C.N.R.S.
 
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     À     
FEW XXIV 1 ab FEW XXIV 129 ad
À, prép.
[T-L : a3 ; GD : a ; AND : a2 ; FEW XXIV, 1 : ab ; FEW XXIV, 129 : ad ; TLF : I, 2b : à]

I. -

[Syntaxiquement, comme toute préposition, la préposition à crée une relation "transprédicative" (située au-delà des parties du discours fondamentales, subst., adj., verbe et adv.)]

A. -

[À introduit un élément nominal, adjectival ou adverbial]

 

1.

À + élément nominal

 

a)

À + subst. : ...ès lieux et places nouvellement mises à labeur, et qui onques par-avant n'avoient esté labouré. (Cartul. Flines H., t.2, 1391, 702). ...et vient à Rome en mars avec grande difficulté, pour les montaingnes qui estoient plaines de nyvailhes. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 29).

 

b)

À + pronom : ...ceulx a qui nous avons fait et octroié aucune grace par nostre liberacion (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1372, 491). Et le felon paien s'en courut droit a luy (Galien D.B., c.1400-1500, 88).

 

c)

À + inf. : Li prestres avoit bouche d'estre bon latinier, A Baudewin commenche Latin à pronuntier. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 101). ...nef, nachelles, alvioire, bacquetz ne aultres vaisseaux quelconques servant à navier (Vie urbaine Douai E., t.4, 1353, 355).

 

2.

À + adj. : ...a plein Ne puis avoir son cuer, dont je me plain (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98). ...et que quant elle seroit couchée auprès de sondit ami nu à nu, et il dormiroit, que d'icelle cire et poix elle prenist un petit, et en frotast sondit ami entre les deux espaules continuelment, jusques à nuef jours ensuivans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 308). Et tant nagerent qu'ilz virent venir par la mer pluseurs vaisseaux qui chassoient a fort deux galees. (ARRAS, c.1392-1393, 88).

 

3.

À + adv. : ...ceuls qui sont presentement, Peulent, et a moins de tourment [,] Garder leur tropel, s'ilz vouloient, Qu'au commencement ne faisoient Les apostres (DESCH., M.M., c.1385-1403, 170). Et depuis (de) ce, par le moyen de plusieurs estatz a esté tousjours la cause continuee en estat a oÿr droit, comme pardevant, jusques a huy (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1389, 595).

 

-

[À peut construire un syntagme participial et fonctionner comme marqueur du gérondif] : On nous laissera ens a grant joie faisant. (Hugues Capet Lab., c.1358, 166).

 

Rem. Pour d'autres ex., v. achevaucher et la rem. qui accompagne cet article. Cf. aussi T-L I, 13, l. 27-34 ; GD I, 5b-c.

B. -

[Le syntagme que à introduit porte sur une partie du discours quelconque]

 

1.

[Sur un subst.] : ...et faire refaire a ses cous et despens le moulin a vent qui est aus diz religieus (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 200).

 

2.

[Sur un adj.] : Cellui qui ne puet contraindre son esperit ayré en parlant est semblable à la cité ouverte qui est avironné de ennemis (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 173). ...au regart des euvres necessaires à faire à la reparation, soustenement et melioration dudit port d'Aiguesmortes... (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1416, 381). Charles (...) n'estoit enclin à nulles mollesses ne lascivetés (CHASTELL., Oeuvres K., t.7, c.1435-1475, 231). L'acteur perçoit aujourd'hui la terre françoise estre arbuste, durement pleine de superfluités nemoreusses, non bien cultivées et moins encore proufitables à comunne salut (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 396).

 

3.

[Sur un verbe (verbes transitifs indirects, verbes à double construction)] : Touz les prophetes ad ce s'acordent (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 162). Et nous Lois duc et Jehan et Gui de Bourbon dessusdiz en ratefiant et approuvant toutes lesdictes choses pour tant comme à chascun de nous appartient... (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1334, 356). ... cedons et delaissons entierement a nostre dicte tante, ou a ses hoirs ou aians ou qui auront cause, tout le droit, proufit et accion quelconques... (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1373, 252). Stipulacio (...) : stipulacion, c'est interrogacion petitive adjoustee a responsion permissive (Aalma R., c.1380, 396). Et quant il commencera a soy perchier sur icellui blot, l'en lui fera autre travers dedans la ferme deux perchectes de demi pié de hault. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 148).

 

4.

[Sur un adv.] : ...conformeement a la maniere desus dicte (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 325).

C. -

[La préposition à serrt à former des locutions]

 

1.

[Des loc. verbales (p. ex. prendre congé à qqn, venir à bout de qqc. ...)] : S'ai pris a mun mestre congié, Chiés cui j'ai tout mon tans ongié (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 313). ...je pour certain cuydant venir du tout à bout de mes travaulx par long aller et peine prendre, me suys au laberinthe mys de tous dangiers (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 182).

 

2.

[Des loc. adv.] : L'aage leur vient, et l'avoir acquesté Par cas soudain est a un coup perdable (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 17). Item une aiguière poinconée tout à l'entour, et dessus le couvercle personnages poinconnez en manière de pastouriaux, et sur le [l. la ?] pommète di celluy [l. d'icelluy] couvescle a ung saffir et trois perles. (Invent. Orléans II, G., 1408, 134). Il envoya sercher par les contrees De ce royaulme, de Flandres, d'Alemaigne Maistres ouvries pour faire penetrees, Artilleries d'importables entrees, Ce que l'on fist, fust a perte ou a gaigne. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 131).

 

3.

[Des loc. prép.] : De Pierre Doulcet (...) qui estoit constitué prisonnier pour avoir esté prins par Jehan des Vignettes gardant les blés dudit lieu à l'encontre des bos de mondit seigneur aveuc deux chiens sans landon (Comptes seigneurie Lucheux D.W., 1427-1474, 101). Car, a l'entour de ce tref qui avoit grant entrepresure pour les officines appartenans au lieu, il y couroit une terrible et grosse riviere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 10). Le drap osté, il treuve la chemise et les braies d'un jenne enffant de telle grandeur comme estoit Passelion (...). Adont il les mist hors du coffre et les monstra a ses compaignons qui en eurent bon ris a cause de la petiteur des brayes. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 273).

 

4.

[Des loc. conj.]

 

Rem. V. infra à ce que.

II. -

[Sémantiquement, par opposition à la prép. de, la prép. à marque l'idée d'approche, de direction vers, ou bien l'idée d'atteinte (de limite atteinte)]

A. -

[Idée d'approche]

 

1.

[Dans l'espace ; marque la direction vers, l'orientation vers (vers un lieu, vers qqn, vers qqc.)] : Par le Sathan fu craventée A tierre le seconde fois, Si qu'il n'i eut arbre, liois, Pierre taillie, cauc, mortier, Que tout ne fesist depecier (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 50). ...et li augureres se sist a senestre de lui, la teste couverte, tenans en sa main un baston tort sans neu (BERS., I, 1, c.1354-1359, 18.7, 29). ...a .i. samedi aprés la resurrection Jhesucrist entrant a ses disciples ["auprès de"], portes closes, leur dist en les saluant... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 611). Bertran tenoit l'espee qui l'acier ot trenchant Et s'en vint a l'Englois fermement estoquant (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 62). ...et chevachat a Bierlouz, qui estoit bin et fortement lichie et fossie (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 24). ...il devint durement malade, dont par force de langueur trop périlleuse il le convenoit transporter en une litière à Cambray (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 70).

 

-

[Avec l'idée d'approche et d'aboutissement] : Et quant grant piece ourent erré, Vindrent a un chemin perré D'ancïen temps qui les mena A Huismes (Vie st Evroul S., c.1350, 61).

 

.

Jusque(s) à : Et monsr de Havart commança à dire au roy en l'oreille que, s'il vouloit, qu'il trouveroit bien moyen de faire venir le roy son maistre jusques à Amyens, par adventure jusques à Paris, à faire bonne chère avecques le roy. (COMM., II, 1489-1491, 68-69).

 

2.

[Dans le temps ; marque l'orientation vers (tel ou tel moment, vers le moment où telle ou telle chose a lieu...)] : ...toutes les leides, péages, coustumes, ventes, lausimes, preparances, sportules, tous les fiefz, cens et autres droitz quelxconques lors presens et à venir... (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1461, 284).

 

-

À toujours / à jamais... : Et pour ce que ce soit ferme chose et estable a tousjours, nous avons fait mettre nostre seel a ces lettres, sauf nostre droit en autres choses et l'autrui en toutes. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 131). ...et desdites charges les eussions exemptez et affranchis perpetuellement et à tousjours (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1467, 78).

 

-

À vie : ...parmi quarante sols par.. de rente ou pension a vie que les diz Richart et sa femme en paieront (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1395, 684). ...en laquelle ordonnance aussy ne sont pas compriz rentes à vie ou à volenté que prennent par nostre octroy aucuns noz officiers par les mains du changeur de nostre tresor ou de nos vicontes et receveurs (BAYE, I, 1400-1410, 33).

 

-

Jusque(s) à : Item, depuis la mi-juillet jusques a la mi aoust ou environ lesse le cerf ses fumees en fourme de dates en moule (...) et bien moulues dedens et bien ointues (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 20). ...et c'est du commencement de jullet jusques a la fin d'aoust (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 152).

 

-

Peu à peu. V. peu : Peu a peu as esté lochiés Qu'a la terre as esté couchiés. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 8).

 

3.

Au fig.

 

a)

[Idée de visée, d'orientation vers, de destination...] : ...ou derrenier jour je suy a resusciter de la terre [où je dois...] (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 404). Gloire perhempnelle, Honneur supernelle Soit a toy, Jhesus (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 449). ...il fait et fait faire pluseurs offrandes a divers sains de paradis (C.N.N., c.1456-1467, 85).

 

-

[Idée d'orientation vers et d'aboutissement] : ...qui prent D'autrui, à siervice se vent, Et qui donne, siervis doit iestre. (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 29).

 

-

[Dans des constructions verbales] : Affermerent que ledit feu Raoul (...) avoit ordené en sondit testament (...) aus legataires ci après nommez, trente deux livres de rente (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 183). Et auxi que touz acors, composicions et priviléges et libertez donées et octroyés à nous, tant de roy comme de duc, ou d'autre prélatz ou prince quel qu'il soit, sont et demeurent eu leur vertu, senz riens enfreindre, senz aucune novacion faire d'yceux ou d'ycellles (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1350, 205). Dame, pleüst a Dieu que fussiés relevée, Et que vos [filz] eüst toute enfance passée... (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 52). ...Appius Claudius, liquelz avoit esté premiers qui avoit honni et tourné a mespris le senat pour cause des filz des libertins (BERS., I, 9, c.1354-1359, 46.10, 87). ...là où vous n'y penseriés fors à bien et à honneur, ilz y nocteroient autrement. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 19). Entendre fault a la besognie. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 2). Item, je donne a Jehan le Lou, Homme de bien et bon merchant, Pource qu'il est linget et flou Et que Cholet est mal serchant, Ung beau petit chiennet couchant, Qui ne laira poullaille en voye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 94). Si s'en merveilla moult le dit Phocus et demanda à Cephalus dont luy estoit venu ung tel baston. (Ovide mor. B., 1466-1467, 219). Sa vie fut bonne et bien fina, Rendant à Dieu laudacion (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 20). Comme locatif mercenaire humblement En lieu public a vil euvre s'aplique ! Sans honte avoir porte publiquement Plains sacs de blé (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 67).

 

.

[Dans des constructions verbales devenues directes en fr. mod. (p. ex. aider à qqn, favoriser à qqn...)] : La force de ung roy ou prince se doit monstrer, et aider a ses subgetz pour les relever de oppressions, voire a estrangiers. (JUV. URS., Loquar, 1440, 387). ...car Fortune ne favorise jamais du premier coup à ceulx qu'elle ayme (BUEIL, I, 1461-1466, 27).

 

.

[Avec des subst. dérivés de tels verbes] : ...la querelle de deux pretendans à l'evesché de Collongne, dont l'ung estoit frère du lentzgrave de Hesse, l'autre parent du conte palatin du Rin (COMM., II, 1489-1491, 6).

 

-

[Avec un inf.] : ...douze cenz arpens de bois et de forès en la forest de Chisic, à prendre et mesurer au lez devers Preic (Doc. Poitou G., t.2, 1334-1348, 312). Ses levrettes ne sont à taire, Un pou enflées et grossettes, Plus vermeilles que cerisettes (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 132). ...item sera bon d'envoier par devers le roy d'Arragon et sera fort a faire de induire le roy d'Arragon, car je me doubte qu'il n'ait affection singuliere a notre saint pere (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 258). ...lors le roy de par Dieu les ordonna a partir (LA SALE, J.S., 1456, 156).

 

.

Ne pas faire à + inf. "Ne pas être à" : Or ne reffusez pas ceste offre, car elle ne fait pas a reffuser. (ARRAS, c.1392-1393, 142).

 

-

En partic.

 

.

[Pour indiquer le bénéficiaire d'un paiement] : À Jehan de Soudremain, voitturier par terre, le XVe jour dudit mois d'avril, pour sa peine et salaire de mener de Paris à Dijon, sur un chariot à VI chevaulx, une gibe où il avoit plusieurs robes de livrées, tant de soye comme de fustaine, chambres, harnoiz pour la guerre et autres choses ; par marchié fait : 17 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 36).

 

.

[Pour marquer que le propos s'adresse à tel ou tel] : Loth, porte-parole du peuple à Appollon : Zechius et Zethephius te mercient du grant honneur que tu leur fais... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 181).

 

-

[Pour ouvrir une proclamation, pour invoquer ceux à qui elle s'adresse] : A touz ceus qui ces lettres verront, Hugues de Crusy, garde de la prevosté de Paris, salut. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 17). A ceux qui ces lettres verront Fas savoir... (Mir. st Alexis, 1382, 364). Les Chancelier et autres gens du Conseil estans huy en la Chambre de Parlement à Paris, à tous ceulz qui ces presentes lettres verront, salut. (FAUQ., II, 1421-1430, 61).

 

.

[Au sens de "pour, comme, en qualité de, à titre de"] : Aucun ne puet ou pourra d'oresenavant estre tueur ou langoyeur de Pourceaulx, ne icellui ou yceulx mestiers ou Offices exercer, s'il n'est mis, institué, et à ce reçeu par le Maistre des Bouchiers (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1403, 621).

 

.

[Dans le syntagme adj. + à + inf.] : ...D'un aïr Trop dur à endurer (MACH., Les lays, 1377, 376). ...comme riens ne soit plus agreable à veoir que honnorer les bons et vaillans... (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 106). ...ung sac plain d'oliette blancque moult bonne a mengier. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 207). Attaint au cuer d'eloquence incredible, À humain sens difficile à produire... (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 128). La grande povreté que c'estoit de leur fait, seroit bien difficile à racompter (BUEIL, I, 1461-1466, 20). Penetrabilis (...) : legier a estre perché ["percé"], perchable (...). Perchable, legier a estre perchié ou comme tariere bien perchant (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 286). ...et vint à Sainct-Germain, l'entrée du royaulme, qui est lieu fort et aisé à deffendre (COMM., III, 1495-1498, 87).

 

.

[Avec sur ou avec sans] : ...Sur la teste a tranchier (...) Sur a perdre le cors (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 217). ...entendez a droit sans vous a desroiier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 694).

 

.

[Dans faire à + inf. ; v. faire IV B 1] : ...leur pere leur avoit fait ceste fallace a entendre affin que... [mais a entendre peut être considéré aussi comme compl. de fallace] (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 107).

 

Rem. V. aconnoistre (se faire aconnoistre = se faire à connoistre).

