"Fait de cacher, cachette"

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A (la) celee. "En cachette, en secret" : A tant alla cil encerchier A saint Paulin tout a celee (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 117). [Autre ex. : Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 18, v.427] Dont dist Jourdain en lui coiement a celee : ... (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 281). Puis se party d'illec et secretement s'en alla tendre son pavillon en la forest de Compiengne, en ung lieu non habitté que d'illec se peust partir a la celee et aler tournoier sans ce que nulluy ne le congneust. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 78).

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En celee. "En cachette" : Secretement et en cellée Nous convient ensemble adviser, Conclusion prendre et trouver Par quel moyen ouvrer porrons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 122).

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[Avec coiement] : Venés an avuec moy quoiement en cellee, Et je vous enmenrait en sa chambre paree. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 186). [Autre ex. p.247 (quoiement a cellee)]

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Sans celee

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"Ouvertement" : Ce sunt clers qui l'idolatrie Dam Bachus ont renouvelee, Et puis coultivent sans celee Tous les droiz Jupiter ensemble. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 35).

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"Sincèrement" : Amis, sans ja celée Jamais de vous ne partiray, Jusques tout gary vous aray. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 47).

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Faire celee de qqc. (à qqn). "Cacher qqc. (à qqn)" : Et li enquist si sagement Ce qu'il avoit en sa pensee Qu'il ne l'en peut faire celee (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 59). Signour, qui estes vous ? Ne m'en faite cellee ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 522).

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Faire celee de soi. "Ne pas se faire connaître" : Et il (...) Ne se fist point a eulx cognoistre (...) ceste celee Qu'il fist de soi es gens son pere... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 90).

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Faire celee à qqn. "Cacher qqc. à qqn" : Signour, ne me faite cellee, Avés vous point vehu permy ceste contree Paisser ung chevalier de tres grant renommee ? (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 329). Amis, ce dist li mez, ne me faitez celee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 386). [Autres ex. v.18701, 18873, 22957]

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N'y a celee. "Il n'y a pas de mystère, c'est certain" : Et chascuns scet, n'y a celee, Que France fu Gaulle appelee. (Pastor. B., c.1422-1425, 260).

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Mestier n'y a celee. "Inutile de s'en cacher, de dissimuler" : Et quant elle vit que mestier n'y avoit celee, elle dist en plourant... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 838).
 

"En cachette, en secret" : Pour ce l'ameray loyaument Et serviray celéement Com vrais amis loyaus, parfais, Qui vueil et par dis et par fais Dou tout en tout son voloir faire Et li honnourer sans meffaire Jusques a mon definement... (MACH., D. verg., a.1340, 55). Et qui vuet dire de ce voir, Tel feu celéement s'avive Et est pleins de chalour si vive Que li cuers qui enmi demeure Bruïs et esteins sans demeure Seroit, s'il n'estoit aaisiez De souspirs, en parfont puisiez... (MACH., D. Lyon, 1342, 194). ...elle vuelt que celeement Soit nourrie la creature Qui est nee contre nature (MACH., Voir, 1364, 694). ...conment Pourrons faire celéement Ceste besongne. (Mir. femme, 1368, 188). Entré y furent tire à tire, Celéement, en larrecin, Plus de X. mille Sarrazin, Parmi la porte qu'il ont arse, Dont la cendre est ja toute esparse. (MACH., P. Alex., p.1369, 98). Car la concupiscence entre celeement et couvertement et lie subtilement le courage et embrase aucunes fois de tous les plus sages. (ORESME, E.A.C., c.1370, 385). Ne je ne me puis tenir D'einsi gemir Celeement et à part, Pour doubte qu'à vo plaisir Ne puist venir Le service, où mon cuer art, Sans avoir peinne ne dueil (MACH., Ch. bal., 1377, 600). Dont me vaut miex amer celeement et mes dolours humblement endurer. (MACH., L. dames, 1377, 34). Entre un petit en ta maison, Toy et ta fille seulement. Dire lui vueil celeement Aucune chose et demander Pour moy plus a plain informer De son gré, et elle du mien Griseldis, m'amie, ça vien ! A ton pere et a moy agree Que soies ma femme espousee (Gris., 1395, 36). Ainsi un pou m'esjoÿssoie Quant a celle doulceur pensoie, Et hors de la tristour yssoie, Que je porte celeement. (CHART., L. Dames, 1416, 201). Vne aultre cigongne fut nourrie d'un religieux moingne et la tolli a gourmandaille qui la vouloient mengier et la garda mont chielement. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 480). Et en disant ce, celeement et coiement, en sa manche, d'un atour bien enveloppé la lui mist [la bourse] (LA SALE, J.S., 1456, 50). ...[la mercière] bailla journée a l'Escossois au lendemain au soir de comparoir personnellement en sa chambre, pour en ce lieu luy dire plus celeement le surplus de son intencion (C.N.N., c.1456-1467, 49). Alons doncques celeement, Car je me doubte trop voirement, Se nous peres le savoient, Malement nous puniroient. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 41).

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Si celeement que... "Si secrètement que" : Or nous delivrons de faire nostre mandement si brief et si celeement que on ne le saiche se le moins non que on pourra. (ARRAS, c.1392-1393, 70). ...tout (...) qui peut touchier amours doit estre sy secretement et sy celeement tenu et demené que riens ne ly puist nuire (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 680). Et l'ot fait si celeement Que nul ne le savoit adés (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 230). Il ne sceut ce faire si celeement que sa femme ne s'en donna tresbien garde (C.N.N., c.1456-1467, 264). Sur ce point, le Jouvencel s'en retourna à la ville ; et, quant il fut à la ville, il dist au cappitaine de Crathor : "Cappitaine, j'ay myz les gens de pié aux champs si celéement que je croy que nul ne les a veuz ne ouyz..." (BUEIL, II, 1461-1466, 127).

