I. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[Mouvement vertical ascendant et/ou descendant]

1.

Empl. abs.

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"Sauter" : LE FOL. (...) Et say bien saillir et troter Tost et menu. (Mir. parr., 1356, 47). ...Il [l'homme qui a bu] dance, il bale, il tumbe, il saust, Il cuide que nul ne le vault. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 154). ...car ilz [les autres mouvemenz] different en espece selon les termes dont ilz sont et es quelz ilz tendent et selon diverses especes et manieres de mouvoir, comme sont voler, aler, saillir et teles choses. (ORESME, E.A., c.1370, 505). Les uns saillent, les aucuns luttent, les autres gectent la pierre ou la barre de fer ou la lance ou la darde. (ARRAS, c.1392-1393, 178). Et le jayant avoit trois marteaulx de fer en son sain, et en prent l'un et le giette a Gieffroy par grant ayr ; et le frappa sur le manche de la mace, auprez des poings, si qu'il lui fist voler des mains, et sault et la lieve de terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Dyables courans, diables cornus, Diables sallans, diables sornus... (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 15). Vous yrés aux festes, aux dances, Saillir, saulter, bondir en l'air, Courir et vous faire valoir, Sans que nulluy s'y oppose. (P. moyne, a.1500, 46).

-

"Danser en sautillant, danser en faisant des sauts ; danser" : Quel dyable as tu ? Com tu t'envoises, Et com tu saus, et com tu bales ! (Mir. emp. Julien, 1351, 183). HERODE. Gardez se gentement s'esbat [une fille] ! Esse bien sailly a devis ! Que vous en semble ? (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 163). ...Bon corps pour faire la gambade, Saillir, sauter, par long, par lé (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 319).

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P. métaph. "Avoir une attitude enjouée, vive"

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[D'une jeune fille] : Le pouvre home voit et regarde une fille ou deux ou trois, qui sont prestes a marier, et leur tarde, car on le cognoist ad ce qu'elles sont tourjours jouans et saillans. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 27).

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[D'un animal] : ...Vers luy s'en est coru [le lion] Qu'il n'y est atargiés, De luy fut a celle heure si forment festïé Et salloit et treppoit, bien sembloit marvoyés (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 369). ...elle [la baleine] mist en front ung petit dauphin qui salloit et volletoit tout a l'environ de la gallee (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 88). Et n'est poisson en la mer plus legier de luy, car souvent en saillant, ilz transvollent et passent par dessus les navires. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 143).

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[Du vent] "S'élever" : En icelle vallee est ung trou merveilleux, car d'icelluy trou sault ung merveilleux vent, lequel est si fort et si puissant au sortir du dict trou qu'il soustient pierres, boys et tout ce qu'on luy gecte dedens le dit trou (LA VIGNE, V.N., p.1495, 264).

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P. anal. [Du coeur] "Bondir, battre fortement" : TIERS BRIGANT. (...) Mal sault mon cueur, j'en voy l'esperïence, Puisque mourir a deshonneur me fault. (LA VIGNE, S.M., 1496, 324).

2.

Saillir + adv.

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Saillir sus. "Se relever vivement" : Et Gieffroy, sans plus dire, fiert le cheval des esperons, et met la lance soubz le bras, et s'adrece vers le jayant quanque cheval puet courre, et le fiert de la lance au fer trenchant emmy le pitz, de si grant vertu qu'il le fist voler par terre, le ventre dessus. Mais le jayant sault sus, moult courrouciez. Et, au passer que Gieffroy fist, si fiert le cheval de la faux si qu'il lui trenche les jarrez derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 246). Le roy chancelle du grant coup et d'ung genoul a terre s'enclinat. Maiz tout [l. tost ?] sault sus et l'espee enpoingnat. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 113). Quant le chevalier se veyt chut en ce point, il sailly sus le plus tost qu'il peut (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 233).

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"Se lever (du lit)" : En celle tente estoit logié le roy Gallafrin de Damiette, qui sailli de son lit, et bien s'en cuida fuir par derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 228). Qant les nouvelles furent venues jusques au conte, il estoit tantos couchiés : il salli sus et s'arma legierement et envoia par ses varlés resvillier cevaliers et esquiers parmi la ville. (FROISS., Chron. D., p.1400, 353). ...il s'esveilla, et regarda que son compagnon estoit levé ; si pensa qu'il estoit tard, si sault sus tout en haste et saisit son pourpoint. (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...comme toute desesperée, saillit sus. [Elle vient de constater l'absence dans le lit de son mari, malade] (C.N.N., c.1456-1467, 367).

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[D'une chose] Saillir avant. "S'avancer (pour tomber)" : Et vous, mes dens, chascune si s'esloche, Saillez avant, rendez toutes mercy Plus haultement qu'orgue, trompe ne cloche, Et de mascher n'ayés ores soussi (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 76).