 

b)

[Idée finale] "Pour" : Le licteur, c'est le bourrel, se tenoit deja a le lier d'un laz (BERS., I, 1, c.1354-1359, 26.8, 44). Jhesucrist, qui vint de l'autel de lassus du ciel a sauver le pueple... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 323). En l'oroison qui se fait en l'exorcizacion a geter hors les mauvais esperiz... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 348). A luy pour avoir ouvré à resourdre le haulte pane quy estoit avallée au molin, remis une solle quy porte l'ostel quy soutient ledite pane, tailliet deux langerons et hauchez [hanchez ?] quy portent le plommas de l'abre par dedens le mollin... (Comptes seigneurie Lucheux D.W., 1427-1474, 70).

 

-

[En coordination avec pour] : ...il menerent gent pour veoir le champ que l'en vouloit vendre et a savoir le juste pris que il avoit esté vendu avant la bataille. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 337).

 

-

[Dans les dialectes du Nord, en alliance avec pour (plus rarement de)]

 

Rem. V. aconforter (dans les textes du Nord, pour / de final + à + inf. ; Que chescun avoit cuer de lui aconforter, Hugues Capet L, 180, leçon a conforter ds l'éd. Laborderie, 237, v.4734).

 

-

[Dans le syntagme subst. + à + subst.] "Destiné à" : ...pour un homme enmantellé sur 1 pié esmaillié, garny de pierrerie, qui fait pot à eaue (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 312). ...le pain a consacrer (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 425). Infusorium (...) : vaissiaux a oile pour mectre es lampes ou pescine d'autel (Aalma R., c.1380, 204). Et puis faictes toutes ces choses brayer en ung moulin a moustarde et le destrempez bien espoiz et de tresbon vinaigre et mectez en ung pot de terre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 269). ... pessine d'aultier ou boissel a huille a mettre es lampes. (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 158).

 

-

[Dans le syntagme subst. + à + inf.] "Destiné à" : La verge de quoi on le tirera doit estre telle comme une broche a rostir oues de groisse et de longueur, et doit estre le las lié au bout. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 273). ... un percheur a perchier poz (Hist. industr. commerce F., 1402, 182). ...pierres a maçonner et sablon (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1426, 248). Et durant ce temps fut faicte à Paris moult grande quantité de pouldre à canon et serpendines pour fournir à ladicte guerre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 253).

 

-

À ce que + subj. "Pour que, afin que" : Doulce gent, il est de conmun cours que celles qui pour l'amour de Dieu vivent en estat de virginité, a ce que elle soient dites vraies vierges, que touzjours sont paoureuses et doubteuses (Mir. nonne, 1345, 314). Le saint pére m'envoie cy A ce que je puisse a mercy Estre pris de Dieu et de vous. (Mir. st Guill., c.1347, 34). ...et nous a requis que de ce faire nous lui veullions donner congié et que, se mestier estoit, nous feissions veoir et visiter le lieu et la place par les maistres du pont de Paris et aussi par voituriers et mariniers et gens en ce congnoissans a ce que yceulx pieux ne peussent ne ne puissent aucunement, ores ne ou temps a venir, porter prejudice a la marchandise de l'eaue, au cours et chemin d'icelle (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 654). ...et pour ce a amenistré tesmoins, à ce que par la prise dudit Savoisy l'en l'y face justice. (BAYE, I, 1400-1410, 110). Toutesvoies, afin que en vain n'ait esté gastee vostre saison, je ordonne voz raisons estre escriptes a ce que chascun y congnoisce sa faulte par autrui et que ceulx qui les liront effacent l'erreur de leurs cuers (CHART., Q. inv., 1422, 65). A celui dittes que a ce soir il viengne mengier avecq moy, a ce qu'il rechoive l'onneur qu'il a desservi. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 299). Et pour ce, dist il, que tu es mon filz, ad ce que tu te faces valloir quant tu vendras a ton tresdesiré service, je te abandonne nos tresors [Nombreux ex. dans ce texte, cf. gloss. de l'éd.] (Cligès C.T., 1455, 67). C'est a dire, mon ami : fuy luxure, a ce que tu ne soies broillié en deshonneste renommee (LA SALE, J.S., 1456, 27). Dire vous vieulx (...) Ad ce que vous congnoissiez mieux Que je vous ame (RENÉ D'ANJOU, Regn. et Jann. R., c.1457-1461, 88).

 

Rem. Forme asque ds Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 312.

 

-

À celle fin que : ...pour la vierge Marie Prenez chascun un grant florin De moy tout sec, a celle fin Que devant lui me faciez voie. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). Laquele chose il fist a celle fin que, soz umbre de cesti nom, son courage delivrer du peuple romain fust covert et celé jusquez a son temps. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 56.8, 94). Quiconques perchoit le nouveau temps a bourse playne de monnoye, il le doit saluer a celle fin que avec icellui, tous biens lui croissent et multiplient. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 125).

B. -

[Idée d'atteinte (de limite atteinte), de localisation]

 

1.

[Dans l'espace]

 

-

[Marque la situation dans un lieu, marque une localisation] : Se aucuns Lascheurs ou Lascheresses d'aumuches, bonnets, coeffetes, mitainnes, cauchettes et autres appartenances, font à la quille mauvaise couture, ou euvre mauvaisement façonnée, ils l'amenderont (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1450, 129). ...le noble sang de France succomba larmoyeusement à Azincourt. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 309). A Romme avoit lors aussi une noble femme espaignolle qui estoit ribaulde et libertine appellee Ebucia. (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 68). Donné à Rome, à Saint-Pierre, soubz l'anel du pescheur, le .XXIIIe. jour de march mil .IIIIcIIIIxx. et .VIII., la quarte année de nostre pontificat (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 643).

 

-

[Marque une position] : ...et vole par ondees et plie son vol par esquerre, puis a destre, puis a senestre, et se assiet loing. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 157). ...soy ruant sur un lit à l'envers... (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 240).

 

2.

[Dans le temps]

 

-

[Marque la localisation dans le temps (par rapport à un moment, par rapport à une action, un fait...)] : A l'issir hors de Ronme moult fu grans li harnois, Trompes et oliffans y mainent grans buffois. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 228). ...quant Dieu li péres ot envoié son ange a la glorieuse vierge Marie annoncier que elle seroit mére du fil de Dieu par qui la redempcion de l'umain lignage seroit faite, a celle heure que li ange lui ot dit "Diex te saut, plaine de grace, nostre sires est avecques toy"... (Mir. nonne, 1345, 314). Car il advint a celle heure que je t'ay dicte, que li airs troubla et oscurcy (Bérinus, I, c.1350-1370, 234). ...et pour ce fu ordené que on celebrast de notre Dame aux samedis. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 270). Les oroisons qui sont dictes aux matines... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 348). ...et à un autre jour retourna par nuit oudit hostel, et monta par dessus les murs comme dit a dessus, maiz n'y pot et ne osa riens faire, pour les chens de leans qui l'abayerent trop fort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 20). A ces envaÿes ne fait point a doubter que il n'y euist grant pestellis et grant foullis, grant occision et grant mortalité. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 161). ...à l'heure que ce noble duc-icy se portoit en terre (...) toute la joie qui en avoit esté longuement obtenue (,) se reclina et s'ensevelit avecques luy en la larmoyeuse fosse. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 234). Et à celle jouste, ledit seigneur roy de Sicile (...) ordonna et fist par ses roys d'armes et héraulx crier que... (LA SALE, Anc. tournois P., 1459, 216). Et, quant vint à l'enterrement qui tant fut honorablement fait, c'estoit la plux piteuse chose dez pleurs et lamentaisons que tous les dits srs et autres gens faisoient que jamaix homme veit. (AUBRION, Journal L., 1498, 404).

 

-

À la fin : ...et orilla le cor des braconniers, qui, à la fin, cournèrent retraicte. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 127).

 

-

À matin : ...si mengüent a matin (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 308).

 

-

À ce que. "Au moment où" : Et a ce que elle disoit ces paroles lez grosses larmes li quoyent des yeulx (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 144). ...je vous ay veu changier la couleur de visage a ce que je suy chi entréz. (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 156).

 

3.

Au fig. [Idée de repérage ou de manière ; p. ext. idée de conformité, de moyen ou d'accompagnement]

 

a)

[Idée de repérage] "Par rapport à, en rapport à" : Affermerent que ledit feu Raoul (...) avoit ordené en sondit testament (...) aus legataires ci après nommez, trente deux livres de rente à parisis (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 183). Certes, plus que ne dit le latin cy dessus allegué, oncques la marine apres l'aspreté de tempesteux orage qui l'a troublés redevenue paisible ne le ciel esclarcy de nuble et obscur temps ne quelconques autres compairisons que on y peust mectre ne sont souffisans à [au regard de] la multitude des joyes que aporte guerre tremuée en paix ne chose n'est regardée de si haitie et joyeux corage ne tant benuerée. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 91). Onocratal (...) est ung oyseau moult estraigne, car il porte la teste comme d'un asne et si est, de corps, semblable a ung cigne. Cest oyseau habite es desers (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 190). ...et fut très expert et sçavant en la science des estoilles et se en aida en ses haulx affaires, comme appert assez à ses gestes et faiz, comme aussi par le recit de plusieurs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°).

 

-

[Avec une idée d'indice] : Et lors tirerent tous les crestiens, qui tous furent cogneus aux croiz qu'ilz portoient de diverses couleurs... (LA SALE, J.S., 1456, 221). Sondit corpz [celui de Charles le Téméraire], par ses gens meisme, fut recongnu par .VI. ensaignes qu'ilz trouvèrent sur lui. Premier, ad ce qu'il avoit perdu les dens de dessus ; secondement, à la playe d'une escarboucle qu'il avoit en la poiville [l. pomille] ; tiercement... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 168). C'est ung mignon especial. Je le congnoys bien a sa myne (Sots gard., a.1488, 106).

 

.

À ce que. "À ceci (tel signe) que" : La differance par quoy l'en congnoist toutes manieres de gens oudit pays est telle : premiers, les Sarrasins sont congneuz ad ce qu'ilz portent le faissel de linge blanc sur leurs testes (Voy. Jérus., c.1395, 43). ...et ad ce qu'il le leva il perchut son mongnon ensi envollepé comme dit est (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 135). ...et veritablement y pert tresbien a son maintieng et ad ce que elle moustre que elle soit de tresbon lieu yssue. (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 152). Sondit corpz [celui de Charles le Téméraire], par ses gens meisme, fut recongnu par .VI. ensaignes qu'ilz trouvèrent sur lui. Premier, ad ce qu'il avoit perdu les dens de dessus ; secondement, à la playe d'une escarboucle qu'il avoit en la poiville [l. pomille] ; tiercement... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 168).

 

.

À ce que. "Étant donné que" : Mais luy (...) ala ferir le roy ung pou dessus la lumiere du heaulme sy tresfort et angoisseusement, a ce que la lance estoit roide, qu'il convint le heaume fondre par dessoubz le cercle d'or. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 865). ...car Maronex attainst celluy qui lui venoit sur le senestre lez de telle vertu, a ce que sa lance estoit roide, qu'il lui fist le fer passer parmy le corps. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 130).

 

-

[Par rapport à une personne] : ...tout aussi le povre est au riche a horreur (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 425). ...quand elle [la vertu] reluyst au prince (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 233).

 

-

[Pour signaler un danger, pour attirer l'attention] Au feu ! : Au feu, au feu, sanz plus attendre ! (Mir. femme, 1368, 214). Au feu ! Au feu ! Au feu, qui mon cuer art Par un brandon tiré d'un doulx regart (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 383).

 

-

Quant à : Il est acordé entre nos Gens et ledit Evesque, que parmi quarante-sept livres de Laonnisiens, que la Commune de Laon jadiz soloit paier chascun an audit Evesque, le droit que il demandoit et se disoit avoir par point de Charte ou Tonlieu, ou Roüage, ou Jailaige et ou Lardage, et ou lieu où fu le Berfroy, quant à ce Nous demeure et demourra paisiblement à tousjours, par la redevance de 47 livres de Laonnisiens dessusdites (Ordonn. rois Fr. V.B., t.12, 1331, 6). Et quant a ce que ["quant à ceci, à savoir que"] ledit procureur des diz religieux de Saint Magloire maintenoit que les diz religieux de l'Ospital ou leurs gens pour eulz avoient prins et levé les fruis des dittes terres et vingnes sans en paier aux diz religieux de Saint Magloire la ditte demie disme, les diz procureurs des dittes parties s'en sont mis en l'ordenance dudit mestre Jehan d'Estrees (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1341, 118). ...pour longuement continuer fait immortel quant a loer (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 370).

 

-

Au regard de : Quanque l'en peut dire par paroles humaines a la loenge de ceste glorieuse vierge est aussi conme nient au regart de la loenge qu'elle a ou ciel (Mir. st J. Cris., c.1344, 251).

 

-

À ce que + indic. "Étant donné que" : Mais luy (...) ala ferir le roy ung pou dessus la lumiere du heaulme sy tresfort et angoisseusement, a ce que la lance estoit roide, qu'il convint le heaume fondre par dessoubz le cercle d'or. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 865). ...car Maronex attainst celluy qui lui venoit sur le senestre lez de telle vertu, a ce que sa lance estoit roide, qu'il lui fist le fer passer parmy le corps. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 130).

 

-

À ce que + indic. "D'après ce que" : Elle vous aime de cuer fin, Dame, a ce que je puis veoir. (Mir. nonne, 1345, 346). Et aussi je sens en moy, a ce que je apperchoy, sy pou de valleur que... (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 43). Ce petit bourg, a ce que je congnois, Tient et despend de quelque baronnie Appartenant a monsieur de Dunoys (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155).

 

-

[Dans une approximation, une fourchette] : Et ledit Colin Besnon, compoingnon dudit Pierre est petit homme maigre, aagé de L à LX ans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 463). Et a environ deux milles de tour, et siet l'entrée d'icelui ainsy comme on y arrive, parmy noord-ost, laquelle est large le trait d'un arcbalestre et parfont par dedens, pour y entrer naves de quatre à cincq cens bottes (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 144).

 

-

[Dans une équivalence] C'est à dire./C'est à savoir : ...c'est a savoir le dit Jehan (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 34). ......secondemend fievre lipare peut estre prise plus larg[e]ment pour toutes fievres de malvaises humeurs en laquelle appert semblable accident qui appert en la propre lipare, c'est a dire ou il appert froit dehors et grant chaleur dedens (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 298). Item, ces choses que nous avons yci dictes s'acordent a ce que nous disions au commencement ou proheme, ou nous metions que la fin de science politique est le tres grant bien humain, c'est a savoir, felicité. (ORESME, E.A., c.1370, 130). ...Croire que la seconde personne de la Trinité, c'est a savoir que Jhesus le filz de Dieu le pere fut conceu du Saint Esperit et nez de la Vierge Marie. (LA SALE, J.S., 1456, 38).

 

-

[Dans une assimilation, au sens de "en tant que, comme"] : Avoir vollez no dame a femme et a oisour (Hugues Capet Lab., c.1358, 107).

 

b)

[Idée de manière] : Et dedens estoit elle haulte et clere, faicte a voultes (Chev. papegau H., c.1400-1500, 27). Vers vous je viens à lamenteuse voix (CHASTELL., Compl. Hector K., c.1450, 177). ...tres horriblement et a terrible noise... (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 391).

