C.N.R.S.
 
Famille de asper 
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     ÂPRE     
FEW XXV asper
ASPRE, adj.
[T-L : aspre ; GDC : aspre2 ; AND : aspre ; DÉCT : aspre ; FEW XXV, 469-475 : asper ; TLF : III, 351b : âpre]

A. -

Au propre. [De choses ou d'êtres qui provoquent au toucher, par des aspérités, des sensations plus ou moins désagréables]

 

1.

[D'une chose] "Inégal au toucher" : L'autre cause est car la superfice concave de l'element du feu, qui est meue mout plus isnelement que l'aer, n'est pas perfectement sperique ne souverainnement polie, mais est aspre et aussi comme endentee en la superfice convexe de l'aer. (ORESME, C.M., c.1377, 442).

 

-

[D'un tissu] "Rêche, rugueux" : A ma char vestiray la haire Aspre et poingnant dès ores mais (Mir. st J. Paulu, c.1372, 94). Ilz furent contens de prendre ces chemises de l'oste, qui estoient courtes et estroictes, et de dure et aspre toille (C.N.N., c.1456-1467, 399).

 

-

[D'une pierre] "Qui présente des aspérités ; dur" : Et par celle sueur il [l'aigle] oste ses plumes. Et aprez qu'il les a recouvrees, il va et quiert une roche de pierres, et tappe et fiert son bec a la plus aspre et dure pierre de la roche, tant qu'il oste son becq (Somme abr., c.1477-1481, 179). Il y avoit seullement ung peu de doulve, ne jamais n'y eut fossé, car le fondz est de roch très aspre et très dur. (COMM., I, 1489-1491, 152).

 

-

[D'un végétal]

 

.

"Piquant" : Puis fist [Pilate] des espines couper Des plus aspres que peut trouver Et couronne faire l'en fist [à Jésus] Pour ce que devant contredit N'avoit mie que roy ne fust Et quë alleurs regne n'ëust. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 278). DIGULLEVILLE [à Jésus]. Ce fu Pilate (...) Qui apres couronner te fist D'espines que trouva ou quist Si aspres que te percoient Le chief et jus espandoient Ton sanc (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 364). Estonné alors cuida respondre, mais il ne peut pour ce qu'il se trouva en ung grant tas d'orties aspres et poingnantes tant enveloppé qu'en bonne espace il ne s'en peut ravoir. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 349).

 

.

"Rugueux" : L'autre [herbe] a fleur jaune et a petites feules, et est tres aspre, et pour ce l'appellent plusieurs asperago ou asprele. (Grant herb. C., c.1450, 89).

 

.

[Dans un compar.] : Poignant sui et haineuse Impacient, (et) desdaigneuse, Plus aspre que n'est gletonnier, Ronce, espine ne groiseillier. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 274).

 

-

[D'un terrain] "Rocailleux, raboteux, inégal" : Si mena son ost .I. pou plus haut en certains tertrez qui illeques estoient, ou il avoit assez aspres lieus aussi comme pavez de pierres (BERS., I, 9, c.1354-1359, 35.2, 64). Et pour ce veons nous que l'eaue a nature et maniere de miroir, et non la terre, pour ce qu'elle est poreuse et aspre et inegal. Et de ce s'ensuit il que les sons y sont mieulx reverberez et renduz a l'oÿe qu'ilz ne sont sur la terre. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 104).

 

2.

[D'un animal]

 

-

"Qui pique" : ...les loys si semblent aux toiles Des yraignes (...) Qui pas ne prennent (...) les gitons Des guespes aspres et poignans (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 57). Et, adoncques, le lyon lya son ventre d'icelle peau toute chaulde et le loup s'en fuyt sans sa peau. Et avoyt le pouvre loup assés a faire de se deffendre des mouches qui le poyndoyent et luy mengeoyent toute sa cher. Et, pour ce qu'elles luy estoient si fort aspres, il se print a courre et passa par dessoubz une motte, sur laquelle motte estoyt le regnard. (MACHO, Esope R., c.1480, 165).

 

-

Aspre (sous les pieds). "Rugueux" : La mauvaise forme d'austour, tant en petis que en grands, est : quant il a teste grande, col court ; les plumes du col meslées et involues ; fort emplumé ; chernu et mol ; cuysses courtes et gresles ; jambes longues, doitz courtz ; couleur tannée tendant à noir et apre soubz les piés. (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 28).

 

3.

[D'une partie du corps] "Hirsute, hérissé" : ...et aprés ly fist son aspre chief estre oings de oingnemens de cypre et ses crins herisseux estre descommeslez par pigne, et sa barbe aspre et comme puant estre ointe d'un oingnement precieux (Cleres nobles femmes B.H., t.1, 1401, 73). Hercules montrant son attour et maintien avoit le visaige hideux, barbe noir mal agencee, aspres cheveulx (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 161).

 

Rem. Il s'agit à la fois d'une sensation tactile pour la barbe et d'une analogie visuelle avec les aspérités d'une surface.

B. -

P. anal. [De choses ou de phénomènes naturels ou physiologiques qui provoquent d'autres sensations plus ou moins désagréables]

 

1.

[Sensation thermique] "Violent, mordant, vif" : ...et par especial a esté tel froidure et si aspre et si vigent par les IJ lunoisons derrainement passées que nul ne povoit besoigner. (BAYE, I, 1400-1410, 215). Ou la terre sembloit de jaspre Aux faulx musars plains de losenges Pour l'air qui estoit desja aspre Sur les fleurs croissans par losenges (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 60). ...le pot a la porée, qui sur le feu estoit, commence a s'en fuyr par dessus, pource que trop aspre feu avoit (C.N.N., c.1456-1467, 543). ...ceste année les froidures ont esté longues et aspres, merveilleusement plus que oncques mais. (C.N.N., c.1456-1467, 514). ...aveuques la fievre que avoit aspre et mortele luy vindrent telle habondance de fleumes contremont et de materes corrumpues que, qui ne luy eust fait une ouverture de veine, subitement il fust estouffé dedens et mort (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 146). ...car tumber de cheval, se rompre une jambe, avoir une fièvre bien aspre, l'on s'en guarist (COMM., II, 1489-1491, 228).

 

2.

[Sensation auditive] "Déplaisant, désagréable, aigu" : Et pour ce dit Boece que consonancie est une meslee de plusieurs sons ensamble agus et graves qui souefment et ouniement se presente aux oreilles, et dissonancie, au contraire, est une noise de deux sons ou de plusieurs qui se monstre aux oreilles aspre et abhominable. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 46). ...les grans faiz tristes et douloureux et les grans infortunes des roys et des grans princes, comme seroit l'ystoire de Tebes ou de Troie, doivent estre chantees et exprimees par les cordes graves que ypate signifie, pour ce que ces cordes ont sons gros et rudes et aspres aussy que les matieres dessus dictes sont aspres et terribles a escouter. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 74). Ainsi que Baude buissonnoit en la forest d'Espérance, lez une lande, il oy un grant glay aspre et esclatissant : lors se tappy et orilla le cor des braconniers, qui, à la fin, cournèrent retraicte. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 124).

