C.N.R.S.
 
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     DROIT1          DROIT2     
FEW III 89a directus
DROIT, subst. masc.
[T-L : droit ; GD : droit1 ; GDC : dreit3 ; AND : dreit ; DÉCT : droit ; FEW III, 89a : directus ; TLF : VII, 515a : droit3]

[Idée de légitimité, de justice]

A. -

[Ce qu'il est légitime de posséder, de faire, d'exiger... dans le cadre de règles établies]

 

1.

Au propre "Faculté de disposer, de jouir de qqc., de revendiquer qqc. dans le cadre de règles établies" : ...Jehan, conte de Linanges, sire de Richicourt, nous a fait foy et hommage d'un fief tenu de nous, qu'il se tient avoir sur le winaige de nostre ville de Maisieres, auquel hommage nous l'avons receu, saulf nostre droit et l'autrui, et lui enjoinct que dedens temps dehu, il baille le denombrement dudit fief par devers celui de vous à qui il appartenra. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 357). Le curé de la Songne, à cause de son bénéfice, a en la forest d'Evreux tout et tel droit, usage et coustume comme les autres coustumiers d'icelle ont acoustumé prendre et avoir par droit et par coustume. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 240). ...du consentement et accort desdictes parties, et sauf le droit d'une chacune d'icelles, et sanz prejudice de leur droit, il a esté ordonné que la somme de CCCC escus dessusdicte se pranra sur la part appartenent audit maistre Loiz (BAYE, I, 1400-1410, 55). ...et si puet bien aucun resigner son droit ou collation sans avoir eu possession (BAYE, II, 1411-1417, 259). Si aucun veoit debastre son droit en jugement, et le doit debatre, dire et declairer et faire expresse protestacion ; car s'il ne le faisoit il luy pourroit porter dommaige. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 88). Justice est une volunté constante et estable qui donne à chascun son droit (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 35). Je vous baille toute la puissance, toute l'auctorité et tout le droit que je puis avoir ou royaulme d'Amydoine ; pourchassez-le pour vous et pour vostre femme comme pour vous-meismes. (BUEIL, II, 1461-1466, 183).

 

-

Le bon droit de qqn. "Ce qui revient légitimement à qqn, la juste prétention de qqn" : ...le roi (...) cevauça autour des batailles (...) en amonestant ses honmes que casquns vosist entendre a bien faire son devoir, et (...) retenoit sus son corps et se ame que pour son hiretage et son bon droit, que Phelippes de Valois li ostoit et perseveroit en ce, il avoit passet la mer et atendoit l'aventure de la bataille. (FROISS., Chron. D., p.1400, 719).

 

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Le droit de marchand. "Prix de vente (ici du sel) sans taxe ou prélèvement, ce qui revient au marchand" : ...que à toujours ilz [les chanoines de l'église saint Martin de Tours] puissent et leur loise avoir (...) deuz muiz de sel mesure de Paris, sans gabeller (...), en payant le droit de marchand tant seulement (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1475, 174).

 

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Sauf le droit de qqn. "En préservant ce qui appartient à qqn" : Et lors, li rois de France recevra le dit roi d'Engleterre et duc de Giane au dit honmage lige, a la foi et a la bouce, sauf son droit et l'autrui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 194).

 

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Sauf tout droit. "En préservant, ici, la liberté, l'honneur (de qqn)" : ...et volentiers l'eust plus longuement retenue et sauf tout droit mais la dame, qui sagement volu conduire son fait, se retray en la garde robe et illecq se vesty de sez habis et brief ala au logis de son seigneur ou elle se recoucha comme se de rien ne fust (Comte Artois, c.1453-1467, 134).

 

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Avoir (bon) droit. "Pouvoir légitimement (faire qqc.)" : Car a celui qui fiert par yre, il li semble quant a l'eure que il a droit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 309). Hee, faulse Fortune, comment es tu si perverse que tu m'as fait occire cellui qui tant m'amoit, cellui qui tant de bien m'avoit fait ! Hee, Doulx Pere puissant, ou sera ores ly pays ou cest fors divers pecheur se pourra tenir. Certes, tuit cilz qui orront parler de ceste mes prison, me jugeront, et auront droit, a mourir de honteuse mort et en grief martire, car plus fausse ne plus mauvaise trahison ne fist oncques pechierre. (ARRAS, c.1392-1393, 22). "...Et n'y vueil auctorité ne povoir, sinon celluy que vous m'y donnerez, quant Dieu nous donnera la grace que nous soyons au-dessuz de noz ennemyz ; ce que nous ferons, se Dieu plaist ; car j'ay bon droit et le prens sur ma conscience." (BUEIL, II, 1461-1466, 183).

 

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Avoir son droit/ses droits. "Obtenir ce qui revient à qqn" : ...disans que à eulx ne tenoit pas qu'il n'eussent leur droit audit jour (BAYE, I, 1400-1410, 228). ...puisque vous arez voz droiz, Ne vous chaille qui vous contente. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 41).

 

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Avoir (un) droit (à/en qqc). "Pouvoir légitimement revendiquer qqc." : "Nostres sires, li rois, a trop grant droit a l'iretage et couronne de France..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 230). ...a la ducee de Bretagne vous n'avés nul droit, mais l'a mesires Carles de Blois en l'oqison de madame sa fenme qui fille fu a mesire Jehan de Bretagne, conte de Pentevre et frere germain au bon duc darrainnement mort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 469). ...comme l'esleu de Poitiers, par avant maistre des Requestes de l'Ostel du Roy, eust (...) resigné à son proufit ledit office de maistre des Requestes, et par ce y avoit droit par le don du Roy à lui fait (BAYE, I, 1400-1410, 297). Disoit en oultre que Charles, soy nagaires disant dauphin, n'avoit aucun droit de succeder oudit royaume de France, et que s'aucun droit avoit eu, il l'auroit perdu et s'en seroit rendu indigne (FAUQ., II, 1421-1430, 73).

 

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Avoir droit à une pers. de sexe opposé. "Prétendre légitiment à qqn (pour l'épouser)" : ...ele ad esté espousé a dit W. et demuré ove luy en legal matrimone par IIIJ ans sanz ceo que la dite Margeri avoit ascun droit a ascun aultri homme devaunt les espoisalx par entre eux solempniséz (Lettres agn. L., p.1412, 41).

 

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Avoir bon droit à qqc. "Pouvoir légitimement prétendre à qqc." : Beaulx seigneurs, dist Remondin, prengne qui vouldra bataille pour soy, car je auray ceste a ma part, et n'en doubte point que je n'en viengne a bon chief, avec l'aide de Dieu et le bon droit que je y ay, et la bonne justice que le roy me fait en sa court. (ARRAS, c.1392-1393, 60).

 

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Avoir droit sur qqn. "Avoir du pouvoir sur qqn" : Haa, chetif douloureux, dont vient ceste usance qui a si bestourné l'ordre de justice que chascun a sur moy tant de droit comme sa force lui en donne ? (CHART., Q. inv., 1422, 20).

 

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Avoir qqn à son droit. "Avoir qqn à sa merci" : Le mal talent de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et a son droit ne se monstra meshuy (...) si venimeux (C.N.N., c.1456-1467, 30).

 

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N'avoir droit ne voie. "N'avoir aucune légitimité ni aucune possibilité (de prétendre à qqc.)" : Le Dieu du ciel vers vous m'envoye Le vous dire, et le vous annoncer, Qu'an France n'avez droit ne voye ; Pour ce le vous fault delesser. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 435).

 

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Avoir droit de + inf. "Pouvoir légitimement" : Les nouvelles en vindrent au duc de Berry (...) Si pensa sus ung petit et dist que les bonnes gens avoient grant droit de cela dire et faire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 190). ...ou regard de la rente qu'il se dit avoir droit de prendre sur la ville et cité de Lyon (FAUQ., I, 1417-1420, 162).

 

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C'est le droit de qqn (à) + inf.. "Il appartient légitimement à qqn de" : ...c'estoit son droit a estre dus de Bretagne en l'oqison de sa fenme (FROISS., Chron. D., p.1400, 474). Ce n'est mies drois d'un roy crestiien deshireter et ahireter par poissance et tyrannidie un bastart. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 196).

 

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Defendre son droit : Que chascune son droit deffende Par son advocat et se taise, Sans que l'une a l'autre contende, Car nous n'aurions meshuy que noise, Qui doibt aller devant, y voise. (Cene dieux, c.1492, 109).

 

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Demander/prendre/poursuivre son droit. "Demander, chercher à obtenir ce qui est dû" : Estre humble doit, qui veult sire regner, Prendre son droit, sanz faire aux siens oultrage (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 161). Et toudis luy conseilloient ceulx de son conseil qu'il poursievist son droit qu'il avoit de par sa femme en la ducée de Guerles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 155). ...se il puet avoir le confort et l'aide des Alemans avoecques la sienne, il pora bien adont desfiier le roi de France et demander son droit (FROISS., Chron. D., p.1400, 251).

 

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Demander/réclamer un droit sur qqc. : Et reserva la Court à faire raison et justice audit Milon, aux officiers du Roy en Chastellet et à tous aultres qui vouldroient aucun droit demander ou reclamer esdiz biens. (FAUQ., I, 1417-1420, 177).

 

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Demeurer sur son droit. "Voir son bon droit reconnu" : Si cogneut au roy et à ces dus toute le verité, et leur compta de point en point l'estat des compagnes et comment il s'estoient maintenu et quel cose il avoient respondu, et tant fist, et de voir, que il demora sus son droit, et les compagnes en leur blasme. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 222).

 

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Donner le droit d'un conflit à qqn. "Déclarer que qqn a engagé le conflit de façon légitime" : Li aucun en donnent le droit de la guerre, qui fu en che tamps si grande et si cruelle en Flandres à chiaux de Gaind, et dient que il eurent juste cause de guerriier. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 223).

 

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Emporter le droit. "Avoir gain de cause" : ...et est aucune foiz le juste condampné, et le hayneux emporte le droit. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 166).

 

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Faire droit à qqn (de qqc.). "Donner à qqn ce qui lui est dû" : Example comme seroit ceci : concupiscences et mauvais desirriers sont seürmontéz et vaincus par abstinance, et par aventure comme tels : honorer ses parens, amer le bien commun, faire droit a chascun, ne rien vouloir de l'autrui, injurier nulluy, etc... (ORESME, E.A.C., c.1370, 110). ...comme il voulsist ouir les parties, le premier clerc dist que, comme bien et bel eust moustré à l'autre à faire l'azur, selon la couvenence, laquelle estoit qu'il en aroit cent francs, demandoit son salaire, et requeroit au roy qu'il lui en feist droit (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 77).

 

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Prendre qqc. pour son droit. "Prendre sa part" : Qui le samedi ne met sur le hasple toutes les fusees de la septmaine, le lundi en treuve une mains que les servans des faees prent le samedi nuit pour leur droit (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 139).

 

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Se battre sur son droit. "Se battre pour ce qui vous revient légitimement" : "Je ne sai que il nous avenra, se nous sommes poursieuwi ne asailli des gens le conte. Si nous tenons tout ensamble et nous vendons et combatons vaillanment, enssi que bonnes gens qui se combatent sur leur droit." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 71). Et retenoit sus s'ame et sa part de paradys, que ce seroit sus son bon et juste droit que on se combateroit (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 154).

 

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Se mettre en droit vers qqn. "Agir de telle façon que l'on a le droit, la raison de son côté vis-à-vis de" : ...pour ce que tousiours est bon de soi metre en droit vers ses ennemis et eux metre en tort, se vous sentés que le conte de Montfort vous face fere offre convenable, si li faites offrir duques a X ou XII m livreez de terre (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1341, 101).

 

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Secourir/soustenir qqn en son droit : Mes seigneurs, il est verité que tous ceulx qui aiment honneur et chevalerie si doivent aidier a soustenir en leur droit les vefves, dames et les orphelins et orphelines. (ARRAS, c.1392-1393, 149). Et, pour ce que mondit frere de Bourgoigne a eu nouvelles que les Liegois ont prins mon cousin l'evesque du Liege, lequel il est deliberé de recouvrer par toutes manieres à luy possibles, il m'a supplicé et requis que, en faveur luy, aussi que ledit evesque est mon prochain parent, lequel je suis en son bon droit tenu de secourir, que mon plaisir fust aller jusques es marches du Liege, qui sont prochaines d'icy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 215).

 

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Soustenir le droit de qqn : Glaude, nous voulons bien que vous sachiez qu'il n'a si grant lignaige en cest pays ne marchissant, s'il se prent a vous, que nous ne vous aidons vostre droit a soustenir. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

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Prov.

 

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A bon droit vaillant champion : Se vostre maistre dit avoir part De Luxcembourg en la contree, S'a l'espee on ne lui depart Bien tranchant et bien acheree, Il n'en ara ja dentee : C'est du bon duc l'oppinion. A bon droit vaillant champion. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 168).

 

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(Bon) droit a bon mestier d'aide : Mais drois a bien mestier qu'il soit aidiez tousdis. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 34). Mais on dit, et s'est vray, et li saiges l'affie, Que li droiz a la foiz a bien mestier d'aÿe (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 128). Vous m'avez dit (...) que j'ay loyal, bon et juste droit ; mais bon droit a bien mestier d'aide. (Honn. cour. Fr. P., 1418-1420, 68). "...Mais Dieu, avoeuc le droit pour qui vous combatés, Vous tenra en vertu, ja ne vous en doubtés : Droit a mestier d'aïde, c'est fine verités." (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 469). Item, mon procureur Fournier Aura pour toutes ses corvees - Simple sera de l'espargnier - En ma bourse quatre havees, Car maintes causes m'a saulvees, Justes, ainsi Jhesucrist m'aide ; Comme telles se sont trouvees, Mais bon droit a bon mestier d'aide. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 89). Bon droit a bon besoing d'amis. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 59). ...J'appelleray du jugement Devant Dieu tout premierement (...) : Bon droit a bon mestier d'aïde. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 654).

 

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[Forme proche] : Car escripture dist, qui est ou saint latin, C'on doit le droit aidier, et tort mettre à déclin. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 207).

 

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Les hommes font les batailles, Dieu donne la victoire a ceux qui ont bon droit : ...vostre querelle sens estre sy juste et raisonnable que, se il estoit plus grant et plus fort qu'il ne soit, moyesnant la grace de Nostre Seigneur ja aultre que moy ne le combatra. Les hommes font les battailles, Dieux donne les victoires a ceulx qui ont bon droit (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 20).

 

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Dieu toujours ramene le droit à qui a droit : Tant avoit anemis, Englois et Navarois, Ne scet en qui se doit fier d'un seul tournois. Mais Dieux tousjours ramaine le droit a qui a drois. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 78).

 

2.

En partic.

 

a)

[Droits particuliers] Droit de + subst. désignant l'objet du droit "Avantage, liberté, faculté consentie à qqn de faire telle chose"

 

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Droit d'aisnesse. "Droit avantageant l'aîné dans une succession" : Le filz aisné prent pour son droict daisneesse [l. d'aisneesse] le principal manoir avec le jardin (...) et sil [l. s'il] ny [l. n'y] a point de jardin (...) le vol dung [d'ung] chapon au joingnant de ladite maison. (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 418).

 

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Droit de bois. "Droit de prendre du bois pour son usage" : ...que lui et ses hoirs et successeurs ou de luy aians cause, demourans oudit ostel de la Morinière, aient doresnavant à tousjours leur usaige pour leur chauffaige de boys mort et mort boys en ladicte forest de Molière (...) et qu'ilz en joyssent tout ainsi que font plusieurs autres ayans ledit droit de boys mort et mort boys en icelle forest (Doc. Poitou G., t.11, 1469, 224).

 

-

Droit de carnalage. "Droit de saisie du bétail surpris dans les lieux où il lui est interdit de paître" : ...en laquelle seigneurie (...) a droit de carnalaige qui est telle que toute personne faisant pestre ses vaches en ladite terre (...) sans prealablement en avoir fait par ou covenue (...) ledit de Marsan en deffault de ce peut de son auctorité prandre (...) une vache pour en (...) disposer a son plaisir (Berger Fr. K.-G., 1477, 178).