 

-

[Dans des constructions verbales ou adjectives] : On doit fere une toile qui semble a un buef et tainte du poill d'un buef. Et tout einsi que font les perdrieux [var. perdriseours], on le doit porter devant soy. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 278). Linaria, c'est une herbe qui ressemble a lin assés, mais elle a une fleur jaune qui est comme blanche, et si a les feulles plus laies que lin. Elle est en tout pareille a esule. (Grant herb. C., c.1450, 128). L'en te tient à moult bonne ouvriere et subtille tixeresse en draps de laine et en si grant renommée ou pays que tu t'en vantes et comparaiges d'en savoir autant ou plus comme fait Palas la deesse, ce que tu ne dois mye faire. (Ovide mor. B., 1466-1467, 185).

 

-

[Dans des loc. adv. ou prép.] : ...et aroient lanagez et drapperie à grant fuison. (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.1, c.1375-1400, 192). ...il qui parle, à très grant peine, se charga pour eulx de vendre icelle cendrée, laquelle il a ce jourd'ui exposée en vente audit orfevre, et icelle faisoit XL frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 396). Et quant il sera a moictié cuit, ayez ung maquerel fraiz, et decoupez par tronçons et le mectez cuire avec, et puis ostez tout, et mectez du percil hachié boulir une ondee, et dreciez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 205). Honnour qui est a droit fondee Vault miex que d'argent grant undee (Pastor. B., c.1422-1425, 135). Narcisce, c'est une herbe chaude qui a feulles a maniere d'oignon (Grant herb. C., c.1450, 138). ...pour chascune queue de sidre ou poirée vendue illec à détail, dix sols tournois (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1483, 234).

 

.

[En coordination avec en] : Lors jurerent compaignie ensemble à bien et en mal endurer et se baiserent en aliance d'amour. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 11).

 

-

[Dans le syntagme subst. + à + subst., pour marquer une caractéristique] : Là priai Bauduin, à le chière membrée, Qu'il alast à Courtrai, à maisnie privée, Et ammenast ma soer, qui tant est belle née (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 179). Item, une salière, d'une serpent qui a le corps d'une pourcelette, à cinq langues de serpent, et à quatre saphirs pendans ; pesant cinq marcs six onces. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 63). ...pour ung porchet neuf et pour quatre fenestres à trillye (Comptes Archev. Rouen J., 1460-1461, 308). ...des robbes à pompettes. (Coust. Esop. T., c.1500, 152).

 

c)

P. ext.

 

-

[Idée de conformité] "Selon, suivant" : Et Esmerez le fiert à loi de pongnéour ["selon la règle des guerriers"] (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 102). ...qu'il [les biens spirituels] nous soient ordenez a merite (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 470). Et la terre est benoite de la quelle le roy est noble et de qui les princes prennent leur refection en temps convenable a la neccessité du corps, et non pas a luxure (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 308). ...et qui disposent toutes choses plus a leur plaisir que a la verité. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 347). Qu'ilz puissent et leur soit leu ["loisible de"] vendre leurs biens, en disposer, et faire tout à leur bonne voulenté (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1447, 524).

 

.

À l'exemple de : ...on li pigne le chief et lave les mains et le visage a l'exemple de la Magdalaine, qui oint le chief de Jhesucrist devant la Passion (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 281). ...le tres debonnaire roy, à qui mieulx plaisoit, à l'exemple de Jhesu-Crist, rappeller et ravoyer ses gens par doulceur et benignement les chastier que par crainte et par rigueur... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 70).

 

.

À la difference de : Et dit selon raison ou avecques raison a la difference de aucunes bestes qui oeuvrent aussi comme artificielment, comme l'aronde ou la pie fait son ni. (ORESME, E.A.C., c.1370, 336). ...on met nouvel ancens ou thuribulier non benoit a la difference de celui qui est a Dieu offert. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 315).

 

-

[Idée de moyen] "Au moyen de" : Pour chou dist un proverbes c'on recorde souvent : Miex vaut li pums ["la pomme"] donnés que mengiés à son dent. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 353). La tieste me trenciés à vostre branc fourby, Sy arés fait le camp et du tout desconfy (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 297). ...il vit .i. enfant qui beuvoit a sa main ["dans le creux de sa main"] (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 434). ... et du fremissement ou tremblement de l'air s'ensuit une murmure et une noise percevable a l'oÿe que nous appellons son (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 44). ...laquelle teste est cousue à clous encontre la porte d'icelluy en signe du paiement qu'il en a fait (Actes norm. H., t.1, 1437, 78). ...appareillié des nobles aournemens que s'amie avoit fait a ses mains (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 634). Lors prent une vermeille manche de scyglaton, puis luy atache a ung cordel de soye a une pugnie pres du fer de la lance (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 799).

 

.

[Dans le syntagme subst. + à + subst.] : ...et faire refaire a ses cous et despens le moulin a vent qui est aus diz religieus (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 200).

 

.

À ma vie. "Sur ma vie" : ...je voue et promectz a noz vies que... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 172).

 

-

[Idée d'accompagnement (influence de apud ?)] "Avec" : ...[l'arcevesque] s'appareille et revest pour chanter la messe a dyacre et souzdyacre et autres ministres telement comme il appartient a celle solennité (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 686). Et lors le roy Aganippo, a plenté de ses barons venans a l'encontre de luy, le receut honnourablement (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 43). ...ja voyans leur roy arrivé au port a belle armee (Cligès C.T., 1455, 81). Alix partir se vault pour retourner en Grece, et a tresgrant compaignie de l'empereur et dez barons d'Alemagne se mist a voie (Cligès C.T., 1455, 115).

III. -

P. ext. [L'idée de relation que suppose la catégorie prépositionnelle peut voiler le contenu sémantique ; à se rapproche alors de de, à quoi l'interférence du lat. ab- a pu contribuer]

A. -

[Proche de de dans certaines constructions verbales, comme dans laisser à, oublier à, acheter qqc. à qqn (qui le vend)] : Si sachiez que les comicez de Flavius orent tant de indignité et de desordenance que plusieurs nobles par indignacion en lessierent a porter aniaux d'or et falerez de chevaus, en disant que.... (BERS., I, 9, c.1354-1359, 46.12, 87). Item, dist que, environ VIIJ jours paravant ce qu'il feust admené prisonnier ou Chastellet, ainsi comme gens marchandoient et [achetoient] fruit, poires, frommages et autres choses, à une poroyere demourant assez prez de Sainte-Croix de la Bretonnerie, il seul copa à icelle poroyere sa bourse, en laquelle avoit VIIJ blans ou environ. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 71). Alez, n'ombliez pas a boire, Se vous trouvez Martin Garant. (Path. D., c.1456-1469, 56).

 

-

[Proche de de pour marquer une idée causale] "À cause de, en raison de" : ...et point ne se doit par orgueil eslever contre ceulz que il pense estre mauvais ne pleurer aux prieres des chaitis. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 404). A la requeste de ceulx de Huy, le dit evesque leur avoit quitté la coustume qu'il avoit que toutes les foiz qu'il pernuytoit en la ville, le doyen d'icelle ville devoit faire delivrer des liz pour lui et pour ses gens. (Arch. Nord, c.1380-1400, B 146, pièce 2, f°4v°, IGLF).

B. -

[Proche de de (et de par) pour marquer l'agent (animé ou inanimé)] : A pluseurs gens par son malice Se fist moult bien pensionner Et grans benefices donner. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 121). Et comme legierement il pouoit ce faire, sans quelconque force constraingnant, par une seulle persuacion spontainne et voulentaire se laissa vaincre a la voulenté du deable, et contre la voulenté et honneur de Dieu si pecha trop grandement. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 200). Attaint au cuer d'eloquence incredible, À humain sens difficile à produire... (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 128).

 

-

Faire faire qqc. à qqn / à un animal : ...il le fit devorer aux lyons (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 243).

 

.

[Après un verbe de perception] : J'ay ouy reciter aux clercs que... (BUEIL, I, 1461-1466, 52).

 

-

Estre telle chose à qqn. "Pour qqn" : Ce seroit a nous grant folye. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 4345). C'estoit mal dit a eulx (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 162). ...que ce n'estoit pas chose licite ne honneste a femme de porter botte fauve et aneaulx aux piez (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 186).

C. -

[Pour marquer, au lieu de de, l'appartenance, la subordination ou les liens de parenté, dans le syntagme subst. + à + subst. de l'animé (où ce dernier subst. désigne gén. des personnages d'une certaine importance)]

 

-

[Lien d'appartenance] : ...aboutissant parderriere a l'ostel au conte de Dampmartin (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1356, 217). Elle alla au cordoennier, et tantdiz qu'elle faisoit chausser ses souliers, son mary passe par devant l'ostel au cordoennier avec ung aultre son voisin qui alloit de coustume a la taverne. (C.N.N., c.1456-1467, 528). ...et approucha si près de Verset, qu'il trouva la vache au cappitaine, qui estoit en pasturage. (BUEIL, I, 1461-1466, 24).

 

-

[Lien de subordination...] : Je vous fas savoir que je sui Maistre d'ostel au roy Pepin (Mir. Berthe, c.1373, 235). ...je sui serviteur a une damoiselle, heritiere de la conté de Cardonne et de grans seignouriez (Comte Artois S., c.1453-1467, 49).

 

-

[Lien de parenté] : LA FILLE AU ROY [nom d'un personnage] (Mir. st J. Cris., c.1344, 269). ...la fille au roy Absalon, qui avoit nom Melia. (Bérinus, I, c.1350-1370, 295). Dame, qui es et mére et fille Au toutpuissant, au roy des roys, Deffens nous des vilains desrois De Julien le marvoyé (Mir. emp. Julien, 1351, 192). ...liquels fu fils au bon roi Edouwart (FROISS., Chron. D., p.1400, 43). Et le donnerent li douse per de France, par election et rieule naturel et droiturier que il ont en France, et de la quelle ordenance anciiennement on avoit veu user, a Phelippe de Valois, fils jadis a mesire Carle, le conte de Valois et frere a ce biau roi Phelippe de desus dit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 46). ...messires Guillaumes de Jullers, fils au marqis de Jullers (FROISS., Chron. D., p.1400, 115). ...fille au roy de Castille (Comte Artois S., c.1453-1467, 115).

D. -

[Comme de, devant un inf. sujet inversé] : Legiere chose est a congnoistre Que Dieu les fait venir [les fruits] et croistre ; Automne les fait envieillir Et permeürer et cueillir (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 14). Pour ce que huiseuse traveille lez cuers humains par diversez ymaginacions et merancolies, est pourffitable et bonne chose a oÿr lez plaisantez lectures dez anchiennes histoires pour passer le tempz en joye et fuir lez fantaziez quy trop grievent Nature. (Comte Artois S., c.1453-1467, 1). Et en ce temps d'Hercules et grant temps après, ceux que nous nommons Bourguignons se nommoient Allobrogiens. Et vault autant à dire Allobrogiens, selon que le interpretent messieurs les clercs, comme mal langaigé ou mal parlans. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 44). ...c'estoit belle chose a les voir (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     A-/AD-     
FEW Ø, lat. ad-
A-, préf.
[FEW, Ø lat. ad- ; TLF : I, 23b : a-1]

I. -

[a/ad- est un préverbe (le vocable dans lequel il entre est un verbe ou un dérivé de verbe ; grave / aggraver, aggravance, aggravation, aggravement... ; cueillir / accueillir, accueil, accueillage, accueillance, accueillement, accueilleur, accueillie...)] [Valeur de perfectivité : marque l'entrée dans l'état que la base indique]

A. -

[Base adjective] [Marque l'entrée dans l'état que l'adj. indique ; affaiblir (trans.), c'est "rendre faible" ou "rendre plus faible" ; s'affaiblir (pronom.), c'est "devenir faible" ou "devenir plus faible" ; amaladir (intrans.), c'est "devenir malade" ou "devenir plus malade"]

 

-

[La base existe comme adj. (et éventuellement comme adj. subst.)]

 

Rem. V. abastardir ; abellir ; abestir ; abrunir ; accointer ; acerter ; achetiver ; acoquiner ; acquitter ; affaiblir ; amaigrir ; amaladir ; aplatir ; appauvrir ; assombrer ; assoter ; assotir...

 

-

[La base est la var. combinatoire d'un adj.]

 

Rem. V. abaisser (bas) ; accoisier (coi) ;accourcer (court) ; acertener (certain) ; aclaircir (clair) ; aclarir (clair) ; adoucir (doux) ; agramir (graim)...

 

-

[La base est isolable par commutation]

 

Rem. V. acruir (à rapprocher de cruel, cruauté) ; ajovenir (à rapprocher de juvenile), assapier (à rapprocher de sapient, sapience), avieutir (à rapprocher de vieuté, forme de vilté)... Les distinctions morphologiques opérées ici pourraient l'être aussi sous toutes les rubriques qui suivent : cf. Romania 119, 2001, 289-322, en partic. 293-299.

B. -

[Base substantive]

 

1.

[Valeur d'attribution ; marque l'attribution de ce qui est désigné par la base à ce qui est désigné par l'obj. du verbe trans. (ou à ce qui est désigné par le sujet du verbe intrans. ou pronom.)]

 

a)

[Marque l'attribution d'une chose concr. désignée par la base ; acourtiner qqc., c'est "garnir qqc. de courtines" ; l'état résultant est que qqc. est garni de courtines]

 

Rem. V. abecquer "donner la becquée (à un oiseau)" ; abosquier "planter d'arbres", abretechier "pourvoir de bretèches", acharger "placer une charge sur", acimenter "enduire de ciment, cimenter", acourtiner ; acuisiner, fournir la cuisine, les mets", affeutrer "garnir de feutre", agluer "enduire de glu", allaiter "nourrir de son lait"...

 

b)

[Marque l'attribution d'une chose abstr., d'une propriété désignée par la base ; aligner qqc., c'est "disposer qqc. en ligne droite, donner à qqc. la propriété de la ligne" ; l'état résultant est que qqc. a la propriété de la ligne]

 

Rem. V. abejauner, abejaunir "traiter en bec jaune" ; abutiner qqc. "faire de qqc. un butin" ; accoupler "faire un couple, réunir par deux, attacher ensemble" ; accoutumer qqc. "donner à qqc. la propriété de la coutume, de l'habitude" ; achanter, achanté "incliné, penché, qui a la propriété du chant, lat canthus" ; aligner ; alloter "diviser en lots"... ... Dans les exemples qui précèdent la propriété est interne à l'obj. du verbe (ce qui est alloté est un lot) ; elle est externe dans abulleter "pourvoir d'une bulle, d'un bulletin" ; accenser "imposer un cens à" ; adommager "provoquer du dommage à" ; alosengier "couvrir de losenge, flatter" ; apaiser, apaisanter "donner la paix à, apaiser" ; apatir, apatisser "soumettre au patis, à une contribution" ; apprecier "fixer le prix, la valeur de" ; aruner "mettre en run, en ordre" ; assieger "imposer un siège à"...

 

c)

[Marque l'attribution d'une position suggérée par la base ; s'agenouiller, c'est "se mettre dans la position de celui qui est à genoux" ; l'état résultant est que qqn est à genoux]

 

Rem. V. aboucher, s'aboucher "se mettre face (bouche) contre terre" ; accroupir, s'accroupir ; acculer ; adenter...

 

2.

[Valeur de localisation ; marque la localisation de ce qui est désigné par l'obj. du verbe trans. (ou par le sujet du verbe intrans. ou pronom.) dans ce qui est désigné par la base]

 

a)

[Localisation au sens propre ; accuver qqc., c'est "mettre qqc. dans une cuve" ; l'état résultant est que qqc. est dans une cuve]

 

Rem. V. abalancer qqc. "mettre qqc. dans la balance (au propre ou au fig.)" ; abloquer qqc. "mettre qqc. sur des blocs" ; aborder "[d'une embarcation] arriver au rivage ; [d'une pers.] arriver à bord d'une embarcation" ; abouter1 "[d'une terre, d'une construction...] toucher par un bout à, aboutir à" ; aboutir "toucher au bout ; arriver au bout" ; abuter "diriger vers un but (au propre ou au fig.)" ; accuver ; affonder1, affondrer, afoncer "envoyer au fond, couler" ; amaisonner, amaisnier "loger, installer dans une maison" ; anicher "mettre au nid, nicher" ; aprisonner1 "mettre en prison"...

