 44).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 19/50 
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     CONNUE     
FEW II-1 cognoscere
CONNUE, subst. fém.
[T-L : conëue ; GD : coneue/conue ; FEW II-1, 845a : cognoscere]

Estre de vue et de connue. "Se produire au vu et au su de tous" : Et ainsi qu'ilz entrerent, les mareschaulx et gardes du champ leur firent faire serement qu'ilz ne se aideroient riens de charroy ne de baston, qui ne fut de veue et de congneue, et qu'ilz n'auroient alesnes, pouldres ne choses mussées qui ne feussent à la congnoissance des mareschaulx et gardes du champ. (BUEIL, II, 1461-1466, 109).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/50 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     CONNUEMENT     
*FEW II-1 cognoscere
CONNUEMENT, adv.
[*FEW II-1, 845a : cognoscere]

"De manière à être connu" : Note (...) : congnuement, congnoissamment (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 329).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 21/50 
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     DECOGNITION     
*FEW II-1 cognoscere
DECOGNITION, subst. fém.
[GD : decognicion ; *FEW II-1, 848a : cognoscere]

"Connaissance" (synon. cognition)

Rem. Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des Princes, 1444 (ms. déb. XVIe s.), ds GD II, 446b (sans aultre artificielle decognicion). Mot douteux. Lire de cognicion ? Mais un subst. fém. artificielle ne semble pas attesté.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 22/50 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     DÉCONNAISSABLE     
FEW II-1 cognoscere
DECONNAISSABLE, adj.
[FEW II-1, 846a : cognoscere]

"Méconnaissable" : Car comme la face de son mari par l'enroulleure des armes moitié mengiée et toute emplie de puanteur toute ensanglantée, pouldreuse, chargiée et tachée d'ordure, toute palle et noircie qui ja estoit comme descongnoissable ne pot estre muciée à celle femme, tant ardamment l'amoit ne la punaisie du corps ne l'ordure du vïaire n'ont peu empescher qu'elle ne le baisast et embrassast estroitement, ne le edit et commandement du roy Creonce ne la pot retraire qu'elle ne criast à haulte voix : lasse, lasse, j'ay trouvé cellui que j'amoie, et qu'elle ne plourast par grant abondance, car comme elle eust quis par plusieurs baisiers de bouche se en lui estoit plus l'ame et eust lavé de ses larmes les membres ja tous puans et souvent par grans cris pleurs et gemissemens l'eust appellé. (CHR. PIZ., Cité dames L., c.1404-1407, Harley Ms 4431, 331d).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Jean-Loup Ringenbach

 Article 23/50 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     DÉCONNAISSANCE     
FEW II-1 cognoscere
DESCONNOISSANCE, subst. fém.
[T-L : desconoissance ; GD : descognoissance1/descognoissance2 ; FEW II-1, 846a : cognoscere]

I. -

[Des- au sens d'un éloignement par négation]

A. -

"Méconnaissance, ignorance" : ...aussi comme par une alienacion et descognoissance de soy deffaillant des biens de dedenz soy (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 98). ...quant ce veismes entre nous trois seurs, Raison, Droicture et Justice, muçames noz faces de honte de veoir si deconvenable extimacion et tant aveuglee decognoiscence en court que on dit autentique (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 80). Et combien que ces choses soient assez evidentes et cognoistre, si y errent les pluseurs. Car, en racontant les faiz qu'ilz cognoiscent a l'oeil, ilz demeurent en descognoissance de la cause. (CHART., Q. inv., 1422, 4). Si est a doubter que la verge de punicion divine soit sur nous pour noz pechiez, et que l'oscurté de noz vies et corrumpues meurs aveugle en nous le jugement de raison et noz parciaulx desirs refroident l'affection publique, ainsi demourons nous en la descongnoissance de nostre fortune advenir et a noz ennemis, par pusillanimité et failly couraige, donnons sur nous victoire plus que leur proesce ne leur en acquiert. (CHART., Q. inv., 1422, 6). Pour ce te dy que de la grant planté de biens et des richesses du temps paisible les puissans et les nobles hommes ont usé en gast et dissolution de vie et en ingratitude et descongnoissance de Dieu, qui a suscité contre eulx le murmure du peuple. (CHART., Q. inv., 1422, 37). ...lors que les biens et les richesses multiplioient par le royaume et que les finances y habondoient comme sourse d'eaue vive, voz pompes desmesurees, voz oisivetez aouillees de toutes delices et la descognoissance de vous mesmes vous avoit ja et a bestourné le sens, si que ambicion d'estaz, convoitise d'avoir et envie de gouverner, vous commençoient a mener a la confusion ou vous estes. (CHART., Q. inv., 1422, 38). Il n'en y avoit que ung [membre du Conseil], avuglé par Vengence, Folle erreur et Vraye descongnoiscence, et tous les aultrez estoient ses aliés. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 190). De le lance refiert l'enfant sans demorance .I. gran cop mervilleux par se desconnissanche, Mais a l'enfant ne fait nesune mesceanche. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 635).

 

-

Par/pour desconoissance. "Incognito, sans être reconnu, pour ne pas être reconnu" : Tu feras plus sens que folie, Se le fol par descongnoissance Fais ou lieu ou preis naiscence Afin que nulz ne t'aperçoive (Mir. parr., 1356, 9).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 187/31 et 318/45.

 

-

En partic. "Fait de ne pas reconnaître qqn, de l'ignorer" : Quant ma dame ne m'a recongneü, Je doy moult bien scens perdre et congnoissance. Avoir me doit joie descongneü, Quant ma dame ne m'a recogneü. Car com son serf lige adès congneü M'a ; or me muir pour sa descongnoissance. (MACH., L. dames, 1377, 141).

B. -

"Manque de reconnaissance, ingratitude envers qqn" : Si comme il advint de ceulx de Cartaige, par ceste lettre de Vallerius qui recite de leur très deshonneste descongnoissance qu'ilz heurent contre Hanibal, leur duc cytoyen (LA SALE, Sale D., 1451, 77). Car digne n'est de possider vertus Qui mal voudroit au royaume de France ! Hommes failliz, bersaudez de raison, Desnaturez et hors de congnoissance, Desmis du sens, comblez de desraison, Folz abusez, plains de descongnoissance, Qui procurez contre vostre naissance, Vous submettans a detestable mort Par lascheté, las ! que ne vous remort L'orribleté qui a honte vous maine ? (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 62).

 

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 121/11.

 

-

"Marque d'ingratitude" : ...par leurs propres filz ilz oyent et reçoivent tel descongnoissance... (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 121).

 

-

"Déloyauté"

 

Rem. Livre Regnart S.-H., c.1460, 18.

II. -

[Des- au sens d'un éloignement par opposition] "Signe distinctif, différence" : ...on ne pourroit choisir n'eslire Entre hommes (...) Telz deux hommes com cel Amille Et moy sommes quant a samblance, Et (...) on n'i scet descongnoissance Trouver en privé n'en commun (Mir. Amis, c.1365, 4).

