C.N.R.S.
 
Famille de abominari 
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 Article 1/10 
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     ABOMABLE     
FEW XXIV abominari
ABOMABLE, adj.
[FEW XXIV, 38a : abominari]

"Abominable" : De trestot le pechiet, qui tant fut abomable (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 632).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/10 
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     ABOMINABLE     
FEW XXIV abominari
ABOMINABLE, adj.
[T-L : abominable ; GD : abominable ; GDC : abominable ; AND : abhominable ; FEW XXIV, 38a : abominari ; TLF : I, 138b : abominable]

A. -

[Domaine moral] "Qui suscite la réprobation, l'aversion" : ...certes il me desplaira en si grant prince de faire mencion de l'orgueilleuse mutation de sa royale vesture, du desir des flateries de ceulz qui devant lui s'estendoient a terre (...) des abhominables tourmens et des mors et occisions que il faisoit entre les vins et les viandes de ses propres amis (BERS., I, 9, c.1354-1359, 18.4, 33). Mais, helas ! j'ay grant doubte que au jour d'uy pluseurs, en lieu de misericorde, ne preignent et reçoivent dedans eulz meismes cruaulté dampnable, hideuse et abhominable. N'est si perilleuse cruaulté ou fureur comme tuer soy meismes, et soy persequuter. (GERS., Purif., 1396-1397, 64). ...ilz [les prêcheurs] ne l'amolliroyent pas a bien faire [l'âme] ; point ne feroyent tant (...) que elle issist hors du sepulcre et de l'abhominable ordure de pechié. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). ...bien seroit chose mesapartenant que ainsy se feist et que (...) la royne du monde [fut] faicte subjecte, subjecte a la plus vile et abhominable subjection qui soit, c'est celle de pechié. (GERS., Concept., 1401, 401). ...lui suppliant de incontinent voulloir oïr la confesse de ses abominables pechiez. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 104). ...aucunes forfaittures, traïsons, violences et autres crimes par luy commis et perpetrez, lesquelz estoient sy grans et abhominables que quasi l'air seroit infect de les proferer (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 212).

 

-

Le péché abominable de la chair. "La sodomie" : ...ceulz qui pour lors faisoyent le pechié abhominable de la cher, qui est tres cruel, et qui ne fait nez a nommer, morurent de male mort. (GERS., Noël, p.1404, 297).

 

-

Abominable à Dieu. "Qui entraîne la malédiction de Dieu" : Mais je me repute (...) que je vail pis q'un chien, Tant sui a Dieu abhominable (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 38). Amour d'argent commendera a ung autre flater, mentir (...) accorder quanque on dira, maintenant l'un, tantost le contraire, faire toutes choses tant soyent horribles, tant soyent crueuses et abhominables a Dieu et au monde (GERS., Concept., 1401, 412). ...les enfants de Hely, prestres d'autel, dont les sacrifices furent abhominables a Dieu (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 179). C'est a dire, mon ami, que l'omme a sang et malicieux est abhominables a Nostre Seigneur. (LA SALE, J.S., 1456, 43).

 

-

[De celui qui commet ce qui est moralement répréhensible] : ...troys abhominablez monstres (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 6). Maiz aucuns, eulx disans nobles, ont tellement accoustumé de faire le contraire de noblesse, que, par leurs manieres de faire, il semble que ung homme n'est point noble, se ilz n'est abhominable pecheur (JUV. URS., T. rever., 1433, 76).

 

.

[De l'âme] : Je suis orde et abhominable [l'âme] Et si n'a en moy rien vallable. Je suis de pechez moult chargee. (Vie contempl., c.1450-1500, fº 13).

 

-

[Du récit que l'on fait de ce qui est répréhensible] "Que l'on fait avec aversion" : ...l'euvre contraire a nature, qui est abhominable a plus exprimer. (COL, Resp. deux traités H., 1402, 107). ...pour faire une abhominable somme de mes males mescheances infinies (CHART., Q. inv., 1422, 22). La furent tués connestable, chancelier (...) le reciter est chose abhominable. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 227).

