C.N.R.S.
 
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     TIRER     
FEW VI-1 399,409,412b,413a,417b martyrium
TIRER, verbe
[T-L : tirer ; GD : tirer ; GDC : tirer ; DÉCT : tirer ; FEW VI-1, 399,409,412b,413a,417b : martyrium ; TLF : XVI, 256a : tirer]

I. -

Empl. trans. [Un mouvement (au propre ou au fig.) est imprimé à un obj.]

A. -

[Sens étymologique] "Maltraiter, tourmenter" : ...puisque le treuve courant le païs desrobant et tirant [var. tuant] sez hommes... (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 304).

B. -

[Verbe de mouvement]

 

1.

Au propre Tirer qqn / un animal / qqc.

 

a)

"Mouvoir vers soi ou après soi (en se déplaçant ou en restant immobile), exercer une traction sur" : PREMIER CHEVALIER. (...) Oster li veult son os sanz faille. Et le chien aux dens, qu'il ne faille, Le tient forment. DEUXIESME CHEVALIER. A li oster tent durement ; Mais le chien le tire et debat (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 52). Si comme selon les fables des poiens et des poëtes qui mettent que le soleil rouele et est tiré et meu comme la roe d'un char par .IIII. chevaus (ORESME, C.M., c.1377, 450). Et lors tirerent tous les crestiens (...) et ceulz qui n'estoient mors furent portez et menez en l'ost et puis es bonnes villes pour les garir [il s'agit ici des chrétiens mêlés aux musulmans dans l'entassement des blessés et des morts] (LA SALE, J.S., 1456, 221). Lors tire une petite boyte pendant a sa couroye, ou son saufconduit estoit, et a l'Anglois le tendit (C.N.N., c.1456-1467, 55). ...il reprend la levriere par les oreilles, et la tira si rudement (...) qu'il la fist crier (C.N.N., c.1456-1467, 195). Or sa, Jhesus, pour toy complaire, Nostre fillet m'en vaiz giter. O Dieu, je ne le puis tirer ! Andrieu, ayde moy, mon bon frere ! (Pass. Auv., 1477, 125).

 

-

[Mouvement latéral] Tirer une courtine : ...Car je y vins si songneusement Que la belle encor se gisoit. Et l'esveillai, ce me disoit, A l'ouvrir d'une fenestrelle Qu'a senestre estoit delés elle. Si tirai un po la courtine De cendal a couleur sanguine. (MACH., Voir, 1364, 352). Devant son lit sont arresté De mal faire tuit apresté. Li sires d'Absur la courtine, Qui de soie estoit riche et fine, Tira, pour le roy mieux veoir, Et pour son cop mieux asseoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). Ilz tirent les courtines d'autour de luy et le revestent d'abitz pontifficaulx. (LA VIGNE, S.M., 1496, 575).

 

-

[Mouvement effectué au moyen d'un treuil]

 

Rem. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 909, doc. 1495 ; tirer à vent "mettre au vent au moyen d'un treuil", doc. 1447 et 1467.

 

-

Tirer branches au croc : Et pevent un homme et sa femme tirer au croc branches vertes et seches et par coustume. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 253).

 

-

Tirer l'huis. "Fermer la porte" : ...sans plus dire tire l'huys et s'en va. (C.N.N., c.1456-1467, 433). ...vous estes bien meschantes gens, et a vostre fait mal regardans, qui n'avez pas eu tant de sens, quand vous voulez faire telz choses, que de serrer et tirer les huys après vous. (C.N.N., c.1456-1467, 433).

 

.

Tirer la clef : Ilz ne furent pas si folz, quand ilz eurent gaigné ce premier fort, pour plus seurement assaillir l'aultre, qu'ilz ne tirassent la clef dedans et resserrerent tresbien l'huys. (C.N.N., c.1456-1467, 202).

 

-

DRAP. "Tirer à travers la carde, carder"

 

Rem. G. De Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.2, 1951, 198 (doc. 1390 et 1501). Ch.-Th. Gossen, R. Ling. rom. 24, 1960, 109 (Douai, 1390).

 

b)

Tirer qqn / une partie de son corps / un vêtement... "Exercer une traction sur qqn, sur une partie du corps (en partic. pour chercher à capter l'attention)" : Et je qui fui mervilleus pour quoy c'iere, Dis bellement : "Trés douce dame chiere, Pour quel raison Ne volez vous entendre a ma raison ?" Et la tiray par le pan dou giron. S'en tressailli, dont sa belle façon Coulour mua. Si respondi, que plus n'i arresta, Et durement envers moy s'escusa De son penser a quoy elle musa. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 115). ...pour moy laissier tirer les membres du corps (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 773). Sire, tirés le par la main ; Advisés coment il la tient ! (Pass. Auv., 1477, 158).

 

-

Tirer le pied arriere. "Reculer, fuir" : ...et, quant vient le temps de dangier et adversité, ilz tirent le pié arriere et laissent leurs alliez en necessité. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 66).

 

-

Tirer le cul arriere. V. cul "Refuser d'avancer"

 

-

Tirer le nez et les oreilles à qqn. V. nez

 

.

Au fig. Tirer qqn au coeur. "Tourmenter qqn" : Mais ne demeurra longuement Que j'en auray dur paiement, Qui autrement au cueur me tire. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 43). [Déf. proposée par G. Roussineau, Z. rom. Philol. 111/2, 1995, 302]

 

-

[Un vêtement que l'on porte sur soi, pour l'enlever] : ...la belle fille luy oste l'esperon et puis luy tire l'un de ses houseaux (C.N.N., c.1456-1467, 157).

 

c)

Tirer les vaches / les brebis. "Traire les vaches, les brebis" : Pour ce que la brebis a acoustumé d'estre tiree et tondue, cuidant que la vueille tirer et tondre, elle ne craint point de estre tiree et ainsi se laisse tuer. (MACHO, Esope R., c.1480, 29). D'autres ne font que les beufz estriller, Comme tres bien en sçavent les usaiges, Puis en aprés vont les vaches tirer Et mettre a point les beurres et frommaiges. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 186).

 

d)

[P. compar. avec une bête de trait] Tirer au collier : Si ne voy pas que noz contentions ou noz parolles semees en appert ou en secret des ungs contre les autres nous puissent gecter de ce dangereux pas, ains fault tirer au collier et prendre aux dens le frain vertueusement (CHART., Q. inv., 1422, 44). Là où envis je tire au collier... (CHASTELL., Oeuvres K., t.6, c.1435-1475, 344). ...à quoy ledit duc respondit qu'il ne tireroit jamais au collier avec le gouverneur de Lymosin (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 252).

 

e)

[D'une chose] Qqc. tire qqc. : Et tout mouvement du ciel est naturel, car autrement il ne seroit pas regulier ne perpetuel. Item, le premier et souverain ciel qui est ainsi meu est concentrique au monde selon la concavité de ce ciel, et donques il ne boute et ne tire le ciel qui est souz soy sanz moien. Et avecques ce, ceste concavité ou superfice concave est tres parfectement polie, planee et onnie en tant que rien ne peut estre plus (ORESME, C.M., c.1377, 316).

 

f)

Empl. abs. : Mon chier seigneur, je la tien [la fille] bien : Tirez aussi conme je tire. Boutez, qui estes dessoubz, sire. Ho ! nous l'avons. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 144). Combien qu'aux dens le chien fort tire, Tire encore plus fort le fol. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 52). Mais il est certain du contraire se les vertus qui tirent estoient plus fortes que la resistence de la pel ou de la corde. Et est impossible par nature tant pour le mouvement du ciel et l'alteracion des choses tirantes et tirees, tant pour autres mutacions que celle equalité peust, se elle estoit, longuement durer. Et aussi de celui qui a fain et soif. (ORESME, C.M., c.1377, 550). Bailhe sa ce bout de filé. Tirés fort, sancte deÿté ! (Pass. Auv., 1477, 126). PREMIER CLERC (qui sonne les cloches.) Tresvolentiers je m'y acorde ; Or sonnons donc par bon moyen ! LE SECOND CLERC. Gardons bien que nul ne discorde Et au surplus ne donnez rien ; Tirons hardyment ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 544).

 

-

"Ramer" : LE SECOND NAVETIER. Compaignons, mettés sans fainctye Les mains aux raemes pour naigier, Tirés fort bien et de legier, Tant que pourrés de vo puissance, Et je tiendray en ordonnance Le gouvernal de la riviere (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 165).