 

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Droit d'espaves. "Droit du seigneur de garder tous les biens meubles ou immeubles, trouvés sur son territoire, sans possesseur connu" : Le hault justicier qui n'est pas seigneur chastellain a en sa terre toute juridicion haulte, moïenne et basse pour pugnir et corriger les malfaicteurs, et mesures à blé, à vin, dont il prend le patron et essief du seigneur dont il tient sa justice, droit de espaves mobiliaires et foncières. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 392).

 

-

Droit de seigneurie. "Droit d'imposer son autorité sur un pays conquis" : Et se Dieux vous donne adventure que vous conquestez pays, si gouvernez voz gens selon la nature dont ilz sont. S'ilz sont rebelles, gardez que vous seignorissiez, sans riens laissier passer de vostre droit de seignourie. Et soiez tousjours sur vostre garde, tant que la puissance soit vostre, car, se vous vous laissiez sourmarchier, il vous fauldroit gouverner a leur voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

-

Droit de servitude. "Droit d'assujettir qqn" : ...ilz ont protesté et protestent que pour le temps avenir ce qu'ilz feront et paieront ne leur puist porter aucun prejudice, ne aquerir aucun droit ou saisine de servitute à ycellui segneur contre les dessusdiz (FAUQ., II, 1421-1430, 356).

 

-

Droit de voie. "Droit de traverser un terrain" : Par laquele piece de terre iceulx supplians avoient droit de voie pour aler et venir labourer leurdicte terre avec leurs charues et charrectes, ainsi qu'ilz le portent par lettres. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1429, 139).

 

b)

Droits du roi/de la couronne/droits royaux . "Ce qui revient au roi, à la couronne (pouvoir politique, judiciaire, militaire...)" : ...se aucun voulet usurper la majesté royal et soy appeller Roy, mettons, par exemple, que aucun s'appelle et se dit roy de France, ja soit ce que il ne le soit pas, et veult par force conquester la couronne, ou aucun veult usurper lez droys royaux, come sont lez droys de souveraineté et de ressort, se tieulx vouloient venir a mercy, il samble que l'en lez deveret recevoir primierement ; car ce me samble estre chose expedient et profitable a toute Sainte Eglyse et a la chose publique que recever tieulx rebelles a mercy (Songe verg. S., t.1, 1378, 340). ...par vertu desquelles frivoles et non recevables appellacions ilz s'efforçoient de rendre inutiles et sans effect lesdictes ordonnances et de mettre en court d'Eglise la congnoissance desdictes ordonnances royaux et de l'effect d'icelles, et de mettre la congnoissance de ceste matiere ou ressort de la jurisdiction espirituelle et ecclesiastique, ou prejudice du Roy, de sa segnorie qu'il tient de Dieu seul, sans recongnoistre souverain, et en la très grant diminucion de ses drois royaux, preeminences et prerogatives, comme plus plainement fu dit et exposé par ledit Chancelier en termes assez generaulz, sans declarer expressement autrement aucuns cas particuliers. (FAUQ., I, 1417-1420, 59). Et est signifié ausdis de Saint-Martin et de Saint-Denis que ceste tollerance ne leur aquerra aucun plus grant droit qu'ilz ont de present, et sans prejudice des ordonnances royaux et des drois du Roy (FAUQ., II, 1421-1430, 360). ...et ay esté vostre advocat et conseillier en vostre court de Parlement, ou j'ay gardé a mon povoir les drois de la coronne et de vous, et encores seroye et suis prest de ce faire (JUV. URS., Verba, 1452, 186). Et ne vouldroye en riens derroguer aux drois de vostre coronne ne de vous, mais les exausser et acroistre de mon povoir, et vous recongnoistre mon souverain seigneur et obeyr et servir, et aymeroye mieulx morir que faire aultrement (JUV. URS., Verba, 1452, 345). Item, et avec ce de la part du Roy seront transportez et baillez à mondit seigneur de Bourgoingne, et à celui de sesdiz hoirs legitimes procreés de son corps, auquel il delaissera, après son decez, ladicte conté de Mascon, tous les profiz et emolumens quelzconques qui echerront esdiz bailliages roiaulx de Mascon et de Saint Gengon, à cause des droiz roiaulx et de souveraineté appartenans au Roy en iceulz bailliages, soit par le moyen de la garde et souveraineté des eglises qui sont de fondacion royal et des subgiez d'icelles, droiz de regale ou autrement, et tant en confiscacions pour quelque cas que ce soit, amendes et exploiz de justice (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 217). ...auquel bailliage et siege royal ressortissoient les terres exemptes, comme des eglises et autres exempcions, pareillement y alloit la cognoissance des droiz royaulx, des cas privilegiez (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1477, 306). ...et y sera par nous mis [au pays d'Artois] seneschal qui sera juge royal president de province, et aura cognoissance ès pays à lui subgetz et ressortissans, de tous droiz royaulx et cas privilegiez (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1477, 307).

 

c)

Droits d'une institution religieuse, juridique, d'une ville. "Avantages, prérogatives, privilèges (accordés à telle institution ou communauté)" : ...le Roy voloit que les eglises de son royaume usassent et joissent de leurs droiz, franchises et libertez, acoustumées d'ancienneté et qui sont de droit. (BAYE, I, 1400-1410, 231). ...que les marchans feussent à ce contrains reaument et de fait par le prevost de Paris ou par le prevost des marchans, ou leurs lieutenans, sans prejudice des prerogatives et drois de la prevosté de Paris et de la prevosté des marchans et autres (FAUQ., I, 1417-1420, 206). Et dit que, quant le duc de Bedford, regent, le charga du fait de la prevosté de Paris, qui est de grant charge, mesmement en ce temps de guerre qu'il lui a convenu tenir plus de gens en son hostel, plus qu'il ne feroit en temps de paix, pour soubstenir ycelles charges, lui dist et fist dire qu'il joiroit des drois de ladicte prevosté acoustumez, et avec ce lui feroit autrement plus avant pourveoir (FAUQ., II, 1421-1430, 163). Au regard des lettres que le roy commande qui sont aucunesfoys estranges et desraisonnables, vous ne le devez si tost seeller, et en fauldroit parler au roy et le advertir, comme de alienacion de demaine, privileges et franchises contre droit commum, choses contre les drois de l'Esglise et personnes ecclesiastiques, et telles manieres de choses (JUV. URS., Nescio, 1445, 446). ...et ce que j'ay intencion de dire en aucunes choses ce pourra estre par maniere d'argument ou de responces, en respondant ad ce que vos gens et officiers pourroient dire, en soustenant les drois de l'esglise de mon petit povoir, tant en jurisdiction temporelle que spirituelle. (JUV. URS., Verba, 1452, 345). ...pour laquelle chose, et aussi que le roy, voulant les droiz de l'Eglise estre gardez et observez, voult et ordonna qu'il tendroit le concile de l'Eglise en la ville de Lion ou autre lieu près d'ilec. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 5). Item, de là en avant le dit pays et conté d'Artois, saulf la ville, chastel et bailliage de Saint Omer, dont cy après sera touché, sera regi et gouverné en ses droiz, usaiges et previleges acoustuméz (Hist. dr. munic. E., t.1, 1482,,, 9). Chascun scet bien que la loy nous oblige A soubstenir les drois de Saincte Eglise, Qu'est nostre souche et nostre droicte tige, Nostre reffuge (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 127).

 

3.

P. méton. "Taxe, redevance"

 

a)

"Somme d'argent, bien en nature, taxe, redevance qu'une personne, une collectivité est en mesure d'exiger de qqn" : ...pour estre converti en l'achat d'un fief, ainsy qu'il se comporte, tant en cens, rentes, boiz, dismes, terrages, revenues, drois, possessions et autres choses achetez de Sohier de L'Isle (BAYE, I, 1400-1410, 347). ...ledit prevost vouloit, soubz umbre de ce qu'ilz ont renouvellé leurs seremens, exigier d'eulz certains drois ou chappons (FAUQ., II, 1421-1430, 97). Oy sur ce ledit prevost, la Court a defendu à ycellui prevost que, pour occasion du renouvellement dudit serement, il n'exige les chappons ou drois par lui maintenus desdis sergens (FAUQ., II, 1421-1430, 97). Or ça, qui se sent endebté De tribuz, de droiz ou de restes, Viengne paier ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 149). Chiers et bien amez, nous avons sceu que depuis le trespas de feu nostre cousin le conte de Dunois vous avez mis ou fait mectre en nostre main les terres et seigneuries de Partenay, Vovant, Merevant, le Couldray-Salebert et Scondigny, qui lui appartenoient (...) tant par faulte d'omme que de droiz et devoirs non faiz et paiez (Lettres Louis XI, V., t.3, 1469, 318). ...les propriétaires ou seigneurs d'iceulx arrière fiefz chacun deulx [l. d'eulx] peult faire la foy et hommaige au hault seigneur dont ilz tiennent en arrière fief (...) en luy paiant les droictz et debvoirs (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 422). Et, entre ledit patriarche et eulx, fut parlé de la maniere de contenter lesditz seigneurs : c'est assavoir que monseigneur de Berry auroit son appannaige raisonnablement et que le roy [donneroit] audit duc, sa vie durant, les drois dont il estoit question entre eulx (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 188).

 

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Droit d'aubaine/d'aubainage. "Droit en vertu duquel le roi, le seigneur recueille les biens d'un étranger à sa mort, ou les biens de qqn qui meurt sans laisser d'héritier" : [L'ordonnace stipule que, pour éviter le dépeuplement de certaines villes, les étrangers , les bâtards puissent transmettre leurs biens] ... sans que droit d'aubaynage sur les biens et heritaige des personnes aubains, ne aussy droict de bastardise sur les biens des bastards qui auroient fait testament ou autre disposition ou qui auront hoirs legitimes de leur chair, soit ou pust estre pris, cueilly ne levé par tout nostredict royaume (Ordonn. rois Fr. P., t.16, 1464, 248). ...iceulx biens à nous advenuz et escheuz par droit d'aubeyne, pour ce que ledit maistre Nicolle Tilhart n'avoit, comme l'en dit, aucuns heritiers habilles à lui succeder ou autrement, en quelque maniere que sesdits biens nous puissent ou doyent appartenir (Doc. 1483. In : V. Carrière, Le Moy. Âge 9, 1905, 194).

 

-

Droit de bastardise. "Droit prélevé sur la succession des bâtards" : [L'ordonnace stipule que, pour éviter le dépeuplement de certaines villes, les étrangers , les bâtards puissent transmettre leurs biens] ... sans que droit d'aubaynage sur les biens et heritaige des personnes aubains, ne aussy droict de bastardise sur les biens des bastards qui auroient fait testament ou autre disposition ou qui auront hoirs legitimes de leur chair, soit ou pust estre pris, cueilly ne levé par tout nostredict royaume (Ordonn. rois Fr. P., t.16, 1464, 248).

 

-

Droit de dixieme. "Redevance équivalant au dixième d'un produit" : ...et estoit demourée la dicte ouverture, en cest estat qui ne se povoit parachever sans grans frais, mises et despens et sans baillier notre dit droit de dixiesme des dictes mines à ferme à aucuns puissans et riches hommes, qui du leur prensissent l'avanture de faire lesdiz fraiz, mises et despenses pour faire vuider d'eaue les dictes mines (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 286).

 

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Droit d'escuelle. "Droit ancien dû au maire par celui qui est reçu dans la confrérie des bouchers, remplacé par une somme d'argent" : Et oultre plus sera tenu cellui qui ainsi sera receu [comme boucher] de bailler et paier à cellui qui pour le temps sera mayeur pour et au lieu du droit d'escuelle, que selon lesd. anciennes ordonnances il souloit prendre et avoir, la somme de cent sols tournois. (Anc. corp. dijonn. C., 1469, 76).

 

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Droit de fournage. "Taxe prélevée pour l'utilisation du four banal" : ...lesquelz seigneurs de Pierre, informez de ce [les plaintes des sujets contre certains droits] quicterent et remisrent ledict droit de fournaige ausdicts habitans, moyennant la somme ou quantité de quatre vingts sextiers de seigle de rente (Ordonn. rois Fr. P., t.16, 1466, 503).

 

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Droit du general. "Taxe sur les marchandises à leur entrée et sortie d'une ville" : ...plusieurs nos officiers ont voulu et veulent, chascun jour, contraindre lesdits supplians de païer le droit du general, qui est ung droit d'entrée et yssue de marchandises qui sont mises en nostredite ville de Saint- Michel et tirées hors (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1481, 631).

 

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Droit de forsmariage. "Taxe exigée sur l'étranger qui veut se marier en France" : [Des étrangers s'installeraient volontiers en France]... se n'estoit le dobte (...) que, après leur trespas, noz officiers voulsissent prendre et lever à nostre prouffit (...) tous les biens demourez du trespas de tels estrangiers (...) et aussi le droict de forsmariage (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1470, 368).

 

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Droit de regale. "Droit du roi de percevoir les revenus des évêchés vacants" : Item, et avec ce de la part du Roy seront transportez et baillez à mondit seigneur de Bourgoingne, et à celui de sesdiz hoirs legitimes procreés de son corps, auquel il delaissera, après son decez, ladicte conté de Mascon, tous les profiz et emolumens quelzconques qui echerront esdiz bailliages roiaulx de Mascon et de Saint Gengon, à cause des droiz roiaulx et de souveraineté appartenans au Roy en iceulz bailliages, soit par le moyen de la garde et souveraineté des eglises qui sont de fondacion royal et des subgiez d' icelles, droiz de regale ou autrement, et tant en confiscacions pour quelque cas que ce soit, amendes et exploiz de justice (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 217).

 

-

Droit de robe. "Gratification attachée à un office" : À Robert Louvel, clerc de ladicte ville, pour son droit de robe, qu'il a pareillement accoustumé avoir chacun an ausdits deux termes (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 224).

 

-

Droit de sceau. "Revenu perçu sur le sceau (ici delphinal)" : ...il a esté fait ordonnance en nostre dicte court, par laquelle a esté dit que, dès lors en avant, ne se seeleroit nulles lettres, sinon sur le bureau d'icelle, et que nous voulons les droiz de nostre dit seel estre gardez au profit de nostre amé et feal conseillier et chambellan le sire de Chasteauneuf (Lettres Louis XI, V., t.3, 1468, 213).

 

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Droit de seigneuriage. "Prélèvement effectué lors d'opérations de change" : ...lesdites monnoyes d'Angleterre peuent avoir le cours et pris qui s'ensuit, sans ce qu'il soit prins aucun droit de seigneuriaige, tant sur le cours desdites monnoyes d'Angleterre que sur les nostres ; c'est assavoir, les nobles d'Angleterre, appellez les nobles à la roze, de vj deniers de poix, pour lxxv tournois (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1479, 523).

 

-

Droit sur une marchandise : ...droit sur le sel et la cervoise (Trés. Reth. S.L., t.2, 1404, 500).

 

-

"Tribut, impôt prélevé sur un pays occupé" : Mais toutesfoiz gardez vous que, quelx qu'ilz soient [ceux dont vous avez fait la conquête], durs ou debonnaire, que vous ne leur alevez nouvelle coustume qui soit desraisonnable. Prenez sur eulx vostre droit, sans eulx taillier oultre raison, ne alever coustumes inraisonnables, car, se peuple est povre, le seigneur est mendiz (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

b)

"Possession, ce qui revient à qqn" : ...l'iretaige de son droit luy estoit revenus et requeus par la mort de messire Edouart de Guerles, son frere (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 172). L'en appelle aucunes foiz droit la chose dont la possession appartient à aucun, si comme Dijon est le droit de monseigneur le duc de Bourgoingne. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 102).

 

-

Du droit de qqn. "Qui appartient à qqn, qui revient légitimement à qqn" : ...et s'ordonnoit li dis mesires Carles pour venir en Bretagne et calengier l'iretage conme sien et de son droit, et li rois de France conme son signeur naturel souverain l'en devoit aidier (FROISS., Chron. D., p.1400, 477). A Hervé Du Mesnil, premier pannetier, pour ungs fers à gaufres, de son droit, rachettez de lui, 48 livres parisis.Rem. GD II, 772c enregistre dans ce sens en son droit soi. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1421, 321).

