C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/feu 
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 8 articles
 
 Article 1/8 
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     ATTISE-FEU     
FEW XIII-1 titio
ATTISE-FEU, subst. fém.
[GD : atisefeu ; FEW XIII-1, 358b : titio]

"Instrument servant à attiser le feu, tisonnier" : Et ainsi qu'il retourna en la chambre, vit sondit feu frère tout debout, et qu'il tenoit en sa main une paelle de fer ou atirefeu [l. atisefeu], de laquelle, sitost qu'il vit entrer ledit suppliant en ladicte chambre, il se efforça de l'en vouloir frapper. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 371).

Rem. Doc.1480 (atisefeu) ds GD I, 478a. Cf. aussi DU CANGE I, 458a, s.v. atticinari.
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 2/8 
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     CONTRE-FEU     
FEW III focus
CONTREFEU, subst. masc.
[GDC : contrefeu ; FEW III, 655b : focus ; TLF : VI, 88a : contre-feu]

"Plaque couvrant le fond d'une cheminée, taque" : Pour deux contrefeuz, en la gallerie haulte de la chambre du Roy et lautre en la gallerie basse de la chambre de la Royne, au pris de cinq solz tournoys pièce, Xs t. (Doc. 1493-1496. In : Bulletin de la Société archéologique de Touraine, Tours, t. 1, 1871, 290).

REM. Première attest. du FEW 1531.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Hiltrud Gerner

 Article 3/8 
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     COUVRE-FEU     
FEW II-2 1143b cooperire
COUVRE-FEU, subst. masc.
[T-L : cuevrefeu ; GD : carfou ; GDC : couvrefeu ; AND : coverfeu ; FEW II-2, 1143b : cooperire ; TLF : VI, 396b : couvre-feu]

"Sonnerie de cloches du soir invitant à cesser le travail, à couvrir les feux et à rentrer chez soi" : Adonc alèrent Soing et Cure Tost la chandelle appareillier Pour jusqu'à cueuvre-feu veillier, Car d'iver estoit la saison Qu'on ne souppe pas, par raison, Jusqu'à tant qu'on l'oie sonner. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 39). Ignitegium. cuevre feu. (Abavus IV, R., c.1350, 355). Ouvreront lesd. ouvriers dès la Saint Michel archange jusqu'aud. jour de caresmentrant, assavoir dès quatre heures du matin jusques à la cloiche Saint Jehan que l'on sonne par nuyt appellée couvrefeug (Anc. corp. dijonn. C., 1481, 364).

Rem. Doc. 1363 (carrefeu), 1398 (queuvrefeu) et fin XIVe s. (crovefeu / quevrefeu) ds GDC IX, 236a.

 

-

Heure de couvre-feu. "Heure à laquelle retentit la cloche du couvre-feu" : Et ce fait, estoient tenus chacune nuit, avant heure de carrefeu et de Guet livrer ["Avant que le Guet partit pour se rendre aux postes qui luy estoient assignez" note], d'estre en certain lieu et place en nostre Chastellet (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1363, 668). XV jours paravant le Lendit derrenierement passé, après heure de cuevre-feu, se parti de son hostel ayant son mantel vestu et une chandele ardant en ses mains (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 256). Que nul ne pourra fondre cieu ["suif"] ou creton ["résidus du suif"], se ce n'est à blanc, excepté depuis l'euvre [l. l'heure] de cerrefeu, jusques à l'Esquelle à la Mere Dieu (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1403, 601).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

 Article 4/8 
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     FEU1          FEU2     
FEW III focus
FEU, subst. masc.
[T-L : feu ; GDC : fou ; AND : feu1 ; DÉCT : feu ; FEW III, 651b : focus ; TLF : VIII, 801b : feu1]

A. -

Au propre

 

1.

"Un des quatre éléments de la physique ancienne" : Le feu est en toutes manieres de corps qui sont meslez et composés des .IIII. elemens combien que on ne le voye mye (CORBECHON, Propriétés, 1372, X, 4, 181 r°). ...et apres, par dessus l'air est le feu qui environne l'air. (ORESME, C.M., c.1377, 68). La terre donc est froide et seche, et l'eaue froide et moiste. L'air est aussy chault et moiste, et le feu chault et sec. De ces quatre elemens aussy les deux sont graves et pesans par nature, c'est assavoir la terre et l'eaue, et pour ce tendent ilz tousjours en bas vers le centre du monde tant comme ilz peuent. Et les autres deux sont de nature legiers, et pour ce montent ilz tousjours de leur nature en hault devers le ciel (...). Sans faille, ce quart element que nous appellons feu n'est pas a nous sensible ne veu comme les autres sont qui sont a nous palpables et manifestes aux sens, pour ce qu'il ne luist pas lassus en son espere comme le feu naturel qui est entre nous fait. Car s'il luisoit, il nous toldroit a veoir les estoilles. Et briefment, ce feu est en son espere de soubtille substance pure et fine plus assez d'autant que l'air est plus soubtil que n'est l'eaue. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 4). Terre trambler, L'aer deust toner - et l'eau corant Et la dorment deussent falhir [;] Le feu ardent (;) Par grief torment - deust tout morir. (Pass. Auv., 1477, 247). ...S'il se sert donc du feu, aer, terre et mer (Cene dieux, c.1492, 111). ...en printemps, esté, autom et yver, qui sont comparés aux quatre elemens, printemps a l'element de l'air, esté au feu, autom a la terre, et l'yver a l'eaue. (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 264).

 

2.

[Propriétés, manifestations...]

 

a)

[Dans une compar.] : Qui bien aimme a tart oublie, Et cuers qui oublie a tart Ressamble le feu qui art, Qui de legier n'esteint mie. (MACH., L. plour, 1349, 283). Garde qu'aus povres soit ouverte Ta main a gaaing et a perte, Et Dieus le te rendra a double, Adès pour un denier un double, Car le pechiet aumosne esteint, Si com l'iaue feu, quant l'ateint. (MACH., C. ami, 1357, 136). Ce bruist mon cuer et teint ; Car tout aussi com la cire Fondre et frire, Tire à tire, Fait li feus, quant il ateint, T'amour, qui en moy remaint, Fait mon cuer fondre et desfrire, Diex l'i mire, N'il faut mire Fors li qui me fait mal meint. (MACH., Les lays, 1377, 361). Je meurs de seuf auprés de la fontaine, Chault comme feu ["fiévreux"] et tremble dent a dent (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46).

 

Rem. Ardent comme feu / chaud comme feu / rouge comme feu... (Prov. H., 112).

 

-

[Feu / eau] : ...comme celluy qui quiert le feu en l'eau ou les raisins sur les espines (Comp. kal. bergiers C., 1493, 34 r°).

 

-

Feu de paille : Aiment hommes d'amour de feu de paille (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 121).

 

b)

[Comme source de clarté] : ...Car bien X. mil dedens entrerent De Sarrazins, et reponnirent Par une porte qu'il ardirent, Si com li nostre avoient fait, Qui la porte ardirent de fait, Par force au darrenier assaut ; Dont ce fu moult tres grant deffaut, Qu'onques n'i ot home ne garde Qui s'en donnast ne preïst garde, Ne qui veïst fu ne fumée ; Saint Marc est la porte nommée... (MACH., P. Alex., p.1369, 97). L'aer si trestroublé lors estoit Que il n'y avoit clarté nulle, De soleilh, de feu ne de lune. (Pass. Auv., 1477, 274).