 

-

"Se contorsionner (?)" : Certes, tu seras extendu [sur la croix] Et tirras comme vielle Pour joer de la chalimelle Et pour estre en meilleur conroy. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 57).

 

-

[Du limier qui tire sur le trait, la laisse] : Si verrez adoncques baudir Le limier et si fort tirer (...) Que celui qui le menera (...) passera Ou le chien le vouldra mener. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 370).

 

-

Part. prés. : Mais il est certain du contraire se les vertus qui tirent estoient plus fortes que la resistence de la pel ou de la corde. Et est impossible par nature tant pour le mouvement du ciel et l'alteracion des choses tirantes et tirees, tant pour autres mutacions que celle equalité peust, se elle estoit, longuement durer. Et aussi de celui qui a fain et soif. (ORESME, C.M., c.1377, 550).

 

g)

Inf. subst. "Action de tirer, d'amener à soi" : Il prinst une lance dont le fer tranchoit moult bien et s'en fery parmi la cuisse, et au tirer la lance ["en retirant la lance"], le sanc jailly a grant randon (Bérinus, I, c.1350-1370, 409). ...au tirer que les pescheurs firent, ilz tirerent une table d'or (LA SALE, Sale D., 1451, 73).

 

2.

Tirer qqn / qqc. de

 

a)

Tirer qqn / qqc. de qq. part. "Faire sortir, extraire" : Car je fusse, lonc temps ha, mors, S'il ne fust à martire, Par l'ueil qui trait a en mon corps De desir une vire, Qui ja n'en sera traite hors, Se m'amour ne l'en tire Ou bons Espoirs qui m'a dès lors Viseté com dous mire Et conforté mes desconfors Doucement, Diex li mire. (MACH., Lays, 1377, 432). Le petit Saintré (...) regarda de ça et de la se nul le veoit, lors tira la boursse de sa manche et la desveloppa. (LA SALE, J.S., 1456, 51). ...[Monseigneur] lors s'avance et fist tirer du bahu les robes qui dedans estoient (C.N.N., c.1456-1467, 185). Helas ! dit il, m'amye, je n'en puis mais ; Dieu scet comment je suis puny ; et, pour Dieu, pensez de moy tirer d'icy. [Pour échapper au mari, l'amant s'est enfermé dans le retrait] (C.N.N., c.1456-1467, 436).

 

-

Tirer qqn / un animal amont / hors / hors de / dehors... : "Il n'est plus de dieu vraiement Que le Daniel seulement Qui l'a geté sain et en vie Dou lac ou mis fu par envie." Li rois le fist tirer amont Sans delay, qu'i desira mont Li vëoir et parler a li. Mais n'avoit pas le vis pali Pour ordure ne pour puour, Pour jeüne ne pour paour. (MACH., C. ami, 1357, 44). Li roys fist sonner la trompette Tantost en signe de retraite, Si que sa gent se recueillirent Et tous ensamble se meïrent. Il tirerent hors leurs chevaus Et monterent comme vassaus En belle et en bonne ordenance, Com chevalier plein de vaillance. (MACH., P. Alex., p.1369, 208). Moyses, en qui Dieu afflus Mist graces et vertuz assez, Il tira, sans estre lassez, Le pueple de Dieu hors d'Egipte Par miracle. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 32). Le couvreur eut pitié d'elle, si fist tant, a quelque meschef que ce fut, moyennant sa corde, qu'il la tira dehors, et l'amena en bas. [La femme est restée prisonnière de la cheminée] (C.N.N., c.1456-1467, 277). ...et ce dit jour messire Gracien de Gurere tira sa galee hors de la douanne a force de gens et la mist en mer en grant triumphe, bien artillee et equippee de toutes choses. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 263).

 

-

Tirer qqn hors de la presse. "Faire sortir quelqu'un de la mêlée" : Si y feray tout mon devoir De la tirer hors de la presse. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 523).

 

-

Tirer qqc. jus de : ...ycelle robe tira jus de ladite perche, et l'emporta mucer en un arbre de chesne estant en la forest au plus prez de ladite eglise (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7).

 

-

Tirer qqc. "Retirer qqc. (de qq. part)" : ...au tirer que les pescheurs firent, ilz tirerent une table d'or (LA SALE, Sale D., 1451, 73). En la region de Milesie fut achapté ung traict d'aucuns pescheurs et advint qu'ils tirerent une table d'or à leur fille ["filet"] et les achapteurs la vouldrent avoir, ce que contredirent les pescheurs (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

 

-

Tirer de l'argent. "Retirer de la bourse, dépenser de l'argent" : ...nostre homme, a qui ne chaloit qu'il feist, fust maryé ou aultre chose, mais qu'il ne tirast point d'argent, respondit qu'il feroit ce qu'ilz vouldroient. (C.N.N., c.1456-1467, 132).

 

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Empl. abs. Tirer à part. "Mettre de l'argent de côté" : Si ne croy pas que pou se charge, Qui treuve si faites finences, Par cautilleuses ordenances. Et Dieu scet s'ilz tirent a part ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 50).

 

-

Tirer la buschette. V. buschette "Tirer à la courte paille"

 

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Tirer au fetu : Au festu tire qui pourra Pour prandre le pis ou le mieulx. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 325).

 

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Au fig. "Retirer (qqc. de négatif de qqc. de qqc.), endurer, souffrir" : Sa chiere mere, aussy sa femme Leur recommande, en souspirant, Cil, qui grant doulour va tirant. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 65). A ! ma dame, si grief martire Ame ne tire Que moy (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 28). Car je recueil Incessaument douleur, paine et martire, Et nul ne vit que moy qui tel mal tire ; Dueil me martire (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 134). Quelque mal qu'aye tiré, Or vous tiens je, belle et sage. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 96). Ou s'ilz ont mains travaulx tirez Priveement en aucuns lieux ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 478).

 

b)

Tirer qqc. de qqc. "Extraire qqc. de qqc." : ...Nobles heuilletz, plaisantes armeries, Qui en tous temps sont la dedens flories Et de rosiers, assez bien dire l'ose, Pour en tirer neuf ou ditz muytz d'eau rose. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

 

-

[Une arme] "Faire sortir (une arme du fourreau), dégaîner" : Car il ot paour que sa dame Honte pour li n'eüst ou blasme. Si dist : "Amis, foy que li doy, Avuec l'anel ara mon doy, Car ja par moy n'en partira." Si que lors un coutel tira, Son doy copa et li tramist Aveques l'anel qu'elle y mist. (MACH., J. R. Nav., 1349, 236). ...pour ce que elle ne vouloit souffrir qu'il eust compaignie charnele à elle, il tira et sacha son badelaire qu'il portoit, duquel il feri ladite Perrete plusieurs coups (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 513). ...après ces criminelles parolles, vous tire hors du fourreau sa grande et bonne espée, et si la fait brandir trois ou quatre foiz (C.N.N., c.1456-1467, 50). ...tantost qu'il le vit, il tire bonne dague et marche vers luy et l'en cuide ferir. (C.N.N., c.1456-1467, 325). Icy tire son grant [cousteau] et le prent, faisant semblant de luy vouloir copper la teste. (LA VIGNE, S.M., 1496, 447).

 

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Empl. abs. "Dégaîner l'épée contre qqn, asséner des coups d'épée à qqn" : Li bons roys estoit moult engrans De ses anemis desconfire. Il fiert, il boute, il sache, il tire, Et si fierement se combat Qu'il tue tout quanqu'il abat. (MACH., P. Alex., p.1369, 207).

 

-

[De l'eau] "Puiser" : Plusieurs tirent de long puis ["d'un puits très profond"] eaue (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

.

[Un bain] "Puiser l'eau pour en remplir le bain" : Si fist tirer le baing et chauffer les estuves en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 43).

 

-

[Une boisson] "Faire sortir (une boisson) du tonneau" : ...un nommé Guillaume Levasseur (...) lequel eut tiré du cidre en pot ou en choppine (Ch. VI, D., t.2, 1408, 208).

 

Rem. Doc. 1459 (fist tirer une choppine de vin) ds GDC X, 770b.