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Saillir aval. "Tomber" : Et pour tant que les prisonniers du grant Chastellet estoient garnis d'armeures et de traict, ilz se défendirent moult fort et navrèrent et occirent plusieurs merdailles de celle commune. Mais, lendemain par feu, fumée et autre assault, furent prins, et en firent, les dessusdiz, plusieurs saillir du hault des tours aval, et lesdiz Parisiens les recevoient sur leurs piques et sur les pointes de leurs bastons ferrez et puis les murdrissoient paillardement et inhumainement. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 270).

3.

Saillir + compl. prép.

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[D'une pers. ou d'un animal] Saillir au col de qqn. "Sauter au cou de qqn" : ...la jeune fille (...) luy saillit au col et le baisa plus de vingt foiz. (C.N.N., c.1456-1467, 348). ...voicy le chien Qui sans dire ne si ne rien Et me vient saillir au col (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 312).

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Saillir contremont à qqn. "Bondir vers qqn (pour lui faire fête)" : Et lors vindrent deux de ses chiens courans qui lui saillirent contremont, lui faisant grant feste, et il tressault comme uns homs qui yst de son dormir, et lui souvint de sa chasse... (ARRAS, c.1392-1393, 6).

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[D'un animal] Saillir dessus un autre animal. "Sauter par dessus (d'autres animaux)" : ...la presse des singes estoit sy grande que la singesse ne me peut approuchier ; sy se print a saillir dessus les autres (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 64).

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Saillir en l'air. "Sauter en l'air, s'élancer dans les airs" : Et lors [Mélusine] fist un moult doulereux plaint et un moult grief souspir, puis sault en l'air, et laisse la fenestre, et trespasse le vergier. (ARRAS, c.1392-1393, 260). ...et aprés sa reverence faite, riseement fist un tour en saillant en l'air, monstrant ses grosses cuisses pelues et velues comme un ours. (LA SALE, J.S., 1456, 281). Oudit temps, fut grandes nouvelles par tout le royaume de France et en autres lieux de une jeune fille de l'aage de XVIII ans ou environ, qui estoit en la ville du Mans, laquelle fist plusieurs folies et grandes merveilles, et disoit que le dyable la tourmentoit, et sailloit en l'air, crioit, escumoit et faisoit moult d'autres merveilles, en abusant plusieurs personnes qui l'aloient veoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 13).

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Saillir en qqc. "Monter ou descendre (selon l'endroit auquel on se trouve)"

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"Monter dans qqc." : ...li prinches salli en sa nef, et aussi fissent tout si chevalier, (FROISS., Chron. D., p.1400, 888).

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"Sauter dans qqc." : Lors se dreça en piés la roÿne erranment Pour saillir en la mer et noier a tourment (Tristan Nant. S., c.1350, 593). En la mer fust sallie se elle eüst espasse. Mez lez gloutons la tindrent, qui virent son courage. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 143). Marcius Curcius ne saillit il pas en la tresparfonde ouverture de la terre qui advint ou marchié de Romme, dont la cité estoit en peril, si ne se povoit combler, selon le dit des aruspices, sinon que la plus digne et noble chose romaine y feust descendue ? (CHART., Q. inv., 1422, 53).

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Saillir hors de qqc. "Sauter hors de qqc." : ...et ledit messire Thiaude qui estoit puissant de corps, et pareillement mis en pourpoint, se laissa choir assallir [l. à saillir] hors dudit batteau. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, a.1465, 414-415).

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Saillir jus d'une monture "Sauter à bas d'une monture" : Ses escuiers est la venus, Qui sault lors de son cheval jus (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 4). Lors sault jus du cheval appertement... (ARRAS, c.1392-1393, 25). Il [le cheval] sault toudis arier et Radus le brochat a la fin de champt ; et sailhit jus (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 182). ...il sailly jus de son cheval, puis tira son espee (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 260). Le chevalier saillit jus de son cheval vistement (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 6).

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Saillir par dessus qqc. : ...aucuns des estrangiers saillirent par dessus les murs de la cité de Paris derrier leur maison es fossez (BAYE, I, 1400-1410, 11).

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Saillir sur qqc. "Sauter sur qqc. (depuis un endroit plus élevé)" : ... toutes gens issoient de lors vassiaus et saloient sus le sabelon, car la mer estoit retraite, (FROISS., Chron. D., p.1400, 677).

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Saillir outre sur qqc. : ...li rois qui estoit de grant volenté, mist son piet sus le bort de la nef et salli oultre sus la terre ; et a ce que il fist son sault, li piés li gliça et chei si roit sus le sabelon (FROISS., Chron. D., p.1400, 677).

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Saillir sur une monture "Monter sur (une monture)" : ...se doit exerciter à saillir sus chevaulx tout armé et sanz mettre pié en l'estrief (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 208). Et pour le grant desir qu'il avoit de soy advancier, il sailli sus son cheval sans selle (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 38). Adont le preu Nestor sailli sur son cheval (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 264).

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En partic. [À partir d'une position assise] "Bondir hors de qqc." : A peine qu'il ne saillit de son siege hors du sens, quand il regardoit son curé estre habillé en guise de mommeur. (C.N.N., c.1456-1467, 532).