 

Rem. GD II, 558c, descognoissance2 (ex. d'a.fr. ; l'ex. de Percef. est à mettre sous descognoissance1, v. supra).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 24/50 
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     DÉCONNAISSANT     
FEW II-1 cognoscere
DESCONNOISSANT, adj.
[FEW II-1, 845b : cognoscere]

A. -

[V. déconnaître] "Ingrat" : Pour ce dit au bon chevalier que Jason ne doit ressembler, qui trop fu descongnoissant et desloyaulx a celle qui trop de bien lui ot fait. (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 228).

B. -

"Ignoré" : Trop forment est ma charongne afolee, Descongnoissant et tresmal heüreuse, Dont en pourroit bien estre rygolee En la parfin et de Dieu haÿneuse, Quant il la fit assez substancieuse Et lui donna sens et discrecion, C'estoit amour, celonc m'entencion. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 197).

V. aussi déconnaître
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 25/50 
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     DÉCONNAÎTRE     
FEW II-1 cognoscere
DESCONNOISTRE, verbe
[T-L : desconoistre2 ; GD : desconoistre1 ; AND : desconoistre1 ; FEW II-1, 845b : cognoscere]

A. -

[Idée de méconnaissance, d'ignorance, de méprise]

 

1.

Desconnoistre qqn/qqc. "Ne pas reconnaître qqn ou qqc., ne pas le prendre en considération, l'ignorer" : Eins m'as dou tout descongneü Fors en .J. cas que j'ay veü : C'est par tout où tu m'as peü Porter damage. (MACH., Compl., 1340-1377, 248). Les armes qui sont en l'escu Des vrais amans, et la vertu Des coulours m'aprist a congnoistre, Sans oublier ne descongnoistre... (MACH., R. Fort., c.1341, 134). ...li trés fin loial ami Qui disoient : "Aimy ! Aimi !" Et qui souffroient les estours D'amours fines en mains destours Y estoient descongneü, Et li faus pour bon congneü Par leur fausseté qui enerbe. (MACH., D. Lyon, 1342, 200). Ne set comment, sans changier ne muer, L'aim et desir de tres loyal amour, Ne ne sara par moy, car j'ay paour, Se je li di, d'avoir son mautalent ; Ne je ne puis avoir aligement Sans li, de qui je sui descongneüs ; Et si l'aim tant c'on ne puet amer plus. (MACH., L. dames, 1377, 20). Le cas est congneü ; Estre ne puet descongneü. Onq en France tel cas n'a eu. (CHART., L. Dames, 1416, 296). Maleureuse et trop pesant est la couronne aux roys, qui pour elle s'endorment en vaine gloire et s'enyvrent d'oultrecuidance, quant, en descongnoissant leur humanité, usurpent l'onneur divin, et pour la cremeur qu'ilz tiennent par force sur leurs subgietz, oblient la crainte qu'ilz doivent a Dieu par rayson. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 41). La seconde enseigne du jugement divin se descouvre quant les hommes cheent en non chailance de remede en adversité, matz et descongnoissans leur cas et leur peril, et ont l'advis troublé au besoing, et conseil incertain et vagant en la necessité. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 79). Car faillir est humaine imperfection, maiz discipline et correction sont oeuvres divines. Dont vient ce que le peuple dez Jufz est par si long temps en dispersion et rebuté de Dieu, fors par mescreantise obstinee et esperance opinative ? Ilz ont descongnu le Sauveur, et si dient qu'ilz attendent Messias. Ilz esperent ce qui ja est advenu, et mescroient ce qui leur advendra. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106). Je te dy plus : que celuy qui ne s'attent a l'aide et secours de la hault par humilité descongnoist par orgueil son impotence ça bas. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 152). Et par nul barat il n'eust desconneu son pere ne sa mere qui que l'eust nourry (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 484). Et quant il fut endroit la Royne, le cuer luy tendrea, et elle lui dist : "Mauveis filx m'avés vous descongneue," et tous deux se prindrent à plourer, puis firent grant chiere. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 19-20). ...plusieurs fractions, conspirations, machinations, grans et enormes crimes, delictz et malefices par luy commis [Jacques d'Armignac, duc de Nemours] et perpetrez contre le roy et monseigneur le daulphin son filz, ou très grant detriment, prejudice, dommage, destruction et subversion de la chose publicque du royaulme, en descongnoissant plusieurs grans biens, graces, pardons et remissions que le roy luy avoit faitz (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 367).

 

-

Desconnoissant de qqc. "Ignorant qqc., ne reconnaissant pas qqc." : La chevalerie de ton païs est perie et morte ; les estudes sont dissipees ; le clergié est dispers et vague et opprimé, et la regle de moderation et honnesteté ecclesiastique tournee avecquez le temps en desordonnance et dissolution ; les citoyens sont despourveux d'esperance, et descongnoissans de seigneurie par l'oscurté de ceste trouble nuee ; l'ordre est tournee en confusion, et loy en desmesuree violence ; juste seigneurie et honneur dechiet ; obeissance ennuye ; pacience fault ; tout tumbe et font en l'abisme de ruine et desolation. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 19).

 

-

[D'une chose] "Se détourner de qqn" : Quant ma dame ne m'a recongneü, Je doy moult bien scens perdre et congnoissance. Avoir me doit joie descongneü, Quant ma dame ne m'a recogneü. Car com son serf lige adès congneü M'a ; or me muir pour sa descongnoissance. (MACH., L. dames, 1377, 141).

 

-

En partic. part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Incognito" : ...il vint à Londres et se loga en ung hostel descogneu. Jamais on ne feuist adonnés à ce que ce fust Trimilien, ung des Cambrelans du roy, car il n'estoit pas en abit d'omme de bien, fors que de vilain. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 52).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Inconnu" : Adont singlerent ils (...) Et s'en vinrent ferir lors nefs tout de une flote sus le sabelon en terre descongneue, ou il n'avoit ne havene ne port (FROISS., Chron. D., p.1400, 74). A ce propos narrent les histoires rommaines que la longue paix descongneue, la plenitude des biens qui enorgueillist les couraiges des ingras et la delicieuse oysiveté qui donne occasion de soy subtilier a mal, furent cause des batailles intestines, guerres et discors d'entre les Rommains es temps de Catilina, de Silla et de Marius (CHART., Q. inv., 1422, 26).

 

.

En armes desconnues. "Avec des armoiries inconnues, qui ne permettent pas d'être reconnu"

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss.

 

.

Desconnu de ses armes

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss.

 

2.