B. -

[Domaine phys. ou esthét.]

 

1.

[De ce qui provoque la répulsion]

 

a)

"Nauséeux, qui provoque le dégoût physique, répugnant" : Et qu'esse d'un corps fors que un sac a fiens, une viande a vers dedans brief, et une charonne vile, puant et abhominable ? (GERS., Annonc., a.1400, 238). ...et ainsi il est une maniere de eructuacion fetide et l'autre fumeuse et l'autre abhominable, si comme odeur de poissons corrompuz ou d'eufz fritz ou de chairs rances (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 6). D'eulx [des herbes] vient une oudeur admirable ; De toy pueur abhominable. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 121). ...toute viande savoureuse, en laquelle aulcun se delecte quant il le prent, l'estomac l'embrasse et le retient, et en grande delectation le digere mieulx que toutes aultres viandes, mais s'il est abhominable, l'estomac le fuyt, de quoy vomissement, inflation, rugitiz sont engendrés. (Rég. santé corps C., 1480, 33).

 

b)

"Qui inspire l'horreur, épouvantable" : C'est (une) chosë abhominable, (Et) laide et orde et reprenable. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 321). ...je l'apparceu muer en figure si tres horrible, si tres hideuse et abhominable a regarder, que je ne la pourroye dire : il sembloit que ce fust une beste monstrueuse (GERS., Noël, p.1404, 308). Aucuns sont nez si tresmal faiz, Si mal taillez et contrefaitz Qu'a hommes ne sont pas semblables, Mais hideux et abhominables (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 117). Tant plus est la viande bonne Et plus puante est la personne ; Dont a bas et a mont souvent Fault mectre hors horrible vent, Qui fait ung son abhominable (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 200). SATHAN. Dyables de l'infernal manoir, Noirs, hideux et abhominables, Ne soyez point en nonchaloir. Venez moy estre secourable[s]. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 103). Plus je le voy, plus m'est abhominable. Ostés le moy. (Cene dieux, c.1492, 116). ...je suis ja toute preste De procurer tourmens abhominables (LA VIGNE, S.M., 1496, 222).

 

c)

En partic. "Qui inspire l'aversion, comme funeste et de mauvais présage" : Et sachez que la court (...) fu faite notable de .II. tres grans desconfitures : ce fu la prise de la cité et li pais caudine ; et encorez la desconfiture prise a Cremere fist celle court et triste et abhominable. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 38.16, 71).

 

2.

[De celui qui éprouve la répulsion] "Qui éprouve du dégoût, de l'aversion" : ...preudefemmes (...) sont toutes abhominables de veoir seulement le sang d'un aignel ou d'un pigon quant on le tue devant elles. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 129). Et quant le roy le vit, pas n'ot le coeur estable, Ains l'ot tristre et dollant, et moult abhominable. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 11).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/10 
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     ABOMINABLEMENT     
FEW XXIV abominari
ABOMINABLEMENT, adv.
[FEW XXIV, 38b : abominari ; TLF : I, 139b-140a : abominablement]

"D'une manière qui inspire un sentiment d'horreur ou de très vive réprobation" : Maiz, pour l'amour et honneur du roy et des ducs d'Angou, de Berry et de Bourgoingne, ses oncles, qui grandement le soustenoient, fut icellui prevost respité d'estre ars, comme cil qui l'avoit trop abhominablement deservi. (Chron. Valois L., c.1377-1397, 295). Detestabiliter - adverbium - abominablement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 118). Execrabiliter - adverbium - abominablement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 154). Abominablement : abominabiliter (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 181). Par le contraire, Judas qui longement avoit ouy les sainctes et divines parolles de Jhesucrist et a l'oeul et tresfamilierement congnu ses grands et evidents miracles, ne vendit il abhominablement tout le tresor du monde pour villain pris ? (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 134). Debatre ne voulons que aulcuns oppresséz et estoufféz de peines, ennuys, despits, angoisses et miseres n'ayent soubitement et abhominablement [leçon corrigée ; ms. de base : abhoiablement] estaint leurs vies et de leurs propres mains arrachié les ames de leur corps (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 200).