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Saillir en pieds. "Se lever vivement, se dresser" : ...il sault en piéz [Charles qui vient d'être mis à terre] et fiert Gerart de Durendal (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 30). ...nostre clerc (...) saillit en piez, assault sa maistresse et la reboute en sus de luy (C.N.N., c.1456-1467, 151).

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[Le compl. est un pron. adv.] "Monter qq. part (au ciel)" : Car il est chose bien notoire : Qui veult es haulx saincts cieulx faillir, La voye est si tresperentoire Qu'a grant payne y peult on saillir. (LA VIGNE, S.M., 1496, 152).

4.

[Avec un compl. d'obj. interne] Saillir des sauts : ...il n'a coursier en Espaigne, Combien que d'aler ne se faigne, Qui plus grans saux peüst saillir Quant se voit ainsi assaillir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 399). Mais tant plus l'approuchoit, tant plus sailloit le chevrot les saulz menus et se deduisoit au sieuvir sa mere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 928).

5.

Inf. subst.

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[D'un animal sauvage] "Se mettre debout"

.

Au saillir : Et se il sont en païs que l'en ne peut veoir au saillir, l'en doit lessier aler deus chiens ou trois pour le querre (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 68).

-

[Jeu] Saillir plus haut

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Jouer au saillir plus haut. "Jouer à qui sautera le plus haut" : Aussi en cest avenement Jeuiens nous au roi qui ne ment (...), A l'estuet et as reculees, Au mulet, au salir plus haut (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 55).

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[Aux échecs] "Déplacement" : Par vi especes de saillir Ne püent les eschecs faillir (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 129).

B. -

"Mouvement, déplacement plus ou moins rapide considéré principalement dans son origine et dans son terme"

1.

[D'une pers.]

a)

Saillir + adv.

-

Saillir avant. "Se précipiter en avant" : Par mon Createur, ne moy ne moyne qui soit ceans ne lui conseillasmes oncques. Lors sault Fromont avant, qui moult bien cuida appaisier l'ire de Gieffroy, et lui dist : Mon chier frere, par l'ame que j'ay a Dieu a rendre, il n'a personne ceans qui oncques le me conseillast, car je l'ay fait de moy propre, sans conseil d'autrui et par droicte devocion. (ARRAS, c.1392-1393, 251). ...mais il alerent trop avant, car li enbusque, laquelle messire Lois d'Espagne gouvrenoit, salli avant, et la furent rebouté chil de Hainbon moult durement. (FROISS., Chron. D., p.1400, 556). Signeur, nous trouverons la proie ja sus l'eure de prime, que chil de la ville bouteront hors ens es praiories ; et qant nous saudrons avant, il n'est riens si vrai que les Englois, qui sont chaut et hastieu, se bouteront hors pour le rescourre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 653). Le roy et tous saillent avant, Pour esgarder celle merveille. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 44). Et bon hoste de saillir avant, et de recevoir la compaignie comme il luy estoit enjoinct (C.N.N., c.1456-1467, 409). Sa femme, l'oyant en ce point, saillit avant, monstrant plus de semblant d'effroy qu'elle ne sentoit beaucop (C.N.N., c.1456-1467, 438).

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[D'une chose abstr.] "Se manifester" : ...quant elle se commença a refroidier, ses anguoisses et ses paines saillirent incontinent avant (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 244).

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Saillir dedans qqc./qq. part. "Se précipiter dans qqc./qq. part" : Et, par ma foy, se vous aviés loué Morpheus .X. milles mars d'or, si ne vous porroit il mieus servir qu'il vous sert ; car si tost comme la chandele est estainte, il saut en place et se figure en toutes manieres qui me doient et peulent plaire, comment que Paours m'esveille aucune fois, en disant : "Longue demouree fait changier ami." (MACH., Voir, 1364, 520). ...veez cy bon Escossois qui retourne et monte arriere les degrez de la chambre, et sault dedans (C.N.N., c.1456-1467, 51).

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Saillir dehors/hors. "Sortir plus ou moins vite" : "Quant hors saudra Paris pour faire emprise tele, C'est no destructions mortele". (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 164). ...lesquelz, par son rapport, aucune foiz sont sailliz hors et couru sus ausdis François, et aucune fois non. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 123). Gieffroy fu moult doulent quant il vit que le jayant fut entrez en la chambre et qu'il ot l'uis tiré après lui. Lors s'en vint courant a l'uis de grant randon, et y fiert du pié si raidement qu'il le fait voler enmy la chambre. Et le jayant sault hors, qui par ailleurs ne povoit yssir ; et tenoit un grant mail et en donne a Gieffroy tel coup sur le bacinet qu'il le fait tout chanceller. (ARRAS, c.1392-1393, 267). ...li contes de Pennebruq et mesires Jehans de Lille et li compagnon qui ou chastiel estoient, les veirent. Si salirent hors et vinrent tout a temps a la meslee. (FROISS., Chron. D., p.1400, 664). ...[je] prie, avant qu'il saille hors, qu'il soit tué. [Le coupable est prisonnier dans un coffre] (C.N.N., c.1456-1467, 382). Varlez et [meschines] saillirent dehors, qui s'en vouloient aller coucher (C.N.N., c.1456-1467, 477). LE CRESTIEN [au juif]. Je perdray icy pacience Saillez dehors, villain infame, Ou, par la glorieuse Dame, Du corps brief je vous courceray. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 111).