"Se méprendre"

 

-

Desconnoistre qqc. "Se méprendre sur qqc." : O combien dangereuse chose est a couraige d'omme qui descognoist sa condicion, vivre en multitude de biens mondains, mais plus forte chose est d'endurer grant aise a ceulx qui ne scevent penser que Fortune les peut de legier transmuer en douloureux mesaise. (CHART., Q. inv., 1422, 26).

 

-

Se desconnoistre. "Se méprendre, s'égarer" : Mais quant doulce misericorde entremeslee avecques droicturiere justice donne sur les princes et sur le peuple le decret de plus attrempee punicion, l'orgueil de trop oultrecuidié povoir qui se descognoist est rabaissié par puissance ennemie (CHART., Q. inv., 1422, 1). Mort, vien a moy courant Ains que mon sens se descongnoisse, Et m'abrege le demourant De ma vie plaine d'engoisse. (CHART., B. Dame, 1424, 359). "...Dieu veulhés mon scens garder que il ne se descognoisse, quar certes, je suis pres que enragé de deul, et m'ensenhés affayre ce que raison et justice veult de ceste faulce creature." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 194). Qui n'a richesse acoustumee D'eure en heure se descongnoit : Sa coustume est a coup tumee. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 74).

 

3.

"Rendre qqn ou qqc. méconnaissable ; en partic. déguiser qqn" : Comme vous estes vous ainsi deffait et descongnu ? - Seigneurs, dit il, je l'ay fait pour cause, car je ne vouloye pas estre congneu. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 123). Et puis com leur amy et frere Furent d' accort saint Josse rere, Aussy comme s'il fust de cloistre, Et affin de le descongnoistre. (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 2).

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Se desconnoistre : ...les .VIII. chevaliers qui s'estoient descongneuz de foeuilles d'erre (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 739).

 

-

Part. passé en empl. adj. Desconnu. "Méconnaissable" : ...comme ledit prieur fu meuz assez près d'Anet, ses anemis a visaiges descogneuz li coururent sus a armes et le batirent et navrerent de XII plaies (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1345, 173). ...sy desrochié, desciré et descongneu que en luy n'avoit congnoissance (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 810).

 

.

"Déguisé" : En la ville d'Arras en cestuy temps, entour le mois de novembre, allerent six compaignons mommer par la ville, fort muciéz des visaiges et descogneus ; vindrent en l'hostel du lieutenant du gouverneur d'Arras (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 79).

 

.

En habit desconnu. "Sous un déguisement" : Tout ensi comme il le pensa et imagina, il le fist, et se parti de nuit en abit descogneu, et chevauça lui troisime tant seulement. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 222). Et le vainqueur fut honnorablement ramené à son hostel, et avec ce, de tous les seigneurs généralement fut il honoré et conjoy. Si fut aucun bruit que le duc d'Orléans avoit esté à celle besongne en habit descongneu. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 100). ...si seray en habit si descogneu que vostre veille ne ame du monde n'ara garde de moy cognoistre. (C.N.N., c.1456-1467, 259). "...[La reine Mirro :] Et demain au matin, nous nous en irons aprés Jason secretement et ferons tant que le trouverons." Ce conseil sambla bon a la damoiselle. Q'en diray je: La damoiselle fist le commandement de sa maistresse. Elles preparerent leurs besoignes en celle nuit, et le lendemain, des le point du jour, elles monterent a cheval en habis descongneus et se mirent au chemin. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 154).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

 

-

Part. prés. en empl. adj. [D'une chose] Desconnoissant. "Méconnaissable" : ...cil qui parle regarda en sa commission et vit que li X que lidiz Guillemet y avoit mis, n'estoit mie si nettement mis comme li autre (...), mais estoit bien descognoissans, dist (...) que il convenoit mettre paine comment tout feust un. (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1337, 124).

B. -

[Idée d'ingratitude]

 

1.

Faire desconnoistre. "Rendre ingrat, orgueilleux, présomptueux"

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

2.

Part. prés. en empl. adj. Desconnoissant. "Ingrat, déloyal" : Car je te feray fayre encore de tes propres mains une fosse, ou tu seras enterré tout vif, et ton filz enprès toy, ainsi comme a traictres descogneyssans, plains d'outrecuidance, appartient. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 170). ...et disoient que les deux plus nobles et plus puissans citez du monde estoient les plus ingrates et descongnoissans. (LA SALE, Sale D., 1451, 253).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] Desconnu. "Ingrat, oublieux" : "...Et vous tenez seurs que je vous pourverray ; car vous le valez de voz personnes et m'avez si bien secouru et servi que je seroye roy descongneu, se je ne vous congnoissoye ; et aussi c'est raison que la requeste de vostre amy vous vaille." (BUEIL, II, 1461-1466, 174).

 

.

[D'un comportement] "Qui est marqué par l'ingratitude" : Ausquelles choses il [Vespasien] respondit que trop desconue chose estoit au prince resfuser a ses amys (LA SALE, Sale D., 1451, 208).

 

-

Part. passé en empl. subst. Les desconnus. "Les ingrats, les oublieux (du bien)" : Et croy que Dieu ayme bien ceulx qui exposent leur corps à vouloir faire la guerre et faire la raison aux ingratz et descongneuz, aux prosternés et orgueilleux, et qui vont contre bonne equité. (BUEIL, II, 1461-1466, 20).

REM. GD desconoistre2 renvoie à deconoistre au sens de "reconnaître" (préf. de- perfectif) ; ex. d'a.fr. ; de même ds T-L, s.v. desconoistre1.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 26/50 
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     DÉCONNUE     
FEW II-1 cognoscere
DESCONNUE, subst. fém.
[T-L : desconeüe ; GD : desconeue ; FEW II-1, 846a : cognoscere]

"Méconnaissance de qqc., méprise" : ...quant elle vous compta et dist sa descougnue dont toutesfois puis n'en desclaira la verité. [Éd. "chose inouïe" ; "ce qui lui est arrivé d'inouï" ? Peu vraisemblable ; cf. le c.r. de N. Laborderie, Moyen Âge 109, 183 et suiv.] (Hist. Berthe Pépin T., c.1400-1500, 250).

 

-

"Méconnaissance d'un droit, ingratitude" : Ja n'a le roy plus de hoirs que moy [le neveu du roi]. En non Dieu, dist Jossellins que je voy la, sachiez qu'il a fait son hoir de Hervy de Leon, et croy qu'il l'ait enchanté, et les barons du pays aussi, car les lettres en sont ja passees, et y pendent leurs seaulx avec le seel du roy. Par foy, dist ly roys, cy a grant descongneue, se c'est verités. Et Jossellins et les autres qui estoient de son accort, lui jurerent que c'estoit vray (ARRAS, c.1392-1393, 57).