 

c)

[Comme élément destructeur] : ...je di que cil dui amant sont Moult engoisseus, quant einsi perdu ont Ce qu'il aimment, et que li cuers leur font, Si com la cire Devant le feu se degaste et empire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 120). Car il estoit si forsenez, Si dolereus, si mal menez, Li las, qu'il se desesperoit Et parmi le pourpris queroit Yaue, feu ou fosse parfonde, Pour finer sa vie en ce monde. (MACH., D. Lyon, 1342, 180). Et quant en sa desesperance S'ocist, si forment s'envay Qu'avec le cop en feu chay, Dont tantost fu arse et bruïe. Einsi fina Dydo sa vie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 210). Lors commanda qu'on empreïst La fournaise et qu'on y feïst Le feu plus grant qu'on ne soloit Set fois, car einsi le voloit. La fournaise fu eschaufee Et si durement enflamee Que la hautesse de la flame Quarante nuef queudes haut flame. (MACH., C. ami, 1357, 21). ...il avient peu Qu'estoupes n'ardent près de feu (Mir. chan., c.1361, 175). Ce fait, la fausse gent ont pris Toutes les chartres dou païs, Où les coustumes et les loys Estoient, et les drois des roys ; Si les ont arses et brulées Et en un ardant feu getées Si que mais ne seront veües, Ne retrouvées, ne leües. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). Quant ilz [les Sarrasins] virent que noz gens s'en tournerent, ilz vindrent a la mer et rescourrent jusques a six nefs et vaisseaux du feu. (ARRAS, c.1392-1393, 133). Et par Mahon, sire soudant, sachiez qu'il [Geoffroy] n'a pas voulenté de fuir, car il a tres bien garnie Baruth de vivres, de gens et d'arteillerie, et s'en vient grant erre par deca ; et ne voit on que feux et flambe par my le pays, et sont tous les chemins chargiez de Sarrasins et de Turs mors. (ARRAS, c.1392-1393, 227). En ceste partie dit l'ystoire que Gieffroy, si tost que ses X. chevaliers furent partiz, il prist du feu a une lampe en l'eglise et bouta le feu ou feurre. La busche s'esprist. La peussiez oïr et veoir grant pitié, car, si tost que les moines sentirent le feu, ilz commencierent a faire piteux criz et tres amers et doulereux plains ; mais ce ne leur vault riens. (ARRAS, c.1392-1393, 251). Aussy par la grant force des pierres ardans qui sans cesser saillent de ce puis et tumbent, partans de la flambe du feu, dont pluiseurs en vollent comme estinchelles de feu (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 142). En .I. fu soit brulé le livre Ou on a trouvé le fachon De nous mettre ainsi a duichon. (Mandel. T., c.1450-1475, 189). Par saincte marie la belle Il nya ne feu ne fouaille. (Myst. st Martin K., a.1500, 306).

 

-

[Avec personnification] : NOSTRE DAME. Feu, je te deffens et forclos Que sur ceste femme ne passes Ne que de riens tu li meffaces. (Mir. femme, 1368, 217).

 

d)

Prov. : Car main et tart Son dolent cuer de sa dame ne part, Eins la compaingne en tous lieus sans depart ; Et cils qui est plus près dou feu, plus s'art. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 122). ...Et pour ce que le feu aproches D'Amours qui te point de ses broches, Pers tu maniere et contenence, Scens, joie, vigour et puissance. Et aussi retien de mon art ; "Qui plus est près dou feu, plus s'art." Orendroit plus ne t'en diray. (MACH., R. Fort., c.1341, 116). Quar qui plus est près du feu plus tost s'art (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 343). ...car feu n'est point sans fumee, mais fumee est souvent sans feu. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 115). [cf. aussi CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 176] Onquez feu ne fut sans fumee (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 309). Onques ne fut feu sans fumee (LA SALE, J.S., 1456, 307). Petis charbons allument les grans feus. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 569).

 

Rem. Prov. H., 133 [F69].

 

3.

[Servant à divers usages]

 

a)

[Pour se chauffer, pour cuire les aliments...] : ...Mais son tortis ou sa chandeille Alumoit chascuns en son dos, Mais li sages, qui estoit sos, Par son art et par sa science Qu'est appellee nigromance, Fist tant qu'il n'avoit fu ne flame A Romme, fors eu dos la dame : La li Roumain dou feu prenoient N'a Romme autrement feu n'avoient. (MACH., F. am., c.1361, 208). Vas nous querre du feu, Gamache (Mir. st Ign., 1366, 84). Siques lors qu'en la cambre il fu, Sans demander aigue ne fu, Sus .i. siege s'assist errant. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 239). ...et regarde en la valee, et voit l'ost des Sarrasins, ou il voit grant clarté de feux qui sont par les logeiz (ARRAS, c.1392-1393, 95). ...et estoient tous les huiz fermez et barrez. Et le feu ardoit grant en la cheminee. (ARRAS, c.1392-1393, 308). Sy sont les livres de nature de feu, que nulz ne se puet approuchier d'eulz que l'en n'emporte aucun prouffit (BOUVET, Appar. Meun A., 1398,). ...non obstant que le graphier eust feu en vaissel delez son siege pour garder l'ancre de son cornet de geler, neantmoins l'ancre se geloit en sa plume de IJ ou de IIJ mos en IIJ mos (BAYE, I, 1400-1410, 212). ...un aistre de pierre qui est ou contre cueur, de morte pierre de dix pieds de long et six pieds de hault, pour mettre du feu de charbon à tourner les rotz (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 603). De feu je n'eusse peu finer, Si m'endormis, tout enmouflé (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30). ...le pot a la porée, qui sur le feu estoit, commence a s'en fuyr par dessus, pource que trop aspre feu avoit (C.N.N., c.1456-1467, 543).

 

-

Feu couvert. "Feu recouvert de cendres entre deux périodes d'utilisation pour n'avoir pas à le rallumer par la suite" : ...il se tient plus coy que ung feu couvert. (C.N.N., c.1456-1467, 199).

 

-

Esteindre le feu : ...elle estaindit tout le feu de leens, tant en la cuisine comme en la chambre. (C.N.N., c.1456-1467, 264).

 

-

Faire du feu / allumer le feu : Je m'en voix comander que tost soit fait le futs. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 20). Lors s'arresterent dessoubz un grant arbre, et dist le conte a Remondin : Beau nepveu, nous demourrons cy tant que la lune sera levee. Remondin dist : Si comme il vous plaira, monseigneur. Il descendy, et prist son fusil, et fist du feu. (...) Et entretant que Remondin mettoit paine a alumer le feu pour faire a son seigneur plaisir, le conte regarde tousjours ou ciel contremont, et commenca a souspirer parfondement (ARRAS, c.1392-1393, 20). Il les fist tantost conduire en une tresbelle chambre, et envoya couvrir la table et faire beau feu et apporter la souppe (C.N.N., c.1456-1467, 173). Or luy faictes, dit il, de bon feu, pour soy chaufer, car il en a bon mestier (C.N.N., c.1456-1467, 360). ...[il] trouva sa femme qui se levoit ; laquelle luy fist faire du feu [Un mari rentre chez lui après une nuit passée au guet] (C.N.N., c.1456-1467, 391). Il fist mener madamoiselle en une tresbelle chambre, et luy faire du bon feu (C.N.N., c.1456-1467, 409). Ilz firent faire bon feu et tresbien appoincter a menger (C.N.N., c.1456-1467, 548). Pour troys faitz de romarin, pour faire du feu, en la chambre du roy (Comptes roi René A., t.1, 1476, 43). Là furent jusquez à ce que le feu fut allumé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 195).

 

.

Faire feu de son fusil : ...et fis feu de mon fusil (Chev. papegau H., c.1400-1500, 85).

 

-

Le feu est espris. "Le feu est allumé" : Remondin, qui avoit alumé le feu, et qui bien avoit ouy ce que ly conte Aymery avoit dit, en partie, lui dist : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

-

Brandon de feu. "Brandon (le brandon est fait pour allumer un feu)" : ...Et en sa destre main tenoit Un dart qui bien estoit ferré De fer tranchant et aceré ; Et en l'autre avoit un brandon De feu qui getoit grant randon... (MACH., D. verg., a.1340, 19).

 

-

(Dimanche des) feux. "Dimanche des bordes, dimanche des brandons (le premier dimanche de Carême)" : ...le mardy après les feux l'an mil CCCLX et neuf (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1373, 105).

 

-

Prov. : Plus y a feu, plus tost pot bout. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 169). A mort ne vault fuzil ne fu. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 109).

 

b)

[Pour la fusion des métaux] : ...ung plombeur, besongnant en icelle couverture, s'en devala en bas et laissa le feu où il chaufoit les fers à soulder en icelle couverture sans aucune garde (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 266).

 

Rem. Doc. 1414, 1439, 1442, 1443. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 672.

 

-

[Pour la transformation du métal, du minerai]

 

.

P. méton. "Cuisson" : Et après visité les recuiz de mine qui estoient ès minez du martinet dudit lieu de Chissieu, et trouvé qu'il y avoit cinq recuiz de mine dont le premier a eu 38 feux, et me dist ledit Jacquemont, maistre fondeur, qu'il ne savoit s'il estoit en estat de fondre ou non pour ce que la mine est mauvaise et ne se puet fondre et que on l'a essayée, et qu'il luy semble qu'il ne la fault plus cuire et que le feu ne luy prouffiteroit de riens et la fauldroit lessier mistionner avec autre bonne et en ce point la fondre, et luy semble que par ce moyen elle pourroit prouffiter. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 249).