 

3.

[Sensation gustative] "Qui produit une sensation de rudesse" : Car qui les [les feuilles] foule et espreint avecques les roisins, elles font le vin plus roide et plus aspre, et de legier corrompable (Rustican H., 1373-1374, 95). ...se le vin est roide et aspre au commencement, c'est certain signe de bonté ; et se il est mol, c'est signe contraire. (Rustican H., 1373-1374, 102).

 

Rem. Cf. A. Henry, Langage oenol. en langue d'oïl, t.2, 1996, 208, s.v. aspre et 263, s.v. roide.

 

4.

[Sensation douloureuse, pénible] "Violent, pénible, terrible"

 

a)

[D'une douleur physique] : ...une maladie le print en l'oeil si greve, qu'il ne le povoit tenir ouvert, tant en estoit aspre la doleur. (C.N.N., c.1456-1467, 502). ...a ce ne failly pas le roy d'Esclavonnie, car en celle meismes nuytie la douleur de ses playes fu si aspre qu'il ne peut oncques reposer. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 140).

 

b)

[D'une maladie, de la mort] : ...en l'an MCCCCXXXVIII furent tres aspres pestilences de epidemie et famine (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1438, 25). ...qui est le cuer tant dur que pierre qui ne exprime pleurs et gemissemens quant il voit malade de si tres aspre maladie qui va jusques a la mort (JUV. URS., Loquar, 1440, 381). A ! A ! Mort aspre et rigoureuse qui riens ne espargne, est ta puissance perdue ? Et que ne viens tu vers moy plus asprement que le cours pour mettre fin a ma miserable vie (Comte Artois S., c.1453-1467, 100). Qui fist mourir autresfois en Egipte Les premiers nez de mort aspre et subite (Cene dieux, c.1492, 119).

C. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

[Qualifie qqn qui, dans un domaine donné, manifeste une certaine intensité d'engagement - avec une valeur positive]

 

-

[Domaine des valeurs guerrières, viriles] "Ardent, fougueux, déterminé" : Et sachiez aussi car, comme il fust homs de tres grant et non vaincu labour, nulz homs ne fu onques plus aspres ou plus riguereux en fait d'armes, fust peons ou chevaucheurs (BERS., I, 9, c.1354-1359, 16.14, 29). Et mon pere le fery du pommeau de l'espee en la temple grant coup. A ce qu'il estoit fors et aspres chevaliers, et la coiffe d'acier estoit feble et mal seure, et le pommel de l'espee estoit pesant, l'aventure fu telle qu'il le tua tout mort estendu a la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 58). ...un roy en Armenie qui moult fut beaulx jeunes homs et en chaleur de force et de vigour, et moult plain de sa voulenté, et de grant cuidier, et hardiz et aspres comme un lyon. (ARRAS, c.1392-1393, 302). Ains le receurent durement Et combatirent seurement, Comme gent fort, aspre et hardie (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 180). ...les gens des frontieres qui sont gens vaillans et aspres aux armes (JUV. URS., Loquar, 1440, 389). Or est coustume en la Grant Bretaigne et en toute l'isle qui de mer est advironnee que les jennes chevaliers chevauchent voulentiers en armes par le royaume pour trouver adventures ou ilz pensent esprouver leurs forces et leurs pouoirs, et en esprouvant accroistre leurs hardemens et eulx introduire aux armez, parquoy ilz soient plus expers et plus aspres en chevalerie et moins redoutans a emprendre aucun grant fait. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 411).

 

-

[Domaine des valeurs spirituelles] "Austère, dur"

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Helas ! o ame devote, et ou est l'amour de Dieu si dure et si aspre maistresse et en ses commandemens, comme tu vois ce tirant dommaigeux, amour d'argent ? (GERS., Concept., 1401, 412).

 

-

[Domaine des valeurs mondaines]

 

.

"Passionné, ardent" : Il estoit si fait au deduit Et si aspre, aussy estoit elle, Qu'il ne leur failloit nul respit, Delay, grace ne quinquernelle. Celluy ne demandoit que celle, Et y en eust il ung millier, Ung tel ne queroit que une telle ; Vela, a tel pot, tel cuillier. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 12).

 

.

"Vif, alerte, énergique" : Li chevalz et li maistre est verséz sus l'erbier. Maix Lion qui avoit le corpz aispre et ligier Resallit vistement, de gesir n'ot mestier. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 444). Mais au contraire, les fors es operacions et fais perilleus sont aguz et aspres, constans et perseverans. (ORESME, E.A., c.1370, 209). Tantost qu'ilz furent entrés dedens la ville, Cersses, qui estoit aspre et malicieuse, aperceu tout a coup Luces a l'huis de son hostel. Adont elle le commanda qu'on lui fist venir pardevant elle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 490).

 

.

Aspre au gagnage. "Âpre au gain" : Et quant au regard des Pycars et Bourguignons la estans, non obstant que de leur propre nature soient assez aspres au guaignage, neantmoins ilz ne povoient avoir lieu pour riens concquerre ne avoir quelconque prouffit (WAVRIN, Chron. H., t.4, p.1471, 162).

 

-

Aspre à faire qqc. "Ardent, diligent, acharné à" : Ceulz, qui estoient aspres a mal faire, escrierent Jason a mort et descendirent de la dodane vers sa nef sus le sablon. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 155). A aller suis aspre et leger Pour errer vingt lieues le iour Nous auons desia prins bon tour Monseigneur et vous descendez Voz cheuaulx seront acoustrez Et allez deuers le sainct Pere. (Myst. st Martin K., a.1500, 291).

 

-

[D'un animal] "Fougueux, ardent" : Ouquel pays trouva en son chemin de cinquante à soixante hommes d'armes daulphinois montez sur très aspres chevaulx, et avoient plusieurs fois espié et costié son ost (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 70). J'ay de bons chiens parfaictement, De grans, de petis largement, Entre lesquelz a une lice, La plus aspre, par mon serment, Qui soit dessoubz le firmament. (Sots mal., c.1480, 77).

 

b)

[Avec une valeur nég.]

 

-

"Autoritaire, violent" : De riens a moy ne vous prenez. Je ne vous suis aspre ne dure Et n'est droit que vous me tenez Envers vous ne doulce ne sure. (CHART., B. Dame, 1424, 350). Celuy qui ne leur est que voysin, s'il est fort et aspre, ilz le laissent vivre ; mais s'il est foible il ne scet où soy mectre, et luy diront qu'il a soutenu leurs ennemys (COMM., II, 1489-1491, 215). Paillars moynes plus aspres que lyons (LA VIGNE, S.M., 1496, 478).

 

-

"Rétif" : Et ainsi la barbarine gent, aspre et forte a gouverner (...) vist de ses yeulx et apperceurent la utillité que ilz avoient reffusee par leurs oreilles. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 27).