V. aussi déconnaître
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 27/50 
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     DESCONNOISSAMMENT     
*FEW II-1 cognoscere
DESCONNOISSAMMENT, adv.
[GD : descognoissamment ; *FEW II-1, 846a : cognoscere]

"Avec arrogance et ingratitude" : Et si d'aventure le mesfait y estoit et par quoi vous vous doutassiez de la vengeance pour le temps avenir, n'en seroit point la mercy et le pardon plus propre et mieux séant, humblement requis en celuy qui seroit offensé, que par fièrement et descognoissamment maintenir pointe et quérir sauveté ailleurs, là où l'affuite est déshonorable ? (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 189). ...comme d'avoir descongnoissamment parlé ou trop en arrogance... (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 337).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 28/50 
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     DESCONNOISSEMENT     
FEW II-1 cognoscere
DESCONNOISSEMENT, subst. masc.
[GD : descognoissement ; FEW II-1, 846a : cognoscere]

"Ingratitude" : N'avoit vertu une seule en luy, par quoy il soit de mémoire, mais vices, rudesses et descognoissemens par déturpation voyable. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 237). Car sembloit au jugement de chascun, que aveuglés estoient en leur fortune, et que grand descognoissement avoit en leur cas, quand, par puissance ou autorité empruntée, comme grande encore qu'elle pust estre, et laquelle ne venoit point de patrimoine, ne d'estoc principal (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 346).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 29/50 
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     DESCONNUEMENT     
FEW II-1 cognoscere
DESCONNUEMENT, adv.
[GD : desconeuement ; FEW II-1, 846a : cognoscere]

"De façon à n'être pas reconnu, incognito" : ...quant il vei chou, il se mist hors de le cité desconnuement, endementrues que on parlementoit, et s'en ala par devers Hembon. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 159). Tant fist dame Genevre que elle en habit d'omme descongneumant mena son mari en la cité de Alexandrie (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 253). Et ce fait se mist icelle dame à chemin avoec ledit d'Escaillon, à privée maisnie et descongneument. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 292).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/50 
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     ENCONNAÎTRE     
FEW II-1 cognoscere
ENCONNOISTRE, verbe
[T-L : enconoistre ; GD : enconoistre ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

Empl. trans. "Connaître, reconnaître" : Per toute Lombardie chescun l'encognissoit ; Au jostez, au tornois que l'anffe porsuioit Estoit li plux herdis et cil qui mielx coroit (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 32).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 31/50 
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     ENTRECONNAÎTRE     
FEW II-1 cognoscere
ENTRECONNOISTRE, verbe
[T-L : entre- (entreconoistre) ; GDC : entreconnoistre ; AND : entreconoistre ; DÉCT : entreconoistre ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

Empl. pronom. "Faire connaissance l'un avec l'autre" : ...dont lui demanda comment elle avoit a nom, et parlerent tant l'un a l'autre que elles se entrecongnurent, de quoy Millie ot moult grant joie, et Romaine lui compta son message, ainsi comme Aigres lui avoit chargié. (Bérinus, II, c.1350-1370, 65). Ainsi [à la suite d'une conversation] s'entrecogneurent les deux chevaliers. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 217). Et ce jour mesme sans aucun desarroy Humainement le Saint Pere et le roy S'entrecongneurent par bonne affection Et de tout tant qui estoit en desroy Firent accord, paix et dilection. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 235).

 

-

"Se reconnaître" : Et n'orent pas erré plus de demy journee qu'ils apperceurent le roy Guion et le navire de Rodes, et les crestiens les apperceurent aussi. La veissiez grant effroy quant ilz orent l'un l'autre avisé au cler et qu'ilz s'entrecongnurent. Lors les crestiens se mirent en bonne ordonnance. La commenca grant effroy de canons et d'arbalestres, d'archiers, de gect de pierres et de coups de canons. (ARRAS, c.1392-1393, 217).

 

-

"Se connaître l'un l'autre" : Ledit seigneur la mena en sa chambre et la feïst bien traicter. Vray est qu'il avoit grant envye d'en estre despesché. Elle estoit très saige et s'entrecongnoissoient bien tous deux ; et desiroit ladicte dame encores plus son partement. (COMM., II, 1489-1491, 127).

 

-

"Reconnaître les mérites les uns des autres" : Item, concorde n'est pas quant pluseurs qui s'entrecognoissent se consentent en quelconque chose et sont d'un opinion, si comme ceulz qui se consentent et tiennent un opinion des mouvemens du ciel ou d'autre speculacion (ORESME, E.A., c.1370, 470).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 32/50 
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     ENTREDÉCONNOISTRE     
FEW II-1 cognoscere
ENTREDESCONNOISTRE, verbe
[GD : entredescongnoistre ; FEW II-1, 846a : cognoscere]

Empl. pronom. réciproque. "Ne pas se reconnaître l'un l'autre" : ...mesmement les Persains s'entredescongnoissoient et tuoient l'ung l'aultre aucunesfois par descongnoissance, mais toutesfois les Spartains en avoient le meilleur tousjours. (Orose I, 1491, 175 r° [BnF / Gallica]).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 33/50 
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     INCOGNITION     
*FEW II-1 cognoscere
INCOGNITION, subst. fém.
[GD : incognicion ; *FEW II-1, 848a : cognoscere]

"Ignorance"

Rem. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s.), ds GD IV, 563c (= La Bouquechardière, titre de l'ensemble, dont la Grèce est la première partie, ms. Ars. 3689 ; incognicion).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 34/50 
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     INCONNAISSABLE     
FEW II-1 cognoscere
INCONNOISSABLE, adj.
[GD : incongnoissable ; GDC : inconnaissable ; FEW II-1, 846b : cognoscere ; TLF : X, 38a : inconnaissable]

"Qui ne peut être connu, inconnaissable" : ...et en a Nostre Seigneur voulu avoir la punicion, combien que ceste chose soit incongnoissable quant a humaine creature, car les jugemens de Dieu sont si secrez que nul cuer mondain ne les puet comprendre en son entendement. (ARRAS, c.1392-1393, 255). Et lui auoient perchie le corps de lanches, d'espees et de dartz en tant de lieux qu'il estoit incongnoissable. (Chron. conq. Charlem. G., t.2,2, 1458, 43).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 35/50 
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     INCONNAISSANCE     
FEW II-1 846b cognoscere
INCONNOISSANCE, subst. fém.
[T-L : inconoissance ; GD : incongnoissance ; FEW II-1, 846b : cognoscere ; TLF : X, 38a : inconnaissance]

A. -

"Ignorance"

 

Rem. GD IV, 565a (Nat. et secr. de l'amour).

B. -

"Ingratitude" : Congnoissance face devoir, C'est ce que le bon cuer attrait, Pour faire tous biens apparoir, Maugré qu'incongnoissance en ait (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 133). ...lez Juyfs sont ennemis de Nostre Seingneur, car ilz sont hors de la foy et de sa grace et sont soubgiés a pechié d'incognoissance et d'ingratitude (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 370). L'AME. Ce que me mouvoit a aucunes incongnoissances, tu l'as prescindi et sincopés et non point du tout desracinez (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 268).