 

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"Faire sortir (une boisson) de son récipient, boire" : Encore boyve. Par ma loy il est empiré : J'ay si notablement tiré Qu'en ma boutaille n'a plus riens. (Pac. Job M., c.1448-1478, 245). LE PREMIER BABILONIEN. Bevon d'autant ! LE SECOND BABILONIEN. A luy tiron, Puisque nous avons bien des vivres ! (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 321). CELION boit. Mais que j'aye ung petit tasté Je t'en sçauray bien tost a dire. ADRASCUS. Ha, mon createur, comme il tire ! Quel avalleur ! (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 161).

 

Rem. Sur cet emploi, cf. P. Enckell, D.D.L. 47, 252.

 

-

[Du minerai]

 

Rem. ORESME, Monnoies W., c.1365, X.

 

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Part. passé "Extrait" : ...j'ay regardé et visité la montaigne de la mine dudit lieu de Saint-Pierres, et trouvé qu'elle estoient en chommage et que on n'y avoit aucunes chose besongné depuis la prinse dudit Cuer et n'y trouvé aucune mine tirée. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 250).

 

-

[Le feu] "Faire jaillir" : ...et resida sur le hault mont de Caucase, où il trouva la maniere de fere et tirer feu de perre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

 

c)

"Arracher"

 

-

[Un cheveu, une dent...] : Cis roys ce faus oisel demande Qui avoit contre sa commande Celle aigle d'onneur mise a mort Par langue qui trop griefment mort. Lors la teste dou corps li tire Et le met a mortel martyre : Sa teste, ce sont ses paroles, Nom pas tant seulement frivoles, Mais parlers de detraction Qui met gens a destruction. (MACH., D. Aler., a.1349, 361). [Contexte métaph.] ...Eins me samble la riens, sans feindre, Que tu deüsses plus fort pleindre ; Ou tu fusses par aventure Toute ta vie en tel ordure, Ou par une vintainne d'ans. Mieus te vaurroit tirer les dans Ou tu yès. Einsi le te prueve. (MACH., C. ami, 1357, 100). Ou teles delectacions desnatureles viennent par acoustumance ; si comme aucuns en tirer ou en esrachier leurs cheveux ou leurs peulz, et qui rungent aus denz leurs ongles. (ORESME, E.A., c.1370, 381). ...[la tonsure] avoit esté et estoit freschement faite, comme d'un jour ou d'une nuit, et plumée aus mains, c'est assavoir efrachié et tiré l'un des cheveux après l'autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 204).

 

-

[Les cheveux (comme geste d'affliction)] "S'arracher les cheveux, être en proie à un violent désespoir" : ...s'amie estoit mariée Au plus vaillant de la contrée, Et estoit ja grosse d'enfant. "Haro !" dist il, "li cuers me fent. Hé ! Mors, que ne me viens tu prendre ? A po que je ne me vois pendre !" Lors prist ses cheveus a tirer, Et puis sa robe a dessirer. Quant sa gent einsi le veïrent, Isnelement avant saillirent, Dont chascuns forment l'agrapa ; Mais par force leur eschapa. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). Et quant il fu revenuz a lui, si se commença moult fort a debatre et ses cheveux a tirer et arrachier, et gettoit grans soupirs en lui blasmant et despitant (Bérinus, I, c.1350-1370, 31). ...et si ne Faisoit que li querir seur la marine, Car, sans mentir, Elle l'amoit plus que rien d'amour fine : Ses crins tiroit et batoit sa poitrine Et pour s'amour seur lit ne soubs courtine Ne pot dormir. (MACH., F. am., c.1361, 162). ...l'ung batoit sa coulpe, l'autre tordoit ses mains et l'autre tiroit ses cheveulx par grant desconfiture. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 563).

 

-

[Une plante] "Cueillir" : ...car plus avoit de peine en ung jour a tirer seulement les violettes que le dict amant n'en avoit toute l'anee (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 20).

 

-

[Du limier] "Se rassasier en arrachant (les morceaux de la tête du cerf donnée en récompense)" : ...la teste du cerf (...) et la doit tenir contre terre forment et faire tirer a son limier. Et tant comme il tirera, il doit parler a lui (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 57). Ung limier, qui de grant cerf tire, Ne doit pour tant lesser sa chace (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 104).

 

-

[De l'oiseau de proie] "Béqueter (en tirant, en arrachant)" : ...et au soir le fai tirer a l'elle d'une geline devant les gens (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 183). ...l'en fera son faucon tirer et plumer par jour et par nuit (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 187). ...qu'ilz aient le becq fort pour tirer cuer de volaille (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 147). [Contexte métaph. (du coeur)] ...Il n'a pas fain, mais il le fault veiller, Faire tirer, dompter et traveiller (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 152). Pour entretenir l'oyseau en santé et le preserver de maladie, quatre choses sont necessaires, c'est assavoir : le faire tirer, l'essuyer quant il est mouillié, le purger et le baigner. Fais le tirer past nerveux (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 41).

 

3.

Tirer qqn / un animal / qqc. qq. part. "Amener qq. part" : ...Et si te tireray le toup Dessus le front. (Mir. parr., 1356, 49). Adont les deux faucons choisirent, Qui vers terre leurs hairons tirent ["amènent"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 170). Lequel homme, eulx trois, d'un commun assentement, prindrent et le tirerent dedens le bois dessus dit, aussi loings du chemin comme le jet d'une pierre, et illec le couvrirent de vielles feuilles (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 265). ...et quant elles [les amandes] seront bien broyees si les tirés audit boullon des pois (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 160). [Éd. : "délayer" ; mais comment arriver à ce sens ?]

 

-

Tirer qqn à part. "Mettre qqn à l'écart, le prendre à part (pour se trouver seul avec lui)" : En laquelle ville de Guerart, eulx venuz, elle qui parle fu prinse et tirée à part par icelle Macete, femme dudit de Ruilly, et priée et requise très-instanment que elle voulsist dire audit de Ruilly, son mary [ceci] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 304). ...lors damp Abbés a part la tire et ly dist : "Ma dame, vous y viendrez, car je l'ay pour tous deux promis et juré..." (LA SALE, J.S., 1456, 288).

 

-

Tirer qqn d'un costé / d'une part. "Prendre qqn à part" : Quand elle vit son frere indigné contre elle, elle le tira d'une part et luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 359). Tantost apres graces, le tira d'un costé, et, en luy baillant sa lettre, dist qu'il ne feist semblant de rien (C.N.N., c.1456-1467, 479).

 

-

Tirer qqn aval. "Faire tomber qqn" : ...et lui cheut, remonta lesdiz degrez, vint à elle qui parle, print icelle par le colet de la robe, le tira aval lesdiz degrez tant que elle qui parle et lui cheurent tout au plus bas desdiz degrez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 509).

 

4.

"Soumettre qqn à la question (en l'étirant avec des cordes sur le petit ou le grand tréteau)" : Gehinez serez et tirez : Prevosts vous tiennent et sergens. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 184). Et dist, sur ce requis, que ycelle derreniere confession par ly faite par devant ledit mons. le prevost, il fist par force et contrainte de gehine, en laquelle il fu mis et tiré (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 530). ...et icelli Breton lui respondi qu'il avoit paour qu'il ne feust trop tiré, et qu'il avoit veu un que l'en disoit estre empoisonneur, qui avoit esté sy fort gehiné en ladite gehine qu'il en estoit mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 546).

 

-

Tirer qqn à (quatre) chevaux. "Faire démembrer qqn par quatre chevaux qui tirent chacun d'un côté, écarteler" : ...une dame de France nommée Brunehault fut pugnye et tirée à IIII chevaulx, en la ville de Paris, ou lieu dit Croix du Tiroër. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°). Tiré fut Saint Hippolyte a quatre chevaulx Et en quatre pars desmembré. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 123). Tu seras a chevaulx tiré Et trainé par boys et par hayes Sans jamais cesser, tant que ayes Regnié ton dieu Jesu-Crist. Avant ! tirans, sans nul respit Despouillés le moy en chemise ; En chascun membre luy soit mise Une corde, c'est mon vouloir (Myst. st Laur. S.W., 1499, 271).

 

5.

En partic. "Envoyer un projectile"

 

a)

Empl. trans.

 

-

Tirer une fleche / des coups d'epee / des carreaux... : Je suis le bersault contre qui chascun tire sajettes de tribulacion. (CHART., Q. inv., 1422, 20). ...on tireroit après lui de bons quarreaux d'arbalestes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 115).

