C.N.R.S.
 
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     DEMANDER     
FEW III demandare
DEMANDER, verbe
[T-L : demander ; GD : demander ; GDC : demander ; AND : demander ; DÉCT : demander ; FEW III, 36a : demandare ; TLF : VI, 1048b : demander]

I. -

"Chercher à obtenir"

A. -

Empl. trans.

 

1.

Demander qqc. "Formuler un besoin, un souhait, une requête, une exigence, réclamer"

 

a)

[Avec objet concret] : Lors a dit Acremans : "Iestes-vous chy, cornart ? Vous iestes crestyens qui demandés le lart..." (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 301). ...[ils] vindrent en l'ostel de saditte mere, et demanderent une choppine de vin, laquelle choppine ledit homme prisonnier ala traire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 558). Gieffroy, si comme dit la vraye histoire, descendy pour lui armer, et s'arma, et puis ceint l'espee où il se fioit moult, et puis laca le bon bacinet, et monta a cheval, et demanda l'escu, puis le pent au col, puis prent une mace d'acier et la pent a l'arcon, et pent un cor d'yvire a son col, et demande la lance. (ARRAS, c.1392-1393, 245). ...le benedicite dist, demanda lesdites perdriz avec de la moutarde. [Le repas de l'évêque] (C.N.N., c.1456-1467, 582). Et, pour aller au Don, ilz passeroient par Virance, une très bonne petite ville, où ilz seroient bien aises pour se rafreschir et où ilz trouveroient ce qu'ils demanderoient. (BUEIL, II, 1461-1466, 191). ...Charles son frere, qui demande (...) la duché de Normandie pour son appannage (JUV. URS., D. Tours, 1468, 439). MATHATIEL [aux chrétiens]. Despeschez vous hastivement De dire ce que demandez. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 87).

 

-

Demander qqc. à qqn : ...et lequel, en ce faisant, disoit, en criant moult haut, ces paroles en substance : Pour Dieu, beaus seigneurs, que me demandez-vous ? Prenez ce que j'ay d'argent, et me laissiez la vie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 319). Et, sur ce, deux hommes, desquieulx il ne scet les noms, vindrent devers lesdiz Vasselin et Guillemin Maupoint, et leur demanderent ladite houpelande (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 356). ...et lui ainsy venu audit lieu, print icelui sac, cuidant prendre et trouver icelle toile, mais riens ne trouva. Et tantost vint icelli charretier audit Berthaut, et lui demanda icelle toile, et, ce nonobstant, la lui denya. Et pour ce que icellui Berthaut ot paour de peril, d'ennuy et de domaige, intrepositement fist rendre et restituer ladite toile (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 503). Sire, dist Remondin, grans mercis. Sire, je ne vous demande autre don fors que vous me veuilliez accorder au dessus de la Fontaine de Soif, es roches haultes et es haulx boys et desrubaux, ou il le me plaira a prendre, tant que un cuir de cerf pourra enclourre, et après la clouture, le long de tous lieux en esquairre. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Et, quant vous saurez qu'il n'y a ame qui vous demande riens, vous devez sejourner voz gens le plus que povez sans les rompre ne travailler, affin que quant le besoing vient, qu'ilz en soient plus durs et plus fors. (BUEIL, II, 1461-1466, 34). Seigneurs, ce n'est pas trop mal fait D'advoir ensevelit Jhesus. Josep n'y a point fait d'abus, Car le corps il a demandé A Pilate, qu'a ordené Qu'il l'ensevelit a son aise. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

-

[Le compl. désigne un paiement] : ...le menu peuple s'en plaint trop fort, car on demande tailles sur tailles et aydes sus aydes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 25). ...vous serez arrestez et mis en prison et tenus tant que vous arrés rendu la somme que on vous demande. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 33). ...dont ne demoura gaires après que l'autre ne venist aussi et demanda la peccune qu'elle gardoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 32). Il y a ung proverbe qui dit qu'il n'est pas tousjours temps de brebis tondre (...) Helas, est il temps de mettre telles manieres defaire dessus, la ou ceulx ausquelz on demande ne ont riens par faulte de justice, pollice et gouvernement (JUV. URS., Nescio, 1445, 507). [le roi] fut contraint de faire emprunt d'argent sur plusieurs officiers et autres de la ville de Paris, ausquelz de par lui fut demandé argent à prester ; de quoy ilz furent refusans, au moins de si grant somme comme on leur demandoit. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 72). Sire, je suis cy revenu, Car il ne m'estoit souvenu De vous demander de l'argent, Car je n'en ay point vrayement, Je ne soustiens denier ne maille. (C. Riffl., c.1480-1520, 61).

 

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Demander despens. "Réclamer (le paiement) des frais" : Thomas Overton, au contraire, dit et emploie ce qu'il a dit et proposé en ladicte cause contre messire Jehan Fastolf, et conclut à fin de non recevoir et d'absolution ; et se le regent demande despens, Overton les demande contre lui. (FAUQ., III, 1431-1435, 98). A ses fin concluoit et demandoit despens contre la dicte demanderesse. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 12).

 

b)

[Avec objet animé] : Et la tout chevalier de noble lignie qui y vouldront venir veillier la sourveille et la veille et le jour XXVe de juing, sans sommeillier, auront un don de toy des choses que on puet avoir temporelment des terriennes choses, sans demander ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle. (ARRAS, c.1392-1393, 13). ...messires Jehans de Hainnau demanda son coursier ; on li amena dou plus tos que on pot. (FROISS., Chron. D., p.1400, 360). Et sus piedz demande son cheval en disant : "Tout le monde à cheval !..." (BUEIL, I, 1461-1466, 144). "...Quant à messire Morcellet, c'est le plus traistre du monde (...) Je vous pri, mon filz, mon amy, que je l'aye en mes mains pour en faire ce qu'il appartient de ung traistre." Le Regent respondit : "(...) il est venue une damoiselle, qu'on appelle la damoiselle de Grantfort, qui le demande sur toutes choses de ce monde et en veult payer ung grant argent, qui feroit grant bien à ses maistres." (BUEIL, II, 1461-1466, 209). EVE. Il est temps de payer l'amende, Selon le decours de nature, Car la terre sy nous demande Pour nostre griefve forfaicture. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 126). LA FILLE. J'aymeroye mieulx la mointié Avoir amy d'aultre façon, Pour me fourrer mon peliçon, Je demande ung tel amoureulx. (P. moyne, a.1500, 46). Et avoit ledit conte [le comte de Dampmartin] pour lors du roy dernier cent hommes d'armes, et mesmement ung nommé Carville, son varlet de chambre et tailleur, auquel ledit conte demanda ung petit courtault qu'il avoit, qui ne valloit pas cent solz, pour envoyer ung page dehors. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 143).

 

c)

[Avec objet abstr.]

