C.N.R.S.
 
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     À     
FEW XXIV 1 ab FEW XXIV 129 ad
À, prép.
[T-L : a3 ; GD : a ; AND : a2 ; FEW XXIV, 1 : ab ; FEW XXIV, 129 : ad ; TLF : I, 2b : à]

I. -

[Syntaxiquement, comme toute préposition, la préposition à crée une relation "transprédicative" (située au-delà des parties du discours fondamentales, subst., adj., verbe et adv.)]

A. -

[À introduit un élément nominal, adjectival ou adverbial]

 

1.

À + élément nominal

 

a)

À + subst. : ...ès lieux et places nouvellement mises à labeur, et qui onques par-avant n'avoient esté labouré. (Cartul. Flines H., t.2, 1391, 702). ...et vient à Rome en mars avec grande difficulté, pour les montaingnes qui estoient plaines de nyvailhes. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 29).

 

b)

À + pronom : ...ceulx a qui nous avons fait et octroié aucune grace par nostre liberacion (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1372, 491). Et le felon paien s'en courut droit a luy (Galien D.B., c.1400-1500, 88).

 

c)

À + inf. : Li prestres avoit bouche d'estre bon latinier, A Baudewin commenche Latin à pronuntier. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 101). ...nef, nachelles, alvioire, bacquetz ne aultres vaisseaux quelconques servant à navier (Vie urbaine Douai E., t.4, 1353, 355).

 

2.

À + adj. : ...a plein Ne puis avoir son cuer, dont je me plain (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98). ...et que quant elle seroit couchée auprès de sondit ami nu à nu, et il dormiroit, que d'icelle cire et poix elle prenist un petit, et en frotast sondit ami entre les deux espaules continuelment, jusques à nuef jours ensuivans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 308). Et tant nagerent qu'ilz virent venir par la mer pluseurs vaisseaux qui chassoient a fort deux galees. (ARRAS, c.1392-1393, 88).

 

3.

À + adv. : ...ceuls qui sont presentement, Peulent, et a moins de tourment [,] Garder leur tropel, s'ilz vouloient, Qu'au commencement ne faisoient Les apostres (DESCH., M.M., c.1385-1403, 170). Et depuis (de) ce, par le moyen de plusieurs estatz a esté tousjours la cause continuee en estat a oÿr droit, comme pardevant, jusques a huy (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1389, 595).

 

-

[À peut construire un syntagme participial et fonctionner comme marqueur du gérondif] : On nous laissera ens a grant joie faisant. (Hugues Capet Lab., c.1358, 166).

 

Rem. Pour d'autres ex., v. achevaucher et la rem. qui accompagne cet article. Cf. aussi T-L I, 13, l. 27-34 ; GD I, 5b-c.

B. -

[Le syntagme que à introduit porte sur une partie du discours quelconque]

 

1.

[Sur un subst.] : ...et faire refaire a ses cous et despens le moulin a vent qui est aus diz religieus (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 200).

 

2.

[Sur un adj.] : Cellui qui ne puet contraindre son esperit ayré en parlant est semblable à la cité ouverte qui est avironné de ennemis (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 173). ...au regart des euvres necessaires à faire à la reparation, soustenement et melioration dudit port d'Aiguesmortes... (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1416, 381). Charles (...) n'estoit enclin à nulles mollesses ne lascivetés (CHASTELL., Oeuvres K., t.7, c.1435-1475, 231). L'acteur perçoit aujourd'hui la terre françoise estre arbuste, durement pleine de superfluités nemoreusses, non bien cultivées et moins encore proufitables à comunne salut (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 396).

 

3.

[Sur un verbe (verbes transitifs indirects, verbes à double construction)] : Touz les prophetes ad ce s'acordent (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 162). Et nous Lois duc et Jehan et Gui de Bourbon dessusdiz en ratefiant et approuvant toutes lesdictes choses pour tant comme à chascun de nous appartient... (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1334, 356). ... cedons et delaissons entierement a nostre dicte tante, ou a ses hoirs ou aians ou qui auront cause, tout le droit, proufit et accion quelconques... (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1373, 252). Stipulacio (...) : stipulacion, c'est interrogacion petitive adjoustee a responsion permissive (Aalma R., c.1380, 396). Et quant il commencera a soy perchier sur icellui blot, l'en lui fera autre travers dedans la ferme deux perchectes de demi pié de hault. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 148).

 

4.

[Sur un adv.] : ...conformeement a la maniere desus dicte (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 325).

C. -

[La préposition à serrt à former des locutions]

 

1.

[Des loc. verbales (p. ex. prendre congé à qqn, venir à bout de qqc. ...)] : S'ai pris a mun mestre congié, Chiés cui j'ai tout mon tans ongié (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 313). ...je pour certain cuydant venir du tout à bout de mes travaulx par long aller et peine prendre, me suys au laberinthe mys de tous dangiers (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 182).

 

2.

[Des loc. adv.] : L'aage leur vient, et l'avoir acquesté Par cas soudain est a un coup perdable (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 17). Item une aiguière poinconée tout à l'entour, et dessus le couvercle personnages poinconnez en manière de pastouriaux, et sur le [l. la ?] pommète di celluy [l. d'icelluy] couvescle a ung saffir et trois perles. (Invent. Orléans II, G., 1408, 134). Il envoya sercher par les contrees De ce royaulme, de Flandres, d'Alemaigne Maistres ouvries pour faire penetrees, Artilleries d'importables entrees, Ce que l'on fist, fust a perte ou a gaigne. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 131).

 

3.

[Des loc. prép.] : De Pierre Doulcet (...) qui estoit constitué prisonnier pour avoir esté prins par Jehan des Vignettes gardant les blés dudit lieu à l'encontre des bos de mondit seigneur aveuc deux chiens sans landon (Comptes seigneurie Lucheux D.W., 1427-1474, 101). Car, a l'entour de ce tref qui avoit grant entrepresure pour les officines appartenans au lieu, il y couroit une terrible et grosse riviere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 10). Le drap osté, il treuve la chemise et les braies d'un jenne enffant de telle grandeur comme estoit Passelion (...). Adont il les mist hors du coffre et les monstra a ses compaignons qui en eurent bon ris a cause de la petiteur des brayes. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 273).

 

4.

[Des loc. conj.]

 

Rem. V. infra à ce que.

II. -

[Sémantiquement, par opposition à la prép. de, la prép. à marque l'idée d'approche, de direction vers, ou bien l'idée d'atteinte (de limite atteinte)]

A. -

[Idée d'approche]

 

1.

[Dans l'espace ; marque la direction vers, l'orientation vers (vers un lieu, vers qqn, vers qqc.)] : Par le Sathan fu craventée A tierre le seconde fois, Si qu'il n'i eut arbre, liois, Pierre taillie, cauc, mortier, Que tout ne fesist depecier (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 50). ...et li augureres se sist a senestre de lui, la teste couverte, tenans en sa main un baston tort sans neu (BERS., I, 1, c.1354-1359, 18.7, 29). ...a .i. samedi aprés la resurrection Jhesucrist entrant a ses disciples ["auprès de"], portes closes, leur dist en les saluant... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 611). Bertran tenoit l'espee qui l'acier ot trenchant Et s'en vint a l'Englois fermement estoquant (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 62). ...et chevachat a Bierlouz, qui estoit bin et fortement lichie et fossie (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 24). ...il devint durement malade, dont par force de langueur trop périlleuse il le convenoit transporter en une litière à Cambray (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 70).

 

-

[Avec l'idée d'approche et d'aboutissement] : Et quant grant piece ourent erré, Vindrent a un chemin perré D'ancïen temps qui les mena A Huismes (Vie st Evroul S., c.1350, 61).

 

.

Jusque(s) à : Et monsr de Havart commança à dire au roy en l'oreille que, s'il vouloit, qu'il trouveroit bien moyen de faire venir le roy son maistre jusques à Amyens, par adventure jusques à Paris, à faire bonne chère avecques le roy. (COMM., II, 1489-1491, 68-69).

 

2.

[Dans le temps ; marque l'orientation vers (tel ou tel moment, vers le moment où telle ou telle chose a lieu...)] : ...toutes les leides, péages, coustumes, ventes, lausimes, preparances, sportules, tous les fiefz, cens et autres droitz quelxconques lors presens et à venir... (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1461, 284).

 

-

À toujours / à jamais... : Et pour ce que ce soit ferme chose et estable a tousjours, nous avons fait mettre nostre seel a ces lettres, sauf nostre droit en autres choses et l'autrui en toutes. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 131). ...et desdites charges les eussions exemptez et affranchis perpetuellement et à tousjours (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1467, 78).

 

-

À vie : ...parmi quarante sols par.. de rente ou pension a vie que les diz Richart et sa femme en paieront (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1395, 684). ...en laquelle ordonnance aussy ne sont pas compriz rentes à vie ou à volenté que prennent par nostre octroy aucuns noz officiers par les mains du changeur de nostre tresor ou de nos vicontes et receveurs (BAYE, I, 1400-1410, 33).

 

-

Jusque(s) à : Item, depuis la mi-juillet jusques a la mi aoust ou environ lesse le cerf ses fumees en fourme de dates en moule (...) et bien moulues dedens et bien ointues (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 20). ...et c'est du commencement de jullet jusques a la fin d'aoust (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 152).

 

-

Peu à peu. V. peu : Peu a peu as esté lochiés Qu'a la terre as esté couchiés. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 8).

 

3.

Au fig.

 

a)

[Idée de visée, d'orientation vers, de destination...] : ...ou derrenier jour je suy a resusciter de la terre [où je dois...] (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 404). Gloire perhempnelle, Honneur supernelle Soit a toy, Jhesus (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 449). ...il fait et fait faire pluseurs offrandes a divers sains de paradis (C.N.N., c.1456-1467, 85).

 

-

[Idée d'orientation vers et d'aboutissement] : ...qui prent D'autrui, à siervice se vent, Et qui donne, siervis doit iestre. (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 29).

 

-

[Dans des constructions verbales] : Affermerent que ledit feu Raoul (...) avoit ordené en sondit testament (...) aus legataires ci après nommez, trente deux livres de rente (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 183). Et auxi que touz acors, composicions et priviléges et libertez donées et octroyés à nous, tant de roy comme de duc, ou d'autre prélatz ou prince quel qu'il soit, sont et demeurent eu leur vertu, senz riens enfreindre, senz aucune novacion faire d'yceux ou d'ycellles (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1350, 205). Dame, pleüst a Dieu que fussiés relevée, Et que vos [filz] eüst toute enfance passée... (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 52). ...Appius Claudius, liquelz avoit esté premiers qui avoit honni et tourné a mespris le senat pour cause des filz des libertins (BERS., I, 9, c.1354-1359, 46.10, 87). ...là où vous n'y penseriés fors à bien et à honneur, ilz y nocteroient autrement. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 19). Entendre fault a la besognie. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 2). Item, je donne a Jehan le Lou, Homme de bien et bon merchant, Pource qu'il est linget et flou Et que Cholet est mal serchant, Ung beau petit chiennet couchant, Qui ne laira poullaille en voye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 94). Si s'en merveilla moult le dit Phocus et demanda à Cephalus dont luy estoit venu ung tel baston. (Ovide mor. B., 1466-1467, 219). Sa vie fut bonne et bien fina, Rendant à Dieu laudacion (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 20). Comme locatif mercenaire humblement En lieu public a vil euvre s'aplique ! Sans honte avoir porte publiquement Plains sacs de blé (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 67).

 

.

[Dans des constructions verbales devenues directes en fr. mod. (p. ex. aider à qqn, favoriser à qqn...)] : La force de ung roy ou prince se doit monstrer, et aider a ses subgetz pour les relever de oppressions, voire a estrangiers. (JUV. URS., Loquar, 1440, 387). ...car Fortune ne favorise jamais du premier coup à ceulx qu'elle ayme (BUEIL, I, 1461-1466, 27).

 

.

[Avec des subst. dérivés de tels verbes] : ...la querelle de deux pretendans à l'evesché de Collongne, dont l'ung estoit frère du lentzgrave de Hesse, l'autre parent du conte palatin du Rin (COMM., II, 1489-1491, 6).