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Au fig. Saillir qq. part (dans un propos). "En venir à, aboutir" : Dame Jehanne, esmeue de toute pitié, ne prenant pas garde (...) la ou Madame vouloit saillir, ly dist... (LA SALE, J.S., 1456, 13).

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Prov. Tel cuide saillir qui recule. "Tel pense avancer qui recule" : Dont qui est bien, si ne bouge, Ne me faictes grevance nulle : Tel cuide sallir qui reculle. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 654).

-

Reculer pour saillir plus loin . V. reculer

b)

Saillir + compl. prép.

-

[Désignant le but du déplacement]

.

Saillir à qqn. "Se jeter sur qqn" : Moult fu le jayant doulent quant il voit son levier ainsi et par telle maniere froez, et gesir sur la place, car il ne se ose abaissier pour le prendre. Lors sault a Gieffroy et lui donna si grant coup du poing sur le bacinet qu'il l'estonna tout. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

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Saillir dedans/en/es + subst. désignant un lieu

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"Se précipiter, s'élancer qq. part" : ...icellui prisonnier est chargé d'avoir tué et occiz de sa main plusieurs François, puis le temps desdites treves criées oudit pays, et d'avoir fait sauldre les François, ou aucuns de ceulx que prins avoit oudit Roc de Vendas ou val d'icelle Roche, par quoy ilz estoient murdriz et affolez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 203). Avant, seigneurs chevaliers ! Penons nous de prendre la cité avant que le secours leur viengne. Par Mahon, cil qui premiers pourra entrer dedens, je lui donray son pesant d'argent en tel estat qu'il y entrera. Qui lors veist Sarrasins saillir es fossés, et portent pics, houyaux, eschielles, piez de chievre. (ARRAS, c.1392-1393, 110). Mais quant il voit Gieffroy, si le congnut, et vit bien que sa mort approuchoit ; si ot grant paour. Lors sault en une chambre qu'il voit ouverte, et tire l'uys aprez lui. (ARRAS, c.1392-1393, 266). ...le bon compaignon sault dedans la chambre, pensant en soy que aucun mistere y avoit (C.N.N., c.1456-1467, 25).

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[L'origine du déplacement]

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Saillir (hors) de qq. part/de qqc. "Sortir de qq. part, de qqc." : Mais Gieffroy sailly de l'embusche et commence a ferir, il et ses gens, sur ceulx qui le suivoient le soudant sans ordonnance, qu'en pou d'eure en ot mis III^m. mors par le chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 230). De la ville saillirent fors. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 306). Seigneur, je saillant de ce vostre palais, par bonne aventure trouvay le roy d'armes d'Anjou, qui est cy present (LA SALE, J.S., 1456, 102). ...elles ne savoient comment saillir de l'ostel que les aultres religieux ne s'en apperceussent. (C.N.N., c.1456-1467, 373). Et, le vendredi au soir, devant le jour des Brandons, trouverent iceulx Suixes moien d'enclorre lesdiz deux chasteaulx en façon telle que ceulx qui estoient dedens n'en povoient saillir, et mirent leurs embusches entre et assez près desdiz deux chasteaulx, en ung petit bois près de là où les Bourguignons avoient mises leurs batailles. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 7). SATHAN. Dyables (...) Que nul ne demeure Que ne me sequeure. Saillés a (tous) grans griffes de fer De ce puis infernal d'Enfer. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 104). Lequel monsr du Liege, inclinant à leur requeste, saillit de ladicte cité du Liege et ala avecques eulx aux champs (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 119). Pour tes maulx palhars tu es nostre ; Jamaiz tu ne sauldras du feu [de l'enfer] ! (Pass. Auv., 1477, 251). Predist aussi à messire Pierre des Essars son affere s'il sailloit de la Bastille, ce qui advint, car depuis il perdit corps et vie par le duc de Bourgongne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 v°).

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Prov. Faim fait saillir le loup du bois : ...l'esguillon de fain et contrainte necessité de vivre fait saillir le lou du boys, pour ce que necessité surmonte nature et la pourforce de yssir de ses rigles et de ses loyz. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 13). Se Dieu m'eust donné rencontrer Ung autre piteux Alixandre Qui m'eust fait en bon eur entrer, Et lors qui m'eust veu condescendre A mal, estre ars et mis en cendre Jugié me feusse de ma voys. Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

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Au fig. Saillir du nid. "Devenir indépendant et responsable" : Je ne veulx point dire que le roy ne fust saige de son eage, mais il n'avoit que vingt et deux ans et ne faisoit que saillir du nyd. (COMM., III, 1495-1498, 33).