 

Rem. Doc. 1441 (il luy tireroit ladicte fleche), 1459 (qui m'a tiré trois ou quatre coups d'espee) ds GDC X, 770a. Myst. Viel test. R., c.1450, v.35747.

 

.

Tirer un arc : ...plus hault qu'un archier ne trairoit D'un bien fort arc, s'i le tiroit ["s'il le tirait"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 216).

 

.

Tirer d'un arc : Estes vous tels Que mon arc et la droite vire, Dont je m'esbas et dont je tire, Me volés ore contredire (...) ? (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 94).

 

.

Tirer qqn. "Lancer un projectile sur qqn" : ...le dit sr Jehan fut tirez d'ung virton parmey le bras et d'une espée en la cuisse. (AUBRION, Journal L., 1490, 260). [GDC X, 770b]

 

-

Tirer artillerie. "Tirer des coups d'artillerie" : Et ce dit jour ne fut tiree artillerie de costé ne d'autre en quelque façon ou maniere que ce fust. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 255).

 

.

Tirer un / des coups d'artillerie : ...car, en moins de trois heures, on tira plus de trois cens coups d'artillerie contre le dit chasteau. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

 

b)

Empl. abs. : ...Car tu tires sans descocher ["tirer à l'arc"]. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 102). Et que la lumiere du ciel seroit obfusquee par la multitude des sayettes quant on tireroit en l'air. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 169). Et donne l'exemple de l'archier qui tyre aux buttes. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 188). ...et y assortit-on toutes les meilleures pièces (excepté les bombardes et autres grosses pièces, qui ne tirèrent point) (COMM., I, 1489-1491, 62). Tant continuerent les ditz françois canonniers a tirer si tres impetueusement, que les autres furent contrains d'eulx retirer autre part. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

-

[D'une arme à feu] : ...il rompit et mit en plus de mille pieces les bastons qui ainsi fort tiroient contre les Françoys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

-

Tirer de + subst. désignant une arme à feu. "Lancer une salve" : ...et tira luy mesmes des dictz faucons au dict drappeau, lequel il approcha de deux dois ou environ, trois coups ensuivant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 302).

 

c)

Inf. subst. "Tir" : Alors, pour la nuit qui survint, le tirer des bombardes cessa. (LA SALE, Sale D., 1451, 243).

C. -

[Le mouvement imprime une forme à un objet ou crée une forme]

 

1.

"Tendre qqc." : C'est une perche qui soit tendue bien tirant [Éd. "perche tendue de sorte qu'elle a une grande force répulsive"] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 259). On doit avoir tant d'aguilles come on voudra et de deux en deux, l'une pres de l'autre, les lier de poill de cueue de cheval ou de jument. Et puis, quant ce sera lié de sis ou de huit rancs a l'environ, on doit tordre l'une aguille de l'une part et l'autre d'autre, tant come on pourra. Et, quant ilz seront bien tiriez, on les doit remettre l'une pres de l'autre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 268). ...de plus en plus fort tiroit son maistre le las [D'un lacet judicieusement placé, le maître a pris au piège un trop entreprenant galant] (C.N.N., c.1456-1467, 456). Il portoit la robe courte, chausses tirées, a la fasson de court (C.N.N., c.1456-1467, 530).

 

-

"Tirer, tendre, bander (la corde de l'arc)" : ...l'en doit traire et tirer son arc fort (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 131). Cupido a pris l'arc turquois ; La saiette trait dou carquois, Qui fu tranchans et affilee, Longue, droite et bien empanee. La saiette mist en la coche, Moult fort tire et elle descoche ; Le dieu d'enfer tel cop en baille Que tout droit parmi la coraille Li a mis le fer et le fust. (MACH., C. ami, 1357, 86).

 

2.

"Étirer qqc." : Celle toile tirés et selle. Nicodemus, je pressuppose Que nous ne facions nulle chose Que desplaisante soit a Dieu, De vouloir que ce corps reppose En terre qu'est si villain lieu ? (Pass. Auv., 1477, 259).

 

-

[Une partie du corps] "Étirer, distendre" : Tant plus fort tirarons les bras Et les jambes de ce Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 194).

 

.

Empl. abs. : Balhe ça ces cordes et las, Et Cinelle et moy tirarons Si fort que ses os desjoindrons Et les piés joindront au partuis. (Pass. Auv., 1477, 198). De forsse de tirer je sue ! (Pass. Auv., 1477, 199).

 

.

À l'impér. : Frape fort et je tirarey. Tire, tire, je clouerey. (Pass. Auv., 1477, 197). Prunelle, tire fort ; ayde moy ! (Pass. Auv., 1477, 199).

 

-

Part. passé [D'un vêtement] "Ajusté" : ...toille, canevatz et chanvre pour faire des bas de jacquectes tirées (Comptes roi René A., t.2, 1478, 66).

 

3.

"Tracer"

 

a)

Tirer une ligne : Puis de l'intersection des deux traiz volans de .c. je tyre la ligne .c.b. et la ligne .c.d. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 393).

 

-

Empl. abs. : Traces une ligne orthogonale de .h. en tyrant vers .g., de longueur indeterminee et soit equedistant a la ligne .j.k. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 176).

 

-

[Une voie, une tranchée (en la creusant)...] : La tranchée que les gens du roy avoit faicte estoit fort longue, tyrant vers Paris, et tousjours la tyroient avant et gectoient la terre de nostre costé pour se taudir de l'artillerie (COMM., I, 1489-1491, 62).

 

-

[Une image, une représentation (en la créant)] : ...Non pas en char, mais en painture, Que l'en tire mon estature D'encre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 141).

 

.

Tirer au vif / sur le vif : Si tost qu'il fut entré, trouva une teste de loup, laquelle estoit de marbre faicte et taillee par curieulx et industrieux artifice, car elle estoit tiree sur le vif si proprement que on eust peu dire, au premier sault, que la dicte teste estoit toute vive. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 74). Autres [tableaux] de plusieurs personnaiges tirez au vif (Doc. 1499. In : Le Roux de Lincy, Bibl. Éc. Chartes 11, 1849-1850, 169).

 

b)

Tirer une meule. "Garnir (la surface active de la meule) de rayons et de rainures"

 

Rem. Doc. 1414. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 909.

D. -

Au fig.

 

1.

Tirer qqn

 

a)

"Entraîner, attirer qqn" : Car, s'il eschappe ainsi delivre, Il pourra autres nacions Tirer par predicacions (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 231). ...le comte de Charolois (...) avecques sa noble compaignie, chevaliers et escuiers, tira les coeurs et les yeux en admiration de son riche arroy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 45).

 

b)

Tirer qqn qq. part. "Attirer qqn qq. part" : ...puis faignant d'avoir paour fist tant que en fuiant il tira les ennemis jusques la ou l'embusche estoit assise (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 103).

 

-

[D'une chose] : ...je y suis amoureux [en Brabant] voirement. Et a ceste cause m'y tire le cueur tant roiddement et si fort que je faiz doubte que force me sera d'abandonner vostre Barrois. (C.N.N., c.1456-1467, 175). ...ce bon chevalier se trouva en une bonne ville en Alemaigne, pour aucuns affaires qui l'y tirerent (C.N.N., c.1456-1467, 428).

 

-

Tirer les chiens. "Rallier les chiens (à celui qui crie)" : Et, s'il oit que aucun de la venerie le forhue, ou avec le change ou sanz le change, il doit laissier tout et ferir de l'esperon droit la et y tirier touz les chienz qu'il a (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 205).

 

c)

Tirer qqn à

 

-

Tirer qqn à qqc. "Entraîner qqn à, vers qqc." : Lors respondirent li tirans, A la mort Daniel tirans : "Rois, or saches certeinnement Que Daniel communement Aoure son dieu a genous Trois fois le jour. Chascuns de nous Le scet, l'a veü, l'a prouvé..." (MACH., C. ami, 1357, 38). À joie me tire Espoirs, Diex li mire ; Et si me fait rire, Quant sui en tristour, Car il me vient dire, Quant mes cuers souspire : "Lay triste matire, Ton dueil et ton plour, Retourne en baudour..." (MACH., Lays, 1377, 418). Lazer, mon amy, mon bon frere, Comme sçavés, nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer, Fin que puissions admeriter Le saulvement de nostre arme. (Pass. Auv., 1477, 133). Je le vueil veoir, car son amour m'y tire. (Berg. agn. France L., 1485, 39).