 

-

"Mépris" : Car quicunque son habit mue Par traison ou oultrecuidance, on le repute chose indeue Procedente de incongnoissance. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 107).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 36/50 
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     INCONNAÎTRE     
FEW II-1 cognoscere
INCONNOISTRE, verbe
[T-L : inconoistre ; GD : incongnoissant/incongnoistre ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

I. -

Empl. trans. "Méconnaître" : Default d'avis est la decision De fortune qu'om ne doit incongnoistre, Qui mains pais fait perdre et region : Noble chose est d'avis et de congnoistre. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 42).

II. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui méconnaît, qui est ignorant"

 

Rem. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s.) ; TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 163, ; Orose (éd. 1491) ds GD IV, 565b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 37/50 
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     INCONNU     
FEW II-1 cognoscere
INCONNU, adj.
[GDC : inconnu ; FEW II-1, 847b : cognoscere ; TLF : X, 38b : inconnu]

A. -

[D'une pers. ou d'une chose]

 

1.

"Qui n'est pas connu" : Se tu pues tout lire, toutefois n'est pas besoing de partout mettre ung meismes labeur, mais auchunes choses convient lire afin que pas ne soient incongneues, et auchunes afin que ne soient non oÿes, car auchunefois nous creons estre plus grant chose che que pas oÿ n'avons (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 78). Plus grant est le desir de congnoistre choses incongneues que de racorder che que on congnoist. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 95). Fruictz d'oultre mer, fruictz venans d'aventure, Fruictz incongneuz qu'on voit en long voyage, Tous fruictz sont bons qui ne portent dommage. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 91). Et, adfin que je ne procede par termes incongneus, cellui est dit avoir charge monostique qui a le gouvernement de soy seullement, et le yconomique est cellui qui a regard à soy et à sa famille (BUEIL, I, 1461-1466, 16). Il est tres utile et proffitable, dit Ysocrates, alleguer en conseil exemples des choses passees, car on prent legierement conjecture es choses incongneues par ce que on congnoit. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 144). Au regard des defendans du dehors le nombre est incongneu, car c'estoit a tous venans, pourveu que ce fussent gentilz hommes, et de toutes lignes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 261).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 320 (TLF).

 

-

Inconnu à qqn : ...l'escripture et signature leur sont incongneuz (Lettres Louis XI, V., Pièces justif., t.7, 1478-1481, 307).

 

-

Dieu inconnu : Et des lors par philosophie attaignirent Socrates, Platon et Aristote a la congnoissance d'un seul Dieu, pour laquelle oppinion, qui s'acorde a crestienne foy, Socrates fut condamné a mort a Athenes, et si est notoire que lui et saint Denis firent jadiz autel a Dieu incongneu, maiz en la fin le congneut saint Denis par la predication de l'apostre et par la grace du baptesme. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 128). Pour ce dieu cy estre honnourant, Dont ne sçavons la verité, Comment il est par nom nommé Ung autel droit cy faisons faire, Auquel dessus ferons pourtraire Et escripre Dieu incongneut, Del aourer soions conclut Car il a puissance infinie. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 200).

 

Rem. Les Athéniens avaient édifié un autel en l'honneur du "Dieu inconnu" (cf. Actes 17, 23 [Saint Paul, s'adressant aux Athéniens devant l'Aréopage] : "J'ai trouvé jusqu'à un autel avec l'inscription : AU DIEU INCONNU. Eh bien ! ce que vous adorez sans le connaître, je viens, moi, vous l'annoncer").

 

2.

"Devenu méconnaissable" : ...le chevalier, qui estoit si saignant et sy foulé et son escu si incongneu de fers et de tronçons de glaives qu'en luy n'avoit congnoissance... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 490).

B. -

[D'une pers.]

 

1.

"Dont on ignore l'identité" : ...et ce que aujourd'uy et puis nagueres plusieurs murtres et larrecins ont esté faiz de nuit à Paris par gens incongneuz et hommes vacabonds, et que d'iceulz l'en ne scet qui mescroire. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 459). ...ce que elle nye avoir [ap]porté l'enfant à Nostre-Dame de Paris, mais li avoir fait porter par une personne et femme incongneue, et laquelle elle ne vuelt nommer ou enseignier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 533). ...et depuiz ce aucunes personnes incogneues et meues de mauvaise volenté ont miz et ataché aux portes de l'eglise de Nostre-Dame de Paris et de pluseurs autres eglises certeinnes cedules diffamatoires en langage françoiz (BAYE, I, 1400-1410, 95). Ce jour, freres Jaques Pelaut et Thomas Delamare, augustins, prisonniers en la Conciergerie du Palais pour ce que ilz avoient aporté de Bourges à Paris certaines lettres contenant creance, en partie adreçans à personnes incongneues, escriptes en termes de paroles faintes et couvertes... (FAUQ., I, 1417-1420, 276). ...anchois pour son honneur garder se taisoit et escoutoit, regardant ententivement lez fais d'armez du chevalier incongnu qui moult luy plaisoient et embellissoient. (Comte Artois S., c.1453-1467, 11).

 

-

Inconnu à qqn : Response de Robertet à ung quidam à luy incongneu (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 101).

 

2.

"Qui ne se donne pas à connaître, incognito" : Et ce disoit le conte pourtant qu'il vouloit entrer au tournoy incongnu, comme cy apprez porrez oÿr (Comte Artois S., c.1453-1467, 4). ...le duc d'Allenchon arriva en la ville de Tournay, qui estoit venus des parties de France, et d'ilec se parti par ung jour incongneu, et s'en ala en ladicte ville de Lille, acompaingnié d'aucuns de ses gens qui menoient les saumiers. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 114). Le livre qui se nomme l'Enseignement des philosophes met aultrement, car il dit que, aprés que Alexandre eut parfait ses conquestes, il voyaga incongneu par le monde deux ans et arriva ung jour en une ville en laquele... (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 224).

 

3.

"Qui fait celui qui ne connaît pas"

 

-

Faire le inconnu. "Faire celui qui ignore" : ...la ygnareté de l'homme qui peult estre sçavoit bien le cas de sa femme (...) ...qui seroit content que sa femme se habandonnast et qu'il en fist le incongnu et l'ygnorant (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 105).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 38/50 
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     INCONNUEMENT     
FEW II-1 cognoscere
INCONNUEMENT, adv.
[GD : incogneuement ; FEW II-1, 847b : cognoscere]

"De manière inconnue" : Et lors qu'il eut vacquié .VJ. sepmaines incongnuement aux esbatemens dessus dis, tousjours alant puis a ung lez puis a l'autre, il luy vint ung jour en voulenté de aler ou pays d'Ardenne pour sçavoir se l'en y faisoit nulz fais d'armes (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 120).