 

-

"Demander, exiger que qqc. soit accordé" : LA DAME. (...) Je soloie Desirer que Dieu tant m'amast, Qu'enfant concevoir me donnast, Mais il pert bien que ne savoie Que c'estoit que je demandoie, Car par un qu'ay eü tout seul Me fauldra a honte et a deul Mourir sur terre. (Mir. enf. ress., 1353, 40). ...femmes (...) ne demandent que le sejour, et pour ung jour qu'elles cheminent, elles en vueillent reposer XV. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 85). Quant Giron, le frere Glaude de Sion, entendy que c'estoit Gieffroy au grant dent, si leur escrie : Avant, seigneurs barons. Par ma foy, s'il nous eschappe, ce sera grant honte a nous tous. Mal nous est venuz demander servitute en nostre pays. (ARRAS, c.1392-1393, 200). ...nous n'avons que faire d'un roi endormit ne pesant, qui trop demande ses aises et ses deduis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 94). Il fault que li rois d'Engleterre obeise a son peuple (...) s'il fait le contraire, et qu'il fuie et hee les armes et soit precheus et endormis et quiere et demande ses deduis, il ne le poront amer (FROISS., Chron. D., p.1400, 221). ...tout le bon droit que ils sent a avoir en l'iretage et couronne de France, il le demande et calenge. (FROISS., Chron. D., p.1400, 250). ...si Dieu luy eust donné ung souhait a choisir, il eust demandé la mort de sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 490). Le prince ou bon chevalier desire le bien commung et de ses subgectz ; le tirant demande et quiert son prouffit particulier et l'oppression du peuple. (BUEIL, II, 1461-1466, 73). Et, quant vint comme environ la my-may, l'ambaxade vint devers le Roy et apporterent toutes les seurtez que le Roy demandoit touchant le fait du mariage du Jouvencel ; lesquelles seurtez le Jouvencel envoya au Roy. (BUEIL, II, 1461-1466, 176). Quolibet, mettez le cas que le seigneur commande aucune chose a son serf, et a celle heure la femme demande le deu de mariage (Sacr. mar., c.1477-1481, 50). L'ADVOCAT. Pour luy respondre a sa demande, A huytaine ? LE JUIF. Je m'y oppose, Car je ne demande autre chose Que son serment [du chrétien]. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 120). LE JUIF [au chrétien]. Vivre et mourir vueil avec toy Et le sainct baptesme demande (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 152).

 

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"Demander que qqc. soit abandonné" : Cecy signifie que ung roy demandera vostre liberté et vouldra destruire voz loix. (MACHO, Esope R., c.1480, 53).

 

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Demander qqc. à Dieu. "Prier Dieu pour obtenir qqc." : Bien sçavoit que le roy Salomon demanda sapience à Dieu ad ce qu'il peust mieulx gouverner son peuple (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

 

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[Dans des loc. verbales]

 

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Demander amende : Et j'aussi, qu'il ne me demande Amende, y vois. (Mir. femme, 1368, 211). Seulement demande l'esmende De l'offence de Jehan prophete, Qu'a dit que je suis deshonneste, Palharde, ribaulde, putain. (Pass. Auv., 1477, 96).

 

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Demander audience : ...et defent la Court que aucun contre ceste ordonnance ne demande audience. (BAYE, I, 1400-1410, 315).

 

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Demander bataille. "Réclamer la guerre" : ...li consul, vaincu par neccessité, tramistrent leurs legas qu'il demandassent pais par condicions egaulz et, se celle il ne povoient empetrer, il demandassent bataille. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 4.2, 6). Se le duc d'Irlande demande la bataille à nous, legierement l'auera. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 62). Mettez vous chascun en ses armes Et prenez haches et guisarmes, Car il fault aller sur les champs Pour mener guerre a ces meschans Rommains qui demandent bataille (Myst. st Laur. S.W., 1499, 137).

 

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Demander compte. "Réclamer un rapport détaillé" : ...ne demande compte ou maistre devant qui fault compter, maiz suppose sans doubter que sa science est infallible, sa providence inevitable, et sa voulenté droicturiere. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 35).

 

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Demander congé. "Chercher à obtenir l'autorisation (de)" : Li chevaliers s'osfri a cevauchier avoecques la roine et en demanda congiet au roi (FROISS., Chron. D., p.1400, 57). Las ! qui cuidast Qu'alors tel congié demandast Et qu'a moy se recommandast, Sans que jamaiz m'en amendast, En descroissant Les joies ? (CHART., L. Dames, 1416, 266). Donc fault que congié demandons A Pilate pour tout ce faire. (Pass. Auv., 1477, 227). Et puis demanda congié de parler au roy à part, ce qu'il fit. (COMM., III, 1495-1498, 230).

 

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Demander dilation. "Demander un sursis" : L'an ensivant, souz les consuls P. Sulpicius Averrion et P. Sompronius Sopho, li Samnicien, demandans fin ou dilacion de guerre, envoierent leurs legaz a Romme pour traitier [de pais] (BERS., I, 9, c.1354-1359, 45.1, 84). LE MOYNE. Non ferés, par la Magdaleine, Je requiers expedicion. LE GENDARME. Je demande dilation. (P. moyne, a.1500, 49).

 

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Demander grace/demander merci/demander pardon. "Implorer pitié" : Et aus autres qui li demandent grace, et qui veulent seruir, il ne donne que son signet, le quel il font porter deuant eulz a vne lance pendant (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 272). ...et lors le peuple de Gabaon vint au devant d'eulx pour demander mercy. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 218). Aprés nous lisons que Esdras preschoit penitence ou peuple qui vouloit pardon demander a Dieu (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 325). ...il sera dit que ledit Maciot Beauté criera mercy en la Court de ceans et demandera pardon au procureur general du Roy des abus et exactions par lui commis (FAUQ., I, 1417-1420, 381). ...mes que eussions pitié d'eux puis que mercy demandoyent. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 71). Je ne quier point de guerredon, Car le desservir m'est trop hault : Je demande grace en pur don Puis que mort ou mercy me fault. (CHART., B. Dame, 1424, 346). Va t'en vers lui sa grace demander (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 259). Qui fut adoncques bien esbahy, ce fut maistre curé, et demanda mercy. (C.N.N., c.1456-1467, 494). Si respondit le bon duc que, puisqu'ilz demandoient mercy, ilz le trouveroient en luy, et qu'ilz luy fussent bons subgectz, et il leur seroit bon prince (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 331). Aussi fera son ame munde En demandant a Dieu pardon, (LA VIGNE, S.M., 1496, 423). ...et pourroient demander mercy et pardon au roy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 185).

 

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Demander justice. "Revendiquer son droit" : Pour laquele chose les Laurentis demandoient justice au dit roy Tacius en disant que ses amis avoient violé le droit des gens. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 14.1, 22). Et dit Hugues en son livre de l'Arche Noé .VIIIe. chapitre, que les elemens et toutes creatures qui t'auront fait services demanderont justice de toi : la terre dira « Je t'ai porté, je t'ai nourri ». (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 397). ...une povre femme vint a luy demander justice de ceulx qui avoient tué son filz (JUV. URS., Verba, 1452, 296). ...ne sçay cause nulle par quoy il me doive avoir retenu ; si vous en demande justice. (C.N.N., c.1456-1467, 56). Et tellement dissimula l'homme du Jouvencel, en deboutant tousjours son ennemy de luy et en gardant son aleine, que ung coup l'homme du duc Baudouyn mist le pié jusques bien prez hors de la lisse, et fut demandée justice par les amis de son adversaire ; et les quatre escoutes du champ prindrent les deux champions jusques à tant que le jugement en fut fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 110).

 

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Demander paix : Li dux Estorge, a repentir Contraint de la paour divine, Par celestïel discipline Demanda paiz a ces paroles, Et de toutes ses euvres foles Leur promist satisfacion (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 82). ...li consul, vaincu par neccessité, tramistrent leurs legas qu'il demandassent pais par condicions egaulz et, se celle il ne povoient empetrer, il demandassent bataille. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 4.2, 6). Vous demandés paix a Dieu par rancune, et requerés misericorde l'espee au poing. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 82). Tu demandes Paix, se dis tu, mais toy et tes aliés en estes indignes (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 192). Hellas, France, qui demandes Paix, tes prelats et gens d'esglise le ont ilz fait le temps passé, le font ilz de present ? (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 241).