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Dedans mon coeur celeement. "Dans le secret de mon coeur" : Atant de parler me souffri, Mais au gerfaut m'amour offri, Pensers, desirs, sens et entente En l'eure, sans plus faire attente, Dedens mon cuer celeement. Faire ne l'osai autrement, Fors sans plus que de regarder ; De ce ne me peus je garder. (MACH., D. Aler., a.1349, 371).
 

I. -

Rare "Cacher (une chose concr., une pers.)" : ...tout le fillé sera chellé ovecques la verge ploiee du tumberel, en quoi le fillé est atachié (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 161). Le mestre las doit estre chelé contre la montee et contre la branche. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 273).

Rem. Synon. plus usités : cacher, mucer.

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Empl. pronom. "Se cacher" : ...comment peut c'estre Qu'en la maison ton propre pére (...) Tu t'es tant celé ? (Mir. st Alexis, 1382, 367). ...il ne se sceut tant bien celer que le murdrier ne l'apperceust (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 211).

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Se faire celer. "Refuser sa porte en feignant d'être absent" : Et quant elle [la dame] l'envoye querir [son ami qui la fait languir] pour venir vers elle, il se fait celer et dire qu'il n'y est pas (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 135).

II. -

Celer qqc. (d'abstr., en partic. un contenu propositionnel)

A. -

Empl. trans.

1.

"Cacher qqc., taire qqc., tenir qqc. secret" : Se ton amy est tachiés, Chiellez et coeuvre ses pechiés (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 16). ...dy moy voir qu'est ce ? Riens ne me cèle. (Mir. mère pape, c.1355, 402). Car je le porte et le çoile et le garde Dedens mon cuer qu'on ne s'en prengne garde. (MACH., F. am., c.1361, 178). Près de là avoit un chastel Qu'on tenoit pour fort et pour bel. Ses noms ne doit estre celez, Candelor estoit appellez. (MACH., P. Alex., p.1369, 121). Li roys pas très bien ne cela Ceste chose, ains la revela Au prince, qui estoit son frere, Drois germains de pere et de mere. (MACH., P. Alex., p.1369, 249). Et la cause pourquoy leur yre est tost passee est pour ce que ilz ne la celent pas ou retiennent en leur cuer, mais tantost ilz rendent et retribuent et quierent punicion selon ce et pour ce que ilz sont manifestes et ouvers pour la velocité et hastiveté du mouvement de leur yre, et aprés ilz se reposent et est leur yre passee. (ORESME, E.A., c.1370, 262). Mére, celé soit et couvert Ce fait ci (Mir. roy Thierry, c.1374, 266). Las ! et je le port et selle N'onques n'en parleray. (MACH., Lays, 1377, 313). Dont j'ay esplourée La face et descoulourée ; Ce n'est pas chose celée : Bien il pert à my. (MACH., Lays, 1377, 357). La chose ne pot estre si celee qu'il ne feust sceu par la cité (ARRAS, c.1392-1393, 107). C'est chose qu'on ne peut celer. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 18). ...et de ce confians furent tous esbahiz quant virent ce qu'avoit escript, qu'il ont celé et gardé le plus secretement qu'ont peu (BAYE, II, 1411-1417, 54). Je ne sçay quel moyen penser De vostre mal. Dictes le moy, S'il vous plaist, et en bonne foy Je vous promet de le seller, Sans jamais dire ou desseller. (Narcissus, p.1426, 297). ...Dictez ce que avez conclud et appointé ; je sèleroye bien plus grant chose que ceste cy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 74-75). ...car ainsin l'a ordonné le vray et trestout puissant juge de toutes choses, auquel ne fault ne on ne puet riens celer (LA SALE, J.S., 1456, 307). Or ne vous fault il pas celer ce qui sert a l'ystoire. (C.N.N., c.1456-1467, 88). ...il descouvreroit et publicqueroit a la volée vostre secret. Rien n'est tenu couvert, clos ne celé par telz gens (C.N.N., c.1456-1467, 563). J'en fuz batu [à cause des folles amours] comme a ru telles, Tout nu, ja ne le quiers celler. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 65). Ung riche cele sa richesse. (Gens nouv. T., c.1461-1500, 324). Choile en tant que peulz la chose que tu fais (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 167).

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[Une qualité ou un défaut] : Mais chascun n'a pas ceste vertus et ceste discrecion. Si est le plus seur celer toudiz ses vertus, lesquelles on cuide avoir, plus diligemment que les autres ne celent leurs vices, se non en cas de necessité, ou pour avoir conseil de celuy qui le scaura donner, comme en confession. (GERS., P. Paul, a.1394, 503).

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Celer un secret : Par ma foy, monseigneur, et vous, mon frere, vous devez savoir que par raison naturelle a qui que je celasse mon secré, a vous deux ne le devroye je pas celer, voire se c'estoit chose que je peusse dire, et aussi que je le sceusse. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

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Celer le cas / le fait de : ...mon mary qui bien deüst Celer mon fait... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 40). Trop avons sellé Et trop pou parlé Des faiz Jhesucrist (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 449). Et affin de son cas celler... (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 207).

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Celer sa pensee / les pensees : ...mais ceulz des parties de occident sont plus couvers et celent leur pensee. (ORESME, E.A.C., c.1370, 384). ...et à Dieu ne peult-l'on celer les pensées. (COMM., III, 1495-1498, 249).