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Se saillir de qq. part. "S'échapper de qq. part" : Cestui estoit dedans Melun quant il fut pris, à faulte de vivres, et s'en saillit avecques icellui Barbazan et depuis fut à la desconfiture du duc de Clerence et de sa suite, jouxte Baugenci (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 153 v°).

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En partic. [D'un enfant] "Sortir (du ventre de sa mère), naître" : Jamais memoire ne sera De toy, toi mort par ton default, Se par mariage ne sault Aucuns hoirs pour representer Ton nom, ton cri: vueilles planter Par mariage en succedent Aucun, qui soit representent Ta forme quant tu seras mors. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 337). ...Dont un enfant, quant est sailli Du corps sa mère, est si failli Qu'il n'a puissance, à dire voir, À soy drecier ne soy mouvoir (LA HAYE, P. peste, 1426, 66). De leur fruit sauldra le plus saige homme du monde (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 704). Semblablement, avons veü depuis muer la couronne d'Espaigne, après le trespas du roy domp Henry dernier mort, lequel avoit pour femme la seur du roy de Portugal dernier trespassé, de laquelle saillit une belle fille. (COMM., II, 1489-1491, 235).

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Saillir de qqn. "Avoir été engendré par telle personne" : Voire, mais je demanderay (...) Qui en a fait l'engendrement. S'il [Jésus] est né, dont est il sailly ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 119).

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Sailli de qqn. "Né de telle personne" : Et fault entendre que leur père, le seigneur Robert, estoit de la maison de Sforce, sailli d'une fille bastarde (COMM., III, 1495-1498, 15).

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Saillir hors de (un lieu) : Lors le murdrier adversaire sailly hors d'un buisson (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 170). ...il sault tout doulcement hors de son lit (C.N.N., c.1456-1467, 117). ...il vit et apperceut souvent le galant entrer de nuyt et saillir hors de l'ostel au marchant. (C.N.N., c.1456-1467, 378). En ce temps, advint que aucuns des habitans d'Aucerre saillirent hors de leur ville pour aler courir es pays du roy, pour prendre et amener oudit lieu d'Aucerre beufz, vaches et tout ce qu'ilz pourroient trouver pour eulx avitailler, et vindrent près de Joigny, de Seignelay et ilec environ (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 274).

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Empl. abs. "Sortir, partir" : Lors dist qu'il se partist, et par la maniere qu'il estoit entrez s'en revint hors. Et oncques depuis, de ces deux hommes ne seust nouvelles, se ilz estoient demourez ou se ilz estoient sailliz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 84). Et quant ilz furent a cheval montez, lors fut la grant priere entr'eulz, qui pour l'onneur l'un de l'autre sauldroit le darrain. Le roy, qui entendoit que l'onneur fust a Saintré, incontinant manda que tous deux saillissent per a per (LA SALE, J.S., 1456, 133). Nostre Dame, dist il, s'il ne sailloit tant que je l'en feisse oster, il aroit bel actendre. [Réflexion de l'amant sur le mari enfermé dans un coffre] (C.N.N., c.1456-1467, 186). ...la gaitte ordonnée pour faire saillir ceulx qui rescourre le devoient [un prisonnier] estoit sur cest arbre endormye (C.N.N., c.1456-1467, 452). Entre ! Tu ne sauldras jamaiz. (Pass. Auv., 1477, 252).

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"Se précipiter, surgir" : ...et, avant ladicte fuite, il ot deux cops d'espée, l'un au plus hault de ses biens et ou milieu de sa couronne, et l'autre en l'un de ses dois. Et sesdittes gens, qui ainsi s'en aloient courans aval la rue, crioient à l'arme ! et Au murdre ! afin que le peuple saillist pour donner secours à leur maistre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112). Jamais je ne vy tant saillir De gens de bien ne de commung. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 188).

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[D'un animal traqué] "Sortir (de sa demeure)" : ...soiez engrés De corner, nous sommes au bois, Et de huer a haulte vois Pour les bestes faire saillir (Mir. st J. Paulu, c.1372, 102). Au mains, se je veisse aucune Grosse beste par ci saillir... (Mir. roy Thierry, c.1374, 299).

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En partic. [Domaine militaire, contexte d'affrontement]

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Saillir dessus/sur qqn. "Attaquer qqn" : Et Guy sault dessus luy en tirant roydement, Le hëaulme du chef lui arracha brefment (Tristan Nant. S., c.1350, 199). Et puis sally sur lui tantost a la vollee, Mais il n'avoit sur luy ne coustel ny espee (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 98). ...et fit messire Jacques de Lalaing l'arrière-garde à petit nombre de gens, et saillirent Gantois sur lui (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 259). ...son filz (...) sailli dessus eulx et tellement fist par sa vaillance qu'il les vainquist. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 128). Et, quant ledit conte vit lesdits Suysses qui commencerent à escarmoucher, il fist saillir sus eulx vingt et cinq hommes d'armes pour les rompre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 141). Et allerent les gens du roy courir jusques oultre Bains ; en laquelle course ilz prindrent plusieurs prisonniers et gasterent beaucop de pays contraire au roy, comme à Maubeuge et autres pays ; mais ceulx qui estoient esdittes garnisons n'oserent saillir sur eulx. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375).