 

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Demander (de l') aide à qqn : Ainsi serons environ deux cens hommes au plus. Mais ce n'est pas assés. Touteffois, se nous demandons aide à ces grans seigneurs du payz, et il vient à leur congnoissance, se ilz y sont, ilz auront tout l'honneur et le prouffit et nous n'en aurons que la paine et le travail ; pour ce vault mieux qu'ilz n'en sachent riens. (BUEIL, I, 1461-1466, 81). ...il [le duc Guillaume] demanda l'ayde du roy Henry son seigneur (JUV. URS., T. crest., c.1446, 76). ...en la seconde [face] du Lion monte la forme d'un homme couronné, tendant les mains vers hault, comme demandant aide au ciel (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

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Demander sa foi à qqn/demander promesse à qqn. "Demander sa parole / une promesse à qqn" : Puis qu'elle se tient ma maistresse [Vieillesse], Demander ne luy puis promesse, Pour ce, n'enquerons plus avant. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 535). Et l'homme du Jouvencel lui respondit : "Vous me pristes voirement et me rendiz de paour de mort ; mais oncques je ne vous donnay ma foy ne aussi vous ne la me demandastes pas..." (BUEIL, II, 1461-1466, 105).

 

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Ne demander rien à qqn de qqc. "Ne pas lui demander de compte à ce sujet" : Mon tres redoubté seigneur, plaise vous a moy dire que c'est, s'il se puet faire, et aussi se c'est chose que je doye savoir. Par Dieu, dist ly contes, tu le sauras. Et saiches de certain que je vouldroye que Dieux ne li mondes ne t'en demandast rien, et l'adventure te deust avenir de moy mesmes, car je suiz desormais vieulx, et si ay des hoirs assez pour tenir mes seignouries, car je t'aime tant que je vouldroie que si haulte honneur feust eslue pour toy. (ARRAS, c.1392-1393, 21).

 

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En incise Je vous demande. "Je vous en prie" : GLORIEULX. Mais venez sça, je vous demande ; Jeune amye, doulce Affricquee, Vous scavez que vous ay aymee Autant que je fis oncques femme... (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

d)

Empl. abs.

 

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Demander + adv. de manière : Et ly contes dist : Puis qu'il vous plaist, je lui accorde. Et demande hardiement : Sire, dist Remondin, grans mercis. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Ad vous je veulx habandoner Tout ce que vous demanderés (...) Ne reffusés pas l'adventure. Belle, demandés ardiment ! (Pass. Auv., 1477, 95).

 

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Demander + adv. d'intensité

 

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Demander plus : [Premier bergier] Ne luiteray je aux pastoureaux Quant vouldray en lieu de tournoy ? Je pense estre de tel conroy Que g'y conquerray belle amie. Meschant, ne souffira il mie ? Fol est qui plus demander ose, Car Jason ne fist onques chose (...) Que je voulsisse la pareille Faire pour laissier mes brebiz (Gris., 1395, 47). Se la povoye trouver telle Qu'elle me voulsist tant aidier Qu'en mes bras je peusse la belle, Une fois, a mon gré trouver, Plus ne vouldroye demander. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 62).

 

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Ne (pas) demander mieux. "Ne rien souhaiter de plus" : ...Car honneur et chevalerie Aprenoit en sa compagnie, Et en tous biens en amendoit, Si bien que mieux ne demandoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 225). LE VENEUR PREMIER. Un grant cerf say (...) et bien le monstreray Car es boiz un veü en ay (...) LE MARQUIS. Or suz, my baron, alons y ! Je ne demandoie pas mieux. (Gris., 1395, 24). Car, sans faillir, ce seroit trop estrange Que bien servir peust un cueur en mains lieux, Combien qu'aucuns cueurs ne demandent mieulx Que de servir du tout a la volée, Et qu'ilz ayent d'amer la renommée (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 12). ...se m'aid Dieux, Demander ne vouldroye mieulx, En esperant que brief vous voye ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 56). S'il vous pouoient conquerir, Il ne demanderoyent mielx. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 242). ...pour non souffrir sourdre division en sa maison (...), [le duc de Bourgogne] ordonna que l'un ne l'aultre n'aroit ce plat (...). Si s'en tint tresbien a content le linaige de Croy et ne demanda mieulx. Mes cely de Hemeries (...) s'en tint a grevé, et (...) vint a son maistre li conte (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 107). Je fis ung peu le gratieux, Mais je ne demandoye pas mieulx. Elle me les fist emporter Ainsi, et moy de m'en aller. (B. veoir, p.1480, 18).

 

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Demander trop. "Exiger trop" : Il en peut bien trop demander, A mon advis. (Mir. pape, 1346, 391). Lors se conmencierent li trettié et li parlement a entamer, et durerent bien .XV. jours, ne on n'i pooit trouver nulle voie d'acord, car les Englois demandoient trop avant a l'entente des François, et li François offroient trop petit a l'entente des Englois, (FROISS., Chron. D., p.1400, 461).

 

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Part. passé en empl. subst. Le trop demandé : ...touteffoiz est bien a entendre que le deffendeur se doit mettre en son devoir et offrir de payer l'outreplus du trop demandé, et confesser ce que veritablement il doit, sans nyer son obligation ne toute la debte. (Ordonn. roy., c.1493. In : Chrestom. R., 270).

 

e)

Demander que + subj. "Émettre le désir, souhaiter que" : ...li connestable en fu requis dou dire et demandés que il en vosist dire à son avis le milleur qui en estoit à faire. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 161). ...mais quant se venoit au joindre ilz demandoient [les Anglais] que le roy dist et affermast aucunes choses par serment (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 224). Damp cordelier, non content de ceste offre, demande qu'il luy assigne sa vie (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...le promoteur (...) demanda, par ses conclusions, que ses habillemens et aultres menues manieres de faire luy fussent defendues (C.N.N., c.1456-1467, 530). "Et je vous demande," dist Paris, "qu'il vous plaise de remettre et entierement donner vostre terre et seignorie et tout quant que vous avés a Edoardo..." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 306). Il se suspessonnoit de ce grand seneschal de Normandye et luy demanda qu'il luy dist s'il avoit baillé son seellé aux princes qui estoient contre luy ou non. (COMM., I, 1489-1491, 21).

 

f)

[L'obj. est une prop. à l'inf. non introduite par une prép.] Demander (+ inf.) "Faire savoir que l'on souhaite que qqc. soit fait" : Et aussy se en la darrienne heure de la mort la personne en grace demande estre quitte de purgatoire, sa priere est oye (GERS., Déf., 1400, 237). Et les prestres ouyans que Abraam demandoit avoir baptesme, ilz baptisierent icellui, que Jehannot receut du sainct font (PREMIERFAIT, Décaméron, 1414. In : Chrestom. R., 69). [Des avocats]...quant il fault examiner aucuns prisonniers en la Conciergerie du Palais, demandent estre paiés (JUV. URS., Verba, 1452, 336). ...elle, qui demandoit estre assaillie et combatue, ne laissa pas pourtant l'emprinse encommancée (C.N.N., c.1456-1467, 151). ...le conte de Parvanchières (...) fist appeler les deulx Mareschaulx, le Maistre des arbalestriers et l'Admiral, les barons et les cappitaines qui là estoient, et aucuns chevaliers et escuiers en petit nombre, et Connin (...) et aussi le Mareschal de Crathor, auquel le conte de Parvanchières demanda, en la presence de tous, dire ce qu'il savoit. (BUEIL, I, 1461-1466, 181). D'une voix trestous les Juïfz T'en demandent estre remis En ta premiere liberté. (Pass. Auv., 1477, 173). Et le lendemain, pource qu'ilz demanderent sortir leurs bagues saulves, rien ne leur fut octroyé (LA VIGNE, V.N., p.1495, 252). CUPIDO. Il demande en avoir sa part. (P. moyne, a.1500, 47).

 

2.

Demander qqn.