REM. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s.), ds GDC VIII, 16a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/10 
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     ABOMINABLETÉ     
FEW XXIV abominari
ABOMINABLETÉ, subst. fém.
[GD : abominableté ; FEW XXIV, 38b : abominari]

"Abomination" : Inamabilitas (...) : abominabletés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 224). Ce vil crime d'orgueil destruit Meurs, vertuz, science, et construit Abhominableté et ordure. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 592).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/10 
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     ABOMINATION     
FEW XXIV abominari
ABOMINATION, subst. fém.
[T-L : abominacion ; GD : abomination ; GDC : abomination ; AND : abhominacion ; FEW XXIV, 38b : abominari ; TLF : I, 140a : abomination]

A. -

"Répulsion que l'on éprouve devant ce qui est abominable"

 

1.

[Domaine moral] : ...par mes meffaiz me fault estre En ce lieu cy ou n'a nul estre Fors de tristesce et de douleur, D'abominacion, d'ourreur (Mir. prev., 1352, 250). Execratio (...) : maudisson, abomination, desdeing, excommunication (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 154). Abominacion : abominacio (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 181). Abominatio (...) : abomination, execratio (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 4).

 

-

"Dégoût spirituel (?)" : La voix de paour se dit aultrement fuyte, desperacion, paresse (...) resverie, trepidacion, formidacion, abhominacion, nauseacion, ennuy, resilicion dedens soy (GERS., Canticordum G., c.1425-1430, 130).

 

-

Avoir abomination de qqc. "Avoir horreur de qqc." : ...et de toute mensonge en tant comme mensonge, il a horreur et abhominacion (ORESME, E.A., c.1370, 268). Nous autres [les anges] n'avon point abhominacion de la puanteur des corps mais des ames (Vie contempl., c.1450-1500, fº 4 vº).

 

-

Avoir / prendre / tenir qqc. en abomination. "Abhorrer qqc." : ...car le segoigne tient et a en abhominacion tele forfaiture, dont les naturiens disent que la segoigne est de tele condicion qu'elle tue celui ou celle qui se forfait (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 370). Dieu a en abhominacion mauvais pois et balance frauduleusement menee. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 379). ...de tout en tout ay en detestacion et abhominacion et pran en grant abhominacion vostre turpidité [des péchés]. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 288). Car soy enrichir des biens d'aultrui, Dieu le defent. Les loix humaines y mettent paine et punition de mort. Nature l'a en tele abhomination que la société des homes s'en depart et deffait, qui est destruire la proprieté de humaine nature. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 212).

 

-

[À propos de Dieu] "Malédiction" : ...la seigneurie du prince qui est corrompue par luxure ne puet longuement durer ou, se elle tient, elle sera par le jugement de Dieu vomie par abominacion en tant comme elle sera corrompue par luxure (FOUL., Policrat. B., VI, 1372, 197). ...l'abhomination de Dieu se tourne contre les sacrifices (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 178).

 

2.

[Domaine phys. ou esthét.]

 

a)

"Nausée, dégoût physique" : Quant la fame ne sent nulle rigour ou friçon, et les purgacions lui laissent a venir, quant elles ont angoisses, abhomminacions, defaut de vertu naturelle, ces signes vienent pour cause de impregnacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 87). Aprez, Ypocras met un autre signe, que telle fame qui a conceu a abhomminacions, qui vienent du faut de la vertu naturelle (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 141). ...et sent on les oreilles tintiner et mal sentir ou goust et mal odorer et celle passion vient de l'estomac et si a on grant gravité de l'estomac et nauzee et abhominacion (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 11). Abhominacion, c'est indignacion de viande que on a devant desiree et quant on la voit, on la refuse et s'on pense de la prendre, on vomit ou on fait eructuacion fetide ou fumeuse ou aceteuse (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 9). Grant flux de menstrus ou c'est par cause extrinseque, sicomme par bature, tomber, abhominacion, ragadies, playes, grandes verges, innaturel avortif et les semblables (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 9). ...toutefois le souvent en user oste l'apetit et fait le cuer soublever, et ce dit Avicenne au chapitre du safran quant il dit : il provoque abhomination et destruit l'apetit a cause qu'il est contraire au saveur aceteulx qui est cause de l'apetit en l'estomac. (Rég. santé corps C., 1480, 121).