 

c)

[Pour faire des signaux] : Et tantost fist le cappitaine faire feu sur la garde d'un fallot, et puis cliner devers la mer, et quant la plus prouchaine garde le vit, si firent feu et le signe. Et ainsi le firent tant de garde en garde que il fu sceu par tout le royaume tantost. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

-

Signe de feu : Et avait ordonné sur pors gardes, que tantost que ilz les verroient venir arriver, ilz feroient signes de feu (ARRAS, c.1392-1393, 128).

 

d)

[Pour marquer une fête, une veillée, une garde...] : Et quant la nouvelle fu espandue par la ville, ilz orent si grant joye que ilz ne porent plus, et firent sonner leurs trompettes et leurs menestriers, et firent feux par la ville, signifiant joye et victoire (ARRAS, c.1392-1393, 152). ...que ceste nuit chacun quartenier de Paris feroit faire beaulx et grans feux par toutes les dixaines de son quartier, et que ung chacun seroit en armes et sur sa garde durant lesdiz feux. Et si furent ordonnées toutes les chaynes des rues foraines estre tendues, ce qui fut fait, et veilla chacun jusques au point du jour. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 114).

 

-

Au plur. "Feux que l'on allume sur les places ou sur les hauteurs à l'occasion de certaines fêtes" : ...mercredi derrenierement passé, au soir, ainsi comme l'en estoit aus feux de la veille Saint-Pere, en la rue de Saint-Pol, et au devant de l'ostel dudit de Roussay (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 135). ...[il] se parti sanz commander aucunes des gens dudit sire de Roussay, qui s'esbatoient aus feux devant la maison d'icellui (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 135). Et aussy au soyr l'en a fait par les rues publiquement feus en signe de joye et de leesse pour la revenue dudit seigneur. (BAYE, I, 1400-1410, 261). Dont les habitans de Paris furent moult resjouys, et firent faire feux et sonner les cloches en toutes les eglises de Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 170). Et ce jour, à ladicte entrée, furent les rues parées et feux fais en la ville de Paris par l'ordonnance des gens du Conseil du Roy, en signifiance de joye et de leesse. (FAUQ., II, 1421-1430, 143). Desquelles nouvelles se resjoyrent en pluseurs lieux et carfours de ladicte ville, et ilec crioient (...) Vive Bourgoingne ! faisans de grans fus et pluseurs autres esbattemens. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 376). Et, de ladicte desconfiture en fut chanté en l'eglise de Paris Te Deum laudamus et fait faire les feux parmy les rues de ladicte ville. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 55).

 

-

Feu de joie. "Feu allumé en signe de réjouissance" : ...Et tous les bons faire les feux de joye (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 64). ...et furent faites pluseurs hystoires et feus de joye à sa venue. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 512). Sy vous prye que pour icelle belle paix veulliez faire une procession la plus sollempnelle que pourrez et aussy les feuz de joye (Doc. 1478. In : Ch. Samaran, Le Moy. Âge 22, 1920, 243). ...mandons que, pour ladicte paix vous faites faire les feux de joye et processions solempnelles (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 409).

 

-

Feu de vigile. "Feu destiné à durer toute la nuit" d'où "Très grand feu" (?) : Adonc les tirans vont querir du charbon, et dit Fieramont en le mettant dessoubz le gril : FIERAMORT. Veez en cy de bel et de bon, Je le vueil getter la dessoubz. Avant ! avant ! soufflons trestous, Faison ung grant feu de vigille. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246).

B. -

En partic.

 

1.

"Incendie" : Aussi fu l'estoile coumée, En semblance de feu couée, Qui de feu et d'occision Faisoit prenostication. (MACH., J. R. Nav., 1349, 143). Car tant en y ot de perdus Qu'on en estoit tous esperdus, L'un par feu, l'autre par bataille. (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Quant Eneas parti de Troie Son filz et son pere et sa proie Que dou feu de Troie getta, Et la franche Thegneÿta Qui l'alaita de ses mamelles... (MACH., Voir, 1364, 626). Là veïst on maint drap de soie, Et de fin or qui reflamboie Ardoir, et mainte dame belle, Maint Sarrazin, mainte pucelle, Maint Turc et maint enfant perir, Par feu, ou par glaive morir. (MACH., P. Alex., p.1369, 21). ...et, assez tost après ce que elle depposant yssy hors de sadite maison, vit et apperceut que le feu ardoit au long de la couverture de l'ostel dudit Miserele (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 63). ...ou mois d'octobre ou de novembre derrenierement passé, le feu se prist au Chapel-Rouge à Moulins en une chambre où Julian Le Lievre Sardain estoit logiez, en laquele chambre vindrent Pierre de Vailledoli et plusieurs autres pour secourir le feu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 442). ...un grand bac de six pieds de long et deux piés de large dedens euvre, lequel reçoit les yaves qui chient du robinet pour tenir plain, si mestier estoit, pour doutte des feux (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 620). ...par feu et par glaive aloyent tout destruisant. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 85). Quand le prestre se vit environné de feu (...) se leve et s'encourt (...) L'effroy du feu fut tantost elevé par toute la rue (C.N.N., c.1456-1467, 495). ...il widèrent à file et sans ordonnance, comme l'on court au feu (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 350). Hola, hau ! le feu est ceans, Qui nous amaine ce couart Qui s'en va courir aux champs ? Hola, hau ! le feu est ceans... (P. Jouh. D.R., a.1488, 16). Fist faillir et estaindre le feu de tout Romme et des environs et puis trouver en l'asille de l'empereur. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

-

"Feu qui incendie, geste de l'incendiaire" : ...accusé de crime aussi et mis en prison comme pour le feu. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 295). ...il porte en l'une main Le feu et l'eaue en l'aultre. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 70).

 

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Feu d'aventure./Feu de meschief. "Incendie accidentel" : ...pour aider à fere une maison neufve sur chascune masure ancienne ou pour les reffaire quant ilz sont deppechiéez ou arsez par feu d'aventure. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 22). En ce temps, advint en Normandie que le corps de l'eglise de Fescamp, par male fortune et feu d'aventure, qui vint de la mer de devers les marches de Cornouaille, se bouta ou clocher d'icelle abbaye, qui fut tout brulé et ars. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 13). En pluseurs lieux, furent piteux feus de meschief pour la secheresse du temps (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 528).

 

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Au feu ! : [Contexte métaph.] Au feu ! Au feu ! Au feu, qui mon cuer art Par un brandon tiré d'un doulx regart, Tout enflambé d'ardant desir d'amours. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 383). Au feu, au feu, courez, tous mes amis ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 45).

 

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Crier au feu / le feu. V. crier : Si print après une poignée d'estrain, et en bouta le feu en la maisonnette, et habandonna nostre curé, et s'en fuyt en la rue crier au feu. (C.N.N., c.1456-1467, 495).

 