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Saillir à bataille contre qqn. : Celui ne voudra obëir a leurs preschemens, ains sauldra a bataille contre eulx (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1123). Durant ce siege ceulx de la cité pluseurs fois saillirent a bataille contre leurs enemis. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 266).

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Saillir aux/sur les champs. "Sortir en campagne" : ...Gens d'armes, saillés sur les champs Pour combatre ses gens meschans (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 59). Et, ce jour, le roy saillit aux champs du costé de son boulevert de la tour de Billy. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 97). Tantost saillist aux champs lui et tous ses gens, fors le guet. (BUEIL, II, 1461-1466, 118). En ce temps aussi, les gens d'armes estans soubz la charge et conduite dudit grant maistre, allerent courre devant Valenciennes, où ilz trouverent messire Jaques Galiot et ses gens qui estoient saillitz aux champs. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375). En ce temps aussi, les gens d'armes estans soubz la charge et conduite dudit grant maistre, allerent courre devant Valenciennes, où ilz trouverent messire Jaques Galiot et ses gens qui estoient saillitz aux champs. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375).

c)

Au fig.

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Saillir en l'audience de qqn. "Arriver à se faire entendre de lui" : ...vint ceste matiere a la congnoissance du maistre et de la maistresse des deux amans, et d'iceulx s'espandit et saillit en l'audience du pere et de la mere (C.N.N., c.1456-1467, 164).

Rem. Saillir en péché (Éd.). Cette loc. n'existe pas. Il s'agit dans l'ex. suivant de l'adj. sale (cf. teint) : : Je me complains qu'a nostre deshonneur Nature humaine en peché salle et tainte, Croist, multiplie et prospere en valeur, Où nous avons dommaige et perte mainte. (Cene dieux, c.1492, 109).

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Saillir de qqc. "Se sortir (d'un mauvais pas)" : Il se conforta toutesfoiz et dist bien en soy mesmes que la chose n'est pas si avant qu'il n'en saille bien. (C.N.N., c.1456-1467, 333).

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"En avoir fini avec qqc." : ...il est vray que mon très-redoubté seigneur présent, estant en sa ville de Lille, et encore tout frescement saillant de sa très-annuyeuse et très-douloureuse guerre (...), l'empereur régnant aujourd'hui Fréric le Tiers envoia unes lettres audit mon très-redoubté seigneur (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 73).

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Saillir (d'une condition sociale). "Sortir d'une condition sociale donnée (pour entrer dans une autre)" : Saintré, les services et gracieusetez que avez faiz a tous, especialment aux dames, ont avancez voz jours a vous faire saillir de paige et devenir escuier de Monseigneur et de nous. (LA SALE, J.S., 1456, 68). ...au jour d'uy je voy saillir aucun du service des buefz et chevaulx es chambres et sales des princes (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 240).

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Saillir d'une vertu en un défaut/de tel état en tel autre : Or es sailli de franchise en servage, de seurté en dangier, de contentee parcité en ambition souffreteuse, et t'a fortune getté en ceste tempeste, que tu vaugues comme nef qui perist et que le vent fait ferir contre terre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). ...Combien qu'il soit bon vassault, D'Honneur en Villonie sault (TAILLEV., Psaut. vil. D., a.1440, 125).

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Saillir (d'un ordre religieux). "Abandonner (l'état religieux)" : ...Prestre qui ne presche ne chante, Nonnain et rendu qui sault d'ordre Et prestre et moyne qui porte Espee, targe delz ou bocler. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 211).

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Saillir du regard de qqn. "Disparaître de la vue de qqn" : Toutesvoies attendy le bon roy jusques a la mynuit ainçois que le preudhomme saillist de son regard (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 537).

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Saillir fors de qqc. "Abandonner qqc., renoncer à qqc." : Et sy ne sailliés fors de la queste qu'avés emprinse pour la haulteur de la dame, sy seroye tout lié se j'estoie digne de vous servir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 679).

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Saillir (hors) du sens. "Enrager" : Ha, mestre, si eussiés veü Commant il ont eü remors Des pechiés qu'il ont amors, Vous fussiés hors du sen sailli. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 149). Et deussiez vous saillir du sens, Par Dieu, vous viendrez a la feste. (Sots triumph., c.1475, 41).

d)

Saillir + deux compl. prép. : Puis lui ramembre de son oncle le conte de Forests, lequel il fist saillir de la grosse tour de Marcelli le Chastel sur la roche, et le fist tuer. (ARRAS, c.1392-1393, 274). Remondin (...) sault du courcier a terre, l'espie ou poing, et s'en vint vistement devers le porc... (ARRAS, c.1392-1393, 18). Et Aloris salt del agait a III^m hommez sur noz barons (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 214).

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Saillir + adv. + compl. prép.