 

-

"Féroce" : ...le roy, le regardant d'un aspre oeil (...), prist ung pain en sa main et fellement le rue ou visage du vallet trenchant (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 309). Ilz ont tresmal ouvré, Dont batus seront bien. En moy ilz ont trouvé Plus aspre que chien. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 197).

 

2.

[D'une chose concr./abstr.]

 

a)

[D'une action militaire] "Rude, violent, acharné" : ...car a verité nulle bataille romaine n'avoit onques mais esté plus fiere ne plus aspre. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 27.11, 47). Li Samnicien regardans que en lieu de leur orgueilleuse pais guerre tres aspre et tres ataïnneuse estoit bastie et nee (BERS., I, 9, c.1354-1359, 12.1, 21). ...là eut, le terme que elle dura, moult forte bataille et moult aspre (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 97). ...[faire] bonne guerre et aspre as Englès (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 28). La ot dure meslee et moult aspre. La fait Remondin moult d'armes et moult dommage ses ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 72). Et tantost commenca Gieffroy la bataille aspre et fiere. (ARRAS, c.1392-1393, 220). Et quant ilz se furent tresbien repeus, ilz se mirent en deux parties et puis commencerent l'un des terribles et aspre tournoy que l'en veist oncques. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 283). ...à cinq heures après midi, y fut livré l'assault fort et aspre tellement que ladicte place fut emportée d'assault et furent tuez et pendus tous ceulx qui furent trouvez dedens (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 331). Et combien que la bataille des Bourguignons fust molt espesse et aspre, toutes fois François se boutèrent fort avant ; pour quoy ils entrèrent dedens, mais à grant peine ; car aucuns des Bourguignons avoient leurs lances croysées sur l'arson des selles en l'arrest. (RAOULET, Chron. Ch. VII, V., c.1461-1467, 179). Aux autres jours, se faisoit la guerre tant aspre qu'il estoit possible et continuoient les escarmouches depuis le matin jusques au soir. (COMM., I, 1489-1491, 70).

 

b)

[D'une pratique liée à la vie spirituelle] "Rigoureux, austère, dur" : Convient les biens mondains fuir (...) Et aspre penitence faire (Mir. st J. Cris., c.1344, 259). Tant aprent et si monta Que touz sez mestres sourmonta De sens, de bien et de clergie ; Et si mena si douce vie Et si apre en son courage Con s'il fut moine en hermitage. (Vie st Evroul S., c.1350, 41). Mais il het et a desdaingniée L'orgueilleuse vie du monde Et vit en conscience monde De povre vie aspre et cuisant (Mir. parr., 1356, 44). Quant au regard d'elle, elle y mena ungne vie sobre et aspre en vestant ungne ayre rude et inhumaine (PIERRE DE REIMS, Vie ste Colette U.A., 1447, 23). ...mais laissons nous, par l'inspiration du Saint Esprit, mener ou desert qui est l'asperité de penitence, en lieu solitaire et secret (...) en doloureuses pleurs et en parfons gemissemens, en aspres jeusnes et rigoureuses abstinences. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 193). Plusieurs estiment qu'il soit saint pour la saincte vie qu'il menoit très austere et aspre et faisoit plusieurs aumosnes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 r°).

 

c)

[D'une pratique sociale, individuelle]

 

-

[D'un châtiment] "Rigoureux, sévère" : ...nous entendrons comment selon divers cas saint Pol avoit a muer sa predicacion et sa correction, combien qu'il ne faisoit point aspre punicion sans tres grande compassion, et sans mesler doulceur ensemble en pleurs et en aimables paroles (GERS., P. Paul, a.1394, 507). Toutesfoys couvient a l'enfant du prince aultre maniere de faire craindre que par grandes bateüres, car par trop aspre voie de courrigier icellui enfant qui est nourri es delices (...) en pourroit en lieu de corection concevoir indignacion, tant aux lettres comme mesmement au maistre (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 6). Et trop aspre justice et rigoreuse n'est pas a reconmander (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 44). Mais la pugnicion si est tres aspre et la tribulacion si dure et si merveilleuse (JUV. URS., Loquar, 1440, 304).

 

-

[D'un discours] "Dur, sévère" : Qui est cellui qui pourroit assez blasmer ou reprendre voz piteuses et delicatives condicions ou vous estes nourriz et y voulez envieillir, ne quelles assez aspres paroles pourray je prendre pour vous reprocher vostre ingratitude envers moy ? (CHART., Q. inv., 1422, 10). ...les langaiges et parolles trop dures ou aspres (JUV. URS., Verba, 1452, 185). Il fist humble contenance du corps, mais sa geste et sa parolle estoit aspre, demandant au roy s'il vouloit tenir le traicté de paix qui avoit esté escript et accordé et si ainsi le vouloit jurer. (COMM., I, 1489-1491, 144).

 

d)

[D'un événement, d'une action, d'un état]

 

-

"Pénible, dur" : Laquelle Danniere pour l'aspre jeyne qui par le devantdit Guillaume et ses devantdis complices li avoit esté donnée, morut tantost celle meymes nuyt. (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1348, 436). Je vous di que la forfaiture De dame est si aspre et si dure En cuer d'amant, et si perverse, Que, quant elle y est bien aherse, Jamais jour ne s'en partira. (MACH., J. R. Nav., 1349, 197). ...et y a d'illec [le mont Sinaï] jusques en Alixendre du moings .XIIIJ. journées aspres tout par desers. (Voy. Jérus., c.1395, 51). Et ainsi comme ou ciel regarde, D'une estoille la se prent garde. La voit merveilleuse aventure Qui depuis lui fut aspre et dure ; Le preu d'autrui bien y conçoit, Maiz son malpoint il n'aperçoit. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 118). Car il n'est misere plus aspre, ne tant impacient enfermeté, que souffrir ensemble povreté et viellesse, puis que povreté ne peult viellesse nourrir, et viellesse ne veult povreté endurer. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 20).

 

-

"Acharné" : ...et faisoient les gens dudit marchiz grant et aspre diligence en la poursuite dudit arrest (BAYE, I, 1400-1410, 4).

 

e)

[D'une propriété] "Qui se manifeste avec violence" : Et dit Homerus que Hector monstroit la forte et aspre vertu de lui par chascune de ses .II. narines, par lesquelles on veoit le sanc esboullir. (ORESME, E.A., c.1370, 214). Fors que tant plour Qu'amoistie soit l'ardour De mon desir Et que son aspre vigour Puisse amenrir. (MACH., Ch. bal., 1377, 607).