 

a)

"Demander (à voir) qqn" : LE SERGENT. (...) Sire, vez cy la bonne dame Que demandez. (Mir. enf. ress., 1353, 45). LE BAILLIF. (...) vez cy l'enfant Que tu demandes a vëoir (Mir. enf. ress., 1353, 69). ...elle se recorde bien que une femme nommée Katherine, qui est de la court de la royne, la vint demander oudit hostel, mais elle ne la vit point. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 351). Quant un tres vaillant chevalier, qui estoit cappitaine du lieu, ouy la nouvelle, si fu moult joyeux, et fist tantost armer une galleote, et se mist dedens, et vint en pou de heure a noz gens, et demanda le seigneur de celle armee. Et ceulx a qui le demanda le menerent la ou Uriiens estoit (ARRAS, c.1392-1393, 91). ...[le clerc] pensa tantost que, pour l'absence du dit marchant, sa dicte femme le demandoit pour estre conseillée en aucune grosse cause (C.N.N., c.1456-1467, 571). FINE. Et qui esse qui nous demande ? (Sots triumph., c.1475, 34). Lors maistre Mousche incontinent Fist demander son lieutenant Qu'il plaira alors de huchier. (Vig. Trib., c.1480, 233). LE JUIF. Qui m'a demandé [pendant mon absence] ? MATHATIEL. Quant a moy, Certes, je n'en sçay rien, mon maistre. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 95). Et, ainsi que ledit Voyaul s'en retournoit devers sondit maistre, il rencontra en chemin ung nommé Le Tailleur, qui le servoit en sa chambre et à son buffet, lequel luy dit qu'il se hastast et que ledit conte le demandoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 144). Et demanda ledit conte, pour commissaire à le mener en laditte Conciergerie, le lieutenant du bailly de Lyon, ce qui fut fait (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 156).

 

-

"Demander (à voir) qqn (pour qu'il remplisse une fonction précise)" : Mors vous tiens, demandez le prestre : Gardez le trait de la fenestre ! (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 248).

 

b)

Demander qqn (à/pour femme)/demander qqn (à/en mariage) : ...il me demande ma fille en mariaige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 148). Le roy la fist demander pour femme. (ARRAS, c.1392-1393, 147). Mes tres chiers seigneurs, plaise vous savoir que le roy d'Ausay l'a demandee a femme, mais elle ne s'i est pas voulu assentir, pour ce que autrefoiz avoit esté mariez. (ARRAS, c.1392-1393, 150). Ung tel gentil homme m'a fait demander ma fille. Ce me semble tres bien son fait (C.N.N., c.1456-1467, 169). ...pluseurs gentilz hommes du païs demanderent ceste damoiselle, devenue bergiere, a mariage. (C.N.N., c.1456-1467, 359). ...il eut telle affection et desir qu'elle fust dame de ses biens par juste mariage, qu'il la demanda a ses parens et amys (C.N.N., c.1456-1467, 558). ...je dois estre mariee à ung vieillart, qui me demanda l'autre jour à mon pere (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 36).

 

3.

En partic.

 

a)

[Sujet abstr.] Demander qqc. "Réclamer qqc., rendre qqc. nécessaire" : ...vostre parolle et requeste demande bien à avoir conseil (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 15). ...je vous en parleray, quant temps et lieu sera, pour tant que nostre matiere le demande. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 228). Si ne poons pas entendre a tels coses ne faire response telle que li chas demande (FROISS., Chron. D., p.1400, 507).

 

b)

ARITHM. (Un nombre) demande (un autre nombre) : Exemple se 8 valent .12. que vauldront .14. ou se .8. demandent .12. pour son proporcional que demanderont .14. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 632).

 

4.

"Quémander, demander l'aumône"

 

-

Demander l'aumône : L'aumosne demander li vueil. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 257). Alons nous arengier et mettre Pour demander l'aumosne en l'aittre De nostre dame. (Mir. st Alexis, 1382, 327). ...il et un autre avugle alerent seoir ensemble sur la chaucée enmy la villete Saint-Ladre, lez Paris, pour demander les aumosnes aus passans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 422). Mais tout l'opposite fist le grand Alixandre du quel racompte Seneque en son premier livre des benefices, comment il donna une cité a un qui lui demandoit l'aumosne : car il disoit que un grant seigneur en donnant doit plus regarder sa grandeur que la petitesse du demandant. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 352). ...et en oultre qu'il fault que le roy ou l'audiencier (...) soit certiffié (...) que celui ou nom de qui est la lettre est messagier de l'ospital et que les aumosnes qu'il demandera sont pour distribuer caritativement ainsi qu'on doit. (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 318). Seneque aussi, en son premier livre des Benefices, racompte comme Alexandre donna une cité à ung povre homme qui lui demandoit l'aumosne, et disoit que ung grant seigneur, en donnant, devoit plus regarder sa grandeur que la petitesse du demandant. (BUEIL, II, 1461-1466, 75). ...lesquelz j'ay veüz en si grant pouvreté, avant que ledict duc eust congnoissance d'eulx, que ceulx qui demandent l'aumosne ne sont pas si pouvres (COMM., I, 1489-1491, 191). Vous avez veu le singulier hommaige Qu'a fait Martin au povre plain de rage Qui, en mon nom, luy demanda l'aumosne (LA VIGNE, S.M., 1496, 208).

 

.

Au fig. [Dans un cont. amoureux] : ...ne luy cela gueres ce qu'il avoit sur le cueur, et, sans aller de deux en trois, luy demanda l'aumosne amoureuse. (C.N.N., c.1456-1467, 120).

 

-

Demander (pain / du pain) pour Dieu : En ce pays nuls ne demande pain pour Dieu (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 345). ...[ils] prindrent une relique d'argent que l'en avoit mis à l'uys d'icelle chappelle, pour demander pour Dieu, et afin que les bonnes gens feissent leurs aumosnes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92). ...vit et apperceut l'uys d'un hostel qui estoit ouvert, ouquel hostel il entra, faignant qu'il demandast du pain pour Dieu (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 278).

 

-

Demander sa vie : Je suis ung povre homme d'estrange heritez, Je demande ma vie : je ne suis point rentez (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 14).

 

-

Empl. abs. "Mendier" : Conment me cheviray ? (...) Certes il me fault truander Et aux bonnes gens demander ça et la tant que vestuz soie D'aucun gros garnement sanz soie. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 256). ...alons men tout bellement Devant le moustier pour l'attendre, Et aux autres gens noz mains tendre Pour demander. (Mir. Clov., c.1381, 200). Certes celuy est fait pire qui recoit, et est tousjours apresté de demander et recevoir. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

-

Prov.

 

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Demander vient de vilenie... : Et on dit que communement Demander vient de villonnie, Et loange de courtoisie. (MACH., R. Fort., c.1341, 138).

 

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Il convient que pour fol se rende Qui ne s'avise, ains qu'il demande : Il couvient que pour fol se rende Qui ne s'avise, eins qu'il demande (MACH., R. Fort., c.1341, 139).

 

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Oncques par tost demander, Nul ne se fist sage clamer : Ainsi, s'en veulz prendre et donner, Plus courtoiz t'en feras nonmer, Maiz ne soie[s] pas trop tendriez De les demander volentiers, Car oncques par tost demander Nul ne se fist sage clamer. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 119).

 

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Inf. subst. "Mendicité" : Maiz raison mie ne t'aprent Que le tien donnez follement, Car maint par follement donner Sont venu au pain demander. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 118).

 

5.

DR. "Réclamer par voie de justice" : Coustume est en Bourgoingne que, se aucun demande à un autre en jugement aucuns bois, terres ou préz ou autres choses qui soient revenans chascun an, se mencion est faite des usufruiz en l'encommencement du plait, il seroit sauf en la diffinitive ; et, se mencion n'en est faite à l'encommencement du plait, il ne seront pas sauf (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 115). Aucuneffoiz avient que l'on demande meubles et heritaiges tout par ung clain, et pour ce est à demander si le deffendeur peut demander avenantement de jour de XVe, pour ce que tout adjournement en cause reelle doit estre de XVe, et celui de cause personnelle de huitaine ; l'en respond par distincion : ou le meuble despend de heritaige ou nom. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 138).