 

-

Tirer qqn à mal. "Entraîner qqn au mal" : Et dient les docteurs que Dieu leur fit grant cortoisie, car leurs parens lez eussent tirez a mal. (GERS., Pent., p.1389, 80).

 

-

Tirer qqn à + inf. "Conduire, amener qqn à" : ...d'acueil si gracieux que tiroit à lui amer princes, princepces, chevaliers, nobles et toutes gens, qui le frequentoient et veoient. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 154).

 

-

Qqc. tire qqn à fin. "Faire mourir qqn" : ...il fault que vous montez sur elle et que vous la roncynez (...). Aultrement ne sera point estaincte la grand ardeur qui la seche et tire a fin. [D'un médecin, au mari d'une femme "malade"] (C.N.N., c.1456-1467, 136).

 

-

Tirer qqn à soi. "Attirer qqn de son côté" : Cil quy par ce fleuve a luy tire Ceulz qui y passent sagement (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 54). ...et predist plusieurs choses, moult bien à la verité, au moïen desquelles choses, iceulx Veniciens le tirerent par force d'argent à eulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 155 r°).

 

.

[De Dieu] "Amener, attirer qqn à soi (dans une démarche spirituelle, mystique)" : Je veulx servir a l'esperit, Lequel, mon Dieu, estoit perit, Si ne m'eussiés ad vous tiree. (Pass. Auv., 1477, 150). O bon Jhesus, a qui je croy, Qui m'as ce jour a toy tiré, Quant tu pendies a le croix, Benite soit ta charité ! (Pass. Auv., 1477, 252).

 

.

Tirer qqn en paradis : ...Affin que puissons sans faintise Tellement Jhesucrist honnorer, Qu'en paradis lasus nous tise Pour pardurablement regner. (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 418). [Forme due à la rime]

 

d)

Tirer qqn (hors) de qqc. "Délivrer qqn d'un état pénible" : ...avance toy, mon chier enfant, qui jadiz estoyes la joye de tout mon cuer, haste toy pour moy secourir, pour moy tirer et delivrer de ce tres doloreux tourment (GERS., Déf., 1400, 227). Et puez delivrer et tirer hors, moy, ceste povre chartriere, moy, ta povre mere jadis, qui a present est mise et gettee toute en affliction. (GERS., Déf., 1400, 227).

 

2.

Tirer qqc.

 

a)

Tirer qqc. à

 

-

Tirer qqc. d'abstr. à soi. "Amener vers soi" : Et pour ç', amis, je te chastoi Que les vertus tires a toy, Et s'en lay toutes autres choses, Car plus souëf sentent que roses, Et richesses et vices puent, Si qu'ame et corps a un cop tuent. (MACH., C. ami, 1357, 70). ...et tirans a luy les aornemens du royame... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 45).

 

-

Tirer le dé à Dieu. "Avancer, amener le dé (?)" : ...cela me rend lorche ["cela me fait perdre la partie"] ; C'est à Dieu trop tiré le dé. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 172).

 

-

Tirer qqc. à qqc. "Amener qqc. à qqc." : ...je tire à conclusion cest present dittié (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 27).

 

-

Tirer qqc. en exemple. "Faire de qqc. un exemple" : ...car le menu peuple (...) tire tantost la vie des plus souverains en exemple. (Bouciquaut L., 1406-1409, 414).

 

-

Tirer qqc. à + inf. "Mener, conduire qqc. à" : Monsigneur, se Dieus me doint joie, A vëoir plus vous desiroie Que signeur qui fust en ce monde Pour le bien qui en vous habunde. Et tous les jours en oy tant dire Que raison ma volenté tire A vous amer et oubeïr Et a vous volentiers veïr. (MACH., F. am., c.1361, 187).

 

b)

Tirer qqc. de

 

-

Tirer qqc. de qqn. "Obtenir qqc. de qqn" : ...je suis par force de travail si rebouté qu'on ne tireroit point de moy une lyeuette de chemin (C.N.N., c.1456-1467, 207).

 

.

"Obtenir qqc. (des renseignements) de qqn en le sollicitant avec insistance" : Et pour ce que autre chose n'ay peu tirer dudit Bourdin, j'ay fait adjourner icellui Bourdin aujourduy samedi XVIIIe jour dudit mois, par Jehan Saumeur, sergent royal, à lundi prochain, à comparoir en personne par devant moy sur peine de bannissement de ce royaume et de confiscacion de corps et de biens. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 485).

 

-

Tirer qqc. de qqc. "Dégager (un profit, matériel ou autre) de qqc." : ...laquelle mine, veue et visitée par les dessus diz, ont dit et rapporté qu'il leur semble de prime face que la dicte mine ne vault gaires et qu'elle cousteroit plus à ouvrer que on n'en pourroit tirer, mais dient que si elle estoit leur, ilz feroient trier et séparer la dicte mine qui est de diverses sortes et en feroient faire des essaiz et celle qui trouveroient estre la plus prouffitable le mectroient en empure et que autrement ne le sauroient estimer ne apprécier. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 325). ...toudis se treuve recullé en soy avanchant et du naturel cours de vertu en soy ensievir dont tous les haulx hommes du monde de jadis ont tiré aulcun fruit, ly seul en demeure frustré et n'en peut tirer effect. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 139). ...de povreté et d'affliction desesperables ont tiré glorieuse fin et victoire. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 145).

 

.

Tirer argent de qqc. "Obtenir une certaine somme d'argent de la vente de qqc." : Et au regard de dix huit cens quatre vins quintaux treze livres de plomb qui sont dessus desclairées en l'inventaire, en ce compris ce qui en a jà esté vendu, dont Briçonnet a receu l'argent, ilz n'ont point encores esté mis à pris pour le Roy pour ce que on essaiera de les vendre à marchans le plus que on pourra pour en tirer argent. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 318).

 

Rem. Peut-être faut-il placer ici l'ex. suiv. (sinon la prép. de s'expliquerait difficilement) : Mercy de prince esperer (...) Aujourd'uy est de mal tirer, Car elle est trop parfont fondée. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 4).

 

.

Empl. abs. "Récolter un profit" : Pour ce que chascun ne s'assemble Et au commun bien ne s'applique, Ains pour lui tire, have et emble, Mal va vostre chose publique. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 103). Ce fut assés tiré pour ung hutin ["C'était récolter assez en guise de salaire"] (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 116).

 

c)

Tirer qqc. après soi. "Entraîner qqc." : Le temps tire apres lui toutes choses morteles, et ainsy comme le ciel tourne, semblablement nostre vie court apres lui. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26).

 

d)

Tirer qqc. jus. "Rabattre qqc." : ...il li convient Donner un plus aigre martyre, Qui sa force et sa jangle tire Jus de tout point. (Mir. st Ign., 1366, 88).

II. -

[Le mouvement (au propre ou au fig.) est effectué par le suj.]

A. -

Empl. intrans.

 

1.

Au propre

 

a)

[D'une pers.]

 

-

Tirer qq. part. "Se rendre, aller qq. part" : Li rois manda grant multitude Des princes et des gouverneurs De son païs, grans et meneurs. Princes, juges, dus et tirans Furent tuit celle part tirans. (MACH., C. ami, 1357, 19). ...[il] la fuyoit comme tempeste ; car, s'il l'eust sceue en une place, jamais n'y eust tiré, mais tousjours au contraire. (C.N.N., c.1456-1467, 489). ...essuant ses yeux de ses pleurs, tira vers la tombe (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 81). Tirons par dela, a l'escart. (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 64).

 

.

Tirer à / en. "Se rendre, aller à, en" : Madame, qui de ses amours premieres ennuyee estoit, dist qu'elle estoit travaillee et que on tirast a l'ostel. (LA SALE, J.S., 1456, 275). Lors le seigneur de Saintré print soubz le bras Madame et en sa chambre et ses femmes mena, aussi damp Abbé tira en une autre (LA SALE, J.S., 1456, 292). ...icelui Jehan, acompaigné de ung nommé Jehannin Baudot et d'un autre, nommé Jehan Lorette, tiroient de Gorze au lieu de Fou (Lettres rémission René II P.D.H., 1477, 109). ...au XVIIe jour que Dieu fist apparoir l'arc ou ciel, en signe de promesse que jamais ne seroit deluge par eaue, et partirent la terre en trois parties et chacun d'iceux tira en sa partie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 14 r°). ...puis tira en l'isle de Pathmos, où il tua l'orrible monstre, qui mengeoit les hommes et les bestes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°). Cestui jugea sur une commecte, qui apparut sur Paris, l'an 1465, le Ve jour après que le roy Loys se fut parti pour tirer à Orleans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°). Lequel jour il fit acoustrer ses gens tous pres a partir et se mettre en voye pour tirer a Lyon. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 323).