 

f)

[D'un sentiment ou de ses manifestations (principalement du sentiment amoureux)] "Violent, ardent, pénible..." : Dont cuer port Noir com meure Et doleur dure, aspre et fort. (MACH., Les lays, 1377, 312). Triste plaisir et douloureuse joye, Aspre doulceur, reconfort ennuyeux. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 155). ...a Troyle ung jour dure cent du grant et aspre desir que il a de se trouver avecques celle que tant il ame (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 586). En ceste aspre doleur et langueur forte se passerent mains jours. (C.N.N., c.1456-1467, 34). Quant le roy oy ces nouvelles, il trencha ses vestemens par aspre couroux et larmoya de pitié, car il amoit Jason et Medee de tout son cuer. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 238).

 

-

[D'un soupir] "Plaintif, amer" : A celle conclusion toute plaine d'aspres souspirs, elle s'en ala au navire qui devoit desriver pour aler en Athenés et marchanda aux mariniers, qui la avoient esté amenés par force de vent. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 155).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 2/13 
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FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ÂPRECELLE     
FEW XXV asper
ASPRECELLE, adj. fém.
[GD : asprecelle ; FEW XXV, 473a : asper]

[Création d'auteur, avec un suffixe de diminutif] "Rude, dur"

REM. Consol. de Boèce, c.1380 (ms. du XVe s., Pour ce trop plus vault l'asprecelle [fortune] Sans comparoison que la bele Car l'aspre aprent et enseigne La distinction et enseigne Des faulx et des loyaulx amis) ds GD I, 420b.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 3/13 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ÂPREMENT     
FEW XXV 469a asper
ASPREMENT, adv.
[T-L : aspre (aspremen) ; GDC : asprement ; AND : asprement ; DÉCT : asprement ; FEW XXV, 469a : asper ; TLF : III, 352b : âprement]

A. -

[Qualifie l'effet d'une chose concr. ou abstr.]

 

1.

[D'une chose concr.]

 

a)

[Piquer] "De façon douloureuse" : JÉSUS. (...) les unz a moi trahoient Paroles envenimees Qui saetes barbelees M'estoient au cuer tres poingnans Et plus asprement trespercans Que le fer de lance ne fu Dont u costé je fu feru (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 325). ...en saultant, il [l'asne] se mist ung estoc pointu dedans le pié, qui le poignit si asprement qu'il ne pouoit plus aller et fut contraint de clochier. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 69).

 

b)

[Briller] "Avec intensité" : Lors se mist le chevalier au chemin, pensant a l'aventure du songe de son escuier. Sy chevaucherent en ce point jusques a heure de nonne qu'il faisoit moult cler a cause du soleil qui luisoit asprement. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 342).

 

c)

[Bouger] "Vivement, rapidement" : Quant au chariot vermeil en la cite de Pade, les roes tournoyent si asprement que la flambe en sailly jusques a la majeste royalle du tresvaillant roy Loys de Hongrie... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 279).

 

2.

[D'une chose plus abstr.]

 

a)

[Qualifie la façon dont agit un phénomène physiol.] "Intensément, douloureusement" : Quant el ot vescu longuement Laiens en grant humilité Et en euvres de charité, Une moult cruel maladie Qui a nom cancre en cirurgie En la mamelle l'attoucha Si asprement qu'el en coucha Ou lit, tant en fut el grevee. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 93). ...ses maulx la [la femme enceinte] reprindrent, et si asprement que l'on l'esperoit plus morte que vive (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 12). SAINCT BRIS. (...) Messieurs, venez legierement Voir nostre evesque en piteux poinct, Que les fievres moult asprement Ont soubdain trop vivement point. DOYEN. Mectez vous tretous bien a poinct (LA VIGNE, S.M., 1496, 565).

 

b)

[Qualifie la façon dont agit un sentiment (souvent lié à l'amour) sur qqn/qqc.] "Violemment, intensément..." : Car ce desir qui asprement s'avance A dessus moi grant part et grant puissance, Et me couvient que, la ou il me tire, Au mieuls que puis comparer mon martire. (FROISS., Orl., 1368, 95). Car cilz desirs me tient en son dangier Et me destreint adès si asprement Qu'anientir me fait tout et sechier Pour l'ardure qui m'alume et esprent. (MACH., L. dames, 1377, 94). Adont desirs asprement me traveille, Art et bruist et demainne à son vueil (MACH., L. dames, 1377, 160). ...il est cheu en desespoir si fort Qu'il souhaide piteusement la mort Et dit qu'il est ennuyé de sa vie. (...) en pleurs a tousjours son ressort Par Tristesse, qui asprement le mort (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 79). C'est l'affilouere reluisant Ou Desir se va aguisant. Espoir par haste Aguise Desir et le haste, Qui le point asprement et taste. (CHART., L. Dames, 1416, 261). Et non obstant que je scay bien que amours vous destreint molt fort et asprement, que vous tient en tel soussy, si ne vous est il pas bien seant consentir a tout ce que vostre cuer veult. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 120).

B. -

[Qualifie la façon d'agir d'une pers.]

 

1.

[Façon de se battre à la guerre, au tournoi, façon de chasser] "Avec acharnement, impétueusement, rudement..." : Si se combati on d'unne partie et d'autre tres asprement a venture non certaine (BERS., I, 9, c.1354-1359, 38.8, 70). Et quant vient ou fait, il esmeuvent et adjoustent fureur et yre affin que ilz puissent plus asprement et plus continuelment soy combatre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 214). Mais le porc tourne et se met au cours par telle maniere qu'il n'y ot chien ne chevalier ne homme qui n'en perdist la trace et veue, fors que le conte et son nepveu Remondin, qui estoit remontez et le suivoit si asprement devant le conte et devant tous que ly contes ot grant paour que ly porcs n'affoulast son nepveu (ARRAS, c.1392-1393, 19). La renforca grant la bataille, car, quant sa gent le virent remondé, ilz reprindrent grant cuer, et se combatirent moult asprement et y ot moult de mors et de navrez, et d'une part et d'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 72). Et sachiez que il fist trop grant dommage de crestiens, et ravigora ses gens par tel party qu'ilz se deffendent asprement. (ARRAS, c.1392-1393, 185). Mais Gieffroy estoit a l'entree du pas, qui moult asprement leur deffent le passage. (ARRAS, c.1392-1393, 202). ...oncques l'en ne vit ostour Assaillir proye plus forment Que li dui frere ont asprement Assailli l'un l'autre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 319). Par laquelle chose il donna aux Rommains sy grant fiance de hardement et victoire, qu'ilz combattirent sy asprement que, a peu de heure, obtinrent toute la victoire sur leurs anemis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 55). Lors dist Lyonnel : "Troÿlus, chier frere, nous avons esté retrouvez en la Forest aux Merveilles, mais ne sçay dont vient le chevalier qui ainsi nous a tastez ne qui il est. Mais Dieu le gardt, car il est moult preu chevallier et poursieut sa chasse moult asprement..." (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 296). ...à quoy leur fut moult asprement et vaillamment resisté par les bourgois de Paris et autres estans ilec de par ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 58). Suivez-moy de prez et que toutes noz esles chargent bien et asprement de tous les costez et, o la grace de Dieu, nous les romprons. (BUEIL, II, 1461-1466, 200). ...et si avoit la guerre bien asprement encommancée à son visaige. (COMM., I, 1489-1491, 211).