 

b)

"Dégoût, horreur (esthétique)" : ...Et de si horrible figure Que mieulx leur feust, par advanture, Que oncques n'eussent esté veuz d'homme, Qui court pour les regarder comme Monstres, a leur confusion, En grant abhomination. (ALECIS, Passetemps Alecis frères P.P., a.1451, 118). ...elles [les femmes] en sont plus gentes et habilles que d'avoir si grans heaulmes ne queues pesantes que il faut porter, trayner ou faire porter, qui chet en ung grant abhominacion de desplaisance au peuple (JUV. URS., Verba, 1452, 280).

B. -

"Caractère de ce qui est abominable ; chose abominable"

 

1.

[Moralement] : Or semble il que ceste loy ne seroit pas bien acomplie se en telle abhominacion, ordure et subjection de pechié par aucun temps la souffroyes, elle qui doit estre habitacle, temple et sale de toute pureté. (GERS., Concept., 1401, 400). ...il a souvent mesprisé les sacrifices dez envieux de sa majesté pour l'abomination de leurs crimes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 175). Ma beaulté [de Magdalaine], ma perfeccion Et ma bonne relacion Est tournee en tel vitupere Que c'est abhominacion Par quel moien et mocion J'ay tant courroussié Dieu, mon pere. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 185).

 

-

Au plur. "Acte abominable, ignominie" : Sire, j'ay excité ton ire Et pechié plus que ne puis dire, Metans abominations, Multiplicans offensions, Pour ta sainte loy mettre en puer. (MACH., C. ami, 1357, 54). Quant tu seras entré en la terre que nostre Seigneur te donra, gardes que tu n'ensuives les abhominacions de ycelles genz [abominatio, Deut., XVIII, 9-14] (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 202). Oiseuse est la fole qui enseigne toutes follez abhominations et telles que on ne les ose dire (GERS., Annonc., a.1400, 236). ...la prophecie de Daniel (...) designe la venue d'Anticrist (...) pour les abhominations du temple et la distration du cotidien sacrifice. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 179). Se nous considerons (...) les grans ordures et les grans abhominacions que nous avons mis dessus l'ame. (Vie contempl., c.1450-1500, fº 16).

 

2.

"Situation horrible" : ...te verser entre tant de tempestes et de abhominations miserables (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 20).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 6/10 
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     ABOMINEMENT     
*FEW XXIV abominari
ABOMINEMENT, subst. masc.
[*FEW XXIV, 38a : abominari]

"Horreur, dégoût" : ...la jouvencelle toute pleine de abhominemens et de courroux (...) ne cessoit en souffland et ressouffland monstrer le grant desdeing de son cuer. (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 732).
 

DMF 2020 - Synthèse Takeshi Matsumura

 Article 7/10 
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     ABOMINER     
FEW XXIV abominari
ABOMINER, verbe
[T-L : abominer ; GDC : abominer ; AND : abhominer ; FEW XXIV, 38a : abominari ; TLF : I, 141b : abominer]

A. -

[Domaine moral]

 

1.