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Bouter (le) feu / (les) feux (qq. part). "Provoquer un incendie qq. part, incendier (qqc., un lieu)" : ...N'il n'eüst ville ne clochier Près a trois lieues ou a quatre, Par quoy il s'alassent esbatre ; Et que d'aucune mortel guerre Fussent espandu par la terre Tout environ li annemi, Et ceste gent fussent enmi, Et que les feus de toutes pars Boutassent, si que des espars Veïssent en lieu de lanterne. (MACH., D. Lyon, 1342, 204). Et puis iray le feu bouter En la couche par devers li (Mir. femme roy Port., c.1342, 186). As tu bouté le feu es hales ? (Mir. emp. Julien, 1351, 183). Or vous ay dit et raconté Comment li roys, pleins de bonté, Fist par ses gens le feu bouter En la porte, sans arrester, Si qu'elle fu arse et brulée, Et toute en cendre degastée. Quant la force fu abaissié Dou grant feu, la chevalerie Et trestout l'ost entierement, Avec le roy joieusement, Entrerent dedans la cité. (MACH., P. Alex., p.1369, 89). ...Ainsi ne fina toute jour D'occire, et sa gent de pillier Pour toute la ville essillier. Et quant elle fu bien pillie, Bien destruite et bien essillie, Li roys le feu dedens bouta, Car bien vit, et pas ne doubta, Qu'il ne la peüssent tenir, Et veoit le vespre venir. (MACH., P. Alex., p.1369, 209). Einsi s'en va tout combatant Et les Sarrazins ociant, A Alayas droite voie, Boutant les feus ; que vous diroie ? Trois bonnes villes y a pris Et destruites li roys de pris, Dont vesci les noms, sans doubtance... (MACH., P. Alex., p.1369, 212). Dist aussi, sur ce requis, que ès voyages et chevauchées cy-dessus dites par lui faites, il ne vit oncques feu bouter, ne n'en bouta aucuns, ne ne fu aussi où feu feust bouté, forteresse françoise prinse ne eschielée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 59). ...et en icelle [maison] bouté le feu, telement que a pou que ladite maison n'a esté arse, et y fu le feu jusques au feste d'icelle maison. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 62). ...durant ce qu'il a chevauchié en la compaignie desdiz Engloiz, il a veu bouter feux par ses compaignons, et lui present, en plusieurs villes et villaiges du royaume (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 98). Quant les Sarrazins virent que c'estoit au fort, et que ilz ne povoient fuir, si prindrent un vaissel que ilz avoient prins sur ceulx de Rodes, et gecterent les gens a bort, et l'emplirent de busche, de huille, de graisses et de souffre. Et, quant ilz virent noz gens approuchier, si bouterent le feu dedens. Et, quant ilz le virent alumé, ilz esquipperent vers nostre gent. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Et envoierent en l'abbaye des biens grant foison et en menerent ce des vaisseaulx que ilz porent bonnement, si chargiez de l'avoir aux Sarrasins que plus ne povoient. Et ou remenant bouterent le feu, et fu toute la navire qui demoura esprinse. (ARRAS, c.1392-1393, 133). Sire, a demie lieue de cy a environ mille Sarrasins qui s'en vont ferir a Baruth pour garder le port et la ville. Et Gieffroy lui demande : Me sauras tu bien conduire la ? Par foy, sire, dist l'espie, ouil. Lors dist Gieffroy au maistre de Rodes qu'il conduisist l'avant garde et qu'il boutast le feu par tout, par quoy il les peust retrouver par la trace de la fumee. (ARRAS, c.1392-1393, 224). Tout vont par la ville occiant, Le feu boutant, a escient, Es maisons et es haultes tours. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 326). ...par la grant multitude de gens d'armes qui, hors feu bouter, gastoient et destruioient les plas païz (BAYE, I, 1400-1410, 246). ...lesquelx, tant deçà que delà, ont fait tous les maulx que l'en puet faire, hors bouter feulx publiquement (BAYE, I, 1400-1410, 340). Ce jour, après mynuit, vindrent courir devant Paris les gens d'armes de la garnison de Montlehery et autres favorisans du conte d'Armaignac, et bouterent le feu en pluiseurs maisons du fourbourg de Saint-Germain-de-Prés (FAUQ., I, 1417-1420, 168). ...la finale et derreniere resolucion si fut qu'ilz yront bouter le feu ou convent, et brulleront et moynes et moustier. (C.N.N., c.1456-1467, 225). ...en faisant grant dommage par tout le pays où ilz passoient, car ilz bouttoient le fus par tout. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 8).

 

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[À la poudre à canon] : Et, ce jour aussi, par cas de fortune, fut mis et bouté le feu dedens la pouldre à canon qui estoit à la porte du Temple, qui en emporta le comble de ladicte porte et fist descharger huit pieces d'artillerie estans en ladicte porte, qui à ladicte heure estoient toutes chargées. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 100).

 

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Bouter le feu es estoupes. "Mettre de l'huile sur le feu" : Et quant j'aperçu la maniere De leur parler et de leur chiere, Et que meües furent toutes, Pour bouter le feu es estoupes, Au juge fis une requeste Qui me sambloit assez honneste, Et humblement li depriay Et requis en mon depri ay Qu'elles parlassent tout a fait... (MACH., J. R. Nav., 1349, 245).

 

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Boute feu. "Celui qui provoque des incendies" : Comment il fut procédé contre les boute-feus (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 460). ...les Bretons et mesmement ceulx d'environ ledit lieu de Machecol conceurent grant hayne (...) et le lièrent sur ung cheval, en luy imposant contre verité qu'il estoit des boute feuz de Poictou, qui avoient bruslé les maisons dudit Machecol (Doc. Poitou G., t.11, 1474, 445).

 

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Mettre le feu (qq. part) / mettre en feu : Elle fu si desesperée, Si hors dou sens, si forcenée, Que deus enfans qui sien estoient, Pour ce que Jason ressambloient, Occist en despit de Jason, Puis mist le feu en sa maison. (MACH., J. R. Nav., 1349, 233). Mettre y vois le feu sanz respit. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 117). ...il eut de l'estrain largement et l'avala dedans la fosse, et y mist le feu (C.N.N., c.1456-1467, 355). ...et y fut tué XL mille hommes et plus et prins mille et deux cens prisonniers et la cité mise en feu, et femmes et enfans tout à l'espée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°). ...desquelles [couleuvres] l'une partie se retira pour la doubte de l'autre ou creux d'un gros arbre, cuidans eulx sauver, mais l'autre partie de moult impetueuse course, en sibillant, suivit aller après dedans icelui arbre, lequel fut environné de bois sec et y fut mis le feu et ainsi finerent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°).

 

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Mettre en feu et en flamme. "Mettre tout à feu et à sang" : ...je feray assaillir Japhe et mettray tout en feu et en flambe. Et tout quanque je trouveray dedens de Sarrasins, je les feray tous mourir. (ARRAS, c.1392-1393, 223). ...le roy ordonna que la place de Chaumont sur Loire, qui appartenoit à messire Pierre d'Amboise, seigneur dudit Chaumont, feust mise en feu et en flambe et arrasée ; ce qui fut fait. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 154).

 

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[Dans un cont. métaph.] Mettre à feu et à flamme : Adonc Anemis-qui-ne-dort, - C'est Desirs, qui m'a fait maint tort - Tenoit en sa main un tison, Et si s'en vint en traÿson Et dedens mon cuer se bouta, Si que prés le manoir tout ha A force ars, malgré mien, par m'ame, Et mis tout a feu et a flame. (MACH., Voir, 1364, 470).

 

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À feu et à sang. "En incendiant et en tuant" : ...et mena fort guerre audit roy de France son souverain seigneur a sang et a feu. (Honn. cour. Fr. P., 1418-1420, 52). ...et continuerent lesditz Suisses à faire la guerre au Roy, tant en Austriche comme en Ferrate, à feu et à sang. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 311).

 

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Estre en feu et en flamme : ...et pour monstrer qu'ilz n'y vouloyent plus retourner, ilz mirent le feu dedens leur dict camp, tellement que tout fut en feu et en flambe. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 319).

 

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Coulour de sanc et de feu : ...Li setiemes [soleil] fu moult horribles, Espouentables et terribles : Coulour ot de sanc et de feu, S'avoit un noir glaive en mi lieu. Couleur sanguine ot le huitiesme. Trop fu tenebreux le nueviesme, Mais un seul ray luisant y ot. Ne sorent que signefiot... (MACH., F. am., c.1361, 238).

 

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Faire guerre de sang et de feu. V. guerre

 

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De feu et de sang. "En brûlant et en massacrant ; avec toutes les horreurs, toutes les destructions de la guerre" : ...lesdis seigneurs sont disposez d'eulx mettre sus à grant puissance et de faire guerre de feu et de sang et la plus dure qu'ilz pourront (BAYE, II, 1411-1417, 122).

 

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Desfier qqn à / de feu et à / de sang. "Menacer d'une guerre sans merci" : Deffie [eulx] a feu et a sang De part moy, et ne reste tant Que n'aye faicte la deffiance. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 95). Il vous deffy par vostre nom, Richart, le seignieur de Menton, De feu, de saing et d'aultre bien, Le sire de cyans et le syens. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 97). Je regnye Amours et despite Et deffie a feu et a sang. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 69). ...monseigneur Philippe de Clèves l'envoya deffier de feu et de sang (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 412).

 

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Menacer de feu et de sang. "Menacer de toutes les horreurs, de toutes les destructions possibles" : Et, en oultre, il menace de feu et de sang tous ceulx qui ne lui aideront ou dissimuleront, qui est chose dampnable, inique et detestable. (FAUQ., I, 1417-1420, 33).

 

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Menaces de feu et de sang : ...certaines lettres patentes (...) séellées du petit séel du duc de Bourgongne et signées de sa main (...) contenans menasses de feu et de sang contre ceulx qui gouvernent à présent (...) entour le Roy, qu'il [le duc de Bourgongne] appelle rapineurs, dissipeurs, tirans, traistres, empoisonneurs et murtriers, et leurs adhérans (Ch. VI, D., t.1, 1417, 389).

 

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Mettre (un lieu) à feu et à sang. "Ravager, détruire complètement" : Je vueil que tout, comment qu'il aille, Y soit mené devant Orleans, Que je vueil raser leur muraille, Ville mectre a feu et a sang. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 208). ...ilz tuerent et mirent tout a feu et a sang, rez pied rez terre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 301). Tout mettrons a feu et a sang, Car c'est tout ce que je desire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 145).