 

-

[Avec un inf.] : ...douze cenz arpens de bois et de forès en la forest de Chisic, à prendre et mesurer au lez devers Preic (Doc. Poitou G., t.2, 1334-1348, 312). Ses levrettes ne sont à taire, Un pou enflées et grossettes, Plus vermeilles que cerisettes (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 132). ...item sera bon d'envoier par devers le roy d'Arragon et sera fort a faire de induire le roy d'Arragon, car je me doubte qu'il n'ait affection singuliere a notre saint pere (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 258). ...lors le roy de par Dieu les ordonna a partir (LA SALE, J.S., 1456, 156).

 

.

Ne pas faire à + inf. "Ne pas être à" : Or ne reffusez pas ceste offre, car elle ne fait pas a reffuser. (ARRAS, c.1392-1393, 142).

 

-

En partic.

 

.

[Pour indiquer le bénéficiaire d'un paiement] : À Jehan de Soudremain, voitturier par terre, le XVe jour dudit mois d'avril, pour sa peine et salaire de mener de Paris à Dijon, sur un chariot à VI chevaulx, une gibe où il avoit plusieurs robes de livrées, tant de soye comme de fustaine, chambres, harnoiz pour la guerre et autres choses ; par marchié fait : 17 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 36).

 

.

[Pour marquer que le propos s'adresse à tel ou tel] : Loth, porte-parole du peuple à Appollon : Zechius et Zethephius te mercient du grant honneur que tu leur fais... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 181).

 

-

[Pour ouvrir une proclamation, pour invoquer ceux à qui elle s'adresse] : A touz ceus qui ces lettres verront, Hugues de Crusy, garde de la prevosté de Paris, salut. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 17). A ceux qui ces lettres verront Fas savoir... (Mir. st Alexis, 1382, 364). Les Chancelier et autres gens du Conseil estans huy en la Chambre de Parlement à Paris, à tous ceulz qui ces presentes lettres verront, salut. (FAUQ., II, 1421-1430, 61).

 

.

[Au sens de "pour, comme, en qualité de, à titre de"] : Aucun ne puet ou pourra d'oresenavant estre tueur ou langoyeur de Pourceaulx, ne icellui ou yceulx mestiers ou Offices exercer, s'il n'est mis, institué, et à ce reçeu par le Maistre des Bouchiers (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1403, 621).

 

.

[Dans le syntagme adj. + à + inf.] : ...D'un aïr Trop dur à endurer (MACH., Les lays, 1377, 376). ...comme riens ne soit plus agreable à veoir que honnorer les bons et vaillans... (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 106). ...ung sac plain d'oliette blancque moult bonne a mengier. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 207). Attaint au cuer d'eloquence incredible, À humain sens difficile à produire... (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 128). La grande povreté que c'estoit de leur fait, seroit bien difficile à racompter (BUEIL, I, 1461-1466, 20). Penetrabilis (...) : legier a estre perché ["percé"], perchable (...). Perchable, legier a estre perchié ou comme tariere bien perchant (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 286). ...et vint à Sainct-Germain, l'entrée du royaulme, qui est lieu fort et aisé à deffendre (COMM., III, 1495-1498, 87).

 

.

[Avec sur ou avec sans] : ...Sur la teste a tranchier (...) Sur a perdre le cors (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 217). ...entendez a droit sans vous a desroiier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 694).

 

.

[Dans faire à + inf. ; v. faire IV B 1] : ...leur pere leur avoit fait ceste fallace a entendre affin que... [mais a entendre peut être considéré aussi comme compl. de fallace] (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 107).

 

Rem. V. aconnoistre (se faire aconnoistre = se faire à connoistre).

 

b)

[Idée finale] "Pour" : Le licteur, c'est le bourrel, se tenoit deja a le lier d'un laz (BERS., I, 1, c.1354-1359, 26.8, 44). Jhesucrist, qui vint de l'autel de lassus du ciel a sauver le pueple... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 323). En l'oroison qui se fait en l'exorcizacion a geter hors les mauvais esperiz... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 348). A luy pour avoir ouvré à resourdre le haulte pane quy estoit avallée au molin, remis une solle quy porte l'ostel quy soutient ledite pane, tailliet deux langerons et hauchez [hanchez ?] quy portent le plommas de l'abre par dedens le mollin... (Comptes seigneurie Lucheux D.W., 1427-1474, 70).

 

-

[En coordination avec pour] : ...il menerent gent pour veoir le champ que l'en vouloit vendre et a savoir le juste pris que il avoit esté vendu avant la bataille. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 337).

 

-

[Dans les dialectes du Nord, en alliance avec pour (plus rarement de)]

 

Rem. V. aconforter (dans les textes du Nord, pour / de final + à + inf. ; Que chescun avoit cuer de lui aconforter, Hugues Capet L, 180, leçon a conforter ds l'éd. Laborderie, 237, v.4734).

 

-

[Dans le syntagme subst. + à + subst.] "Destiné à" : ...pour un homme enmantellé sur 1 pié esmaillié, garny de pierrerie, qui fait pot à eaue (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 312). ...le pain a consacrer (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 425). Infusorium (...) : vaissiaux a oile pour mectre es lampes ou pescine d'autel (Aalma R., c.1380, 204). Et puis faictes toutes ces choses brayer en ung moulin a moustarde et le destrempez bien espoiz et de tresbon vinaigre et mectez en ung pot de terre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 269). ... pessine d'aultier ou boissel a huille a mettre es lampes. (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 158).

 

-

[Dans le syntagme subst. + à + inf.] "Destiné à" : La verge de quoi on le tirera doit estre telle comme une broche a rostir oues de groisse et de longueur, et doit estre le las lié au bout. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 273). ... un percheur a perchier poz (Hist. industr. commerce F., 1402, 182). ...pierres a maçonner et sablon (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1426, 248). Et durant ce temps fut faicte à Paris moult grande quantité de pouldre à canon et serpendines pour fournir à ladicte guerre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 253).

 

-

À ce que + subj. "Pour que, afin que" : Doulce gent, il est de conmun cours que celles qui pour l'amour de Dieu vivent en estat de virginité, a ce que elle soient dites vraies vierges, que touzjours sont paoureuses et doubteuses (Mir. nonne, 1345, 314). Le saint pére m'envoie cy A ce que je puisse a mercy Estre pris de Dieu et de vous. (Mir. st Guill., c.1347, 34). ...et nous a requis que de ce faire nous lui veullions donner congié et que, se mestier estoit, nous feissions veoir et visiter le lieu et la place par les maistres du pont de Paris et aussi par voituriers et mariniers et gens en ce congnoissans a ce que yceulx pieux ne peussent ne ne puissent aucunement, ores ne ou temps a venir, porter prejudice a la marchandise de l'eaue, au cours et chemin d'icelle (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 654). ...et pour ce a amenistré tesmoins, à ce que par la prise dudit Savoisy l'en l'y face justice. (BAYE, I, 1400-1410, 110). Toutesvoies, afin que en vain n'ait esté gastee vostre saison, je ordonne voz raisons estre escriptes a ce que chascun y congnoisce sa faulte par autrui et que ceulx qui les liront effacent l'erreur de leurs cuers (CHART., Q. inv., 1422, 65). A celui dittes que a ce soir il viengne mengier avecq moy, a ce qu'il rechoive l'onneur qu'il a desservi. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 299). Et pour ce, dist il, que tu es mon filz, ad ce que tu te faces valloir quant tu vendras a ton tresdesiré service, je te abandonne nos tresors [Nombreux ex. dans ce texte, cf. gloss. de l'éd.] (Cligès C.T., 1455, 67). C'est a dire, mon ami : fuy luxure, a ce que tu ne soies broillié en deshonneste renommee (LA SALE, J.S., 1456, 27). Dire vous vieulx (...) Ad ce que vous congnoissiez mieux Que je vous ame (RENÉ D'ANJOU, Regn. et Jann. R., c.1457-1461, 88).

 

Rem. Forme asque ds Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 312.

 

-

À celle fin que : ...pour la vierge Marie Prenez chascun un grant florin De moy tout sec, a celle fin Que devant lui me faciez voie. (Mir. enf. diable, c.1339, 31). Laquele chose il fist a celle fin que, soz umbre de cesti nom, son courage delivrer du peuple romain fust covert et celé jusquez a son temps. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 56.8, 94). Quiconques perchoit le nouveau temps a bourse playne de monnoye, il le doit saluer a celle fin que avec icellui, tous biens lui croissent et multiplient. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 125).

B. -

[Idée d'atteinte (de limite atteinte), de localisation]

 

1.

[Dans l'espace]

 

-

[Marque la situation dans un lieu, marque une localisation] : Se aucuns Lascheurs ou Lascheresses d'aumuches, bonnets, coeffetes, mitainnes, cauchettes et autres appartenances, font à la quille mauvaise couture, ou euvre mauvaisement façonnée, ils l'amenderont (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1450, 129). ...le noble sang de France succomba larmoyeusement à Azincourt. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 309). A Romme avoit lors aussi une noble femme espaignolle qui estoit ribaulde et libertine appellee Ebucia. (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 68). Donné à Rome, à Saint-Pierre, soubz l'anel du pescheur, le .XXIIIe. jour de march mil .IIIIcIIIIxx. et .VIII., la quarte année de nostre pontificat (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 643).

 

-

[Marque une position] : ...et vole par ondees et plie son vol par esquerre, puis a destre, puis a senestre, et se assiet loing. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 157). ...soy ruant sur un lit à l'envers... (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 240).

 

2.

[Dans le temps]

 

-

[Marque la localisation dans le temps (par rapport à un moment, par rapport à une action, un fait...)] : A l'issir hors de Ronme moult fu grans li harnois, Trompes et oliffans y mainent grans buffois. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 228). ...quant Dieu li péres ot envoié son ange a la glorieuse vierge Marie annoncier que elle seroit mére du fil de Dieu par qui la redempcion de l'umain lignage seroit faite, a celle heure que li ange lui ot dit "Diex te saut, plaine de grace, nostre sires est avecques toy"... (Mir. nonne, 1345, 314). Car il advint a celle heure que je t'ay dicte, que li airs troubla et oscurcy (Bérinus, I, c.1350-1370, 234). ...et pour ce fu ordené que on celebrast de notre Dame aux samedis. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 270). Les oroisons qui sont dictes aux matines... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 348). ...et à un autre jour retourna par nuit oudit hostel, et monta par dessus les murs comme dit a dessus, maiz n'y pot et ne osa riens faire, pour les chens de leans qui l'abayerent trop fort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 20). A ces envaÿes ne fait point a doubter que il n'y euist grant pestellis et grant foullis, grant occision et grant mortalité. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 161). ...à l'heure que ce noble duc-icy se portoit en terre (...) toute la joie qui en avoit esté longuement obtenue (,) se reclina et s'ensevelit avecques luy en la larmoyeuse fosse. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 234). Et à celle jouste, ledit seigneur roy de Sicile (...) ordonna et fist par ses roys d'armes et héraulx crier que... (LA SALE, Anc. tournois P., 1459, 216). Et, quant vint à l'enterrement qui tant fut honorablement fait, c'estoit la plux piteuse chose dez pleurs et lamentaisons que tous les dits srs et autres gens faisoient que jamaix homme veit. (AUBRION, Journal L., 1498, 404).

 

-

À la fin : ...et orilla le cor des braconniers, qui, à la fin, cournèrent retraicte. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 127).

 

-

À matin : ...si mengüent a matin (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 308).

 

-

À ce que. "Au moment où" : Et a ce que elle disoit ces paroles lez grosses larmes li quoyent des yeulx (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 144). ...je vous ay veu changier la couleur de visage a ce que je suy chi entréz. (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 156).

 

3.

Au fig. [Idée de repérage ou de manière ; p. ext. idée de conformité, de moyen ou d'accompagnement]

 

a)

[Idée de repérage] "Par rapport à, en rapport à" : Affermerent que ledit feu Raoul (...) avoit ordené en sondit testament (...) aus legataires ci après nommez, trente deux livres de rente à parisis (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1342, 183). Certes, plus que ne dit le latin cy dessus allegué, oncques la marine apres l'aspreté de tempesteux orage qui l'a troublés redevenue paisible ne le ciel esclarcy de nuble et obscur temps ne quelconques autres compairisons que on y peust mectre ne sont souffisans à [au regard de] la multitude des joyes que aporte guerre tremuée en paix ne chose n'est regardée de si haitie et joyeux corage ne tant benuerée. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 91). Onocratal (...) est ung oyseau moult estraigne, car il porte la teste comme d'un asne et si est, de corps, semblable a ung cigne. Cest oyseau habite es desers (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 190). ...et fut très expert et sçavant en la science des estoilles et se en aida en ses haulx affaires, comme appert assez à ses gestes et faiz, comme aussi par le recit de plusieurs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°).