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Celer qqc. à qqn : Je te di qu'il sont appellé Voloir, Penser et Dous Plaisir, Loiauté, Celer et Desir. Or t'ay dit les noms sans demour Des damoisiaus de noble atour. (MACH., D. verg., a.1340, 34). Encor y a un autre point Que je ne te celerai point. (MACH., P. Alex., p.1369, 13). Son nom pas ne vous celeray, Einsois le vous exposeray. (MACH., P. Alex., p.1369, 182). Vous estes mon frere, je ne vous doy pas celer vostre deshonneur. (ARRAS, c.1392-1393, 241). ...lez secretz de paradis (...) furent muciez et celez aux cultiveurs des aultres loys. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 99). ...quant je le vous celay au commencement, j'euz paour que vous en fussiez mal content et depuis ay dissimullé tousjours à vous le dire. (BUEIL, II, 1461-1466, 255). Ne cellez rien a vos amis, Qu'avez vous dedans ce mortier ? (Dorib., p.1480, 251). J'ay a nom Brundemor, point ne vous celleron. (Rom. Richart C., a.1496, 55). ...vous ne me celerez Chose qui soit dedens vostre pencee. (LA VIGNE, S.M., 1496, 356). ...ains, s'aucune chose venoit à sa congnoissance, qu'il nous le revelleroit sans riens nous en celler et neantmoins y vivreoit et resisteroit de tout son povoir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 243).

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Celer que : Et si ne fait pas a celer Que... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 352). ...je ne veil pas nyer ne celer que je ne l'aye pieça requise de son amour. (C.N.N., c.1456-1467, 160).

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Celer + interr. indir. : Sire, ne me cellés [var. sellés] Qui est cest damoysel (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 278).

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Empl. pronom. à sens passif : ...la grace que Dieu vous a faicte et a tout vostre peuple ne se peult celer (JUV. URS., Verba, 1452, 199). ...la bataille ne se peult celer ; car les deux puissances ne se pevent assembler qu'il ne soit sceu. (BUEIL, II, 1461-1466, 233).

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Amour ne se peut celer. V. amour

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Prov. Chose celee en coeur n'est point profitable

Rem. Cleriadus Z., c.1440-1444, 19.

2.

"Dissimuler qqc." : ...comme dit saint Pol, en l'ange de lumiere, c'est a dire : en samblance de grant bien il cele sa malice, et decoit plus tost et plus perilleusement que se il la monstroit ouvertement (GERS., P. Paul, a.1394, 501).

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Ne rien celer. "Être sincère" : Bien est vray, Sire affin que je riens ne te cele, ung scrupule, doubte ou question me survient en ceste besoingne, se ainsy s'acomplissoit par oeuvre de mariage, et tu pues apparcevoir Justice qui le me note, conseille et sacouste a l'oreille. (GERS., Concept., 1401, 397). Je supply et enhorte a tous peres et meres et maistres que ilz soient diligens a faire confesser leurs enfans, et les enhortent a ne riens celer. (GERS., Concept., 1401, 429).

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Empl. pronom. à sens passif : ...la desatrempance de leur courage ne s'est peu celer soubz la desguiseure de leur habit (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66).

3.

Part. passé en empl. adj. [D'un phénomène naturel ou surnaturel] "Caché, inintelligible" : Véuz effectz bien merveilleuz Moult estranges et périlleuz, Desquelz les causes et raisons Sont célées toutes saisons à maint soutil entendement (LA HAYE, P. peste, 1426, 15).

B. -

Empl. abs. "Se taire" : ...cil chien par lor haut braire Sont a celer forment contraire ["à ête discrets" ? Ou est-ce un inf. subst. ("discrétion") ?]. (ACART, Prise am. H., 1332, 14).

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Sans celer. "Franchement" : Je suys certain, dist Nalme sans celeir, que trahison y at voulut ovreir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 130). Conté lui a plainement, sans celer, Que sa Dame, la tresplaisant et belle, Qu'il a long temps tresloyaument servie, Est a present en griefve maladie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 79).

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[D'une chose] Faire à celer. "Devoir être tu" : ...qui descoeuvre conseil qui fait a celer n'est digne d'estre en nulles secretes besoingnes (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 692).

C. -

Empl. pronom.

1.

"Cacher ce que l'on sait" : Mon amy joieux, il est vray Que vostre excellente beaulté, Doulceur et gracïeuseté Ont mis l'amoureuse estincelle En mon cueur, qui point ne se selle, Car le semblant n'en peut mentir. (Narcissus, p.1426, 297).

2.

"Se dissimuler" : Cestui de Paginea estoit à merveilles expert ès jugemens particuliers, car de son temps il n'estoit murtrier, ne larron, ne malfaicteur, qui se peut abscondre, ne larrecin celler, ne traictre qui se peust devant ses jugemens celez, couvrir ne deffendre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

D. -

Part. passé en empl. subst. En celé. "En cachette, en secret" : JÉSUS à DIEU. Mez, pere, bien savoir voudrai (...) së en terre me faudra En apert ou celé aler, Et se rien me faudra porter Qui soit neccessaire au chemin. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 30). Et Jhesus dist qu'apertement Avoit donné ensegnement Devant tous, et rien en secré Ensegnié n'avoit n'en celé, Et qu'il en demandast a ceuz Qui avoient este oieurs. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 272). ...mais sitost que le chevalier peult parler a elle en celé, il luy dist : ... (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 177).

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À celé : ...elle disoit a lui coyement a cellé : ... (Tristan Nant. S., c.1350, 246).