 

-

Empl. abs. : S'il y a aucun droit eü, Si le doit il avoir pierdu Par trop atendre a demander Et par le cose pau anter, Si qu'il n'i poet a tans venir Pour le partie soustenir. (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 82).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : Et est aussi a entendre que en toute matiere de provision qui se demande par devant aucun juge ordinaire ou extrordinaire, commissaire ou autre (...) suffist d'appeller une fois (Ordonn. roy., c.1493. In : Chrestom. R., 269).

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

Demander à (+ inf.) "Formuler un souhait, une requête" : Les oncles du roy (...) avoient fait semer parolles parmy Angleterre (...) que le peuple seroit trop grevez, et que il y avoit ou devoit avoir très grant finance ens ou tresoir du roy et que on demandast à avoir comte à ceulx qui gouverné l'avoient (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). ...li baron d'Engleterre (...) furent enfourmé par leurs espies que li Escot, que il demandoient à trouver et à combatre, estoient logiés à Hondebray. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 45). Ou cas que (...) les malades demandent à avoir confort et raffreschissement en vostre pays, vous leur accorderez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 106). Li Alemant, qui servi l'avoient (...) li demanderent a estre paiiet (FROISS., Chron. D., p.1400, 244). ...un jeune gentil homme qui queroit adventure et demandoit a veoir païs. (C.N.N., c.1456-1467, 172). Puis demanda à veoir le Mareschal et Gervaise ; et tantost les firent venir. (BUEIL, II, 1461-1466, 121). ...ceulx du chasteau demanderent a parlementer (LA VIGNE, V.N., p.1495, 253).

 

-

En partic. Demander à boire/demander à manger : Lors s'à boire demande, j'ay vin de couleur perse Dont li muis ne vaut pas la queue d'une querse (MACH., Compl., 1340-1377, 266). ...en son hostel elle vit lesdiz deux prisonniers à li monstrez qui demanderent à boire chopine de vin à XXXIJ d. le sextier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 497). Dit Jhesu Crist que ung pere ne bailleroit jamais a son enfant, qui demanderoit a mengier, ung serpent en lieu de pain (GERS., Purif., 1396-1397, 59). ...et quant ilz demandoient a mengier, on leur donnoit du foing (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 226). Ilz entrerent en la meilleur taverne de tout le lieu, et incontinent demanderent a boire et a menger (C.N.N., c.1456-1467, 548). En remuant, ung de ces pouvres gens nudz commença à demander à boire et on luy gecta un peu de tysanne en la bouche (COMM., I, 1489-1491, 35). ...comme icelui roy demandast à menger, cestui Landromacha lui fist emplir ung plat d'or et le lui fist presenter, disant qu'il mengast de la viande que plus avoit amée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°).

 

Rem. Cf. Lavis (Georges), Trav. Ling. Litt. Strasbourg, 22-1, 1984, 112-113 : "...dès l'afr., la cohésion du groupe verbal demander + a + Inf. détermine progressivement une relation de transitivité, fournissant ainsi un modèle pour une construction similaire avec d'autres infinitifs."

 

-

Demander (à qqn) à + inf. "L'inciter à faire qqc." : ...eut bien le courage, après les premisses dont ces amoureux scevent les femmes abuser, luy demander a faire pour l'amour de Dieu. (C.N.N., c.1456-1467, 105).

 

2.

Demander de

 

a)

Demander de (+ inf.) : Ne le pouons ore amender, Mais vous avons a demander De l'enterrer quant vous plaira (Mir. st Lor., 1380, 152). Or est il vray que le dit Edouart contre raison ne tenoit point le roy Jehan roy de France: de luy demander doncques de renoncer a ce que partie adverse ne confessoit soit [?] pas qu'il eust, s'estoit une inepte demande (JUV. URS., T. crest., c.1446, 134).

 

-

Demander de qqc. "Chercher (à atteindre un objet)" : Et, toutes les foys que son adverse partie le rencontroit, il lui donnoit tousjours à la visiere de l'armet sans faillir, et, pour ce qu'elle ne tenoit guere, l'autre l'emportoit et sa lance ne prenoit point. Et l'ancien hommes d'armes demandoit tousjours, au tour, de la visière de son homme et puis la lui remettoit comme devant. (BUEIL, II, 1461-1466, 102).

 

b)

DR. Demander de (qqn). "Faire appeler qqn pour comparution au tribunal" : ...le juge n'en doit du jour plus demander [des parties absentes] , mes doit a ung chacun donner deffault sur sa partie non comparante et deuement appellée. (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 32).

C. -

Part. prés. en empl. subst. Le demandant. "Celui qui demande qqc., le solliciteur" : ...le libéral n'est pas demandant ne requerant (ORESME, E.A.C., c.1370, 493). ...casqune des parties dist que sa querelle est bonne, otretant bien le desfendant conme le demandant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 39). Ce jour, maistre Phelipe du Solier a esté surrogué ou fait de l'execucion de feu messire Henry de Savoisy, archevesque de Sens (...) pour demener les causes et procès de ladicte execucion en demandant et defendant (FAUQ., II, 1421-1430, 170). Seneque aussi, en son premier livre des Benefices, racompte comme Alexandre donna une cité à ung povre homme qui lui demandoit l'aumosne, et disoit que ung grant seigneur, en donnant, devoit plus regarder sa grandeur que la petitesse du demandant. (BUEIL, II, 1461-1466, 75).

D. -

Inf. subst. "Ce qu'on demande (à qqn)" : Donc partant avec la promesse, prit chemin vers son amie, de laquelle, après luy avoir descouvert le cas, il tira et obtint demander (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 241).

II. -

"Chercher à savoir"

A. -

Empl. trans. "Poser une question (au sujet de qqc.)"

 

1.

Demander qqc. "Se renseigner sur qqc."

 

-

[En incise] : "Et quel cry cryerent-ilz ?", demanda le chevalier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 194). Helas, helas ! qui le payera ? PATHELIN. Demandez vous qui se fera ? (Path. D., c.1456-1469, 82). GLORIEULX. Mais venez sça, je vous demande ; Jeune amye, doulce Affricquee, Vous scavez que vous ay aymee Autant que je fis oncques femme (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

-

Demander une question. "Poser une question" : Tu dois demander ceste question a ceulx qui ne croient point en Dieu Jhesus, c'est assavoir : par quelle force ilz seront saulvez sans Jhesu Crist. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 204). Mais pour le present il m'est advis que demander une question est chose raisonnable (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 233). Certes ce n'a pas esté du temps que j'ay esté paige, ne escuyer, ne josne homme que j'ay ceste question demandée ne sceue. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 277). Mais avant est besoing que je clarifie une question qui pourroit estre demandée sur ceste matiere, qui est telle : ... (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 143). Adonques, le roy demanda a Esope la question du roy d'Egypte (MACHO, Esope R., c.1480, 60).

 

-

Au propre et au fig. Demander son chemin/demander sa voie : ...il lui dist que son entencion estoit d'aler ou païs du Perche, pour mettre des poisons en plusieurs lieux ; et lui demanda le chemin pour y aler (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 445). ...si ne savoient a dire ou il estoient ne a qui demander le cemin. (FROISS., Chron. D., p.1400, 132). Et se tu demandes la voie de sapience, a ce je te respons que c'est bonne vie et honneste (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 44). Humaines oreisons sont comparables a la requeste d'un trespassant qui demande son chemin. Car hommes sont comme voyageurs qui tous tendent a venir au souverain bien. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 154). Se celuy doncquez qui demande la voye se doit laisser menner a sa feable guide et passer sans contredit les destroitz ou il le menne, combien qu'ilz soient estranges a son estimation, obeisse par plus forte rayson l'omme qui requiert l'aide de Dieu (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 155). ...il vey de loing une creature a laquelle il ala et lui demanda son chemin en flameng. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 115).

