Empl. pronom. "Se mettre en possession de qqc., saisir" : ...et consideranz le grant profit et emolument que ledit seigneur pourroit avoir ou temps à venir ès diz marestz, se eulx se perseverent à demourer illec, eusson fait defendre, de par ledit seigneur, que nul ne feust si hardi qui se assaisinast, ne qui sanz licence et congié dudit seigneur y alast (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1336, 101).
 

Empl. trans. Assaisir qqn de qqc. "Mettre qqn en possession de qqc." : Apres [l. aprés], l'an M et CXXII, at empris Ly evesque Alberon, de quoy je vous devis[,] Acqueire hiretaige, dez queis fut assaisis Mult de povrez engliesez (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 632).
 

A. -

DR. "Action d'aliéner le bien de qqn, dépossession" : Et enseurquetout, quant a faire la dessaisine de la dite rente, vendue comme dessus est dit, en la main du receveur de la visconté de Paris, ou nom dudit nostre seigneur le roy et pour lui, duquel la dite rente meut comme dit est dessus, lesdiz vendeurs firent et establirent pardevant les diz jurez leur procureur et certain messagé especial, ou nom d'euls et pour euls, Jehan de la Boiste, vallet drappier, auquel il donnerent et ottroi[er]ent povoir, auttorité et mandement especial de ce faire et toutes autres choses qui a ce appartiennent, tout aussi comme il feroient et pourroient s'il y estoient presenz (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1337, 75). [aussi p.85, 126, 147, 207...] Entre les relligieux, abbé et couvent de l'église de Saint Vaast d'Arras, d'une part, et le procureur des eschevins, communité et habitans de le ville d'Arras, d'autre part, s'asist un procés en cas de nouvelleté sur dessaisine des dis eschevins (Hist. dr. munic. E., t.1, 1374,,, 386). ...se aucun faisoit adjourner aucune personne par devant son juge et forme sa demande contre lui, sur cause de spoliacion, et il le fait adjourner dedens l'an, cilz qu'il fait adjourner sera tenu de respondre, ne n'aura point de jour d'apensement, pour ce que la nouvele dessaisine et la nouvele spoliacion et le nouvel trouble ne sont pas surannéz. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 147). ...touchans certaines clameurs de briefz de nouvelles dessaisines prinses par lesdiz religieux ou leur procureur sur l'emprisonnement dudit abbé (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1426, 91).

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L et GD. F.L. Ganshof, Féodalité, 3e éd., 1957, 190-191.

B. -

P. ext. "Spoliation" : ...por trestoute rapine, Murdre, larchin, et tolte, et d'autre disaisine (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 506).
 

A. -

DR. "Renoncer par dessaisine à un droit" : Item, a mes povres clergons [deux très vieux chanoines de Notre-Dame], Ausquelz mes tiltres resigné - Beaux enffans et droiz comme joncs Les voyant m'en dessaisiné -, Sans recevoir leur assigné, Seur comme qui l'aroit en paulme, A ung certain jour consigné, Sur l'ostel de Gueuldry Guillaume. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 106).

B. -

P. ext. "Déposséder" : Ly jovene Ystause l'at vendut, la desaisine De mult noble joweal et de franche doctrine... (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 735). LUCIFER. Faulx serpens, nous les perderons [les prisonniers de l'enfer] Et en serons dessaisiné. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 312). LUCIFER. Haro, dyables, nous nous perdons S'enfer en est desaisiné. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 373).
 

I. -

Empl. trans. Dessaisir qqn de qqc.

A. -

"Déposséder qqn de qqc. (d'une terre, d'un domaine, d'une possession...), dessaisir qqn de qqc."

-

[Avec l'accord de celui qui est dépossédé (qui cède son bien)] : Et pour dessaisir les diz mariez, ou nom et pour les diz enfans, de la dicte maison ascensee, comme dit est, et en faire saisir le dit Jàques de Saint Benoit, yceulz mariez firent, ordenerent et establirent leur procureur general, sanz rappel, Perrin le Feutrier, auquel, seul et pour le tout, il donnerent auctorité et mandement especial de ce faire et tout ce qui en tel cas appartient a faire (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1365, 288). Jugement (...) que dit coment une femme qui ait enffans de son premier mariaige ne puelt mie vandre son heritaige pour enherteir lour dairien enffans, se donque n'est qu'elle soit bien dessaixie on temps de son vafvez. Segneur Piere Noirel, Collignon Reingnillon, Jehan Reingnillon l'annei. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1367], 435-436).

-

[De force] : ...et lui prenostica les grans guerres qui viendroient entre lui et Henri, duc de Normandie, qui print la femme dudit roy Loys qu'il avoit repudiée, pour ce qu'elle estoit sa cousine, à cause de quoy ledit duc de Normandie pretendit la duché de Guienne qui appartenoit à elle, et en fut desaisi ledit roy Loys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 117 v°). Florentins, qui se veoient destruitz, si par quelque grant inconveniant ne se ressourdoient, pour estre dessaisiz de Pise et aultres places dont il a esté parlé, fournissoyent huyt cens hommes d'armes et cinq mil hommes de pied, et cela à leur despence (COMM., III, 1495-1498, 275). Laquelle seignoirie de Cleremont, dont ledit conte Dampmartin avoit jouy et dont il avoit esté receu en foy et hommaige par ledit Phelippe, duc de Savoye, luy fut ostée après le decès dudit roy Charles VIIe, et en fut dessaisy par force et violance, et remise en la main du duc de Savoye, son fils, lequel, non recognoissant les services que luy avoit faitz ledit conte de Dampmartin, qui n'estoient pas de petite estimacion, remist en ses mains ladicte baronnie de Cleremont (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 146).

-

En partic. "Déposséder un tribunal d'une affaire" : ...on ne veult point que les subgés du roy soyent dessaisis de ce dont on les treuve saisis sans les ouyr (JUV. URS., Verba, 1452, 375).

B. -

P. ext. Dessaisir qqn de qqn/de qqc. "Enlever qqn/qqc. à qqn" : Et tantost que Logres fu descendu, il prinst ..ZZZX.. de ses plus souffisans chevaliers et les envoya aux Rommains et leur commanda qu'il dissent a Berinus qu'il avoit grant merveille et desdaing de ce que telx homs qu'il estoit avoit emprise si grant hardiece comme de lui desaisir de s'amie et lui desheriter, et moult avoit fait grant oultrage quant il osa penser a si haulte chose que au royaume de Blandie (Bérinus, I, c.1350-1370, 156). Et quant Berinus vit que Logre estoit dessaisi de s'espee, sy cueilli cuer et voult referir, quant Logre lui cria mercy et dist qu'il estoit mat et conquis (Bérinus, I, c.1350-1370, 175). Folle largesse pour croire faux semblant M'a dessaisi du miex de ma chevance Par doulz regart qui va maint cuer emblant Où fausseté s'embat par decevance Avec biauté qui est de s'aliance Dont povreté m'a fait donner congé. (MACH., App., 1377, 644). Aux nobles la mamelle dextre Sechoient, mais de la senestre Les non nobles dessaisissoient (...) Affin que ne leur fist contraire A legierement de l'arc traire (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 10). Mais l'escuyer ne perdit point la prinse, et quant le juge vit l'escuyer desembastonné, il gecta le baston, et furent prins, Jaques d'Avanchies dessaisi de sa hache, et tenant et empeschant à deux mains celle de messire Jaques (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 187). Arrivé que fut ledit Pierre à Florence, congneüt que tout homme luy fit mauvais visaige et non sans cause: car il les avoit desaisis de toute leur force et puissance et de tout ce qu'ilz avoient conquis en cent ans et sembloit que leur cueur sentist les maulx qui depuis leur sont advenuz. (COMM., III, 1495-1498, 62).

II. -

Empl. pronom. Se dessaisir de qqc.