 

-

En partic. [Localisation instrumentale]

 

Rem. V. abrochier "mettre à la broche, percer d'une broche" ; acheviller "mettre à des chevilles, fixer avec des chevilles" ; agriffer "saisir avec les griffes ou un instrument en forme de griffes" ; ahocher "accrocher avec un hoc, un crochet" ; assemiller1 "piquer (la pierre) avec le marteau appelé smille" ; attiser "ranimer (le feu) avec un tison"...

 

b)

[Localisation fig. ; aaisier qqn, c'est "mettre qqn à l'aise"]

 

Rem. V. acourager ; adouler ; affamer ; afinir "mettre fin à (en partic. aux jours de qqn)" ; agreer "prendre en gré" ; ahonter, ahontir "couvrir de honte" ; assaisir qqn de qqc. "mettre qqn en la saisie, la possession de qqc."...

C. -

[Base verbale]

 

1.

[Le verbe de base est imperfectif] [Marque la perfectivité ; battre est intrans. et imperfectif ; abattre est trans. et perfectif (il aboutit à un état résultant où qqc. est abattu)]

 

Rem. V. accroistre ; acomengier "donner la communion à" ; acrier "poursuivre (un animal) de ses cris (pour l'atteindre)" ; agesir, agister ; assaillir ; assauter ; asseoir ; assuffire "combler"...

 

2.

[Le verbe de base est un verbe de mouvement] [Marque la "direction vers" ; accourir, c'est "courir vers"]

 

Rem. V. accourir ; aconvoyer ; affluer ; affuir ; aguier "guider qq. part" ; apporter "porter en direction de" ; attraire1 ; attirer1 ; attrotter ; avoler...

 

3.

[Valeurs affaiblies]

 

a)

[Comme marque plus ou moins redondante de perfectivité ; idée plus ou moins perceptible de complétude ; agaster qqc., c'est "gâter qqc. complètement, le gâter vraiment, y faire des dégâts importants"]

 

Rem. V. acouvrir ; aemplir ; agaster ; agloutir ; apasser "traverser (la mer), donc de part en part" ; araser...

 

-

[Idée plus ou moins perceptible d'inchoativité ; afabler "se mettre à fabler, à affabuler"]

 

Rem. V. amouvoir "mettre en mouvement" ; apercevoir "se mettre à percevoir, saisir par les sens ou la pensée" ; aplaire, il aplaist à qqn de + inf. "qqn est pris du désir de"...

 

b)

[Comme marque redondante de la prép. à que le verbe construit ; type adjoindre qqc. à qqc. "joindre qqc. à qqc."]

 

Rem. V. acoudre qqc. à qqc. ; adjuger qqc. à qqn ; adonner qqc. à qqn ; ajouter qqc. à qqc. (jouster, joster "rassembler, réunir") ...

II. -

[a- n'est pas le préverbe (analysable) a/ad- ; ce n'est qu'une forme historiquement figée ou bien une forme apparentée]

A. -

[a/ad- n'est pas analysable en m.fr. ; le verbe remonte à une formation latine (classique, vulgaire ou tardive) : accepter, lat. acceptare de accipere, acceptum, lui-même de ad- + capere]

 

Rem. V accepter ; acheter ; adapter... ; cf. Romania 119, 2001, 317-318. Noter aussi le type addition, lat. additio, de addere : pas de verbe correspondant en m.fr., mais le suff. est déverbal.

B. -

[a- n'est qu'une forme apparentée]

 

1.

[a- appartient à des verbes construits à partir de locutions ouvertes par la prép. à ; avaler, c'est littér. "faire aller à val / aval, vers le bas"]

 

Rem. V. abasseurer (sur à basse heure) ; adirer qqc. "ne plus avoir qqc." (sur estre à dire "manquer") ; afoisonner (sur à foison) ; avironner1 "mettre à viron(s), mettre à l'entour, tout autour" ; aviser "faire réflexion sur" (ce m'est à vis, ce m'est avis)...

 

2.

[a- n'est autre que la prép. à dans des formations abusivement agglutinées]

 

Rem. V. aconforter (dans les textes du Nord, pour / de final + à + inf. ; Que chescun avoit cuer de lui aconforter, Hugues Capet L, 180, leçon a conforter ds l'éd. Laborderie, 237, v.4734) ; aconnoistre (se faire aconnoistre, se faire à connoistre) ;

 

3.

[a- est une var. dial. de es-]

 

Rem. V. abaubir (esbaubir) ; abaudir1 (esbaudir) ; ablouir (esblouir) ; achapler (eschapler) ; assayer (essayer) ; astaller (estaller) ; attonner1 (estonner) ; attraire2 (estraire)...

REM. Variation a- / ad- : le goût de l'habillage latinisant suscite de très nombreuses formes en ad-. Les unes copient des formes latines, analysables en m.fr. (adorer, lat. adorare, à côté de orer, lat. orare) ou non analysables (adapter, lat. adaptare ; adopter, lat. adoptare...). D'autres ont seulement une apparence latine (a(d)heriter, a(d)meriter...). L'alternance se produit préférentiellement devant une base vocalique (a(d)heriter) ou bien devant j (a(d)jouster), m (a(d)meriter) ou v (a(d)venir).
 

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 Article 3/20 
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     ADÈS     
FEW XXIV 141b ad id ipsum
ADES, adv.
[T-L : adès ; GD : ades ; AND : adés ; FEW XXIV, 141b : ad id ipsum]

A. -

"Aussitôt, sur le champ" : Il est force qu'adés il m'en souvieigne (CHART., Compl., 1424, 325). Très hault et puissant prince nostre très chier oncle, se aucune chose vous est plaisant par deçà, veulliez le nous feablement signifier, et adez nous trouverez appareilliez pour nous y emploier du bon du cuer très volentiers. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 180). Mon chier seigneur, je suis adez Et seray la vostre servante, Car j'ay mise toute m'antante De parfaire diligenment Vostre treshault conmendemant (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 41).

 

-

Tout adès : S'il ont merci, il sont moult aise ; S'il ne l'ont, il prennent substance De par moy et bonne Esperence, De quoy il sont si bien chevi Qu'il sont tout adès assevi. (MACH., D. Aler., a.1349, 339). Qui hante lez chetifs povreté va quirant, Qui s'acrout on le va tout adez abaissant Et ly homs qui se va honnestement pourtant On le prise et honneure et mocqu'on le meschant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 106). Si fisent par leurs varlès cacier tout adies avant leurs sommiers et leur vitaille, et puis si s'en vinrent d'encontre et de grant volenté ferir sus ces François. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 107). Mais tout ades me souvenoit Du bon mot qui vault en tel cas, Car quant j'estoie en un fort pas Ou a passer je fusse rude, Disant : Vaille moy long estude ! (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 60). Car on doit tout adiez celui c'on n'aimme mie Grever de sa poissanche. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 837).

 

-

Adès... adès... "Tantôt..., tantôt..." : ...le triste amoureux dança Adés o l'autre, adés o l'une. (CHART., B. Dame, 1424, 336).

B. -

Toujours, sans cesse" : Cil qu' adez prent sans riens paier, On ce doit gader de sa robe. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 171). Einsi deveroit amans faire Qui averoit en son affaire Tendu la prise de maniere, Tant en bel samblant comme en chiere, Drecie emmy acoustumance De porter adès reverence A sa dame especiaument (MACH., D. Aler., a.1349, 267). Quarante ans ie fuis correcieiz et a toute celle generation, et dis adont : cilz ades sont durs et asseirrent de cuer (Psaut. lorr. A., 1365, 98). Einsi chascuns se conforta, Et li bons roy les enorta Que chascuns ait bonne esperence En Dieu et toute sa fiance, Car s'il l'ont ades en memoire, Il aront honneur et victoire. (MACH., P. Alex., p.1369, 65). De vraye amour, loyal et affinée, Vous vueil adès honnourer et servir. (MACH., L. dames, 1377, 92). ...en remerciant la Court de la bonne affection et diligence qu'elle a eu et a adès à ladicte Université (BAYE, I, 1400-1410, 109). La vi comment le souvrain pere A ordené du ciel l'espere, Qui obliquement ades tourne Au tour de son aixiau a ourne, Entre les deux poles assise (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 81). Ains pense adiés comment traïson soit trouvee Pour destruire Gerart (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 649). Donc, pour venir à la pugnition et à l'attainte du cas, avoit fait garder cestes gens par l'espasce de deux ou de trois ans, sans les faire mourir, sur espoir de venir finablement à la descouverte de ce qu'il doubtoit, par gehines et interrogations estroites, lesquelles adès sur l'approchement de ceste journée leur furent bailliées bien agues [l. agües] (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 422). ...ilz ont adez entretenu et entretiennent le havene du dit lieu de Gravelinghes et le cours de la riviere du dit Saint Omer jusques à Gravelinghes (Hist. dr. munic. E., t.3, 1487, 519). Jugement (...) que dit que tous fiedz eschiënt aidais a plus droicts hoirs de la ligne dont ilz viennent. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1356], 349).

 

-

"Toujours, encore" : ...mais d'un moult gentil Diray, qui ades est en vie, Qui n'a fors de bien faire envie. Si est des parties de France Le bon, vaillant, plain de souffrance (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 192).

 

.

"Encore, à présent" : Sire, respondy Lionnel, ainsi que je le vous promis, je le mis a oeuvre a mon pouoir (...), et y a adés environ ung mois (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 367).

 

-

[En contexte nég.] Ne ... adès. "À aucun moment" : Ne le soleil pour sa chalour N'amenrissoit point la coulour De l'erbe, qu'adès ne fust verte, De l'ombre des arbres couverte. (MACH., D. Lyon, 1342, 163). ...cellui qui a coffres plains De tresors et greniers replains, Ne cesse ades de convoitier (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 196).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 4/20 
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     ADESSÉEMENT     
FEW XXIV ad id ipsum
ADESSEEMENT, adv.
[T-L : adesseement ; GD : adesseement/adessement ; AND : adesseement ; FEW XXIV, 142a : ad id ipsum]

"Durablement, avec constance" : Et certes, Dame, c'est en moy qe le male habite et y demoert plus adesement qe fait le lou en bois. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 228).

REM. AND, s.v. adesseement.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/20 
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     APRÈS-     
*FEW XXIV ad pressum
APRÈS-, préf.
[*FEW XXIV, 178b : ad pressum ; TLF : III, 357b : après-]

[Forme des subst. à partir de subst.] [Marque la postériorité, surtout la postériorité temporelle (comme la prép. après)

Rem. V. après-disnee ; après-disner ; après-nom ; après-soupee ; après-souper.
 

DMF 2020 - Préfixes et suffixes Robert Martin

 Article 6/20 
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     APRÈS     
FEW XXIV ad pressum
APRÈS, prép. et adv.
[T-L : après ; GDC : apres ; AND : aprés1/denaprés/desaprés/enaprés ; FEW XXIV, 178b : ad pressum ; TLF : III, 353a : après]

I. -

[Dans l'espace (au propre ou au fig.)]

A. -

[Idée de proximité] Après qqn/qqc. "Près de qqn ou qqc." : Par sens est mise en estat si parfait, Si glorieux, si hault, si seigneuri Qu'a plus hault après Dieu ne peut monter [qu'elle ne pourrait pas monter plus haut près de Dieu] (Mir. enf. diable, c.1339, 56). Ave , royne debonnaire, Du treshault Dieu souverain temple Et aussi de tout bien exemple, Souverain mont de forteresse, Souveraine humble et en hautesse, Souveraine beneurté Des sains après la trinité ! (Mir. pape, 1346, 395). Et nota que le noyau du beuf est la piece apres le col et les espaulles. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 196).

 

Rem. Cf. T-L I, 470, l. 38-42, et 471, l. 20-23.

 

-

Après de. "Près de, à proximité de" : Et autel est il des bestes sauvages - comme d'un sanglier, ung cerf, une biche - qui ont nature sauvage, suivent et se tiennent joingnans et apres de leurs maistres et maistresses et laissent tous autres. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 69).

B. -

[Idée de postériorité spatiale] "Derrière"

 

1.

Prép.

 

a)

Verbe de mouvement + après (le verbe prenant alors le sens de "suivre") : ...or vous en venez Donques a l'ostel après moy. (Mir. enf. diable, c.1339, 7). J'iray devant et vous venrez après. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 109). C'est ce qui a la mort me chace Et fait penser Qu' ensement comme uns chiens de chace Après sa beste fuit et chace Et la sieut partout a la trace Pour li tuer, Einsi Desirs de saouler Mes fols yeus d'assez remirer De la bele et bonne sans per La douce face Me berse et chasse sans cesser Et me cuide a la mort mener. (MACH., R. Fort., c.1341, 51). Dit aussi sur ce requis que continuelment il a acoustumé d'aler apres ladite Marion en tous les lieux par où elle a alé et venu et aussi couchié là où ladite Marion a alé, venu et couchié, mais oncques jour de sa vie il ne li vit achater aucuns des choses dessus dites (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 425). Car les oiseaulx fumelles suivent et se tiennent prouchaines de leurs masles et non d'autres, et les suivent et volent apres eulx et non apres autres. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 68).

 

-

Courir après qqn. "Poursuivre qqn de ses ardeurs" : Mais s'elle après li ne couroit Tantost, a po qu'il n'en plouroit, Et disoit : "Tu ne m'eimmes point..." (MACH., D. Lyon, 1342, 214). Car, quand je vous requier secours, Vous fuyez, aprés vous je cours, Et pitié n'a en vous aucune (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 445).

 

-

Verbe de mouvement impliquant une atteinte + après. "Sur, contre" : ...mesmes se son maistre le bat et luy rue pierres apres luy, si le suit il balant la queue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 68).

 

.

Crier après qqn. V. crier

 

.

Darder après qqn. V. darder

 

.

Hurler après qqc. "Crier en protestant contre qqc."

 

-

[Au terme d'un mouvement] : Item, se ceste ligne fluoit et aloit ou estoit meue et elle lessast apres soy une estrace, ce seroit superfice qui seroit longue et lee sanz parfondeur ou sanz spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 46).

 

b)

[Mouvement fig. (idée de poursuite, de recherche de qqn ou de qqc.)]

 

-

Attendre après qqn. V. attendre

 

-

Contendre après qqc. V. contendre

 

-

Demander après qqn/qqc. V. demander

 

-

S'ennuyer après qqn. V. ennuyer

 

2.

Adv.

 

-

Aller après. "Suivre qqn" : S'aloit devant et je après. (MACH., D. Lyon, 1342, 171).

 

.

"Suivre qqn pour le rattraper" : Or tost, alez apres, Et si le sievez si de pres Que mort ou vif le ramenez (MACH., P. Alex., p.1369, 17).

II. -

[Dans le temps, pour marquer la postériorité (par rapport à un moment, une date, ou par rapport à un fait, une action)]

A. -

Prép. : Donné a Paris, le vendredi aprés la feste dou Saint Sacrement, l'an de grace mil trois cens et trente. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 15). ....jusques au mercredi aprés la Saint Andruy (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 27). D'ilec vint, c'est chose prouvée, Après la setiesme année, Et vouloit sa promesse avoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 27). Après ce Cruautez respont (MACH., D. verg., a.1340, 41). À ceste coronation, Qui fu apres l'Ascention Dix et sept jours tous acomplis, Ot cils roys des joustes le pris. (MACH., P. Alex., p.1369, 26). ...le lundi d'après la Penthecouste derrenierement passée (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 232). Ce fu faict le samedy d'aprés la Tiphaine, l'an mil troys cens quatre vingtz et onze dessusdict. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 643).