 

2.

[Façon de frapper, de traiter son adversaire] "Avec violence" : Hastivement cria aÿe Et moult espoentablement, Et cil o la lance asprement Le piz et le cuer li parti (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 35). Et Guy sault dessus luy en tirant roydement, Le hëaulme du chef lui arracha brefment, Puis le fiert de l'espee et moult tres asprement Sy que la destre oreille encontre terre estant. (Tristan Nant. S., c.1350, 199). Et le Danois le court sus et le ferit de Courtaine, sy qu'il luy fist sentir en la chaire. La se fierent sy asprement et par tel maniere plus de cent coups jouent d'escremmerie, et tant que Ogier coupat le roy la teste. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 158). En la char le navra que le sancq en dessent. Et Gerames le tiengt desoubz lui aprement. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 285). ...en s'en venant a leur pais, ilz trouverent les Castelans, escumeurs de mer, qui les prindrent et les menerent en leur galee, et les faisoient nager et les bastoient moult asprement (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 92).

 

3.

[Façon de se comporter]

 

a)

[Avec une idée nég. de sévérité, de dureté pour qualifier des façons d'agir envers les autres] "Sévèrement, durement, violemment" : Car j'ains (...) Celle qui ne me veult amer, Ainçois asprement me refuse (Mir. marq. Gaudine, 1350, 134). ...qu'est l'omme devenu Qui (...) si asprement me hastoit Qu'arriére en mon lieu retournasse (...) ? (Mir. mère pape, c.1355, 381). ...et plusieurs autres faulx crestiens estoient la durement tourmentez et asprement punis et traveillez qui tous ensemble ulloient et croioient comme bestes mues (Horloge de sapience S., c.1389, 104). Durant lequel temps, entre sondit mary et elle ont esté plusieurs noises et debas (...) comme pour ce que elle lui respondoit moult durement et aprement, en lui disant que elle estoit aussi bonne comme sondit mary estoit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 328). Et pour ce ledit de Cessieres dist aux gens dudit marquiz, qui le poursuyoient moult fort et asprement, que ilz le laissassent en paix (BAYE, I, 1400-1410, 5). Si advint que, quant elle le sceut, voulut son mary maistriser et tenir court et tellement suppediter qu'il ne le peut endurer. Et ung jour deux buffes luy donna ; pour quoy aprement se courrouça et l'appella murdrier et qu'il avoit tué Gaultier le Gay. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 44). Il m'a pugny bien asprement (Tr. Men., c.1480-1500, 294).

 

b)

[Avec une idée d'intensité pour qualifier des façons d'agir]

 

-

[Façon de travailler] "Durement" : Maiz aux accoustuméz, sans fable, Est assez bon et tolérable, Travaillier gracieusement En ce temps, nom pas asprement, Quant l'air est cler, pur et serain, Car autrement ne vauldroit grain (LA HAYE, P. peste, 1426, 84).

 

-

[Façon de pécher] "Gravement" : JUDAS. (...) Je ay peché trop apertemant, Ja ne viendroy a sauvemant, Quar je ay pechié trop appremant, Je suis pour tout mal venus. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 188).

 

-

[Façon de regarder] "Fixement" : ...et ne suiz venus pour autre chose que pour en averer et savoir la verité. Quant Alain ouy ces paroles, si fu moult esbahiz, et print a regarder Remondin moult asprement. Et quant il l'ot bien regardé, si lui a dit : Comment se pourroit ce faire ? Vous n'avez pas bien l'aage de XXX. ans, et vous me feriez acoincté de la verité de cest fait que nulz ne scot oncques en cest pays (ARRAS, c.1392-1393, 53).

 

-

[Dans le lang. amoureux ; façon d'éveiller le désir] "Intensément" : ...et celle me print soubdainement et par ses mines et façons [m'enflamma] lors si asprement que, dés celle heure en avant, fuz tresgrande espace de temps sans a autre chose penser si non a la suite d'icelle (Abuzé D., c.1450-1470, 65). Troyle mettoit tout son entendement a escouter sa dame, et ce que elle luy disoit luy touchét au cueur pour ce qu'il luy sembloit vraysemblable et que certeinement ainsi deust estre, car il la amét tant et si asprement qu'il croyét de legier ce qu'elle luy disoit. (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 612).

 

c)

[Avec une idée positive pour qualifier une façon de vivre au service de Dieu] "Austèrement" : Pierre d'Yort, Jehan Le Meur, Guillaume Cenesme, Martin Le Doulx et Gilbert Le Prefix, pour servir Dieu, laisserent le monde et alerent demourer en la forest de Hardelot, ou chascun vesquy le mieulx qu'il peut, et le plus austerement et asprement qu'il leur estoit possible. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 89). Ilz doibvent vivre povrement, Et estre vestus asprement (...) Sans vivre dilicieusement, En tenant sa char mattement (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 71).

 

4.

[Façon de se mouvoir]

 

a)

"Vivement, vite, rudement" : Lors brochent les cheveus habandonneement ; Par .VI. fois ont oï le son qui tangrement Les apelle et les huche, par piteus essient. "Or tost", dist li dux Hues, "chevauchons asprement, Car j'oi la mon ami que paien font dolent". (Bât. Bouillon C., c.1350, 205). Adonc vers l'abaye alerent asprement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 327). Adont se retourna Harpins isnièlement, Et pierçoit Corbarant qui venoit asprement. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 344-345). Qu'est ce ? ou alez si aprement ? Dieu vous doint bon jour, sire Aubert. Pieça ne vous vy si appert Com vous voy ore. (Mir. chan., c.1361, 147). Le paien qui estoit courageulx et legier Va tost et asprement son espee empongner (Galien D.B., c.1400-1500, 82).

 

b)

[D'un animal] : Quant cils espriviers ot assez Colié, point ne fu lassez, Einsois se prist a pourvëoir Comment il le porroit vëoir. Dont moult asprement se hasta, Si que d'un arbre seul monta des branches toutes les plus hautes. (MACH., D. Aler., a.1349, 272). Car quant proie prendre voloit, Si asprement après voloit Que jamais ne li eschapast, Qu'a son plaisir ne la hapast. (MACH., D. Aler., a.1349, 334).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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     ÂPRESSE     
FEW XXV asper
ASPRESSE, subst. fém.
[T-L : asprece ; GD : aspresse ; FEW XXV, 469a-474b : asper]

A. -

Au propre. [Corresp. à aspre2 A 1] [À propos d'une chose concr.]

 

1.

"Aspérité" : Asperitas : aspresce (Abavus IV, R., c.1350, 258). Or est il ainsi que les corps du ciel sont si tres perfectement onniz et poliz que rien ne peust plus sanz quelcunque aspresce (ORESME, C.M., c.1377, 478).

 

2.