A. -

"Renoncer volontairement à la possession de qqc." : ...pour quoi et parmi le quel pris, le dit vendeur, pour faire la dessa[i]sine et soi dessaisir de la dicte rente dessus vendue et pour en faire saisir les diz acheteurs pour euls et pour leurs hoirs, fist, ordena et establi, pour lui et en son nom, son procureur especial et certain messagé, sanz aucun rappel, Jehan le Begue, monstrant ces lettres, au quel procureur le dit vendeur donna povoir et mandement especial de ce faire (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1339, 85). ...et d'icelle rente se dessaisi en nostre main comme en main souveraine pour le roy (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1340, 98). Savoir faisons que, au jour d'ui, Phelippot de Nevers, procureur ou nom de Emeline de Nevers, sa mere, se dessaisi en nostre main comme en main de seigneur foncier de huit solz par.. de crois de senz ou de rente (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 210). ...les dictes cité et chastel de Poitiers, terre et païs de Poitou, avec les appartenances et appendences d'icelles, en saisine et proprieté, et d'icelles nous desvestons et desaisissons, et en vestons et saisissons nostre dit frere, et les transportons en lui avec tous les fiez, jurisdicions, seigneuriez, hommagez, vassaux, vassallagez, obeissancez et subjections, recognossancez, reverencez, gardes, advoissons, patronnages mere et mixte, droitures, rentes, revenuez et tout ce que nous avions et povions avoir ez choses dessus dictes (Doc. Poitou G., t.3, 1361, 313). ...douaire ès terres que elle disoit que le dit messire Bertran tenoit en Espaigne et en Arragon au temps de leurs espousailles, le dit messire Bertran s'en estoit dessaisi et les avoit transportées en autres mains paravant leurs dites espousailles (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 308).

B. -

P. ext. "Abandonner qqc., renoncer à qqc." : ...mais il se resvigora et prist cuer, et lui fu advis que mieulz lui valoit mettre sa vie en aventure que de lui dessaisir de sa proveance qu'il avoit trouvee, car sanz ce ne puet il aussi vivre ne durer longuement, et pour ce la vouloit il emporter. (Bérinus, I, c.1350-1370, 253). Comment, Cersuelle, vous qui avez esté en tant de bonnes places, avez vous paour de celle serpente ? Certes, c'est la dame de ceste forteresse, et qui la fist fonder. Et sachiez qu'elle ne vous fera ja mal. Elle vous vient monstrer comment il vous fault dessaisir de ceste place. (ARRAS, c.1392-1393, 309). Ce que il se doit garder se ennemis l'assaillent, que sa cité ne soit vuidee, c'est que le bon esperit se doit tous jours tenir saisi et rempli de vertus. Et de ce cy dit saint Augustin que, ainsi comme ou temps de guerre les gens d'armes ne se dessaisissent point de leurs armes ne ne les despoullent point ne jour ne nuit, aussi durant le temps de la vie presente ne doit point estre despouillié de vertus (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 243). Choisisse qui vouldra choisir. Je suis france et france vueil estre, Sans moy de mon cuer dessaisir Pour en faire un autre le maistre. (CHART., B. Dame, 1424, 341). ...et je ne me dessaisiray de la selle se ce n'est par force (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 856).
 

A. -

"Fait de s'arroger un droit"

-

Faire ensaisinement de + inf. : JÉSUS À SAINT JEAN BAPTISTE. Ja a baptisier apris as En faisant un alterement Et un grant ensaisinement De circuncision oster. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 157).

B. -

DR. "Mise en possession" : Si aucun acquiert par contralct d'eschange aucune terre, et dedens l'an et le jour il acquiert la terre qu'il baille par eschange, ung des parens d'icelui qui ainsi baille par eschange sa terre et puis transporte ledit eschange aura lesdictes choses par rectraict dedens l'an et le jour dudit contralct ou ensaisinement, tout aussi comme s'il avoir vendu sadicte terre purement et simplement. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 254). ...mais lui peut requerre sur la chose inmeuble obligée dedens l'an de l'ansaisinement et non pas sur meuble, car par ladicte coustume meuble n'a point de suyte. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 326).

Rem. Doc.1426 ds TLF.
 

I. -

Empl. pronom. S'ensaisiner de qqc. "Se rendre propriétaire de qqc., prendre possession de qqc., s'arroger qqc." : ...messire Olivier, Hervé de Mauny et Jehan le Bouteillier, exécuteurs dudit messire Bertran, se estoient ensaisinez, senz bénéfice d'inventoire, de plusieurs des diz meubles (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 307). Tous autres privileges, chartres et compositions, accors, arrests, et lettres des parties et de chascune d'icelles demourans au surplus en leur force et vertu, et ne se pourront les parties ou aucune d'icelles ensaisiner ou temps avenir contre la teneur de ce present accord. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1389,,, 411). ...pendant lequel temps plusieurs personnes, tant d'Église que autres, estans, ou qui ont esté ès païs à Nous rebelles et désobéissans, se sont ensaisinez des biens, Bénéfices, des maisons, héritaiges, rentes (...) appartenans à nosdiz loyaulx subgez, en les voulans à eulx appliquer (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1450, 102). ...lesdits marchans, mesnagiers et habitans de Franchise se puissent, de leur plain chief et sans autre ministere ou solempnité de justice, ensaisiner desdites choses ainsi par eulx vendues ou engaigées, et en joyr paisiblement sans contredit, tout ainsi qu'ils faisoient par avant lesdites ventes et engaigemens (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1481, 666). [Autre ex., Ordonn. rois Fr. P., t.17, p.62]

II. -

Empl. trans. Ensaisiner qqn de qqc. "Mettre qqn en possession de qqc." : ...Vostre servant, que tant amez, S'en vient icy de grant randon Pour estre ensaisiné du don De quoy vous paiez voz soudars. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 294).

III. -

Part. passé en empl. adj. au fig. "Doué" : C'est ung enfant saige et discret, En ses fais bien moriginé, De grans vertus ensaisiné ; Fermement croy que Dieu l'inspire. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 65).
 

Empl. trans. "S'emparer de qqc." : ...ont ensaisi le royal sceptre, le choeur de son thrône occupé, expulsé l'héritier, dissipé ses substances (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 9).
 

"Rançonner, dépouiller"

REM. MART. D'AUV. (éd. 1493) ds GD VI, 609c-610a.
 

Empl. trans. Rensaisir qqn. "Remettre qqn à nouveau en possession légale de qqc." : Et se dessesit ledit Guillaume tout présentement des diz héritages, rensesit les diz priour et frères, par la teneur de ces présentes lettres, o tout le droit, sesine, seigneurie et possession (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1354, 173).
 

"Nouvelle saisine, remise en possession" : ...la ressaissine des namps pour deffaut de paiement de la dite rente, pris en justisant, pour estre paié avec ses arrérages de trois ans au devant de sa justice et ceulz depuis entrevenus (Mémor. Echiq. Archev. S., 1381, 14).

REM. Doc. 1339, 1373, 1397-1398 ds GD VII, 81a-b.
 