 

-

[Avec une idée d'indice] : Et lors tirerent tous les crestiens, qui tous furent cogneus aux croiz qu'ilz portoient de diverses couleurs... (LA SALE, J.S., 1456, 221). Sondit corpz [celui de Charles le Téméraire], par ses gens meisme, fut recongnu par .VI. ensaignes qu'ilz trouvèrent sur lui. Premier, ad ce qu'il avoit perdu les dens de dessus ; secondement, à la playe d'une escarboucle qu'il avoit en la poiville [l. pomille] ; tiercement... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 168). C'est ung mignon especial. Je le congnoys bien a sa myne (Sots gard., a.1488, 106).

 

.

À ce que. "À ceci (tel signe) que" : La differance par quoy l'en congnoist toutes manieres de gens oudit pays est telle : premiers, les Sarrasins sont congneuz ad ce qu'ilz portent le faissel de linge blanc sur leurs testes (Voy. Jérus., c.1395, 43). ...et ad ce qu'il le leva il perchut son mongnon ensi envollepé comme dit est (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 135). ...et veritablement y pert tresbien a son maintieng et ad ce que elle moustre que elle soit de tresbon lieu yssue. (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 152). Sondit corpz [celui de Charles le Téméraire], par ses gens meisme, fut recongnu par .VI. ensaignes qu'ilz trouvèrent sur lui. Premier, ad ce qu'il avoit perdu les dens de dessus ; secondement, à la playe d'une escarboucle qu'il avoit en la poiville [l. pomille] ; tiercement... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 168).

 

.

À ce que. "Étant donné que" : Mais luy (...) ala ferir le roy ung pou dessus la lumiere du heaulme sy tresfort et angoisseusement, a ce que la lance estoit roide, qu'il convint le heaume fondre par dessoubz le cercle d'or. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 865). ...car Maronex attainst celluy qui lui venoit sur le senestre lez de telle vertu, a ce que sa lance estoit roide, qu'il lui fist le fer passer parmy le corps. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 130).

 

-

[Par rapport à une personne] : ...tout aussi le povre est au riche a horreur (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 425). ...quand elle [la vertu] reluyst au prince (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 233).

 

-

[Pour signaler un danger, pour attirer l'attention] Au feu ! : Au feu, au feu, sanz plus attendre ! (Mir. femme, 1368, 214). Au feu ! Au feu ! Au feu, qui mon cuer art Par un brandon tiré d'un doulx regart (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 383).

 

-

Quant à : Il est acordé entre nos Gens et ledit Evesque, que parmi quarante-sept livres de Laonnisiens, que la Commune de Laon jadiz soloit paier chascun an audit Evesque, le droit que il demandoit et se disoit avoir par point de Charte ou Tonlieu, ou Roüage, ou Jailaige et ou Lardage, et ou lieu où fu le Berfroy, quant à ce Nous demeure et demourra paisiblement à tousjours, par la redevance de 47 livres de Laonnisiens dessusdites (Ordonn. rois Fr. V.B., t.12, 1331, 6). Et quant a ce que ["quant à ceci, à savoir que"] ledit procureur des diz religieux de Saint Magloire maintenoit que les diz religieux de l'Ospital ou leurs gens pour eulz avoient prins et levé les fruis des dittes terres et vingnes sans en paier aux diz religieux de Saint Magloire la ditte demie disme, les diz procureurs des dittes parties s'en sont mis en l'ordenance dudit mestre Jehan d'Estrees (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1341, 118). ...pour longuement continuer fait immortel quant a loer (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 370).

 

-

Au regard de : Quanque l'en peut dire par paroles humaines a la loenge de ceste glorieuse vierge est aussi conme nient au regart de la loenge qu'elle a ou ciel (Mir. st J. Cris., c.1344, 251).

 

-

À ce que + indic. "Étant donné que" : Mais luy (...) ala ferir le roy ung pou dessus la lumiere du heaulme sy tresfort et angoisseusement, a ce que la lance estoit roide, qu'il convint le heaume fondre par dessoubz le cercle d'or. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 865). ...car Maronex attainst celluy qui lui venoit sur le senestre lez de telle vertu, a ce que sa lance estoit roide, qu'il lui fist le fer passer parmy le corps. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 130).

 

-

À ce que + indic. "D'après ce que" : Elle vous aime de cuer fin, Dame, a ce que je puis veoir. (Mir. nonne, 1345, 346). Et aussi je sens en moy, a ce que je apperchoy, sy pou de valleur que... (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 43). Ce petit bourg, a ce que je congnois, Tient et despend de quelque baronnie Appartenant a monsieur de Dunoys (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155).

 

-

[Dans une approximation, une fourchette] : Et ledit Colin Besnon, compoingnon dudit Pierre est petit homme maigre, aagé de L à LX ans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 463). Et a environ deux milles de tour, et siet l'entrée d'icelui ainsy comme on y arrive, parmy noord-ost, laquelle est large le trait d'un arcbalestre et parfont par dedens, pour y entrer naves de quatre à cincq cens bottes (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 144).

 

-

[Dans une équivalence] C'est à dire./C'est à savoir : ...c'est a savoir le dit Jehan (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 34). ......secondemend fievre lipare peut estre prise plus larg[e]ment pour toutes fievres de malvaises humeurs en laquelle appert semblable accident qui appert en la propre lipare, c'est a dire ou il appert froit dehors et grant chaleur dedens (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 298). Item, ces choses que nous avons yci dictes s'acordent a ce que nous disions au commencement ou proheme, ou nous metions que la fin de science politique est le tres grant bien humain, c'est a savoir, felicité. (ORESME, E.A., c.1370, 130). ...Croire que la seconde personne de la Trinité, c'est a savoir que Jhesus le filz de Dieu le pere fut conceu du Saint Esperit et nez de la Vierge Marie. (LA SALE, J.S., 1456, 38).

 

-

[Dans une assimilation, au sens de "en tant que, comme"] : Avoir vollez no dame a femme et a oisour (Hugues Capet Lab., c.1358, 107).

 

b)

[Idée de manière] : Et dedens estoit elle haulte et clere, faicte a voultes (Chev. papegau H., c.1400-1500, 27). Vers vous je viens à lamenteuse voix (CHASTELL., Compl. Hector K., c.1450, 177). ...tres horriblement et a terrible noise... (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 391).

 

-

[Dans des constructions verbales ou adjectives] : On doit fere une toile qui semble a un buef et tainte du poill d'un buef. Et tout einsi que font les perdrieux [var. perdriseours], on le doit porter devant soy. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 278). Linaria, c'est une herbe qui ressemble a lin assés, mais elle a une fleur jaune qui est comme blanche, et si a les feulles plus laies que lin. Elle est en tout pareille a esule. (Grant herb. C., c.1450, 128). L'en te tient à moult bonne ouvriere et subtille tixeresse en draps de laine et en si grant renommée ou pays que tu t'en vantes et comparaiges d'en savoir autant ou plus comme fait Palas la deesse, ce que tu ne dois mye faire. (Ovide mor. B., 1466-1467, 185).

 

-

[Dans des loc. adv. ou prép.] : ...et aroient lanagez et drapperie à grant fuison. (FROISS., Chron., [Amiens] D., t.1, c.1375-1400, 192). ...il qui parle, à très grant peine, se charga pour eulx de vendre icelle cendrée, laquelle il a ce jourd'ui exposée en vente audit orfevre, et icelle faisoit XL frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 396). Et quant il sera a moictié cuit, ayez ung maquerel fraiz, et decoupez par tronçons et le mectez cuire avec, et puis ostez tout, et mectez du percil hachié boulir une ondee, et dreciez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 205). Honnour qui est a droit fondee Vault miex que d'argent grant undee (Pastor. B., c.1422-1425, 135). Narcisce, c'est une herbe chaude qui a feulles a maniere d'oignon (Grant herb. C., c.1450, 138). ...pour chascune queue de sidre ou poirée vendue illec à détail, dix sols tournois (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1483, 234).

 

.

[En coordination avec en] : Lors jurerent compaignie ensemble à bien et en mal endurer et se baiserent en aliance d'amour. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 11).

 

-

[Dans le syntagme subst. + à + subst., pour marquer une caractéristique] : Là priai Bauduin, à le chière membrée, Qu'il alast à Courtrai, à maisnie privée, Et ammenast ma soer, qui tant est belle née (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 179). Item, une salière, d'une serpent qui a le corps d'une pourcelette, à cinq langues de serpent, et à quatre saphirs pendans ; pesant cinq marcs six onces. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 63). ...pour ung porchet neuf et pour quatre fenestres à trillye (Comptes Archev. Rouen J., 1460-1461, 308). ...des robbes à pompettes. (Coust. Esop. T., c.1500, 152).

 

c)

P. ext.

 

-

[Idée de conformité] "Selon, suivant" : Et Esmerez le fiert à loi de pongnéour ["selon la règle des guerriers"] (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 102). ...qu'il [les biens spirituels] nous soient ordenez a merite (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 470). Et la terre est benoite de la quelle le roy est noble et de qui les princes prennent leur refection en temps convenable a la neccessité du corps, et non pas a luxure (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 308). ...et qui disposent toutes choses plus a leur plaisir que a la verité. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 347). Qu'ilz puissent et leur soit leu ["loisible de"] vendre leurs biens, en disposer, et faire tout à leur bonne voulenté (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1447, 524).

 

.

À l'exemple de : ...on li pigne le chief et lave les mains et le visage a l'exemple de la Magdalaine, qui oint le chief de Jhesucrist devant la Passion (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 281). ...le tres debonnaire roy, à qui mieulx plaisoit, à l'exemple de Jhesu-Crist, rappeller et ravoyer ses gens par doulceur et benignement les chastier que par crainte et par rigueur... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 70).

 

.

À la difference de : Et dit selon raison ou avecques raison a la difference de aucunes bestes qui oeuvrent aussi comme artificielment, comme l'aronde ou la pie fait son ni. (ORESME, E.A.C., c.1370, 336). ...on met nouvel ancens ou thuribulier non benoit a la difference de celui qui est a Dieu offert. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 315).

 

-

[Idée de moyen] "Au moyen de" : Pour chou dist un proverbes c'on recorde souvent : Miex vaut li pums ["la pomme"] donnés que mengiés à son dent. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 353). La tieste me trenciés à vostre branc fourby, Sy arés fait le camp et du tout desconfy (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 297). ...il vit .i. enfant qui beuvoit a sa main ["dans le creux de sa main"] (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 434). ... et du fremissement ou tremblement de l'air s'ensuit une murmure et une noise percevable a l'oÿe que nous appellons son (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 44). ...laquelle teste est cousue à clous encontre la porte d'icelluy en signe du paiement qu'il en a fait (Actes norm. H., t.1, 1437, 78). ...appareillié des nobles aournemens que s'amie avoit fait a ses mains (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 634). Lors prent une vermeille manche de scyglaton, puis luy atache a ung cordel de soye a une pugnie pres du fer de la lance (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 799).

 

.

[Dans le syntagme subst. + à + subst.] : ...et faire refaire a ses cous et despens le moulin a vent qui est aus diz religieus (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 200).

 

.

À ma vie. "Sur ma vie" : ...je voue et promectz a noz vies que... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 172).

 

-

[Idée d'accompagnement (influence de apud ?)] "Avec" : ...[l'arcevesque] s'appareille et revest pour chanter la messe a dyacre et souzdyacre et autres ministres telement comme il appartient a celle solennité (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 686). Et lors le roy Aganippo, a plenté de ses barons venans a l'encontre de luy, le receut honnourablement (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 43). ...ja voyans leur roy arrivé au port a belle armee (Cligès C.T., 1455, 81). Alix partir se vault pour retourner en Grece, et a tresgrant compaignie de l'empereur et dez barons d'Alemagne se mist a voie (Cligès C.T., 1455, 115).