REM. Doc. 1424 (Lille, incongneutement) ds GD IV, 563c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/50 
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     MALCONNAISSANT     
*FEW II-2 cognoscere
MALCONNAISSANT, adj.
[*FEW II-2, 845a : cognoscere]

A. -

"Ignorant" : ...si ne pouoit il jouer au gré du monde ou du peuple, qui est en la greigneur partie tout bestial et maucongnoissant (Bouciquaut L., 1408-1409, 344).

B. -

"Qui n'a pas de reconnaissance (pour qqc.), qui n'apprécie pas à sa juste valeur" : ...comme ce soit villaine chose a chevalier et a tout noble de estre ingrat et maucongnoissant d'aucun bien (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 276). ...les Rommains ingras et malcongnoissans de tant de biens que il avoit fais (Bouciquaut L., 1409, 443).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 40/50 
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     MÉCONNAISSABLE     
FEW II-1 846b cognoscere
MESCONNOISSABLE, adj.
[GD : mescognoissable1 ; FEW II-1, 846b : cognoscere ; TLF : XI, 552a : méconnaissable]

"Ingrat, qui ne reconnaît pas ce qu'il doit"

Rem. De vita Christi (ms du XVe s., ne doit il mie estre ingrat ne mescognoissable), (doncques ne est mie perdu ce qui est donné a l'ingrat et mescognoissable) ds GD V, 274a.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 41/50 
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     MÉCONNAISSANCE     
FEW II-1 cognoscere
MESCONNOISSANCE, subst. fém.
[T-L : mesconoissance ; GD : mescognoissance ; AND : mesconoissance ; DÉCT : mesconoissance ; FEW II-1, 846a : cognoscere ; TLF : XI, 552a : méconnaissance]

A. -

"Fait de ne pas reconnaître qqc. comme une chose connue, de ne pas l'identifier" : Item, l'en dit que la personne, les chiens et le cheval qu'il a acointié et acoustumé a veoir ne lui doivent point estre changiez: c'est assavoir que si un esprevier avoit esté gouverné par un homme blanc chevauchant un cheval noir, et l'en le bailloit es mains d'un moinne noir chevauchant un cheval blanc, ou d'un escuier, chevalier ou bourgoiz, ou d'une femme ou d'autre personne vestue d'autre habit, ou en autres mains que es mains de cellui qu'il avroit aprins, l'esprevier qui avroit mescongnoissance d'icellui nouvel maistre ne seroit si reclamé a lui comme a son maistre qu'il congnoissoit et qui l'avoit nourry. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 155). ...afin que aucun ne puist pretendre ignorance ou mescongnoissance d'icelles monnoyes faulses (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1422, 14). [GD V, 274b]

 

-

"Fait de ne pas savoir, d'ignorer, ignorance" : Anchois, par mescognissanche, soy marient, pluseurs en y at, en quars ou en tir degreit de proismeteit : dont je en nomeroy pluseurs, sy n'astoit pour les hoirs ... ablameir. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 398).

B. -

"Fait de ne pas reconnaître ce qui devrait l'être (un droit, un mérite, une autorité...), de l'ignorer délibérément" : A laquelle achoison effusion de sang avient souvent par le descord des freres es maysons des princes mescreans, pour la mescongnoissance de l'ordre ou priorité des enfans de plusieurs meres (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 130). Item, promettront et jureront de non jamais mettre en leurs lettres ne eulx nommer ne faire nommer par la grace de Dieu conte d'Armaignac, pour ce que ces motz emportent meconnaissance de fief, et comme ils sçavent, toutes leurs seigneuries qu'ilz tiennent sont tenues du Roy (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 118). Je voy ton non [de Jésus] en grant mesconoissance, En grant vilté, en grant irreverance, Par ydolatres qui regnent sur la terre (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 89). L'EMPEREUR. Hé, touz noz dieux ! Que veult ce dire ? Et commant ? Nostre mareschaul Veult il nous dieux par tel assault Mettre au bas par mescognoissance ? Cecy est une grant meschance Qu'est il de fere, beaulx seigneurs ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 112). SATHAM. (...) Forces murtres, crueulx esploys deffer [l. esploys d'e[n]ffer], Gleyves mortaulx, barat, meconoissance, Yre comme fellon te fera eschauffer. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 66). Et aussy peut estre que, se la seignourie en sa grandeur de ceste maison de Bourgoingne vous fut demourée, eschute et advenue, Dieu preveoit que vous eussiez esté prince eslevé en orgoel ou aultre vice, à vostre dommaige et mescongnoissance [le fait de ne ne pas reconnaître la puissance de Dieu], contre son plaisir, et veult vostre sauvement et que vous congnoissiez qu'il vous peut donner et tollir à son plaisir, et que riens ne poez concquerre, possesser, ne avoir, que tout ne soit en sa disposicion subject. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 144).

 

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 294.

 

-

En partic. "Fait de ne pas reconnaître un bienfait, manque de reconnaissance, ingratitude" : ...[se] vous, dy je, vous, qui estes telz et qui m'avez donné cause de ce meschief ou je suis, n'avez compassion de ma doleur, et ne me secourez vrayement, vous vous monstrez trop plains d'ingratitude, d'oubliance et mescongnoissance, et Dieu vous en punira, n'en doubtez point (GERS., Déf., 1400, 228). Mais mon advis, c'est qu'il ne se faict pas que par disposition divine: car quant les princes ou royaulmes ont esté en grand prosperité et richesses et ilz ont mescognoissance dont procède telle grace, Dieu leur dresse ung ennemy ou ennemys dont nul ne se doubteroit, comme vous povez veoir par ces roys nomméz en la Bible et par ce que, puis peu d'années, en avez veu en ceste Angleterre et en ceste maison de Bourgongne et autres lieux, que vous avez veuz et voyez tous les jours (COMM., I, 1489-1491, 54). Encores en ce pas me fault alleguer nostre maistre en deux choses, qui une fois me dist, parlant de ceulx qui font grans services (et m'en allegua son acteur de qui il le tenoit), disant que avoir trop bien servy pert aucunes fois les gens et que souvent les grandz services sont rescompenséz par grandz ingratitudes, mais que il peult aussi bien advenir par le deffault de ceulx qui ont faict lesdictz services, qui trop arrogamment veulent user de leur bonne fortune tant envers leurs maistres que leurs compaignons, comme de la mescongnoissance du prince. (COMM., I, 1489-1491, 251).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 42/50 
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     MÉCONNAISSANT     
FEW II-1 cognoscere
MESCONNOISSANT, adj.
[T-L : mesconoistre (mesconoissant) ; GD : mescognoissant ; FEW II-1, 846a : cognoscere]

