C.N.R.S.
 
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     MEILLEUR     
FEW VI-1 melior
MEILLEUR, adj. et subst. masc.
[T-L : meillor ; GD : meillor ; AND : meillur ; DÉCT : meillor ; FEW VI-1, 667b : melior ; TLF : XI, 588b : meilleur]

I. -

Adj. [Compar. de bon] : A seignour et mary ay Mieudre [ancien cas sujet] et plus bel que nul n'en voie (Dit prunier B., c.1330-1350, 78). LE MARI. (...) D'une femme qu'espousé ay Si bonne que meilleur ne say (Mir. enf. ress., 1353, 63). Item, supposé que il cogneüssent telle ydee ou bien separé, si ne s'en pourroit en rien aidier en son art le telier ou le fevre, ne le medecin n'en seroit meilleur medicin ne le chevalier meilleur chevalier pour la contemplacion et cognoissance de celle ydee. (ORESME, E.A., c.1370, 116). ...ilz aloient le meilleur chemin et le plus plain pays. Tant esploittierent que ilz approchierent Asquessuffort. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 67). Quar se telle chose estoit transmuee ou meue, celle qui la mouvroit seroit meilleur et plus devine. (ORESME, C.M., c.1377, 164). ...il a grant temps que nous ne veismes nul plus bel homme en armes, ne de meilleur contenance. (ARRAS, c.1392-1393, 61). Lors ot ly roys moult grant joye ; mais sachiez qu'il monstroit meilleur semblant que le cuer ne lui apportoit, car il souffroit grant hachie, car le venin qui estoit en la plaie lui bruissoit tout le corps. (ARRAS, c.1392-1393, 121). LE QUINT CHEVALIER. (...) Et ceulz qui, par bonne prudence, Enclinent leur loyal coraige Au bon lïen de marïaige, Que vous dites estre si fort, Ont avis et meilleur ressort. Que n'ont les jeunes folz volages (Gris., 1395, 15). LA NOURRICE [à la marquise]. Dame, je vueil faire tarir Mon lait et vostre fils rapporte ; Maiz en tel point le vous apporte, La mercy a Nostre Seigneur, Qu'enfant ne puet estre en meilleur [point]. (Gris., 1395, 61). LA PREMIERE DAME. Mon tresdoulz enfant (...) Que la bien soiez vous venue (...) Quant fille estes nostre maistresse, Qu'onques enfant n'ot meilleur mere [Griseldis]. (Gris., 1395, 96). La chité estoit bien pourveue de gens d'armes et d'archiers, par quoi elle en estoit plus tenable et de millour garde (FROISS., Chron. D., p.1400, 652). Et blasma la Court très fort lesdis prevost et officiers dessusdis de ce qu'ilz n'avoient fait meilleur diligence de pourveoir sur ce que dit est. (FAUQ., I, 1417-1420, 355). Encores est melheur la saveur, Si me semble, par mon serment. (Pass. Auv., 1477, 89). Recepte pour (faire) fard : de granade Et de la corne d'ung regnart Avecques force de moustarde, Vous ne veistes onc meilleur fard. (Dorib., p.1480, 250).

 

-

Sauf meilleur jugement. V. jugement

 

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Tres meilleur : Nous devon donques prendre de chascun de eulz, c'est a savoir, d'entendement speculatif et de entendement pratique le habit tres meilleur (ORESME, E.A., c.1370, 332).

 

-

Meilleur que : Et qu'il ot santé aussi bonne Ou mieudre assés qu'autre personne (MACH., C. ami, 1357, 44). ...nous avons assez, Dieu mercy, pour faire refaire l'abbaye meilleur qu'elle ne fut oncques, et renter mieulx et plus richement, et y mettre plus de moines qu'il n'y ot onques. (ARRAS, c.1392-1393, 255). ...on n'euist (...) litiere a milleur marchiet que en Hainnau ou en Vermendois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 123). ...par quoy au fait De leur sens s'ensuit mieudre effait Qu'il ne fait des jeunes hastis (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 226). C'est a dire, mon filz et ami : Quel chose est meilleur que l'or ? (LA SALE, J.S., 1456, 20).