III. -

P. ext. [L'idée de relation que suppose la catégorie prépositionnelle peut voiler le contenu sémantique ; à se rapproche alors de de, à quoi l'interférence du lat. ab- a pu contribuer]

A. -

[Proche de de dans certaines constructions verbales, comme dans laisser à, oublier à, acheter qqc. à qqn (qui le vend)] : Si sachiez que les comicez de Flavius orent tant de indignité et de desordenance que plusieurs nobles par indignacion en lessierent a porter aniaux d'or et falerez de chevaus, en disant que.... (BERS., I, 9, c.1354-1359, 46.12, 87). Item, dist que, environ VIIJ jours paravant ce qu'il feust admené prisonnier ou Chastellet, ainsi comme gens marchandoient et [achetoient] fruit, poires, frommages et autres choses, à une poroyere demourant assez prez de Sainte-Croix de la Bretonnerie, il seul copa à icelle poroyere sa bourse, en laquelle avoit VIIJ blans ou environ. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 71). Alez, n'ombliez pas a boire, Se vous trouvez Martin Garant. (Path. D., c.1456-1469, 56).

 

-

[Proche de de pour marquer une idée causale] "À cause de, en raison de" : ...et point ne se doit par orgueil eslever contre ceulz que il pense estre mauvais ne pleurer aux prieres des chaitis. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 404). A la requeste de ceulx de Huy, le dit evesque leur avoit quitté la coustume qu'il avoit que toutes les foiz qu'il pernuytoit en la ville, le doyen d'icelle ville devoit faire delivrer des liz pour lui et pour ses gens. (Arch. Nord, c.1380-1400, B 146, pièce 2, f°4v°, IGLF).

B. -

[Proche de de (et de par) pour marquer l'agent (animé ou inanimé)] : A pluseurs gens par son malice Se fist moult bien pensionner Et grans benefices donner. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 121). Et comme legierement il pouoit ce faire, sans quelconque force constraingnant, par une seulle persuacion spontainne et voulentaire se laissa vaincre a la voulenté du deable, et contre la voulenté et honneur de Dieu si pecha trop grandement. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 200). Attaint au cuer d'eloquence incredible, À humain sens difficile à produire... (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 128).

 

-

Faire faire qqc. à qqn / à un animal : ...il le fit devorer aux lyons (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 243).

 

.

[Après un verbe de perception] : J'ay ouy reciter aux clercs que... (BUEIL, I, 1461-1466, 52).

 

-

Estre telle chose à qqn. "Pour qqn" : Ce seroit a nous grant folye. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 4345). C'estoit mal dit a eulx (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 162). ...que ce n'estoit pas chose licite ne honneste a femme de porter botte fauve et aneaulx aux piez (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 186).

C. -

[Pour marquer, au lieu de de, l'appartenance, la subordination ou les liens de parenté, dans le syntagme subst. + à + subst. de l'animé (où ce dernier subst. désigne gén. des personnages d'une certaine importance)]

 

-

[Lien d'appartenance] : ...aboutissant parderriere a l'ostel au conte de Dampmartin (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1356, 217). Elle alla au cordoennier, et tantdiz qu'elle faisoit chausser ses souliers, son mary passe par devant l'ostel au cordoennier avec ung aultre son voisin qui alloit de coustume a la taverne. (C.N.N., c.1456-1467, 528). ...et approucha si près de Verset, qu'il trouva la vache au cappitaine, qui estoit en pasturage. (BUEIL, I, 1461-1466, 24).

 

-

[Lien de subordination...] : Je vous fas savoir que je sui Maistre d'ostel au roy Pepin (Mir. Berthe, c.1373, 235). ...je sui serviteur a une damoiselle, heritiere de la conté de Cardonne et de grans seignouriez (Comte Artois S., c.1453-1467, 49).

 

-

[Lien de parenté] : LA FILLE AU ROY [nom d'un personnage] (Mir. st J. Cris., c.1344, 269). ...la fille au roy Absalon, qui avoit nom Melia. (Bérinus, I, c.1350-1370, 295). Dame, qui es et mére et fille Au toutpuissant, au roy des roys, Deffens nous des vilains desrois De Julien le marvoyé (Mir. emp. Julien, 1351, 192). ...liquels fu fils au bon roi Edouwart (FROISS., Chron. D., p.1400, 43). Et le donnerent li douse per de France, par election et rieule naturel et droiturier que il ont en France, et de la quelle ordenance anciiennement on avoit veu user, a Phelippe de Valois, fils jadis a mesire Carle, le conte de Valois et frere a ce biau roi Phelippe de desus dit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 46). ...messires Guillaumes de Jullers, fils au marqis de Jullers (FROISS., Chron. D., p.1400, 115). ...fille au roy de Castille (Comte Artois S., c.1453-1467, 115).

D. -

[Comme de, devant un inf. sujet inversé] : Legiere chose est a congnoistre Que Dieu les fait venir [les fruits] et croistre ; Automne les fait envieillir Et permeürer et cueillir (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 14). Pour ce que huiseuse traveille lez cuers humains par diversez ymaginacions et merancolies, est pourffitable et bonne chose a oÿr lez plaisantez lectures dez anchiennes histoires pour passer le tempz en joye et fuir lez fantaziez quy trop grievent Nature. (Comte Artois S., c.1453-1467, 1). Et en ce temps d'Hercules et grant temps après, ceux que nous nommons Bourguignons se nommoient Allobrogiens. Et vault autant à dire Allobrogiens, selon que le interpretent messieurs les clercs, comme mal langaigé ou mal parlans. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 44). ...c'estoit belle chose a les voir (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 2/23 
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     A-/AB-     
FEW Ø, lat. ab-
A-, préf.
[FEW, Ø lat. ab- ; TLF : I, 28b : ab-]

[Préverbe (dans des verbes ou des dérivés de verbes, abstraire, abstraction, abstractivement...)] [Marque l'éloignement, le détournement, la séparation, la privation]

Rem. V. abjuger "enlever qqc. à qqn par jugement, le confisquer" ; abjurer "abandonner qqn à qui on se prétendait fidèle, le renier" (lat. abjurare) ; abstenir, s'abstenir de qqc. "se priver, se passer de qqc." (lat. abstinere) ; abstraire, abstraire qqc. de qqc. "dégager qqc. de qqc. ; l'isoler par analyse" (lat. abstrahere) ; abjection "fait de rejeter qqc., d'y renoncer" (lat. abjectio) ; aversion "fait de se détourner de" (lat. avertere, aversio). Non analysable dans abdiquer (abdicare) ; abominer, abominable, abomination (ab + ominari) ; abonder, abondance (ab + unda) ; abortir (ab + oriri) ; absent, absence (ab + esse)...

 

-

En partic. [La base a une valeur nég.] [Renforce l'idée de recul, de rejet]

 

Rem. V. abhorrer, abhorrir "repousser avec horreur" (lat. abhorrere) ; abneger "renoncer" ; abneer "renier", abnegation "fait de renier, de rejeter qqc." (lat. abnegatio) ; abrenoncer "renoncer".

REM. 1. La forme est gén. ab- ; a- (devant m et v, amance, lat. amentia, ab- + mente ; aversion, lat. aversio) ; abs- (devant c et t, abscision, lat. abscisio, abscidere, ab- + caedere, abstraire, lat. abstrahere) ; as- (devant s, asperner, lat. aspernari, ab- + spernere ; asoudre, à côté de absoudre). 2. Gén. dans des emprunts au lat. ; quelques formations fr. (p. ex. abjuger ; abrenoncer).
 

DMF 2020 - Préfixes et suffixes Robert Martin

 Article 3/23 
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     AB HOC     
FEW XXIV ab hoc
AB HOC, loc. lat.
[FEW XXIV, 30a : ab hoc ; TLF : I, 98b : abhacetabhoc]

A. -

Ab hoc et ab hac. "Par ci... par là, n'importe comment" : MAISTRE ALLIBORUM. Elles [les femmes élégantes] monstrent souventes fois Leurs denrees comme les tripieres Car d'echeter il ne chault gueres Qui ne vend ab hoc et ab hac, On n'achette point chat en sac. (Sots Magn., a.1488, 196).

B. -

[Avec substitution de la conj. et par ou] D'ab hoc ou d'ab hac. "De tous côtés" : Le feu d'enffer te presente le choc Pour te brusler, soit en tache ou en bloc, Et boursouffler au charonnyeux bac, Ou t'emporter, soit d'aboc ou d'abac, Au paludin sulphureux bulcibac ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 138). Praticiens, Soit d'aboc ou d'abac, Tant clercz que laiz, En usant de reproche, Auront des biens Pour eviter l'eschac Dens le Palais Du Roy de la Bazoche. (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 410).

 

-

[Avec suppression de la conj. et ajout d'adv.] D'ab hac, aussi d'ab hoc. "De tous côtés" : Gresle, tempeste, en faisant: tic, tac, toc, Te puisse prandre d'abac, aussi d'aboc ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 138).
 

DMF 2020 - Synthèse Béatrice Stumpf

 Article 4/23 
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     ABAC     
FEW XXIV ab hoc
ABAC, adv.
[]
 

-

D'abac, aussi d'aboc. V. aboc

 

-

D'aboc ou d'abac. V. aboc
 

DMF 2020 - La Vigne Annie Bertin

 Article 5/23 
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     ALHABOR     
FEW Ø, ar. al-Abūr
ALHABOR, subst.
[FEW, Ø ar. al-Abūr]

"L'étoile Sirius" : Exemple, par demonstracion geometrique ilz ont trouvé que chacune des 15 estoilles fixes de la premiere grandeur, Alhayot, Rigilon, Alhabor, sont aussi grandes comme toute la terre environ [107] fois (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 122). Car il en y avoit .XV. [estoiles] qui estoient les plus grandes de toutes les aultres et sont appellees de la premier gra[n]deur, comme est l'estoille du cueur du Lion, comme Alhaber, qui est en la bouche du Chien meridionelle, comme Aldebaram, qui est ou signe de Thaurus, etcetera. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 34). ...et se lieue desoub luy au .viii. degre une estoille fixe que bergiers appellent alhabor c'est a dire le grant chien (Comp. kal. bergiers C., 1493, f° 65 v°).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

 Article 6/23 
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     AVEC     
FEW XXIV ab hoc
AVEC, prép. et adv.
[T-L : avuec ; GDC : avec ; FEW XXIV, 30a : ab hoc ; TLF : III, 1068a : avec]

I. -

[Empl. prép.]

A. -

[Marque la présence simultanée]

 

1.

[Par concomitance] "En même temps que" : Et est tele concupiscence aveques tristece, combien que de prime face il semble inconvenient avoir tristece pour delectacion. (ORESME, E.A., c.1370, 225). Amours vuet par sa rigour Que perde vigour Et que mi bon jour Avuec ma baudour Finent sans sejour. (MACH., Les lays, 1377, 326). Tu espa[r]dras la belle erbe vert de bonnes pensees avecque les flouretes de sainctes meditacions. (GERS., Pent., p.1389, 84). ...pourquoy [en raison de quoi], avecque autres raisons astrollogalles, il predist la venue de quelque faulx prophete, et tantost après vindrent nouvelles à Romme de Machometh, comme dit est. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

 

-

"Ainsi que" : ...et rappareillier a leurs propres cous et despens laditte granche, et ycelle mettre en estat tel et si souffissant que les diz religieus y peussent mettre deuement et sauvement leurs dittes dismes pour le temps present et a venir, et a hoster l'empeschement qu'il y mettoient et avoient mis, avecques les despens de la cause, la tauxacion reservee d'yceulz pardevers nostre dit devancier ou pardevers nous (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 26). En oultre je vueil que l'en sache Que proffitable est la bourrache, Et espinoches nouvelletes, Persil mesmes avecque bletes (LA HAYE, P. peste, 1426, 94).

 

.

"Tout comme, au même titre que" : ...il est d'une meismes nature avec le Pere (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 328). ...comment que la bonté personnele y face bien a prisier avec la bonté prestral (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 709). [Traité du sacre]

 

-

"Compte tenu de, étant donné" : Car c'estoit une chose chiere, Voire d'une double chierté, Car aveques l'auctorité De l'oisel estoit il gardez Et songneusement resgardez En lien d'onnourable hautesse (MACH., D. Aler., a.1349, 309). De trop petit je me resjoïroie, Avoec l'espoir que par usage j'ai, Se plus souvent ma dame je veoie (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 78).

 

.

Avec ce que : ...avec ce que la mort le pressoit, lui certiffioient ces mires qu'il n'en eschapperoit point. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 142).