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Part. passé en empl. subst. fém. À celee. V. celée "En cachette, secrètement" : Cil prent en lui un hardement De parler a luy humblement, Si que de lui s'aprochera Et doucement li touchera Comment elle est de lui amée, Non present gens, mais a celée ; Car il penra lieu et espace Arrier des gens de celle place. (MACH., D. Aler., a.1349, 304). Se li priay moult doucement Qu'a son gré debonnairement M'en vosist donner tel propos Que je demourasse en repos. Tant priay Amours a celée Que li aigle fu oubliée... (MACH., D. Aler., a.1349, 369). Enterrer l'ay fait a celée Et coyement. (Mir. roy Thierry, c.1374, 283).

E. -

Part. prés. en empl. adj. "Discret" : Obeissans, celans, sanz forfaiture, Perceverans... (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 370).

F. -

Inf. subst. "Fait de tenir caché ; secret" : Le celer riens ne te vauldra (Mir. march. larr., c.1349, 106). ...Et se le contraire y heüst, Elle bien taire s'en sceüst Et au celer bien li aidaisse, Car par ma foi bien le celaisse. (MACH., Voir, 1364, 366). Par Dieu, Remondin, je suiz, aprez Dieu, celle qui te puet plus aidier et avancier en ce mortel monde, en tes adversitez, et ton malefice revertir en bien. Rien ne te vault le celer. Je scay bien comment tu as occis ton seigneur par mespresure, comme de cas volontaire, combien que pour l'eure tu ne le cuidas pas faire (ARRAS, c.1392-1393, 25). Quant celle voit que il se celoit si fort contre lui, si lui a dit : Remondin, par Dieu, riens ne vous vault le celer ; je scay bien comment il vous va. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Honte me fiert, Craincte me tire Et me deffend a tous propos Ce que pour riens [je n'ose dire Et que je tiens en mon cueur cloz]. Ainsi me va de mal en pire : Hardement me tourne le dos, Espoir de Joye m'a forclos Pour ung celler, sans plus redire. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 242). Par foi, c'est le conte d'Artois qui en habillement dissimulé fait ainsy fringuez ! Riens ne ly vault le celer car on ne sçaroit en nul pays trouver chevalier qui a la jouste le ressemblast (Comte Artois S., c.1453-1467, 20).

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[P. personnification] : Et de ces damoiselles gentes Qui mettent toutes leur ententes A moy honnourer et servir Te vueil je les noms descouvrir, Car ja ne te seront celé. Je te di qu'il sont appellé Voloir, Penser et Dous Plaisir, Loiauté, Celer et Desir. Or t'ay dit les noms sans demour Des damoisiaus de noble atour. (MACH., D. verg., a.1340, 34).

III. -

Celer qqn./Se celer. "Dissimuler, par discrétion, l'identité de qqn (sa propre identité), les relations de qqn (ses propres relations)..."

A. -

Empl. trans.

1.

"Ne pas dévoiler l'identité de qqn" : Certes, sire chevallier, respondy la damoyselle, il ne m'est point tant deffendu que je ne puisse bien dire qui elle est, ne elle ne doit point estre selee ou milieu de sa terre. Pourquoy je vous advertis qu'elle est fille au roy de l'Estrange Marche (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 106).

2.

"Ne pas dévoiler les liens qui vous unissent à qqn (dans le domaine de l'amour)" : Pour c'en doubtance et en cremour Vueil ma douce dame obeïr, Servir, celer, et sans partir Vivre en son amoureus dangier. (MACH., D. verg., a.1340, 56). Dame, je vueil endurer, Tant com je porray durer. Einsi vous vueil tres liement Doubter, servir et celer De fin cuer et humblement... (MACH., Ch. bal., 1377, 591). Se ma dame me mescroit, c'est à tort, Que jamais jour ne vueille departir Ne desservir de li jusqu'à la mort [le ms. (consulté par G. Roques) porte Ne dessevrer de li jusqu'à la mort (et non : desservir)], Einsois la vueil amer sans repentir, Servir, celer, doubter et obeïr, Com cilz qui vueil miex la mort recevoir Que moy partir de son noble pouoir. (MACH., L. dames, 1377, 90).

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Empl. abs. : Mais par servir, Par honnourer, par celer, par cremir, Par endurer liement et souffrir, Par bien amer de cuer et obeïr Trés humblement Pouez encore avoir aligement, Joie et l'amour de celle ou vos cuers tent. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 91).

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Celer son pere à qqn. "Dissimuler à qqn ses origines" : ...on li cheloit son pere (Bât. Bouillon C., c.1350, 130).

B. -

Empl. pronom.

1.

"Ne pas dévoiler son identité" : Tres nobles et puissans roys, je ne me quier plus celer, puis que je suis en court de droit et de justice, et que je voy mon ennemy devant moy. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Certes il se cella tellement qu'il ne fut point cogneu (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 174). ...il n'est nul besoing de vous celer, ainchois me dittes tout plainement qui vous estes. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 350). La pouvrette (...) ne savoit lequel faire, ou de soy encores celer (...) ou de soy prestement faire cognoistre. (C.N.N., c.1456-1467, 174).

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Se faire celer. "Cacher son identité" : En chevauçant le royaume, li gentilz chevaliers ne se faisoit point celer, mès se nommoit partout. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 8).

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Se celer de qqn. "Cacher à qqn son identité" : Et pour ce que nostre hostesse m'a receu tant amoureusement, je ne me veul point celer d'elle. Sy veul bien (...) que vous sachez que je suis le roy Perceforest. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 193).

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Se celer envers qqn : Ha ! Remanant de Joye, trop vous estes çlé envers moy, quant vous estes le filz de tant excellent prince comme fut le roy Alixandre. Je vueil bien que vous sachiez que se ja pieça l'eusse sceu, je vous eusse autrement traittié. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 54). [Autre ex. p.223, 143]

2.