 

-

Après + inf. (subst.) : Après mengier, les prist par le giron Li gentils rois, Et si leur dist : ... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 133). ...après l'enfanter trouvé l'ay Vierge pucelle (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). Il estoit aprés souper (Bérinus, II, c.1350-1370, 123). ...jusques le mercredi après la feste du jour des Mors, heure d'après disner (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 155).

 

-

Après + subst. (ou pron.) + part. passé : Après ce fait Devers Amours Loiauté se retrait (MACH., J. R. Beh., c.1340, 125). Apres l'introite chantee ou dicte, l'en dit par .IX. foiz Kyrieleison (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 12). ...aprés tout recueil fait par le roy, ilz luy prierent que son plaisir fust de leur donner treves de quatre jours seulement. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 304).

 

-

Après qqn. "À la suite de l'action de qqn" : Car volentiers mis les eüsse en voie De juge prendre Tel qu'a jugier leurs fais peüst entendre, Si souffissant qu'il n'i eüst qu'aprendre, Et qu'après lui n'i eüst que reprendre. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 102).

 

-

Après coup. V. coup

 

-

Après tout. "Tout compte fait" : Mais apres tout, humblement je proteste De maintenir ce que d'elle j'ateste, Car plus y a que dire on n'en sauroit (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 106).

B. -

Adv.

 

1.

"Ensuite" : Après dient isnellement Honte et Paour couardement Que deshonnourées seroient, S'a ce faire se consentoient (MACH., D. verg., a.1340, 42). Alons diner ysnel le pas, Puiz que noz heures dit avons, Et après en dortoir yrons Sus la vesprée. (Mir. nonne, 1345, 330). Apres il prierent Minerve La deesse qu'elle le serve (MACH., P. Alex., p.1369, 6). ...en la fin dudit moiz de septembre et apres (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 161).

 

-

[Dans l'avenir] "Par la suite, sous peu (dans un texte, plus bas)" : Et c'estoit la conclusion De toute son entention, Einsi comme apres le sarez (MACH., P. Alex., p.1369, 9). Et nyentmoins, je diray apres ou secont livre comment il est possible, et par aventure neccessaire selon le cours de nature, que toute la terre ensamble soit meue aucune foys. (ORESME, C.M., c.1377, 58).

 

-

Un peu après / peu après / assez tost après / tantost après... : Tantost après vi une famme Plus belle et de plus noble arroy C'onques ne fu femme de roy. (Mir. march. larr., c.1349, 116). Si advint ung pou apres que toutes les femmes de Ronme vindrent au senatoire ou les senateurs estoient assemblez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 106). Assez tost apres, icelle commere se party (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 107). ...et tantost apres retourna a la fille et luy donna ce qu'elle avoit du scien. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 115). Laquelle conqueste faicte et le Roy party du pays, peu après, les aucuns des habitans d'icellui se rendirent et remirent voullontairement en la main des Anglois (BUEIL, I, 1461-1466, 30). Incontinent saillit le duc de Bourgongne en la rue, et peu après y arriva le roy et le connestable qui feïrent une grand dilligence à venir de si loing. (COMM., I, 1489-1491, 151).

 

.

Et puis après : Et puis aprés il manda au roy que... (Bérinus, I, c.1350-1370, 193).

 

-

Ci après. "Ci-dessous" : ...et de ce sera parlé cy apres quant l'en parlera du voler. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 143). ...cy apres s'ensuivent les noms de toutes boucheries de Paris (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 170).

 

-

Indication de temps + après : Par aucune espace de temps apres, les gens d'un chastel qui estoit a quatre lieues d'illec empres Romme firent rebellion a l'empereur (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 52).

 

.

Le jour après. "Le jour suivant" : Le jour apres lui fist fichier ung peel des parmy la nature au long du corps jusques a la gorge (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 52).

 

.

Tel jour / telle nuit / telle chose... d'après. "Suivant" : Et pour mieulx entendre cest chapitre et celui d'aprés, l'en doit savoir que quant a propos .II. manieres de divisions sont (ORESME, E.A.C., c.1370, 348). Et est a savoir que Aristote met ceste rayson et celles d'apres en autres termes et plus obscurement. (ORESME, C.M., c.1377, 122). ...et le mercredi d'après, derechief aux freres Meneurs fu le cuer enterré en l'eglise en solempnel service de vegiles (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 135). ...le jeudi d'après Pasques et jours ensuians (FAUQ., III, 1431-1435, 54). Et lors Loys l'annee d'aprés passa en Angleterre (JUV. URS., T. crest., c.1446, 144). La nuyt d'après feïrent ceulx de dedans une saillie (COMM., I, 1489-1491, 237).

 

.

L'autre d'après. "Le suivant" : En une salle on fist certain amas D'un beau satin, tant blanc que vïolet, L'autre d'aprés fut d'un rouge damas De loing en loing tendue au lignolet. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 182).

 

-

L'un après l'autre : ...l'en doit arracher les plumes l'une apres l'autre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 162).

 

2.

[Dans des loc. adv. ou prép.]

 

a)

En après. "Par la suite, ensuite" : Et se de lui sui escondiz, En après vous diray les diz Qu'il me dira. (Mir. st Guill., c.1347, 37). En telle maniere vint la damoiselle devant son oncle, si le salua moult amiablement et en aprés tous les Rommains qui a merveilles regarderent le maintieng d'elle et le noble atour dont elle estoit acesmee (Bérinus, I, c.1350-1370, 163). Et en après voy l'autre cas (DESCH., M.M., c.1385-1403, 278). ...le mercredi ensuivant, XXIIIJe jour dudit mois de novembre, fu icellui Raoulin de rechief mis à question sur le petit tresteau, et en après sur le grant (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 153). Adonc fut la mere plus en grant de le savoir, et commença maintenant a flater et en apres a menacier son filz qui luy dist. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 106). Et, en après, fist le Roy, en la presence des dessusdis et autres pluiseurs, faire lecture et publicacion de certaines ordonnances et lettres passées par le Roy en son Grant Conseil (FAUQ., I, 1417-1420, 194). ...pour en parler en après au duc de Bedford (FAUQ., II, 1421-1430, 75). ...et en après en tua trois autres hommes de guerre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 79). Puis en aprés a les suivre se mirent Incontinent (LA VIGNE, V.N., p.1495, 143). Et ledit duc de Bourgoigne estant audit pays, fist bruler la ville d'Arques, et en après fist bruler et bouter le feu à Longueville, au Fay et à autres plusieurs lieux, villaiges et places dudit pays de Caulx. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 301).

 

-

[Empl. prép.] : Et en aprés ces choses ainssi faites, la dite Denise se feust traitte par devers les diz religieus... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1365, 303). ...lesdiz conseillers presens delibererent et furent d'oppinion que ycellui Guillaume de Bruc, pour les causes devant dites, feust traynez, et d'illec menez ès halles, et en l'eschaffaut feust, comme traittres du roy nostre sire et de son royaume, decapitez, et en après ce, le corps et la teste mis et pendus à la justice (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25). En après ladicte desconfiture faicte desdiz Bourguignons audit lieu de Morat, et que le siege ot esté ainsi mis devant ledit Nancy... (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 25).

 

b)

Par après. "Par la suite, ensuite" : ...affin qu'on se garde de errer en che que par aprés on ne pourroit amender. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 308). Mes l'en dira de ceci par aprés planierement, et monstrera l'en quelle chose c'est que droite raison et comme elle se a as autres vertus. (ORESME, E.A., c.1370, 149). ...et en celle bateure par aprés non pas en complainte ne en pleurs ne en souspirs mais sages paroles ordenees et poignans il se prist a dire que... (FOUL., Policrat., IV, 1372, 73). ...Dont par aprés de dueil errage (CHART., L. Dames, 1416, 258). Et dont les pluseurs pour se mectre en point de bien servir ont leurs terres vendues et engaigees et par aprés cheent en povreté. (CHART., Q. inv., 1422, 29). ...et je te respondroy par aprés. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 64). Et a chascun prendras estrif et guerre, Dont par aprés te fault vivre a desserre. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 84). Aussi lesdictz princes s'en mectent aucunes fois en si grant gloire qu'il leur en meschet par après. (COMM., I, 1489-1491, 108).

 

-

[Empl. prép.] : Et sachiés que cesti temple ne fu onques clous mes que deus autres foiz aprés ceste, c'est a dire une foys par aprés la premiere bataille punique parfaite, sous le consulat de Tytus Manlius, et une autre foiz au tempz de Cesar Auguste, ce fu Octovien (BERS., I, 1, c.1354-1359, 19.3, 30).

 

3.

[Dans des loc. conj.]

 

-

Après que + indic. : Tantost aprés que Aigres ot cel escript bien pourleü et regardé, il s'en repaira en sa nef (Bérinus, I, c.1350-1370, 222). Après qu'Adan et Eve, sa moillier, Orent mengié du fruit par leur folie... (Mir. st Ign., 1366, 116). ...et tantost apres que Sexte s'en fu alé, la dame manda par lettres son mary qui estoit en l'ost (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 54). ...et tantost apres que iceulx peres et meres ont couvé... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 161). Car on rendra compte des vices Après qu'on sera trespassé. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 73). Apres qu'il eut perdu le goust, Il cheut a terre de son hault. (Vig. Trib., c.1480, 234).

 

Rem. Peut-être subj., mais rien de sûr, dans les ex. suiv. : Lesquelz, après que ledit Roy de Honguerie se fust partis [graphie pour se fut ?] dudit royaume de Sicile, ilz retournerent a Napples (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 183). ...mais quant le jour fut venus et qu'il fut prest et abillié, aprés qu'il eust oye messe [graphie pour eut ?], incontinant s'en va a celle bourgoise Marie de Lisle et ly dist : ... (LA SALE, J.S., 1456, 38). Devant et après que la mort l'eust destaché de la chayne qui a mariage l'accouploit, le bon bourgois... [coordonné à devant que] (C.N.N., c.1456-1467, 23).

 

.

Après ce que + indic. : Aprés ce que Gieffroy se fu parti du regne de Blandie, li roys Ysopes entra en un reclus pour l'amour de Dieu. (Bérinus, I, c.1350-1370, 190). ...aprés ce que li traïtour de Blandie eurent fait Berinus leur roy getter hors du royaume, et Logre lui ot fait forjurer la region et tout le païs, et que il et toute sa mesnie furent entrez en mer, il advint... (Bérinus, I, c.1350-1370, 202). Et apres ce que le potage sera tout fait, le lait soit mis dedens vin (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 215). Apres ce que toutes ces choses furent faites... (LA SALE, J.S., 1456, 224). Apres ce que j'auray oÿ messe, je vous feray responce. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 349).

III. -

[Domaine notionnel : dans une hiérarchie, pour marquer l'infériorité de rang]

A. -

Prép. [Pour marquer l'infériorité de rang par rapport à ce que après + subst. désigne] : ...se les dis Jehan le Cordouannier et Jehan Revetel y avoient aucun droit, ce estoit droit de censiers, le quel droit estoit aprés le droit des dis religieux, et estoient yceux religieux censiers et avoient droit en ladite maison avant les dis Jehans (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1339, 81). Jhesu Crist, qui fu filz Marie, Gart l'abbesse premiérement Et après li tout le convent Que je cy voy. (Mir. abbeesse, 1340, 82). ...c'est celle qui n'ot onques premiére semblable a li, ne jamais n'avra seconde telle après elle (Mir. st Guill., c.1347, 5). Et amoit armes et honnour Seur tout, apres notre Signour (MACH., P. Alex., p.1369, 9). Ou giste a .VIII. pieces et est la plus grosse char, maiz elle fait la meilleur eaue apres la joe (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 171).

B. -

Adv. : ...et apres, par dessus l'air est le feu qui environne l'air. (ORESME, C.M., c.1377, 68).

 

-

En après : [À table] On assist l'evesche de Lengres tout au dessus pour cause de prelation, et en après le duc, et puis l'amiral de France, et puis messire Jehan de Buel. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 16).

REM. Élément préfixal, v. après-.
 

DMF 2020 - Synthèse de mot grammatical Robert Martin

 Article 7/20 
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     ARERIE     
*FEW XXIV *ad retro
ARERIE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 181a : *ad retro]

Arg. "Derrière, postérieur" (Éd.) : Joncheurs jonchans en joncherie, Rebignez bien où joncherez Qu'Ostac n'embroue vostre arerie Où accollés sont voz ainsnez [Éd. : «Jouez des jambes et cavalez»]. (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 335).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/20 
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     ARRÉRAGE     
FEW XXIV 182b *ad retro
ARRERAGE, subst.
[T-L : arierage ; GD : arrierage ; GDC : arerages ; AND : arerage ; FEW XXIV, 182b : *ad retro ; TLF : III, 542b : arrérage]

A. -

Au plur. "Montant échu d'un revenu, d'une rente, d'une redevance, et qui reste dû" : ...les despens ou autres choses descendantes du principal, comme levées ou arrerages et semblables choses, perdoit entierement tout son principal et les despens et autres choses demandées et pendans ou procès, ja soit ce que paravant elle eust deuement gagnyé sa cause principal, comme dessus est dit. (Echiq. Normandie S., 1391, 71). Aussi vueil je veoir les quictances de cellui a qui vous paiez les X. s. de rente, que vous dictes que vous paiez pour le pommel de ma tour. Par les dens Dieu, vous ne me aurez pas de ce tour cy ; car, se je puis savoir qui il est, il me monstrera comment je lui doy, ou il me rendra mes arrierages du temps passé, ou vous les me rendrez. (ARRAS, c.1392-1393, 296). ...le devant dit exposant n'a peu, ne ne puet estre paié ne contenté de vous de sadite rente de soixante livres tournoix par an, ne des arrerages qui de plusieurs années lui en sont deuz (Trés. Reth. S.L., t.2, 1398, 461). Autres plais me sourdirent a cause de heritages. sur lesquieulx on demandoit anciene rente et grans arrerages (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 155). Et oultre facéz lever mes fermes et rentz de cest fest de Saint Michel ensemblement ove les arrerages des termes passéz (Lettres agn. L., p.1412, 407). ...à cause des errerages de rente (Cartul. Sires de Rays B., t.1, 1417, 24). ...laquelle pension monseigneur par ses lettres patentes donnees XVIIIe de septembre CCCCXVIII lui veult estre paié et les arreraiges d'icelle par le receveur general de ses finances non obstant touz certifficacions de pension, desquelx mondit seigneur le relieve par sesdictes lettres (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 160). ...à cause du retrait d'une rente de cinquante et deux escus d'or et demi et des arrerages d'icelle rente (FAUQ., II, 1421-1430, 281). ...ou cas que dedens le jour de Toussains on leur fera paiement des arrerages de leursdiz gaiges d'un an, et du residu de ce qui leur est deu (FAUQ., II, 1421-1430, 367). ...pour les arrierages deubz a cause de vingt livres tournois de rente par an (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1424, 72). ...iceulx conseilliers et procureur quicterent et quictes clamerent lesdiz tappissiers et coutilliers de tous restes et arrierages deubz a cause de ladicte halle (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1424, 75). ...certains arrerages par eulx deubz a cause de troiz mil livres tournois que iceulx impetrans sont tenus paier par chascun an de rente au Roy (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1428, 134). ...selond la tenour des contraz dudit mariaige em principal avecques les erraiges d'emprès ledit mariaige, qui montent trois mille livres et plus. (Cartul. Laval B., t.5, 1433, 74). Et quant aux actions que on dit despendre de realité, comme de arrerages de rentes (JUV. URS., Verba, 1452, 369).