I. -

Empl. trans. Ressaisir qqn (de qqc.) "Remettre qqn en possession (de qqc.)" : Verités pourposa sen fait Si faiticement et si biel Que li papes reprist l'aniel De l'Evesques, qui (...) Dist que resaisis iestre en doit (...). Verités dist : "(...) Comment serés vous resaisis Quant vous n'i fustes onques bien ? (...)" (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 70). Du tamps qu'il fu regens de France et reccessis... [Var. Du temps qui fu de France regens et resaisis] (Voeux héron G.L., c.1346, 76). DIEU LE FILZ. (...) Et je di par droit pour Marie Que Sathan restabli n'iert mie. SATHAN. (...) Mal veigne ceste Marïa ! Il pert bien que deport y a, Puis que je ne suis ressaisi. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 67). ...et fis commandement audit prieur de par le roy nostre sire que (...) restablisist les dis lieux et les dittes dismes aus dis religieux appartenans (...) Et pour ce que sa ditte response me sembloit une maniere de reffus ou de non avoir volenté de ce que dit est acomplir, aprés les dittes sommations plusieurs fois ainsi par moy a lui faites, je ostay la nouvelleté et resaisis les dis religieux des dittes dismes par signe, pris et mis le dit debat et aussi les dittes dismes sequestrees en l'an soixante huit derrenierement passé, comme dit est, en la main du roy nostre sire comme souveraine, en cas de nouvelleté, selon le contenu des dittes lettres royaulx (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1369, 405). Et il li fist requerre que il vosist oster se main de le bonne cité de Bervich et lui resaisir, car s'estoit ses bons hiretages (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 104). Quand le roy se vit resaisy de ses terres, et le grand acquest qu'il avoit fait de les avoir desligées, s'en tint à moult joyeux (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 401). ...le corpz du gisant en tombe ressuscita et, ressaisy du propre esperit de jadis... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 87). ...et prestement le duc, comme juge, fit mectre les gardes entre deux et fit rebailler au seigneur de Ternant son espée, car, par les chappitres cy dessus escriptz, les champions dessaisis de leurs bastons, on les devoit et povoit ressaisir, et le duc, qui moult bien se congnoissoit en tel cas, ne tenoit point qu'il fust dessaisi de son espée tant qu'elle tint à luy, et jusques à ce que elle fust toute hors de sa guaine et cheute sur le sablon comme dit est. Ainsi fut le seigneur de Ternant ressaisi de son espée, et se retira chascun, et se coururent sus moult asprement. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 78).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. (ressaisir ; estre ressaisi de, "être à nouveau en possession de").

-

Ressaisir qqc. de qqc. : Considere aussi avec Le parlement dont ai parle Qui fu fait de la trinite En sentenciant par arrest Que le pomier sec qui ci est Iert de ta pomme restabli Du tout en tout et ressaisi (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 208).

II. -

Empl. pronom. "Reprendre possession de soi-même, se remettre (?)" : Il n'est tiel plaisir Que d'estre et gesir Parmy ces beaulx champs, L'erbe vert choisir, Jouer qui a loisir Et prendre bon temps, Voire a toutes gens, Bourgois et marchans, Pour eulx rassaisir, Car petis et grans En vivent plus de ans Selon leur desir. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 153). ["Cela est même vrai de toutes gens, bourgeois et marchands, pour se remettre (de leurs préoccupations)" (?) ; Éd. : «se lier avec» ; mais on ne voit pas bien quelle serait la syntaxe]
 

"Saisie" : ...à ce faire et souffrir, seront, et voulons estre contraints nos receveurs, officiers, et les barons, seigneurs et autres, prenans et percevans lesdits peages et leudes, par prinses et saisiment desdits deniers et esmolumens, et autres voyes deues et raisonnables (Ordonn. rois Fr. P., t.21, 1501, 296).
 

A. -

[Correspond à saisir A.]

1.

DR. "Possession, prise de possession (d'un bien, cette possession n'impliquant pas un droit réel de propriété, mais seulement un droit de jouissance)" : Faulse costume mal provee Et saisine mal empetree Se doit destruire par sentence. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 106). Et nous donnons en mandement au seneschal et receveur de Poitou et à chascun d'eulz que de la dite disme, (...) baillent tantost la saisine au dit prieur, (...) et à nos genz des comptes à Paris, que yceus ostent de nostre demaine (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 128). ESTIENNE. (...) Vuidiez : alez (...) vous plaindre a qui que vouldrez. La saisine ne m'en toldrez Jour que je vive. (Mir. prev., 1352, 240). ...que ceste chose ne puist nuire, grever, ne empeschier la vraie proprieté et droituriere saisine de monseigneur de Flandrez (Trés. Reth. S.L., t.2, 1371, 196). ...et, ce fait, par icellui conte ou ses gens lui fu baillée la possession et saisine des ville et chastel dessus diz et ses appartenances, et, avec ce, lui fu baillié en chevaux la value de mil frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 200). ...la Court dit que chascune desdictes parties sera maintenue et gardée es possession et saisine de la moitié des heritages contentieus (BAYE, I, 1400-1410, 273). ...ledit maistre Clement sera maintenu et gardé en possession et saisine de la chanoinie et prebende d'Amiens (FAUQ., I, 1417-1420, 379).

-

Cas de saisine et de nouveauté. "Affaire relative à une atteinte à la propriété." : ...debas feust pendant en la court du Parlement entre Pierre de Laval, clerc, seigneur de Villemomble, d'une part, et monsieur Regnaut de Trye, chevalier, seigneur de Cloye, d'autre, en cas de saisine et de nouvelleté. (Cartul. Laval B., t.2, 1351, 250). Sur ce que la Court tenoit la main du Roy au temporel de l'abbaye de Maubuisson, qui avoit esté mise puiz une complainte en cas de saisine et de nouvelleté prise et executée à la requeste de dame Luce de Montmorancy, par avant abbesse dudit lieu, à l'encontre de dame Katerine d'Estouteville, abbesse à present d'icellui lieu, et laquelle main icelle Court n'avoit volu lever jusques à ce qu'elle fust informée d'aucunes choses (BAYE, I, 1400-1410, 329). A conseillier l'arrest d'entre les chapitres des eglises de Paris et autres, demandeurs et complaignans en cas de saisine et de novelleté, d'une part, et les prevost des marchans et eschevins de la ville de Paris et autres, defendeurs et opposans, d'autre part. (FAUQ., III, 1431-1435, 130). Et est aussi entendu pour ce que celui qui se plaint dit qu'il a esté desaisi ou troublé, ou aucune chose a esté faicte ou demolie nouvellement, c'est à dire depuis an et jour devant le jour que l'en se complaint, et pour ce fait nommez complainte en cas de saisine et de nouvellecté (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 370). ...iceulx exposans obtindrent ja pieca lettres de complainte en cas de saisine et de nouvelleté de notre bailli d'Amiens, par vertu desquelles ilz se firent maintenir et garder en leurs dits droiz, possessions et saisines (Hist. dr. munic. E., t.1, 1440,,, 100). ...Deffenderesse et opposant, En cas et matiere pourtant De saisine et nouvelleté (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 5).

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Lettre de saisine. "Lettre qui atteste un droit de propriété" : ...pour le prix et somme de 15 l. t., dont il appert pour les ventes et saisines par les voies d'icelle, par lettre de saisine le 6e jour de mars 1447 (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1447-1449, 574). ...ladicte maison en 2 s. p. de rente, et l'autre masure en 18 d. p. de fons de terre, pour le pris de 40 escus d'or, dont il a payé par lettres de saisine faictes le 6e jour de septembre 1456 73 s. 4 d. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1455-1456, 846).

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Briser la saisine de qqn. "Porter atteinte au droit de propriété de qqn" : Celui qui brise la saisine de son seigneur, s'il est coustumier et homme de foy, fait VI l. d'amende ou Maine, et LX s. en Anjou : et s'il est noble, il fait son meuble d'amende. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 444).

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Saisine brisee : Justice laie peut prendre les meubles de clers quant ilz s'en sont allez ou le temporel sur saisine brisée, et autrement non. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 341).