 

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Demander (un lieu). "Chercher (à atteindre un lieu)" : Adont jetta Argos ses anchres en la mer. Jason rendy loanges a ses dieux, aultretel le fist Herculés. Puis envoierent Theseus devers le roy Oethés lui signifier leur venue et enquerre se c'estoit le paiiz qu'ilz demandoient. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 192).

 

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Demander (la maison de qqn). "Se renseigner (où se trouve la maison de qqn)" : ...commença à demander la maison de Loykin, un braconnier, et pria qu'on la lui enseignast. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 265).

 

-

Demander son nom à qqn : ...et leur demanda leurs noms et qui ilz estoient (JUV. URS., Nescio, 1445, 480). Lors demanda le nom de cellui qui estoit le mieulz armé et lui pria qu'il le feist venir a lui, et ainsin fist. (LA SALE, J.S., 1456, 290). Adonc le chief de la compaignie lui demanda son nom. Et il lui dist qu'on l'appeloit le Jouvencel par usance (BUEIL, I, 1461-1466, 72). La pucelle appella le page, que moult bien estoit aprins, et luy demanda son nom. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 37).

 

-

Demander avis/demander conseil : ...si demanda conseil quel chose en estoit bon à faire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 162). Veue laquele confession, ledit mons. le prevost demanda ausdis presens conseillers leurs advis et oppinions sur ce. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 156). Et, ce fait, par ledit mons. le prevost fu demandé ausdiz presens conseillers leurs advis et oppinions sur ce. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 409). ...monseigneur le Chancelier mist en deliberacion et demanda l'advis et opinion des dessusdis presidens et conseilliers (FAUQ., I, 1417-1420, 148). ...de tout ce dont on peust demander conseil d'homme, nostre bon maistre avoit la huée. (C.N.N., c.1456-1467, 468).

 

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Demander des nouvelles à qqn : ...il luy fist bonne chiere et luy demanda des nouvelles de Bretaigne. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 237). Le chevalier enclina le roy, et lui fist la reverence. Le roi le bienviengna, et lui demanda des nouvelles, et le chevalier lui dit tout de mot en mot (ARRAS, c.1392-1393, 103). ...et demanderent [les animaux] au regnart des nouvelles de la court (JUV. URS., Loquar, 1440, 349). Les gens a qui il comptoit ces choses luy demandoient des nouvelles de celle cave et que il y avoit trouvé. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 84). Il leur demanda des nouvelles de Castille, et le mestre de la nef lui respondit qui n'en savoit nulles (BÉTHENCOURT, Canarien C., c.1490, 133).

 

-

Empl. abs. "Formuler une interrogation" : Vous y fiez vous En mondain Espoir ? S'il scet decevoir, Demandez a tous. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 398).

 

-

Demander (à qqn) + interr. dir. : ...elle li demanda : Conment me sera ce fait ? (Mir. Theod., 1357, 79). Une chose vous demandasse Voulentiers, se faire l'osasse, Sire Barlaam : c'est pour quoy Avez relenquy nostre loy (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 252). Adont entra-il en l'ostel et demanda à la dame et lui dist : "Dame, par vostre foy, qui est cilz qui boit là sus ?" (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 53). Lors Melusigne lui demanda : Ma dame, quelle faulseté vous fist nostre pere pour quoy nous avons ceste griefté ? (ARRAS, c.1392-1393, 11). ...et demanda a Gieffroy : Qui es tu, chevalier, qui cy me viens requerir si hardiement ? Et Gieffroy lui respont : Je sui Gieffroy au grant dent, et sui filz Remon de Lusegnen, qui te viens callengier les patiz des gens de monseigneur mon pere. (ARRAS, c.1392-1393, 245). ...la royne, qui l'oyt, demanda : "A qui parlez vous, m'amye ?..." (C.N.N., c.1456-1467, 196). Puis vindrent sur le bort du fossé, rompirent la haye et, en cuidant approucher au pié du pal, le guet les entendit. Si demanda deux ou trois foys : "Qui est-ce là ?" Et lors les ennemis appercheurent bien que c'estoient ceulx que on leur avoit dit et s'efforcerent de les prendre. (BUEIL, I, 1461-1466, 69). SOTIE. Or sus, sus, laissez ce langaige Et parlons d'ung autre propos. Je vous demande, en brief langaige, N'y a il cy que vous deux sotz ? (Sots triumph., c.1475, 35). Ledit conte de Charroloys luy demanda : "Pourquoi, monseigneur ?" (COMM., I, 1489-1491, 75).

 

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[Interr. oratoire] : Je demande qui est celuy qui savroit les fais de Alixandre et de Cesar et des empereeurs et qui les merveilles des nobles et subtils philosophes stoïques et peripathetiques penseroit se les cleres doctrines des escrips ne les ennobilisoient. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 94).

 

-

Demander à qqn + interr. indir. : LA VENTRIERE. (...) Vous avez enfant. Demandez Quel enfant c'est. LA DAME. (...) mon enfant, quel est ? (...) LA VENTRIERE. (...) C'est un biau filz. (Mir. enf. ress., 1353, 24). Car nul ne demande a autre pour quelle fin il se veult delicter, aussi comme se delectacion estoit eslisible selon elle meïsme. (ORESME, E.A., c.1370, 498). Et tant s'esploicta qu'il vint au palais, et la descendy. Si trouva le peuple moult mat. Lors demanda qu'il leur failloit. Par foy, fait ly uns, assez devons dueil mener, car nous perdons le meilleur roy et le plus preudomme qui oncques feust en ce royaume. (ARRAS, c.1392-1393, 114). ...quant le roy fu venus a l'entree du chastel, un vieux homs, tout vestu de blanc, vint a lui et lui demanda que il demandoit. (ARRAS, c.1392-1393, 303). Tu demandes en aprés que tu feras pour avoir nettes larmes ? Regarde qui les font ordes et tu le scauras. N'est riens qui les face ordes si non pechié. (GERS., Déf., 1400, 230). Et se tu demandez quel est le sens des roys, je te respons qu'il est plus en bien croyre conseil que en bien le donner. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 105). ...Sipion demanda a ung prince de Rome nommé Cipee par quelle cause Rome fut si puissante (JUV. URS., T. rever., 1433, 71). ...luy demanda, comme assez on le peut penser, dont elle venoit en cest estat et qui l'y avoit mise. [Une mère apprend que sa fille, non mariée, est enceinte] (C.N.N., c.1456-1467, 69). Oultre plus lui demanda quel payz il y avoit en chemin et s'ilz y trouveroient que mengier. Il lui respondist qu'il y avoit beau payz et bon jusques au Don. (BUEIL, II, 1461-1466, 191). ...lesdis de Constances et maistre Estienne [représentant le roi] partirent et retournerent a Monbason vers le roy a telle heure qu'onques puis creature de l'hostel du roy et de la nation de dela ne fut devers eulx pour demander seulement comment il leur estoit. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 189). LE PREMIER. Je te demande dont tu es, Dont tu viens et que tu sces faire ? (Feste roys, c.1475-1500, 303). Mignon, or t'en va par ta foy Et leur demande qu'il leur fault. (Sots gard., a.1488, 111).