 

-

(Demeurer) en arrerage(s) : ...soit pour restes deues, prinses composées ou demourées en arrerages de par avant le jour d'ui... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1439, 115). Il n'a ozé Le temps passé rien emprunter, Et c'est bien lessé endeter Nostre heritage de vilage De cent frans tout en arierage (Gent. moun. T., c.1500, 351).

 

-

Recouvrer arrerages. "Recevoir ce qui est dû après la date d'échéance" : Les hoirs ou aïans [cause] de Nicollas de Villers ont acoustumé prendre en la forest d'Andeli, chacun jour l'un par l'autre, deux moulles de buche, à prendre en la livrée de ladicte forest toutes lez fois et en la maniere qu'il lui plaira, et si en puet recouvrer arrerages s'aucuns lui en sont deubz. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 35).

 

-

P. iron. [À propos d'une valeur qui n'a pas eu de "rentrées" depuis longtemps] : LE LARRON. Ne feray je plus de chief d'euvre ? Comment ! Je suis cassé de gaiges. Il est present saison qu'on euvre Pour pourchasser ses advantaiges. Aux boys, tout coy soubz ses fuellaiges, M'en vois guester quelque passant. Il m'est deu de grans arrerages. Je m'en payeray brief en passant. En decours suis, non en croyssant. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 6).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Des arreraiges de Plaisance, Dont trop endebté m'est Espoir, Se quelque part j'en peusse avoir, Du surplus donnasse quictance. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 335).

 

.

"Redevance d'amour (dont le mari ne s'est pas acquitté)" : Or je metz ung cas qui est tel : Ung mary en vacation, Voyant que le temps estoit bel, S'en alla en commission Veoir sa belle ente, ce dit on. Il demoura bien és villaiges Cinq ou six moys. Assavoir mon S'il est tenu des arreraiges Quant il revient ? Dient aucuns sages Que le mary, comme j'entens, En est tenu par tous usaiges, Veu qu'ilz sont escheuz de son temps. Et se d'aventure je sens Que la femme d'aultre costé En prengne ? Cela n'y fait riens. Arreraiges sont personnelz, Et les doivent tous mariez De rigueur, comme droit de vente (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 143). Pourtant alla il escripre, et mist dedans les lettres qu'il envoyoit à sa femme qu'elle print en pacience et que au retour il feroit si bien son devoir envers elle qu'elle seroit contente. Avecques ce plusieurs aultres doulces parolles d'amours et blandissantes y mist, entre lesquelles estoit que à son retour il la serviroit tant de foys et en tant de manières qu'elle seroit contente des arrérages du temps qu'il estoit et avoir esté absent. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 210).

B. -

Payer sans nul arrerage. "Payer sans reste dû, sans retard"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : [Dieu à Jésus :] Et que lors sanz nul targement Tu t'aquites par devers li [Marie] De quanque li doiz, et ainsi Sera ton pelerinage Paié sanz nul arrierage. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 352).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 9/20 
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     ARRIÉRANCE     
FEW XXIV *ad retro
ARRIERANCE, subst. fém.
[T-L : arierance ; GD : arrierance ; FEW XXIV, 182b : *ad retro]

A. -

"Obstacle" : ...puis entra en mer sy tost quil polt avoir vent propice et singla tellement que en brief terme atout son ost, sans trouver en chemin quelque destourbement ou arrierance, il arriva et prinst terre au port de Homo en Engleterre (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 358).

B. -

Au fig.

 

1.

"Objection, refus" : ...s'elle avoit véu de vo corps la samblance, Et amours l'en volsist donner la congnoissance, Qu'elle volsist entrer en vostre obéissance, Tout c'on aroit brasset et toute l'ordonnance Aroit tantos deffait et dit une ariérance Dont elle accompliroit toute sa souffisance. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 393).

 

2.

"Contrariété" : Sy dist lors a soy meismes qu'il ordonneroit ses besoingnes en telle maniere que aler y pourroit sans avoir regret, arrierance n'aucune pensee nuisable. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 500).

 

Rem. Dans le même sens, ex. de la Chr. de Fland. III, 181 ds GD I, 409c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 10/20 
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     ARRIÈRE     
FEW XXIV *ad retro
ARRIERE, adv., prép. et subst. masc.
[T-L : ariere ; GD : arrere ; GDC : arriere ; AND : arere ; FEW XXIV, 180b : *ad retro ; TLF : III, 553a, 554a : arrière1/arrière2]

I. -

Adv. loc. adv.

A. -

[Sens spatiaux (et transposition figurée)]

 

1.

[Idée de direction inverse (par rapport à la marche ou au regard) ; au fig., idée de rejet]

 

a)

"En arrière"

 

-

Bouter / oster / tirer... qqc. arriere : Mettés pié a terre, puis tirés les mors arrié affin qu'on puist advenir a eulx de tous coustez. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 637).

 

.

Bouter qqc. arriere. "Faire reculer qqc." : ...Et sur tout voeullent bien gloser Pour le mal arriere bouter. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 2). Il a en la connestablie Un tel gendre de deablie Que on ne puet bouter arriere Fors par jeüne et par priere. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 129).

 

.

Oster qqc. arriere. "Détacher qqc." : Qui aime le monde et a chier, Envix pour fer ne pour achier N'en puet son cuer oster arriere. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 97).

 

.

Tirer qqc. arriere. "Éloigner du feu" : ...et si n'actendés point que vostre grein soit tropt cuit mais tirés arrieres sur ung pou de chilliens (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 154).

 

-

Demeurer arriere : Et là trouva le Mareschal les guides, qui estoient parties le jour devant, et les amena au Jouvencel, qui estoit demouré ung pou arrière, accompagnié de Gervaise. (BUEIL, I, 1461-1466, 105).

 

-

Laisser aller arriere. "Laisser en arrière" : Mais que sa teste soit dedans, Son nez, sa bouche avec ses dens, Laissez aller le cul arriere, Il suffist [Éd. : «Si le cul reste en arrière (dehors), ça ne fait rien.»]. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 260).

 

-

Une porte ouvre arriere. "Ses battants vont en direction opposée par rapport à l'extérieur ; ils ouvrent vers l'intérieur" : Si fu tantost la grande porte ouverte arrière et issirent li dessus dit tout hors. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 77). ...li contes de Fois et li captaus et leurs routes, qui estoient tout armet, se rengièrent sus le marchiet et vinrent à le porte dou marchié et le fisent ouvrir toute arrière (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 105).

 

-

CHASSE Prendre arriere le vent. "Se mettre, aller en direction opposée du vent, contre le vent" : Et si le veneur vient avec une partie des chienz, il doit mettre le limier devant et le drescier aux chienz, et puis se doit retrere et prendre arriere le vent. (...) Et lors doit retrere son limier et prendre le vent comme j'ay dit.... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 176). [Interprété comme prép. par l'Éd., 302 : «arriere le vent... "contre le vent"». Compte tenu de la suite de l'ex., l'interprétation adv. semble préférable]

 

b)

[Idée de recul]

 

-

Avant et arriere

 

.

"En avant et en arrière" : ...qui vous font aller puis avant, puis arrire (Cardenois C., c.1380-1400, 142). Aussi le Ciel notoirement Par soy mouvoir diversement, Fait tourner avant et arrière Sans cesser en quelque manière, Le beau Soleil avec la Lune, Comme veult Nature commune (LA HAYE, P. peste, 1426, 5). Item leur fault avoir un autre engin, qu'on appelle loup, auquel a ung fer courbé, qui très fortes dens a et agües, qui soit assiz de telle manière sur le mur qu'il vienne engouller le tref du mouton et le tiendra si fort qu'il ne pourra tirer n'avant n'arrière ; et aucuneffoys le tire l'en en hault à force de cordes, si que plus ne leur peult nuyre. (BUEIL, II, 1461-1466, 52).

 

.

"En tous sens" : Et s'il estoit en guerre ou en estour pesant, Mais que on me prestast une espee trenchant, Tant ferir y voulroye et arriere et avant, Envers ses ennemis je lui seroye aidant. (Galien D.B., c.1400-1500, 15).

 

.

"Complètement" : Humais pourrés ouïr com par fait convenant Congnut son gentil pere Phillippe le vaillant, Qui tint toute Hongrie et arriere et avant. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 105).

 

-

Aller / fuir / (se) traire... arriere. "Reculer ; s'éloigner" : Quant Regars ot ce entendu, Un petit arriere se trait... (ACART, Prise am. H., 1332, 20). Alez arriere, sanz delay, Ou vraiement je vous ferray ; Sus, sanz demour. (Mir. enf. ress., 1353, 18). Atant sont noz Françoys arier retrais. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 41). ...et se combatoit si fort a la mort que, se le Chevalier du Papegau ne se fust trait ariere, ceste derreniere guerre luy eust esté pire que la premiere. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 17). Quant l'ancien chevalier vey les .X. chevaliers a pié au milieu de la praerie et les assaillans traire arrié... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 634). ...tu l'as assez apperceu par l'estat ou tu m'as trouvee fuyant arriere de celle dampnable escole. (MICHAULT, Doctr. temps prés., 1466. In : Chrestom. R., 199). Par quoy ilz marchoyent avant couvers desdiz pavaiz et reboutoient les Persans, lesquelz non puissans soustenir ressortissoyent arriere peu a peu jusques a aprocher aux machines. (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 235).

 

-

Empl. interj. Arriere ! "Reculez ; allez-vous en !" : Arière, mescans gens, faus et mauvais traïteur que vous estes ! Volés [vous] que je relenquisse mon naturel signeur pour telle merdaille que vous estes (...) ? (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 116). Sus, bonnes gens, arriere, arriere ! (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 311). Ariers, velhe ! (Pass. Auv., 1477, 191).

 

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Arriere de : Prince, arrïere du ruel [Éd. : «Tenez-vous loin du meurtre»]... (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 327).

 

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CHASSE [Cri pour enlever les chiens quand ils ont pris le change ; cri adressé aux chiens qui ont fait fausse route pour les faire retourner] : ...et parlant a tes chiens touz jours et en criant "arriere ! arriere !" (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 42). Si crient ven[e]eurs : "Arriere, Arriere, arriere, arriere, [arriere] !" (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 380).

 

c)

Au fig.

 

-

Aller arriere. "Révoquer une décision prise" : ...li princes, qui fu sages et loyaus chevaliers toutdis, en respondi bien à point, et dist : "Puisque acordé li avons, nous li tenrons, ne ja n'en irons arrière..." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 63).

 

-

Jeter qqc. arriere. "Rejeter qqc., ne pas en tenir compte ; y renoncer" : Pour quoy, moult indigné, fist arraschier icelle serrure et la rompre en pieces et puis la fist jetter arriere comme chose de nulle valeur. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 123). ...mais par benignes parolles [Pompée] le crea [le roy d'Arménie vaincu par Pompéi] et remist en son premier estat et lui remist la couronne sur la teste, laquelle il mesmes avoit jettee arriere (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 183).

 

-

Mettre qqc. arriere

 

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"Rejeter qqc." : C'est desirs qui tout set embler, Qui fait honte honnour ressambler, Qui change vil chose pour chiere. Et noble pour vil met arriere (ACART, Prise am. H., 1332, 15). Et por ce ne doit estre cachiés n'arriere mis Petis maus que por estre en grans biens convertis. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 96). Laquelle chose il fist de prompte et bonne voulenté, et vault arriere mettre le regart du present peril que ["plutôt que"] faillir et estre ingrat a ceulx qui tant de biens lui avoient fais. (LA SALE, Sale D., 1451, 220).

 

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"Négliger qqc." : JUSTICE. (...) Et encores, s'il n'acomplist, Sur tout son corps, nerfz et joinctures, Toutes les sainctes escriptures Tant que le derrenier point verray, Ja contente ne me tendray ; Ja point n'en sera mis arriere. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 49).

 

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"Renverser qqc." : Les nobles ont mis tout arrier. Des villains font officïers Et font de bien tout le contraire. Ilz font des vilains chevaliers, Et font des garsons escuiers Et des sergens juges ordinaire. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 80).

 

-

Mettre qqn arriere. "Écarter qqn" : Qui par maistrise vuet ovrer Et par orguil en hault monter Tost ou tart sera mis arrier. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 187).

 

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Mettre arriere [une femme]. "Écarter (une femme), la répudier" : Ains [Griseldis] est liee en dit et en fait, Et se porte en son povre habit, Combien qu'il soit simple et petit, Aussi bien et honnestement Comme s'elle feust richement De robes de soye paree. Certes, bien deust estre honnouree, Et non mie estre mise arriere. (Gris., 1395, 91).

 

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Mettre arriere [un amant]

 

Rem. Cf. : Je le di pour m'amie chiere, Qui biau semblant et bele chiere Me fist a l'encoumencement ; Mes or la truis vers moy si fiere, Pour un autre m'a mis arriere. (Le Dit de l'espervier, éd. F. Lecoy, c.1300-1330. In : Romania 69, 1946-1947, 532).

 

-

Mettre qqn arriere de qqc. "Priver qqn de qqc., l'en écarter" : Cilz qui sont maistre du cudier Seront par droit desavanciez ; Li orguilleux tropt se retarde. De lour penser sont mis arriez [var. arrier ; arriere]. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 161). Et ne sçai ou garant je quiere, Car c'est mieuls drois que j'en requiere Chelle qui me poet mettre arriere De joie ou ens Qu'autrui. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 106). Pour deffendre et garder les trois Vertus, ensi qu'ensengne drois [l. Drois], M'a mis Fortune Arriere de moult d'esbanois. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 136). Il sont fais de Dieu ennemis, E de sa grace arriere mis. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 96).

 

-

Estre arriere de qqc. "Être en reste de qqc." : Et se li dis moituiers estoit en deffaute de aucunes des couuenenches dessus dittes, et se, par se deffaute, li ditte demisielle Ysabiauls (...) en faisoit aucun coust, frait, despens, emprunt v damage, rendre li doit li dis moituiers quan qu'elle en seroit arriere, parmy sen simple dit, sans nule autre proeue faire, et sans nule des couuenenches dessus dittes de riens amenrir. (Doc. 1339. In : Ch. Doutrepont, Z. frz. Spr. Lit. 22, 1900, 112).

 

2.

[Idée de retour au point de départ]

 

a)

[Au propre (ou au fig.)]

 

-

(Re)tourner / tirer arriere : Mais or arrier retourneray, Et trestout mon dit sauveray, De mon art qui est fait dès lors, Combien que n'en soyez recors. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 64). Si retournèrent arrière dont il estoient parti, et chevaucièrent tant que il trouvèrent le captal et monsigneur Thumas et les aultres (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 62). Et retournèrent li ambasadour de France parmi Engletière en leur païs arière, tout sauvement et sans peril (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 175). Item, les choses pesantes qui sont par violence gectees tout droit en haut retournent arriere ou lieu dont elles partirent, tant soient gectees haut. (ORESME, C.M., c.1377, 556). Or vint l'eure du partement et convoia le duc milanois le duc de Cleves environ un mille hors de la ville (...). Et a tant retourna ariere vers sa ville de Milan (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 246). Et en ce mesme temps furent envoyez, de par les deux roys, ambassades au Crotoy devers messire Jacques de Harcourt ; mais, finablement, pour diligence que ilz sceussent faire, ne peurent venir à quelque traictié, et pour ce s'en retournèrent aroure [var. arriere]. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 58). Et garde d'y tourner arriere [Éd. : «Et garde-toi d'y retourner»], D'aultant que tu ayme ta vie. (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 243). Avant que tirez plus arriere, Ainsi comme il est de raison, La petite chanson gorriere ! (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 474).