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Estre en (possession et) saisine de qqc. "Avoir la possession de qqc." : Nul n'a que donner en voz biens, S'il n'en est en propre saisine. (Mir. enf. diable, c.1339, 47). Puis, donques, que le dit Prince, ou nom que dessus est dit, a excercé droit de souveraineté et de ressort ez subjés de Guyenne, sanz contredit du roy de France, il s'ensieut que il en estoit en saisine et en possession (Songe verg. S., t.1, 1378, 270). ...ainsi que le roy d'Angleterre ne doit mie estre restitués a cités, villes ne chasteaulx, aussi ne doit il estre restitué a la souveraineté ne au ressort, car il ne fust onques en possession ne en saizine de la souveraineté ne du ressort (Songe verg. S., t.1, 1378, 277). Je diz donques que quant l'Inpereur ou le Roy donne aucune chose a l'Eglyse, ce n'est mie proprement donayson, mez est une restitucion de la saizine et de la possession laquelle l'Inpereur ou le Roy detient (Songe verg. S., t.2, 1378, 206). ...dit le coustumier, le premier enfant emportera douaire de sa grant mere, pour ce que [sa] propre mere vivoit au jour du trespassement de sa grant mere ou ayeule et que, par la coustume des nobles, ce qui eschiet à homme noble, lui estant en mariage, soit de pere ou de mere, d'ayeul ou d'ayeule, en descendant de droite ligne, sa femme en est aussi bien douée comme se son mari en feust en saisine au jour des nopces, quant il l'espousa. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 222). Comment, Gieffroy, me veulz tu oster la rente que je doy avoir pour le pommel de ceste tour, qui m'est deu, et en suiz en saisine dès le vivant de ton pere. Tu ne faiz mie bien. Ou sont, dist Gieffroy, les lettres que tu en as ? Montre moy comment mon pere s'i est obligiez ; et se je voy que tu en ayes droit, vecy ton argent tout prest. (ARRAS, c.1392-1393, 298). ...et des dictes franchises ont joy eulx et leurs prevostz et en paisible possession et saisine, sans interpretation aucune, par vertu d'unes lettres donnees par ledit Macé de la Ferté, desquellez ilz nous firent ostentacion. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 43). ...se je voel avoir ma delivrance, il faudra que je remette arriere tout ce dont je sui en saisine, et que je rende compte dou tresor le duch mon frere que je pris et levai a Limoges, (FROISS., Chron. D., p.1400, 487).

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Estre en saisine (et possession) de + inf. "Disposer de la faculté, du droit de" : Le dit évesque maintenant au contraire et disant que : il a esté lui et ses prédécesseurs en bonne saisine et possession par temps souffisant à saisine et propriété acquerre, de donner la dite église de son plain droit (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 199). ...par la complainte des religieus, prieus ou doyen et convent de Lihons en Sancteres, disans eulz estre en saisine et possession souffissantes et paisibles d'avoir toute iustiche et seignerie seul et pour le tout en un certain lieu de la ville de Bappaumes (Hist. dr. munic. E., t.2, 1340, 27). Il a ja plus de dix sepmaines Que pour ma saisine exercer De ceste eglise possesser, Dont mon prelat m'a fait curé, Tant ay devers li procuré, Deusse cy avoir venu, Quant Diex veult qu'il soit avenu Que le curé qui la tenoit Soit mors ainsi conme il venoit Devers saint Jasques en Galice. (Mir. parr., 1356, 18). Et ad ce tiltre disoit qu'il avoit droit et estoit en bonne pocession et saisine de soy dire et pourter serviteur d'icelle dame (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 23).

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Mettre qqn en (possession et) saisine de qqc. "Mettre (qqn) en possession juridique de qqc." : Si donnons en mandement et commettons, se mestier est, au séneschal d'Anjou et du Maine, ou à son lieutenant que le dit Rasse mette en possession et saisine de la moitié de la terre et appartenances dessu dites (Cartul. Laval B., t.2, 1345, 213). Et de ce te baillerons lettre Pour toy miex en saisine mettre Tant de meubles con d'heritages. (Mir. roy Thierry, c.1374, 323). ...puis metteroient le preu Nestor en paisible possession et saisine du royaume et l'en couronneroient a roy (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 325).

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Prendre les saisines : Quant le roy fust retourné a Paris, il envoya prendre les saisinez des contéz que Ferrand luy avoit baillié en ostaige pour la seureté de la paix et en receupt les hommaigez. (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 160).

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Garder et maintenir qqn en possession et saisine de qqc. : ...la Court dit que chascune desdictes parties sera maintenue et gardée es possession et saisine de la moitié des heritages contentieus (BAYE, I, 1400-1410, 273). ...ledit maistre Clement sera maintenu et gardé en possession et saisine de la chanoinie et prebende d'Amiens (FAUQ., I, 1417-1420, 379).

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Reintegrer qqn en saisine de ses biens : ...par vertu de l'executoire dudit dernier arrest fut reintegré en possession et saisine de toutes ses terres et seigneuries, comme Dampmartin, Saint-Fergeau, Saint-Maurise sur l'Averon, Thoucy, Moret, Crecy et autres seigneuries. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 341).

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P. méton. "Biens propres" : Saint François et saint Dominique Ont .ij. ordres saintes et benignes, Faites par grant devotion, Que n'ont ne propre ne saisine. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 61). Et parmy cecy qu'om leur baille, Le roy d'Angleterre et son fis Renuncent a tous les profis Des terres qui ne sont nommées En ce traicté ne exprimées, Aux demandes et actions, Saisines et possessions Qu'il disoit avoir en personne Ou royaume et en la couronne De France et en toute la terre Dont il mouvoit et faisoit guerre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 385). ...ung huissier de ceans ou autres de par le Roy et la Court y ont seellé et ont voulu inventorier les biens en le troublant et empeschant en sa juridiction, en ses drois, possessions et saisines, pour ce a baillié ceans par escript sa requeste pour oster l'empeschement et pour avoir delivrance des biens pour les delivrer aux heritiers ou executeurs, ou en faire autrement ainsi qu'il appartendra par raison. (FAUQ., III, 1431-1435, 138).

2.

P. ext.

a)

"Investiture"

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Mettre qqn en saisine d'un office. "Investir qqn (d'un office)" : Et l'evesque a ung chapelain Dist : "Amis, la cure vous doing ; Desor en saisine en soyez." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 115). ...si lui mandoit le roy que à ces enseignes il seellast sa lettre, et que il fust mis en saisine du dit office. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 54). Auquel president le roy mandoit qu'il avoit receu le serement dudit d'Estouteville à prevost de Paris ou lieu de Jaques de Villers, seigneur de l'Isle Adam, auquel il avoit donné ladicte prevosté à son joyeulx advenement, et qu'il le mist et instituast en possession et saisine dudit office de prevost de Paris. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 138).

-

RELIG. Avoir saisine d'un ordre. "Être reçu dans un ordre" : CATECUMINAIRE [à saint Martin]. (...) Mais maintenant, par grant devocion, La loy Jhesus en mon cueur se resine Si quiers avoir de vostre ordre saisine Et vostre habit, pour servir Dieu, porter, Aux biens mondains jamais plus ne m'encline, Ains de tous poincts je m'en veulx deporter. (LA VIGNE, S.M., 1496, 371).

b)

En saisine de qqc. "En possession de qqc. (d'un objet volé)" : En dormant, ceste garse cy Ung signet d'or si m'a osté De mon doy. Et qu'il soit verité, Vous l'en trouverez en saisine. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 40).

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Avoir la saisine de qqc. "Recevoir qqc. (un prix)" : Mais Discorde se vint vangier, Car par despit, c'en est la somme, Getta devant nous ceste pomme, Et pour la court troubler dist qu'elle Fust donneë a la plus belle. C'est l'escripture et la devise Qui est entour la pomme mise. De scens suis deesse et royne, S'en voloie avoir la saisine, Et Juno, deesse d'avoir, Maintient qu'elle la doit avoir, Et Venus dit qu'elle sera Sienne, qui tort ne li fera. (MACH., F. am., c.1361, 216).

-

Avoir qqc. en saisine. "Entrer en possession de qqc."

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Avoir la crosse en saisine. "Être institué évêque" : ...Se volons que mon serviteur Eloy ait la croche en saisine, Car Jhesus, nostre createur, Moustre pour luy moult hautain signe. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 366).

-

Estre en saisine d'un animal. "Être le maître (accepté) d'un animal" : Il est vray que par amour fine Fui paisiblement en saisine De l'alerion tellement Que je le garday bonnement, Et par maintes fois le portay. (MACH., D. Aler., a.1349, 340).

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Prendre saisine de qqc. "Se charger de qqc., prendre qqc. en main" : ...Le nobe roy Salomon, qui sur nous domine, A prins de justice saisine ; S'il vous survient quelque discord (...), Allez devers luy a refuge, Comme a vostre souverain juge (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 339).