 

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[L'interr. indir. est introduite par combien/quant] : Ung preudomme fut qui a son filz demanda une foys quans amis il avoit. (GERS., Concept., 1401, 415). Ledict seigneur luy demanda combien il avoit de gens pour y entrer. Il respondit que la troisiesme fois il avoit trois mil hommes. (COMM., II, 1489-1491, 25). Et quant on luy demandoit combien il en y avoit esté depesché, il ne respondit aultre chose, si non que trop y en avoit de mors. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 291).

 

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[L'interr. indir. est introduite par dont] [Demander d'où qqn /qqc vient] : ...et en alant Me demanda dont je venoie Et que la cause de ma voie Voloit savoir sans couverture (MACH., F. am., c.1361, 187). ...et se taisoient et regardoient l'un l'autre en demandant dont ce venoit (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 106). Et se vous me demandez dont vous doivent venir tant de choses, je vous respon : tant que me servirez loialment je vous fourniray du tout. (LA SALE, J.S., 1456, 72). Je te demande dont tu es, Dont tu viens et que tu sces faire ? (Feste roys, c.1475-1500, 303). En laquelle attainte luy donna plusieurs coups d'espée, et fut chassé jusques à laditte croix de Vauvert. Et, en ce faisant, ledit conte vit traverser ledit Voyau du Beau-Chesne, lequel lieu est constitué en Puisaye. Auquel Voyau ledit conte demanda dont il venoit ; lequel luy respondit qui venoit de là ou il l'avoit envoyé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 179). Et, eulx estans à laditte malladerie et ainsy qu'ilz parloient ensemble, virent venir ung chevaucheur, bien monté sur ung cheval de poil gris, auquel fut demandé par ledit Voyau dont il venoit ; et il luy respondit qu'il venoit de Montargis. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 177).

 

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[L'interr. indir. est introduite par ] [Demander où qqc / qqn se trouve] : ...et demandent ou les IIIJ. freres sont. (ARRAS, c.1392-1393, 281). Il lor fu demandé ou il estoient: il respondirent que il estoient a .XIIII. lieues englesces priés dou Noef Chastiel sur Thin (FROISS., Chron. D., p.1400, 134). Il pria audit de Saint-Pierre qu'il lui aidast à l'avoir, ce qu'il fist, et icelle baisa et bailla audit monseigneur le chancellier. Et puis lui demanda mondit seigneur le chancellier où estoit son espée, qui baillée lui avoit esté en le faisant connestable, qui respondi qu'il ne l'avoit point, et que, quant il fut mis en arrest, que tout lui fut osté (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 357). Ma femme, hau, je vous demande Ou peult estre allé Hannequin. (LA VIGNE, S.M., 1496, 387).

 

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[L'interr. indir. est introduite par pourquoi] : Et pour ce, je lui demande pourquoy Dieu qui est tout puissant ne peust faire sus les cielz chose presque semblable (ORESME, C.M., c.1377, 728). ...il qui parle demanda à sondit compere pourquoy il estoit en cest estat (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 410). On li demanda pourquoi elle ploroit (FROISS., Chron. D., p.1400, 70).

 

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[L'interr. indir. est introduite par si] : Il vous demanda se vous aviez ja fait vostre voyaige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 21). Adont fu li amiraulx demandés se il avoit veu les Englès ne leur poissance. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 281). ...ses parens et amis le menerent en la ville d'Orleans, par-devers l'evesque Nico (...) lequel evesque lui demanda s'il savoit lire ; et il et sesdiz amis respondirent que non (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94). La ne convient il demander S'ilz s'entrebatent, quant sont yvres (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 74). J'ay cerché par mer et par terre, par l'air et par le ciel, et ay demandé a la terre se elle estoit mon Dieu : elle respond que non. (GERS., Trin., 1402, 156). Si apperçeu le premier venant, qui hucha le guet en demandant s'ilz avoient riens ouy ; et leur dist qu'ilz feissent habillier et armer ceulx de dedens (BUEIL, I, 1461-1466, 37). Madame (...) demanda au musnier s'il n'avoit pas veu son dyamant. (C.N.N., c.1456-1467, 44). Je demande a la compaignie Se c'est ceans que doy venir ? (S. fol, c.1480-1490, 6). Marc a espousé Berthe, et Lothaire Thebergue. En aprez Lothaire a levé de saints fons le filz de Marc et de Berthe. En aprez Berthe et Lothaire sont mors et demeurent Marc et Thebergue, a qui son mari avoit acquis compaternité. On demande a scavoir se Marc puet avoir en mariage Thebergue. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56).

 

2.

"Demander des comptes, des explications ; soumettre à un interrogatoire"

 

a)

Demander qqc. à qqn. "Reprocher qqc. à qqn ; accuser qqn de qqc." : Cil par qui la povreté prent, Occis l'a et murdri a tort, Dieu lui demandera sa mort. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 56). Dieu ait de vous mercy, car mez corpz follia Quant je vous laissait soulle quant malz vous apressa ; Je croy que voustre mort Dieu me demandera. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 17). Pour ce vous commande que tost Vous vous viengniez tous a lui rendre, Ou demain vous fera tous pendre. Se je faiz ma messagerie Telle com [on] la m'a chargie Nulz ne m'en puet riens demander (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 226). Et quant elle n'a de ma santé cure, Et si ne puis estre sans li garis, à ma folour, à sa gente faiture, à ses dous yex, à son gracieus vis, à son dur cuer, plus dur que marbre bis, Et à Amours demanderay ma mort, Se ma dame n'en fait briefment l'acort. (MACH., L. dames, 1377, 226). ...et a requiz que toutes informations faictes ou à faire contre lui cessent, attendu qu'il est prest de respondre à ce que l'en voudra demander ou dire contre lui (BAYE, II, 1411-1417, 29). Or disoit il que de la cheute il n'en povoit mais, car le cas estoit advenu par fortune. Et par ainsi, veu qu'il ne l'avoit fait choir en son essiant [la dame] l'en ne luy povoit riens demander. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 47). Item, a maistre Andry Courault Les Contreditz Franc Gontier mande ; Quant du tirant seant en hault, A cestuy la riens ne demande : Le Saige ne veult que contende Contre puissant povre homme las, Affin que ses filletz ne tende Et qu'il ne trebuche en ses las. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 116).

 

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Empl. impers. Il est demandé à qqn : Aprés que seray en terre, Vous en sera demandé, Qui le vous [a commandé ?] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 460).

 

b)

Demander qqn de qqc. "Tenir qqn pour responsable de qqc." : Et de ce fut demandé toute sa vie messire Taneguy du Chastel, messire Guillaume Batillier et aultres, qu'on disoit avoir esté serviteurs du duc d'Orleans, qui en firent la contrevengance deshonestement, et dont tant de guerres et de maulx sont depuis venus au royaulme de France et ailleurs (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 87).

 

c)

Demander qqn à qqn. "Demander à qqn des comptes sur qqn" : Dous Dieu, qui a Caïn demandatez Abel, Quant il l'out asonné sans reson d'un houel... (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 145).

 

d)

"Soumettre (qqn) à un interrogatoire ; soumettre (qqc.) à une enquête" : Si fu li Arceprestres durement demandés et deparlés, quant on se perçut qu'il n'avoit point estet à le bataille et qu'il s'en estoit partis sans parler. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 131). ...se vous perdés, je en serai dou tout encoupés et demandés, et dira on que je vous arai envoiiet en telle follie ! (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 17). On esliroit en conseil douse hommes notables et sages, liquel iroient deviers le conte et li requerroient merchi et pardon de le mort de son baillu que on avoit occis, et se parmi tant on pooit venir à pais, che seroit bon, mais que tout fuissent en le paix, et que jamais riens n'en fust demandé. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 181).