 

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[Dans un cont. relig.] : Sire, ainsin comme c'est verité, descendez maintenant en vostre povre hostel, en l'ostel de mon ame, deffendez vostre logis, c'est vostre droit. (GERS., Pent., p.1389, 75).

 

4.

P. anal.

 

a)

CHASSE

 

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"La part de gibier qui revient aux chiens de chasse et aux oiseaux de proie après la chasse"

 

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Donner/faire/rendre le droit aux chiens : Uns homs congnoit au bien chacier Un chien de sa muete a la chace : Entre les autres l'a plus chier, Quant la beste lieve de place ; Se bien la poursuit et la chace Sanz changier jusques a la mort, Son droit lui rend et l'a en grace (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 151). Ci devise comment on doit fere le droit au limier et la cuyrïe aus chienz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 49). Atant esvous venu le cerf, qui s'en vint ferir en l'estang. Et la fu prins par force de chiens et trait hors de l'eaue ; et en fu faicte la cuirie et donné le droit aux chiens. (ARRAS, c.1392-1393, 75).

 

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Faire son droit à un oiseau de proie : ...Si fist on leur droit aux gerfaux, Comme on doit faire a telx oiseaulx (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 437). Il vint celle part brochant, puis tout coyement dessendy a terre et se tint tout coy pour ung pou laissier l'esprevier esplumer sa proye, puis s'approcha et prist l'esprevier et l'aloe. De la chervelle le repeu, puis au plus tost qu'il peult luy fist son droit. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 91).

 

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Les droits du cerf. "Parties du cerf qui reviennent selon les usages de la chasse à certaines personnes déterminées" : Apres ce vous diray ou voir, Comment on doit faire devoir De la cuirée aus chiens donner, Et comment on doit ordonner Les drois du cerf et cui il sont Ores et queulx gens droit y ont. (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 44).

 

b)

Le droit de qqc.

 

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"Ce qui est exigé par un état, une situation" : Et veneur ne peut estre oyseus s'il veult fere le droit de son office ne aussi avoir autres ymaginations, quar il a assez a fere et ymaginer et penser en fere son office qui n'est pas petite charge, qui bien et diligentement le veult fere, espiciaument ceulx qui aiment bien les chiens et leur office. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 54). Cil est nobles et pour tel se maintient, Sans vanterie et sans decepcïon, Qui envers Dieu obeïssant se tient Et fait le droit de sa professïon. (CHART., B. Nobles, c.1424, 396).

 

-

En partic.

 

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Les droits de la nature. "Ce qui est dû aux exigences de la nature" : ...jasoit ce qu'il eust en sa teste des sermons largement, si le contraignit nature qu'elle eust ses droiz, et de fait bien fermement s'endormit. (C.N.N., c.1456-1467, 86).

 

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Payer le droit de nature. "Mourir" : ...Mes enfans, quant elle [la mort] me ayra Faict payer le droit de nature Et seray mort, il vous plaira Mettre mon corps en sepulture. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 317).

 

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P. euphém. Payer le droit de mariage : ...ce tieng je que l'omme qui est marié ne puet bonnement ne lecitement laissier sa femme sans grant essoine qui nulle rigle ne observe, tant pour luy tenir compaignie et payer le droit de mariage comme pour garder son peuple en justice et nourir en union (Comte Artois, c.1453-1467, 149).

 

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Le droit du jeu. "Ce qu'exige le jeu conjugal" : Ainxin fait la dame ses complaintes, qui ne pense point au gouvernement que elle y a mis, aux robes et joyaux qu'elle a voulu avoir, aux festes et aux nopces ou elle est allee quant elle devoit estre a la maison a penser de son menage, mais met tout sur la faulte du pouvre homme, qui a l'aventure n'y a coulpe dont elle ne soit cause efficient, et auxi il est si abesté pour le droit du jeu qu'il ne cognoist point que elle y ait faulte. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 13).

 

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Faire qqc. au droit de qqc. "Faire qqc. comme l'exige telle activité" : Et ce peut apparoir particulierement es rymes. Car se nous soubtillement les considerons bien et nous les voulons bien prononcier a leur droit, nous trouverons qu'il les convient partir et comparer ensamble les parties par les proporcions musicaulx dessus dictes et la faire sa pose et son arrest aucun aussy comme pour mettre difference entre les deux parties, comme l'oÿe fait entre les deux sons qui se accordent ensamble. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 73). S. JEHAN. Or est la roix a l'esparee ["en position déployée"], De touz costéz bien estendue.S. ANDRY. S'elle est a son droit estendue, Nous en arons ou miel ou cire. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 421). LUCIFER. Or sus, qu'elle soit reboutee Et ou boullon la remetez, Et on verra si vous sarez Adouber le feu a son droit. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 37).

B. -

"Ensemble de règles (morales ou juridiques) à caractère contraignant, régissant le comportement et les rapports des hommes en société"

 

1.

"Ensemble de règles existant en dehors de toute formulation"

 

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Droit divin. "Ensemble de règles dictées par Dieu" : Or, ne vous ennuie un petit, je suppose que le nom de Droit est moult general, car il contient en soy Droit divin et Droit humain (...). Le Droit divin conprent la Loy encienne et la Loy novelle, c'est assavoir la Loy de le Euvangile. (Songe verg. S., t.1, 1378, 49). À maistre Jehan Prevost, clerc, licencié en loys (...) auquel madicte dame, pour faire la complainte d'elle et de mondit seigneur son filz au roy pour avoir pugnicion et vengence du murdre perpetré en la personne de feu mondit seigneur, ait mandé, comme elle a fait à pluseurs autres, qu'il escripsist sur le cas du murdre tout ce qui lui sembleroit qui pourroit et devroit prouffitier à l'intention d'icelle madame et de mondit seigneur, sondit filz, et à la profusion des murdriers selon les droiz divins, canons et civilz (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 737).

 

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De droit divin. "Selon un droit conçu comme révélé par Dieu aux hommes" : ...car ilz dient, de par le Pape, que icelles pecunes sont dehues de droit divin, naturel et positif (BAYE, I, 1400-1410, 343).

 

-

[P. oppos. à droit divin] Droit humain : Or, ne vous ennuie un petit, je suppose que le nom de Droit est moult general, car il contient en soy Droit divin et Droit humain (...). (Songe verg. S., t.1, 1378, 49). Il est quatre manieres de Droit humain : primierement, Droit naturel, le Droit des genz, Droit civil et Droit canon. (Songe verg. S., t.1, 1378, 52).

 

-

Droit(s) naturel/de nature. "Droit propre à tous les êtres incluant l'amour entre les sexes et la génération" : ...combien que le fils soit totalement tenu à son pere selon les droits de nature, toutefois il est tenu grandement à son seigneur par vertu deu serment par lui faict (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 110). Donques droit naturel est ce que chascun qui a usage de raison octroieroit estre droit de premiere face, senz autre argumentation ou auctorité ou ordenance. (ORESME, E.A.C., c.1370, 303). Ce Droit est comun a touz honmes et a toutes bestes ; ce Droit naturel encline tout honme et toute beste a engendrer son semblable, et a le nourrir et garder, conme dit la loy primiere (Songe verg. S., t.1, 1378, 52). Droit naturel est celui qui ensaigne non pas tant seullement les gens mais toutes manieres de bestes naiscens en ciel, en mer et en terre, ce qu'il leur laist à faire selon l'instoinct et introducion de raison naturelle. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 36).

 

-

Droit des gens. (synon. droitnaturel) : Mez veons se il puet prouver sa seignorie du Droit dez gens, lequel aussi est appellé Droit naturel, car Diex a toutes choses creés pour lez hommes (...). De ce Droit, cy sont lez seignories divisees, lez cités faittes et ordenees, et lez royaumes establis (Songe verg. S., t.1, 1378, 52). Secondement, tel champ est deffendu du Droit dez gens, car, tout ce qui repugne a equitté naturele si est deffendu du Droit dez gens, car l'equitté de Droit naturel, qui est appellée le Droit dez gens, si est telle que elle voeult que lez malfaiteurs soient pugnys et lez innocens soient absouz ; or est certain que, en un tel champ de bataille, aucune foys celluy qui est innocent et qui n'y a coulpe si est vaincu et est pugny (Songe verg. S., t.1, 1378, 351). Encore dy je que donner gaige est chose condampnée par le droit des gens, car celui droit est fondé sur raison naturelle lequel ne peut consentir que celui qui est coupable soit absous (...), ce qui souvent peut advenir en gaige de bataille. (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 223).

 

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Droit de sang. "Droit que donne la naissance" : Derechief, c'est chose clere que, de Droit naturel, la succession de frere a aultre est deüe par droit de sanc (Songe verg. S., t.1, 1378, 259). ...car lez armes d'un lynage sont deübz pour droit de sanc et, par consequant, a tous ceulx du lygnage, et si ne puent ceulx de celluy lignage renuncier a leurs armes (Songe verg. S., t.1, 1378, 293). Or est certain que celluy qui est nez de noble lygnie, si a pour luy Droit de sanc et de nature, lequel est plus fort que n'est Droit positif ou noblece accidentele, donques il doit estre plus honoré (Songe verg. S., t.1, 1378, 309).

 

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Droit des/d'armes. "Conventions qui définissent ce que les combattants peuvent faire à leurs ennemis et attendre d'eux" : ...en toutes manières doit on et poet par droit d' grever son ennemi. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 207). L'en tient en Bourgoingne que, se aucun noble deffie par droit d'armes une ville ou les personnes particulanz et il entre en la ville à armes et il vilaine la ville ou aucuns des habitans, il est amendables à la ville et au seigneur à voulenté. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 232). ...puisque ung homme a donné sa foy, il ne peult plus prendre la foy d'ung aultre. Encore dist-on plus que, selon les drois anciens des armes, il ne se doit ne se peut combatre ne armer jusqu'à ce qu'il soit quicte de sa foy. (BUEIL, II, 1461-1466, 213).

 

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Appeler qqn à droit d'armes. "Provoquer qqn en duel judiciaire" : Et, le VIIIe jour de janvier ensuivant, le prouffit dudit deffault [l'absence de l'adversaire] fut par le roy en son Grant Conseil, ouquel estoient plusieurs princes et seigneurs du sang, prelatz, chevaliers de l'ordre et autres chevaliers, escuiers et gens de justice, adjugé audit Boffille, tel que faulsement et mauvaisement ledit Julio de Pise avoit accusé et appellé à droict d'armes ledit Boffille et Juge [et] que icelluy Boffille s'en estoit loyaulment acquitté et deffendu à son grant honneur. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 358).

 

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Faire le droit des armes à qqn. "Accorder à qqn (ici un prisonnier de guerre) ce qu'il est en droit d'attendre, en vertu des conventions" : Et puis remoustroit courtoisement as chevaliers qui le venoient veoir, comment on ne li faisoit mies le droit d'armes, quant par bataille et en servant loyaument son signeur (...) il estoit pris, et on ne le voloit mettre à finance. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 239).

 

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[Dans la rhét. amoureuse] Droit d'Amour : En requerant les gens d'Amours qu'il se voulsissent adjoindre avecques luy tellement que le droit d'Amours y fust partout gardé. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 110).

 

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"Ce qui est inhérent à qqn/qqc."

 

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RELIG. [P. oppos. à de fait] De droit. "Comme c'est inhérent à la nature de Dieu ou de l'homme" : Car nous trouvons plusieurs degrés de pureté et de netteté : le primier degré et le souverain est estre net de tout pechié, de dret et de fait ; et ce degré apartient a la personne de Dieu seulement. Le secont degré est que aucun soit net de tout pechié, de fait et non mie de droit, dez onques et a tousjours mez. (Songe verg. S., t.2, 1378, 255). A la XIIIe auctorité du Maistre de Sentances, qui dist que la char de la Vierge Marie estoit obligee a pechié, l'en puet respondre qu'elle estoit obligee a pechié de droit, mez non mie de fait. (Songe verg. S., t.2, 1378, 259).

 

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Les droits et lois de qqc. "Ce qui régit les mouvements de qqc." : Et si peut sentir et cognoestre Les droiz et loiz du cours célestre, Et, s'il use de proudommie, Avoir sur eulx grant seigneurie (LA HAYE, P. peste, 1426, 38).

 

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"Règle, principe moral" : Je adjouste a ce, que mon droit, le droit de nature, est que le filz doit honnourer sa mere comme toudiz en mon escole l'ont presché mes disciples : philosophes et poetes. (GERS., Concept., 1401, 399). Pour enquérir et disputer Soigneusement et discuter, Jouxte leurs droiz et leur usage, Sur la vie d'Umain Lignage (LA HAYE, P. peste, 1426, 33). ...si veullent nature, droit et raison que elle [la dame] l'en doit [l'amoureux] trop mieulx amer, priser et honnorer (LA SALE, J.S., 1456, 29).

 

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Avoir (le) bon droit (et raison). "Avoir pour soi la justice, l'équité" : Compains, pour certain ton affaire Est bon et bel, je m'y accort ; Si te confesse que j'ay tort Et tu as bon droit et raison. (Gris., 1395, 47). Or, faisons a Dieu priere qu'il garde bon droit a qui l'a, et chascun bon crestien deffende de encheoir en tel peril et neccessité. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 223). ...qui me demanderoit comment elle osoit en ce point respondre, et a son mary parler, je y trouve deux raisons : la premiere si est le bon droit qu'elle avoit en la querelle (C.N.N., c.1456-1467, 244).

 

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Par/de droit (et par/de raison). "À juste titre, légitimement, (et avec raison)" : Lors un petit pion par droit et par raison en presence du roy assauldra un grant [roch] ou un offin. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 182). ...que, de droit et de raison, icelles assemblées et conspiracions par eulx faites sont deffendues (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 246). ...lesqueles choses toutes sont defendues de droit et de raison (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335). Et obeïra, c'est raison. Tous et toutes la serviron En honneur et en reverence. Qui vouldroit desobeir en ce De droit seroit moult a blamer. (Gris., 1395, 18). Item, [je ne donne] riens aux Enffans trouvés, Mais les perduz fault que consolle ; Sy doivent estre retrouvez Par droit sur Marïon l'Idolle. Une leçon de mon escolle Leur liray, qui ne dure guerre ; Teste n'ayent dure ne folle, Escoutent ! car c'est la derniere. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 128).

 

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Empl. adj.

 

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[D'une pers. ou d'une chose] "Juste, équitable" : A tous leur porcion depart, N'en retient fors sa droicte part, Ja l'un n'en ara le meilleur (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 16). Fist Dieu venir le grant Déluge, En punissant, comme droit juge, Les maulx des gens et les péchiez Dont fort estoient entechiez. (LA HAYE, P. peste, 1426, 61). La voulenté de Dieu qui est dicte le bon plaisir de Dieu consequente est droicte et souffissante ou d'effect et sans reprehension. Et pour ce qu'elle est droicte, nulz est droit se il ne se conforme a elle, c'est a dire que sa voulenté soit la voulenté de Dieu en soy raportant a elle. (Somme abr., c.1477-1481, 172). "...et de la proye te departiray la droitte moittié." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 117). ...toutes foys que monseigneur (...) est pris en droite guerre et rachettez, ou que il vat oultre mer, (...) les bourjois de Rethel lui doivent cent livres parisis en commung. (Trés. Reth. L., t.3, 1488, 579).

 

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[D'une pers. qui exerce un pouvoir] "Légitime (de droit divin ou naturel, par élection...)" : Et fu li rois de France Carles en ces jours tellement monstrés et enfourmés par tous les plus grans clers de son roiaulme que il obbeï à pappe Clement et le tint à droit pappe. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 146). Il avoient leur droit seigneur naturel avoec iaux, messire Charle de Navare, auquel, par la succession de sa dame de mère, toute la conté d'Ewreux lui estoit devolue et rescheue. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 80). En ces terres, dont il se tenoit drois sires et hoirs par le vertu des dons qui fait l'en estoient, abondent toutes riquoises. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 156). Donques, s'il n'y a autre cause que aucuns ait sur nous adevinee par envie ou par haine, je dy que par droit vous ne nous devez vouloir nul mal, nous qui sommes hommes et vrais subgiez et obeissans de nostre droit seigneur naturel Remond de Lusegnen, car, se aucun nous vouloit molester ou injurier, si nous devriez vous garantir. (ARRAS, c.1392-1393, 211). ...et nous ayent apporté les clefs de la dite ville et ycelles avec le mairie, leurs personnes singuleres et toute la Loy et eschevinaige de la dite ville, en recongnoissant nous contesse à leur droite dame, et, en signe de vraie obeissance, reparation et amende de tout ce qu'il pooient avoir mespris envers nous (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379,,, 405).