 

2.

[Par adjonction, par ajout]

 

a)

"Outre, en plus de" : Avuec l'anel ara mon doy, Car ja par moy n'en partira. (MACH., J. R. Nav., 1349, 236). Le tamps perdu ne poet on recouvrer, Avoec le honte y a damage au perdre (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 60). Et ceulz ici meïsmes proffitassent plus asséz en telles besoingnes se, aveques la bonne habilité de nature que ilz ont, ilz eüssent la doctrine. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

-

Avec ce. "En outre, de surcroît" : Et avec ce, gaigierent yceulz mariés et promistrent, chascun pour le tout, metre et emploier en ladite maison adcencee, de dens six ans prochains venans a compter de la date de ces lettres, en nom et pour amendement, neuf livr.. par.., aus us et aus coustumes de Paris (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1339, 83). ...si le presenterez au seneschal et, aveques ce, lui donrez dix mars d'or (Bérinus, I, c.1350-1370, 53). ...et nonpourquant ilz chevaucherent en moult grant doubte jusques au jour, car ilz doubtoient moult les amiz du chevalier qu'ilz avoient occiz, et avec ce ilz ne savoient mie bien ou ilz aloient. (Bérinus, II, c.1350-1370, 102). Et semblablement, l'en doit eslire pour soy les choses qui sont bonnes et aveques ce que [il faut que] elles soient expedientes pour soy meïsme. (ORESME, E.A., c.1370, 277). ...et certes la duchesse valoit bien que l'on fist d'elle grant extime, car elle estoit fille de Roy, une très grande et puissante duchesse, et avec ce l'une des plus belles dames de tout le monde. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 259). Jehan Daunoy estoit armé de toutes pieces, avec ce avoit ung sayon de cramoisy, decouppé bien menu sur son dit harnois, monté sur ung grant coursier de Peuylle, bien bardé de riches bardes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 266).

 

-

Avec ce que. "Outre ceci à savoir que..., en plus de ceci que..." : Nous y avons si exploité Qu'en avons a noble conroy Amené la fille du roy Pour ce qu'elle soit vostre femme, Qui est voir la plus belle dame Qu'on sache, avec ce qu'est bien née, Voire, et la mieulx moriginée Et en ses faiz la plus apperte. (Mir. Berthe, c.1373, 161). Nous le tenons si doulz et si pacient, et avec ce que vous estes de son sang, qu'il orra voulentiers vostre escusance (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14). Ces parolles engendrèrent grand hayne dudict conte de Charroloys au roy, avec ce qu'il n'y avoit guères que le roy avoit rachapté les villes de dessus la rivière de Somme (COMM., I, 1489-1491, 8).

 

-

N'a gueres avec un an. "Il n'y a guère plus d'un an (litt. en plus d'un an)" : Or advint, n'a gaires avecq ung an, que... (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 395).

 

b)

[Dans diverses constr. verbales]

 

-

Ajouter avec qqc. "Ajouter à" : Chiers et grans amis, j'ai recheü de par vous unes lettres qui moult me donnent a penser pour tant que vous me tenés a vostre compagnon et appellés a vostre consel et adjoustés avoec vos joieuses et amoureuses aventures, et me nommés sage et discré et digne de ce valoir et faire (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 60).

 

-

Compter avec. "Assimiler à" : Car je seroie trop honteus S'on me comptoit avoec les deus Qui onques d'amer ne dagnierent Ne nulles dames n'adagnierent (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 41).

 

-

Participer avec qqc. : Donques puisque ceste puissance ou partie d'ame participe aveques raison, il convient dire que elle est racionele aucunement. (ORESME, E.A., c.1370, 144).

 

-

Raccorder avec qqc. : ...et le toit d'icelle montée racortier et raccorder avec les autres tois (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 626).

 

c)

[Dans une constr. subst.] Subst. + avec + subst. "Comportant" : Un trop riche arc portoit o li, Trop bien fait et trop bien poly, Avec des fleches barbelees, Trop joliement empanees. (MACH., F. am., c.1361, 210). ...une houpelande courte, fourrée d'escurieux, avec un pourpoint de fustenne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 169).

B. -

En partic.

 

1.

[Marque l'accompagnement, la présence d'une personne auprès d'une autre ou bien d'une chose auprès d'une personne]

 

a)

"Auprès de, en compagnie de" : Tant dura la guerre et l'outrage Entre les dux de hault parage Qu'ovec grant gent de sa contree Ceste cité a Dieu donnee Vint li dux Estorge assegier (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 76). Chier frére et amis, Dieu vous mande, Que vous aveques nous veigniez. (Mir. enf. diable, c.1339, 53). Tu me desis Que tous jours aroie avoec mi Espoir et Souvenir ossi Et Douls Penser. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 43). Avoec moi menrai Atemprance (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 58). ...Ou mis aveques les dampnés, En prison ou en chartre obscure, Sans jamais veoir creature. (MACH., P. Alex., p.1369, 252). Et doit avoir un ou deux compaignons aveques soy, chascun ses levriers en sa main. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 288). Mes treschier amis, venés Avecque moy prier (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 179). Toutevoiez, le conte d'Artois aloit souvent a la court du roy et de la royne et passoit le plus de son tempz avecquez lez damez ez chambres et souverainement avecque la fille du roy (Comte Artois S., c.1453-1467, 111). Martin, mon filz, n'as tu pas volunté D'avecques moy chevaulcher jusqu'a Romme ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 168).

 

-

[Dans un grand nombre de constr. verbales]

 

.

S'allier avec qqn : Et depuis le filz et ses aliés ont achevé ce que le pere avoit commencé, et se sont aliés avecque les Anglois (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 227).

 

.

Converser / parler avec qqn : Puis qu'avoec euls voel converser, Il ne me pueent traverser Que je ne les mette a merchi. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 52). Item, il parle et converse differentment et autrement aveques ceulz qui sont en dignes et grans estas (ORESME, E.A., c.1370, 265).

 

.

Coucher avec qqn (sexuellement) : ...car bien est verité que couchier aveques la femme son voisin et ferir son prouchain et donner de sa main argent pour faire homicide, teles choses sont faites de legier et sont en la puissance des gens. (ORESME, E.A., c.1370, 321). Dit avec ce que en ycelui temps que elle coucha avec un carme de ladite ville de Rouen, au partir qu'elle fist de sadite chambre, elle mal print une grant nape de table, laquele elle vendi en ladite ville de Rouen (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 435).

 

.

Danser avec qqn : ...et après ce qu'elle ot danssé un petit esdites dansses avec un nommé Thomas Le Borgne... (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 341).

 

.

Se radouber avec qqn. "Se réconcilier avec qqn" : Ledict conte de Charroloys se radoba avec son père le mieulx qu'il peut. (COMM., I, 1489-1491, 11).

 

.

Traiter avec qqn : Et li messagier là estoient, Qui aveques le roy traitoient (MACH., P. Alex., p.1369, 122).

 

-

[Avec une idée de coopération] : ...de ester et seoir en assises et jugier aveques ses pers et compaignons (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 158).

 

.

Dispenser sur qqc. avec qqn. "Régler qqc. avec qqn" : Item, durant le temps que ledit frere Mathieu tendra la ditte prevosté ou que il aura chambre en la ditte eglise ou que il demourra en ycelle, il sera tenu servir a l'eglise et fere son office, a son tour, comme un des autres religieux prestes qui sont tenuz a chanter la grant messe et autres messes ; et quant aus autres services ou offices que les diz religieux sont tenuz fere en laditte eglise, ledit monseigneur l'abbé dispensera sur ce ovecques lui, toutes fois que il plera audit monseigneur l'abbé. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1386, 567).

 

-

[Marque la présence d'une chose auprès d'une personne] : Et je te promés, par ma foy, Que m'amour et le cuer de moy Aras toudis aveques toy (MACH., F. am., c.1361, 222). ...et paix seroit avecque vous (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 250).

 

b)

"Auprès de, chez"

 

-

[Avec un verbe impliquant une direction] : Fuions en, je vous pry, bon erre, Frerë, avec le bon saint Pierre [en sorte d'être auprès de] Et ovrerons de son conceil. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 168). ...je obeiray a la requeste de la pucelle, qui me fait tresgrant honneur quant elle me daigne appeler avecq elle (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 264).

 

c)

"À l'égard de" : Comment (...) sont les gens des trois estas avecques le roy de Visses (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 150).

 

d)

[Avec une idée d'opposition, d'hostilité] "À l'encontre de" : A la parfin, bataille est commencié avecquez les Sabins, laquele fut trop plus grant que n'orent esté les autres dessus dictes, car les Sabins ne vorrent point aler avant par courrous ou par couvoitice ne ne moustrerent point qu'il voulissent faire guerre jusquez a tant que il la firent (BERS., I, 1, c.1354-1359, 11.5, 18). Et le peuple appellé Scite, en la guerre qu'il eut avecques le roy Daire de Perse, se mist tousjours en fuyte jusques ad ce qu'il vint au lieu ou estoient les sepultures de leurs peres et predecesseurs, et illec se combatirent jusques a la mort (CHART., Q. inv., 1422, 12).

 

2.

[Marque la manière d'être ou d'agir] : Tres chiers et grans amis, avoec toutes recommendations donnees et envoiies dou tamps passé, je me recommande a present a vous com li tous vostres (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 163). La secunde condicion si est que oroison se face avecque douleur et pleinte (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 274). Et la, toute sa vie, en grant humilité et povreté, avec une tressainte vie, passa ses jours jusques au mois d'aoust, l'an de Nostre Seigneur mil IIIcXLV, que Dieu la prist en son tresglorieux regne. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 176).

 

3.

[Marque le moyen (concr. ou abstr.), l'instrument (qui suppose la présence simultanée du moyen ou de l'instrument en cause et ce sur quoi il opère)] "Moyennant" : Et fay conclusion finable Sur le mariage louable, Car l'espiritel par celli Puez tu acquerre avecque li. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 338). Prenez dou vin tiede, et avec un biau drap a tout vostre doy li lavez l'oreille trois ou quatre foiz le jour (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 119). ...et fit monter gens de pied derrière tous ses hommes d'armes et avec une lime sorde seyer une barrière à quoy lesditz Bourguignons se fioient (TRING., c.1477-1483, 272). ...se elle [la machoire] est rompue, soyt ramenee avec les doys mis dedans la bouche du malade et soyt reduite a son devoir. (PANIS, Guidon, 1478, tr.V, doct.1, chap.2). Aprés que la ventouse est appliquee une foys ou deux la ou est necessité, en l'espasse comprinse soyent faictes plusieurs scarifficacions ordonnees et profondes selonc le cuir avec lancetes ou rasoers. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.1).

 

4.

[Précédé de de marquant la rupture d'une concomitance, d'un accompagnement...] D'avec : ...car il a plus de trois ans qu'il se parti d'avec moy et de cest enfant que je tien (Bérinus, I, c.1350-1370, 50). Cy conmence un miracle de Nostre Dame de la fille d'un roy qui se parti d'avec son pére pour ce qu'il la vouloit espouser (Mir. fille roy, c.1379, 3). ...tantost se parti Et d'avec moy se departi Et s'en ala. (Mir. st Alexis, 1382, 309). Coupe le coul tout entour, res a res des espaules, par le bout de la hampe, et face tenir a un homme les costés et tourne le coul a force, si rompra d'avec les costés. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 180). Et s'enfuient d'avecques eulx Comme couars (LA HAYE, P. peste, 1426, 76). ...pour discerner les indignes d'avec les dignes (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 28). Et ennuy D'avec son cueur bannira (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 108). Vous cuidiez bien y estre le plus fort et que voz gens ne vous habandonnassent point ne ne bougeassent d'avec vous. (BUEIL, II, 1461-1466, 239). Je viens d' [avecque] ta femelle, J'ay tant scellé que plus n'en puis. (Sots, c.1480-1500, 263).

 

-

Hors d'avec : Mére, ne souffrez nullement Que hors d'avecques nous s'en voit (Mir. Berthe, c.1373, 197). Et einsi demuerent toute la sayson de l'esté les boucs hors d'avec les chievres jusques atant que le temps de leur ruit vient (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 71). Et Espoir mon chier amy tiens, Qui a maintesfois, par proesse, Bouté hors d'avec moy Destresse (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 48). Tous ses souspirs hors d'avec vous boutez Et plus ainsi en dueil ne radoubtez Et ne craignez soucy ne ne doubtez (Chasse am. W., a.1509, 59).