 

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Meilleur de. "Meilleur que" : Un hermite de Dieu affin Meilleur de moy y trouverez (Mir. enf. diable, c.1339, 37).

 

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Estre meilleur à qqn : GRISELDIS [à Janicola]. Je m'en voiz faire vostre lit Et baloier nostre maison Affin que nettement soyon, Doulz pere, en nostre povreté, Que, se bonne vous ay esté, Se Dieu plaist, meilleur vous seray. (Gris., 1395, 29).

 

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Avoir qqn meilleur : LE TIERS CHEVALIER. (...) Maintes foiz voy que viz a viz [le marquis] La regarde [Griseldis] moult longuement, Maiz ja maiz un seul mouvement Ne un seul semblant de tristece Il n'y trouvast, maiz que lÿece Et vraye amour continüelle ; Et s'il l'a huy trouvee tele, Encor l'a meilleur l'andemain, Qu'adez amende en souverain Maintieng, et en obeïssance (Gris., 1395, 70).

 

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Avoir qqc. meilleur à + inf. "Mieux vaut (pour le sujet) de + inf." : Vous les averés millours a estre en sus de vous que si proçains, et si serés hors dou peril, car nuls sires ne se doit trop comfiier en conmun estragne. (FROISS., Chron. D., p.1400, 451).

II. -

[Superl. de bon] Le meilleur./La meilleure

A. -

Adj. : Et en convoiant avoier Vous vueillez de dire un rondel Tout le meilleur et le plus bel Que sacez dire. (Mir. abbeesse, 1340, 86). Et de toute ceste doctrine la meilleur, la plus digne et la plus profitable, c'est la science de moralité, contenue par especial et principalment en un livre divisé en deux, qui sont appelés Ethiques et Politiques. (ORESME, E.A., c.1370, 97). ...assez devons dueil mener, car nous perdons le meilleur roy et le plus preudomme qui oncques feust en ce royaume. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Oncques ne fus putain ne my appartenant, Ains fus nee et estraitte du mieudre combatant Qui oncques portast armes ne montast sur bauchant (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 450). Mais nature de femme est plus paoureuse et aussi de plus doulce condicion, et pour ce, se elle veult et elle est saige, estre puet le meilleur moyen a pacifier l'omme, qui soit. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 35). Car onques dame d'onneur ne peust amer homme envieux, se ne fust sur les bonnes vertus : pour en estre le meilleur, comme a l'eglise le plus devot (LA SALE, J.S., 1456, 20). Entre tous estes le melheur ; Par vous j'espere saulvement. (Pass. Auv., 1477, 152).

 

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Le meilleur de./La meilleure de : MICHEL. (...) Avant, Gabriel : pardisons Devant la meilleur des elittes. (Mir. chan., c.1361, 182). Ayons des viandes les melheurs Et vins rouges, blans et clarés. (Pass. Auv., 1477, 88).

 

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Le meilleur du monde : ...les milleurs cervoisses dou monde (FROISS., Chron. D., p.1400, 123).

 

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Le meilleur que./La meilleure que : Et pour si fausse la tesmoing, Qu'elle porteroit faus tesmoing Pour le mieudre amy mettre en coing Qu'elle ait en monde (MACH., R. Fort., c.1341, 34). Et devez sçavoir que Mons. de Bourgoigne ne vouloit point mettre si legierement sa fille hors de ses mains, pour ce qu'il entendoit bien que c'estoit le meilleur baston qu'il eust. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 280).

B. -

Subst. masc. à valeur de neutre

 

1.

"Ce qu'il y a de meilleur" : ...ilz pilloient et desroboient leurs hostelz, et rompoient coffrez, huches, et toursoient tout le meilleur. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 129). ...et se mes cuers pouoit Le mieudre avoir quanque cuers penseroit Des biens d'amours, ja nul n'en retenroie (MACH., L. dames, 1377, 55). Par le sanc Nostre Dame, Meschoir puist il de corps et d'ame, Se je soye, qui sauroit a dire Qui a le meilleur ou le pire D'eulx ou de moy : je n'y voy goute. (Path. D., c.1456-1469, 116).