 

.

Tirer (en) telle ou telle part. "Aller de tel ou tel côté" : Checun de vostre part yra Si toust que vous vous partirez Et pour tant en la part tyrez Dont vous nous faictez mencion. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 425). Et pour aller secourir le Roy et le royaume se leva de son dit siege pour tirer la part où les ditz Angloys tireroient (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 15).

 

-

Tirer (plus) avant. "Continuer sa route, avancer" : ...ilz ne laisserent point pourtant que ilz ne tirassent avant en paÿs (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 178). Tirés avant et cheminez autre erre (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 122). ...Qu'il eust besoing d'ung coup de fouet Pour le faire tirer avant. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 275). Sus, Nolly sus, tire avant, tire ! (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 101). ...au partement de son armée pour tirer plus avant, vous et les cappitaines qui sont par deça estes délibérez de mettre le feu ès faulxbourgs de la ville de Vitré (Cartul. Laval B., t.3, 1488, 354). ...après la victoire (...) et les prinses des villes de Fougieres, de Dinan et de Saint-Malo, il nous estoit facille tirer plus avant et mectre le surplus dudit pays en nostre obeissance (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 236). PREMIER [TIRANT]. Sa, sa ! SECOND [TIRANT]. Il vous fault manÿer ! TIERS [TIRANT]. Marchez beau ! QUART [TIRANT]. Or tirez avant ! PREMIER [TIRANT]. Sans plus l'allee denÿer, Vuydez a coup ! SECOND [TIRANT]. Devant ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 347).

 

-

Tirer contre. "Aller du côté de, dans la direction de" : Samedi, .IIII. jour d'avril, le roy au dict Napples ouyt la messe a la Nunciade, et disna en son logis. Et aprés disner alla jouer devers la mer du costé du marché, en tirant contre Calabre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

-

Tirer outre. "Continuer sa route (dans telle direction, vers tel endroit)" : ...puis lui dist adieu et puis tira oultre. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 7). Et par ainsi les chevaliers tirarent tousjours oultre jusqu'a Digon (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 31). Enfans, il nous fault tirer oultre. Levés sus, et dirons nous graces. (Pass. Auv., 1477, 156).

 

-

Tirer à qqn. "Se diriger vers ou contre qqn" : Car, tirant a luy, as visé A le tuer visiblement. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 112).

 

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Tirer après qqn. "Chercher à rejoindre qqn" : ...messire Simon d'aventure, qui s'en venoit de l'Escluse de veoir sa femme, alla tyrant raddement aprés messire Anthoine de Rocebaron et les aultres (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 217).

 

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Tirer vers qqn. "Aller vers qqn, dans la direction de qqn, aller à la rencontre de qqn" : Des Seraines les chancons belles Oy [Ulysse], et ne tira vers elles. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 225). ...le procureur (...) survint, et marche avant pour tirer vers son clerc, pour regarder qu'il escripvoit (C.N.N., c.1456-1467, 153). ...ledit suppliant tira vers lesdiz marchans tant qu'il peut et parla à eulx, ainsi qu'ilz s'efforçoient de passer, avec lesdiz chevaulx et marchandises par ladicte achenau (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 266).

 

.

Tirer vers la part de qqn : Car par li einsi m'atiray Crueusement et martyray, Quant premiers vers sa part tyray, Si que plus chier à partir ay Li que j'en face departie. (MACH., Lays, 1377, 312).

 

-

Tirer après qqc. "Suivre qqc." : Ilz tirent, Au vouloir Dieu et son aïde, Aprés l'estoille qui nous guide. Dieu doint qu'a bon port nous admaine ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 81).

 

b)

[D'une chose en mouvement] "Aller dans telle ou telle direction" : Ainsi [les navires grecs] s'en vont, tirant vers Grece (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 244).

 

-

Au fig. Tirer à. "Se diriger vers" : SAINCT MARTIN. (...) A mes prieres ton plaisir soit d'entendre Puisque congnois le poinct ou je veulx tendre, Et tire a toy ma deprecacion ; Car pour du tout en ta grace m'actendre, Las, on m'a fait en ce lieu cy estandre, Lequel est tout remply d'infection ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 248).

 

c)

[D'une pers., d'un animal, sans compl. de destination] "Aller, avancer" : Lievres fuient en diverses manieres, quar aucunnes fuient tout droit, tant comme pourront tirer, une ou deux lieues, puis fuient et refuient sus elles et demeurent, quant plus ne peuent, et se font prendre (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 79). Se longuement ainsi tirons, Tantost en arons vive enseigne. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 426). Et ainsi coururent ilz par celle forest l'un devant l'autre jusques au soir que le soleil esconssoit, tant que leurs chevaulx pouoient tirer (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 232). ...et s'en va tant que son cheval puet tirer (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 173). Ung homme negociateur (...) avoit (...) ung cheval et ung asne, lesquelz il chargeoit de plusieurs marchandises (...). Le cheval, qui peu chargé estoit, (...) tiroit tres diligemment pour gagner la maison (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 78).

 

-

[D'un oiseau] "Voler" : Et quant le faucon qui vole est enmi son haut, il doit oster le chaperon a son faucon nouvel, et se il bat pour aler a l'autre, il le doit lessier aler, si tirera contre le vent droit a l'autre contremont (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 191). Et aussi les herons les virent Qui tournent court et amont tirent (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 168).

 

-

Tirer de l'aile. "Fuir" : Et le dit turbot tyroit de l'ayle tant que luy estoit possible pour eviter les dens et morsures du dit dauphin. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 81).

 

-

Au fig. "Se mouvoir, se trouver (dans tel ou tel état)" : Car ma bouche ne peut parler, N'a paine le corps endurer La gresve langueur ou je tire (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 209).

 

2.

P. anal.

 

a)

[D'une chose immobile] Tirer en / sur / vers qqc. "Être orienté vers, se rapprocher de, avoir telle ou telle direction ou destination" : À Nicolas Gienot, consierge du jardrin d'Aix, le XXe jour de juin, la somme de cinquante florins pour convertir et employer à faire paver la court et encommencer une gallerie qui part de la chambre du roy, et va le long du jardrin, tirant en la cuisine de son hostel d'Avignon (Comptes roi René A., t.1, 1478, 26). Le colliege du Roy est à Paris, entre la rue de la Herpe et Saint Severin, ou milieu de la rue de la Parcheminerie, tirant vers la conservacion et sont diz les bourciers du coliege de astrologie et medicine, escoliers du Roy. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 r°).

 

-

Tirant à / vers. "Situé près de, proche de, du côté de" : Or y avoit en Champaigne, emprès Troyes, tirant vers Barrois, une place nommée Chappes (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 43). La tranchée que les gens du roy avoit faicte estoit fort longue, tyrant vers Paris, et tousjours la tyroient avant et gectoient la terre de nostre costé pour se taudir de l'artillerie (COMM., I, 1489-1491, 62). ...car la premiere habitacion fut près Jherusalem, entre Hebron et Betheleem, tirant vers le 7e climat où elle procede, duquel la longitude est 46 degrés (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 11 v°). ...Et la planta gayement son enseigne, Car il y a une belle petite ville, Et bon chasteau fort tirant a montaigne, Qui appartient a messire Virgille. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 228).

 

b)

[Idée de ressemblance]

 

-

[D'une couleur, d'un parler...] Tirer sur. "Avoir quelque ressemblance avec (une autre couleur, un autre parler...)" : Quant Luces eut entendu les parlers de la dame qui tiroient sur le rommain ["dans une langue proche de celle des Romains"], il en devint tout esbahi (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 487). La XIIIe maniere est la chair de tremulus, lequel est ung oyseau qui se tient pres de la mer, et moindre en quantité que la poullet, et est de couleur tirant sur noir, et vole hault et legierement (Rég. santé corps C., 1480, 71).