3.

Au fig.

-

Avoir la saisine de qqc. d'abstr. "Posséder intellectuellement qqc., avoir la maîtrise de qqc." : De trois langues ot assez la saisine [Mahomet], Soubtillement sceut la loy ordonner (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 48).

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Avoir qqc. en saisine/à sa saisine

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"Jouir de qqc." : Adieu, voisine. Besongniés tousjours radement : Affin d'avoir joie saisine [l. en saisine (N. Dupire)], Je voy querir esbatement. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 144).

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"Avoir qqc. en soi" : Je suys sain et dru, Dieu mercy ! Et n'ay sur moy ne çà ne sy De desplaisir à ma saisine (Gent. moun. T., c.1500, 332).

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Estre en saisine d'une chose abstr. "Jouir de qqc." : Jhesu Crist qui les siens desgage Tousjours de toute adversité Nous maint par sa benignité A la grant joie qui ne fine Donc saint Paulin est en saesine. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 121). Nul n'a que donner en voz biens, S'il n'en est en propre saisine. (Mir. enf. diable, c.1339, 47). ...Et dit qu'assez mieus ameroit, Qui de ce a chois le mettroit, Qu'on le pendist ou traïnast, Qu'on l'ardist vif ou escorchast, Que ce qu'il fust en la saisine De la joie qui tant est fine. (MACH., D. verg., a.1340, 40).

-

Prendre en saisine le chemin. "Se mettre en route" : ...c'est Bietris vostre cousine, Ma femme Jehenne Turelure, Et Melot sa bone voisine, Qui ont pris du chemin la saisine, Pour vous venir reconforter. (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 221).

B. -

[Correspond à saisir B] "Action de prendre, d'appréhender qqc. ; de se saisir, de s'emparer de qqc. (ou de qqn)"

1.

"Prendre qqc. avec la main, tenir qqc. dans sa main"

-

Avoir la saisine de qqc. "Tenir le bout de qqc. dans sa main" : Et pour ce faut tirer la faus las incontinent que le faucon est pris du mestre las, et pour ce est il de necessité que, anchiés que l'en tire le maistre las, que il ait aucun qui ait la sessine du faus las anchois que l'en tire le maistre las. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 273).

2.

"S'emparer de"

a)

"S'emparer de qqc."

-

Mettre saisine en qqc : De rechief, sont encor complaint lidit habitant et communaultéz seur ce que ondit accort est contenu que chacuns de nous seigneurs dessus diz et nostre officier povons mettre saisines en maisons de nos bourgois (Trés. Reth. S.L., t.2, 1332, 17).

-

Prendre la saisine (et possession) de qqc. "S'emparer de qqc." : LE SERGENT. (...) J'ay trouvé c'un enfés noiez A esté n'a mie granment, Et de sa mere proprement, Qui encore en gist de jesine ; Si ay d'elle prie la saisine Et des biens touz. (Mir. enf. ress., 1353, 35). ...quant le roy Jehan de Portingal, ou son mareschal, eubt pris la saisine et possession de la ville de Ferol, ilz chevaulcherent en approuchant Aurench pour venir devers le duc de Lancastre, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 84). Qant li contes Derbi ot pris la sasine et posession de Bregerach et l'onmage et feauté des honmes de la ville, et il i ot renouvellé officiiers et mis capitainne de par le roi d'Engleterre, car il avoit poissance et conmission de ce faire, il se departi de la en grant arroi et bonne ordenance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 606). Si en alés prendre la sasine et posession, et prenés tous les chevaliers qui la dedens sont et les metés en prison ou faites leur jurer et fiancier prison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 850). Sievés me tout le pas, car je m'en vois prendre la sasine dou chastiel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 866).

-

Se mettre en saisine de qqc. "S'emparer de qqc." : Anges, mettez vous en saisine De son ame, car le corps fine, Qui tellement a en ce monde Vesqu que l'ame est pure et monde Et qu'il a, tant m'a il servi, La gloire des cieulx desservi, Voire et vous, dame. (Mir. st Alexis, 1382, 359).

-

Au fig. [De la mort, de la vieillesse]

.

Prendre qqc. en sa saisine. "Faire main basse sur qqc., emporter qqc." : Or suis je seule demeuree, Maintenant, je n'ay point d'amy Et si n'ay bon jour ne demy Je pers mon temps et ma jeunesse A lever de ma forteresse, Soulas est de moy fort bany, Mon corps qui est frais et plany, Et quant vieillesse orde et chagrigne Aura tout prins en sa saisine, N'en tiendra l'en compte nenny. (P. moyne, a.1500, 45).

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Prendre saisine de qqn/qqc. : O Dieu puissant (...) Regarde moy de ton oeul humble et digne : Mort prent saisine de mon corps et machine (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 329). ...quant la mort a prins saisine De l'homme, jamais ne revient Au monde (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 45).

-

Se tenir en saisine de qqn/de son ame. "Appréhender, arrêter qqn" : LE BAILLIF. (...) Hola ! Tenez vous en saisine De mére, de fille et de pére. (Mir. femme, 1368, 200). Anges, mettez vous en saisine De son ame, car le corps fine (Mir. st Alexis, 1382, 359).

b)

"S'emparer de qqn"

-

[De diables] Avoir saisine de qqn : - Dame [Marie], dirent-ilz [les diables], nous l'avons trouvé plain de pechiéz mortelz. - Or tost dist-elle, laissiez le quoy, car ja vous n'aurez saisine d'homme qui me serve bien et voulentiers. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 133).

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Avoir qqn en saisine : Per Mahommet mon dieu, se l'avoie en saisine Je la feroie ardoir deden ung feu d'espine ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1032).

-

Estre en la saisine de qqn. "Appartenir à qqn" : ...Sainte vertu divine, Or ay je malparlé qui dis telle couvine. Bien le poés garder [l'enfant] ; il est en vo saisine. Pour vo voulenté fere je y doy bien estre encline. (Tristan Nant. S., c.1350, 150).

-

Mettre qqn en saisine. "S'emparer de qqn, faire de qqn son prisonnier" : Or est le ber Tristan en la chartre frarine, Reclamant Jhesu Crist, avec la grant vermine. "Aÿ ! Doon compains, Dieu te doint pute estrine ! Par ta grant trahison suis je mis en saisine". (Tristan Nant. S., c.1350, 383).

-

Se mettre en la saisine (de diables). "Se faire sujet, se rendre esclave (de diables)" : Je mestoye [l. m'estoye] mis en leur saisine ; mais celle dame que vous seruez ma [l. m'a] rendu la vie (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 62).

-

[Du bourreau] Prendre saisine du corps de qqn. "S'emparer de qqn, prendre possession de qqn" : LE BOURREAU. Et, pour proceder a mon faict, Saysine prens de vostre corps. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 54).
 

"Dont on a la saisine"

REM. Doc. 1359 (Côtes-du-Nord, toutes les pieces, terres et heritages possedes et saesines [l. possedés et saesinés]) ds GD VII, 292c.
 

DR. "Gardien des biens saisis par la justice" : ...[Guillaume Blondel] avoit appellé en par ban en la dicte ville d'Arraz, fait inventoire de leurs biens et yceulx mis en la main du Roy, et y establi saisineurs sanz appeller le dit bailli ou son lieutenant et les diz eschevins, et contre la volenté d'iceulx et eulx contre disans (Hist. dr. munic. E., t.1, 1354,,, 344). ...nos améz et féaulx conseilliers, le doyen de Saint Donaes de Bruges et messire Henry d'Espierre, que nous avons commiz et commettons à ce, se transporteront en la dicte maison et feront partir les saisineurs et les diz biens et cateulx délivreront ausdiz exécuteurs pour l'accomplissement dudit testament ou derraine voulenté. (Hist. Lille T., t.1, 1392, 84). [Même texte dans Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1392, 780]

Rem. On ajoutera le doc. de 1415 que cite GD III, 706a, sous le mot fantôme faisnieur ("Celui qui ensevelit, qui met le cadavre dans un linceul") ; il convient de lire Pour garder icelui corps mort ont esté commis certains saisineurs [d'un suicidé que la justice a mis en saisine] et gardiens. Cf. A. Thomas, Romania 44, 1915-1917, 347 et G. Roques, R. Ling. rom. 68, 2004, 221.
 