"Ne pas dévoiler ses sentiments, son secret..." : Quant le chevalier entendy ce, il fut plus joyeulx que doulant, et pour soy celer se teust atant. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 140).

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Se celer contre / devant qqn. "Cacher un secret à qqn" : Quant celle voit que il se celoit si fort contre lui, si lui a dit : Remondin, par Dieu, riens ne vous vault le celer ; je scay bien comment il vous va. (ARRAS, c.1392-1393, 25).

REM. On relève des graphies en sc- : Sire, dist le payen, foy que doy a Mahon, Je ne sçay ou il est, ne le scelerïon (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 308).. Dans certains passages, on peut hésiter entre celer et sceller. Ainsi ds les Quinze Joyes mar. (éd., note 11/223) ; de même pour VILLON, Test.R.H., 91 : Car i vueil celer mes amours ("cacher" ou "sceller, sanctionner" ? ; cf. le commentaire de ce vers 1069 ds l'éd.). Le passage suiv., à rimes enchaînées, fait également difficulté : Chante qui veult, elle est toujours dolente, Lente en tout bien et en dueil exellente, Cellente aussy d'ouyr malle nouvelle ; Elle est de tous meschiefz contenante, Tenante en soy tristesse parmanante, Manante en pleurs et douleur eternelle. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 10).. Trois interprétations sont possibles : zellente (sur zèle, "désireuse, empressée", la Mort étant méchante) ; celante "discrète" ; ou encore (es)cellente aussi "excellente aussi". Sur les deux premières, cf. l'éd. p.96, n.34 ; sur la troisième, cf. J.C. Laidlaw, Mod. Lang. R. 70, 1975, 887.
 

"Celle qui recèle qqc., qui porte qqc. en elle" : Paix est de plaisir chanceliere, Paix est de justice lumiere, Paix est d'amour la celeriere (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 70).
 

[Dans des tournures négatives] "Fait de tenir caché"

-

Ne pas faire celison (de qqc.). "Ne pas faire mystère de qqc." : Et li rois li escrie : "Dont vient li compaignon ?" Et dist li marcheans : "N'en feray chelison..." (Flor. Rome W., c.1330-1400, 138). Ballian, dit Florie, ne me fais cellison... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 47). Que vous en samble, belle ? N'an faite cellison (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 225). Ne me fais celison. Ou est Guy de Nanteul qui ceur a de griffon ? (Tristan Nant. S., c.1350, 106). "Amis," ce dist le roy, "comment avez a nom ?" "Emerïet," dist il, "ja n'en feray celeison. " (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 126). Dittes moy qui vous estes, n'em fettes celoyson. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 276). [Var. celison, p.657] A monseigneur, dist il, ne feray celison ; Je revien devers l'ost, par saint Simeon... (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 55). Bertran de Glaiequin et tuit li compaignon Vous mandent de par moy, n'en feray celison, Se vous voulez avoir a eulx bataille ou non (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 101). Or me dictes, frans roy, pour Dieu vous en prion, Est le mien pere cy ? N'en faictes celison ! (Galien D.B., c.1400-1500, 48).

Rem. Autres ex. du XIVe s. ds T-L II, 103, et GD II, 10b. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, v.20907.

-

Ne pas se faire celison de qqc. "Ne pas chercher à se cacher qqc., se rendre à l'évidence" : [Herpin, à Aelis, sa femme] "Damme, ne creés pais si folle mesprison ! Il dit que c'est vous filz de droite norisson, Maix c'il n'en sceit conter la droite establisson, De trestout cez parlés ne donroie ung bouton ! - Malvais hons, dit-elle, car a ta division, Car vela le tien filz, ne t'en fais cellisson ! Si trez bien te resamble de bouche et de menton, De viaire et de corpz et de droite faisson, C'on n'i sceit reprandre vaillant ung esperron." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 628).

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Sans faire celison. "Sans rien cacher" : Et se li dites bien, sans faire célison, Que par mais mariaige bien honnie m'a-on (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 36). Et se li ditez bien sans faire celison Qu'ill ara le bataille. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 253).
 

"Secret, cachette"

-

A celure. "En secret, en cachette" : Droit devant mienuit, ains c'on oïst canter Le jolit koc qui sieut les heures atemprer, S'alèrent crestyen à celeure lever. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 50).
 

[Sur conceler]

Rem. Cf.  ; AND : concelement.
 

"Cacher, dissimuler" : GABRIEL (à JOSEPH). Par droit li faut de gesine à la Vierge Comme de ce que plevine Entre li et toi faite fu A fin que ne fust connëu Le mystere que ja bien sces (...) Si ne te doiz pas esbahir, Se ce elle veut acomplir Qui est commencié par devant, Le dit mystere concelant. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 73). ...lesdiz gardes seront tenus apporter (...) toutes les amendes et mal façons (...), sans en concheler aucun. (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1399, 343).