 

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Retourner (en) arriere : "Beau amys, retournez vous en arrier." - "Beau sire", dist le Chevalier du Papegau, "je ne suis pas jusques cy venuz pour retourner arrier, se je puis avant aler en nulle maniere, tant que j'aye achevé ce pour quoy je vins ça." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 57).

 

-

Despescher / envoyer / mener / rapporter / remettre qqn / qqc. arriere : Et eurent avis et conseil, par grant deliberation, que leur navie à tout leur conquès et leurs prisonniers il envoieroient arrière en Engleterre. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 147). Li sires Latimiers raporta arrière, par escript, tout le conseil et la response dou roy d'Engleterre au conte de Montfort (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 180). Et sur ce il rescrisirent lettres notables et autentikes (...) au dit prince et à tous les barons d'Aquitainnes. Et les raportèrent arrière chil qui aporté les avoient (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 206). Finalement, il sambla au roy et à son conseil cose deue et raisonnable dou prince de Galles emprendre ce voiage de remettre et mener le roy d'Espagne arrière en son [royaume] et hiretage (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 206). Quant les certainnes nouvelles s'espardirent en Espagne et en Arragon (...), que li prince de Galles voloit remettre le roy dan Piètre arrière ens ou royaume de Castille, si en furent pluiseur gens esmervilliet (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 213). ...et despecha arrière ces autres quatre ostaiges qu'il avoit (COMM., I, 1489-1491, 113).

 

-

Remettre qqc. arriere. "Remettre qqc. dans son état de départ" : Veez un arbre tel qu'il vous plaist ; Quant il de sa nature naist, Amonlt va naturelement, Qu'il n'y a point d'empeschement. Mais pluiseurs, pour leur plaisir faire, Le destournent a son contraire ; (...) Les droictes branches font tortir. Ainsi propre nature tuent (...) ; Et qui arrier les remectroit En leur premier commencement, Puis qu'esté y ont longuement, Ou point ou par nature estoient, Pour voir, les branches briseroient (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 67).

 

-

Estre arriere. "Être de retour" : Et serons chi arrière dedens un mois, et vous en responderons si à point que vous en serés bien contens. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 99).

 

b)

Au fig.

 

-

[Idée de restitution] Remettre / rendre qqc. arriere : ...par ce point il avoit les trièwes enfraintes ; se li mandoit que ce fust deffait et li chastiaus remis arrière en le main des François. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 126). Sus ce chemin vint en cognissance au prince de Galles, comment messires James d'Audelée avoit arrière rendu et donné à quatre escuiers le revenue de cinq cens mars que il li avoit donné (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 66). Il en escripsi, en mandant que il le vosist rendre arière [la ville d'Audenarde], car ce n'estoit pas cose honnerable ne aceptable de prendre en trieues et en respit ville, castiel ne forterèce. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 182). Je ne sçay, dist le roy, qui ne voloit pas remetre l'argent arriere, que vous ferez, se vous demorez ou retournerez, mais je suy chief de cellui argent et à moy en appartient et pour vous, mais jamais ne partira de Navarre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 80).

 

Rem. Cf. Dial. de Wallonie 25-26, 1997-1998, 64 (ex. de 1479-1480).

 

-

[Idée de réaction à qqc.] "En retour" : [Le roi Charles VII :] ...Siques qui homme suis et en mon sang ay commis faute, je crains que par homme Dieu arriere ne me pugnisse. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 312).

 

3.

[Idée de réserve (ce qui est en arrière n'est pas immédiatement utililisé)]

 

-

Mettre arriere [une somme] : ...des rentes dou conte il n'aleuoit nulles, mès les mettoit et avoit mises toutdis arrière et en depos (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 100). ...et se disimulloit che qu'il pooit ; et ne voloit point estre as consaulx de chiaulx de Gaind, par quoi il n'en fust demandés dou conte. Ossi dou conte il se mettoit arrière che qu'il pooit, pour tenir chiaulx de Gaind à amour (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 226).

 

-

[Dans un récit] Plus en arriere. "Plus loin" : Ce propoz dont je parle eust myeulx servy plus en arrière où je parleray du trespas dudict roy Edouard car il estoit encores vif au temps dont parle ce chappitre ; mais je l'ay faict pour continuer le propoz de mon incident. (COMM., II, 1489-1491, 235).

 

Rem. Comme en réserve du récit ; effet de sens contraire à celui qu'on attendrait sous A 1 ou A 2 et illustré par un ex d'a. fr. (BEN., D. de Norm. II, 32140) ds GD I, 408b : "plus haut".

B. -

[Sens temp.]

 

1.

[Idée d'antériorité, de passé]

 

-

"Auparavant" : Si vindrent prestement les deux aultres, le beau gentil galant qui cuidoit espouser la belle jeusne fille, et la vielle qui ne cuida mie faillir a son viellart rice et plein d'argent ; et, comme ariere, se presentoient devant le prestre. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 231).

 

-

Ça en arriere. "Auparavant, autrefois" : C'est la déclaracion des acquisicions desquelles Jehan Vigenere s'est entremis çà en arrière pour et ou nom et requeste de Jacques Cuer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 537). [Ballade de Fortune] Contre grans roys me suis bien arr[i]mée Le temps qui est passé çà(r) en arriere. (VILLON, Poésies diverses T., c.1456-1463, 305).

 

.

Ja en arriere : ...vous prions bien acertes que (...) quelque chose que en ait esté fait ja en arriere, que de cy avant ne vueille faire ne souffrir (Lettres Louis XI, C., t.1, 1446, 30).

 

-

Au temps de arriere. "Autrefois" : ...Quar ceulx qui ou temps de arriere Avoient feru l'emperiere... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 108).

 

2.

[Idée de retard]

 

-

Estre arriere. "Être retardé" : ...on li devoit envoiez et rafreschir de IIm. lances et d'autant d'archiers, et riens n'en avoit esté fait, pourquoy la querelle de leur chalenge estoit moult arriere. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 122).

 

-

[D'une pension, d'une rente...] Demeurer en arriere. "Être mis en retard de paiement" : ...je vous prie que (...) vous la lui faictes incontinent delivrer [la pension] et la lui envoyez, mais qu'il n'y ait point de faulte, car j'aymeroye mieulx avoir perdu dix foiz autant que luy avoir failly, et serois plus contant qu'il en demourast en arriere beaucoup d'aultres que luy. (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481, 41).

 

-

Remettre arriere. "Remettre à plus tard" : ...mon seigneur mon pere et moy ne sarions gré qui nous prieroit de remettre arriere ce que nous tenons pour la belle aventure et bonne fortune que eusmes à Poitiers. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 16).

 

3.

[Idée de réitération, de retour d'une chose qui a déjà eu lieu] "À nouveau" : Lors fist Dieu homme a sa samblance, Affin que par perseverance Fussent arrier les sieges plains, Dont les mauvais cheÿrent vains. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 69). Et a l'enfant dont n'avions qu'un, Qui par la mere estoit ja mors, As mis la vie arriere ou corps, Vierge pucelle. (Mir. enf. ress., 1353, 76). Mon fait vous veil expedïer Et revenir a ma matiere, Si vous repliquerai arriere. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 247). Jhesuchrist lui respondi : "Vado Romam, iterum cruxifigi" : "je vois a Ronme pour estre arriere cruxifiés", lezquelles paroles entandues, saint Pierre se retourna a Ronme (Songe verg. S., t.1, 1378, 320). Les mors fais arrier estre en vie, Je purge de meselerie, Je ne seuffre nelui perir Qui de cuer me veult requerir, Aux aveugles ren leur veüe. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 230). ...et quant il sera bien boully si en purés l'eaue et, estre bien puré et l'olle arriés rencié, si le remectés en ladicte olle en de belle eaue et le remectés boullir (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 195). ...si les remove de celle eaue et y mecte d'autre eaue fresche et mecte arriés boullir et, estre boullis, si les mecte en la dicte oulle reposer jusque a l'endemain (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 196). Mon corps quil fust crucifïé Est a present gloriffïé, Dont je randix l'ame a mon Pere, Et depuis mon corps prins arriere, Mes a mon Pere veul monter Pour vous pechïers surmonter. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 257). Et quant Cirus ot prise Babiloyne, il sievit Cresus et le trouva arriere en bataille et de rechief le descomfit et prist. (LA SALE, Sale D., 1451, 231). Et voyant que nul n'y avoit plus expedient en ceste matere que celuy qui l'avoit ja longuement menee par quattre ou cincq fois, messire Jehan de Croy, le constitua ariere chief de ceste besongne. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 171).

 

Rem. Cf. Vox rom. 54, 1995, 110.

II. -

Prép. loc. prép.

A. -

Arriere qqn / qqc.

 

1.

"Derrière" (GD I, 408c ; ex. de 1354, 1374, 1473)

 

-

Arriere coeur. "À contre-coeur" : ...il arrivèrent au kay en le Rocelle. Se li fisent li bourgois de le Rocelle grant feste arrière coer, mais il n'en osoient aultre cose faire. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 140).

 

Rem. Cf. GD I, 409a, s.v. arrere.

 

-

Mettre qqc. arriere dos. "Renoncer à qqc." : Ainsi doncques, ce noble chevalier persévéra en ce qu'il avoit encommencé, et mit arrière dos ce beau prévilège qui est donné à celluy qui a soixante ans, et entra en la fournaise dont l'issue est estroictement dangereuse. Sy luy fut baillé jour de combatre et lieu et place à Bourg en Bresse, devant le conte de Savoye son prince ; et fut la conclusion telle, que ledit messire Otte fut desconfit. (LA MARCHE, Avis gage bat. P., c.1494, 7).

 

-

[Synon. de aval (le) poing] Arriere poing. "En arrière du poing, sous le poing, p. ext., en arrière" : Son chaperon a abatu L'oisel, qui encor n'a batu (...). Tantost arriere poing se bat. L'escuier dist : "Dieux, quel achat Ay je si fait !" et le redrece Si durement que bien le blece. Adonc plus fort commence a batre Plus de troiz fois, voire de quatre, Et aval le poing si se pent... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 99). Si n'entent pas a son faucon, Maiz a ferir de l'esperon, Qui pieça arriere poing pent. Le roncin le fraing aux dens prent, Si s'en fuit comme forsené. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 106).

 

Rem. Cf. GD I, 410b, s.v. arriere-poing. Se pendre aval le poing, en parlant du faucon, c'est "se pendre en contre-bas de la main du fauconnier", contre quoi les traités de fauconn. mettent en garde.

 

2.

[Dans un cont. induisant l'idée de mise en réserve, v. supra I A 3] Arriere soi. "Près de soi" : ...et si le faictes miller et mouldre en molin bien appresté ; et, estre bien et appoint molu, si le garde arriere soy en ung bon sachet de cuir. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 189).

B. -

(En) arriere de

 

1.

"Derrière" : Finablement, cilz assaus se porta telement que [de premiers] li Englès furent reboutet et reculet moult arrière des barrières. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 26). Adonc prist messires Hues de Cavrelée ceste bataille qui s'appelloit arrière garde et se trest sus les camps arrière des autres sus èle (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 157).

 

2.

"À l'écart de, loin de" : Seneque, dist il, met ung exemple que il congnut ung homme bien honneste lequel, lors qu'il aloit publiquement par la ville, aournoit sa poitrine du couvrechief de sa fenme et ne pouoit une heure estre arriere de la presence d'icelle. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 310). ...tant croi Ma dame chiere Que, se je sui ores de li arriere [Éd. : «si je suis à présent éloigné d'elle»], Tant est loyal et de bonne maniere Ja ne m'en ert, je croi, espoir, plus fiere A mon retour (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 158). Et en y avoit pluseurs qui eussent bien voulu estre tousjours arrière des horions, combien qu'ilz feissent grant manière de desirer le hustin. (BUEIL, I, 1461-1466, 109). Messire Henry desmarcha en ariere de cely cop et poursievy fierement messire Jehan (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 167). Et de recief, plus que meshuy, [messire Jehan] poursievy ledit messire Henry (...). Et cop sur cop plus et plus raddement le poursievy, bouttant et estocquant, et le mena bien ariere du juge (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 168). ...mais voians que les Bretons les avoient habandonnéz et relenquis (...), [les Espaignos] tournerent voiles aussi en arriere d'Angleterre et lesserent François en ce dangier (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 294). Et, pour ce que tu n'es pas semblable a moy, departs toy et t'en va arriere de moy, car jamais noble homme ne doit avoir communicacion ne compaignie au vilain s'il ne veult estre reputé pour tel (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 116). Auquel l'aignel respondi : "Sire, je ne vous fay aucune injure ne si ne vous trouble en riens vostre eaue, car elle court em bas et arriere de vous." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 166).

 

-

Jeter qqc. arriere de soi : Pour quoy jetta arriere de soy l'or et dist : "Vous, richesses, allez vous ent et soyez arriere de moy." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 136).

 

-

Chasser arriere de soi : Et, tantost, elle, pour la hardiesse et force de ses parens, l'acommença a injurier et dire pluiseurs grans obprobres. Pour quoy il, tres courrouchié, la repudia et enchassa arriere de lui et de sa compaignie. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 223).

 

-

[D'une femme] Estre arriere de son mari. "Avoir quitté son mari, se prostituer" : Item, on dit mois de febvrier, les Srs trèses et le conseil firent faire ung huchement que toutes femmes qui estoient errière de lour marit, et toutes filles communes, s'en allissent demourer au bordelz : et, de fait, les y faillit aller ; dont plusieurs gens en furent bien content. (AUBRION, Journal L., 1485, 183). Item, que lez femmes mariées arrière de lor marit et les filles qui se provoient mal, allissent au bourdelz, comme en Anglemurs, et en les autres rues acoustumées où telles femmes et filles doient demourer. (AUBRION, Journal L., 1493, 329).

 

-

D'en arriere de qqn. "Loin de qqn (de manière à ne plus le voir)" : ...[le duc de Bourgogne] avoit peril a ung léz a le chassier [le daulphin] d'en ariere de luy, avoit peril a l'aultre a le regarder et norrir (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 92).

 

3.

Arriere de sens. "Déconcerté" : Sy furent tellement esbays trèstous, et si arrière de leurs sens que n'y avoit celui qui sçust mettre avant chose de faire, ne de conseillier, qui utile leur samblast, mais tous entrepris de l'un l'autre demorrèrent là estiquiés comme statues de bois ou de pierre, sans samblant de vie. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 273). Sy en estoit tellement perplex le peuple dudit lieu et si arrière de sens que non sachant refuge fors seulement à Dieu, tout examiné, s'enfuy en l'église (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 359).

III. -

Subst. masc.

A. -

"Ce qui est en arrière, partie postérieure"

 

-

Estre à l'arriere. "Subir des dommages" (Éd.) : Je fus en jeunesse repeu D'espoir de toudis vivre en joye, Doubtant d'estre a l'arriere peu Mais avoir de biens grant monjoye (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 141).

 

-

Demeurer en l'arriere. "Être abandonné" (Éd.) : Lors sera Jhesus eslevé Et lors nous sera reprouvé Mille foiz la mort du brigueur, Et comment a toute rigueur Y procedasmes en derriere, Ainsi demourans en l'arriere, Sans seigneurie et sans pouoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 402).

 

-

Empl. adj. Vent arriere. "Vent en poupe, par l'arrière" : Mais que bon vent ayons arriere, Nous serons tost en noz pays. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169).

B. -

"Retour" : Tu vois les traces de ton pere, Dont la vie fut belle et clere, Et comment il fu veritable : Or fay que sa vertu appere En toy, car filz ne degenere, Par nature, de son semblable. Or fut il Aigle tresnotable, Qui ne voult ne tondre ne rere Ses oiseaulx, mais par juste arrere Leur estoit tous temps secourable. (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 164).