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Saillir (dehors) par tel passage : Et lors rompirent icellui huis par devant,et sur l'eure icelui Berthaut rompi une fenestre et s'en sailli dehors par icelle fenestre, mais laissa son chapperon, qui lui chey de la teste, et s'en enfouy. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 503). Il fut au fort content de saillir par la porte de devant (C.N.N., c.1456-1467, 27).

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Au fig. Saillir arriere de qqc. "Se dégager de qqc., se libérer de qqc." : ...se li dux ou son filz devant diz sailloient arriere des establissemens de ceste commune, nous le ferions amender à la commune dedens les XL jours puis que la clamour en seroit venue à nous (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 26).

-

Inf. subst. Saillir

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Au saillir de qqc. "À l'issue, à la sortie de qqc." : ...l'empereur veult, juge et ordonne (...) que au saillir des lices soiez deux, per a per (LA SALE, J.S., 1456, 268). Il est de coustume que, au saillir des espousailles, les amis de l'espousée la prenent (C.N.N., c.1456-1467, 339). Au saillir de mon enfance et en l'aage de povoir monter à cheval, fus amené à Lisle devers le duc Charles de Bourgoigne, lors appellé conte de Charroloys, lequel me print en son service, et fut l'an mil quatre cens soixante quatre. (COMM., I, 1489-1491, 4).

2.

[D'une chose] Saillir de/hors de

a)

[D'un objet, d'un élément] "Être arraché, projeté brusquement" : Mais, avant que le jayant peust ravoir son coup, le fery Gieffroy de l'espee sur le costé tellement qu'il lui fist le levier saillir des poings (ARRAS, c.1392-1393, 264). Car oncques mais guespes de ruche Plus dru n'issirent, ne flamesches De feu ne sillirent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 206). ...il se doubtoit tresfort et pensoit certainement, puis que a l'arriver au baing elle avoit son dyamant, qu'il ne fust sailly de son doy (C.N.N., c.1456-1467, 46). Aucuns dient qu'il prenoit aucun advis aux fumosités qu'il veoit saillir des eaues, en certains temps et jours de la Lune. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 r°). Cestui predist, comme aucuns dient, la signifficacion des portens qui signiffierent les terribles domages à Hanibal et aussi l'orribleté des eaues et combustion du feu qui saillit de terre et le terrible mouvement de terre, par lequel corrua le grant Colosus de Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°).

-

[D'un élément du corps] "Sortir de qqc." : ...leurs deux chevaux tumberent tellement que les entrailles sailoient hors du corps (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 366). "...et le poil qui sault de nostre peau seroit assez vesture contre le froit..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 207). Honniz soit il qui se faindra De ferir si sur les rebelles, C'om leur puist faire les cervelles Des chiefs saillir. (Mir. emp. Julien, 1351, 174).

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[Même sens avec un adv.] Saillir hors : ...il [Judas] c'est estranglé d'une corde, Crevé par le milieu du corps, Ses entrailles luy saillant hors. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 444).

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[Des yeux] Saillir (hors de la teste). "Être exorbité" : Mais en somme l'esprevier de grant courage qui a teste de serpent - c'estassavoir menue teste seche - qui est bien chappé, gros yeulx saillans et esveilliez, gros par les espaules (...) : tel esprevier est d'eslite. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 152). Celle [carpe] qui a gros yeulx saillans hors de la teste et le palaiz et la langue mol et onny est grasse. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 232).

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Saillir sur. "Donner sur" : ...ledit maistre estoit assiz emprès l'uys de l'eglise dudit hospital saillant sur le cimitiere (Doc. 1450. In : CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 450).

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[Sans complément prép.] "Dépasser" : Mes jours s'en sont alez errant, Comme, dit Job, d'une touaille Font les filletz, quant tixerant En son poing tient ardente paille : Lors s'il y a nul bout qui saille, Soudainement il le ravit. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 37).

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[D'un végétal] "Éclore" : Treschier filz, nous avons laissé Le chemin de l'omme lassé Qui près a trouvé la fontaine Belle, reluisant, clere et saine : Si s'est sur la rive acousté, La a estendu son costé, Sent les odeurs souef flairens Et voit les ruisseaulx ressonnens, La douce graine, les flourettes Saillir, la greve et les pierrettes Parmi la duis du fonteniz (DESCH., M.M., c.1385-1403, 219).

b)

[D'un liquide] "Jaillir, gicler" : ... et [Remondin] voit Melusigne en la cuve, qui estoit jusques au nombril en figure de femme et pignoit ses cheveulx, et du nombril en aval estoit en forme de la queue d'un serpent, aussi grosse comme une tonne ou on met harenc, et longue durement, et debatoit de sa coue l'eaue tellement qu'elle la faisoit saillir jusques a la voulte de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 242).

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[Dans un cont. métaph.] : JHESUS. ...Mais celle [eau] durera tousjours Que je donne et plus soif n'aura Cil qui de bon cueur en beuvra, Ains luy sera vive fontaine, Saillante en gloire haultaine (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 85).