B. -

Empl. trans. indir. Demander (à qqn) de qqn / de qqc. "Poser (à qqn) une question au sujet de qqn / de qqc." : Item, dist que ledit de Nuefville li demanda de l'estat et de la richesce de plusieurs chevaliers et escuïers de nom, des parties de par deçà, qui estoient, en la compaignie de mons. l'amiral (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 383). Et en dementiers qu'elle faisoit l'appareil, les deux freres tenoient a paroles l'escuier et les deux barons, en leur demandant de l'estat de la pucelle et de son pays. Et ceulx leur en dirent la verité (ARRAS, c.1392-1393, 151). ...et lor demanda li contes de l'estat de son fil le roi et de sa fille, et des ordenances d'Engleterre, et conment on s'i ordonnoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 249). ...qant messires Lois d'Espagne fu venus, encores li demanderent il de la cace et conment elle li estoit escapee. (FROISS., Chron. D., p.1400, 517). Là parloit aux femmes et demandoit de l'estre de ses enfens (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 46). Et je te demande de Dieu qui ne puet pechier : puisqu'il ne peche, doit il estre loués pour sa puissance par laquelle il ne peult pechier, ou par sa justice, car il est vray juste ? (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 221). Ung jour se trouva la mere a nostre espousée devers sa fille, et luy demanda de son mary (C.N.N., c.1456-1467, 133). Puis fut demandé du pont. Elle respondy qu'il avoit tasté le gué a sa lance, par quoy il estoit seurement passé ainsy comme par dessus ung pont (Nouvelles inéd. L., p.1452, 48). ...la royne presente, qui tres amiablement tous aquuillist, puis aucunement par gens des deux langues leur demanda des dames et des estas de leur pays (LA SALE, J.S., 1456, 148). Et le Roy lui demanda de leur estat. Et le chevalier lui en fist très bon rapport (BUEIL, II, 1461-1466, 151). Item Dieu ne se moeut ne est mut par mouvement violent par force, car on ne lui puet faire force. Comme dist Job : "Se on demande de sa force, il est tres fort et rade." (Somme abr., c.1477-1481, 144). Le roy, pour soy oster de ces doubtes, une heure après qu'il se fut retiré en son logeïz et après ceste saillie dont ay parlé, manda aucuns des prochains serviteurs dudict duc et qui s'estoient jà trouvéz au conseil et leur demanda de la conclusion. (COMM., I, 1489-1491, 159).

 

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Demander après qqn. "S'enquérir de qqn" : Lors demanda il apriès le roy d'Alemagne son fil, et dist : "Où est messires Charles mes filz ?" (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 178). ...onques durant le disner le bon Gerard ne demanda après homme ne femme de Brabant (C.N.N., c.1456-1467, 173). Son compaignon (...) se sentit tresmalade, et demandoit partout après celui qui desja estoit mort. (C.N.N., c.1456-1467, 349). Par deux jours furent les chevaliers assemblez, et le deuxiesme jour, Thoison d'or demanda après le seigneur de la Vere (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 94). Et demanda semblablement après le seigneur et ber d'Auxi (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 95).

 

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[Le compl. désigne un lieu ou une direction] Demander après qqc. : ...le gentil chevalier, moult desirant d'acomplir sa queste, print congé du demourant et se mist en chemin, demandant toujours aprés le chastel de Hurtemer. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 62).

 

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Demander pour qqn. "S'enquérir de qqn" : ...pourroit monseigneur demander pour moy, et l'on ne me saroit ou trouver. (C.N.N., c.1456-1467, 269).

 

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Loc. En demander à qqn. "Demander son avis à qqn au sujet de qqc." : Certez je desiroye sur ce estre mis un tel remede que pas ne l'ose escripre, mais se l'en m'en demande j'en diray mon adviz. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 66). Il en y a aucuns qui sont aucunesfoys si hastis que ilz veullent dire leur oppinion avant que on leur en demande, qui est une chose tres deshonneste, et ne le doit on point souffrir ; (JUV. URS., Nescio, 1445, 468). Mais, puisque vous commandez que je parle, je parleray ; car à moy ne à aultre ne s'appartient de soy excuser ou conseil du Roy, quant on lui en demande ; et fault que chascun die ce qu'il scet. (BUEIL, II, 1461-1466, 155). Après, en fut demandé à monseigneur de Humbercourt, natif d'emprès Amyens, ung des plus saiges chevaliers et des plus entenduz que je congneü jamais, lequel dit que son oppinion estoit que... (COMM., I, 1489-1491, 104).

 

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Loc. En demander. "Demander un avis, une information au sujet de qqc." : Et li fu dit et conmandé de par la roine et son fil, que il presist en garde le roi d'Engleterre, et l'euist tel et ses gens que il en seuist a rendre compte, qant il en seroit demandés (FROISS., Chron. D., p.1400, 90). Ce bergier ne peult nullement Respondre au[x] fais que l'en propose S'il n'a du conseil, et il n'ose Ou il ne scet en demander. (Path. D., c.1456-1469, 170). Dit le Roy : "Beau cousin, demandez en." Adoncques demanda le conte de Parvanchières à ung Maistre d'arbalestriers, qui fut là, et lui dist : "Debatez encores avec le Mareschal de Crathor ; et puis dittes vostre oppinion." (BUEIL, I, 1461-1466, 170). Chascun escouta, et dirent au Jouvencel: "Demandez-en à quel que soit." (BUEIL, II, 1461-1466, 190). Après, en demanda au connestable, conte de Sainct Pol, qui fut d'oppinion contraire (COMM., I, 1489-1491, 99). Le duc de Bourgongne, contre l'oppinion de ceulx à qui il en demanda, delibera aller au devant d'eulx à l'entrée des montaignes (COMM., II, 1489-1491, 103).

 

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P. ell. Demander à qqn. "Demander (son avis) à qqn" : ...et presida le conte de Parvanchières par le commandement du Roy (...) et demanda par ordre à tous et premièrement au Chancelier (...) et lui dist : "Monseigneur le Chancelier, puisque vous me demandez et que le plaisir du Roy est que je preside en ceste matière, je vous demande ; car je scay bien que vous nous ouvrerez noz esperiz. Et, pour ce que le plaisir du Roy est que je preside et je dye la matière, combien que vous l'entendez mieulx que moy, je la diray, et puis vous direz vostre oppinion..." (BUEIL, II, 1461-1466, 154).

C. -

Empl. pronom.

 

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Empl. pronom. réciproque Se demander l'un à l'autre : Et se demandent l'un a l'autre de leurs faitz, des paÿs, des seigneurs et des novelles presentes. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 94).

 

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[En propos. interr. indir.] (Savoir) qu'il se demande. "(Savoir) quelles sont les intentions de qqn" : ...che seroit bon que nous envoions devers eux un des nostres hiraus, pour savoir quel cose il se demandent, de estre ensi là rengiet et ordonné en bataille contre nous (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 104). Ces parolles apaissièrent grandement ce menu peuple, voire les simples et les novisses et les boines gens qui là estoient venu, et ne savoient que il se demandoient, et dissent tout hault : "C'est bien dit !" (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 113). Chil doi signeur (...) s'en vinrent sus les camps et trouverent en verité ce que on lor avoit dit conment chil Flamench s'en fuioient et ne savoient que il se demandoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 448). ...certes oncques fureur ne cruaulté de senglier ne s'y acompara sans savoir qu'ilz se demandent et quant ilz s'encharnent sur quelque soit, ou sur aucunes gens (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 131). Et ne fay nulle doubte que pluisieurs, parlant du duc Charles, murmureront et diront : Que failloit il à ce grant duc qui tant avoit de seignouries, de pays et de ricesses ? que se demandoit il d'entreprendre sur ses voisins et de vouloir conquerir le monde sur aultruy ? (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 145).

 

Rem. L'empl. pronom. réfl. dans le sens "se questionner, se poser la question de savoir si" ne semble pas attesté avant le XVIe s.
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

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