A. -

[Idée de possession, de prise de possession]

1.

DR.

a)

"Mettre en possession"

-

Saisir qqn de qqc. "Mettre qqn en possession de qqc." : Lors l'ont les barons couronné Et saisi de tout le regné (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 232). Ce veu, s'en rapporterent au dieu Appollo de Delphe, qui fist response qu'elle [une table en or] fust baillée au plus sage d'eulx. À ceste cause icelui Tales en fut saisy et depuis fut baillée à Byali et à Byas et en la fin vint à Solonem. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

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Au fig. : Or t'ay je dont tout descouvert, Que je ne t'y ay riens couvert, De ceuls que vois en ma presence, Qui tuit me font obeïssance, Les noms, la force, le servise, Et si t'ay dit toute la guise De moy, et comment li amis Est de joie par moy saisis. (MACH., D. verg., a.1340, 49).

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P. plaisant. Saisir son bec. "Mettre son bec en possession (de boisson), boire" : Puis qu'il fault que nous y alons, Il fust bon de son bec saisir Au mouvoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 207).

-

Le mort saisit le vif. "L'héritier d'un homme qui vient de mourir est immédiatement investi de ses biens" : ...que aucuns de noz successeurs, ou aiens cause de nous, peust, apres nostre deces, arguer contre monseigneur de Flandres fait de possession, ne la coustume par laquelle li mors saisist le vif ; et quant ad ce, nous les prenons et fourcloions (Trés. Reth. S.L., t.2, 1371, 196). ...par la general coustume nottoire de nostre royaume, qui est telle que le mort saisit le vif (Mand. Ch. V, D., 1376, 643). Car une election ne baille pas plus de droit a un prince que fait droit de succession, maismement car la seignorie se continue du pere au filz. Et pour ce est il dit que le mort saisit le vifz (Songe verg. S., t.1, 1378, 125). Il est acoustumé que le hoir vient à saisine telle quelle de ce de quoy celui qui mourut estoit vaistu et saisi ; car le mort vaitist et saisit le vif, par la coustume qui est telle et generalle (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 296). Quant aucun va de vie à trespassement et celluy qui doit estre eritier est empesché ès choses de la succession ou en général ou en particulier et ce est dedans l'an de la mort du deffunct de la succession dont l'on traicte, s'il veulst, il s'en tiendra pour saisi par la généralle coustume de royaulme de France par laquelle le mort saisit le vif. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 71).

-

Estre saisi de qqc. "Être mis en possession de qqc., être propriétaire de qqc." : Le roy ot conseil (...) que bon seroit pour lui d'estre saisi et revestu de si noble jouel comme la seigneurie de Gennes (Bouciquaut L., 1406-1409, 184). ...or sont les prelats possesseurs et saisis de leur temporel, et toutevoye on les veult dessaisir sans les ouyr ne appeller, qui est, soubz correction, grant iniquité, et ay esperance que vous y adviserez, et pourverrez. (JUV. URS., Verba, 1452, 375).

-

Saisir qqc. "Entrer en possession, en jouissance de qqc." : Quant il ot de tout le regné Saysy les foiz et les homages (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 242).

b)

"S'approprier qqn/qqc."

-

Saisir qqn/qqc./se saisir de qqn/qqc.

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[D'un seigneur] Saisir un fief. "Retenir par voie de saisie le fief de son vassal pour manquement de celui-ci à ses devoirs" : ...se le vassal ne baille son dénombrement dedans quarante jours après quil a esté receu par son seigneur en foy et hommaige, icelluy seigneur peult peult [sic] saisir icelluy fief (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 418).

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Saisir qqc. "S'emparer de qqc., confisquer qqc. (une terre, un héritage...)" : ...le roy fist seiser par sa meyn totes les teres et chateux qe le esvesqe de Herford avoit (Chron. London A., c.1350, 47). ...la Court a enjoint au premier huissier de ceans que presentement il se transporte en l'ostel dudit Sambrin et qu'il prengne, saisisse et apporte devers la Court tous papiers, registres et cedules qu'il trouvera en l'ostel dudit Sambrin (FAUQ., II, 1421-1430, 293). Et pour icelle succession avoir et recueillir, le roy s'en parti pour aler oudit pays de Poictou, pour prendre, saisir et avoir ladicte succession d'icellui seigneur de Thouars ; à quoy faire le roy y demoura par tout le moys d'avril. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 237).

-

Saisir qqn/se saisir de qqn

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Estre saisi/se tenir saisi de qqn/qqc. "Avoir qqn en son pouvoir, avoir qqc. en sa possession" : ...avant que (...) les honmes dou pais (...) destournent la proie, bon seroit que vous en soiiés saisis : si en sera vostre hoost plus plentiveuse (FROISS., Chron. D., p.1400, 653). Depuis que Jehans de Qopelant ot rendu et delivré le roi d'Escoce a la roine d'Engleterre, et que elle s'en tint saisie, ne demora gaires ou pais de Northombrelant, mais . elle s'en retourna viers Londres et enmena avoecques li le roi d'Escoce, et fist tant par ses journees que elle vint a Londres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 792). Or i ot un grant meschief, car li honme de la ville, les trois pars estoient plus pour la contesse de Montfort que pour messire Carle. Et prissent chil honme lor chapitainne, et qant il en furent saisi, il dissent que il l'ociroient, se il ne se tournoit a lor opinion. (FROISS., Chron. D., p.1400, 811).

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[Vocab. judiciaire] Saisir qqn/se saisir de qqn. "S'emparer de qqn, prendre possession de qqn, arrêter qqn" : ...puiz que aucun presente une remission en cas criminel, la Court se doit saisir et garnir de son corps (BAYE, I, 1400-1410, 56). [Ceste complaincte au prevost faicte, le compaignon] encusé de ce crime fut en l'heure prins et saisi (C.N.N., c.1456-1467, 159).

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Au fig. [De la mort] Saisir qqn. "Prendre possession de qqn, s'approprier qqn" : Je congnois que pouvres et riches, Sagez et folz, prestres et laiz, Nobles, villains, larges et chiches, Petiz et grans, et beaulx et laitz, Dames a rebrassés colletz, De quelconque condicïon, Portans atours et bourreletz, Mort saisit sans excepcïon. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 42).

2.

Estre saisi de qqn/qqc.

a)

Estre saisi de qqn. "Avoir qqn à sa disposition" : Ainsi le Jouvencel tira à part le sire de Rocqueton et luy demanda : "Monseigneur de Rocqueton, n'avez vous pas voz guides, ainsi que je vous avoye dit ?" Et le sire de Rocqueton luy respondist : "Oil, Monseigneur, j'en suis saisi, et sont bonnes gens et surs, combien que je ne leur ay pas dit la verité de nostre entreprinse..." (BUEIL, II, 1461-1466, 124).

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"Être en possession de qqc., être muni de qqc." : Meïsmes les archiers, quant le trait fu faly, Couroient à l'assaut et estoient saisy De petites hachettes (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 558). ...l'amant, a l'aide d'une bonne espée a deux mains dont il estoit saisy, se sauva sans nul mal avoir (C.N.N., c.1456-1467, 418). ...il fut tantost saisy d'une tresbonne [espée]. (C.N.N., c.1456-1467, 437). ...tu (...) es saisy de ce que à quoy tu béoies (...) c'est des terres sur Somme (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 146). Ledit Martin, qui si baudement souloit parler et respondre, se monstra ebahi de premiere face, et touteffois il s'excusa sur son harnois, et dit qu'il reviendroit une aultre fois, saisy d'ung, de deux ou de trois harnois, et feroit tellement que son honneur y seroit gardé. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 322). ...et d'aultre part saillit Galiot, sa cotte d'armes au doz, bassinet en teste et la visiere baissée et close, et, si tost qu'il fut saisi de son baston, il se sourdit tout en air moult vigoureusement. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 74).