 

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Se garder de qqc. comme du feu : ...de ces fringans et routiers de court comme du feu se fault garder (LA SALE, J.S., 1456, 288).

 

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Gare feu. "Alarme, tocsin (pour annoncer un incendie)" : La nuyt de la saincte feste de Toussaint, oncques [on] ne sonna à Paris pour les trespassez, comme coustume est, se non guare-feu (Journal bourgeois Paris T., 1419, 132).

 

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Prov. : ...trop fait grant folie cil qui met le feu en sa maison pour ardoir celle de son voisin. (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 176). Il n'est si grand feu qu'on n'estaingne. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 61).

 

2.

Feu (d'enfer). "Feu où sont tourmentées les âmes des damnés" : S'il estoit plus dur que nul fer, Si sara il se feu d'enfer Est chaut ou non. (Mir. ev. arced., c.1341, 140). Ahay, Jhesu Crist, trop est fort ; Contre toy ne vault nul effort. Tu m'as trop lourdement coyssy. Je suis tout roups et tout froyssy. Je ne puis aler ne venir, De male mort me fault mourir. Ou feu d'enfer m'en fault aler. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 132). Alés au feu d'enfer puant ! (Pass. Auv., 1477, 113).

 

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Feu et flamme : MARIE à Judas. Tu as vendu par avarice Mon filz sans pechier et sans vice, Et sans aucung villain diffame, Dont tu en as et feu et flame (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 223). ASTAROTH fine : Puis que le maistre Lucifer Le veult, soufflon trestous ensemble Et luy faison et feu et flambe (Myst. st Laur. S.W., 1499, 277).

 

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[Dans une imprécation] Mal feu : C'est a dire, qui garir me peüst Ne qui remede en moy mettre sceüst, Tant de biauté ou de richesse heüst, Ou tant renarde Fust, qu'au garir assés ne me neüst, Ne que jamais mon secret perceüst, Ne que desirs en moy si fort creüst Que maus feus arde ! Car je le porte et le çoile et le garde Dedens mon cuer qu'on ne s'en prengne garde. (MACH., F. am., c.1361, 178). Dou memoire des hommes degradés Et des livres, où il a esté mis, Maudis de Dieu, de tous sains condampnés, De la clarté des estoiles bannis Puist estre li mois de Mars Et de mal feu d'enfer brulés et ars, Li et si jours et sa puissance toute, Quant il m'a fait avoir en piet la goute. (MACH., L. dames, 1377, 222). ...C'est Desirs qui dementer Fait et tourmenter, Souspirer Et plourer Maint cuer ; maus feus l'arde. Car tant me fait endurer Que ne puis durer. (MACH., Les lays, 1377, 420). Que de mal feu soit elle bruye ! (ARRAS, c.1392-1393, 131). ...c'est Danemont, qui mal feux arde ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 56). Que du mal feu souy tu brulé, Orde villain detestable. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 16). Le mal feu d'enfer mes mains ardes, Se de les forgier suis courroussade ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 103). Moynes, que le mal feu les arde Tant portent ilz la cuille verd, Ce sont les gens qui plus hazarde (Rapp., c.1480, 64). Je prie a dieu que mal fu l'arde. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 173). Que mal feu t'arde les boyaulx. Failloit il faire tel meslee ? (Sots Magn., a.1488, 201).

 

3.

"Feu du bûcher, bûcher" : Si les monstreray mon seigneur, Qui vous fera a deshonneur En feu ardoir. (Mir. femme roy Port., c.1342, 192). ...sauf lesdiz maistres Robert Broisset et maistre Nicole de Buïencourt, qui furent d'oppinion, c'est assavoir : ledit maistre Robert, que elle feust tournée ou pilory, et tenue demi-an prisonniere au pain et à l'eaue, et li deffendu ne s'en entremettre d'ores en avant, à peine du feu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335). LE SAVETIER. J'aymeroie mieulx, par saint Gille, Que dedans ung feu vous boutasse. Et comment dea, dame Thomasse, Vous moquez vous ainsi des gens ? (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 31).

 

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Punir par feu : C'est le pechié qui crie a Dieu vengence, qui put aux angels, voire a aucuns dyables, qui sur toutes choses empesche confession pour son horreur, par lequel guerre guerre(s), famine, mortalité et mutacion de royaumes viennent, selon les loys qui le commandent punir par feu. (GERS., Noël, p.1404, 297).

 

Rem. Sur la peine du feu, cf. Dict. encyclop. du Moy. Âge, t.1, 1997, 590-591.

 

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[Jugement, épreuve du feu] : Mon innocence, doulce amie, En desclairez par jugement De feu ardant (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 89). ...par feu ou par autre espreuve (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 94).

 

4.

Feu gregeois. V. gregeois "Mélange de soufre, de poix et de salpêtre difficile à éteindre" : Quel mervaille ! car luxure est comme feu grigois qui orriblement art en l'yaue et a grant paine se puet destaindre, dont le saint Job disoit, "Cestui feu de luxure est devorans jusques a consumation." (...) Dont il est assavoir que cestui feu grigois ne se puet estaindre se n'est par arene ou sabelon et par vin aigre. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 291). Feu Grigois boutent par la ville (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 159). ...Plus rouge que n'est feu gregois (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 230).

 

Rem. Cf. les ex. de T-L III, col. 1786-1787, s.v. feu ; FEW IV, 210b : graecus.

 

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Au fig. "Explosion de colère" : Et, par Dieu, voyla grant pitié. La morbieu ! voyla feu gregoys. (P. Jouh. D.R., a.1488, 23).

 

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Feu second. "Feu grégeois" : De canons, pierres et carreaulx, D'espingales, du feu second... (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 35).

 

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Feu Griset. "Feu grégeois (?)"

 

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[Empl. ici pour désigner le feu de l'enfer] : Larron pugnaiz, de Dieu mauldit, Pour tes pechés dampné seras En Feu Griset et bruleras ! (Pass. Auv., 1477, 249).

C. -

P. méton.

 

1.

"Ce qui est inflammable, qui brûle"

 

a)

"Matière inflammable" : Il est un autre feu qui est appellé charbon et celuy est en terre en matiere plus grosse et plus rude (CORBECHON, Propriétés, 1372, X, 4, 181 r°). Et pour ce assemblé le feu il embrase de toutes pars les citez et les repuses richesses il extrait d'elles (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 81).

 

-

"Matière en fusion ; lave" : Cestui predist le grant mouvement de terre, qui fut en Cicille et les grans feux evomissans de Monthe Ethna. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 49 r°). Fist deux ymages de cuyvre sur les montaignes de Ethna, qui gectent le feu, lesquelz, quant le vent qui jectoit la flame et challeur sur terre ventoit, ilz souffloient en longues bucines (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

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"Braise"

 

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Prov. : L'en dist ensi communement, "Retrai le fieu bien sagement Et la fumée exteinderas" (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 209).

 

b)

"Bûche"

 

-

Feu le roi. "Somme de bûches destinées au roi ou au seigneur" : Et si est le dit Rat tenu fere crier le feu le roy en la parroisse de Gavray, et fere assavoir à tous les coustumiers qui ont chevaulx que ilz y voisent, et le doit garder tant qu'il y soit porté (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 100). Et chacun qui a chevaulx ou jument à bast chacun an admener chacun une somme de busche appellee le feu le roy quant il leur est fait assavoir deuement, et le doivent porter au chastel ou à la ville de Guavray, et doit avoir chacun un denier pour somme de busche (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 105). Et pour ce, sont tenus à aider à destaindre le feu quant il prent en la dicte forest, et à aider à mener le fou le roy à Noël. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 109).

 

2.

"Endroit où, dans la maison, se fait le feu, foyer (pour se chauffer, pour cuire les aliments...), âtre" : Se vous diray ce qui m'i fait doloir : Dame, il me semble Qu'une chose qui se part et assamble En pluseurs lieus, et avec c'elle tramble Et n'arreste ne que fueille de tramble, Et n'est estable, Eins est toudis changant et variable, Puis ci, puis la, or au feu, a la table, Et puis ailleurs, c'est chose moult doubtable, Car nullement On ne la puet avoir seürement... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98). Car je n'en vi onques faillir Les poz a mon feu de boullir (Mir. parr., 1356, 5). Et, ce fait, fu mis hors de ladite gehine, et mené chauffer au feu de la cuisine dudit Chastellet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6). Et lors elle, par temptacion de l'ennemi, et comme desesperée, entra en sa maison, ala à son feu, et illec print un gros charbon ardant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 63). ...et le rampin s'en va singlant a effors, tant qu'il vint a l'isle. Et y descendirent pluseurs, et y trouverent grant foison de feux et de logeis (ARRAS, c.1392-1393, 90). Et plus, il dit qu'elle s'en ala asseoir sur le banc au feu, l'une heure le viaire devers le lit et le doz au feu, si que ilz povoient tout a plain veoir sa face, et bien leur sembloit qu'elle avoit esté moult belle, et l'autre heure retournoit le visaige devers le feu, et gueres de temps ne se tenoit en un moment. (ARRAS, c.1392-1393, 309). On dit, et il est verité, Que charecterie se boit toute, Au feu l'iver, au boys l'esté (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 130). Pour mon seigneur, je laisse feu et lieu (GAGUIN, Déb. labour. T., c.1480, 361).

