C.N.R.S.
 
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     AFFAIBLIR     
FEW III flebilis
AFFAIBLIR, verbe
[T-L : afeblir ; GDC : afoiblir ; AND : afeblir1 ; DÉCT : afeblir ; FEW III, 616b : flebilis ; TLF : I, 813b : affaiblir]

I. -

Empl. trans.

A. -

Affaiblir qqn (ou un aspect de la pers., ou bien un animal). "Faire perdre de la force, de la puissance à (une pers., une collectivité, un aspect de la pers., un animal)" : Et quant assés je me sui debatus, Et que sus moi n'a sang ne nerf ne vainne Qui ne soit tout afoibli de la painne, Amours (...) me remet Esperance Par devant moi (FROISS., Orl., 1368, 100). Si estoient leurs chevaulx maigres et affoiblis par les povres nourrechons (...) ilz estoient si mat et si afoibliz que ilz mouroient sus le chemin (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Sera trop le peuple affoibli, Et les vertus, quant bons clers fault. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 258). ...car tote honeur et chevalerie en fut folée et ly paiis afloivis. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 46). ...Melencolie (...) deseiche le corps, corrompt lez humeurs, affoiblit les senssitifz espris (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 4). Et pour oster et affeiblir la tresgrant puissance et assemblee des Sarrazins, les quatre roys des Espaignes crestiens (...) s'estoient aliez (LA SALE, J.S., 1456, 207). Leur mallice ne gist que en deux choses : l'une c'est que, par toutes voyes, ils desirent affoiblir et diminuer leur prince (COMM., II, 1489-1491, 203).

B. -

Affaiblir qqc.

 

1.

"Diminuer l'intensité de qqc." : Et li oueil si bien les reçoivent Que li ray point ne les deçoivent, Mais puelent vëoir clerement D'Amours adès congnoissamment La voie dou soleil entiere, Sans point affoiblir la lumiere Des yeus (MACH., D. Aler., a.1349, 353).

 

2.

[Domaine abstr.] "Diminuer la valeur, la portée de qqc." : ...ce qui plus entama et affoibli l'onneur et le sens de luy [le duc d'Irlande, ce fut son infidélité à l'égard de sa femme, belle, bonne et très noble dame, et l'annulation de son mariage] (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23). Par mon chief, dist cil de Barbarie, on m'a dit que je seray destruit par les hoirs de Lusegnen, et pluseurs autres, et nostre loy moult affeblie. (ARRAS, c.1392-1393, 227).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[D'une pers., d'un aspect de la pers., de son activité]

 

1.

"Perdre de ses forces, devenir plus faible" : Et aussi le roy affeblissoit fort, et avoit moult de sang perdu. Ce fist moult esbahir ses gens. Non pourtant a ce que le roy soufroit grant doulour, si ravigouroit il ses gens, tant que les Sarrasins ne porent gueres conquester que plus ne perdissent. (ARRAS, c.1392-1393, 106). Mes membres affoiblissent tous Et scens bien que ma fin s'avance. Je n'ay mais force ne puissance Dont je me puisse soustenir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 30). Je sens mon cuer qui s'affoiblist (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 73). Mais, pour complaire au Jouvencel, qui estoit homme jeune, hardy et ardant à faire la guerre, il s'i accorda, considerant que trop tenir la bride royde aux jeunes gens d'armes ou autres apprentis à quelque mestier ou autre science noble et notable quelle qu'elle soit, leur fait souvent afoyblir et attendrir les coeurs et les fait devenir lasches et songears. Pour ce fault aucuneffoiz que raison obtempere à la sensualité. (BUEIL, I, 1461-1466, 70). Je suis malade grandement Le cueur me va en affoiblissant (Myst. st Martin K., a.1500, 283).

 

2.

"Perdre de sa puissance" : Signeur, on tient (...) en la prison dou conte, un nostre bourgois (...) enssi se desrompent petit à petit et afoiblissent vos francisses qui dou tamps passé ont esté si hautes, si nobles et si prisies (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 169). Lors veissiez chevaliers venir sur les rens, et commencierent les joustes moult belles. Mais sachiez qu'il n'y ot chevalier qui se peust tenir a Anthoine ne a Regnault. Et quant ilz virent que les joustes affeblissoient par eulx, si se partirent des rens et se vindrent desarmer. (ARRAS, c.1392-1393, 191). Et luy monstrèrent les dames ; et y laissa le roy bien trois cens hommes, et s'affoiblit de tant. (COMM., III, 1495-1498, 144).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Devenir plus faible" : ...ta vertu se affoiblist, ton aage tourne ja vers declin (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 18). ...la flambe de lamour quelle [la personne contemplative] a des choses diuines la fait liquefier et fondre (...) comme la cire deuant le feu (...) et est comme toute resolue et satenuit et se affoiblit et se lieue en hault comme une fumee tant quelle est rendue defaillant en esperit. (CIB., p.1451, 191).