REM. Autres ex. : GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, v.5351 (T-L II, 650) ; Lettres agn. L., 1412, 404.
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Faire connaître (ce qui est secret), dévoiler qqc., révéler l'existence de qqc." : ...Fiel emmielé, Chaude friçon, eaue ardant, feu gelé, Certain espoir de souspeçon meslé, Taisible bruit et secret descelé (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191). Las ! et je n'ose bonnement En requerir alegement Ne le dire a personne nee, Que je n'acroisse mon tourment, Se Male Bouche aucunement Avoit ma plainte descelee. (Narcissus, p.1426, 283). Je ne sçay quel moyen penser De vostre mal. Dictes le moy, S'il vous plaist, et en bonne foy Je vous promet de le seller, Sans jamais dire ou desseller. (Narcissus, p.1426, 297). Ceulx qui cuydent dissimuler Si y perdent sens et scavoir, A la fin les fault deceler, Chascun le peult appercevoir (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 65). ...et eulx, par leur courage trahistre et failly, tantost qu'ilz ont la pocession de secrets s'efforcent de les descouvrir et desceller (Chastel. Vergier S., c.1450-1480, 91). [Sébastien] Leur a fet renoyer nous dieulx, Y encour dom je m'esbaÿs mieulx, Il le luy a fet tous bruler. Ceci non est pas de celler [l. pas deceller] [lecture proposée par M. Rousse ds Rom. Philol. 25, 1972, 465]. Omques ne fut veu tel esclandre. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 153). Saint Jehan Baptiste ainsy le fist [de montrer le bien], Quant l'Aignel de Dieu descela ; En ce faisant pas ne mesfist, Dont sa voix es tourbes vola, De quoy saint Andry Dieu loua, Qui de lui si ne sçavoit rien, Et au Filz de Dieu s'aloua (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 42). Nostre mignon (...) ne porta gueres sa pensée sans la deceler a monseigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 83). ...en grand reverence luy dist qu'il avoit en son cueur ung secret que voluntiers luy decelast s'il osoit. (C.N.N., c.1456-1467, 93). ...vous estiez gastez et perduz, et eust esté vostre fait decelé et tantost sceu par toute la ville. (C.N.N., c.1456-1467, 433). En alant, Medee commença a souspirer, et lui ardoit le cuer. Et lors, quant elle ne peut celer ce que desceler lui estoit force, elle entama la matiere en ceste façon, disant : "Jason, je plains vostre beaulté !" (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 196). "Ma dame," respondy Jason, "je suis un povre chevalier aux monstres envoyé, vous me faittes plus d'honneur que jamais ne vous pourray desservir. Neantmoins, quant vostre piteable humilier se voeut encliner vers ma povreté, je vous jure par tous les noms des dieux que, se aulcune chose me descellés, tant comme je vive il ne partira de ma bouche." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 197). Chose vous sera dessellee Que jamais n'yssit de ma bouche (LA VIGNE, S.M., 1496, 260).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

B. -

"Découvrir, trouver qqc." : Partout fait le roy enquerir Ou Amphoras peut estre alé, Et, au derrenier, l'a decellé Sa femme (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 311). Le nÿer en riens ne t'excuse : Tu en es, la langue t'accuse Et est la chose descellee Que tu es né de Gallilee ; On te congnoist a ta parolle. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 732).

C. -

Desceler qqn. "Découvrir (le secret de) qqn, dénoncer qqn" : Je vous diray ung grant conseil, més que vous me jurez loyaument, en parolle de roy de moy celler [var. que vous ne me descouvrerez / descellerez point] (Ponthus Sidoine C., c.1400, 80). Toutesfois faisoit elle semblant d'estre joyeuse et menoit une joye faincte, en covrant son cuer le plus qu'elle povoit, quar elle ne voloit pour chouse du monde qu'elle fust de ["au sujet de"] ceste besongne descellee. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 86). Or viens je a respondre pour celles Lesquelles par ta courtoisie Diffames, blasmes et descelles (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 145).

II. -

Empl. pronom. Se desceler

A. -

[D'une pers.] "Se dévoiler" : ...si elle ne doubtast mettre male paix entre monseigneur et madame, il ne luy chauldroit guere de la desloyaulté de monseigneur ; mais au fort elle conclud se deceler au plus tard qu'elle pourra. (C.N.N., c.1456-1467, 116).

B. -

[D'une chose] "Se révéler" : Monseigneur, par mon semblant La moye amour se descele ; Ne fault ja que je le cele, Bien sçay que l'apercevez (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 275).

REM. Dans certains des ex. cités (notamment quand la graphie comporte deux l), il pourrait s'agir aussi du verbe desceller employé figurément.
 

"Ouvertement, sans précaution" : Le juene moine, surprins de trop grande delectation charnele, se soulaceoit avec la jouvencelle moins cautemant et plus deceleemant que il ne convenoit. (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 68).
 

A. -

Forceler qqc. "Dissimuler qqc., tenir qqc. caché" : ...li fils Jehan de Biaumont, le drappier, emprunta naweres a Maigne de Bourgon, femme Jehan Le Roy, fourbisseur-usurier, aucune somme d'argent sur fillé de laine, lequelle cose nulz usuriers ne puet faire par le loy de le ville. Et depuis, quant on volt les wages racater, li dicte femme et ses maris les fourcelerent et disent que onques n'avoient euv ne veuv le fillet. (Drap. Valenc. E., 1368, 35). Cens forcelleit. Jugement de Jehan de Waudrewange d'une pairt, et de Aillison, femme Maitheu Buglei, d'autre pairt, pour ung .L. sols de cens qui estoient forcelleit, se volloit ledit Jehan de Waudrewange que ladicte Allison le combareit a double ; la quelle Aillison dit que çou n'avoit elle mie a ffaire, ne qu'elle ne li avoit mie a essigner .C. solz de cens pour le double, pour ce qu'elle se traioit point az heritaige sor quoi lez .L. sols de cens estoient escheus pour hoirs ne pour encheute. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1393], 573).

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1376, c.1419, ds GD IV, 66b-c. Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1358, 294 (forcheles) ; CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, v.2286 (forcelant)...

-

En forcelant. "À la dérobée" : ...on luy couppe les cheveux en forcélant et luy désempare-on le chief. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 322).

B. -

Forceler qqn : ...chargéz d'avoir receptéz et fourcelléz noz ennemys... (Lettres rémission René II P.D.H., 1478, 111).
 