 

-

Au feu la plante. "Les pieds bien au chaud du foyer" : ...au feu la plante, Enmaillotté en jacopin (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 20).

 

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Tison de feu. "Braise" : ...et que quant elle vouldroit appeller icellui Haussibut, que elle prenist un tison de feu, et d'icellui feist un cercle tout environ elle (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 292).

 

-

Tenir qqn au feu. "Tenir qqn près du foyer, de l'âtre" : Et sachiez que Melusigne venoit tous les soirs visiter ses enfans, et les tenoit au feu, et les aisoit de tout son povoir ; et la veoient bien les nourices, qui mot n'osoient dire. (ARRAS, c.1392-1393, 262).

 

-

Prov. : ...car com plus est on priés dou feu, mieuls se caufe on. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 61). Car le tizon brulé, ce dit on bien souvent,Qui le rüe au feu plus de legier se prent. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 402). Tart vient au fu Qui souffle quant il est estains. (Pastor. B., c.1422-1425, 84).

 

3.

P. méton. "Ensemble des personnes vivant autour d'un même foyer, sous un même toit, famille ; unité de base pour l'assiette de l'impôt" : ...au fuer de XII d. pour chacun feu d'ostel (Comté Champ. Brie L., t.3, 1340-1341, 333). ...en ladite ville viron trente feux. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1347, 87). ...il estoient excessivement grevez en paiant les dictes aides pour plus grant nombre de feux que l'en ne povoit trouver en la dicte ville solvables (Mand. Ch. V, D., 1365, 134). Dune aide de V s. pour feu, nommée laide des glaives, cuillie et levée par toute la ville et viconté d'Orbec pour un an (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 42). Item, les hommes dessusdiz demourans en la paroisse Sainte Crois doivent par chacun an au roy au terme saint Michiel chacun feu sept deniers, deux tourteaulx ou deux deniers à Noël, à Pasques sept deniers et cinq eufz. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 100). Item, ceulx du fieu de Pomereval habitans en icelle parroisse doivent à la saint Michiel le mausois du fou, et n'ont point de sieucte en venant de leur coustume dedens la ville destarchiez [l. descarchier ?], et auxi ne paient point d'amende de carpenterie pour ce qu'ilz ne prennent nuls fourcs. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 181). ...car mesme derriennement, l'an passé, falu que chascun feu paiast XLVIIJ frans (BAYE, II, 1411-1417, 12). ...iceulz supplians, qui ne sont en laditte ville de Montmelian que quatorze ou quinze feux (Comté Porcien R., 1415, 366). Et sont ces feuages, tailles mises sur chacune maison, une maison pour un feu (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 415). ...nous avons, par l'advis et deliberacion des princes et seigneurs de nostre sang et gens de nostre conseil, conclud et deliberé de savoir à la verité quel nombre de feux il y a en chacune des ellections et pays de nostredict royaume (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 245).

 

Rem. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 236 ; t.2, 1958, 223.

 

-

"L'impôt lui-même" : ...et avons ordené que les feuz seront cuillez et levez par toutes ses terres et sur ses hommes et vesseaux (Mand. Ch. V, D., 1372, 456).

 

-

Estre à son feu. "Constituer un foyer" : Item, doit la bourgoize sans mary qui est a son pain et a son feu et toutes autres personnes demourans en icelle ville ou autre part aussi bien que les bourgois, de quelque estat ou condition qu'ilz soyent, puis qu'ilz tiennent terres ou heritagez en la loy, en la ville ou aux champz, et quiconques tient maison, masure ou jardin enmy la ville en front de rue, les onze verges doient une rente et s'appellent les cherez rentes. (Comté Porcien R., 1459, 299).

 

-

Faisant feu. "Ayant son foyer, son âtre ; qui est chef de famille" : ...un chacun bourjois de ladicte ville de Lestanne faisant feu et aians chevals traians à charrues, I sestier d'avainne (Trés. Reth. S.L., t.2, 1351, 141).

 

-

Tenir feu : ...et li dit homme et habitant pour eulx et pour leur successeurs présens et avenir ont volu et accordé avec nous pour nous et noz hoirs et successeurs dux de Bourbonnois que tuit li homme et habitant ou chastel en la ville et dedans les fins dessoubz escriptes tenens feu et lieu et cil qui sont present et cil qui de nouvel et ou temps advenir feront habitacion dedans lesdictes bornes, soient franc parmi six solz le plus poissant et cinq solz quatre trois deulx le moien et le moins diz huit deniers de la monnoie corant ou pais chascun an à tousjours mais. (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1343, 403).

D. -

P. anal.

 

1.

ASTR. [Idée de luminosité]

 

-

"Feu céleste" : Il est un feu qui est appellé lumiere et celluy est sur l'air en son cercle dessoubz le ciel (CORBECHON, Propriétés, 1372, X, 4, 181 r°). Et pour ce, cest feu est invisible et n'est pas ardant aussi comme celi qui est ou charbon ou en la flamme, quar il n'a pas en son espere estrange matiere que il arde ainsi comme busche ou telle chose et il ne art pas soy meisme. (ORESME, C.M., c.1377, 68).

 

.

Triplicité du feu. "Groupement des signes du feu (aries, lion, sagittaire) qui, joints par des droites, forment un triangle équilatéral inscrit dans le cercle zodiacal" : Cestui dist sur la conjuncion qui fut l'an 2974 et IIIcV jours ou IXe degré de Sagitaire, triplicité de feu, la victoire de Nynus et la capcion de Zoroastes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°). Cestui predist sur la conjuction qui fut en la triplicité du feu, c'est assavoir ou XIXe degré du Lion, l'an 4643, le 13e jour, et bailla la premiere introduction aux Lacedemoniens de composer les orloges. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 v°).

 

-

Feu volant. "Météore igné (?)" : En oultre par ces instrumens Les Cieulx, avec leurs ornemens, Font engendrer et apparoir Souventesfoiz là sus en l'air Feux volans, resemblans estoilles Ou lampes ardans ou chandoilles (LA HAYE, P. peste, 1426, 7).

 

-

[Dans une compar.] : Aussi fu l'estoile coumée, En semblance de feu couée, Qui de feu et d'occision Faisoit prenostication. (MACH., J. R. Nav., 1349, 143).

 

2.

MÉD. [et langue courante]

 

a)

"Chaleur, fièvre" : Par ma foy, creez qu'elle est malade ; elle est plaine de feu (C.N.N., c.1456-1467, 135).

 

b)

"Inflammation gangréneuse" : Et qi voele la plaie garrir et le homme de morte garantir, il covient, s'il soit en doy, qe homme le coupe tout envoie, et ensi de la mayn, ou de bras, du piee, du jambe, ou en quel membre qe le fieu soit espris eynz, il le covient couper, ou le homme est mort. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 164). Et si jeo eusse coupee une joynte devant le fieu, jeo eusse estee plus asseur qe le fieu n'eust poynt alee plus avant devers le coer. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 165). ...vne maladie courut sur les gens dune maniere de feu qui les assailloit soudainement (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 46). ...par ung feu qui luy prist en la jambe, il luy convint la jambe copper, et dont il morut en la fin de l'an. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 180).

 

-

Feu d'enfer : Et sicome ausi en ces plaies sovent, par mal garde, si y vient eynz une fieu trop perillouse ; et homme l'appelle le Fieu d'enfern. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 164). ...afin quil fust guaris de lun de ses piedz, que le feu denfer mengeoit (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 65).

 

c)

"Érysipèle ou affection cutanée dont le zona, l'ergotisme gangréneux, etc."

 

-

Feu gregeois : ...herisipille est une apostume causee de matiere colorique grosse et enflambee mengent et corrodent la char d'environ et est appellee feu grejoiz ou de saint Anthoine (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 280).