"Ingrat" : Et pource que nous fusmes envers Dieu ou quart degre mescoignoissans, il nous a bien, come ses filz, par sa verge rigoreuse, et par ses besans trop pesans, batu et corrige. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 454). [Aussi p.455] Ung francoys doncques seroit plain d'ingratitude et trop mescongnoissant qui ne feroit especiale reverence et devocion a monseigneur saint Pol (GERS., P. Paul, a.1394, 499). Gent mescongnoissant et hors la loy de Dieu ! (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 22).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 43/50 
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     MÉCONNAISSEUR     
*FEW II-1 846b cognoscere
MESCONNOISSEUR, subst. masc.
[GD : mescognoisseur ; *FEW II-1, 846b : cognoscere]

"Celui qui ne reconnaît pas ce qu'il doitt" : De son bienfaiteur, ton père, devint ingrat mescongnoisseur de grans biens reçus, tempteur de sa vieillesse et ravalleur de ses glorieux vieux jours, s'il eust pu. (CHASTELL., Avert. duc Ch. K., 1467, 326).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 44/50 
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     MÉCONNAÎTRE     
FEW II-1 846a cognoscere
MESCONNOISTRE, verbe
[T-L : mesconoistre ; GD : mesconeu ; GDC : mesconnoistre ; AND : mesconoistre ; DÉCT : mesconoistre ; FEW II-1, 846a : cognoscere ; TLF : XI, 552b : méconnaître]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Ne pas reconnaître qqc. comme une chose connue, ne pas l'identifier" : Et lors [Remondin] ne cuida pas estre la ou il estoit, car il mescongnoissoit le lieu pour la tour et pour le lieu du bourc, qui y fu fais depuis qu'il se party. (ARRAS, c.1392-1393, 76).

 

-

Mesconnoistre qqn. "Ne pas reconnaître qqn" : Mesmement Entendement qui defferma le guichet de ma memoire lez mescongneust a l'entrer, car encores avoit il ses yeulx esblohis, comme prisonnier qui d'une trouble chartre vient soudainement a la lueur du solleil (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 23). LE VILLAIN [à qui on a peint le visage pour le rajeunir]. Je vueil aller à chere lye Incontinent veoir ma femme. Je cuyde bien, par Nostre Dame, Qu'elle me congnoistra à grant peine ; Je feray bien du capitaine. Ho, ma femme, et comme va ? Suis je point tel qu'on me couva ? Je croy que m'avés mescognu : Véez moy cy jeune devenuz (ARCEL., Vieill. C., c.1480-1520, 607).

 

Rem. Ponthus Sidoine C., c.1400, gloss.

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Inconnu" : Et Paaris en determina, Qui lors yert bergier mescongneu. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 262). Or prent son deduit a faire d'un chetif mescongneu ung puissant orguilleux (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7). Le second fut ung chevallier qui se faisoit nommer le chevallier mescongneu, et fut messire Amé Rabutin, seigneur d'Espiry (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 174).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 309/583.

 

.

[Des habits, du langage...] "Travesti" : Oudit temps, advint à Paris aussi que ung nommé Anthoine, bastard de Bourgongne, vint et entra en ladicte ville de Paris en habit mescongneu, et n'y sejourna qu'un jour et une nuit, et puis s'en retourna. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 10). Et, pour ce que lui et ses gens furent de lui apperceuz en habis mescongneuz, fut prins prisonnier et mené au roy, qui l'envoya avecques ses gens prisonnier en ung chastel près Meun (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 157). ...et se nomma par nom mescongneu, affin que, se il estoit refusé, il en fust moins de nouvelles (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 174).

 

-

Inf. subst. Par mesconnoistre. "Par ignorance" : Et se tu argues ton mal eur par tes faultes, et bonnes adventures selon la rayson de ta conduite, tu ne seras pas deceu par folle esperance, ne surpris a despourveu par mescongnoistre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 132).

B. -

"Ne pas reconnaître ce qui devrait l'être, ce qui est, l'ignorer délibérément, ne pas reconnaître une personne à sa valeur" : DIEU. Dès ore mais ce qu'a souffert Cest homme cy mesconneu Et les paines qu'il a eu Et enduré pour m'amistié, Au monde venront a clarté. (Mir. st Alexis, 1382, 358). ...pource que nous avons este de la verge divine mescoignoissans, Dieu nous a lieve la memoyre et le sens par telle maniere que nous avons jugie et condempne, comme desesperez, les oeuvres de Dieu et noz seigneurs terriens et dehors et dedans pareillement, et avons recalcitre encontre l'aiguillon. Si sommes deux foiz poins a noustre malediction. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 455). ...mais ton aveuglee ignorance conduicte d'orgueilleuse arrogance te fait mescognoistre comment toute personne, soit grant ou petite, qui mauvaisement use ses jours, dessert que toute chose lui doie estre contraire (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 16). Gent mescongnoissant et hors la loy de Dieu ! (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 22). Par dessus ces cas recitez, se tu voulloyes mescongnoistre les tempestes espoventables, les clameurs du peuple fuyant, et les sanglantees boucheries dez hommes mors a tas, et comme on transportoit les riches garnemens dez maisons ardans, en divers temps que lez Gotz, lez Wandres, lez Huns et les Danoys entrerent pieça en France, tu en auras la preuve par eglises lors destruitez, dilapidees et arses, et par la translation dez corps saintz et dignez reliquiaires de pays en aultre, dont lez aucuns ne furent puis reportés (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 144). Et se lez aultres exemples te estoient obscures, ou moins appropriez a ton entente, en cestuy ne peulz tu nier la verité du fait, ne mescongnoistre la partie de ton cas (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 148). Hee, benoitte Fortune se tu ordonnez a ta volenté, tu le puez faire et se lez aulcuns se plaindent de toy, je croy qu'i sont yvres et sy malostrus qu'ilz mescongnoissent ta valeur et puissance, par quoy ilz perissent en desplaisir (Comte Artois S., c.1453-1467, 130). Le bon Roy Jehan ne mescognut ou ne ignora pas que Dieu luy avoit donné couronne de Roy et victoire de bataille contre ung sy grant et puissant Roy que le Roy d'Espaigne (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 116). Mais les ayses et plaisirs qu'ilz avoyent euz soubz les seigneurs dessusditz leur avoyent fait mescongnoistre Dieu et leurs seigneurs et cerchoient quelque malle fortune, qui depuis leur est advenue, comme vous avez veü. (COMM., II, 1489-1491, 280).

 

-

"Ignorer qqn" : ...et Dieu pas ne mescongneut sa fille Charité, mais a son baisier chastement et amoureusement l'a receue, puis luy ottroya dire ce que au plaisir luy estoit (GERS., Concept., 1401, 393). Ces parolles moult aigrement et de cuer couroucié disoit au dessus escrips celle dame tresadoulee et de ses beaulx yeux, dont les ruisseaulx de larmes couroient, regardoit si effroiement leur desroyé maintien que bien sembloit soy sentir d'eulx injuriee ou mescogneue (CHART., Q. inv., 1422, 19). Ainsi en tous leurs haulx affayres ne mespriserent oncquez oreison, et combien qu'ilz mescongneussent celuy qu'ilz devoient adourer, d'elle firent ilz preambules en toutes grans choses. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 166). En tel temps fustes esleue Ma dame de grant value, Sans point estre mescongneue, Je vous tiens pour ma deesse, De souhaicter ne vous cesse, A vous fut m'amour rendue Pour le bien qu'elle y sentoit (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 44).