"Celui qui recèle, qui cache, recéleur" : ...il seroit robeur et fourceleur d'autruy proesse et d'autruy honneur. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 884).

Rem. GD IV, 66c.
 

-

Mener grant recel. "Bien dissimuler"

Rem. T-L VIII, 389 (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 20567 ; leçon frestel ds CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 434).

-

Se tenir en recel. "Se tenir caché" : Et soudainement (...) le peuple s'esmut, et alors tout ce qui avoit le courage mutin, et ce qui s'estoit tenu en recel de peur de la justice, prestement tout courut aux armes (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 261).
 

"Recel" : ...et pour ce faire seroient regardez tous les moyens et diligences que faire se pourroient pour recouvrer laditte depposition et que ad ce faire seroient contraintz tous ceulx qui avoient esté cause de la recelation d'icelle depposicion (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 213).
 

"Secret, cachette" : Puis aprés, se Dieu me moi, Raymon sequeure, Vouldray eslire ma demeure En reclusage, en recellee, En aucune estrange contree Ou congneüz ne seray mie (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 286).

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À/en recelee. "En secret, en cachette" : Et quant je vi Qu'Esperence avoit assevi Tout ce que dire me voloit, Et qu'einsi elle s'en voloit Soudeinnement a recelée, Je cheï en moult grant pensée Et par ordre a recorder pris Tout ce qu'elle m'avoit apris De point en point, car bien pensoie Qu'encor grant mestier en aroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 108). LA FILLE. (...) Venir pourriez une vesprée Dedans ma chambre a recelée ; Mon seigneur, veez ci les clez (Mir. femme roy Port., c.1342, 165). Tu [Trahison] ëus habit d'apostre. Pas n'estoit pour patenostre Dire ne pour oroison, Mes pour poindre en recelee (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 160). Et si tost com je verrai, Amis, vostre retournee, La dolour oublierai Que j'ai longuement portee ; De tous maulz serai sanee, Et dirai a chiere lie Que le bien amer renvie. Et aussi je garirai Doucement, a recelee, La dolour qu'en vo cuer vrai Est par Desir engendree : La sera joie doublee, Et verrés un cuer d'amie Que le bien amer renvie. (MACH., Voir, 1364, 464). ...ami qui renommée A tele qu'à tous agrée Son faitis corps gay. Quant j'y pense à recelée, Ma joie est renouvelée, Et .CM. fois doublée L'amour qu'en li ay (MACH., Les lays, 1377, 347). Si pleure bas, en recelee (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 45). En emble s'en vont com larrons, Par nuit, au temple, en recellee, Apprestez de faire meslee. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 66). Et fu en grant péril d'avoir vie finée D'aucuns qui le voloient ocire à recelée, S'en fu plus d'une fois la cose marcandée Pour le traitier à mort (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 270). Nous savons assez, Nichodeme, Que le portez en recelee, Jaçoit que bien sçavez vous mesme Sa maniere tres deriglee, Et comment gecte a la volee Ses brocas a tout mal reduyz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 422).

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.
 

DR. "Fait de cacher frauduleusement qqc. (qui est recherché par la justice)" : Cedit jour, ont esté interroguez en pleinne Court maistre Guillaume Barrau, secretaire du Roy et du duc de Berry, messire Vidal de Chastelmoran, soy disant arcevesque de Tholouse, sur certain recelement de lettres que l'en disoit apartenir à messire Ravat (BAYE, I, 1400-1410, 192). Le venredi XXVe jour, interrogué Jacquelin Culon et Phelipon Lalot sur le recèlement des biens, et sont leurs depposicions ou sac . (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 129). ...ay baillé commission audit Jehan Dreux pour faire publier à La Rochelle que tous ceulx qui auront ou sauront ou auront eu ou sceu aucuns des biens dudit Cuer ou de ses facteurs que dedens trois jours le viennent révéler audit Dreux, sur peine d'estre pugniz comme recéleurs de biens du Roy et autres peines en tel cas appartenans, et avec ce qu'il se informast desdiz recèlemens (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 496).

-

"Fait de tenir qqc. secret (à la justice) " : Pour occasion duquel recelement de non avoir ce denoncé a justice, promesses d'argent et autres choses dessusdictes (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 33). Et pour ce que savons que ou procès et ou jugement d'icellui y a eu plusieurs impressions, recelemens et autres choses indeues (...) nous (...) voulons et vous mandons que (Lettres Louis XI, V., t.3, 1465-1469, 228).
 

"En secret" : ...les dits habitans des dites Dioceses, vont acheter recelement ledit sel (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1371, 404). ...car plusieurs d'iceulx marchans, les denrées et marchandises qu'ils doivent amener et descendre ès places ordonées à ce en ladicte Ville, descendent ès faulxbourgs, en hostelleries et autres lieux près d'icelles villes, et les vendent illec receléement (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1400, 397). ...non point que je voulsisse ce estre fait recéleément, mais en appert (Doc. 1439. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5 c.1444-1453, 379).
 

Empl. trans.