C. -

[Corresp. à supra I A 3 et II A 2] "Réserve" : Ceulx qui ont ung peu esté bons Ont regardé tout la maniere De ceulx qu'ont ores les grans dons Pour tenir leurs manieres fiere, Et pour avoir gaire d'arriere (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 12).

REM. Fonctionne aussi comme élém. de compos., pour former des subst. comp. (arriere + subst). Marque l'idée spatiale de ce qui est à l'arrière ou idée de réserve, comme dsarriere-ban, arriere-charte, arriere-fief, arriere-fossé, arriere-garde, arriere-guet... ; ou ds arriere-coureur : ...et pour ce qu'ilz savoient le duc de Bourbon avoir grant puissance, et que le pays environ Villefrance est couvert et estroit, ilz ordonnèrent IJc archiers à pied avec les arrière coureurs, et firent mener leurs chevaulx par leurs compaignons jusques à ce que on venroit au large. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 302).Marque aussi l'idée temp. de ce qui vient plus tard, comme ds arriere-pasnage, arriere-saison, ou ds arriere-change ou arriere-quint : Dans l'amende, forfaitures, autenages, confiscations, quints, arriere quints, rachapts ou autres choses quelconques appartenans a nos receptes ordinaires... (Doc. 1456. In : Fr. Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t.9, 1825, 274). En foires les marchands ont accoustumé user de changes, arriere changes et interests... (Doc. 1463. In : Fr. Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t.10, 1825, 455).Pour arriere + verbe, v. arriere-pointer.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/20 
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     ARRIÉRÉ     
FEW XXIV *ad retro
ARRIERÉ, subst. masc.
[GDC : arrierer (arrieré) ; FEW XXIV, 182a : *ad retro ; TLF : III, 557a : arriéré]

"Ce qui n'a pas été payé à l'échéance" : A Thomas le Bis, pauvre inpotent homme, qui par longtemps a demouré à la porte Montmartre, en payant par an 18 s. p., et pour sa pauvreté et aucunes causes contenues en une requeste par luy baillée à Mesdits Seigneurs, luy ont quitté la somme de 72 s. p. qu'il devoit d'arrieré (Comptes Paris M., t.2, 1457-1458, 104). ...nous a convenu despendre tel et si grant nombre de finances que chacun a peu congnoistre et savoir, et tellement que nous en sommez demourez et nosdictes finances en merveilleux et grant arrieré à nostre trés grande desplaisance. (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1491, 148).
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 12/20 
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     ARRIÈRE-MAIN1          ARRIÈRE-MAIN2     
FEW VI-1 manus FEW XXIV *ad retro
ARRIERE-MAIN, adv.
[T-L : main (arieremain) ; GD : arrieremain ; AND : areremein ; FEW VI-1, 293a : manus ; FEW XXIV, 182a : *ad retro]

"En arrière, par derrière"

Rem. Cf.  ; AND : areremein.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 13/20 
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     ARRIÈREMENT     
FEW XXIV *ad retro
ARRIEREMENT, adv.
[AND : arerement1 ; FEW XXIV, 182a : *ad retro]

"En arrière, par derrière"

Rem. Cf.  ; AND : arerement1.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 14/20 
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     ARRIÉRER     
FEW XXIV *ad retro
ARRIERER, verbe
[T-L : arierer ; GD : arrierer ; GDC : arrierer ; AND : arerer ; FEW XXIV, 182a : *ad retro ; TLF : III, 564a : arriérer]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Sens spatial] "Mettre qqc./qqn en arrière, faire reculer"

 

-

"Éloigner qqn, le mettre à l'écart, le rejeter au second plan"

 

Rem. Cf. : ...ce pourroit les seigneurs de France plus arriérer que avanchier (FROISS., Chron. K., XV, c.1375-1400, 352).

 

.

Arrierer qqn de. "Écarter qqn de" : Et encores eut le regart autre vertu, car mon coeur fut a ce mué qu'il n'est vilonnie nulle ne meffait dont corps de chevalier puist estre empirié ne tachié ne arrieré de son honneur qui ne luy soit aussi contraire comme est triacle au venin. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 186). Quant les deux chevaliers [envieux de Margon, qui cache un secret] ouyrent ce, ilz furent plus desirans de sçavoir ceste besoingne que paravant, car envie qui les aguillonnoit sus sa bonne renommee leur faisoit convoitier de sçavoir aucune chose de son fait, pourquoy il en peust estre arrierés. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 335). Sy l'avoient aucunement à part arriéré de son maistre le duc, et cherchoient à l'emmener prisonnier (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 267).

B. -

[Sens temp.]

 

1.

"Faire passer une chose après (une autre)" : Je me suy longuement tenu à parler des besoignes des lointaines marches, mais les prochaines touchans ma nacion m'ont esté si fresches et si nouvelles et si enclinans à ma plaisance, que pour ce les ay-je arrierées (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 1).

 

2.

"Retarder" : Sire, baitaille arons, ne puet estre areree. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 276). Si leur aida à complaindre li dis rois de Cipre leur duel, et il meismes prist en grant desplaisance ceste mort dou roy de France, pour le cause de ce que ses voiages en estoit arrierés (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 108). Ne sçay que vous aroie la chanson arrieree. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 19).

C. -

"Empêcher" : Chou qu'il doit avenir ne puet estre arieré, Toudis faut qu'il aviengne. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 366).

 

-

Estre arrieré de + inf. "Être empêché de" + inf. : Ceste ordenance m'arriere D'estre en coer liés et joieus... (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 10). ...car il ne vouloit que le roy fust embesongné de le festoier ne que les gentilz hommes en fussent arrierez d'estre festoiez chacun selon sa valeur. (Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 370).

 

Rem. Cf. GD I, 410b ; doc. 1340.

D. -

Arrierer un jugement. "Révoquer un jugement"

 

Rem. Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD I, 410c.

II. -

Empl. pronom. "Reculer (au propre ou au fig.)" : En trop haster n'a nul avancement, Et tels se cuide arrierer Qui s'avance. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 67).

 

Rem. Cf. : ...tel se cuide à la fois avanchier, que il se arriere. (FROISS., Chron. K., XVI, c.1375-1400, 90).J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 2370, 86 : «Tel se cuide avancier qui reüle».

III. -

Empl. intrans. "Reculer ; s'en aller" : Tant me font d'empecement Que mon bon temps en arriere (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 73).

 

-

Arrierer de. "S'écarter de" : L'Ennemy de toute creature (...) commença (...) à penser et querir comment il porroit trouver maniere de le faire trebuchier et arrierer de son salut (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 310).

IV. -

Part. passé en empl. subst. "Portion d'une dette dont le paiement a été retardé" : A Thomas le Bis, pauvre inpotent homme, qui par longtemps a demouré à la porte Montmartre, en payant par an 18 s. p., et pour sa pauvreté et aucunes causes contenues en une requeste par luy baillée à Mesdits Seigneurs, luy ont quitté la somme de 72 s. p. qu'il devoit d'arrieré (Comptes Paris M., t.2, 1457-1458, 104). ...nous a convenu despendre tel et si grant nombre de finances que chacun a peu congnoistre et savoir, et tellement que nous en sommez demourez et nosdictes finances en merveilleux et grant arrieré à nostre trés grande desplaisance. (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1491, 148).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 15/20 
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     ARRIÈRE-SAISON     
FEW XI satio FEW XXIV *ad retro
ARRIERE-SAISON, subst. fém.
[GDC : arrieresaison ; FEW XI, 242b : satio ; FEW XXIV, 182b : *ad retro ; TLF : III, 564a : arrière-saison]

"Fin de l'automne" : Et ainsi s'en retourna l'empereur en France, trauersant le paijs de Flandres, ou il seiourna tout l'iuer, car c'estoit l'arriere saison (Chron. conq. Charlem. G., t.1, 1458, 156). Assez tost se partit le duc de Bourgoingne de sa ville d'Arras et visita le pays de Flandres et de Brabant ; et sur l'arriere saison le duc se tira en son pays de Zeellande, pour tenir le Viescaire, qui est comme le parlement du pays (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 79).

 

-

Au fig. [À propos des périodes de la vie] : Ja avés esté par decha ung demy an entier ou pou de conquest avés fait, vous estes a l'arierresaison, l'iver vous est prochain. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 91). Ainsi que a l'arriere saison Tant de mes jours que de lannee Je partis hors de ma maison Par une soudaine achoison Seul aparmoy, fors de pensee (LA MARCHE, Chev. délib. L., 1483, 3).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 16/20 
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     ARRIÉRIR     
FEW XXIV *ad retro
ARRIERIR, verbe
[T-L : arierir ; AND : arerer ; FEW XXIV, 182a : *ad retro]

A. -

Arrierir qqc. "Renvoyer à plus tard"

 

Rem. Baud. Sebourc B., c.1350, 24, 214.

B. -

Arrierir qqn. "Mettre qqn en arrière ; lui porter préjudice" : ...et toutes les choses qe jeo poai ymaginer a dire qe purroit autri pris abatier et le mien enhaucer, trop estoit ma male bouche et est uncore, tantqe jeo par vostre grace en soie garriz et sauvez, apparillez de dire ou [de taere], et feust droit ou tort, dont en ont le pis valu, et mentier de moi meismes et d'autri, et tout pur les altres bons arrerir et moi metter avant. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 17).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 17/20 
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     ARRIÉRISSEMENT     
*FEW XXIV *ad retro
ARRIERISSEMENT, subst. masc.
[GD : arrerissement ; AND : arerisement ; *FEW XXIV, 182b : *ad retro]

"Ce qui cause un préjudice à, dommage, préjudice"

REM. Mot anglo-norm. : Vraiement, sire, ne vous desplaise, je ne le puis faire, senon qu'il m'en seroit grant arerissement et empirement de mon estat, laquelle je panse bien que vous ne vouldroiez mye desirer que j'en feusse aucunement arerissee ou empiree à cause de vous, car je doi as gens du païs grandes sommes d'argent que j'ay emprointee de eux jusques à Noël prochain à venir (Man. lang. G., 1396, 75).En/à arrierissement de qqc. "Au préjudice de qqc." : : ...lequel [gouverneur] de la voluntee de Dieu (...) est novellement trespassé de ceste vie, a tresgrande poisance de moun cuer et arrerissement de ma gouvernaille a present, car il avoit tresgrant tendresse de mes honneur et estat. (Lettres agn. L., 1402, 312). ...vostre dit povre lige ad esté la [dans la contrée du roi Henri IV] detenuz plus que six semaignes en grant arrerissement et anientisement de son povre estat (Lettres agn. L., p.1412, 10).Cf. GD I, 409b.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 18/20 
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     ARRIÉRISSER     
*FEW XXIV *ad retro
ARRIERISSER, verbe
[AND : areriser ; *FEW XXIV, 182b : *ad retro]

"Porter préjudice à qqn ou qqc."

REM. Mot anglo-norm. : Vraiement, sire, ne vous desplaise, je ne le puis faire, senon qu'il m'en seroit grant arerissement et empirement de mon estat, laquelle je panse bien que vous ne vouldroiez mye desirer que j'en feusse aucunement arerissee ou empiree à cause de vous, car je doi as gens du païs grandes sommes d'argent que j'ay emprointee de eux jusques à Noël prochain à venir (Man. lang. G., 1396, 75). ...ore un J[ohan] Thorntoun viker du dite esglise, ymagenant et controuvant pur arreriser vostre dite povree maison et defaire la dite Chaunterie, ad pursuéz devers la Court de Rome pur illoeques adnuller, adnientier l'appropriacioun avantdite et de lui mesme ent provider par l'appostoille (...) a tresgrande enpoverissement de vostre dite povre maison et en overte enervacion de la Chanterie du dit Chapellain (Lettres agn. L., c.1402, 7).Cf. AND, s.v. arreriser.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 19/20 
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     ASQUE     
*FEW XXIV 129 ad
ASQUE, conj.
[*FEW XXIV, 129 : ad]

"À ce que"

Rem. Graphie de la loc.conj. à ce que attestée dans Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 312. V. à, sous II A 3 b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 20/20 
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     ASSEZ     
FEW XXIV ad satis
ASSEZ, adv.
[T-L : assez ; GD : assez ; GDC : asez ; AND : asez ; FEW XXIV, 183b : ad satis ; TLF : III, 690a : assez]

A. -

"Beaucoup ; très" : Car elle est grant et belle fille, Si est assez sage et soutille (Mir. chan., c.1361, 152). ...il mal print et embla, en la chambre dudit son maistre, une espée, laquelle il vendi, assez tost après que prinse l'ot, en la rue Saint-Denis, à un fourbisseur, la some de XVJ s.par., et iceulx appliqua à son prouffit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 189). ...et ledit Hennequin li dist qu'il paieroit bien sis milles frans, et se seroit assés. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 387). ...[il] s'en retourna environ icelle heure de nonne par devers ledit tondeur, en entencion d'avoir et recouvrer icellui drap, ouquel lieu, ou assès près d'ilec, il fu prins, arresté et admené prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 112). ...je allay jusques à ung chastel que l'on nomme Mont Poulchan qui est assis sur une petite montaigne et encloz de trois pars d'un grant lach qui tient assez de pays. (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 4). Ung gentil chevalier des marches de Haynau (...) fut amoureux d'une tresbelle dame assez et longuement (C.N.N., c.1456-1467, 268). Assez et souvent se recontrerent depuis en la fasson dessusdicte (C.N.N., c.1456-1467, 281).

 

-

[Avec une valeur de renforcement] "Tout à fait"

 

.

[Empl. seul] : ...l'autre gentil homme, dit qu'il luy fera compaignie, car c'est assez son chemin pour retourner en son hostel. (C.N.N., c.1456-1467, 353).

 

.

[Avec l'adv. bien] : ...leurs mariz, qui avoient assez bien beu le soir (C.N.N., c.1456-1467, 203).

 

-

D'assez. "De beaucoup" : Nous tous venriesmes en servage Et nous faulroit paier truage Trop plus d'asses [l. d'assés] que ne faisons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 144). ...la maniere du faire vault trop mieux d'assez (C.N.N., c.1456-1467, 300). ...encores eust elle esté plus troublée d'assez s'elle eust sceu (C.N.N., c.1456-1467, 322).

 

-

Fait assez à + inf. "On a toutes raisons de" : Et fait assez a penser que, si la chose fust venue jusques aux horions, celuy du grenier et l'aultre de la ruelle l'eussent servy (C.N.N., c.1456-1467, 244). ...fait assez a croire que par avant et depuis n'avoit celuy des deulx qui ne luy fist tres voluntiers service. (C.N.N., c.1456-1467, 254).

B. -

"Suffisamment" : Il n'estoient mies fort assés de euls tenir sans l'aide des Gantois. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 52). ...se coucherent chacune a par elle en ung beau lit assez grand et large pour le deuxieme recevoir d'aultre costé (C.N.N., c.1456-1467, 202).

 

-

[En tournure nég.] : ...le monde n'est pas assez grand pour moy sauver (C.N.N., c.1456-1467, 235). ...en ce m'avez fait le plus hault honneur (...) dont je ne vous saroie assez mercier. (C.N.N., c.1456-1467, 334).

 

-

Loc. adv. Son assez. "À sa suffisance, tout son soûl" : Quant diné aras ton assez, A moy t'en vien. (Mir. chan., c.1361, 146).

C. -

[Valeur d'atténuation] "Relativement" : ...[les Français] cevauchierent de nuit et vinrent sus un ajournement asés priés de Calais, ensi que devise se portoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 866). ...bon mary print sa place en une chaize a doz assez près de son lit (C.N.N., c.1456-1467, 199). En assez bref temps il vint a Romme (C.N.N., c.1456-1467, 283).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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