 

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Empl. adv.

 

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Juger/sentencier droit : Droit as jucgé, Simon, sans doubter. (Pass. Auv., 1477, 153). Aucuns dient qu'il fut aussi cause et donna conseilh que le roy Cambises fist escorcher le faulx juge, sur la peau duquel il fist asseoir son filz en la chaise de justice ad ce qu'il advisast à sentencier droit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 r°).

 

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Loc. adv.

 

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Par droit. "Comme il est juste" : JOSEPH. ...Elle est ensaincte, et dont vendroit L'engendre ? Il fault dire par droit Qu'il y a vice d'adultaire Puisque je ne suis point le pere. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 60).

 

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À tort ou à droit. "D'une manière juste ou injuste" : Avarice est soy estroitement tenir, escharcement despendre, avec volenté desordonnee et ardeur de acquerir les biens de ce monde a tort ou a droit, ne peut chaloir comment. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 32).

 

2.

[Ensemble de règles qui viennent d'une convention]

 

a)

[Différentes formes de droit]

 

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Droit de coustume : Te met devant toy [la Justice] aussy le droit de coustume dont les païs et les diverses regions usent selon diverses causes et impositions que les hommes y ont mises (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 173).

 

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Droit canon. "Droit ecclésiastique, fondé sur les canons de l'Église, les décrétales" : Et renuncha (...) li dis Jehans, (...) a excepcion de decepcion, de mal (...) et a toutes autres coses (...) qui contre ches presentes lettres porroient estres dites (...), especialment (...) a toute aide de droit, tant canon quant civil. (Cartul. Beauv. L., 1347, 608). ...messire Pierre Boschet lui avoit dit qu'il me deist que je rendisse certeins volumes, XII in numero, de droit canon qui estoient devers la Court pour cause de certein debat (BAYE, I, 1400-1410, 69). ...en obtemperant à la requeste dudit duc, l'en pranroit maistre Thiebaut de Vitri, licencié en droit canon, comme l'en dit, et né de Paris. (BAYE, II, 1411-1417, 93). Et fut ainsy porté [le corps] jusques en une place qui est entre le chasteau et ladite église de Saint-Lau, nommée les Lices, là où l'université l'actendoit, et illec le prindrent en la manière qui s'ensuyt, c'est assavoir : six docteurs es droiz canon et civil prindrent ledit palle ; vingt escolliers licenciés, tous gentilzhommes et vestus de noir, portoient le corps (Roi René vie L., 1481, 390).

 

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Droit civil. "Droit qui règle les intérêts privés" : Cy devons savoir que, a proprement paller, que Droit civil est le Droit qui est ordené et establi en chascune cité. Lez ordenances, donques, de chascune cité, doit estre Droit civil de celle cité appellé. (Songe verg. S., t.1, 1378, 53). Secondement, nous appellons Droit civil, le Droit dez Ronmains, que ilz soloient garder ou temps de leur monarchie, lequel Droit est escript en cinc volumes, c'est assavoir : la Digeste vielle, l'Anforzade, Digeste nufve, Code, et le Petit Volume, dezquelx volumes l'Impereur a aucuns ratifiés et approvés, lez aultres conpylés de novel. (Songe verg. S., t.1, 1378, 53). ...et a donné congié la Court audit Henry d'aler à Orleans pour soy faire licencier en droit civil de cy à la Chandeleur prouchainement venant. (BAYE, I, 1400-1410, 119). En ma preuve n'a pas foiblece, Mais force assez, car elle est clere, Experience si l'esclere Et droit commun et droit civil. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 150). ...Guillaume Cotin, licencié en droit canon et civil (FAUQ., I, 1417-1420, 2). Et pour ce droit de lays est nommé droit civil, pour ce que il est estably au prouffit et à la conservacion des citez. Et par ce peut estre entendu de toutes les villes et de tout le peuple. Et regarde plus la temporallité que l'espiritualité. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 36).

 

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Droit commun. "Les règles générales instituées dans un État, l'usage général" : Et selon verité, droit commun est droit naturel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 304). ...touz ceulz qui, par affection ou prouffit particulier, pourchassent tel dommage contre la chose publique (...) contre droit commun et contre bonnes meurs, sont indignes de demourer et d'estre beneficiez en ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 267). ...je demandoie le dit Village par réquisitoire et non par commandement, à laquelle requeste, selon la disposicion de droit commun et ex precepto legis, le dit seigneur de Secille devoit et estoit tenu de optempérer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 203).

 

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[Par oppos. à droit commun] Droit propre. "Droit particulier, prérogative" : Braside fu une dame qui fist pluseurs biens en une cité appellee Amphipoli; et pour ce, aprés sa mort, il la reputoient deëse [sic] et li sacrifioient et ce estoit une ordenance et un droit propre pour cele cité. (...). Et pour ce dit l'en que des droit [sic] l'un est commun, l'autre propre, l'un publique, l'autre privé. (ORESME, E.A.C., c.1370, 304).

 

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Droit écrit : Et par semblable et par plus fort condempner l'innocent est pechié, posé que nul droit escript ne le deffendist (ORESME, E.A.C., c.1370, 318). Droit escript est ce qui est escript ou commun prouffit es lays, decrectz et decretalles. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 36).

 

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[P. oppos. au droit naturel] Droit positif. "Droit conventionnel" : "Celluy qui allegue plus fort et plus ancien droit doit estre preferé" (...). Or est certain que celluy qui est nez de noble lygnie, si a pour luy Droit de sanc et de nature, lequel est plus fort que n'est Droit positif ou noblece accidentele, donques il doit estre plus honoré (Songe verg. S., t.1, 1378, 309). ...nous avons bien dilate [l. dilaté] nostre honneur en puissance de richesses et de juridicions, encontre la sainte costume sustouchee, et par noz decretales et nouveaux droiz positiz en laissant derriere et comme chose oubliee la code des anciens canons et des huyt conciles generaulx (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 301).

 

-

"Code, règles de la chevalerie" : Ceste [discipline] ont gardee si curieusement tous ceulx qui oncques acquirent hault honneur et victoire par proesce d'armes que nulle chose ne se faisoit contre droit de chevalerie ou contre le commandement du chief dont la punicion ne feust capitale ou mortelle. (CHART., Q. inv., 1422, 54).

 

b)

Au plur.

 

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"Règles juridiques écrites (relatives à tel ou tel domaine)" : Tous lesquelz (...) distrent que, depuis leurs premiers advis et oppinions cy-dessus escrips, par eulx fais et dis, ilz avoient pensé et estudié à la matiere dessus dite, et eu regart ad ce que les drois dient de semblables fais (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 362). Et leur motifs sont telz : premierement, car les drois qui parlent d'office de juge et les docteurs veulent que le juge face son jugement selon les choses alleguees et prouvees. (ORESME, E.A.C., c.1370, 316). Et il convient que ceulz qui sont bons a aucune chose il [le tirant] les honore et promeuve en tele maniere que l'en cuide que il ne seroient onques plus honorés des citoiens de leur lay. Ce est a dire de ceulz qui sunt sous la loy et sous les drois de leur cité ou de leur police. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 250). Mais pour tant que toute impossibilité de habiter ensemble ne exclud pas le consent matrimonial, il fault veoir par les droix de ceste matere que c'est et des especes d'icelle forme, et quant divorse et separation l'un de l'aultre doibt estre faicte. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76). JUPITER. Faisons rompre les anciennes loix, Et susciter et faire nouveaulx drois, A publier en assises et pletz, Si punirons le peché des mauvais. (Cene dieux, c.1492, 120).

 

3.

"Science qui a pour objet l'étude des lois" : Droit est ung art et science de bien et de equicté (...) et prent son nom et effect de justice. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 35).

 

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Science de droit : Mais a determiner plus especialment quelles ignorances ne excusent en rien et quelles excusent en partie et combien et quelles excusent du tout, ce appartient plus a la science de droit que a ceste. (ORESME, E.A.C., c.1370, 181).

 

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Etudiant en droit civil : ...maistre Jehan Gandouet, natif de nostre ville de la Rochelle, naguères escollier estudiant en l'Université de Poictiers, en droit civil (Doc. Poitou G., t.9, 1447, 22).

 

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Docteur en chacun droit : ...considerans les sens, science et litterature qui sont en la personne de nostre amé et feal Me Jehan Briçonnet, docteur en chacun droit (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 260).

 

Rem. Seules les personnes graduées à la fois en droit civil et en droit canon portent le nom de docteur.

 

4.

"Application des règles de droit, justice"

 

a)

"Justice" : Et li manda bien acertes que, se il ne li rendoit le chastiel, ensi que drois et raisons le voloient, il fust tous seurs qu'il feroit mourir ses ostages. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 159). ...car il n'y a droit qui justifie tel mort sans l'auctorité et licence du prince, à qui est donné le gleve de justice et à nul autre. (BAYE, II, 1411-1417, 261). ...ilz parlerent au maistre de leans, auquel il remonstra son piteux cas, priant et requerant, ainsi que droit le porte, qu'il luy baille (...) sa vie honorablement. (C.N.N., c.1456-1467, 36). Et pour quelle raison, dit le mary, voulez vous choisir la premiere ? c'est contre tout droit et justice. [Un couple déchiré a décidé le partage des biens communs] (C.N.N., c.1456-1467, 445).

 

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Action de droit. "Action menée en justice" : ...vous retournerez ariere à messire Olivier de Cliçon, connestable de France, son hiretaige que vous tenez et l'en mettez en possession paisible, ainsi que droitz est et comme il estoit en devant quant ilz vous furent bailliez et delivrez par contrainte, non par nulle action de droit que vous y eustes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 14).

 

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Journee de droit. "Session de justice" : ...je vous prie, somme et requier que vuilliez estre à journée de droit devant mondit très redoubté seigneur, monseigneur de Bourgogne, pour moy faire sur lesdictes demandes que je vous fais et vuil faire, tout ce en quoy serés tenuz par droit, et par devant mondit seigneur je vuil justiffier de mesdictes causes, querelles et demandes, et vous porsuir selon ce que faire devray par raison. (Ecorch. Ch. VII, T., 1446, 273).

 

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Deni de droit. "Déni de justice, manquement d'un juge à rendre la justice qu'on lui demande, soit par refus, soit par négligence" : ...l'Université, en adherant ou soy adjoingnant à l'archevesque de Rouan, avoit appellé en Parlement de certains explois, griefs et denéez de droit faiz par le bailli de Rouen, ou son lieutenant, ou prejudice de l'Université (FAUQ., III, 1431-1435, 93).

 

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Droit de partie. "Ensemble de règles propre à une institution" : ...sauf que il [le Pape] est tenu de garder lez ordenances justes et raysonables de sez predec[ess]eurs et lezquelles touchent droit de partie, lezquelles il ne puet ne ne doit muer ne changer sanz cause raysonnable (Songe verg. S., t.1, 1378, 198).

 

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(Personne) sans droit, sans loi. "Personne qui ne respecte pas les règles établies" : ...en aucuns lieux enclavéz dedens yceux paiix, aucuns malfaicteurs estoient qui, sens aveu de seigneur souverain, sens droit, sens loy et sens coustume de paiix, s'esforsassent de brisier... sur nous ou sur nos paiix (Trés. Reth. S.L., t.2, 1366, 178).

 

b)

Loc.

 

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Le(s) droit(s) de la porte Baudet. "Règle de droit imaginaire qui fait condamner celui qui a subi un dommage, qui justifie des choses injustes" : Et appreuvent manifestement par apparens argumens, par loix, par decretales, par coustumes et aucunesfoiz par faulx instrumens que pour moy est le droit commun de la Porte Baudet, qui aujourduy regne par tout comme de parlement un arrest, c'est assavoir qui a le droit il soit batu et de son ennemy confondu. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 330). Disons doncquez que ces exactions desquelles parle le dit chapitre VIIIe, se nomment droit du roy pour l'une des troiz chosez ; ou pour juste punition du peuple qui contre la voulente de Dieu demanderent roy ; ou pour publique subjection ou cas de necessite [l. necessité] raisonnable, ou pour seule nuncupacion, pour ce que ainsi les nomment ceulz qui les font, comme on dit le droit de la porte de baudet (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1157). Ce sont des paraphes nouveaulx Du droit de la porte Baudet ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 19). ...Ce ne sont pas droyts feriaulx, Les droys de la porte Baudais (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 132).

 

-

Faire les droits au pouce. "Juger pour de l'argent" : Comment ne revendroit justice celui qui tant cher l'a achetee ? Il la vendra, creez moy, et se gardera de y perdre. N'est cautelle ou malice qu'il ne trouvast avant ; il fera les droys au poulce et jugera cop d'ung, cop d'aultre et le plus pesant de la balance l'emportera. (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1173).

 

c)

[Prov., sentences]

 

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[À propos des rapports entre force et droit]

 

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A l'espee taille on le droit : Il a dit que ses gens assemble Vostre maistre quant il vourra Et fache ce que bon lui semble Et il fera ce qu'il pourra. Qui fera mieulx lors y parra, Vainque qui poeut en son endroit : A l'espee taille on le droit. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 167).

 

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Force n'est droit : LE CRESTIEN. Chanter nous fault ce contrepoint : Force n'est droit. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 75).

 

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Ou force regne, droit n'a lieu : ...Prestres, vierges et gentilz homs Livre a mort [la guerre] sans cremeur de Dieu : Ou force regne, droit n'a lieu. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 70). ...ou force survient, On dit souvant que droit n'a poinct de lieu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 170).

 

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Pour haut crier le droit ne se remue. "La justice ne se laisse pas influencer par ceux élèvent la voix" : Pour hault crier le droit ne se remue ; Verité vainct, qui l'embusch descoeuvre (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 641).

 

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Droit à droit respond : Droit a droit respont, Payer les vouldroye De telle monnoye Qu'il desserviront (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 372).

 

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[Même idée] : Au fort se droit a droit revient, Un temps vendra Qu'Amours grant pitié en prendra Et a celle mon cuer rendra Que, s'il lui plaist, le retendra. (CHART., L. Dames, 1416, 207).

 

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Droit doit tourner à droit : N'esse raison se droit doit tourner a droit, que sur le sang d'ou a esté faitte la privation redonde le tollu et que sur le joïssant de l'acquest par force retourne la force arriere qui luy tolle l'acquest injuste ? (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 153).

 

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Droit ne quiert point misericorde : O tres noble et haultain pasteur, Chief de justice et de pité, Oés d'ung vostre serviteur, Humble subget a vo haulteur, Ce dont raison l'a incité : Supportés sa mendicité, N'aiés la rigueur en concorde : Droit ne quiert point misericorde. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 772).

 

d)

Loc. adv.

 

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À (bon) droit

 

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"D'une façon juste" : Et le landemain, par matin, ouïrent messe, puis s'en vont armer. Et le roy et les haulx barons furent sur haulx eschaffaulx montez environ les lices. Et furent les gardes du champ establies bien et deuement, et les chayeres assises, et le soleil party a droit. Et environ heure de prime, vint Remondin, a noble compaignie, armez moult richement, l'escu au col, lance sur fautre (ARRAS, c.1392-1393, 61). L'avant garde chevauche a exploit, laquelle conduisoit le roy d'Ausay et Regnault de Lusignen, montez sur un hault destrier lyart, armez de toutes pieces, excepté le bacinet ; qui tenoit un gros baston ou poing, et ordonnoit ses gens moult a droit. Et bien sembloit prince de hault cuer et de haulte emprise. (ARRAS, c.1392-1393, 174).

 

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"Avec des raisons légitimes" : Et, pour tant, ung chevalier ou prince ne doit bataille entreprendre, se ce n'est à bon droit et à bonne cause. (BUEIL, II, 1461-1466, 72).