II. -

[Empl. adv. ; marque la présence simultanée] "En même temps, de surcroît" : A ce point estoit le glout sire du païs ou nous demourions, car il l'avoit acheté du grant avoir que on me donna, et avecques, cellui qui le vendi lui donna a moullier une sienne fille (Bérinus, II, c.1350-1370, 15). Mais je vous di bien qu'i convient Qu'il me serve set ans entiers, Et dix livres de voz deniers Avoir avec. (Mir. st Panth., 1364, 313). ...et avec [les damnés brûlés en enfer] ont vers qui touz jours rungent avec le feu (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 56). ...que nous deist verité où il avoit prins ledit chapperon, et qu'il avoit fait des autres choses qu'il avoit prinses avec. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 17). Si vous supply que vous lui veulliez prier que il la veulle prendre a moillier et le royaume d'Armenie avec. (ARRAS, c.1392-1393, 141). Item, ayez ung drappel moullié en viez oint, et mectez ou font du pié, et de la fiente avec. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140). Et, en la chambre de ses comptes Ot evesques et archevesques, Cardinaulx et papes avecques (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 65). Si dis que tel serviteur n'est ne bon ne loyal, car il aide son maistre à tresbuchier en enfer et lui meismes avec. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 87). Je sçay bien qu'il y appert largement, et aux draps de nostre lit avecques. (C.N.N., c.1456-1467, 266). Foy ne luy doy n'ommaige avecque, Je ne suis son serf ne sa biche. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 24). Et que on mecte cuire l'ognon, s'il n'y a assez gresse, et qu'on y mecte ung petit de boullon de beuf avec. (Recueil Riom L., c.1466, 76). Salomon son filz soigneusement Feit son sepulcre et obseques Et y meit pour decorement Oudeurs et grans tresors avecques. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 31). Vous aurez une region Et ung moult grant pays avecque Et de gens une legion (LA VIGNE, S.M., 1496, 406).

 

-

"Dans la même voie, de la même manière" : ...et quant je veoie qui mal en disoit, je me mectoie et aloie avec, et me consentoie au mal dire et affermer, a mon pouoir, du cuer, de la bouche et du corps. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 27).

 

-

"Parmi les présents" : Lors se arriverent et ancrerent au port, et manderent a l'abbaye que ilz ne se doubtassent pas, car c'estoient amis, et estoit le maistre de Rodes avec. (ARRAS, c.1392-1393, 91).
 

DMF 2020 - Synthèse de mot grammatical Robert Martin

 Article 7/23 
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     AVEUGLANCE     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLANCE, subst. fém.
[FEW XXIV, 36b : ab oculis]

"Éblouissement" : ...voiant son aveuglement, au plus estroit point de sa folie, [fortune] lui monstra son aveuglance, car à l'heure que plus cuidoit son règne estable et enforcié, le mist en éversion soudaine et toute confuse (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 331).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/23 
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     AVEUGLE     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLE, adj.
[T-L : avugle ; GDC : aveugle ; AND : avogle ; DÉCT : avugle ; FEW XXIV, 35a : ab oculis ; TLF : III, 1101a : aveugle]

I. -

Adj.

A. -

"Qui est privé du sens de la vue" : ...car nul ne doit improperer ou reprouchier a un homme ce que il est aveugle se il est tel de nature et de nativité ou par cause de maladie ou par une plaie. (ORESME, E.A., c.1370, 200). ...elle vit une fillete de l'aage de XV mois ou environ, laquele fu trouvée à Nostre-Dame de Paris après disner sur les carreaux, emprès une femme aveugle (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 530). Car en pou de jours la pouldre, qui corrosive estoit, luy gasta et mengea l'oeil, et par ce point aveugle fut et/ demoura. (C.N.N., c.1456-1467, 35).

 

-

Aveugle né/ estre né aveugle. "(Être) aveugle de naissance" : Maistre, a quoy a desservi Cest homme qu'aveugle il est né ? A ce par son pechiet esté Ou par pechiet de ses parens ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 99). Or ça, preudons, Dieu vous y sache, Bien viengniez, mandé vous avons, La verité sçavoir volons Se vo fils fu aveugle né . (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 101). Item est on pugnis en ceste vie pour Dieu, c'est a dire afin que Dieu soit glorefié, comme avons exemple en l'evvangile de Saint Jehan de l'aveugle néz, quant ses apostles lui demanderent : "Qui esse ?" (Somme abr., c.1477-1481, 178). S'il est pecheur, cela ne say je, Mais je sçay bien que, moy estant Aveugle né , il [Jésus] m'a fait tant Qu'homme au monde ne pourroit mieux. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 463).

 

.

Aveugle de nativité : Et de ce treuve len en l'hystoire rommaine que un qui estoit aveugle de nativité ot response des dieux que s'il aloit a l'empereur et lui priast de cuer tres humblement qu'il lui voulsist les yeux touchier de sa propre salive, qu'il se verroit guery oultreement. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 41).

 

-

[De la Fortune] : Ains deffent son fil qu'il ne croie Que Fortune tresbien ne voie Ne qu'elle soit borgne ou avugle (MACH., Voir, 1364, 752).

B. -

P. anal. [D'une chose] "Obstrué" : ...et toutevoiz il a esté devant dit en exposant l'amphorisme, car il est aucunes emorrides sourdes et adveugles dont il ne court neant ; pourquoy il semble que Gallien faille. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 163).

C. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Qui manque de discernement, de clairvoyance" : Mais Amour qui maint cuer aveugle D'yeus et de cuer te fist aveugle (MACH., R. Fort., c.1341, 100). Conment ay je esté si avugle, Si malostru, si fol, si bugle Que je ne l'ay pas ravisée ? (Mir. Theod., 1357, 93). ...la Mort (...) m'a tollu celle que tant amoye (...) Qui me guidoit, si bien m'accompaigna (...). Aveugle suy, ne sçay ou aler doye (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 89). Trop hault monter souuant chier couste Chascun en son faict est aveugle. (MART. D'AUV., La Dance des Femmes, éd. L. Götz, 1460-1508. In : Z. fr. Spr. Lit. 57, 1933, 324).

 

-

RELIG. "Qui manque de discernement ou d'intelligence spirituels" : Trop aveugle est et non sachant qui ne se congnoit (GERS., St Antoine G., c.1396-1403, 586).

 

.

[De l'âme] : Or ie te pry considere se tu ne te dois pas humilier en ceste vraie congnoissance de toy quant tu vois clerement ton ame chargee de pechiez, aggrauee de la pesanteur de ce corps mortel, intriquee et enlassee de cures et sollicitudes terriennes, infecte et corrompue de desirs charnelz, aueugle, courue, enferme, impliquee en plusieurs erreurs, exposee a mille perilz, en dangier de las infinis (CIB., p.1451, 198).

 

b)

"Qui refuse de voir, de comprendre" : J'ay alheurs paraboles mis, Lesqueulx voyans aveugles sont, Et en ouyant sourtz deviendront. [Réf. à Luc 8, 10] (Pass. Auv., 1477, 137).

 

c)

[De la Fortune] "Qui agit sans discernement" : Or ay je perdu beauté, bonté, doulcour, amistié, sens, courtoisie, charité, humilité, toute ma joye, tout mon confort, toute m'esperance, tout mon eur, mon bien, mon pris, ma vaillance, car tant pou d'onneur que Dieu m'avoit prestee me venoit de vous, ma doulce amour. J'ay fait le borgne. Aveugle Fortune, dure, sure et amere, bien m'as mis du hault siege de ta roe ou plus bas et ou plus boueux et ort lieu de ta maison (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

2.

[D'une chose abstr.]

 

-

[D'une passion] "Qui trouble le discernement, qui empêche de voir" : O tu, aveugle charnalité, se tu pouoyes ouvrir les yeulz de ta pensee, et regarder en la lumiere de vraye foy le bien, le louyer, le royaume et la gloire en laquelle sont entrés saint Pierre et saint Pol (GERS., P. Paul, a.1394, 490).

 

-

[D'une faculté intellectuelle] "Qui ne voit pas clair, qui ne comprend pas bien" : ...o souveraine bonté, o inextinguible lumiere, o richesse essentielle, dont tout aultre bien vient, procede et descend, tant d'aultres avantageux dons m'avez faict et faictes, chacun jour et heure, qu'en y pensant mon cueur default a les nombrer, mon entendement est par insuffisance aveugle et de feblesse offusqué, dont au reciter trouve ma langue mutte, qu'estoit ce, est ou sera de moy sans vous ? (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 32).

II. -

Subst.

A. -

"Celui, celle qui est privé(e) du sens de la vue" : Sy avint, ainsi comme Berinus s'en raloit vers ses nefz entre lui et son garçon, il encontra un aveugle que l'en menoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 49). Helas, nous trouvons plus grant nombre de cheulx qui veullent ensievir l'aveugle, dont mention est faite en l'Euvangile, que de cheulx qui veullent faire ainssi que l'Apostre (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 237). Les avugles fait veoir cler Et les contraiz fait droit aler (Mir. st Panth., 1364, 338). Et dit que le lundi avant la Saint-Jehan-Baptiste derrenierement passée, il et un autre avugle alerent seoir ensemble sur la chaucée enmy la villete Saint-Ladre, lez Paris, pour demander les aumosnes aus passans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 422). ...[elle] fu emprès elle qui parle bien deux heures jusques à ce que une norrisse vint à ladite aveugle (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 530). Item, le chasteau de Lazaire, que Nostre Seingneur resuscitat. Item, natatoire Siloé, la enlu[m]inat [l']aveigle.. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 74). De tieulx y a et de malades, A grant foison, a couleur fades, Des avugles et des contrais (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). "Vous (...) procederés en voz faitz comme l'aveugle qui va tastonnant a la paroy, et ne se scet a quoy affermer, ne en quel endroit il en est." (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 81). ...et lors chanterent ceulx de l'eglise, et au pasté jouerent de vielles les aveugles. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 360). Au jour d'uy ceste prophetie Que j'ay lite en Yzaye Est accomplie en voz oreilhes, Car je faiz toutes ces merveilhes. Je guaris aveugles et ladres, Contraiz et tous autres malades, Demonïacles et enracgés. (Pass. Auv., 1477, 116). Sur nature sont celles ausquelles nulles sont pareilles en nature, ne aussi en la puissance de nature, comme que une vierge enfante. Mais contre nature sont les choses qui se font contre l'usage de nature, toutevoies elles se terminent et conforment selon nature, comme de illuminer et faire veir ung aveugle. (Somme abr., c.1477-1481, 162). LE JUIF. (...) Ce Nicolas si fait merveilles. De ces miracles m'esmerveilles. (...). Aux sours il refait les oreilles, Contrefaictz il fait droit aller, Aveugles veoir cler, Parler les muetz, Tous maulx met au cler. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 79).

 

-

Prov. [P. réf. à Matth. XV, 14] L'aveugle mene l'aveugle : ...c'est assavoir que l'aveugle maine l'aveugle et tous deux cheoient en la fosse. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 310). Et vous le veez par exemple : car, quant ung aveugle maine l'autre, ce n'est pas de merveille se ilz cheent tous deux en une fosse. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 17). ...mais quelque cause qui t'y meuve, tu fais mal et en ce faisant tu ressembles l'aveugle qui meine l'autre aveugle, et tous deux trebuchent en la fosse. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 128).

 

.

L'aveugle n'a que faire de chandelle : Mais je m'en tais a tant, car ly awulles n'a que faire de chandelle et li sours n'a que faire de sermon. (Ysaÿe Triste G., p.1400, 71).

 

-

Juger, parler de qqc. comme aveugles de couleurs : ...ilz jugent d'icelles maladies comme un adveugle fait des couleurs et comme un sourt fait des oyans (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 224). ... "Je resemble a l'avugle qui juge des coulours, et a certaines femmes d'Orient qui pour argent pleurent les mors a leurs exeques. Elles pleurent fort et laidement, se demainent par usage, et toutefois dedens leurs cuers elles ne sentent point de dolour, ainsi est-il de moy chetif..." (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. G.-K., c.1384-1389, 14). Ceulx le scevent qui l'ont essayé, combien que parler n'en puis - dont il me poise -, ne mais ainsi que l'aveugle des couleurs. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 23). Chascun diroit qu'entre les rassotiz, Com avugle des couleurs jugeroye (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 305).