 

-

En partic. "Ne pas reconnaître (un bienfait)" : Se la court a mescongneu tes services et lez ingratz ont oublié tes biensfaitz... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7). Se tu t'esmerveillez dez aspresses de sa justice, poise lez a l'encontre de sa largesse et de ses graces mescongneuz (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 37).

 

.

Estre mesconnoissant (envers qqn). "Manquer de reconnaissance (envers qqn), être ingrat (à l'égard de qqn)" : Et pource que nous fusmes envers Dieu ou quart degre mescoignoissans, il nous a bien, come ses filz, par sa verge rigoreuse, et par ses besans trop pesans, batu et corrige (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 454). Ung francoys doncques seroit plain d'ingratitude et trop mescongnoissant qui ne feroit especiale reverence et devocion a monseigneur saint Pol, puisqu'il bailla telle cause a nostre conversion (GERS., P. Paul, a.1394, 499).

II. -

Empl. pronom. Se mesconnoistre

A. -

"Se tromper, se fourvoyer" : Te veulx tu doncques mescognoistre et oublier comment ce chetif vaissel, vuit de toute vertu, qui tant veult de honneurs et d'aises, deffauldra et morra ? (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 14).

B. -

"Se leurrer sur soi-même" : Et ne sçay que vous, qui avez sens et entendement, ne doubtez que Dieu se courrouce a vous de souffrir telles superfluitez, et tellement que il n'y a damoiselle ou bourgoise qui ne se mescongnoisse et qui ne veuille avoir grans estas, et par ce moyen se vuide une grant partie de l'or et argent de ce royaume, car tous les habillemens exceptez draps de leine viennent hors du royaume. (JUV. URS., Verba, 1452, 278). [Ils] se delittent trestant en leurs pompes qu'ilz cheent legierement en tel orgueil qu'ilz se mescongnoissent et leur Createur aussi (RENÉ D'ANJOU, Mortif. Vaine Plais. R., 1455, 22).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 45/50 
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     NICONNU     
*FEW II-1 cognoscere
NICONNU, subst. masc.
[*FEW II-1, 847b : cognoscere]

"Refus de reconnaître qqc. en justice (?)" : De Jehan Houdée, pour I ny cogneu contre Jehan Huet, vii s. vi d. (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 381). [Deux autres occurrences même page]

V. aussi nifait
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 46/50 
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     NON-CONNU     
*FEW II-1 cognoscere
NON-CONNU, adj. et subst.
[*FEW II-1, 845a : cognoscere]

"Inconnu"

I. -

Subst. masc. : Et que l'en doie estre amiable a ses cogneus il appert par signe ; car le courage se esdrece ou eslieve et se dilate vers ceulz qu'il a acoustumés et vers ses amis plus que a ceulz qu'il ne cognoist, aussi comme se il se reputast estre peu prisié des non cogneus. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 299). Mes que les gardes de la policie doivent estre graves ou salvages as non cogneus, ce ne est pas bien dit ; car il ne convient pas estre tel a nul ou vers nul. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 299).

II. -

Adj. : Que advint il de Gedeon, ou temps de l'oppression que fist le roy de Madian sur Israël ? Ne desconfist il pas avecquez IIIc combatans C et XXm hommes, et delivra par haulte esperance son peuple de langueur et de misere ? Et toutesvoyes estoit il povre laboureur, homme non congneu, de petit estat et de basse famile, en la lignee de Manasse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 136). Estoit morigéné assez et sobre a table ; mais de nul n'y pouvoit estre regardé, souverainement de gens non cognus ; car de cestuy-là jamais ne se bougeoient ses yeux, et en perdoit contenance et mangier ; et enfin s'en enfelly. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 185).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 47/50 
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     PRÉCOGNITION     
FEW II-1 cognoscere
PRECOGNITION, subst. fém.
[GD : precognition ; FEW II-1, 848a : cognoscere]

"Connaissance anticipée"

REM. Mer des hist. (éd.1488) ds GD VI, 370b (Car prophetie est une especiale precognition des choses futures, Gallica, f.122d).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/50 
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     PRÉCONNAISSANCE     
FEW II-1 cognoscere
PRECONNOISSANCE, subst. fém.
[GD : precognoissance ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

"Fait de savoir d'avance, de connaître d'avance, connaissance des choses à venir" : C'est franchise de voulenté Et divine precongnoissance, Et ensemble ont tel repugnance Qu'ilz ne peuent couppler ne joindre ; L'un des vrays veult a l'autre poindre Et gecter de sa compaignie. (Böece Conf. reman. C., c.1400-1500, 157).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. (precongnoissance).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

 Article 49/50 
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     PRÉCONNAÎTRE     
FEW II-1 cognoscere
PRECONNOISTRE, verbe
[T-L : preconoistre ; GD : precognoistre ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

Empl. trans. "Savoir d'avance, connaître d'avance" : Lesquelz maulx ainsi eschéuz Furent avant précognéuz Dedens le Ciel, qui est le livre Tous temps ouvert, cler et delivre (LA HAYE, P. peste, 1426, 29). Qui mes escriptz a veu, mainte chose future Precongnoistre y pourra en suscincte escripture. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 147). ...et la machination précognue par ses amis. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 101). Elle est hors du sens (...) Quant du dyable qui est dedens Est tant tourmentee (...) Oste ses contens Et ta main luy tens Si tu precongnoys qu'il soit temps Qu'elle soit saulvee. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 109). Cestui Montbarsac fut excellant medicin et astrologien et fut esmerveillé de la mort du pappe Pelagius qui fut par ladite peste, laquelle neantmoins il avoit precongneue sur la vision de la commecte (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. (precongnistre). LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 258 (T-L VII, 1704). Jeu Etoile T., c.1400-1500, 101. Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 248 ; t.4, 81 ; 102. GD VI, 370c.

 

-

Empl. pronom. à sens passif : ...entre autres, il fist [un livre] sur la part future et sur les autres parties qui se gectent par les maisons et dist que c'estoit la part qui signiffioit choses secretes et abscondites et par laquelle se precongnoissoient les choses advenir, comme prophecies et vrayes revelacions. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 v°).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 50/50 
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     SURCONNAÎTRE     
FEW II-1 846b cognoscere
SURCONNOISTRE, verbe
[GD : sourcongnoistre ; FEW II-1, 846b : cognoscere]

"Reconnaître vaguement"

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488, sourcongneu) ds GD VII, 523c.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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