 

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De/par droit. "Légalement, conformément à la justice" : ...pour ce qu'il semble à plusieurs que aucun Roy ou Prince puisse de sa propre auctorité, de droit ou de previlège, franchement muer les monnoyes en son Royaume courans et en ordonner à sa volunté et plaisir (ORESME, Monnoies W., c.1365, II). C'est l'ostel qui est a vous par droit car vous l'avez fait et fondé par creacion (GERS., Pent., p.1389, 74). Encores voullons et ordonnons que le cheval, comme dit est, et les armes du vaincu et toutes aultres choses que sur luy venues seroient, de droit soyent au mareschal du champ, qui pour ce jour en auroit la charge. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 223). Et vous ne vous greverez gueres à dire ces parolles ne à les faire de fait, pour ce que vous ne pourriez donner provision au contraire et aussi que de droit vous estes tenuz de ainsi le faire. (BUEIL, II, 1461-1466, 98). ...vous sçavez bien Que ceulx quilz preignent de haulte heure La place, par droit leur demeure (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 197).

 

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[P. oppos. à par force] : "Sire, par vostre force, non de droit, vous me ostez et tollez les drois de mon eglise, dont en ce vous vous meffaites grandement." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 173).

 

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De droit comme de/et par coutume. "Aussi bien en fonction de la législation (droit civil) que de l'usage local" : Item a curié de ladicte eglise mon seignour saint Ypolite de Poloigney quinze soulz estevenans par une foiz, pour touz le droit que leur puest competir en mon enterrement, tam de droit comme de costume. (Test. Besanç. R., t.1, 1361, 426). Il doivent de droit et par coustume labourer les terres des gentils hommes. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 95).

 

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De plein droit. "Sans qu'il soit nécessaire de manifester de volonté, d'accomplir une formalité" : ...de laquelle chappellanie la collation apartendra au Roy nostre Sire et à ses successeurs Roix de France de plain droit (BAYE, II, 1411-1417, 76). ...et aprés le decés du derrenier mourant voisent et retournent de plain droit audit prieur ou a ses successeurs les choses dessus prises sans contredit ou empeeschement aucun, et sauves et retenues aus dis abbé et couvent les retenues par eus faites par leurs dittes leittres. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1352, 199).

 

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Par voie de droit. "Par la voie juridique" : Et ou cas que le crime par voie de droit ne pourra estre cogneu ou preuve, combien que la suspicion vehemente soit assez clere, lors la justice et les parties se doivent retraire a Dieu et a l'eglise et aux saintes personnes (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 280).

 

e)

Loc. verb.

 

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Appointer les parties en droit. "Ordonner aux parties, avant le jugement, de produire par écrit ou de prouver par témoins les faits articulés" : ...pour ce que en Parlement estoit procès pour ledit bailliage entre Jaques d'Orleans, par avant bailly, d'une part, et messire Esclabot de Montmorancy, et estoient appoincté en droit (BAYE, II, 1411-1417, 36).

 

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[D'un procès] Estre en droit/estre appointé en droit. "Être prêt à être jugé" : ...vous mandons que icelluy procès, lequel, comme l'on dit, trente ans a, a esté appoincté en droit, jugés et mectés à fin (Lettres Louis XI, V., t.6, 1477, 271). ...pour ce que en desirons veoir la fin et expedicion, voulons que iceulx procès, qui sont en droit, comme l'on dit, tous autres procès arriere mis, vous expediez, jugiez et determinez le plus brief que faire se pourra. (Lettres Louis XI, V., t.6, 1478, 335).

 

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Avoir droit en la cour de qqn. "Demander justice à qqn" : Lors respondy Remondin moult humblement : Beaulx seigneurs, vous direz au roy que je ne viens fors pour bien, pour avoir droit en sa court de ce que je demanderay, selon la raison que le roy et son conseil verront que j'auray. Et assez briefment je me trairay par devant lui en sa court. Par foy, dirent cilz, et vous soiez ly tres bien venus. Et sachiez que ly roys vous fera toute raison. (ARRAS, c.1392-1393, 51).

 

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Avoir droit de qqc./de qqn. "Obtenir satisfaction, devant la justice, au sujet de qqc., de qqn" : ...et neantmoins, pour certaines oppositions indues, que ledit Colart a fait et faisoit audit Jehan de Saulx et à sadite terre, dont ledit Jehan n'a peu avoir droit en la court dudit Colart de Vonc (Trés. Reth. S.L., t.2, 1367, 183). Aucunes foiz appelle on droit satisfacion de forfait qui a esté fait à aucun, selon ce que l'en dit : "Cestui a eu droit de cellui qui le desroba, quar il en est pendu". (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 102).

 

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C'est droit. "C'est justice" : Messire, qui la gist mort, me dist, se telle adventure m'avenoit, que je seroie ly plus honnourez de mon lignaige. Mais je voy bien tout le contraire, car je seray ly plus maleureux et ly plus deshonnourez, et certes c'est bien droit. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Monseigneur, dist l'escuier, c'est bon de envoier savoir quelz gens ce sont, ne se ilz vous veullent se bien non. Damp escuier, dit le duc Oste, aler vous y convient, puis que vous les avez veuz, car c'est droit. (ARRAS, c.1392-1393, 178).

 

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C'est droit que. "C'est justice que" : N'est ce pas droit qu'il face grace auxquelz qu'il luy plaist, sans faire tort a ceulx qu'il laisse en la prison en laquelle ilz sont boutez ? (GERS., Trin., 1402, 163). Et puis aprés, pour vous donner confort, Vous promettra que recevrez amende De tous les maulx qu'avez souffers a tort, Et que c'est droit qu'aucun guerdon vous rende (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 102). C'est droit que les maulx on pugnisse Et n'y doibt on point differer, Mais que juge corrompu n'ysse A la sentence profferer, Car equité doibt preferer Rigueur, en tout juge parfaict. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 62).

 

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C'est à bon droit si. "C'est juste si" : ...chastellains, comment fustes vous si hardiz de faire tel oultraige, ne tel trahison pour la raisonnable justice que nous avons fait faire en nostre royaume, veu et consideré la grant trahison que Josselins, voz oncles, recongnut qu'il avoit fait ? Par Dieu, vous feustes moult oultrecuidiez, et c'est a bon droit s'il vous en est mesavenu. (ARRAS, c.1392-1393, 73).

 

-

Ester à droit. "Comparaître en jugement" : ...et ycellui Faudin a promis ester à droict à l'ordenance de ladicte Court, et bien et loyaument tenir prison en ladicte ville de Paris (FAUQ., II, 1421-1430, 47). Le dit Estienne de Montigny a esté eslargy quo usque à la caucion de maistre Jehan Barrière et Pierre Castel et chacun d'eulx pour le tout qui l'ont pleigé et caucionné de fournir et ester à droit jusques à la somme de 20 l. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 175). ...c'est à sçavoir que sur tout ce que voudriez pretendre, demander et quereller audit pays et comté de Flandres, soit droit de mainbournie de la personne et biens de nostredit frere et cousin le duc Philippe, ou autre quelconque que voudriez pretendre, ils offroient en respondre et ester à droit pardevant nous (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1484, 51).

 

-

Dire pour droit. "Prononcer une sentence" : Li maistre-eschevin dit pour droit que Glaiviaire n'avoit de niant a respondre. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1330], 81).

 

-

Estre à droit. "Se présenter au tribunal" : ...et en après, à le requeste de ceaus de nostre dicte ville d'Ypre, eussons assigné certaine journée as dis religieus et à ceaus de Poperinghe pour estre à droit par devant nous sour les demandes toukans les coses dessus dictes et autres que cil de nostre ville dessus dicte disoient et entendoient à faire et à demander par manière de reconvention as religieus et à ceaus de Poperinghe (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1330-1331, 115).

 

-

Estre de droit. "Être légal, légitime, prévu par les textes, sans pouvoir donner lieu à une discussion" : ...le Roy voloit que les eglises de son royaume usassent et joissent de leurs droiz, franchises et libertez, acoustumées d'ancienneté et qui sont de droit. (BAYE, I, 1400-1410, 231).

 

-

Faire droit (et loi) (à qqn). "Rendre justice (à qqn)" : Messires Hues li Espensiers li vielles et li contes d'Arondiel, au prendre, dissent ensi a messire Thomas Wage, et requissent moult hault, que on lor fesist droit et loy, et que il fuissent menet devant la roine et son fil. Il le furent, et devant tous les barons qui la estoient. Et leur dist que elle et ses fils leur feroient droit et loi et bon jugement selonch lors fais et lors oevres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 85). Aucunes foiz appelle on droit la voye de loyaulté qui fine les quereles, selon ce que l'en dit : "Il a fait droit qui loyaulment a finé une querele". (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 102). Après lesqueles choses ainsy faites, demandé fu par ledit mons. le prevost ausdiz presens conseilliers leurs advis et oppinions du jugement et droit qui estoit à faire entre le procureur du roy et ledit Charlot, prisonnier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 26). ...le roy nostredit seigneur (...) avoit commandé, dit et ordonné audit mons. le prevost que, appellez avec lui telz gens de son conseil, comme il verroit que bon seroit, il feist audit Merigot, sur tout lui oy, bon et brief droit et acomplissement de justice, sanz aucun delay. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 182). Ceste querelle cy n'est mie petite, car c'est pour la vie et pour le deshonneur a tousjours mais, d'une des parties. Et sachiez que je ne doy ne ne vueil reffuser a faire droit en ma court. Olivier, dist le roy, voulez vous vostre pere deffendre de ceste trahison ? Sire, dist Olivier, oïl, certainement. Dont, respondy le roy, les lices sont toutes faictes. Je vous ordonne a demain la bataille. (ARRAS, c.1392-1393, 60). A quoy le premier president a respondu que la Court est fondée sur raison et, partibus auditis, a acoustumé faire droit et raison à chascun qui ceans vient (BAYE, I, 1400-1410, 190). ...a esté dit audit d'Ourmoy que l'en le recevoit, sauf et reservé à faire droit aux parties oudit procès. (BAYE, II, 1411-1417, 36).

 

-

Obeir à droit : ...Jehan de Beaulne a esté eslargy par tout et a promis et juré de fournir et obéir à droit et de ce l'ont pleigé et caucionné maistre Anthoine Mauclerc et maistre Martin de Bernay et chacun d'eulx pour le tout, jusques à la somme de 20 l. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 176).

 

-

Oir droit. "Entendre la sentence" : ...si comme l'en entent par droit ce que est juste ou justice ou la loy ou la sentence de justice, comme l'en seult dire : "voulez oïr droit" (ORESME, E.A.C., c.1370, 300). ...ouquel descort lesdites parties avoient jour au jourd'uy par devant nous, c'est assavoir, ledit Conrart à l'encontre dudit procureur, pour oir droit ou jugement (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 424). La Court a au jour d'ui ordonné que aux parties, lesquelles ou aucune d'icelles ne comparront pas au jour qui à elles sera assigné à oïr droit (BAYE, I, 1400-1410, 252).

 

-

Prendre droit. "Se faire rendre justice" : Pour la recreance dou corps Andrié le Verpillet, (...) sont ploiges Perrenoz li Verpilléz, ses freres (...) de panre droit par devant les genz de mons. le duc sur les faiz pour les quelx il est arrestéz (Echevin. Dijon L., 1342, 49). ...lesquieulx (...) disans et affermans que d'icelles accusacions ilz se rapportoient à tout ce que li uns d'eulx, feust en leurs presences ou absences, et aussi en ce que Phelipot Le Vachier et Maceot Beauté, prisonniers oudit Chastellet, cy-dessus escrips, en vouldroient dire et depposer par leurs seremens, et en chascun d'eulx, feust pour eulx ou contre eulx, et par leurs diz et depposicions, vouloient prendre droit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 234). ...comme dit est, il s'en rapporte du tout ou dit et depposicion d'icelle dame, et par la depposicion d'icelle, sur ce examiné, lui absent, veult prendre droit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). ...et pour ycelle abbreger demanda se les parties voudroient descendre à pranre droit par les informations, et que sur ce eust delay (BAYE, I, 1400-1410, 110).

 

-

Recevoir/ tenir qqn en droit. "Rendre justice à qqn" : Lors appella Melusigne Remondin et lui dist : Remondin, je ne vueil pas que tu laisses perdre l'eritaige qui est venuz de par tes ancesseurs en Bretaigne. Car Guerrande, Pointievre, et toute celle marche doit estre a vous et a vostre frere. Alez y et sommez le roy des Bretons comment il vous reçoive en droit, et que se vostre pere avoit occiz son nepveu sur son bon droit, en gardant sa vie, et que, pour doubte de la puissance du dit roy, il n'avoit soy osé tenir ou païs, mais s'en estoit estrangiez. Et s'il ne vous veult tenir en droit, ne vous en esbahissiez ja, car il sera tous joyeux quant il le pourra faire. (ARRAS, c.1392-1393, 48).

 

-

Garder/tenir une communauté en droit. "Garder, faire vivre dans un état de justice" : Et il jura à tenir et garder justice et son peuple en droit, et recongneut toutes les franchises anciennement faictes que le peuple avoit à bonnes. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 9). Ce n'est pas justice, sire roy, de coper testes, ne poings, ne piez, ne pendre ; cela est pugnicion. Mais est justice de tenir et garder son peuple en droit et de luy donner voye et ordonnance qu'il puist vivre en paix, par quoy il n'ait nulle cause de luy esmouvoir. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 30).

 

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Vouloir droit de qqc. "Vouloir justice de qqc." : Mais, chiers sires, depuis qu'il commenca a desobeir a monseigneur vostre pere (...) nul de nous meist sur son corps piece de harnoiz, ne yssist de son hostel pour lui ne pour son fait ; ne ce ne sera sceu ne trouvé ; et s'il est autrement, si nous faictes pugnir selon raison, car nous n'en voulons ja grace, mais droit. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

f)

Au plur.

 

-

Estre appelé aux droits de qqn. "Être cité à comparaître devant la juridiction de qqn" : ...le quel Pierre, pour doubte de longue prison (...), s'est absentez du païs, et pour ce a esté appellez aus drois de nostre dit frere et banniz de sa contée de Poitiers (Doc. Poitou G., t.3, 1359, 275). ...le dit exposant, doubtant rigueur de justice, s'est absentez du païs, et appelez aux droiz du sire de Parthenay, et non comparans ad ce, a esté banniz (Doc. Poitou G., t.5, 1380, 139). Pendant lequel temps ledit suppliant fut appellé à noz drois ou Chastellet de Paris (Paris domin. angl. L., 1422, 68). Pour occasion duquel fait, ledit Perrin a esté appellé à noz droits par nostre bailli de Meaulx (Ch. VI, D., t.2, 1400, 16).

 

-

Tenir les droits de qqn. "Faire appliquer la justice de qqn" : Jehannin Le Fournier (...) fu attaint des prisons de mons. le duc à Tours, où il avoit esté mis le mercredi precedent, et fut amené en jugement en plain auditoire du chastel de mondit seigneur où l'en a acoustumé de tenir ses droiz et illec fut, par le procureur de mondit seigneur le duc, devant Jehan Johanninet, lieutenant general de mons. le seneschal de Touraine (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 2).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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     DROIT1          DROIT2     
FEW III directus
DROIT, adj. et adv.
[T-L : droit ; GD : droit2/droit3 ; GDC : dreit1/dreit2 ; AND : dreit ; FEW III, 87b : directus ; TLF : VII, : droit1/droit2]

I. -

[Idée de direction rectiligne, au propre ou au fig.]

A. -

Au propre

 

1.

[D'une direction, d'un mouvement, d'une chose]

 

a)

"Rectiligne, direct, sans déviation" : Et veez vous ce blanc sentier qui monte droit a ce gros arbre ? Par foy, dist Gieffroy, ouïl. Par Dieu, monseigneur, ce dirent ilz, c'est le droit chemin, vous n'y povez faillir ; et dessoubz ce hault arbre vient il souvent pour espier ceulx qui passent le chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 263). Qui depuiz, par grant violence, Soudement ["Soudainement"] en terre se boute [la matière du tonnerre] Sans droit sentier garder ne route. (LA HAYE, P. peste, 1426, 7). ...estoit sa droicte voye de son ostel au dit marché la rue ou la maison de celle damoiselle estoit située (C.N.N., c.1456-1467, 569). Et dit ung homme d'armes, nommé Jehan de Charre, que icelle avangarde est logée à Marés et à Babeul, qui est le droit chemin de Noion et de Chauny : pourquoy il me semble qu'il n'est point encorres mestier de soy bouger. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 320).