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Se tenir saisi d'une chose abstr. : Ce que il se doit garder se ennemis l'assaillent, que sa cité ne soit vuidee, c'est que le bon esperit se doit tous jours tenir saisi et rempli de vertus. Et de ce cy dit saint Augustin que, ainsi comme ou temps de guerre les gens d'armes ne se dessaisissent point de leurs armes ne ne les despoullent point ne jour ne nuit, aussi durant le temps de la vie presente ne doit point estre despouillié de vertus (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 243).

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Estre saisi de ses estriers. "Avoir les pieds aux étriers" : ...son cheval gisoit mort dessoubz lui, et si n'estoit point le fait tant lache que le chevalier ne fust sires de sa selle et saisy de ses estriers (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 436).

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Empl. abs. Se tenir saisi. "Être muni (de ses armes)" : Or sus ! vaillans gensdarmes, sus ! (...) Qu'on se tiengne saisy et joint Affin de leur orgueil abatre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 157).

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Estre pris/trouvé saisi de qqc. "Être pris/trouvé en possession d'un objet volé ou qui témoigne d'une intention coupable)" : Quant aucun clerc si est pris sayzi, par le juge seculier, de la chose amblee, se celluy a qui la chose amblee appartient vient en jugement et preuve la chose estre seue, se la justice seculiere luy rent et met au delivre, conme il appartient et selon rayson, nientmoins l'Eglyse demande estre restitué par lez gens du Roy de celle chose amblee, pour ce que, ainssi conme ilz dient, leur clerc en fust pris sayzi. (Songe verg. S., t.2, 1378, 183). ...et aussi pour ce qu'il a esté trouvé saisy de deux autres plaz d'estain mussez en son sain. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 225). ...afin que d'icelle il ne feust trouvez saisiz, lessa cheoir entre iceulx deux huis ladite bourse de velueau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 12). Cogneut aussi que, un an a ou environ, il passant par les Champeaux de Paris, print à l'estal d'un mercier deux petites sainturetes de cuir à usaige d'enfant, et desqueles il fu trouvé saisi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 72). Il fut trouvé saisy de plusieurs lettres, qui descouvrit le cas. (COMM., III, 1495-1498, 105).

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P. ell. : ...et, en après ce, pour doubte que de ce elle ne feust saisie, icelle chamberiere avoit icelle tasse mucée ou jardin de sondit maistre, en une trosse d'erbe. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 301).

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Prendre qqn saisi. "Prendre qqn sur le fait, en flagrant délit" : Grant debonnaretté fu à nostre roy, quant son barbier, une foiz, li faisoit sa barbe, reempli de trop osée presompcion et mauvaise convoitise, mist la main en la gibissiere du roy pendant à son costé, et ja avoit l'or ou poing, quant le roy le prist saisi (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 72).

B. -

"Prendre, appréhender"

1.

"Prendre qqn/un animal/qqc. avec un organe de préhension"

a)

Saisir qqn

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"Toucher qqn (pour l'empêcher de partir)" : ...si fu moult dolens et se voult mettre au retour, mais Martains le saisi en disant : "Maistre, vous n'irez avant, si aray avant eü raison de vous, comme de tel que vous estes..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 54).

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Saisir qqn par le bras : Et sachiez que elle estoit en tel party, tant de la doulour de son pere, comme des pensees qu'elle avoit a Uriien, qu'elle estoit ainsi comme une personne qui est nouvellement yssue de son sompme. Mais Uriiens, qui bien perceut qu'elle avoit l'esprit troublé, la saisi doulcement par le bras, et la dreca contre mont, en lui enclinant contre elle ; et, en ce faisant, s'entrefirent moult d'onnour. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

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Saisir qqn à deux bras. "Enlacer qqn" : De la joye qu'il a a .IJ. bras le saisy (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 301). A deux bras l'a saisi par mervilleux argu. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 283).

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P. ext. "Recueillir qqn" : S. JEHAN [sur le point de mourir]. Dieu, ton plaisir De moy soit fait ; aultre choisir Ne veulx que toy, mon Dieu des cieulx. Regarde moy de tes doulx yeulx ; Des angelz veulhes moy saisir. (Pass. Auv., 1477, 99).

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En partic. [Avec plus ou moins de violence] "Arrêter, appréhender qqn" : "...Quant il est escappez, j'en ay le cuer mary, Car c'est chilz qui ochist men frere Savary. Ne say comment poray de lui estre saisy." (Hugues Capet L., c.1358, 87). DEUXIESME DYABLE. Il ne revendra de cest an Ne jamais, (...) Puis que saisi l'avons et pris, Et que l'emport. (Mir. st Val., c.1367, 166). Et lors commanda le roy que Jossellins et son filz feussent tous deux penduz. Et cilz a qui le roy le commanda saisirent tantost Josselin, qui crioit au roy mercy moult piteusement. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Et il passe le pont et vint dedens, et vint descendre ou lieu ou il avoit acoustumé de descendre, avant ce qu'il se apperceust qu'il eust perdu sa forteresse. Et tantost qu'il fu descenduz, il fu saisi de tous costez et liez fermement. (ARRAS, c.1392-1393, 204). ...[il] le saisit par la manche et le voult arrester. (C.N.N., c.1456-1467, 61). Lesquelz huit barons, quant ilz sceurent venir ledit duc d'York devers ledit parc, le laisserent entrer en icellui avecques le conte de Warwyk et autres, qui vindrent tout droit où estoit ledit roy Henry, lequel ilz prindrent et saisirent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 7). Lesquelles choses, qui furent sceues par le gouverneur dudit Arras pour le roy, fut ledit Symon Courtois prins et saisy et mené devers le roy à Tours, où il confessa tout ce que dit est dessus, et à ceste cause il fut decapité. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 81).

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"Mettre la main sur qqn" : [Le coeur de Villon :] Que penses tu ? - Estre homme de valeur. - Tu as trente ans ! - C'est l'aage d'ung mulet. - Est ce enfance ? - Nennil. - C'est donc foleur Qui te saisist. - Par ou ? Par le collet ? - Riens ne congnois. - Si faiz. - Quoy ? - Mousche en lait : L'ung est blanc, l'autre noire, c'est distance. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 70). [Thiry, 300 : «Jeu sur les sens de saisir ; au figuré, pour le Coeur, la folie (foleur) s'est emparée du poète ; Villon répond en prenant le verbe au sens propre, se demandant plaisamment s'il a été attrapé par le cou».]

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Se tenir saisi de qqn. "Appréhender, arrêter qqn" : DEUXIESME SERGENT. De vous me vueil tenir saisi, Par Mahon, maistre. (Mir. st Ign., 1366, 79).

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[Dans un cont. métaph.] : Quant cils sera saisis et pris Joians en l'amoureus pourpris, Lors li doit peinne encommencier, Pour lui en honneur avancier. (MACH., D. Aler., a.1349, 307). Car vous m'avés si franchement saisy, Pris et espris et mis en vo dangier Qu'à riens qui soit ne me doing ne ottri Fors à vous seul que j'aim sans delaissier. (MACH., L. dames, 1377, 142).

b)

[À propos d'un animal]

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Saisir un animal. "Attraper (un animal)" : Dont quant il se vuet disposer Vers le vespre, pour reposer, S'il puet aucun oisel choisir Et il le puet prendre et saisir, Il a tantost en son propos De li porter a son repos. (MACH., D. Aler., a.1349, 284).

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(Se tenir) saisi (d'un oiseau de proie). "(Tenir) le bout de la laisse de l'oiseau dans sa main" : ...si le reclame au vespre et au matin de plus loing en plus loing et devant les gens pour soi mieux tenir, sesi de lui, tant qu'il soit bien duit de venir au poig ("poing") (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 224). Et sachiez que en cest endroit les bons espreveteurs dient un tel proverbe : Au lier et au deslier Te tien saisy de l'esprevier. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150).

