C.N.R.S.
 
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FEW XIV visus2
VIS, subst. masc.
[T-L : vis ; GD : vis2 ; GDC : vis/visavis ; DÉCT : vis1 ; FEW XIV, 537b : visus2 ; TLF : XVI, 1192a : vis-à-vis]

A. -

"Visage, face" : Pour ce pensoit Parfondement, ne onques ne cessoit, Et en pensant le plouroit et plaingnoit, Si que son vis en larmes se baingnoit. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 116). Dont je sui trop mal atournez, Tristes, pensis, desconfortez, Quant tous mes biens as destournez, Ne say pourquoy. S'en est mes vis descoulourez Et mes cuers de plours saoulez, De griés souspirs entremeslez, Et tout par toy. (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Nompourquant pas ne m'en merveil, Quant le regart de son dous oueil Et son cler vis blanc et vermeil Qui resplendist De biauté plus qu'or en soleil Et son corps gent qui n'a pareil De douceur, de cointe appareil Vers moy guenchist (MACH., R. Fort., c.1341, 46). Mon seigneur a vis cler et plain, Et cilz l'a noir, viel et froncié. (Mir. femme roy Port., c.1342, 175). Et c'est ce qui me deveure ; C'est ce qui mon vis espleure ; C'est ce pour quoy je soupir ; A ce me duit Vraie Amour qui me court seure Et Bonté qui l'assaveure (MACH., L. plour, 1349, 284). Amilles est nommez par nom Qui me ressamble, ce dit on, De maintien, de corps et de vis. (Mir. Amis, c.1365, 4). Si me convient gemir et dementer Et en plaingnant sa douceur regreter. Car quant je pense à sa haute valour Et aus dous yex de son gracieus vis Et as parlers qui par si grant douçour En riant m'ont de li esté tramis, Je m'entroublie et sui si esbahis Qu'il me convient ma dolour dolouser Et en plaingnant sa douceur regreter. (MACH., L. dames, 1377, 95). Gente de corps et tres bele de vis, Vraie de cuer, d'onneur la souvereinne, Ymage à droit parfaite, à mon devis, La grant bonté de vous, entiere et seinne, Le scens, le pris, la maniere certeinne Et vo douceur vous font estre en ce monde M'amour premiers et ma dame seconde. (MACH., L. dames, 1377, 157). Belles façons de corps, de vis Avoit la fille a droit devis (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 44). Le vis lui moulle d'eaue fresche (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 238). ...par le regart de son doulz vis angelique (Comte Artois S., c.1453-1467, 7). Alors le petit Saintré, tout honteux, le viz de honte tout enflamé, soy inclinant, avec les autres devant se mist. (LA SALE, J.S., 1456, 6). Il est gent de corps et de vis (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 14). Mes freres, regardez la face De nostre maistre precïeux ; Voyez son sainct vis glorïeux De toute luyseur clarissant (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 402).

 

Rem. Très nombreux ex. J. Renson, Dénom. visage, 1962, 142 et suiv.

 

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"Expression du visage" : Quant Raisons ot conté tout son avis, Amours parla qui fu biaus a devis, Et gracieus de maniere et de vis, Et dist : "Raison, Moult bien avez moustrée vo raison..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 124). ...Ces petites joinctes orreilles, Menton fourchu, cler viz traictiz, Et ces belles levres vermailles (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 55). Le front ridé, les cheveux griz, Les sourciz cheux, les yeulx estains, Qui faisoient regars et ris Dont mains meschans furent actains, Nez courbes, de beaulté loingtaings, Orreilles pendentes, moussues, Le visz paly, mort et destains, Menton froncé, levres peaussues - C'est d'umaine beaulté l'yssue... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 56). Prince, qui as fort doulce alaine, Baiser te veulx par ung doulx vis ; Embrasse moy pour bonne estraine, Et varrey avec toy mon filz. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

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Souffrir qqc. en vis. "Accepter de s'expliquer de qqc. face à face" : Au regard de l'article faisant mencion de ma très redoubtée dame madame la princesse, monseigneur est bien esbahy qui [a] infourmé le Roy de telz choses ; et poeut penser que monseigneur le soufferoit bien en vis, et sur ce a dit audit seigneur de Torcy et Montsoreau ce qu'il scet. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-1460, 437).

 

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Tourner le vis à qqn. "Détourner son visage de qqn (en lui répondant)" : LE MARQUIS. (...) conment le fait ma femme ? (...) L'ONCLE. Sire, elle est en bonne santé, Ce m'est advis. LE MARQUIS. Hé dia ! vous me tournez le vis, Qui malement me reconforte. Je voy bien que c'est ; elle est morte ! (Mir. marq. Gaudine, 1350, 143). [GD interprète cet ex. ainsi : "répondre d'une façon indirecte, par faux-fuyant", ce qui constitue une glose, plutôt qu'une traduction]

B. -

Loc. V. vis-à-vis

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 275 : envis, éd. "en face de" ; mais sans doute envis de invitus, cf. M. Plouzeau, R. Lang. rom. 94, 1990, 149.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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