"Rugosité" : ...les tenebres furent chassees de la chartre par tresgrant lumiere et l'asperité de tes creusés [aspresce des tez (lat. testarum asperitas)] fut muee en souesveté de toutes fleurs (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 242). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348] Et le corps doit estre tourmenté qui a entendu a moult de delices, car le long ris doit estre compensé par pleur, et les molz draps et precieux sont a muer en aspresse de haire (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 266).

 

3.

"Dureté (due à des inégalités de terrain)" : Birrea le chemin emprent, Dont grant joie pas ne lui prent. De lent piet va branlant, si loche ; Par le chemin regarde et cloche, Et plaint le chemin pour l'aspresse, Et lui repreuve sa paresse (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 218).

B. -

P. anal.

 

1.

"Chaleur (de l'enfer)" : Et seras tormenté, grant erre, Terriblement, en feu qui dure, Durement pugny par aspresse, Après ce que avras eu froidure Dure, qui te tiendra en presse : Près se tient la Mort qui te attent. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 290).

 

-

"Irritation (des yeux)" : Qui la [la peau des grains de raisin] met sur les yeulx et sur les paupieres, elle oste et attenvist les grosses humeurs, et les seiche, et vault a mengeure des yeulx et a l'asprece. (Rustican H., 1373-1374, 92).

 

2.

[À propos de sons] "Intensité, violence" : La seconde [manière de musique] est appellee frigiste pour ce que aucunement on en usoit en Frige, c'est a dire en la region des Troyens. Et ceste au contraire de l'autre [appelée doriste] pour son fremissement et son apresce hastive encline a hardiesce, a yre et a vengence et aux faiz de bataille poursuir et amer. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 89-90).

 

3.

"Angoisse, douleur" : Les roys puissans, les contes et les dus, Li gouverneur du peuple et souverain, Quant ilz naissent, de quoy sont ilz vestuz ? D'une orde pel. Sont ilz d'autres plus sain ? Certes nenil, mais seufrent, soir et main, Froidure et chault, mort, maladie, aspresce (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 125). Pource, France, vueilles toy adviser, Et tost reprens de bien vivre l'adresse ; Tous tes meffais metz paine d'amender, Faisant chanter et dire mainte messe Pour les ames de ceulx qui ont l'aspresse De dure mort souffert, pour te servir (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 260).

C. -

Au fig.

 

1.

[À propos d'une conduite, d'une attitude, d'une pratique sociale...]

 

a)

[Avec une valeur positive]

 

-

"Vaillance, courage, ardeur..." : Cilz fu de mont fieres aspreces, Et maintes choses antreprist. Cilz la cité de Quambrai prist Et les Romains touz an chasa, Et leur seignorie quassa. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 222). Avisez y, grant seignour ; Faictes traveillier jeunesce A poursuir en aspresse ; Trop se blesse De demourer a sejour. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 225). Messire Jaques emprint deux fois de porter son homme par terre, comme par maniere d'une attrappe ; mais ledit Pietois soubstint longuement la force et adresse de son compaignon, en monstrant couraige et aspresse de chevallier de vertu (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 179). ...ay fait donner l'assault par les hommes d'armes et autres gens d'une si bonne aspresse que (...) à la fin, graces à Dieu, dudict premier assault elle a esté emportée et prinse à mon petit dommaige (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 167).

 

-

"Austérité (à des fins spirituelles)" : Et vertu ne refuse apresce, Dolour, angoisse ne moleste, Pour mener tousjours vie honneste. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 267). Car le monde, ne le dyable n'avroient pouoir a vous se la char ne leur aidoit. Et pour ce, la devez vous punir, chastier, restraindre et mettre soubz piez, par jeunes, par asprece de vie (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 328).

 

b)

[Avec une valeur nég.]

 

-

"Rudesse, dureté de coeur" : ...l'aspresse D'avarice qui est maistresse De pestilence. (MACH., R. Fort., c.1341, 38). J'entens les cueurs des crëatures Endurciz d'ostinacion ; par laquelle induracion, Quelque admonnestement divin N'y pouoit prendre son chemin. Ceste appresse lors cessera, Dit le prophete, et se fera Quant, par doulces monicions, Par sainctes predicacions, Se convertiront de la voye De pechié qui trop les desvoye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 137).

 

-

Par (grande / dure...) aspresse. "Avec une (grande...) violence" : Ne pences tu pas que, après ce Que la mort t'avra mys a presse, Le jour du jugement apresse Et puis tourment par grant aspresse ? (ALECIS, ABC P.P., 1451, 15). Mais pour bien tenir ma promesse, J'ay enduré que Mort me presse, Par grant apresse, Tant qu'i fauldra que je desvye En la montaigne [de Tristesse]. (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 97). Mais ceste faulce progenie Le [Jésus] traicte par trop dure apresse. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 314).

 

c)

[Avec une valeur variable]

 

-

"Sévérité" : Se tu t'esmerveillez dez aspresses de sa justice, poise lez a l'encontre de sa largesse et de ses graces mescongneuz. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 37).

 

Rem. Doc. 1372 ds GD I, 420c.

 

-

"Rigueur, dureté" : Reste doncques a conclurre cy endroit que mieulx vous vault prendre labour et soustenir l'aspresse de juste guerre que, par trop amer aise et repoux, perdre honteusement ce que vous tenez de Dieu et de l'espée seulement. (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 451).

 

2.

[À propos d'un mouvement] "Fougue, rapidité" : Sy pensa Desir de tourner Sa voye devers sa maistresse, Et lors se part de grant aspresse, Euvre ses eles, amont tire Tant qu'il vola tout d'une tire Au lieu ou reposoit Nature. (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 260).

 

3.

[À propos d'un sentiment (surtout amoureux), d'une intention] "Intensité, violence" : En cest endroit, l'aspresse de vengier chaudement teles honteuses offenses est tenue aux princes et haulx hommes a equité, qui en autre cas seroit pour cruaulté reputee (CHART., Q. inv., 1422, 63). Or advint il aprés mains jours passéz que, par l'aspresse de ce tres langoureux et angoesseux tourment, je fu tant asprement combatu en ma lasse pensee que de tous poins fu en bref terme de sa beaulté mené a toute oultrance. (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 559). Helas, fault il que je devye Et que je finisse ma vie, Assopye Par mort en ma fleur de jeunesse ? Dure angoisse Trop oppresse Tous mes sens ; A l'apresse De tristesse Ne consens. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 80).

 

-

P. méton. "Sentiment violent, souffrance intense" : Il n'est dolour, desconfors ne tristece, Anuis, grietez ne pensée dolente, Fierté, durté, pointure ne aspresse, N'autre meschief d'amours que je ne sente (MACH., L. dames, 1377, 175). Moult recevera lentement Vostre excusance, car maistresse Vouldra estre tout ligement De vous, et savoir quelle aspresse Desir vous fait qui ne la blesse Pour vostre amour, ne main, ne soir. (Cent ball. R., c.1388-1396, 79). Noz cuers sont si plains de courroux Et de tristesce (...) Et assegiez par tele aspresce Qu'il n'est en ce monde lëesce (CHART., L. Dames, 1416, 210).
 