B. -

Au fig.

 

1.

"Celui, celle qui est privé(e) de la vision de Dieu" : Tu [ange] le vois bien et cognois, je suy ta povre aveugle, recluses en horribles et parfondes tenebres de ceste prison sa jus (GERS., Mendicité G., 1400-1401, 249).

 

2.

"Celui qui ne veut pas voir, qui ne veut pas comprendre"

 

-

Faire l'aveugle et le sourd : Et plus si ne vous merveillez De ce qu'on dit et fait a court, Ne dictes mot, dormez, veillez, Se vous parlez, faictes le court, Faictes l'aveuglë et le sourt Et ayez tousjours grans oreilles, Se bien scavez faire le lourt, A la court vous verrez merveilles. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 198).

REM. Morphol. : l'aveugle, subst. fém. peut donner la veugle ; d'où les veugles, les vougles... : En quele lu les contraitz furent redressez, les vougles ressurent lour veue, et les sourdes le oye (Chron. London A., c.1350, 46).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 9/23 
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     AVEUGLEMENT     
FEW XXIV 36b ab oculis
AVEUGLEMENT, subst. masc.
[T-L : avoglement ; GDC : aveuglement1 ; AND : avoglement ; FEW XXIV, 36b : ab oculis ; TLF : III, 1103a : aveuglement]

A. -

"État de celui qui est aveugle" : ...quant fu demandé Pour cil qui fu avugle né Quel cause il y povoit avoir, Il respondi que pour vëoir Les euvres Dieu tant seulement Il avoit cel avuglement. (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 1002).

B. -

"État de celui qui est aveuglé" : Car mal n'est autre chose que deffaut de bien, ainsin comme avueillement n'est que deffault de lumiere. (Élucidaire V, K., p.1400, 403).

C. -

Au fig. "Égarement, trouble, aveuglement ; en partic. état de l'âme dont le sens spirituel est obscurci" : ...ceste vile deesse (...) par le vice de son avuglement et de son outrecuidance orgueilleuse (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 292). Chil doi coer estoient (...) Si abuvré de tout reviel Et si garni d'aveulement... (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 118). Mais faisons tout et vivons comme se jamais ne deussions mourir. Si vaurions bien congnoistre d'ou vient tel aveuglement a cuer humain (GERS., Dial. spirit. G., c.1407, 162). Semblablement telz doubtes à ceulx qui les font par ce que à l'oeil ne voient les puet mettre en l'avuglement d'erreur par trop investiguer et vouloir enquerre (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42). Confesse maintenant ce que tu ne peus denyer (...) et requier Dieu qu'il te pardonne ton aveuglement et ta folie (CHART., Q. inv., 1422, 28). Don vient cest aveuglement Qui si maleureusement Et tant douloureusement, Par fautte d'entendement, D'advis et de sentement, Maintient cest esloignement Si longuement ? (CHART., L. Paix, a.1426, 416). Il est possible que vaine gloire et presumption le mettra en servitude de peché, et lors triumphera sur lui orgueil qui par l'aveuglement d'arrogance le fera trebuchier soubz toy quant au monde, et soubz Dieu en damnation pardurable. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 154). ...et aussi congnoistre vous mesmes, qui est ung des grans sens que ung homme puisse avoir quant veritablement sans aveuglement il se congnoist. (JUV. URS., Nescio, 1445, 452). ...l'aveuglement de leur ydolatrye. (MILET, Épître épilogative, éd. M.-R. Jung, 1452. In : Trav. Ling. Litt. 16-1, 1978, 257). ...comblesse de vaine gloire le mena jusques en aveuglement (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 47). Dont dit Seneque que bien estoit Allexandre different et non semblable a celluy qui souffroit ceste injure, et met en ce la dissimilitude, car Calestorum, qui souffroit le injure, estoit juste et vertueux, et Allexandre, qui pour l'aveuglement de son yre luy faisoit le injure, estoit injuste et tyrant. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 243). ...l'appetit de la glore ou grace qu'il desire avoir des hommes le maine en ceste cecité et aveuglement de faveur (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 253).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 10/23 
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     AVEUGLÉMENT     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLEEMENT, adv.
[GDC : aveuglement2 ; FEW XXIV, 36b : ab oculis ; TLF : III, 1103b-1104a : aveuglément]

"Aveuglément, sans réflexion" : Et de fait aveuglément les aucuns, et bien simplement, mirent leurs sceaux, parce que ils véoient que autres notables personnes et nobles y avoient mis le leur (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 174). [GDC VIII, 256b]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/23 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     AVEUGLER     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLER, verbe
[T-L : avogler ; GDC : aveugler ; AND : avogler ; DÉCT : avogler ; FEW XXIV, 36a : ab oculis ; TLF : III, 1104a : aveugler]

A. -

Au propre

 

1.

Aveugler qqn

 

a)

"Priver qqn de l'usage de la vue" : Et quant il [le serviteur] retourna, il [le maître] commenda qu'il fust aveuglé [var. aveuglié et eust les jex crevez] (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 437). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348] Et ensois qu'il fust de(s)juglés De son seul oeil et avuglés, Souventes fois estoit assis Sur un perron gros et massis (MACH., Voir, 1364, 628).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : De ce faulx vilain [Dangier] aveugler, Dieu scet se j'en suy desireux ; Nul ne le peut aprivoiser, Tous temps est si soupeçonneux (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 94).

 

b)

"Empêcher momentanément qqn de voir clair, éblouir qqn" : Car comme ce soleil corporel que nous veons par dehors dechasse en sa venue toutes tenebres obscures et nous rent lumiere et couleur partout, pareillement avint en la nouvelle naissance de saint Pol, laquelle se feist en sa conversion, quant il fut aveuglé par dehors par la clarté soudaine du ciel, pour mieulx veoir au par dedans en l'ame (GERS., P. Paul, a.1394, 498).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : [Fortune] Les bras et le pis a d'argent, Mais ce n'est que decevement, Car ce qu'il luisent clerement, Les yeus esbloe Et aveugle [var. avugle] de mainte gent Cui elle promet largement, Et en son pis couvertement Traïson noe. (MACH., R. Fort., c.1341, 38).

 

2.

Empl. intrans.

 

a)

"Devenir aveugle" : Comment la mere Sainte Genevieve aveugle pour ce qu'elle li donna une bufe, et comment Dieu ly rendit la veue par lez prieres et merites de la dite vierge sa fille. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 65). Saillecoques est vng poisson de mer oriental selon le liure des natures des choses merueilleuses car il nourrist en soy la solle et ayde et met sa substance a nourrir les aultres poissons. Et de la pluie il en aueugle tant lui nuyst merueilleusement et en meurt de fain et de poureté. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 496). Encore m'a il plus compté, Qu'il dit que ceste pierre la, L'homme qui la regardera, S'il est entaichié de pechiez, Aveuglera, bien le sachiez (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 445).

 

-

[Des yeux] : Ceculco (...) oculi mei ceculcant : mes yeux aveuglent (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 58).

 

b)

"Être privé momentanément de la vue" : Et quant il veoit gens plourans et moulliez de lermes ilz lui faisoient si grant pitié qu'il en aueugloit. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 496).

B. -

P. anal. [D'une chose] Aveugler qqc. "Obscurcir qqc." : ...mais sitost comme le chevalier vermeil se bouta en la merlee, tout ainsy que la nuit avueugle le jour, ses grans fais aveuglirent [sic] tous aultres, ou ainsy comme le soleil oste aux estoilles leur clareté. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 102).

 

-

"Faire disparaître qqc." : Aristotes si dist que lait N'est nulle autre chose que sanc Qui est müé et tout fait blanc Par decoctïon de chaleur Qui li avogle sa rougeur. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 144).

C. -

Au fig.

 

1.

Aveugler qqn. "Rendre qqn incapable de discernement, troubler le jugement de qqn"

 

a)

[D'une pers., du diable] : Par foy, moult ay ores grant dueil de vous, quant une telle femme vous a ainsi deceü et tellement affolé et aveuglé que vous n'oserez faire chose qui fust contre sa volenté, et si est femme de telle condicion que nulle personne ne pourroit avoir honneur de elle ne de s'acointance et moult estes empiré de sa compaignie. (Bérinus, I, c.1350-1370, 28). Et sont tous les bourgois avoeuc lui accordés Par le forche d'argent dont lez a avullés (Cip. Vignevaux W., p.1400, 121).

 

-

RELIG. : Parquoy [le diable] s'efforce de l'ame devote aveugler et la priver de l'amour de Dieu et de sa grace (Disc. amour divine, 1470, 96).

 

-

Estre aveuglé de qqn. "Être troublé dans son jugement par qqn, être entiché de qqn" : ...tout ce consenti le roy Richard, car il estoit si aveuglez de ce duc d'Irlande que se il desist : "Sire, cecy est blancq", et qu'il fust noir, le roy n'eust pas dist le contraire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23).

 

b)

[D'une chose] : Or les at pechie aueulleis (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 223). Par avoir sont souvent maint preud'omme aveulé. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 108). ...le duc d'Irlande (...) estoit si enamourez et si aveuglez de l'amour de la desusdicte, que il se vouloit desmarier, et lui promettoit que il la prenderoit à femme et en feroit le pape de Romme dispenser (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 47). Tu as beauté corporelle, mais saiches que trop plus belle, plaisante et desirable est celle de ton ame, a laquelle garder tu doys mettre toute ta cure, o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil, noire et tachee par envie, aveuglee et chascieuse par mescreance et ignorance... (GERS., Concept., 1401, 418). Gens aveuglés d'onneur, seigneurissans verbaument sur lez povres, et vrays subgietz et serfz d'iniquités et de vices, pensés que de cil qui vous a donné naistre procede vostre seigneurie, et cil qui vous fait retourner en pouldre, et en vers pourir, la vous peult tollir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 67). ...car il n'est si sage que ire ne aveugle de entendement (JUV. URS., Nescio, 1445, 471). ...mais ces grans faultes que je diz estoient euvres d'hommes aveugléz de gloire, qui ne congnoissoient point dont ce bien et honneur leur venoit (COMM., III, 1495-1498, 102).

 

c)

Estre aveuglé : Je sui advuglé. Dieu m'a le veoir tout osté (Mir. st Guill., c.1347, 40). ...[les seigneurs qui ont des "marmousets"] sont plus que folz, car ilz sont tous aveuglez et si ont deux yeulx (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 227). Et non tant seulement ilz [les grans seigneurs et dames, roys et roynes] en sont enyvrez [par la flatterie], mais ilz sont avuglez et jugent de noyr blanc et de blanc noir, de tenebres lumiere et de lumiere tenebres. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 235). Mais tant estoient arudis Et avuglez en leurs malices (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 184). Les jennes ne poeuent oyr la doctrine des vieulz et cuident estre si sages que l'en ne leur sache rien monstrer. (...) O, que malditte et aveuglee jennesse ! (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 157). ...et que les deux princes, au commancement, y furent aveugléz et se faisoient la guerre sans en entendre les motifz (COMM., I, 1489-1491, 183). Meschans gens remplys de misere, N'estes vous pas bien aveuglez ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 446).

 

-

[De la Fortune] : A la louange et exaltation de tous nobles et excellens corages, a la recreation de vertueux esperis et a la recordation des cas doloreux (...) touchant l'aveuglee, incensee, obscure et muable Fortune (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 49).

 

-

Estre aveuglé d'entendement ("dans son entendement") / en raison ("dans sa raison") : Et y a plusieurs, tant Anglois que François (...) qui sont aveuglez d'entendement et vraye congnoissance, ausquelz [il] semble lesditz argumens avoir couleur et apparence (JUV. URS., T. crest., c.1446, 16). Maintenant qu'elle [l'âme] est par ignorance aveuglee en raison (Disc. amour divine, 1470, 24).

 

-

"Perdre de vue les biens célestes (aveuglement spirituel)" : ...tu entens et desires venir a l'estat de perfection et non pas a la science mondaine, en laquelle plusieurs sont aveuglez (Trés. sapience G., a.1400, 346).