 

-

Tirer en. "Ressembler à, se rapprocher de" : ...une matiere de plus orbe lueur tirant en maniere et fachon de femme (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 565).

 

-

Tirer après. "Ressembler à" : ...Rosiers, cyprés, gardinaiges et prés Tirans aprés ung petit paradis (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 281).

 

3.

Au fig.

 

a)

[D'une pers.]

 

-

Tirer à qqc. "Viser à qqc., aspirer à qqc., tâcher d'atteindre, rechercher qqc." : Or puis je moult bien sus ces dis Qui ci devant ont esté dis Faire un po de comparison A mon pooir sans mesprison. Pour certein, le cas le desire, Et d'autre part mes cuers y tire. (MACH., D. Aler., a.1349, 398). De nuit, en estudiant, veille, Et puis de jour, son corps traveille En travail ou li bons s'atire Qui a honneur traveille et tire. Einsi va son corps deduisant Toutes heures en bien faisant. Si fais estas donne couleur De maintenir homme en valeur. (MACH., J. R. Nav., 1349, 158). Car cils qui fait premierement Honneur, on dit communement Qu'il a la grace dou bien fait, Nom pas cils a qui on le fait ; Et plus va a amour tirant Cils qui preste que cils qui rant. Einsi est il de tous services Et aussi de tous malefices : Car qui d'autrui grever se peinne, Certes, il doit porter la peinne. (MACH., J. R. Nav., 1349, 252). ...Monsigneur Jehan de Rochefort, Qui est Bretons et tire fort À haute honneur et soir et main ; Monsigneur Jehan de Sovain, Qui est Engevins, là estoient, Et nuit et jour se compaingnoient (MACH., P. Alex., p.1369, 143). LE DUC DE NORMENDIE. Robert, a quoy tens tu, ne tires ? Il me semble que tu empires Et vaulx pix hui que devant hier. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 3). ...Afin de courir et fluer Et derechief continuer Son delit et son desirer Ou ce a quoy il weult tirer. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 54). Vëoir n'oïr ne puis riens qui destourne Moy ne mon cuer, quel part que face tour, Qu'à vous toudis ma pensée ne tourne Et que vostres ne soie sans retour. Si que de loing voy vostre cointe atour Et vo gent corps où il n'a riens à dire. Pour ce toudis ma pensée à vous tire. (MACH., L. dames, 1377, 212). N'à riens ne tir Fors que tost morir, Quant languir Et gemir M'estuet main et soir. (MACH., Lays, 1377, 444). ...à riens ne tir Qu'à servir Et cherir Ma dame, à qui tous me doing. (MACH., Lays, 1377, 453). Quelque semblant que la maistresse long temps a son clerc eust monstré, qui tiroit fort au train de derriere, si luy avoit jeunesse et crainte les yeulx si bandez (C.N.N., c.1456-1467, 151). ...et estoit dit lors que celle volonté que le roy Loys avoit lors, tirant à paix, se mueroit temprement en autre condition (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 225). ...car ce malvais tirant Nous fera, s'i peut, renoyer La creance ou je suis tirant. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 18).

 

-

Ne tirer qu'à une. "Suivre une seule direction ou suivre une seule idée" : ...[ils] monterent a cheval et de plus belles s'en vont querans les lievres. Et le bon chevalier, qui ne tiroit que a une, menoit tousjours la brigade le plus qu'il povoit arriere de la bonne ville ou ses compaignons avoient grand vouloir de retirer. (C.N.N., c.1456-1467, 475).

 

-

Tirer à la fin / à la mort. "S'acheminer vers la mort" : Et tousjours tyre a la mort (Pac. Job M., c.1448-1478, 347). Message sur aultre venoit vers luy, car sa bonne mere, qui tiroit a la fin, le vouloit veoir (C.N.N., c.1456-1467, 460).

 

-

Tirer à (une science). "S'orienter vers (une science)" : Cestui, lui estant à Boulongne et à Pavie, a vacqué ès jugemens particuliers longtemps, comme je lui ay oy dire, mais, pour ce que ne sont "de pane lucrando", il a tiré à la pratique de medicine et touttefois est bien erudict en la science astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 165 r°).

 

-

Tirer qq. part. "Aspirer qq. part" : Briefment, il n'avoit d'argent cure Ne riens qu'onneur ne desiroit. La ses cuers seulement tiroit. (MACH., C. ami, 1357, 104).

 

-

Tirant à qqc. "Ayant en vue qqc., par égard à qqc." : Toutes-voies le duc Philippe de Bourgongne, tirant à la haute nature de son rang, le visita souvent, et avec dues révérences (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 160).

 

-

Le coeur tire (à qqn) vers qqc. / qq. part. "Le coeur de qqn est attiré qq. part" : Elle voit bien par le sentense Que mon coer aillours tire et pense. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 142). ...en son langage luy donna assez a cognoistre que le cueur luy tiroit fort devers Brabant. (C.N.N., c.1456-1467, 175).

 

-

Tirer à qqn. "Être attiré par qqn, chercher les faveurs de qqn" : Et pour l'amour d'une seule a cui tir... (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 153). Car tous jours tire a vous, par m'ame, Par le grant desir qui m'enflame (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 121).

 

-

Tirer du costé de qqn. "Se rallier à l'opinion de qqn" : Tant bien compta sa cause que son mary tira de son costé, et fut content que l'on feist citer nostre nouveau maryé (C.N.N., c.1456-1467, 499).

 

b)

Tirer à / de + inf. "Chercher à, viser à, tendre à" : Et tousjours tirer devez De combatre en leur pais (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 340). ...autrui chose, soit maison, heritage, ou quoy que ce soit, je ne tyre a avoir frauduleusement (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 123). ...yceulz tirans (...) Sont a destruire tous tirans. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 141). Si fault que chascun de nous tire De le suivir diligemment. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 170). Et trop fort tire A villipender mon reame. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 20). ...je tire A garder en tout vostre honneur (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 103). Amis de Dieu, ung chascun tire De Dieu prier (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 386). ...tresconvoiteux estoit et homme de grand diligence, et qui fort tiroit d'acquerre et gaigner. (C.N.N., c.1456-1467, 289). ...à prendre l'eau pour seoir à table [pour faire la toilette des mains] (...) Par quoy, tout jeusne comme il estoit et bien enseigné, tira le dit comte à laver avec luy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 312). Si fault que chascun de nous tire A l'ensuyvre par toute voye (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 131).

 

-

Tirer pour + inf. : Amy, vis ["avis"] m'est que ton cuer tire Pour ce fleuvë aval aler (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 58).

 

c)

[D'une chose] Qqc. tire à qqc. "Tendre à" : ...De mon desir qui tire au jour Que ma dame temprement voie. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 135). Brief, je n'ay membre qui a mort si ne tire. (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 66). ...le mistère en seroit ou trop long pour escrire ou trop tirant à vanité d'en faire le conte (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 6). ...mais y ot entre eux depuis longuement diverses questions et difficultés moult dangereuses et dont les fins ne tiroient qu'à tribulation (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 450). ...celuy par qui tout pouvoit tirer à mal ou à bonne yssue (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 15). ...et la saison tiroit fort à l'iver (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 33).

B. -

Empl. trans. [Empl. trans. avec objet "interne"]

 

1.

[D'une pers.]

 

-

Tirer son chemin (à / vers). "Poursuivre sa route (à / vers)" : ...il monta a cheval et se partist tirant son chemin a la très povre cité de Linterne (LA SALE, Sale D., 1451, 255). Et en tirant mon chemin, ay passé par Moulins en Bourbonnois, où j'ay trouvé monseigneur de Culant (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 649). La chambriere, tirant son chemin vers l'ostel du curé, trouva le piege (C.N.N., c.1456-1467, 354). Et lors fut refusée l'entrée d'aucunes places au Roy et à monseigneur le connestable en tirant leur chemin (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 174).

 

-

Tirer les champs. "Poursuivre sa route à travers champs" : Et bien pou après se deslogea ledit Venables et sa compaignie de ladite abbaye de Savygny, et se mist à tirer les champs ès marches de Normendie et du Maine. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 176).

 

-

Tirer pays à / vers / pour. "Poursuivre sa route à / vers / pour..." : Oudit an y avoit une grant compaignie d'Angloiz et de Bourguongnons assemblez (...) lesquels tiroient pays pour aller mettre aucun siège ou autrement quérir leur advantaige. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 128). ...elle ira veoir s'elle orra nulles nouvelles et tire païs vers l'ostel du curé. (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

.