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     ÂPRETÉ     
FEW XXV asper
ASPRETÉ, subst. fém.
[T-L : aspreté ; GDC : aspreté ; AND : aspreté ; FEW XXV, 469b-474b : asper ; TLF : III, 360a : âpreté]

A. -

Au propre

 

1.

"Inégalité (sur une surface), aspérité" : Et avecques ce, ceste concavité ou superfice concave est tres parfectement polie, planee et onnie en tant que rien ne peut estre plus, si comme il sera dit apres au .Xxe. chappitre, et sanz quelcunque aspreté ou endenteure. (ORESME, C.M., c.1377, 316). Et ne peut l'en dire que ce soit par ravissement et par violence tant pour ce que cest mouvement est perpetuel, et que le ciel en sa concavité est tres parfectment poli sanz quelcunque aspreté comme dit est. (ORESME, C.M., c.1377, 318).

 

2.

MÉD.

 

-

"Rugosité [d'un organe]" : ...laquelle humidité ostee, les bouiaux sont enaspris et, pour telle asprité, leur vertu retentive est enforce[e]. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 154).

 

-

"Irritation" : Mais se le vent est de septentrion, aspreté de gorge, ventres durs, dissurie, horreurs, douleur de poitrine et des costes (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 66).

 

-

"Affection des cheveux qui les rend fourchus" (Éd.) : Asprete, c'est troncacion ou fendures des cheveulx qui vient aux hommes et aux femmes qui sont de complexion chaulde en temps de jeunesse (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 3).

B. -

Au fig.

 

1.

[À propos d'une pers.]

 

a)

[Avec une valeur positive]

 

-

"Force, vigueur" : ...et tout sera moustré au poing et a l'espee, a l'eschine forte et roide en son estant, aux cuisses et aux jambes fortes et durans en estriers et lyans au besoing au ventre du cheval par grant aspreté. Or monstre chascun endroit de soy sa vaillance, car trop avons plaidoyé ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 447).

 

-

"Austérité, ascèse..." : La tierce espece [d'attrempence] est dicte modestie Qui vuelt simplesse et aspreté de vie. Par ceste espece sont a tous deffendus Larges viandes et habis superflus (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 1577). L'aspreté de vie et la char mortiffiée garde le sens, et le cuer et le corps en pureté et netteté maintient entierement. (PIERRE DE REIMS, Vie ste Colette U.A., 1447, 103).

 

b)

[Avec une valeur plutôt nég.]

 

-

"Tristesse, aigreur" : Je suis tout pleim de pouvreté, D'amaritude et d'aspreté, Par mes meffés certeynemant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 89).

 

-

"Violence, impétuosité excessives" : Et pour ce qu'il ot forme d'omme et nature de thorel, en ce que il fu fort et de grant aspreté et si mauvais que tout le pays escilloit, distrent les poetes par ficcion que il fu moitie homme, moitie thorel (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 216). Jason prinst les cendres pures qu'il avoit gardees de son sacrefice et les jetta en l'aer, et lors, en soubit, ces geantz assaillirent l'un l'autre par telle aspreté qu'ilz s'entretuerent tous en pou d'espace (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 208).

 

2.

[À propos d'une chose abstr.]

 

a)

"Dureté, âpreté" : ...saint Augustin parlant de ce monde dit que les lieux de ce monde ont vraye aspreté, faulse joie, certaine douleur (Mir. st Ign., 1366, 73).

 

b)

"Rudesse, violence" : Item le pechié est commis contre cellui qui est infini sans fin. Et pour ce, la paine doibt estre tele, mais ce ne puet estre par dureté et aspreté, car celle ne puet estre infinie, dont il convient que ce soit par durance de temps sans fin. (Somme abr., c.1477-1481, 176).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 6/13 
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     ÂPRIR     
FEW XXV asper
ASPRIR, verbe
[GDC : asprir ; AND : asperir ; FEW XXV, 474a : asper]

I. -

Empl. trans. "Rendre âpre" : ...tenir et asprir tres tenve diete (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 233). Asprir : aspero .as (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 183).

II. -

Empl. pronom. S'asprir contre qqn. "S'acharner (physiquement) contre qqn" : La l'assaut il et envaist Et contre li forment s'asprist [var. se marrist]. Selon la qualite qu'il est De li tourmenter se fait prest Le Sathan qui l'a amene La endroit et atrahine. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 134). [V. 4034. Faut-il y voir un emprunt au Roman de Carité du Renclus de Moiliens (éd. A.-G. van Hamel, XVII, 6) ?]

III. -

Part. passé en empl. adj. "Méchant, aigri" : Le mal talent de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et a son droit, ne se monstra meshuy si aspry ne si venimeux : "Comment, dist elle, vilain putier, si vous venez de voz tres inhonestes lieux et infames, est il dit pourtant que vous devez oser penser ne en quelque fasson croire que vostre preude femme les daignast regarder ? ..." (C.N.N., c.1456-1467, 30).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 7/13 
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     ÂPROYER     
FEW XXV asper
ASPROYER, verbe
[T-L : asproiier ; GD : asproier ; DÉCT : asproiier ; FEW XXV, 474a : asper]

I. -

Empl. trans.

A. -

Asproier qqn

 

1.

[D'une pers.] "Harceler, tourmenter" : Et messire Biernart, li manbor avenant, O luy trestout li ost les fuiant vont chachant. Or vos lairay de luy, si vos seiray contant Des esquevins de Huy et des nobles plaisans, Huiois dedens les hayes ils les vont asproant, Trestous les ont ochis à leurs acherins brans Que nus n'en escapat. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 690). La noble ligniée royale [Charles VI] Est bailliée a tirans [le duc de Bourgogne] pour proie Par gent de peuple desloyale, Qui contre raison tant l'asproie. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 107).

 

-

[D'animaux] : Si se radresse [le faucon] et se ravoie Et se met a la droite voie ; Et son premier oisel asproie Tant qu'il ha sa chasse et sa proie. (MACH., Voir, 1364, 724).

 

2.

[D'une chose concr./abstr.]

 

a)

[D'un état de manque] "Presser, tourmenter" : Ysengrin tantost s'achemine Vers le pré et vers la gaudine, La ou Barbue se tenoit. Lors a veu Regnard qui venoit, Faisant semblant que fain l'asproye. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 24). J'ay trop coru après ma proye ; Et fain de mengier si m'asproie Et de boire. (Mir. Berthe, c.1373, 232).