 

-

Estre en meilleur (d'autres choses). "Être en meilleur état, de plus grande valeur (que d'autres choses)" : ...bouterent le feu entre deux escuelles secretement quant ilz voudrent departir pour cuidier ardre la maison dudit Estienne et toute la ville, pour ce que icelle maison est en myleur des autres maisons de la ville dudit Saincte Marie (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 352).

 

-

Du plus beau et du meilleur. V. beau

 

2.

"Ce qu'il y a de mieux (dans telle ou telle circonstance)" : Nous disons ainsy pour le meilleur que c'est bon que nous essaions le roy de Castille ; espoir aura-il si grande affection de nous veoir yssir hors de Castille que legierement il nous accordera à passer parmy son royaulme (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 102). ...li baron et li prelat d'Engleterre (...) regarderent pour le millour et le plus segur que la roine lor dame retourneroit au Noef Chastiel (FROISS., Chron. D., p.1400, 776).

 

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Le meilleur est. "Le mieux est" : Et Gieffroy s'amendera, se plaist a Dieu et au monde, si que, mon chier seigneur, veulliez laissier ce dueil aler, et je vous en pry. Quant Remond entendy parler Melusigne, si scet bien qu'elle lui dit voir de quanqu'elle lui avoit dit, et que c'est le meilleur selon raison. Mais il fu si tresperciez et oultrez de yre que raison naturelle s'en estoit fuye de lui. (ARRAS, c.1392-1393, 255). GRISELDIS [à son père]. Querre voiz pour laver voz piez Au soir (...) Une cruche d'eaue ci prez, Avant que voise voir la feste. Je le metteray sur ma teste (Je croy bien que c'est le meilleur) (Gris., 1395, 34). ...li millour pour vous est que vous vos retraiiés et tenés arriere de la bataille. (FROISS., Chron. D., p.1400, 732). Sur quoy je leur ay fait savoir que je n'entendoie point que aucuns feussent encores venus à Senlis pour la part du roy, et aussi que, touchant le passaige desditz lieux de Noyon et Compiengne, je ne savoie quelle charge poviez avoir du roy, et que le meillieur estoit qu'ilz ne bougassent dudit Peronne jusques (ad ce) que j'auroie sceu l'intention de vous et de ceulx dudit Noyon touchant leur dit passaige, et, semblablement touchant Senlis, tant pour le fait du logis que autrement, et que, selon les nouvelles que j'en auroie, je les advertiroie. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 334).

 

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C'est mon meilleur. "C'est le mieux que j'ai à faire" : Suis je digne d'occuper lieu Devant le tresor de tous biens, Qui suis puante comme fyens Par peché qui ainsi m'atourne ? C'est mon meilleur que je retourne. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 435).

 

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C'est le meilleur à + inf. "C'est le mieux de + inf." : Si parla une fois au roy de Portingal et luy demanda conseil, et luy prya que il luy voulsist dire, selon son advis, lequel estoit le meilleur à faire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 96).

 

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C'est tout le meilleur de + inf. : LE JUIF. (...) Le plus qui m'esmeut en ces trés, C'est des faictz de sainct Nicolas. C'est tout le meilleur De moins en parler. Juif auront couleur De bien me galler ; Mon mal tresaler Ne ce peult du cas Qui des juifz m'en feroit aler, C'est des faictz de sainct Nicolas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 79).

 

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Le meilleur qui est à + inf. "Le mieux qui est à + inf." : Et leur demanda lequel il estoit le milleur à faire, ou d'entrer ou royaume de France (...) ou de lui tenir devant Cambray, tant que par force il l'euist conquise. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 164). Premierement li connestables en fu requis dou dire et demandés que il en vosist dire à son avis le milleur qui en estoit à faire. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 161).