 

d)

[P. méton. de l'objet] Aveugler qqc. (une faculté de l'âme, une croyance...) : Mais quant la concupiscence ou delectacion n'est moderee, refrenee et actrempee par la vertu d'actrempance, et donques ceste concupiscence absorbe, obnubile, aveugle le jugement et la cognoissance de cest principe. (ORESME, E.A.C., c.1370, 339). Viennent Ire, Envie et Hayne qui aveuglent l'ame, et doloreusement la tourmentant. (GERS., Purif., 1396-1397, 65). Si est a doubter que la verge de punicion divine soit sur nous pour noz pechiez, et que l'oscurté de noz vies et corrumpues meurs aveugle en nous le jugement de raison (CHART., Q. inv., 1422, 6). Par leurs parolles espoventables et trespercans le cueur et la pencee m'avoient ja ces troys derroiees et sedicieuses deceverresses bestourné le sens et aveuglé la rayson (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 21). Mais pour mon voyage acomplir, Vo rude engien veul supplier, Et vostre aveuglée rudesse, Dit vous ay que je sui l'adresse Par qui nuls ne peut forvoier, Mais par moy se puet ravoier Qui mes dis volra retenir (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 126). ...maiz la doubte de perdre son royaulme, et la mauvaise et desloyal voulenté qu'il [Edouard] avoit, luy avugloyent l'entendement. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 36). C'est a dire, mon ami, que yre et couroux empeschent et aveuglent le couraige de la personne en telle façon qu'elle ne puet regarder a ce qui est vray (LA SALE, J.S., 1456, 19). Pechié est moult a haïr qui aveugle l'entendement et debilite la volonté (Disc. amour divine, 1470, 300).

 

-

Aveugler les yeux : Il est assavoir que avarice est rachine et commencement de tous maulx et celle qui plus adveugle les yeulx de l'homme. (BUEIL, I, 1461-1466, 127).

 

e)

"Tromper qqn/qqc." : L'albit de moisne ai pris pour le chiècle aveuler, Car je ne m'oseroie autrement amonstrer ; Car sé on me pooit connoistre et aviser, On me feroit tantost à fourches traiëner (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 103). ...ainsy doit il dissimuler [son courroux] Pour s'amie mieulx awuler, Car elle espoir s'en mocqueroit, Lors que courrouchie [l. courrouchié] le verroit (Échecs amour. Koert., c.1370-1380, 38). Et pour .I. traïteur, que Damedieu cravent, Qui aveula ton cors pour donner son argent Et toy meïsmez vaut mener a ffinement, Voez honnire cellui qui t'aimme lealment. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 691). Vous devez savoir que l'accoinctance et alliance que le clerc eut a sa maistresse a laquelle diligemment servoit et complaisoit, qu'il n'estoit pas mains diligent de servir et complaire a son maistre, jasoit que en toutes fassons aultres ce fust, et ce pour mieulx couvrir son fait et aveugler les jaloux yeulx de celuy qui pas tant ne se doubtoit qu'on luy en forgeoit bien la matere. (C.N.N., c.1456-1467, 93).

 

-

Aveugler l'envie : Pour ce que je suis a present Avec la gent vostre ennemie [les Français], Il fault que je face semblant, Faignant que ne vous ayme mye [Bourgogne] (...). Tous maulx de vous je voiz disant, Pour aveugler leur faulse envye (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 149).

 

2.

Empl. intrans. Aveugler. "Être aveuglé" : Las ! au jour d'ui voy mainte creature De ces .V. sens laidement habuser, Et en user contre toute droiture, Estre muyaux et de sens aveugler, Taire le bien et la mal eslever (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 53).

 

3.

S'aveugler. "Entraver soi-même le libre exercice de ses facultés ; se leurrer, se faire illusion" : Car Dieu sa grace aucune fois decline De l'omme qui s'aveugle en luxure (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 4883). Or prennent ilz a coup auctorité usurpee et puissance non deue, et se aveuglent en la vanité de leur fortune (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 12/23 
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     AVEUGLERESSE     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLERESSE, adj. fém.
[FEW XXIV, 36b : ab oculis]

"Qui éblouit (ici au fig.)" : [Le duc] avoit coutume de fuir mélancolie et toutes occasions de courroux, parce que les sentoit ennemies de vie humaine et aveugleresses de raison (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 442).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/23 
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     AVEUGLERIE     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLERIE, subst. fém.
[T-L : avulerie ; GD : aveuglerie ; FEW XXIV, 36a : ab oculis]

A. -

"Cécité" : Et [dia], je n'y voy aucun hui. Dont nous vient ceste aveuglerie ? (Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 172).

 

Rem. LE MUISIT, c.1347-1353, ds T-L I, 785. CORBECHON, Propr. choses (ms.), 1372, et éd. Lyon, 1485-1486, ds GD I, 525b.

B. -

Au fig. "Aveuglement (de l'esprit)" : Telz gens par leur ebrieté ou aveuglerie ne l'entendent point (Internele consol. P., 1447, 104). Se nous voulons vraiment estre enluminés et de toute aveuglerie de cuer estre delivrez... (Internele consol. P., 1447, 270). Va, meschant pecheur devoyé, Homme imparfaict et vilain monstre ; Ton aveuglerie note et monstre Que tu es mauldit et dampné ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 178). [aveugleté ds GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 193]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/23 
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     AVEUGLESSE     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLESSE, subst. fém.
[T-L : avoglece ; GD : aveuglesse ; AND : avoglesse ; FEW XXIV, 36a : ab oculis]

"Cécité, aveuglement" : ...le murtrissement du roy Agamenon qui lui advint par Clitemestra sa femme, la pareceuse vie de Hercules filant ou giron de Yolis s'amie, et l'aveuglesse de Sampson. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 211).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 15/23 
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     AVEUGLETÉ     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLETÉ, subst. fém.
[T-L : avogleté ; GD : aveugleté ; FEW XXIV, 36a : ab oculis]

"Cécité" : Cecitas (...) : avugleté (Aalma R., c.1380, 55). Item effossion des yeulx esracier et les extraire est cause de aveugleté perpetuele. (Somme abr., c.1477-1481, 177). Va, meschant pecheur desvoyé, Hom contrefait, desplaisant monstre, Ton aveugleté note et monstre Que tu es en ton peché né. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 465).

REM. Ex. d'a.fr. ds GD I, 525b ; P. FARGET, Miroir vie humaine (éd. 1482) ; Jardin de santé, c.1500 ...
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 16/23 
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     AVEUGLIER     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLIER, verbe
[GD : aveuglier ; FEW XXIV, 36a : ab oculis]

"Aveugler" : En tel point fu trouvez contre averse partie Qu'il n'avoit armeure qui ne soit dépecie ; Par la bouche li saut le sanc qui l'avoglie (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 39).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 17/23 
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     AVEUGLIR     
*FEW XXIV ab oculis
AVEUGLIR, verbe
[T-L : avoglir ; GD : aveuglir ; *FEW XXIV, 36a : ab oculis]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Aveugler" : Quant li roy l'entendy d'aïr fu moult espris, Dont regarda Maugis qui sambloit aveulis. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 900). L'achier y enbara par itel couvenent Que toute le cervelle ly abat et estent, Du sanc est aveullis (Hugues Capet Lab., c.1358, 217).

B. -

Au fig. "Ternir l'éclat de" : ...mais sitost comme le chevalier vermeil se bouta en la merlee, tout ainsy que la nuit avueugle le jour, ses grans fais aveuglirent tous aultres, ou ainsy comme le solleil oste aux estoilles leur clareté. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 102).

II. -

Empl. intrans. "Devenir aveugle" : LAMETH commence : Je me sens quasy aveuglir Par ung brassement non pareil, Car j'ay eü ung grant traveil A entretenir mes deux femmes. Je suis le premier des bigames Qui suis pugny selon mes jeulx (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 119).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Aveugle" : Quant li roy l'entendy d'aïr fu moult espris, Dont regarda Maugis qui sambloit aveulis. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 900). Je vous ay veu fort regarder Ce povre homme icy aveugly. Qui pecha, ses parens ou luy, Dont tel faulte luy soit escheue Que d'estre né privé de veue ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 188).

REM. Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 420. Ex. de Baud. Sebourc B., c.1350, et de FROISS. (éd. Kervyn) ds GD I, 525c.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 18/23 
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     AVEUGLISSANCE     
*FEW XXIV ab oculis
AVEUGLISSANCE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 36b : ab oculis]

"Aveuglement (de l'esprit)" : Ce qu'il i a tant d'yex, luisans sans cognissance, Et qu'il ne voient riens, mostrant sans comparance Qu'amans ait a merci l'eul par grant desirance. C'est uns plaisans deduis et une aveulissance. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 95).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 19/23 
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     AVEUGLISSEMENT     
*FEW XXIV ab oculis
AVEUGLISSEMENT, subst. masc.
[GD : aveuglissement ; AND : avoglisement ; *FEW XXIV, 36b : ab oculis]

"Aveuglement (de l'esprit)"

REM. Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495. In : P. Demarolle, 4e Colloque, Amsterdam, 1985, 5 (aveulissement).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 20/23 
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     DEVANTRIEN     
FEW XXIV ab intus
DEVENTRIEN, adj.
[T-L : deventriien ; GD : deventrien ; FEW XXIV, 33b : ab intus]

[D'une pers.] "Qui est dedans"

 

-

"Qui est de tel pays, nation, ville...(p. oppos. à qqn vient de l'extérieur)" : ...Ly evesque Alixandre celle gens afforaine (Lyge, Huy et Dynant, qui sont gens deventraine) At servit luy-meismez, de pensee excellaine, Et trestuis ly canoinez, dont la plache fut plaine, Car par conte en astoit une quarante chinquaine (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 643). ...comment tout ly paiis fut apovris des grandes talhes et creneis que les sangneurs devantrains et defourtrains y fisent (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 126).

 

-

Empl. subst. [Dans un tournoi] "Celui qui habite le lieu où se tient le tournoi, celui qui invite" : Et y avoit tant d'aultres chevaliers qu'a merveilhe, mais cheaux furent deforains. Et les deventrains sont Basin, le conte de Huy (...) et ly conte de Henau (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 176).

 

Rem. JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 676 (v.13963, deventrens).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 21/23 
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     VEUGLE1          VEUGLE2     
*FEW XXIV ab oculis
VEUGLE, subst. masc.
[*FEW XXIV, 35b : ab oculis]

"Aveugle" : ...les vougles ressurent lour veue, et les sourdes le oye (Chron. London A., c.1350, 46). Dieus dist, et c'est tout verité, Qe si l'un voegle soit mené D'un autre voegle, tresbucher Falt ambedeux en la fossée. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 230).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 22/23 
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     VEUGLESSE     
*FEW XXIV ab oculis
VEUGLESSE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 35b : ab oculis]

"Cécité, aveuglement" : L'un ad clarté, l'autre ad voeglesce, L'un ad desport, l'autre ad destresce (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 123). O fole Avanterie, Comme tu es pleine de voeglesce, Qant tu te fais de gentillesce Avanter, et tu n'el es mye : Terre es et terre au departie Serras... (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 140).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Hiltrud Gerner

 Article 23/23 
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     VEUGLETTE     
*FEW XXIV 36a ab oculis
VEUGLETTE, subst. fém.
[*FEW XXIV, 36a : ab oculis]

À veuglette. "À l'aveuglette" : Je laisse aux vivans d'amourectes, Qui marchent dessus espinetes, Faire des chasteaulx en Espaigne, Puis aler toucher les clicquetes Des huys de leur dame aveiglectes [l. a veiglectes] Et baiser seulement l'anseigne. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 61). Mais d'aller ainsy aveuglectes [l. a veuglectes], L'on chiet, qu'on ne s'en donne garde (Amant cord. M., 1490, 34).

REM. Aussi Doc. 1457. In : A. de Reilhac, Jean de Reilhac, Secrétaire, Maître des comptes ..., Paris, t. 2, 1887, 206 (...lequel Jacquemin sans dire mot se recula et luy fist voye et apres qu'il luy eust fait voye il s'en sault sans riens dire et en soy devalant aveuglette [l. a veuglette] et sans clarté). O. Bloch, R. Ling. rom. 11, 1935, 316-318 : formule l'hypothèse de aveuglette, sur à mucette "en cachette". Mais il faut supposer à aveuglette, qui n'est pas attesté. L'existence de veugle "aveugle" fait préférer une lecture à veuglette.

V. aussi veugle1
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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