 

b)

[De n'importe quelle chose susceptible d'être vécue comme pénible] "Tourmenter, rebuter" : Et vertu ne refuse apresce, Dolour, angoisse ne moleste, Pour mener tousjours vie honneste. En ceste vertueuse voie, Qui les delicieux asproie, Se mist Panuches des s'effance, Si que par bonne acoustumance Aspre vie poi le greva. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 267). Ceulx qui ont lour amour au monde, Quant prosperité lour habonde, Par orguil ceulx oïr ne daignent Qui le salu de l'ame ensaignent, Si com saint Augustin desclaire ; Et s'il ont fortune contraire Adonc pour rien n'y entendroient, Quar es choses qui les asproient Et les grievent presentement, Tournent plus lour entendement (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 124).

B. -

Asproier qqc. "Attiser, provoquer qqc." : Quant vous avez sceu la dicte guerre et division, vous vous estez venuz offrir les ungs avecques le duc d'Orliens, les autres avecques le duc de Bourgongne, et avez mis le feu et asproyé la guerre en toutes les manieres que avez peu penser (Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 23).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[D'un animé] "Faire qqc. avec énergie, hâte" : Dit Drouÿn : "Vous [le renard] ne venez pas Tout coiemant le petit pas : Ge vous oi si de loing venir Que trestout me faites fremir. Quant ge vous oi si asproier, Trestout me faites esfroier..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 317).

 

-

S'asproyer de + inf. : Uns Lions qui chassoit sa proie De courre après mout fort s'asproie (Ysopet I-Avionnet B., c.1339-1348, 271). ...chascuns endroit soy s'aproie De li servir et honnourer (MACH., D. Aler., a.1349, 280). Quant elle s'efforce et asproie De garder s'onneur et son pris (MACH., D. Aler., a.1349, 335).

B. -

[D'une chose] "Faire mal, produire une sensation douloureuse" : Pastourrie, ce croy, faurra, Car, pour vous vray dire, a ce tour Ja deviennent loup ly pastour ; Et les plusours pillent la proie D'un dent agu qui fort asproie, Et trop sont tenans les bergeres (Pastor. B., c.1422-1425, 117).
 

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 Article 8/13 
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     ASPÈRE     
FEW XXV asper
ASPERE, adj.
[GDC : aspere ; FEW XXV, 474b : asper]

Au propre. [D'un terrain, d'un chemin...] "Dur, rude, incommode" : Mais pour certain je te prometz et jure, Par les estoilles et par les dieux superes, Et si ça-bas en ces terres asperes A quelque foy, o reyne miserable, Que je party de ton port delectable Oultre mon gre (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 330). O le myen filz que j'ayme cherement, Tu es venu aumeins finablement ! Ta grant pitié actendue a ton pere A surmonté chemin dur et aspere. (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 353).

 

-

[D'une chose abstr.] "Cruel, dur" : Donc de ton jugement crains mont L'heure rigoureuse et aspere ; La viendra la faulce vipere Yssante de pollu repere Plain d'amertume et puant souffre (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 497).

REM. Forme asper, cf. FEW «(Gir, Rossb, Lac)».
 

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 Article 9/13 
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     ASPREGIER     
FEW XXV asper
ASPREGIER, verbe
[FEW XXV, 474a : asper]

"Traiter rudement, malmener (qqn)" : Lors s'entreferirent si roidement et s'entredonnerent si grans coups qu'il n'est nul, s'il les veist, que a preudommes et vaillans ne les tenist, tant estoit la bataille d'eulx deux pesme et hideuse. Et Courroux, qui moult estoit despit de ce que le Cueur l'aloit ainsi aspregent, lui rebailla et rendit des coups souvent et menu (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 63).

Rem. Seul ex. D'apr. l'ital. aspreggiare (Éd., préf. p. 19). V. asproier.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 10/13 
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     ASPRET     
FEW XXV asper
ASPRET, adj.
[T-L : aspret ; GD : aspret ; FEW XXV, 473a : asper]

"Courageux, ardent" : Et quant ungz homs est beaus et de bon couvenant Et hardiz et apprest [var. aprés, appiers (= appert)] en son droit deffendant, - Si avoit tres grant grace du petit et du grant - Si veu servir amours en loyaulté faisant, Tel dame l'amera que pas n'yroit amant Ung couart vanteür qui sy s'iroit vantant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 229).

 

-

Aspret de + inf. "Empressé à..." : De dire seray plus aspret Qu'une autre foiz. (Mir. march. larr., c.1349, 102).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 11/13 
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     ASPREUR     
FEW XXV asper
ASPREUR, subst. fém.
[GD : aspreur ; FEW XXV, 473b : asper]

A. -

[À propos d'une conduite, d'une attitude] "Vaillance, courage, ardeur" : Vray escarboucle et hautesse florie D'aspreur humaine et de chevalerie [d'Hector de Troie] (CHASTELL., Compl. Hector K., c.1450, 168).

B. -

"Aigreur, animosité"

 

Rem. Doc. 1456 (pour la grant aspreur et chault courage qu'ilz avoient l'un l'autre) ds GD I, 421a.

V. aussi âpresse
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 12/13 
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     ASPRISON     
FEW XXV asper
ASPRISON, subst. fém.
[GD : asprison ; FEW XXV, 473b : asper]

"Dureté, cruauté" : Pour mon cueur qui est en prison, Mes yeulx vont l'aumosne querir ; (...) On ne donna point l'aumosne hier, Refuz estoit portier alors (...). Il est si plain de mesprison, De rien ne le faut requerir, N'essaier de le conquerir, Tousjours tient sa vielle aprison Pour mon coeur [qui est en prison] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 442).

REM. Seul ex. (sur asprir ?), cité par GD I, 421a. Mais peut-être s'agit-il de apprison1, les formes en apr- pour aspr- étant rares. V. apprison1.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 13/13 
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     ENASPRIR     
FEW XXV asper
ENASPRIR, verbe
[T-L : enasprir ; GD : enasprir ; AND : enasprir ; FEW XXV, 472a, 474a : asper]

A. -

"Rendre âpre, rugueux" : ...laquelle humidité ostee, les bouiaux sont enaspris et, pour telle asprité, leur vertu retentive est enforce[e]. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 154).

B. -

Au fig.

 

1.

"Exciter qqc." : A fin que fureur soit adreciee, menee et conduite par vertu, et que vertu soit enasprie, agüisee et enforciee par fureur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 214). ...einsi comme on voit geter Yaue en feu pour embraser Et enasprir, Fait mon desir agrandir Mon triste plour, Et fait souvent ma colour Teindre et palir... (MACH., Ch. bal., 1377, 608). Quant riens garentir ne me puet Fors ma dame chiere qui vuet Qu'en desespoir muire, sans plus, Pour ce que je l'aim plus que nuls, Et Souvenir pour enasprir L'ardour de mon triste desir Me moustre adès sa grant bonté Et sa fine vraie biauté Qui doublement me fait ardoir. (MACH., Motés, 1377, 502).

 

2.

Enaspris vers qqn. "Mal disposé envers qqn" : Chascun de hault et de bas pris Est tantost vers cil enespris Qui de ses malx l'ose reprendre. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 250).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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