 

2.

"Diminuer" : ...li vivres afoiblissoient en la ville de Calais (FROISS., Chron. D., p.1400, 747). ...j'ay leu en aucuns livres ebraïques plusieurs grans merveilles faictes par lesdictes pierres ainsi sculpées, que dit est à bonne intencion et en temps opportun et, pour ce, toutes leurs choses estoient maintenues en estat, tant vie que vestemens, sans affaiblir ne diminuer fors que de l'aage, car de plusieurs n'en entra que deux en la terre de promission, savoir Josué et Caliph. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 v°).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers., d'une collectivité, d'un aspect de la pers., d'un animal]

 

1.

"Qui a perdu ses forces, qui a perdu de sa vigueur" : Es agues continues, se la levre, l'euil, le sourcil, ou le nez soient teurs, ainsi que le pacient ne voye point, la vertu du corps affoiblie et debilitee (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 76). ...si estoient leurs chevaux maigres et afoiblis par les povres nourrechons (...) ils estoient si mat et si afoibliz que ilz mouroient sus le chemin (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Charlemaine (...) Estoit par ancienneté Moult affoibli et vieulx de jours (DESCH., M.M., c.1385-1403, 357). ...et pour ce que les seremens et promesses que elle avoyent faites l'une à l'autre, elle avoit esté questionné, dont elle se repentoit, et en avoit ses membres moult debilitez et affeibliz, pour cuider eschever que contre lesdites promesses et serement elle ne deist aucune chose qui leur portast prejudice. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 353). ...lor estomac samble estre wape et afoiblis (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Hermiedés (...) Ja estoit griefment affoibli (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231). Ha, mon enfant, Quel restaurant - me font voz joes affeblies ! Elles sont toutes reffroidies, Fort onnyes, Car remplies - on les a d'onteuse liqueur. (Pass. Auv., 1477, 255).

 

-

En partic. Affaibli d'haleine. "Essoufflé" : Au surplus, combatez froidement et gardez vostre alaine tant que pourrez sur toute chose, et, quelque chose que vous faciez, ne vous eschauffez point et pensez que vostre ennemy a plus grant paour que vous. Et, se vous sentez aucunement lassé ou affoibli d'alaine, pensez qu'il est encores plus las et plus malmené que vous (BUEIL, II, 1461-1466, 103).

 

2.

"Qui est amoindri dans ce qui faisait sa puissance" : ...et grans domages sieroit, se li nons de si grant nobleche, si grande proeche et rycheche qu'il at eüt en Hasbaing, perissoit, ja soice qu'il y aiiet à present petit remanant, dont ly pays est afloivis durement d'oneur, de forche, de sens, de parement et de rycheche (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 2). ...le royaulme d'Angleterre en estoit grandement affoiblis en chevance. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 40). ...li roiaulmes d'Escoce afoiblis de deus vaillans honmes (FROISS., Chron. D., p.1400, 170). ...la garnison de Hainbon afoiblie de force et de consel (FROISS., Chron. D., p.1400, 517). ...plusieurs nobles et vaillans chevaliers y sont mors, dont je [la France] suis moult affoiblie et debilitee de puissance et comme toute desnuee (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 152). ...veu le grant nombre de gens que desjà on avoit envoyé audit Beauvais, et que aussi ladicte ville en demorroit moult fort affeblye. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 280). En icelle mesme année trespassa en la ville de Bloix Phelippe, conte de Vertus, frère de Charles, (...) pour lequel trespas le daulphin fut moult affoibly d'ayde et de conseil. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 18). ...mais leur passion ne les tenoit pas là, car il ne leur challoit de prime face de veoir leur seigneur affoibly d'une telle ville (COMM., II, 1489-1491, 200).

B. -

[Domaine moral] "Qui a perdu de sa valeur, de sa portée" : Ma leesce est amortie, Et ma vertu afflebie (MACH., Voir, 1364, 8479). Grace anoblye, Non affoiblye, Qui ne m'oublye, Ains me publye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 474).

C. -

FIN. Monnaie affaiblie. "Monnaie dont le titre et/ou le poids est diminué, monnaie dont la valeur est amoindrie" : ...et de present la monnoye blanche et de l'or sont bien afaiblis. (JUV. URS., D. Tours, 1468, 444).
 

DMF 2020 - Synthèse Monique Haas

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