 

-

Droit comme une ligne : Item, comme il soit verité que aucune chose est saine et profitable as hommes qui n'est pas saine ne bonne as poissons, et aucunes choses sont qui tousjours et par tout sont unes si comme ce que est blanc, il est blanc a tous et par tout, et ce qui est droit comme une ligne ou un reglet, il est droit par tout - semblablement, estre sage est une chose par tout et tous le diroient estre d'une meïsme maniere. (ORESME, E.A., c.1370, 342).

 

-

ASTR. [D'une planète] "Dont le mouvement sur l'épicycle se fait dans le même sens que celui de l'épicycle sur le déférent" : Et selon ce, aucunes [planetes] sont stacionaires et plus drectes et retrogrades (ORESME, C.M., c.1377, 412).

 

-

[Dans un cont. fig.] : Item se moeut [Dieu] par mouvement droit en rendant aux bons leurs dessertes et pugnissant les mauvais se moeut obliquement ou de travers. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

 

-

Verbe de mouvement + (la) droite voie/la droite sente/le droit sentier/le droit chemin. "Aller sans détour, directement" : Sus demi jour et sus une nuit, il avoient bien à chevaucier trente liewes, car il ne pooient mies aler le droit chemin, qu'il ne fuissent sceu et aperceu. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 60). Monseigneur, par l'ame de moy, je vieng de devers les marches de Mellumge, mais il s'avale pour venir icy les plus belles gens d'armes que oncques mais je veisse, et ne scet on ou ilz veullent traire, fors tant qu'ilz tyrent le droit chemin pour venir icy. (ARRAS, c.1392-1393, 178). ...neantmoins, s'il trouvoit seure compaignie pour aler droite voie en Court de Romme sans passer par Basle, il yroit (FAUQ., III, 1431-1435, 134). Mon Dieu et mon vray createur, Je m'en y voys le droit sentier. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 94). Si est bien cause consonnante Que nous deussions d'icy partir Et aller tous la droicte sente A Roan pour nous refrachir. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 110). En ce cas, ne fault faire atante, Mes soy armer diligemment Aller a eulx la droicte sante. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 495). ...ou, s'ilz venoient par terre le droit chemin, ilz venoyent en grant peril. (COMM., I, 1489-1491, 99). Il fuyt le droit chemin vers Hollande. (COMM., I, 1489-1491, 202). Or nous fault il la droicte voye prandre Pour plus tost estre dedens nostre maison. (LA VIGNE, S.M., 1496, 177). Et, lorsqu'il fut sur l'eschaffault, ledit Petit-Jehan lui lya les mains d'un ruben de soye ; ce qu'il souffrit bien benignement. Et portoit on la croix devant luy en cheminant droit à l'eschaffault où il fina son derain jour. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

 

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S'en aller le droit train de + nom de lieu "S'en aller directement à" : Et lors prist [Mélusine] son chemin par my l'air, et s'en va le droit train d'Arragon (ARRAS, c.1392-1393, 289).

 

-

MÉD. Le droit intestin. "Rectum" : Soubz lesdictes particules est trouvé longaon ou le droit intestin, c'est le boyal du fondement (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.7).

 

b)

Empl. subst. "Ce qui est rectiligne" : Le mouvement oblique, tortu ou de travers est composé du reond ou du droit. Car pour tant qu'il se reploie, il a ce du circuler, et de tant qu'il procede selon la line, cellui vient du droit mouvement. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

 

c)

Empl. adv. [Avec un verbe de mouvement] "Directement, de manière rectiligne" : ...et quant il avoit yceulx eslongiez tant qu'ilz povoient avoir perdu la veue de lui, il se retournoit tout court par un autre chemin, le plus couvert qui savoit, droit audit lieu de la Sousterrine, ou là où les Englois estoient embuschez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57). Amis, dist la dame, je vous diray que vous ferez. Ne doubtez rien, mais alez vous en droit a Poictiers, et quant vous y venrez, vous trouverez pluseurs qui seront venuz de la chasse, qui vous demanderont nouvelles du conte vostre seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Vous en yrez de cy droit a un fort appellé Quemeniguigamp, et y trouverez un moult ancien chevalier qui fu frere de vostre pere (ARRAS, c.1392-1393, 48). - (...) n'yrois je pas en paradis ? dit l'yvroigne. - Tout droit, tout droit, sans faillir, dit le [prieur], n'en fay nulle doubte. (C.N.N., c.1456-1467, 62). Et, quant la puissance arrivoit, chascun regardoit amont et aval, et, là où ilz véoient l'enseigne de leur logeur, ilz y alloient tout droit, et leur logeur leur monstroit où ilz se devoient bouter. (BUEIL, I, 1461-1466, 179). Laisés tout ; alons nostre pas Par Capharnaon droit a Nain. (Pass. Auv., 1477, 127). Vous savez c'est une bergiere Qui vient encore tout droit des champs ; Y se moquent d'elle en derriere, Et ne sera d'elle que tout vent. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 429). Trompetes, sonnez ça et la, Pour assembler toutes noz gens, Et tenez le chemin qui va Tout le plus droit juques Orleans. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 521). On le mena droit a la grant eglise (LA VIGNE, V.N., p.1495, 181).

 

-

(Aller) droit comme une caille. "(Aller) droit comme la caille qui se jette sur les filets par un vol rectiligne" : AVEUGLE. Pour ce que tomber je ne veulx, A quatre piedz vault mieulx que j'aille ; Voi ge bien ? BOITEUX. Droit comme une caille Tu seras tantost devers moy (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 60).

 

-

Au fig. À droit ou à rebours. "Dans le bon sens ou dans le mauvais sens, de la bonne ou de la mauvaise façon" : Mais que mon propos ne m'enpire, Il ne me chault des faiz d'Amours, Voisent a droit, ou a rebours, Certes je ne m'en fais que rire. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 346). Vestu m'y suis a droit et a rebours. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 360).

 

-

Prov. Moult va droit qui jamais ne choppe : Nous sommes comme pors en l'auge, Si tost que repos nous aouyle ["engraisse"] ; Richesses nous viennent a bauge Esquelles chacun naque ["flaire"] et fouylle ; En son ordure l'ort se touylle ["se vautre"], Et plus en plus s'y envelope. Moult va droit qui jamais ne choppe (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 372).

 

2.

En partic. [Idée de verticalité]

 

a)

Adj.

 

-

[D'une chose]

 

.

"Vertical, dressé" : ...Sa lance tint trestoute drette, Forment la prent a paumoier. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 193). ...tant suivit ly roys Elinas la dame, que il la rataint en la forestz, ou il avoit grant foison d'arbres haulx et droiz (ARRAS, c.1392-1393, 8). Ly pors fu fiers et orguilleux, et devoura pluseurs levriers et alans, et prinst son cours par la forest qui estoit haulte et droicte, et commenca grant la huee. (ARRAS, c.1392-1393, 18). ...par la baniere que uns chevaliers portoit toute droite, il le raviserent (FROISS., Chron. D., p.1400, 692).

 

.

"Escarpé, abrupt" : Il [Remondin] laissa ses gens et s'en party avec un des varlez de leans, et avalerent la falize, qui moult fu roiste et droitte, par les eschielles, et vindrent au prieur qui moult leur fist bonne chiere. (ARRAS, c.1392-1393, 273). ...car a l'un des lez la roche y est sy treshaulte et droicte comme ung mur, et de l'autre leez est le surplus de la montaigne toute plaine et toute environnee de pierres noires et pesantes comme fer (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 142). ...et vindrent d'eulx mesmes offrir à passer l'artillerie en ce merveilleux chemin de montaignes (ainsi les puis-je appeller pour estre haultes et droictes) (COMM., III, 1495-1498, 160). Au partir de ladite vallée, commençoit-l'on à monter par ung chemin fort droict, et veïs des mulletz y passer à très grand peyne. (COMM., III, 1495-1498, 161).

 

.

[D'une construction, d'une statue...] "Dressé, debout" : Item, Averroÿs dist yci que il vit une de ces ydoles encore toute droite eslevee et en estant (ORESME, C.M., c.1377, 566). ...il ne sonnoit pas ung mot, mais se tenoit comme une droicte statue ou ung idole entaillé (C.N.N., c.1456-1467, 199). Et avoit [le duc Antoine] fait laissier les logeiz tous droiz ["il ne les avait pas fait démonter"] et bien Vc. hommes d'armes pour les garder. (ARRAS, c.1392-1393, 183).

 

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[D'un mouvement] "Rectiligne (du haut vers bas, du bas vers le haut)"  : Le mouvement droit est du hault en bas et du bas en hault, selon que les corps d'embas se meuvent selon leur legiereté ou gravité. (Somme abr., c.1477-1481, 145).

 

-

[D'une pers.] "Qui se tient droit" : ...la ditte roine (...) estoit toute droite, et messires Jehans de Hainnau s'enclina moult bas contre lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 60). Et dist Cersuelle, que, grant temps après, elle [la serpente] se mua en figure de femme aulte et droicte, et estoit vestue d'un gros burel, et ceinte dessoubz les mamelles, et estoit affublee de blans cuevrechiez a la guise du viel temps. (ARRAS, c.1392-1393, 309). PATHELIN. Que la vis je belle Et grande et droitte et gracïeuse ! (Path. D., c.1456-1469, 62).

 

.

"Debout" : Sy tost que Lyonnel vey les deux pucelles droittes, il lui sambla qu'elles estoient moult anciennes et que a grant paine elles se leverent en estant. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 181).

 

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Estre droit. "Être debout" : Ou premier parquet est la forme de chapitre et sont ycy les accusans tous drois et le accusé prosterné aux piez de son prelat (Déclar. Hyst. S., a.1449, 166). ...sans gesir ou estre droit, il [Dieu] a presidence sur toutes choses, sans avoir contenant toutes choses (Somme abr., c.1477-1481, 134). Item par misericorde reduit les errans et fourvoians a soy, ceulz qui vont maine a lui, les trebuchans relieve, ceulz qui sont drois et estans, il les tient sans delaissier, les perseverans introduit en sa glore. (Somme abr., c.1477-1481, 180).

 

-

[D'une partie du corps] "Qui se dresse, ferme" : Et si y avoit encores trois bien belles filles, faisans personnages de seraines toutes nues, et leur veoit on le beau tetin droit, separé, rond et dur, qui estoit chose bien plaisant, et disoient de petiz motetz et bergeretes ; et près d'eulx jouoient plusieurs bas instrumens qui rendoient de grandes melodies. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 27).

 

.

[Dans un contexte grivois] : ...la dame prend et empoigne ceste lance droicte comme ung cornet de vachier (C.N.N., c.1456-1467, 497).

 

-

CHASSE Le droit. "Le cerf que les chiens ont fait se mettre debout et qu'ils poursuivent" : ...Car un tel chien par sa sagesse Nous et toute la muete dresce Quant tous les autres ont failli La beste qu'il ont acuilli, Et nullement fors que son droit Ne chaseroit, tant chasce a droit. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 294). Et pour ce doit il regarder, ansçoys qu'il brise les chienz, s'ilz chascent la folie ou le droit. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 190). Et, si le droit fuit avec le change, les bons chienz demourront touz coys et ne voudront tourner arriere ne requerir ou iront avant par ou le change va, pour ce que leur droit y va aussi, mes ce sera lentement et sanz crier (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 205).

 

-

[Dans une compar.]

 

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Droit comme pilier : Et doit [le cou de la statue, dont la tête représente le roi] le chief tout soustenir Et droit com pilie[r] soi tenir Sens decliner ou varier Ou sens soi tortement porter. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 251).

 

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[D'une pers. ou d'une chose] Droit comme (un) jonc : Tous semblent beaulx sur toute rien, Mais toute leur beauté n'est rien Envers celle d'un hault donjon, Qui est assis droit comme jon La endroit plus onni qu'ivoire (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 109). Item, a mes povres clergons [deux très vieux chanoines de Notre-Dame], Ausquelz mes tiltres resigné - Beaux enffans et droiz comme joncs Les voyant m'en dessaisiné -, Sans recevoir leur assigné, Seur comme qui l'aroit en paulme, A ung certain jour consigné, Sur l'ostel de Gueuldry Guillaume. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 106). LA CHOSE PUBLICQUE. ...J'estoye droicte comme ung jon, Forte et puissant com ung lyon, Riche en point commë une royne, Et en ma geste souveraine Faisant a tout chascun plaisir (Sots mal., c.1480, 87).

 

b)

Loc. adv.

 

-

Au droit (de) qqc.

 

.

"À la verticale de" : ...il vit, aucun peu après le consille, une merveilleuse multitude de oyseaulx incongneux en l'air, pres de Berne et venoient de devers les parties de France, qui tenoient d'espasse de plus de ung mil de Almaigne de long et ung quart en large, et voloient moult espées, tant que l'air, au droit d'iceulx où ilz passoient, estoit obscurci grandement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 v°).

 

.

"Au niveau de, à proximité immédiate de" : ...tant que finablement elle [une chose pesante] repose au plus droit et au plus pres du centre que elle peust. (ORESME, C.M., c.1377, 572). Et quant le dit Moreau fu au droit d'un fossé qui entroit dedenz le pré, où estoit le dit feu Jehan qui l'attendoit illec, et lors ilz se distrent aucunes injurieuses paroles (Doc. Poitou G., t.5, 1383, 211). ...les deux autres cuilliers sont ou feurre de son lit, au droit son chevet, au lez destre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 307). ...pour le vendaige (...) d'une maison de pierre (...) assise en la ville dudit Dijon en la rue de la Vielle Poissonnerie au droit de l'eglise de Notre Dame (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 151). ...ledit Rousseau dessus ladicte maison, au droit d'une cheminée, tenant une grant espée et renyant Dieu qu'il en tueroit. (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 165). ...laquelle fille [âgée de six ans] estoit au droit d'une charrete chargee de gerbes, laquelle charrete cheut sur ladite fille (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 99). Et mectront a bas du tout ledit bouloart et en feront incontinent ung autre au droit de la croix sus le pont et abatront une arche devers la ville. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 170).

 

-

Au droit d'une partie du corps. "En plein milieu de, en pleine (telle partie du corps)" : ...ung petit enfant, nommé Olivier Raoulea, de l'aage de six à sept ans ou environ, au pié d'un autre gros chesne, en une fourcigne dudit chesne (...) fut frappé au droit de la temple du costé senestre d'une branche dudit chesne (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 171). ...mais delà ledit suppliant recouvra et frapa ung autre cop de sadicte dague au droit du jarret icelluy Jehan Payneau, tellement qu'il en issist sang. (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 164). Et Doolin (...) se tint si bien aux estriers et adressa si bien au droit du corps à Gayant qu'il le getta par terre (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 32).

 

-

En droit de qqn. V. endroit

 

c)

Empl. adv.

 

-

[D'une chose] "Verticalement" : Item, se une pierre descendoit jusques au centre du monde et passoit oultre tout droit en montant de l'autre part, il appert clerement que en ce cas .II. mouvemens contraires seroient continues et sanz moien (ORESME, C.M., c.1377, 94). Item, les choses pesantes qui sont par violence gectees tout droit en haut retournent arriere ou lieu dont elles partirent (ORESME, C.M., c.1377, 556). ...c'est une maniere de suffumigacion ou Temple que nul vent ou tempeste ne povoit destourner qu'elle ne alast droit, sans vaciller devers le ciel (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 28 v°).

 

-

[D'une pers.] "Debout" : Ne oncques ne s'en bougerent ne ne se desarmerent, mais mengierent tout droit ou en seant chascun ung petit. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168). Le conte toutevoyez (...), pour contenter ung petit les gens de la ville, entra en une maison la ou il desjuna ung peu tout droit ; et prestement ariere remonta a cheval et s'en ralla a Marle (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 218).