"Avoir en abomination, exécrer" : ...et puis aprés abhomina toutes richeces et devint vagabont et rurault, et se mist a bestes garder. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 195). ...les saintes et discretes personnes estans ou monde me ont en desdving et abhominent. (Quinze articles, c.1400-1500, f° 23 v°). Abhominés vostre exaucement et amés mieulx a estre gouvernee (Quinze articles, c.1400-1500, f° 27). Detestor (...) : maldire, malgrier, detraire, abominer, laidement jurer (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 118). Devoveo (...) : maugrier, abominer, despiter ou enfraindre veu (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 119). Execrari (...) : maudire, escommenier, abhominer, desdeingnier (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 154). Abominer : abominor (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 181). Or advisez donques, mon ami, de cestui Seneque qui estoit paien et tant abhominoit les vices et pechiez, dont les devons nous bien abhominer qui sommes par vray baptisme en la tres sainte foy de Jhesucrit. (LA SALE, J.S., 1456, 43). Abominor : abominer (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 4). Execrandus (...) : ce qui est moult a abominer (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 110).

 

-

Abominer de + inf. / du + inf. subst. : Si soit veu et noté a quoy puet estre prouffitable la tres horrible et honteuse conclusion - que dis je, honteuse ! - mais tant deshonneste que je ose dire que personne aucune amant vertus et honnesteté ne l'orra qui tout ne soit confus de honte et abhomine d'ainsi oïr discerner et desjoindre et mectre soubz deshonnestes ficcions ce que raison et honte doit reffraindre, aux bien ordonnéz, seulement le penser (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 20). Je parleroie de cil [péché] contre nature Mais j'abomine du mettre en escripture Pour l'ynomie qu'en pourroit survenir. (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 5026).

 

-

[De Dieu, des anges] "Maudire avec horreur" : ...toutes les legions des anges abhominent et desdaignent ordure desordonnee (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 124).

 

2.

Abominer contre. "S'indigner contre" : Ne veult que son mari domine, Mais contre ses fais abhomine. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 23).

B. -

[Domaine phys., esthét.]

 

1.

"Rejeter avec dégoût" : Se c'est pour le foye, c'est pour IIII. causes. Ou pour apostume ou pour foiblesse de vertu conversive de sang tellement que le chile n'est pas converty en pur sang et les membres les abhominent et vertu expulsive l'envoye aux intestins (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 4). Quant lez [bonnes viandes] voyez, vous dittes que bien serez disné. Quant tout est bien cuyt a vostre dit, on apporte ung plat d'argent tout plain de fiente d'omme, clere et trés puant, puis on met ce rost dedens, après on le poudre, en lieu de sel, de charongne puante, grosses yraignes, crappaux et aultre venimeuse puasine ; quant ce verrez, je cuide que n'arez cure de telle viande, mais l'abhominerez et serez mal content de ceulx qui aront ce fait. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 114-115).

 

2.

"Éprouver de la répulsion" : ...car il [l'homme pervers] n'i confere et n'i fait rien, mais est triste en toutes choses et abhomine gieu qui est neccessaire aussi comme .I. repos en vie humaine. (ORESME, E.A., c.1370, 272). Item note que les aultres bestes abhominent habiter aprés concepcion pour ce que l'ymaginative est pour nature et non pas pour voulenté (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 2).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/10 
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     ABOSME     
FEW XXIV abominari
ABOSME, subst.
[T-L : abome ; GD : abosme1 ; FEW XXIV, 38a : abominari]

"Abomination, dégoût" : Moult dieut a la dame li cuers Quant nous pervertit li pervers. (...) Par tout sa maise oudeur s'espant. C'est pechié, ordure puant Qui put a Dieu et a preudomme Plus assez c'une puant pomme. Il n'est nuli fame ne homme Qui n'en doie avoir habomme. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 54). Tant eurent horreur et fant[ome] Que le veoir est grant abome. Aucun cheoient en frenesie, Li autre en grief maladie. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 176).

REM. LE MUISIT, c.1347-1353, ds T-L I, 56 (abome, abomme).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/10 
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     ABOSMER     
FEW XXIV abominari
ABOSMER, verbe
[T-L : abosmer ; GD : abosmer1 ; FEW XXIV, 38a : abominari]

I. -

Empl. trans. "Repousser, exécrer " : ...N'ait si belle personne si loing c'on puet aller Que c'il li fault ung membre, c'on le puist veyr cler Que sa biaulteit ne faice moult forment abasmer [l. abosmer]. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 974).