 

-

[P. référence au saint que l'on implore en vue de la guérison] Feu de saint Antoine ou feu de saint Fremi ou feu de saint Marcel : ...herisipille est une apostume causee de matiere colorique grosse et enflambee mengent et corrodent la char d'environ et est appellee feu grejoiz ou de saint Anthoine (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 280). Le feu Saint Fremi pis me fait Qui m'art tout (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 151). Pour estaindre d'amours les flasmes Plus chaudes que feu saint Anthoyne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 61). Estiomenus est dit selonc le peuple le feu de saint Anthoine ou de saint Marcel (PANIS, Guidon, 1478, tr.II, doct.1, chap.2).

 

.

[Formule de malédiction] : Sçavoir fais, de par mon seignieur, Que chescum se prende bien garde : Le feu de sainct Anthoyne l'arde, Qui me buta de l'aygue au vin ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 174). Le feu saint Anthoyne vous arde Le bec que si affillé l'avés. Alés vous fere chivauchier, Faulce putaim malereuse. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 123). Et je vous en prie, dist le premier venu, le feu de saint Anthoine l'arde quand oncques je l'accointay ! (C.N.N., c.1456-1467, 230). Je n'en espargneray pas ung Ou le feu sainct Anthoine m'arde. (Sots triumph., c.1475, 48). Je regny saint Gris, c'est ung cu ! Que le feu saint Anthoine l'arde... (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 58.

 

-

Feu morbide : Saint Anthoine (...) Qu'on reclame pour le morbide feu... (Prières saints R., t.1, a.1488, 34). Saint Anthoine tres glorieux, Vueillez garder du feu morbide Ton cerf icy et en tous lieux. (Prières saints R., t.1, a.1488, 78).

 

-

Feu pers / persique. "Éruption cutanée gangréneuse sous forme de vésicules, zona" : Herisipile, c'est apostume de cole grasse ardante et quant elle ulcere, elle corrode entor luy et noircist et fait escarre et adonc le peut on appeller feu ou ignis persicus. (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 18). Item note selon l'entencion de Avicenne que toute pustule ulcerante et corrodante et denigrant et cauterizant et qui fait escarre comme cautere peut estre appellé feu pers ou charbon ou charboncle et y peut on comprendre formique et aulcuns aultres come noli me tangere et ulcere corrosif chault (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 18). ...en feu persic ce font de vessies on lieu come si le feu l'eust toché et ne se multiplient pas en nombre mais il enflament et brulent (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 63).

 

-

Feu sauvage. "Éruption cutanée" : Charles de Morvillier vint en fleur en ce temps. Cestui predist le feu sauvage ; c'est une maladie qui courut en son temps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 r°).

 

-

Feu volage / volant. "Affection cutanée qui s'étend de façon passagère et sinueuse" : ...aulcunes fois occupent ung petit de cuir ; aucuneffois plus et les appellent on dertes ou feu volant et sont avec chaleur et douleur et rougeur et infection (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 18). Et celles [infections du cuir] qui sont fichees plus proprement sont celles qui sont dictes assafati et impetigines et celles qui sont mouvables comme serpens ça et la sont dictes serpigines et sont dictes vulgaulment dartres et feu volage. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.1, chap.3).

 

d)

"Défaut de pigmentation (de couleur rouge) de la peau, tache de vin (sur la figure)"

 

-

Avoir le feu au visage : ...laquelle avoit esté maryée (...) au roy d'Escoce, celuy qui portoit le feu au visage (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 449). C'estoit le roy droit cy qui avoit le feu au visage et dont Anglés en leurs anciennes creances fallacieuses craingnoient les advenemens, car les devoit calamiter (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 254).

 

Rem. Il s'agit de Jacques II d'Écosse, mort en 1460. Villon, dans son Testament, parle aussi de cette singularité (cf. J. Rychner, A. Henry, Le Testament Villon, t. 1, 1974, 46 et la note des éd. concernant ces vers, t. 2, 1974, 57).

 

3.

RELIG. [À propos du Saint-Esprit, avec idée de souffle ardent] : ...c'est li sains esperiz, Li divins feus, dont l'or qui reflambie Fu par ce feu d'umanité vestiz (Mir. st Sev., 1362, 239).

 

-

Langue de feu. V. langue "Manifestation théophanique de la descente de l'Esprit-Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte" : Puis le Saint Esprit leur tramist En langues de feu (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 109).

 

4.

"Étincelle (dans le choc des armes)" : Les lances ont brisees ; le feu en est sailli (Tristan Nant. S., c.1350, 198). Tira sa dague (...) Que du coup en sailly ly fus (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 216). ...à la neufiesme [course, dans une joute], se trouverent tous deux au bort de la veue, et du cop aggraverent les fers de leurs lances, et partit le feu des armures d'ung chascun. La dixiesme, firent tous deux atteinte, dont le feu saillit. L'unziesme et derniere course, Chaumergis fit atteinte sur son compaignon et dont le feu saillit, et son compaignon faillit d'atteinte. Si furent les armes accomplies. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 318).

 

5.

"Éclair, foudre" : ...Par fort tonnoire ymaginer, Et fu salir (Echecs amour. K., c.1370-1380, 186). ...Ardans comme ung feu de tonnerre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 21).

 

6.

"Déflagration de matières fulminantes"

 

-

Faire feu. "Tirer avec une arme à feu" : Pour bien pourbondir ung cheval Il faisoit feu, voire et flambe. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 36).

 

-

Mettre le feu en la poudre. "Tirer" : [Contexte grivois]Les dames qui estoyent en la place Si ne craignoyent que le coullart. Certes j'estoye bien paillart, J'en avoye ung si portatif ; Si je n'eusse esté si hastif De mettre le feu en la pouldre J'eusse destruit et mis en fouldre Tout quanque avoit de damoiselles. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35).

 

-

Lance de feu. V. lance "Torche servant à allumer un canon"

E. -

Au fig. [ou p. métaph.]

 

1.

"Ardeur, passion"

 

-

[Valeur plutôt positive] : ...et vostre pere ot nom Hervy de Leon, lyquelz fu en sa jeunesse moult de chaude colle. Et sachiez que il ne doubtoit ne cremoit chose que nulz homs esprins et plain de feu de jeunesse et de hardement deust doubter ne cremir en regardant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 48). O mon vray Dieu, Console moy De ce bon feu - que luyt en toy. (Pass. Auv., 1477, 241).

 

.

"Désir ardent" : ...le feu d'y tost entendre (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 75).

 

.

[D'une action] Estre en son feu. "Être à son apogée" : A l'eure que la bataille fu en son feu et que le conte d'Artois se maintenoit comme vous oëz... (Comte Artois S., c.1453-1467, 76).

 

.

Faire feu. "Se montrer ardent, vif" : Je feroie feu, voire fin basme. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 145). ...Aller, retourner par chemins, Faire feu dessus les carreaux, Monstrer par tout mon beau corsaige (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 305).

 

-

[Valeur plutôt négative (p. ex. l'ardeur d'une passion)] : Las ! se le feu qui ensement l'art dure, Mes cuers sera tous bruis et estains, Qui de ce feu est ja nercis et tains, Pour ce qu'il est fins, loyaus et certains ; Si que j'espoir que deviés y ert, eins Que bonne Amour de merci l'asseüre Par la vertu d'esperance seüre. (MACH., Motés, 1377, 501). A ceulz qui ont les feuz en la teste, Laisse de nuyt mener la feste (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 61). Nulz de vous amis ne se parde Par ire, orgueulh ne luxure ! Le feu d'avarice nul n'arde ! Gardés vous de comectre usure (Pass. Auv., 1477, 125).

 

2.

En partic. "Ardeur de l'amour" : ...qar tous souspris fu Et atains de l'amoureus fu (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 242). Et quant vous serez dedens entré, confortés ceste ame desconfortee, ensaigniez la qui est fole, norissiez la qui meurt de fain, eschaufez du feu de vostre amour elle qui est froide plus que glace a bien faire (GERS., Pent., p.1389, 75). Madame, qui de ce nouvel feu d'amours avoit son cuer enflamé, toute nuyt ne cessa de soy plaindre (LA SALE, J.S., 1456, 254). ...pour ce qu'il se sentoit si esprins et alumé du feu d'amours (...) se pensa qu'il ne povoit bonnement parvenir a la joissance d'elle sans premier avoir celle du mary (C.N.N., c.1456-1467, 439). ...plus pensoit a son clerc, et plus alumoit et esprenoit son feu. (C.N.N., c.1456-1467, 570).