Tirer avant le droit chemin qq. part. V. chemin

 

2.

[D'une chose]

 

-

Tirer tant. "Mesurer tant" : Et pourtant divise 25 par 6, si auras 4 1/6 qui adjoustez avec 6, montent 10 1/6 ; et tant tyre le dyametre d'icellui cercle. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 294).

C. -

Empl. pronom.

 

1.

Au propre

 

a)

Se tirer qq. part. "Se rendre, se diriger qq. part" : Car contre luy est malement (...) dont ensus se tire (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 228). Nous avons trouvé compaignie Qui se tire a nostre chemin. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 80). Le petit Saintré, quant il fut bien loing de la chambre, se tira a un costé et regarda de ça et de la se nul le veoit (LA SALE, J.S., 1456, 51). [Contexte métaph.] ...du renc des jaloux [le mari] se tiroit tresprès du hault bout (C.N.N., c.1456-1467, 92). [il] se tira par devers la justice du dit Londres, devant lequel fut baillé jour a nostre homme (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...[le mari] se tira vers le lieu ou ce beau deduit se faisoit. (C.N.N., c.1456-1467, 432). Les armes furent achevées, et se tira tantost chacun vers ses brebis (C.N.N., c.1456-1467, 483). [La beste est] Soubz ses buissons. Les chiens ne s'i ausent tirer. (Pass. Auv., 1477, 143). Au moyen de quoy plusieurs de bonne heure se tirerent ès autres parties salubres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 38 r°). ...son dit cheval se tira tout a cop pres du dit puiz si soubdainement que le dit homme cheut en icelluy puiz et fut noyé (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

-

"Se tourner qq. part" : Amis, se bien te vues vëoir, Fai tant qu'aies le mirëoir D'onnneur adès devant tes yeus En tous estas et en tous lieus, En tous fais et en toutes ouevres, Et garde qu'onques ne le cuevres, Si qu'adès voies clerement D'onneur le bon enseingnement. La te resgarde, la te mire, La estudie, la te tire, La met cuer et corps et entente, La soit ton adresse et ta sente ; Car de toutes les fleurs c'est celle Qu'est la milleur et la plus bele. (MACH., C. ami, 1357, 139). Là me confort, Là seulement me deport, Là sont geté tuit mi sort Et là me tir ; Là vueil je vivre et morir Et là m'acort ; Là seront tuit mi ressort Jusqu'au morir. (MACH., Ch. bal., 1377, 615). Là m'ottroy, Là porter foy Vueil bonnement ; Là vueil amoureusement Vivre et morir ; Là me tir, Là mi desir Sont, là m'employ, Là meint tous le cuers de moy Entierement (MACH., Lays, 1377, 430).

 

-

Se tirer à / vers / devers / envers qqn. "Aller vers qqn, s'adresser à qqn" : Directement envers moy se tira (Compl. lion G., c.1470, 296). Jeunesse je veulx mespriser Et despriser, Pour mieulx suyvre vie virtueuse. Pour ce me suis voulu tirer, Pour m'adviser, A Jhesus, qui a voix gracieuse. (Pass. Auv., 1477, 118). ...si tost que les dis eschevins en auront cognoissance, soit par la plainte des injurréz ou dampnifiéz ou autrement, qu'ilz se tirent devers le cappiteine et gouverneur de nos dites ville et Cité, lequel fera ou fera faire par aucun ou aucuns des dis eschevins information sur les cas (Hist. dr. munic. E., t.1, 1481,,, 463). ...craignant la fureur d'icelui empereur, se voulut absenter de la region occultement, si se tira à conseil, pour ce faire, devers ung grant astrologien, nommé Alhaten (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

 

.

[De la prière] : ...Dieu, nostre sire, Vers qui ma prïere se tire (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 58).

 

-

S'en tirer vers. "Se diriger, s'en aller vers" : Ilz se rengerent en bataille fermee, Qui fut a eulx besongne assez facille, Et s'en tirerent vers l'isle de Cecille (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

Se tirer arriere. "S'éloigner, reculer" : Arriere mais adonc me tire, Et en moi tirant je souspire (ACART, Prise am. H., 1332, 47). La royne coups perilleux Leur depart de si grant maniere Que tous les fait tirer arriere (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 146). Sy vous tirez arriere tant qu'ilz soient tous passez. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 82). ..."tirez vous toutes arriere, car je le veul savoir." Et quant toutes furent bien arriere, Madame lui dist : "Or ça, mon ami, jusques cy je suis bien contente de vous..." (LA SALE, J.S., 1456, 58). Puis lui dist : "Tire toy arriere de ma clarté, car tu me ostes ce que tu ne me sauroies donner, c'est la challeur du Soleil, qui est aussi bien pour moy comme pour toy". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°). SAINCT MARTIN. (...) Retirez vous tous, car j'espere, Puisque sans baptesme il est mort, Moyennant de nous la priere, Qu'il passera ce dur remort. (Les freres se tirent ung peu arriere et se mectent a genoulx et sainct Martin aussi auprés du corps.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 381).

 

b)

Se tirer de qq. part. "S'extraire, se libérer de qq. part" : [Contexte métaph.] Mais mon Dieu, il n'est point en moy de me tyrer hors de la mer perileuse de mauvaise accoustumance de pechié (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 87). Le pouvre martir estant soubz le lit, a peu s'il s'osoit tirer de la, doubtant le retourner de son adversaire (C.N.N., c.1456-1467, 52). Il fut longtemps la teste en ce retraict (...). Neantmains, après ce bon coup, sa toux le laissa et se cuida tirer dehors ; mais il n'estoit en sa puissance de soy ravoir. (C.N.N., c.1456-1467, 437). ...et m'a aidié a tirer hors de la presse. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 44).

 

c)

Empl. abs. (Se) tirer. "S'en aller, quitter les lieux, se retirer" : Il n'i a vile ne cité Ou boben, orgueil ne se monstre. Trop miex vausist tirer ["se retirer" ?] que rompre, Quar orgueil ceus confundera (...) Qui s'efforcent de monter haut (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 123). [Morawski, 1290, var.] Donc iceluy patron et ses gens, pource qu'ilz estoient les plus foibles, se tuerent [se tirerent ?] (LA VIGNE, V.N., p.1495, 300).

 

Rem. Tuerent ne peut convenir. Mais peut-être faut-il lire fuirent ? L'ex. de LA VIGNE est donc sujet à caution. D'après FEW VI-1, 409b, s.v. martyrium, se tirer au sens de "s'en aller" est att. dans les Quinze joies mar. ; le passage n'a pu être retrouvé. Cf. aussi (mais il s'agit de la reprise de se tirer arriere) : Arriere mais adonc me tire, Et en moi tirant je souspire (ACART, Prise am. H., 1332, 47).

 

2.

Au fig.

 

a)

"Se rapprocher de" : Ce saint hermite, qui de son coup a la mort se tiroit, n'estoit pas mains luxurieux que ung vieil singe est malicieux (C.N.N., c.1456-1467, 97).

 

-

Se tirer à / vers qqn. "Se porter vers qqn" : Cils qui vuet aucun art aprendre A douze choses doit entendre : La premiere est qu'il doit eslire Celui ou ses cuers mieus se tire Et ou sa nature l'encline ; Car la chose envis bien define Qu'on vuet encontre son cuer faire, Quant Nature li est contraire. (MACH., R. Fort., c.1341, 1). Puis qu'on voelt ceste marier A cui mon coer se voelt tirer, Je ne le poroie souffrir. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 88).

 

-

Se tirer vers qqc. "Avoir recours à qqc." : Je vouloye .5. par quoy je me tyre vers la rigle de trois en disant se .2. me sont venuz de .48. de combien me viendront .5. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 639).

 

b)

Se tirer à + inf. "Tendre à, s'appliquer à" : Car a toy servir je me tyre. (Prières saints R., t.2, 1480-1500, 152).

 

c)

Se tirer de

 

-

Se tirer d'un mauvais pas : Et entre tous ceulx que j'ay jamais congneu, le plus saige pour soy tyrer d'un mauvais pas en temps d'adversité, c'estoit le roy Loys unziesme, nostre maistre (COMM., I, 1489-1491, 67).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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