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[D'un animal] "Prendre, attraper (un autre animal)" : LE FAULCONNIER. [au marquis]. Sire, se Dieu me gart de haire, Vostre faulcon a ja saisi Le hairon et mis dessoubz lui. Si fault aler querre la proye. (Gris., 1395, 6).

c)

"Prendre qqc. dans ses mains, empoigner qqc." : De lui prendre moult se prouverent, Mais n'en porent a chief venir, Car a deux mains ala saisir Une branche que il rompy, Et d'un gros arbre se couvry, Quant mis se fu en son estant (Dit prunier B., c.1330-1350, 81). Une grant espee au chevet Ot, et celle saisir la vait (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 226). Li dus saisi le brief, si le va desploiant. Le teneur en lisi qui va ciertefiant Comment li grant segneur (...) Enmenoient le roy dou tout à leur commant (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 337). ...sault sus tout en haste et saisit son pourpoint. (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...il vint saisir les verges et en sa main les tient (C.N.N., c.1456-1467, 264). Et, en l'amenant de sa prison en la chambre de la question dudit Chastellet, saisy ung couteau qu'il apperceut sur son chemin et d'icellui se coppa la langue, et puis fut remené en sa prison, sans autre chose faire pour ledit jour. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 225). FRANCEQUIN. (...) Ne laisse rien, porte ces tasses, Veille tost ces voirres saisir. Tiens les bien, car si tu les casses, A l'oste feras desplaisir. (LA VIGNE, S.M., 1496, 206).

-

Se tenir saisi de qqc. (une arme). "Tenir son arme prête (au combat)" : Adont le preux Nestor sailli sur son cheval et se tint de son escu et de sa lance saisy, pour ce qu'il ne savoit point la voulenté des deux chevaliers estrangiers. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 264).

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[Dans un cont. métaph.] : Mais loial Volenté d'amy Et Desirs qui est tout emmy Le cuer d'ami, volent après, Et se le sieuent de si près Qu'adès a il d'eaus congnoissance, Et se les puet sous sa puissance Choisir, saisir, prendre et mener Et a son plaisir demener. (MACH., D. Aler., a.1349, 331).

2.

P. ext.

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(Se) saisir de qqn/d'un bien, d'un territoire. "S'emparer de qqn, de qqc." : ...le conte de Montfort (...) bien avoit de quoi faire grans largeces, car il avoit saisi deviers li le grant tresor qui avoit esté a son frere et lequel il avoit trouvé en le chité de Limoges, (FROISS., Chron. D., p.1400, 474). Icy parle des choses qui advindrent après la bataille de Morat et comme le duc de Bourgongne se saisit de la personne de madame de Savoye et comme le roy son frère l'en delivra. (COMM., II, 1489-1491, 122).

-

En partic. "Conquérir par la force armée (un site stratégique, une région...) : Apriés ce que li rois d'Engleterre eut couru tout ou en partie le roiaulme d'Escoce et pris et saisis dedens le pais pluisseurs chastiaus (...) li rois David d'Escoce, (...) demora tous esbahis (FROISS., Chron. D., p.1400, 235). Et tantos li rois Phelippes envoia saisir la conté de Pontieu et la conté de Monstruel et toutes les terres que li rois d'Engleterre avoit relevé de la couronne de France, et qu'il tenoit au jour que les desfiances vinrent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 301). Les portes et les bailles de Calais furent ouvertes ; les Englois entrerent dedens et se saisirent de la ville et dou chastiel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 851). ...Alixandre Sçot que Daires saisir et prendre Vouloit la monteigne (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 45). Le V^me [avis] est qu'il [le prince] se doit saisir des pas dessusdiz avant que ses anemis, et la, se il peult, les attendre et assaillir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 243). Saint Germain est la clef et le passage Ou passer fault, soit a gaing ou dommaige, Et dont se doit saisir et acoustrer Qui au royaume de Napples veult entrer. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 245).

3.

P. anal.

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[D'un mal] "Toucher, frapper qqn/qqc." : ...les maladies avoient saisi leur vieillesse et avoient affloibloié les vertus et les forces de leurs corps (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 100).

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[D'un phénomène climatique] "Avoir une certaine action sur qqc."

-

Part. passé en empl. adj. Mer saisie. "Mer gelée (il s'agit ici de la Manche) (?)" : LE HERAULT. A vous tres haulx puissans seigneurs, Ducs, contes de grant baronnie D'Angleterre, et tous les greigneurs Qui ont passe(r) la mer saisie, Par devant vostre seigneurie Je vous viens denoncer messaige. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 415).

4.

Au fig.

a)

Saisir qqc. "Atteindre qqc." : Pour haulte chose mediter Vous amaine en ceste place. Tant avons fait, par la Dieu grace, Que le plus hault avons saisy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 402).

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"Éprouver qqc." : "...Ha ! mere Mabilette que grant douleur saisis Quant de vo noble corps je me fus departis !..." (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 23).

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[De l'oeil] "Apercevoir, accrocher qqc." : Moult ont mi oel bien cuesi Quant vos regars ont saisi, Dame d'onnour (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 79).

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Saisir un chemin. "S'en aller" : SAINCT MARTIN. Lever nous convient par loisir, Francequin, pence a mon affaire ; Puis nous fault ung chemin saisir, Pour mieulx ma volunté parfaire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 210).

b)

Saisir qqn de qqc. (un sentiment) "Faire éprouver à qqn (tel sentiment)" : Cils estas puet prendre et saisir Simples oiseaus d'un tel plaisir Que tels est pris qui ne s'en garde, Quant une dame ou vis regarde Tele, comme j'ay devisé. (MACH., D. Aler., a.1349, 363).

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[D'un sentiment] Saisir qqn. "Prendre possession de qqn" : Car vostre amour m'a saisi Et si navré Que j'en perch sens et arroi. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 133).

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Saisi de qqc. "Qui est sous la domination, l'influence de qqc." : Ce que il se doit garder se ennemis l'assaillent, que sa cité ne soit vuidee, c'est que le bon esperit se doit tous jours tenir saisi et rempli de vertus. Et de ce cy dit saint Augustin que, ainsi comme ou temps de guerre les gens d'armes ne se dessaisissent point de leurs armes ne ne les despoullent point ne jour ne nuit, aussi durant le temps de la vie presente ne doit point estre despouillié de vertus (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 243). Elle se mect a escripre unes lettres qui narroient tout du long (...) la desloyaulté dont elle l'a trouvé saisy (C.N.N., c.1456-1467, 179).

-

Empl. abs. "Qui ressent une impression forte" : La fu Richart saisy qui estoit plain d'irour (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 338). Ha dya ! ma damoiselle, dit lors le gentil conte, qui se trouva saisy, vous estes a merveilles fiere. (C.N.N., c.1456-1467, 156).

c)

"Comprendre, savoir"

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Saisir + interr. indir. : SAINCT MARTIN. Mon chier seigneur, s'il vous vient a plaisir, Vous me donrrez licence de saisir Par quelle voye des deux vous pourray suivre. LE PERE. Veille moy poursuivre Et ma loy ensuivre, Se bien t'en veult prandre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 147).
 

"Saisie" : ...après plusieurs saisissemens, mainmises et empeschemens faicts sur leurs personnes et biens, pour occasion de payement desdicts aydes (...), il appert tout clairement que les hommes et subgects de ladicte commanderie et dudict commandeur exposans (...) sont et doivent estre francs, quictes et exempts de payer les dessusdicts aydes pour ledit fait de la guerre (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1468, 122).
 

"Saisie" : Pour ce, semble de raison au dit suppliant qu'il doit joïr de la dicte conté jusques au jour de vostre saisure (Arch. Nord, 1423, B 17636, dossier La Tremoille, IGLF).