 

Rem. Souvent très proche du sens propre, mais en contexte métaph., surtout chez MACH. : Car quant grans Desirs par son art Sage et soutil un fin cuer art Ou loiauté est enfermée, Il art sans feu et sans fumée Et le keuve, tapist et cuevre Si sagement, que de son ouevre Ne se puet nuls apercevoir. (MACH., D. Lyon, 1342, 194). Et se j'envoy devers ma chiere dame Dire qu'elle mon cuer mine et entame, Et que s'amours l'art sans feu et sans flamme Et le martyre, Et que desirs de plus en plus l'enflame, Elle dira que je ten a son blame Et que ne doy dire a home n'a fame Mon grief martyre. (MACH., F. am., c.1361, 161). Si sentoie en moi une ardure Entremellee de froidure Et pleinne de tele matiere Qu'elle art sans fu et sans fumiere. (MACH., Voir, 1364, 238). ...Dont j'ay, sans plaie, pointure Qui ja n'iert sanée, Se vo douceur ne la cure, Qui m'est si doucement dure Qu'elle art mon cuer, n'en l'ardure N'a feu ne fumée. (MACH., Ch. bal., 1377, 605). Douce dame, vostre fine douçour Mon loial cuer art sans feu et sans flame Et le norrit en amoureuse ardour Qui par desir croist toudis et enflame... (MACH., L. dames, 1377, 193).

 

-

En feu : Si qu'adonques ceste rousée Dont sa chaleur est arrousée Le vent de ses soupirs abat Legierement et sans debat, Par quoy li cuers en feu s'apaise Et est un petit plus a aise. (MACH., D. Lyon, 1342, 194).

 

-

"Désir sexuel" : Luxure point n'y default qui art et brule en feu puant de charnalité tout ce qui est de bien en l'abitacion espirituelle de nostre temple. (GERS., Purif., 1396-1397, 65). Cessez vostre sermon, dirent les loudiers, tous alumez du feu de concupiscence charnelle (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

.

Il n'est feu que de jeune bois. "Il n'y a d'ardeur sexuelle que chez les jeunes" : LA FILLE. Il n'est feu que de jeune bois. LE GENDARME. Il n'est aboy que de viel chien, Si me prenez a vostre chois, Ma mignongne, vous ferés bien (P. moyne, a.1500, 50).

 

Rem. Empl. ambivalent dans un cont. humoristique : ...[ses voisins] luy dirent que le curé avoit prins accoustumance d'aller estaindre le feu en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 441).

 

3.

"Tourment" : Par feu de tribulacion, Par pressoir de temptacion (...) En ame et en corps me parfaiz (Mir. pape, 1346, 396).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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FEW III 436b fatum
FEU, adj.
[T-L : fëu ; GD : feu1 ; GDC : fau ; AND : feu2 ; DÉCT : fëu ; FEW III, 436b : fatum ; TLF : VIII, 808b : feu2]

[Antéposé (masc. et fém.)] "Défunt, mort" : ...de feu Guillaume Gervese, son pere (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1354, 194). ...lequel, sur ce requis, congnut avoir, des biens dudit feu Guillaume, une vielle espée et unes besaces liées ensemble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 34). ...son feu pere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 49). ...elle est née de la ville ou parroisse du Bois Malherbes, près de la ville de Milly en Gastinoiz, auquel lieu elle, puis six ans ençà, a continuelment demouré en la compaignie dudit feu Drion Anceau, son mary (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 56). Et quant ou cas d'iceulz XIIIJm frans, dit que par les graces faites à cause du joyeux advenement et nativité de feu mons. le Dauphin, premier filz du roy nostre sire qui à present est, il estant lors prisonnier ès prisons dudit mons. l'evesque de Paris, fu mis hors de prison (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 491). ...executeur du testament de feu madame Ysabel de Germaincourt (BAYE, I, 1400-1410, 153). Cedit jour, est alée la Court à l'enterrement de feu messire Loiz de France, germain du Roy (BAYE, I, 1400-1410, 208). ...aux enfans de monsr Charles de Lebret, connestable de France, et de feu madame de Sully, sa femme (BAYE, I, 1400-1410, 327). "Item, la royne de France, Blanche, feu femme du roy Jehan, maintint sa terre et gouverna par grant ordre de droit et de justice..." (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 670). ...a feu dame Yzabel de France (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 151). ...curateur des anffans de fen [l. feu] Petre Doch jadis bourgeois dudit Montbeliart pupilles et maindres d'ans (Ecorch. Ch. VII, T., 1446, 500). Pour tant, vous fault aler grant erre, Sans siejourner ne tant ne quant, Contre les parties d'occidant, Vers le roy d'Aracussia, Filz de fut Diodissia, Ung roy de moult vaillant coraige, Lequel nous doit foy et hommaige (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 12). Laquelle dame, onques puis le trespas de feu monseigneur son mary (...) onques puis qu'elle fut vesve a mary ne se voult acompaignier. (LA SALE, J.S., 1456, 3). ...la canonicque verité du troisiesme enseignement que jadiz feu mon pere me bailla (C.N.N., c.1456-1467, 336). Je luy disoye que son feu pere Fut si vaillant. "Ha !" fais je, "frere, Qu'estes vous de bon parentaige ! Vous estes", fais je, "du lignaige D'icy entour plus a louer." (Path. D., c.1456-1469, 86). ...lequel monseigneur le daulphin par le decès de son feu pere venoit à la couronne (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 17). Oudit temps, le roy maria son ainsnée fille, que par avant il avoit promise au feu duc de Calabre (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 302). Voila la pavillon extrait Et l'estandart feux Sallebry, Ou sont les armes bien pourtrait De nostre noble roy Henry. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 215). Item aussi devant le dict corps y avoit grant nombre a merveilles de gentilz hommes, officiers (...) qui (...) se comportoient si douloureusement pour la mort de leur bon feu maistre qu'il n'est possible de le dire ne racompter (LA VIGNE, V.N., p.1495, 311). Trespuissant roy, certes je vis Au temps du feu roy vostre pere Qu'ommage leur envoya faire Oultre la mienne voulenté (Myst. st Laur. S.W., 1499, 132).

 

-

[Forme féminine ou plurielle] : ...de feu Guillaume Gervese, son pere, de feue Alips, sa mere (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1354, 194). ...la maison feue Hamelline de Condé (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1389, 594). ...sa feue mere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...les messes des funerailles de feue madame Anne de Bourgongne (FAUQ., III, 1431-1435, 80). ...es successions de ses feuz pere et mere (Doc. 1444. In : G. Duboscq, Bibl. Éc. Chartes 96, 1935, 359). ...avecques feue nostre cousine la contesse d'Armaignac (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 128). ...quant il espousa feue ma dame vostre seur (JUV. URS., T. crest., c.1446, 164). ...ma souveraine princesse, feue de très noble memoire, madame Marie (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 8). ...en succession possessant à feue de très vertueuse souvenance madame Marie de Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 12). ...le seigneur Constantin, oncle de la feue marquise (COMM., III, 1495-1498, 222).

 

Rem. Forme fém. feuwe ds Le Courrier de Vaugelas 1880, n°5, 35 (doc. 1360). Sur ce mot, cf. Y. Malkiel, Mél. P. Imbs, 1973, 177-185.

 

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Empl. subst. : ...qui tua et occist ledit feu [feu Hillairet Geoffriau] (Reg. Poitiers F., t.2, 1464, 228).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 6/8 
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     GARDE-FEU     
FEW XVII *wardôn
GARDE-FEU, subst. masc.
[AND : Ø ; FEW XVII, 521b : *wardôn ; TLF : IX, 88a : garde-feu]

"Chassis en bois sur lequel on tend une toile pour protéger de la chaleur ou de la fumée" : A Jehannot Bourlée, pour faire une parois, un hostevent de bois, 2 husseries et le gardefeu en la sale où Mme gist, et sont de ais, 2 florins ; à lui, pour faire autres gardefeux atour des murs de l'ostel de Mgr (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1377, 601). Item, ung dresois ou buffet de boix ferré, et bon. Item, ung gardefeu de bois. (Comptes roi René A., t.2, 1461-1462, 225). Ung garde-fuecq. (Comptes roi René A., t.2, 1461-1462, 228).

REM. Cf. GAY, t.1, 764, s.v. garde-feu.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 7/8 
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     PORTE-FEU     
FEW IX portare
PORTE-FEU, subst. masc.
[GD : portefeu ; FEW IX, 212a : portare]

"Pelle à feu sur laquelle on transporte de la braise d'une pièce à l'autre"

REM. Doc. 1466 (Tournai) ds GD VI, 314c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/8 
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     SOUFFLE-FEU     
*FEW XII sufflare
SOUFFLE-FEU, subst. masc.
[*FEW XII, 411a : sufflare]

"Celui qui attise le feu" : LUCIFER. Tu seras premier soufle feu, Astarot ; c'est une grand chose (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 142).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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