 

-

Du meilleur. "Au mieux" : "C'est ung mol chevalier qui ne veult autre chose que ses aises, de boire et de mengier et de aloer le sien folement, et si tost comme il sera conte, il vendera de son hiretaige pour faire ses volentez du meilleur et du plus bel." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 69).

 

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Pour le meilleur. "Au mieux" : ...li rois de France parellement i envoieroit de par li nobles honmes et prelas qui averoient plainne poissance d'acorder tout ce que dit et parlementé seroit pour le millour. (FROISS., Chron. D., p.1400, 457). ...ainsi comme nous verrons qu'il sera à faire pour le meilleur (Ch. VI, D., t.1, 1402, 225). L'EMPEREUR. (...) Messeigneurs, sans muer couleur, Conseillez moy pour le milleur A parvenir ou je pretens. (LA VIGNE, S.M., 1496, 500).

 

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Tout est pour le meilleur. "Tout est pour le mieux" : La culpe n'est n'en vous n'en moy ; On ne vous blasmera, je croy, Et tout sera pour le meillieur. S'il [Bernard] veult servir Nostre Seignieur, Il eslit le plus seur chemin. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 96).

 

3.

"La meilleure position, l'avantage"

 

-

Avoir le meilleur. "Avoir le dessus, l'emporter, remporter la victoire" : "Et ont tout juret qu'il ne me faurront pour morir, siques, dan Bertran, j'en arai le milleur par le grasce de Dieu en qui je me confie." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 30). Finablement il n'en eurent point le milleur, car il n'avoient q'une puignie de gens ou regard des François : si furent desconfi. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 121). Là ot bon bouteïs et qui longuement dura, anchois que on peuist veoir ne savoir que en aroit le milleur. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 68). Et ainsi se combatent tant qu'il fu heure de vespres, que on ne scet gaires lequel en a le meilleur. (ARRAS, c.1392-1393, 300). Le conte de Suffort y est, Qui nous a promis, vous savez, Et la mande tout par expres, Qu'i nous viendra avitailler. Et aveques luy amener Mille hommes de fait, j'en suis seur, Dont ne vous devez esmayer : François n'aront pas le milleur. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 532).

 

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Avoir du meilleur : Et par plussieurs foys furent ce jour que on ne savoit qui avoit du meilleur, ne qui gagneroit le champ. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 139). ...jusques a ce que par les armes a pié qu'il fera a vous, s'il a du meilleur, il le ait gaynié (LA SALE, J.S., 1456, 80).

C. -

Subst. masc. et fém. "Celui qui est le meilleur, celle qui est la meilleure" : ...sanz faille ce est li mieudres en toutes graces dont je oïsse onques mais parler. (Bérinus, I, c.1350-1370, 179). ...pour ce que au meilleur est deü plus de bien. (ORESME, E.A., c.1370, 450). Et fu esleus pour estre à le bataille des Trente ; et fu tous li mieudres de son costé, de le partie des Englès, où il acquist grant grasce. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 70). Merveille est que ne marvoy, Quant je voy Morte la plus gracieuse Et la mieudre en bonne foy Qui, je croy, Fust onques, ne plus joyeuse (DESCH., Art dictier R., 1392, 282). Et fu chils Crokars uns de chiaus qui furent armé avoecques les Englois en la bataille des Trente, et fu tous li mieudres de son costé (FROISS., Chron. D., p.1400, 860). A Dieu, mon tresloyal seigneur, De trestous les bons le meilleur ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 151).

 

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La meilleure des meilleures : Tu [Aveugle Fortune] soies de Dieu maudite. Par toy fiz je le grief forfait de mon tres chier seigneur. Or le me veulz faire comparer. Heelas, tu m'en avoiez getté et mis en haulte auttorité par le sens et la valour de la meilleur des meilleurs [Mélusine], de la plus belle des belles, de la plus saige des saiges. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

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Entre les meilleures la meilleure : Ces trois vertus l'ont si norrie Qu'elle est de trestoute valour Entre les mieudres la millour (MACH., D. verg., a.1340, 16).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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