A. -

"Cacher qqc., garder qqc. caché" : Dezquellez choses il nous appiert que il est troys manieres de dyvinacion : la primiere maniere se fait par expresse evocacion de l'Anemi ; la seconde se fait par la seule consideracion du mouvement d'aucune chose ; la tierce, quant nous faisons aucune chose afin que la chose occulte ou recelee nous soit revelee. La primiere espece si appartient au nigromanciens ; la seconde, aux augures ; la tierce, aux sortileges. (Songe verg. S., t.1, 1378, 366). ...et tousjours [elle] eust recelé et dit icellui enfant non estre à autre que à icellui defunct Jehan du Bois, tant comme elle eust eu de quoy vivre ne nourrir soy et sondit filz. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 128). Mais, Dieu scet tout, car n'est cellé Devant lui nul cas recellé ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 55). Encor, afin de monstrer par exemple, que au besoing commun des Rommains nulle chose particuliere, tant feust precieuse, n'estoit espargnee ne recelee, racompte Vegece que, comme aux engins de guerre, dont les Rommains defendoient le Capitole de Romme, feust defailli le cordage, les dames de Romme firent couper leurs blons cheveux et bailler pour faire cordes et secourir a la publique necessité (CHART., Q. inv., 1422, 31). SAINCT MARTIN. Chose vous sera dessellee Que jamais n'yssit de ma bouche, Mais plus ne sera recelee, Car de trop prés le cas me touche. (LA VIGNE, S.M., 1496, 261).

B. -

En partic.

1.

"Cacher frauduleusement, garder illégalement qqc., receler" : Et se la chose trouvée est quise à justice et criée solempnelment et, depuis le cri, cilz qui la trouve la detient et recele par long temps, il est reputéz touz murs en la peine contenue ou cri. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 87). C'est quant une personne ravit aucune chose de l'autruy et, quant il l'a, il ne la veult rendre ou envoier a cellui a qui elle doit estre, ains par avarice le retient et recelle por ce qu'elle lui plaist (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 33). Et, sur la peine dessusdicte, la Court deffend que nul ne reçoive ou recele desormais lettres pareilles. (FAUQ., I, 1417-1420, 34). ...lequel avoit laissié grant chevance, tant en meubles que en heritages, dont il avoit disposé d'une partie pour le salut et remede de son ame, en son testament qui avoit esté perdu ou recelé (FAUQ., II, 1421-1430, 285). ...et aussi feront mectre en ung autre lieu certain tout l'or et l'argent, vaisselle, joyaulx et autres biens de value estans en ladicte forteresse, sans en rien recéler ne destourner aucune chose, en quelque lieu et par quelque manière que ce soit ; et les délivreront et dénonceront aux commis de monseigneur le régent (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 141). ...laquelle somme ilz ont composé à la court, pour ce qu'ils ont recelé plusieurs draps et autres choses que les crocheteurs leurs avoient baillées pour vendre. (Comptes roi René A., t.2, 1477, 463).

-

Receler qqn. "Cacher qqn, donner frauduleusement asile à qqn" : Ceulx qui recevent ou recellent meurtriers, larons, ou fourceurs de femmes, embraseurs de maisons et qui participent en leurs meffaiz, ilz commectent autelle paine comme les malfaicteurs principaulx (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 499). Ne pourront ceux de ladite ville, ne autres qui demoureront en icelle, avouer à eulx appartenir, ne tenir aulcuns des biens de ceulx qui s'en yront, ne les recéler, mais seront tenus de les enseigner et dénoncer (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 209). Audit temps fut fait mourir et enfoye toute vive, audit lieu de Paris, une femme nommé Perrette Mauger, pour occasion de ce que ladicte Perrette avoit fait et commis pluseurs larrecins, et en ce faisant par long temps continué, et aussy favourisé et recellé plusieurs larrons, qui aussy faisoient et commettoient plusieurs et divers larrecins audit lieu de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 4). ...il avoit recellé le seigneur de Lorme en sa maison, ou temps que je le faisoye querir pour le prendre (Lettres Louis XI, V., t.8, 1479-1480, 96). ...icelui commissaire oult grans parolles avecquez ledit curé de la Croix, disant audit curé que il avoit recelley ung sournommé Desprez de ladicte paroisse, ad quoy ledit curé de la Croix respondit que il n'avoit point recelley ledit Desprez (...) et adonc ledit commissaire print ledit curé de la Croix par le collet et le fist prisonnier du Roy (Lettres Louis XI, V., Pièces justif., t.9, 1480-1482, 333).

2.

"Cacher qqc. pour le détourner, détourner qqc." : LE JUGE. (...) Il [l'auteur du méfait] vous ample de vin la pence, Et vous est la bourse fourree. Ainsi m'amende est recelee, Que point n'en ay. (Mir. enf. ress., 1353, 29).

-

"Soustraire à son profit des sommes d'argent recueillies dans l'exercice d'une charge" : ...icellui Perrin l'avoit accusé et pluseurs autres de ladite parroisse envers le seigneur dudit Sorteville de rentes recelées par ledit Richard, pour laquelle chose ledit Richard avoit esté grandement dommaigé (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 178). ...condempnons icelluy Jacques Cuer à nous rendre et restituer, pour les sommes par luy reccellées et retenues indeument sur nous, et aussi pour les sommes extorquées, prinses et exigées indeument sur noz païs et subgiez (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 14).
 

"Celle qui cache qqc."

REM. Doc. 1340 ds GD VI, 652a.
 

"Celui qui cache qqn ou qqc. qui est recherché par la justice" : De recelleurs de larons et malfaicteurs. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 499). ...ay baillé commission à Jehan Dreux, sergent royal, pour adjourner ledit Bonhommet de main mise à comparoir par devant moy à certain brief jour à la peine de cent marcs d'argent et d'estre pugny comme recéleur desdictes laynes et cuirs d'Escosse (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 551).

Rem. Doc.1321 ds GDC X, 496a.
 

"Cacher, dissimuler qqc." : ...vous enformez (...) de ceuls qui auront retenu et souzcelé aucune chose des biens des rebelles (Doc. Poitou G., t.2, 1340, 169).

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8210 (Lexique de B. Stumpf et T-L IX, 942).