 

-

RELIG. Abosmer péché : ...qui en avoit gousté et essayé [la douceur de l'amour divin] (...) habosmeroit pechié et si heroit de mort (Vertus, c.1400-1500, f° 41 v°).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Accablé de chagrin, abattu, affligé" : Sy fu trestous desesperez, Sy honteux et sy abomez Que riens nulle ne respondy. (Dit prunier B., c.1330-1350, 79). Par les sainz Dieu, dist Pierres, j'ai le cuer abomey, Quant li cops d'un estrier m'a si fort asomey, Certes cop plus peusent ne reçuis en ma vie (Gir. Ross. H., c.1334, 160). Clarisse li donselle en serait mal loee, Car vous arés Lion et elle est reffusee. Se Lion en ait fait son cuer et sa pansee, C'est bien droit et raison. N'an soiez abomee ! Car quant ung jonne hons persoit dame loiee, Blanche, doulce et plaisant, vermelle et colloree, Qui s'abandonne a ly per bonne destinee, Moult seroit si chetif, per la vertut loee, S'adoncque n'an faisoit toute sa destinee ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 332). De dueil sui bien ore abosmé (Mir. march. juif, c.1377, 206). ...et à tant se départirent et s'en rala chascun à la chascune, moult abosmés et esbahis de la perte de leur vaillant et débonnaire prince. (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 470). Quant ses regrez entent, moult en fu abosmez. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 137). [Autres ex., cf. gloss.]

 

-

Dolent et abosmé / triste et abosmé : L'ermites leur dona dou pain et dou pommey, Puis s'am vont par ces bois dolent et abommey (Gir. Ross. H., c.1334, 167). Mes je suy trop dolans, tristres et abomés [var. adolé] (Belle Hélène Const. R., c.1350, 552). San personne en vait en estrange rengnez ; Toute neut chevalchait dollant et abosméz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 834). Ensement dist le roy, sy lui souvient assés De sa noble mouller ou grans est la beautés, Et de Gillon son filz ou il estoit portés. Il ne sot ou ilz sont ne s'on les ot tués. Sy en fut en son ceur dolans et abosmés. (Tristan Nant. S., c.1350, 585). Moult fu le duc dolent, tristes et abomés Quant il vit ses enfans aussi deffigurés. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 246).

 

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Mat et abosmé : J'en ay o pres perdu m'alaine, Tant en suis mas et abasmé [l. abosmé] ! [lecture abosmé proposée par E. Stengel, Z. frz. Spr. Lit. 17-2, 1895, 223] (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 82).

REM. Sur l'étymol. de abosmer, cf. G. Cohn, Z. rom. Philol. 19, 1895, 51-60 et J. Ulrich, Z. rom. Philol. 30, 1906, 470-471. Arch. au XVes.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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     ABOSMIR     
FEW XXIV abominari
ABOSMIR, verbe
[T-L : abosmir ; GD : abosmi ; FEW XXIV, 38a : abominari]

I. -

"Rabaisser, affaiblir" : ...Mes Diex ce souffroit pour gregnie[ur] Miracle apparoir a l'onneur De la vierge, dame Marie, Qui, quant Dieu plaist, monstre s'aïe ; Quant li plait, les fors asbomit [Et li] floives el enforcist. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 221).

II. -

Part. passé en empl. adj. "Plongé dans la douleur" : Mais de Guyon diray qu'a Nanteul fut nourris, Qui fut en Rochebrune dolans et abomis Pour l'amour Aiglantine qui tant ot cler le vis, Qui pour Tristan son filz estoit forment marris. (Tristan Nant. S., c.1350, 94). De ce qu'il n'est venu, est mes corps abomis. (Tristan Nant. S., c.1350, 240). Et de honte a le cuer en son ventre abomy. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 151). ...Jourdains en ot le cuer tout abomy. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 696).
 

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