 

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Aller droit. "Marcher en se tenant droit, sans se déhancher, normalement" : Aucune fois [les miracles se font] en choses sensibles, comme en l'asne de Balaam, qui parla. Aucune fois en creature raisonnable, comme en faisant ambuler et aler droit les boisteux, ouir les sours, susciter les mors et l'enfantement de la vierge Marie. (Somme abr., c.1477-1481, 163).

 

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Regarder droit au ciel. "Lever les yeux vers le ciel (en signe d'imploration)" : Et adoncques tous, tant gens d'eglise que chevaliers et escuiers et gens de tous estats qui furent là de la part du roy Amydas, s'agenoillerent et leverent les mains et les mistrent sur leur piz, en regardant droit au ciel, et prindrent sur leurs consciences que ainsi estoit. (BUEIL, II, 1461-1466, 183).

 

3.

GÉOM. Angle droit : ...si comme du triangle, se il a .III. angles equalz a .II. angles droiz ou non. (ORESME, E.A., c.1370, 338). ...nous trouverons que la ligne B E devisera le demi cercle dessus dit en deux egaulx moitiez et qu'elle aussy fera ou centre dessus dit deux angles drois semblables et avec ce devisera le dyamettre precisement en deux egaulx parties. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 79).

B. -

Au fig.

 

1.

[Idée figurée de ligne directe]

 

a)

[D'une ligne de filiation] "Qui est direct, légitime" : ...si furent moult joyeux, et lui firent grans presens, a l'usaige du pays, comme de vin, de bestail, de poissons, de poulaille, de foings et d'avoines, et de moult d'autres choses. Et estoient moult liez, puis qu'il ne plaisoit a Remondin a demourer, ne a tenir la terre, quant ilz estoient receuz en la droicte ligne de leur seignourie, et hors de la lignie Josselin. (ARRAS, c.1392-1393, 69). Et fu adont parole ens ou consel dou roi de France, et assés s'i acordoit li rois, que ses biaus neveus Edouwars d'Engleterre euist l'une de ses nieces par mariage et que li roiaulmes de France, apriés li, lor retournast, car il venoient de la droite lignie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 51). ...disant ledit roy Lancelot que ce royaume lui appartenoit et qu'il estoit de la droitte esterpe du roy monseigneur saint Loys. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 191). ...qui fut bien veriffié par le roy Peppin, qui fut le second de ce nom et XVe roy en droite ligne de France (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 106 r°).

 

-

Loc. De droite ligne. "Directement" : ...par la coustume des nobles ce qui echiet de pere ou de mere, d'ayeul ou d'ayeulle, il n'y a point de rechat pour ce qu'il vient de droite ligne en descendant. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 219). Ce se entant par branches (es successions de droite ligne, comme de pere et de mere, et non mie collateral, comme de l'oncle ou de la tante, car l'en partiroit par chief, comme raison veult) et non pas par teste, car autant emporteront les enfans de l'une des femmes comme de l'autre. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 264).

 

-

[D'un membre de la parenté] "Qui vient en ligne directe, légitime" : Lors se leva em piés Fourques, li prous, li saiges, Qui estoit ses drois niés plains de trestous bernaiges, Hardis comme lions pour fandre escus et terges (Gir. Ross. H., c.1334, 203). ...il sentoient que mesires Carles de Blois avoit a fenme la droite hiretiere de Bretagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 464). Et n'avoit demouré de lui nul hoir que une seule fille, la quelle estoit nommee Crestienne, et fu la pucelle moult belle et moult bonne. Et avoit en la terre de Lucembourc moult de nobles et grant foison chevaliers et escuyers, qui tous firent hommage a la pucelle Crestienne comme a la droicte heretiere de ce pays. (ARRAS, c.1392-1393, 146). ...[un terrain] avenu à monseigneur comme avoir extraier par la mort de Francequin Stassin, pour ce que son pere estoit bastart et que par ce du costé de son pere il n'avoit point de droit hoir (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 407). ...mais quant les pertrias sont nez et ilz oent la voix de leur droicte mere tantost s'en vont a elle et deguerpissent leur faulsse mere. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 484).

 

-

[D'un héritage] "Qui vient directement, sans intermédiaire" : "Regardés comment il tiennent Brest : il n'ont nulle volenté de le vous rendre, qui est de vostre droit demainne et hiretage, et n'est pas dus de Bretaigne, qui n'est sires de Breth." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 31). ...la terre luy retournoit par droitte hoirie de succession de ses oncles (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156). ...la femme d'un gentil homme qui a encores aïeul, aïeule, père et mère au temps qu'il se marie, soit douée sur les droictes escheoistes comme sur lesdiz héritaiges desdiz aïeul, aïeule, père et mère (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 518).

 

b)

[D'une ligne de conduite ; idée de rectitude]

 

-

Le droit chemin/pas/sentier. "La vie juste et honnête, conforme aux principes de la morale ou de la religion"

 

.

[Après des verbes de mouvement] : Aucuns, comme il me samble, vouldront mettre tache en la louange saint Pierre pour ce qu'il fut repris de saint Pol, que il ne aloit pas le droit chemin en la doctrine Jhesu Crist (GERS., P. Paul, a.1394, 490). O excellent, haulte vertu divine, Qui tout parfait, acomplit et termine, Royne puissant, Dame Perseverance, Cil qui retient ta loyalle dottrine, Sans forvoyer le droit sentier chemine De los, de pris, de paix, de souffisance (CHART., B. Nobles, c.1424, 408). L'autre doubte est la paour qu'on a de mesprendre. Car, à faire diverses choses et à complaire aux seigneurs, il y a bien manière de y tenir le moyen ; et est plus aisé de desvoyer que de tenir le droit chemin ; et advient souvent que, par cuider complaire, on desplait (BUEIL, I, 1461-1466, 48). Pour avoir eu amour au monde faulx, Avoir ravy l'aultruy comme herbe faulx, S'estre orgueilly montans les grans chauffaulx, Ne doibs tu pas D'humanité rompre le droit compas Qui au pecheur penitent tient le pas, Radressant ceulx qui ne vont le droit pas. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 80).

 

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Charrier droit. "Agir, vivre selon des principes justes" : Sy fault son cuer humilïer Qui bien droit y veult charïer, Car Dieu les humbles enlumine Par grace et vraye doctrine (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 84). Quant ilz sont tieulx Qu'ilz veulent choisir en bons lieux Et mectent paine a valoir mieulx Pour plaire a la belle aux beaulx yeulx. Sans varïer, Entendent a droit charïer Et deshonneur contrarïer Pour soy a elle apparïer (CHART., L. Dames, 1416, 269). J'envoyeray monseigneur du Bouchage après eux, afin qu'il les face charier droit (Lettres Louis XI, V., t.5, 1473, 211). [V. charrier]

 

2.

Empl. adv. adj. [Domaine spatio-temporel ; idée fig. d'exacte coïncidence ]

 

a)

[Dans l'espace ; renforce les adv. de lieu, (i)ci et ] "Précisément, exactement (à tel endroit)" : ...madame se alla mettre dedans le lict ou monseigneur devoit trouver sa chambriere, et droit la attendoit ce que Dieu luy vouldra envoyer. (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...s'elle venoit d'adventure, et droit cy vous trouvast, je seroie femme perdue (C.N.N., c.1456-1467, 118). Si est vray que le duc, scentant son seul unique filz estre en lieu si perileux, se repenty de l'avoir envoyé droit la (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 140). Saint Jehan, saint Jehan, il y a droit cy quelque ung entre vous, qui qu'il soit, qui a revelé mon conseil (...). Dont, se je savoie qui c'est, il ne le poroit valoir. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 302). Et parainsi, quant les chevaliers trouverent ceste responce si froide et que le roy ne se monstra gueires entalenté de les oÿr, jugerent bien que leur sejour droit la y seroit de petit fruit (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 274). O Dieu, de bon cuer te supply Droit ycy Que soyons avec toy logés. (Pass. Auv., 1477, 103).

 

-

Droit + compl. de lieu. "Précisément, exactement" : Dessus le Rosne droit, (...) On a les grans engins et fais et devisez (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 141). De très outraigeus fais vostre corps s'avisoit D'aller tuer ce roy en son pavillon droit (Hugues Capet L., c.1358, 76). BEAUCOP. Ainsi comme j'alloye de nuyt, Je me trouvé, ce m'est advis, Droit a la rue Sainct Denis (B. veoir, p.1480, 16). Le roy disna droit es faulxbourgs de Cappe. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 247). Auquel lieu il y avoit ung grant fossé, où ledit Guinot, bastard, et Voyau laisserent leurs chevaulx et s'en allerent à la porte Saint Anthoine, près les fossez de laditte Bastide, et furent une espace de temps couchés sur le bort desditz fossez, regardans droit à la fenestre par où le conte devoit sortir, pour veoir s'ilz verroient point de la clarté. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 172).

 

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[Adj., en loc.adv. ] De droit point + compl. de lieu : Il nous appert par evidence, Selon que l'estoille s'afiche, Que c'est ce petit edifice [qui abrite la crèche], Car elle est de droit point dessus. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 91).

 

b)

[Dans le temps]

 

-

Adj. [D'une réf. temporelle] "Précis" : Et fu cescuns armés et montés à le droite mienuit. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 56). Or vous lerray un pou de lui, si diray du nepveu du cappitaine qui fort s'en va vers Famagouste, et a tant exploictié qu'il vint en droit heure de my nuit a la corniere d'un bois sur une petite montaigne, et regarde en la valee, et voit l'ost des Sarrasins (ARRAS, c.1392-1393, 95).

 

-

Droit + compl. de temps "Juste à (tel moment)" : Droit sus le point de six heures, ilz eurent tout toursé et ensonmelé et chargiet leurs chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 223). Et estoit droit sus l'aube dou jour, et venoient tout seré et en un tas tout le petit pas sans sonner mot. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 21). Droit à noef heures, Phelippes d'Artevelle (...) et les cappitaines vinrent. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 215). Et en ce party alerent tant que droit a soleil levant vindrent sur une petite montaigne (ARRAS, c.1392-1393, 160). Or advint au tiers jour droit a soleil levant que une espie leur vint dire qu'ilz fussent sur leur garde (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 613). Droit le jour de ceste aventure Vint Alixandres, d'aventure, Qui victorïeux s'en tournoit Et moult grant gent o luy menoit (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 35). ...[un] enfant, dont la mere s'estoit delivrée droit a la coup du retour dudit chevalier. [Un chevalier a été choisi comme parrain] (C.N.N., c.1456-1467, 426).

 

-

Droit à ce point. "Juste à ce moment" : Droit à ce point, vint à Evruich messires Jehans de Haynau. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 43).

 

3.

[Idée fig. d'exacte appellation : l'objet en cause est pleinement ce que le subst. dit qu'il est ; idée d'exactitude, de justesse, d'authenticité]

 

-

"Exact" : Se vues ["veux"] savoir le temps et le droit miliaire Quant morirent cil dui, je le te vul retraire (Gir. Ross. H., c.1334, 114). Il estoient logiet sus une montagne et avoient envoiiet desous, en lieu où on ne les pooit aviser ne approcier, la droite moitié de leurs gens (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 66). Chils arbalestriers entoisse et trait un quariel et assène le portier de droite vissée en la teste et li enbare tout ens. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 142). Encores disoit se jamès povoit venir devant son prince, que il en descouperoit tout homme, et que là en diroit la droite verité. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 540). Mais ceulx qui cuer, corps et pensee mettent A une seule a qui ilz se soubzmettent, Et du tout hors de liberté se mettent Et joye quierent, Souvent en dueil et angoisse se fierent Au droit rebours de tout ce qu'ilz requierent, Et cent douleurs contre un plaisir acquierent, Longues et lees Qui sont es cuers empraintes et seellees (CHART., D. Fort., 1412-1413, 180). Un douloreux pense tousdis Des plus joyeux le droit revers, Et le penser du maladis Est entre les sains tout divers. (CHART., B. Dame, 1424, 351). ...sa droitte contraire [de Pauvreté volontaire] est Avarice qui derriere elle est pour la bouter hors de saincte Esglise et de religion. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 161). Et comment ouvrit il [Jésus] tes yeulx [de l'aveugle] ? Dy nous la droicte verité. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 193).

 

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"Qui est exactement nommé, authentique" : Si fu durement li rois de France esmervilliés ; ossi furent li dus d'Ango (...) et moult d'autres signeurs, quant il le veirent en ce parti revenu, et il le cuidoient en Osterice : ce leur sambla uns drois fantosmes. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 222). ...de tieulx sergens Fait on pastours, qui sont droit loups (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 6). Tu n'es qu'un droit ours de Sçavoye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 331). Item, et au Prince des Sotz Pour ung bon sot Michault du Four, Qui a la foyz dit de bons motz Et chante bien "Ma doulce amour", Je lui donne, avec le bon jour ; Brief, mais qu'il fust ung peu en point, Il est ung droit sot de sejour Et est plaisant ou il n'est point. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 92). GUILLEMETTE. Par saint Jaques, non de tromper : Vous en estes ung fin droit maistre. (Path. D., c.1456-1469, 50). NYVELET. Je scay juste vostre santé. Vous me semblez ung dorelot, Sade, faictis, propre et mignot, Ung droit petit dimenchereau. (Copp. lard., a.1488, 163). Il semble ung droit varlet de cartes. (P. Jouh. D.R., a.1488, 18).

 

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[Avec une idée d'authenticité]

 

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"À quoi on peut se fier, garant de vérité" : Et par iceulx chemins tortuz, S'entend gens vuides de vertus, Devoyéz par leur malefice Du sentier de droite justice (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 137). ...car par elles [les vertus] eslit l'en si comme droite raison commande et dicte. (ORESME, E.A., c.1370, 203).

 

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"Digne de foi, reconnu pour vrai" : On puet demonstrer en moult de manieres que Dieu est. Car ce tesmoingne la droicte et vraie foy catholique, la saincte escripture le dist et la comparoison des choses creés a lui, qui est createur, le demonstre estre. (Somme abr., c.1477-1481, 99).

 

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"Vrai, véritable" : ...enfin, nous envoierez-vous à la mi-host deus escallates vermeilles qui soient semblables en bonté, en coleur et en tout, deus escallates blanches et une autre de droite coleur de violete. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1335, 291). Li signeur regardoient que il estoit li mois de decembre, li drois cuers d'iver, et si plouvoit toudis ouniement, pour quoi il ne faissoit nul hostoiier jusques à l'esté. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 69). Ceste science donc peut estre ramenee tres convenablement a la .Xe. espere que les theologiens appellent le ciel empireum, c'est a dire le ciel du feu, non mie pour ce qu'il arde ne que ce soit a la lectre droit feu, maiz pour ce qu'il resamble aucunement au feu pour sa grant resplandeur et sa grant luminosité. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 232). C'est une droicte mocquerie De les oÿr chanter et braire (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 218). Je n'en vy oncques tant : ce sembloit une droicte garenne de cons. [Un jeune garçon a accompagné sa mère aux étuves] (C.N.N., c.1456-1467, 413). Qu'estoit ce ung bon marchant et saige ! Vous luy resemblez de visaige, Par Dieu, comme droitte paincture. Se Dieu eust oncq de crëature Mercy, Dieu vray pardon luy face A l'amë ! (Path. D., c.1456-1469, 58).

 

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À droit escient. "En toute connaissance de cause" : Maiz qui aime a droit escïent, Cuer lui faut fort et pacïent (CHART., L. Dames, 1416, 258).

 

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"Compétent (dans son champ d'activités)" : "Et vous di que li chevalier et li escuier, qui sont en ma compaignie, sont droites gens d'armes et fleur de chevalerie." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 266). ...de trois à quatre cens combatans, fleur de droites gens de guerre (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 200). LE SOT. Sang bieu, tu es ung vray seigneur Et ung droit maistre surgien. (Dorib., p.1480, 248).

 

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[Avec une idée de perfection] : En elle estoit, sans autres empirer, Le droit mirouer pour les autres mirer, Ou chascun puet sans riens mectre tout prendre. (CHART., Compl., 1424, 324). Qui puet mouvoir a ce Dame Nature, Qui a souffert qu'on lui feist tel injure De deffaire si perfaicte figure Qu'a droit patron avoit faicte assouvie, Pour esbahir et desconfire Envie Qui mesdisans a mesdire convie ? (CHART., Compl., 1424, 325). ...tresinvaincu Cesar [le duc de Bourgogne], la perle des princes christiens, l'onneur de toute noblesse, le droit miroir, patron et exemple de chevalereuse prouesse (Lyon cor. U., 1467, 27).

 

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La droite fleur de qqc. "Ce qu'il y a de meilleur de, la fine fleur de" : Si vous di pour verité que li princes de Galles avoit là avoecques lui droite fleur de chevalerie. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 32).

 

.

Estre en sa droite fleur de beauté/de jeunesse. "Être dans le plein épanouissement de" : Pour ce temps estoit messires Jehans de Hainnau en la droite flour de sa jonece (FROISS., Chron. D., p.1400, 71). ...un esparvier, ou tout chevalier de noble sang qui le povoit veillier IIJ. jours et IIJ. nuys, sans dormir, elle s'apparissoit a eulx, et avoient un don de elle, tel qu'ilz le vouloient demander, voire des dons temporelz, sans pechié de corps, ne sans elle touchier charnelment. Le roy, qui estoit en sa droicte fleur de beauté et de vigour et en son cuidier, dist que pour certain il yroit et ne demanderoit que le corps d'elle. (ARRAS, c.1392-1393, 302).

 

4.

[Idée fig. de conformité à un certain ordre (de la raison, de la morale, du savoir-faire...) ; proche de droit1 (qui peut marquer la conformité à une justice naturelle)]

 

a)

Adj.

 

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"Conforme à l'ordre des choses, normal, naturel" : D'illec [du mariage] naist le fruit de lignie, Quant la chose est a droit lignie (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 84). Car posé que une roe estante, aussi comme est la roe du moulin, fust devant moy et fust meue en tornant droit vers moy ; je di que, selon droit ordre de mouvement, le desus de ceste roe - a prendre desus en la seconde maniere - seroit devant moy a main destre. (ORESME, C.M., c.1377, 322). Pour quoy nous devons savoir que toutes les choses corporeles de nature ont certains lieux propres et ordenés, esquiex elles arrestent et reposent de leur droite nature quant elles y sont (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 218). Par les regars Célestiaulx Qui tousdiz ont grevé le Monde Par tous les climatz à la ronde, Et miz à mort, avant droit aage, Cent milions d'umain lignage. (LA HAYE, P. peste, 1426, 10). ...Mais par droit usage tousdis Il avient ce qu'avenir doit. (TAILLEV., Destr. D., c.1427-1430, 49). Douleur me fait par ennuy, qui trop dure, En jonne aage viellir maugré nature, Et ne me veult laissier mon droit cours vivre (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 2). Et ce luy fait avoit, par droit usaige, Cuer et voulloir de bien faire en tous temps. (TAILLEV., Psaut. vil. D., a.1440, 116). Or ont ces folz amans le bont Et les dames prins la vollee. C'est le droit loier qu'amans ont, Toute foy y est vïollee. Quelque doulx baisier n'acollee, De chiens, d'oiseaulx, d'armes, d'amours, C'est pure verté devollee, Pour une joye cent doulours. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 63).

 

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"Normalement utilisé" : Qui voeult entrer [ens] en la salle Il doit entrer par le droit huys. (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 62). "Ha !" dist elle, "Saintré, Saintré, ce n'est pas la droicte porte par ou vous cuidez entrer..." (LA SALE, J.S., 1456, 226).

 

b)

Empl. adv.

 

-

[Devant un adj.] "Vraiment : Et quant Estonné oy son compaignon plaindre de fain, il luy en fist mal car il estoit droit caritatif vers son amy. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 368).

 

-

"Exactement" : "Vëez le bien [Alexandre] et pourtraiés, Et tout vostre advis y metés, De ses membres droit la grandeur, Son corpz, sa taille et sa couleur..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 154). Pour quoy notez que cest escript Fut fait en l'an de Jhésu Crist Mil quatre cens, à droit compter, Et vignt et cinq, sans plus monter (LA HAYE, P. peste, 1426, 168).

 

-

À droit (voir) dire. "À vrai dire" : ...car a droit dire, il ne sont pas magnanimes. (ORESME, E.A., c.1370, 252). Et, comme on treuve en mains dictiez, Ces enfens furent alaictiez D'une louve, qui les nourri Et de peril de mort gari, Mais, a droit voir dire, un pastour Fostis nommé, qui la entour Reppairoit, les en emporta Et sa femme les alaicta (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 177).

 

c)

[Empl. subst., en loc. adv.]

 

-

À droit

 

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"Sans erreur, exactement" : Car, aussi comme celui qui est sain du corps et a bien disposé le goust juge bien des saveurs, semblablement celui juge a droit des operacions humaines qui est sain selon l'ame et use de raison ; et tel est le vertueus. (ORESME, E.A.C., c.1370, 127). Et cuider ou dire que de toute ces choses la cause soit telle comme mettoit Democritus, ce n'est pas a droit dit, car il disoit que les exalacions ou vapeurs chaudes qui sont esleveez de l'eaue en haut rencontrent ces choses pesantes et laees et les reboutent en haut et empeeschent que elles ne peuent descendre, mais les pesantes et de figure estroite cheent et descendent en l'eaue pour ce que elles encontrent pou de teles chaudes exalacions. (ORESME, C.M., c.1377, 712). Avecques moi compte, Et se tu scés a droit compter, Clerement te pourray moustrer Que bonneurez est entre mille Cilz qui n'a eu ne fil ne fille, Car Dieux paix et repos li donne. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 73). Pour entendre ceste lettre bien a droit, a savoir est que cellui Hanibal qui fut sy bon chevalier et qui fist la seconde battaille pugnique, lequel fut vaincu par mer d'um consulle qui ot nom Diulius. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 32). J'ay erré païs vaillamment Qui suis desja dedens Judee. La chose qui m'est enchargee Il fault estre songneux a droit De l'accomplir (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 33). Entendés y bien et a droit, Car qui a ses comptes fauldroit Ce nous seroit tres grant reprise. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 44).

 

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"Clairement, sans ambages" : Parlons a droit, par fine amour : Nous sommez soubz la cheminée. (Pipée R., c.1470-1480, 155).

 

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"À juste titre" : Si vous deffent ceste vertu, se a droit la voulez tenir, tout vestement et attour ou il ait tant soit petit de mondaineté ne curiosité (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 168).

 

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"Selon les règles de l'art" : Touz ouvraiges a droit font [les artisans de Paris] ; Subtil engin, Entendement parfont Verrez avoir aux habitans toudis (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 302). ...lors, ouvriers De telz ouvrages coustumiers, Pour leur mesures a droit traire, En terre, et au mieulx la pourtraire, Ont fichiez pieuz et mis mesures, Mais signes de mesaventures Et de dommages perilleux Leur avindrent moult merveilleux, Car, par nuit, loups es lieux venoyent, Qui pieux et mesures rompoyent, Et, par les champs, en pluseurs pars Les lançoyent gisans espars (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 263). ...[les bourgeois] les ruoient dedens les fossez du palais par grant despit, et alors Wandry dist : "Or ça, on voit bien qui a besongné à droit !" (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 67).

 

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"Convenablement" : Au païs de Brabant, qui est bonne marche et plaisante, fournye a droit et bien garnye de belles filles... (C.N.N., c.1456-1467, 461). Ainsi a mon jugement me sambla ceste dame a droit atournee. (Lyon cor. U., 1467, 50). JHESUS. Jehan, soit l'asnesse aprestee, Si que a droit dessus je soie (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 40).

 

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"Selon l'ordre naturel" : L'arbre jeune sans jardinier A l'adventure va son croit, N'on n'en trouvë en ung millier Qui preigne sa façon a droit (Garin Mongl. K., c.1460-1465, 71).

 

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[Forme agglutinée adroit] "Conformément à des règles de morale : ...et quiconques conseille bien il fait adroit. (ORESME, E.A., c.1370, 349). Mais vertu naturele ou acquise par acoustumance est en nous principe et cause de ce que est ouvrer adroit et de avoir de la fin vraie estimacion. (ORESME, E.A., c.1370, 393).

 

-

Au droit de qqn

 

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Faire qqc. à son droit. "Faire qqc. comme on peut, à sa manière" : Chieux ly respondi a son droit, Conme ygnorans, a la maniere De le simple gent vilotiere, Quant pensé il ot grant espace (Dit prunier B., c.1330-1350, 50).

 

5.

Empl. subst. [Idée fig. de légitimité dans tel ou tel ordre ; proche de droit1 qui marque la légitimité dans l'ordre de la justice]

 

-

À bon droit/par droit. "À juste titre, avec raison" : Et pour ce est tel vice justement et a bon droit reprouvable et a diffamer (ORESME, E.A., c.1370, 222). Le me vendy [un miroir], de sa bonté, Ou quel voy tousjours la beauté De celle que l'on doit nommer, Par droit, la plus belle de France.. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 55). On les reputoit riches pour ce qu'ilz ne convoytoyent riens. Et a bon droit ! car plus est riche celuy qui moins convoite. (GERS., P. Paul, a.1394, 509). On loue Paulin et aucuns aultres pour ce qu'ilz vendirent eulz meismes pour delivrer autres - et a bon droit on les loue ! (GERS., P. Paul, a.1394, 512).

 

-

À droit et à tort/soit (à) tort soit (à) droit. "À tort ou à raison" : Li princes estoit durement grans et haus de corage et crueulz en son aïr, et voloit, fust à tort, fust à droit, que tout signeur asquelz il pooit commander tenissent de lui. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 233). ...c'est assavoir que par ta prudence tu ne te doyes pas soumectre à aucun mahommet de tes serviteurs ou officiers, qui ayt le hault parler a droit et a tort sus tous les autres, duquel par ta propre voulente [l. voulenté] et sans neccessite [l. neccessité] tu soyes captive et ainsi comme voluntaire prisonnier, comme il est advenu maintesfoiz ou royaume de Gaule (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 229). Quel merveille ! car aujourdui, comme il fu dit autresfoys, a tort et a droit chacun avance son amy, voire ou cellui qui plus grant somme donra, lequel ja ne fauldra a s'emprinse, mais qu'il ayt bon moyen et qu'il ayt assez mise. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 328).

 

-

Il est droit que. "Il est légitime que" : Desquelles premisses je infere Conclusion en ce point cy Qu'il est droit que l'omme ait mercy, Veü la douleur et la perte Qu'il a ja dés long temps soufferte (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 38).

 

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Avoir droit. "Avoir raison" : Il [les jeunes gens] n'ont cure de grant avoir ; Il ont droit, car ors ne argens Dure petit a jones gens (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 145). En celle grose bataille avoit bien sèse mille lances. Adont se tint pout deceux messires Hues, et dist : "Li hiraus a droit. Je ai eu tort de li blasmer. Alons, alons, montons as chevaux et sauvons nostres corps et le nostre." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 131). C'estoit merveille que de veoir et de oyr le maintieng de Male Voulenté ainsy affublee de adulacion, car elle accordoit tout, elle louoit tout, a chascun mot elle disoit : "Monseigneur dit bien, il a droit". (GERS., Noël, p.1404, 306).

 

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Donner le droit. "Donner raison" : ...Ne soyez poinct contredisans De le renvoyer comme infame [l'usurier] Et, par propox doulx et plaisans, Vous donrrez le droit a ma femme; En ce cas elle n'a nul blasme Ne mes enffans semblablement. Sur ce poinct, je remects mon ame Dont elle vinct premierement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 530).

II. -

[Spécialisation spatiale]

A. -

"Qui est du côté opposé au côté gauche" : Li rois d'Engleterre prist le dit conte par le main droite moult doucement, et le conjoy en parlant, et puis s'escusa moult humlement de la mort son père. Et dist, se Diex li peuist aidier, que onques, tout le jour de le bataille de Creci ne à l'endemain ossi, il ne vey ne oy parler dou conte de Flandres. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 35). Quant la bonne dame et royne cogneut que morir le couvenoit, elle fist appeller le roy son mari ; et quant li rois fu devant lui, elle traist hors de sa couverture sa droite main et le mist en le main droite dou dit roy. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 182). ...et tient le sceptre en l'enchlenche main et a le bras droit tendu et la main ouverte devers la Turquie (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 159). Et quand ilz cuiderent le IJe cop pousser, le seigneur de Loissellench sa main droicte ne peust a soy retraire, ne aussi Saintré se lance, qui tant prinse estoit. (LA SALE, J.S., 1456, 165). ...prist [le roi] l'un par la main droite et l'autre par la main senestre ; et soy boutant au milieu, prist les deux mains et les fist joindre ensemble (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 131). "Je suis d'oppinion que vous mettez vostre asle de la main dextre plus forte que l'autre ; item, moy qui ay l'avant-garde, que je me tire sur le costé droit affin que je ne destourbe point le traict de voz archiers, qui sont sur le costé gauche..." (BUEIL, II, 1461-1466, 201).

 

-

La main droite. "Le côté opposé au côté gauche" : Qui veult que ses enfans ne soient paoureux, il est expedient que incontinent aprés le baptesme de l'enfant, le pere lui face empoingnier de la main droite son espee ou son glaive, et il sera toute sa vie hardis. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 100). Qui fait de sa main droite le signe de la croix encontre l' Ennemi, il le reboute au loing de lui. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 130). ...et quant l'escuyer, qui fut aspre et asseuré, se veit au dangier du baston du chevallier, et congnut que, tant qu'il estoit plus loing, moins luy estoit le faiz du baston soubstenable, il s'adventura et marcha, la hache au poing, jusqu'à messire Jaques, et de la main droite print la hache du chevallier, et prestement recouvra de la senextre main et abandonna la sienne pour tenir plus fort celle de son compaignon (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 187). Noz deux compaignées de la main droicte et les archiers escossoys chocquèrent presque aussi tost l'une comme l'autre, et le roy comme eulx. (COMM., III, 1495-1498, 184).

 

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À la droite main. "Sur le côté opposé au côté gauche" : Et laissa là li rois d'Engleterre le chemin d'Auçoirre, à le droite main, et prist le chemin de Noiiers (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 224). Mes, quant il aura gieté son espieu, tantost qu'il li sera sailli de la main, il doit tourner son cheval a la main droite. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 232). Mais tant y va on par ces tours, ça et la, que on monte a l'autre boult du mont a la main droite et a l'apposite du rochier que l'en dit la couronne du mont, ou l'entree de la cave est, si comme cy devant est pourtrait. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 75).

B. -

Au fig. "Dont l'action est favorable, efficace"

 

-

Estre le bras droit de qqn. : Vous avés veu et assès congneu comment, en toutes nos besongnes, il s'est vaillamment porté, et povés appercevoir evidamment qu'il sera ung vaillant homme pour ce mestier. Aussi est-il noble homme et de bon lieu extraict. Et pour ce je conseille que nous le façons nostre bras droit et le chief de nostre guerre, en lui baillant l'honneur et les parties, et que nous le conseillons, secourons et servons à nostre pouvoir. (BUEIL, I, 1461-1466, 98).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 3/4 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     HAI-DROIT     
FEW XVI *hatjan
HAI-DROIT, subst. masc.
[GD : hai-droits ; FEW XVI, 179a : *hatjan]

"Celui qui hait la justice" : Et là avoit pluseurs gens de Liege, cuy ons appelloit hedrois, qui leurs disoient et faisoient pluseurs villonnies et injures (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 18). ...on feroit criier publiquement (...) que tous malfaiteurs soient corrigiés, appelés hédrois et meutemacques, qui des pays de Liége et de Los sont fuys et alés ès pays de Brabant et de Lembourg après la bataille de Liége (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.3, c.1447, 757).

REM. T. Matsumura, R. Ling. rom. 62, 1998, 267.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/4 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PASSE-DROIT     
*FEW III directus FEW VII *passare
PASSE-DROIT, subst. masc.
[GDC : passedroit ; FEW VII, 722b : *passare ; *FEW III, 89b : directus ; TLF : XII, 1104a : passe-droit]

"Écart par rapport au droit" : Qui bien se veult garder De plusieurs passedrois, C'on ne le puist larder D'ung mauvaix havvredois, Soit doulx, humble et courtoix (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 43).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

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