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En partic.

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[Du sang] : Par la bouche lui sault le sanc de randonnee (Tristan Nant. S., c.1350, 596). ...je vous certiffie que le sanc lui sauldra (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 158). ...Si que la char li destranchiez Tellement que le sanc en saille (Mir. st Ign., 1366, 83). En soy combatant Hetor se aïroit et le cuer li eschauffoit si fort que le sanc li sailloit par les narines. (ORESME, E.A.C., c.1370, 214). ...et d'iceulx botereaux ne vit oncques saillir sanc ou venin quelconques, pour ce qu'ilz avoient la peau si dure que elle ne la povoit percier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 331). Lors point le cheval des esperons de si grant air que le sang lui sault de grant randon par tous les costez. (ARRAS, c.1392-1393, 137). ...sy ferit Ogier sur les dois, sy que le cleir sanc en sailhit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 130).

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[Des larmes] : ...des yeulx leur saillent les lermes (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 81). ...il avoit la veue moult troublee pour les larmes qui lui sailloient de ses yeulx (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 116). ...a ces parolles, larmes en grand abundance saillirent de ses yeulx (C.N.N., c.1456-1467, 141). Ainsi fur enterré le corps, Sans clerons, trompettes ne cors. Mais en lieu des joyes faillies, De maints eut les larmes saillies (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 130).

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[De la sueur] "Couler" : Et s'enflamma tellement de grant amour que la sueur lui en sailloit par tous les membres de so corps. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 248). ...sa froidure lui changa en challeur telle que la sueur lui sailloit du front. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 110).

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[D'un cours d'eau] "Couler à partir de sa source" : ...et la est le mont de Libano dont sault le flune de Jourdain (LA SALE, J.S., 1456, 214).

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[De la mer] "Déferler" : Et Aigres rua tantost l'anel en la mer, dont commença la mer a saillir et a escumer et a faire merveilleux tempeste (Bérinus, I, c.1350-1370, 226).

c)

[Du jour] "Se lever" : Et si tost que le jour saudra, Au monument nous en yrons. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 378).

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Jour saillant. "Au lever du jour" : ...mercredi derrenierement passé, environ jour saillant, lesdiz pere et filz arriverent en l'ostel d'elle qui parle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 211).

d)

[D'une chose abstr.]

-

Saillir de qqn/de, par qqc.

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[De l'âme] "S'échapper de qqn/du coeur" : ...Et de ce qui au cuer survint Sambla que de luy saulsist l'ame. (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 215). Jhesus est mort, regardez y : L'ame luy est du corps saillye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 355). Et lors se prinst Jason a souspirer tant du parfond de son cuer qu'il sambloit que l'ame en deust saillir (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 158). Plus ne plourez et ne vous chaille, Mais touteffois, devant que saille Mon ame de ce corps present, Doctrine fault que je vous baille Et de paix vous face present. (LA VIGNE, S.M., 1496, 570).

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"Sortir de qqc." : ...Femme, que dis tu ? (...) Qu'est il de ta bouche sailly ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 185). Par l'une entre, par l'autre oreille sault Ce qu'on lui dit (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 210). Jusqu'a tant que de vostre bouche (...) Aucun courtois parler saudront (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 206). ...tout bien de vous vendra, Ne jamais mot maugracieux De votre bouche ne sauldra (Cent ball. R., c.1388-1396, 47). ...mais ja verité De leur bouche on n'ouïst saillir (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 48).

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"Résulter de qqc." : De poul de fait sault grant dommaige, Grant duel et grant melancolie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 118). ...se tiennent doulcement et simplement avec eulx et en tel guise que mauvaise renommee n'en puisse saillir, car ce seroit l'achoison de faire perdre leur bien et avancement. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 192). ...et par ainsi cognues et entendues ainsi les conséquences, les dures et amères perplexités qui en saillirent (...), bien m'a samblé digne la matière d'en faire ample procès (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 264). Nostre procés mieulx en vauldra Et plus grant prouffit en sauldra. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 33).

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Saillir à qqn. "Attaquer qqn" : Quant le povre deduit du lit Est passé par aucunes nuis, Lors te saudront les grans ennuis (DESCH., M.M., c.1385-1403, 54).

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Saillir en la cervelle. "Monter à la tête" : ...Et l'en parle volentiers hault Quant yre en la cervelle saut. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 185).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Franchir un obstacle en sautant, sauter par dessus qqc." : ...car ainsy qu'il chevauchoit ung jour son coursier aux champs et luy vouloit faire saillir ung fossé, il chey à terre et se rompit le hasterel (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 176). ...le ruisseau cuida saillir, Et l'un des piés li va faillir, Si cheï enmi le milieu (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 186). Li dis mesires Phelippes de Bourgongne ... broça coursier des esporons, liquels estoit grans et fors, et qui se esquella au cours et enporta le chevalier tout maugré lui : siques, en traversant et sallant un fosset, li coursiers tresbuça et cei et jetta le dit mesire Phelippe desous lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 749). Une foiz, pour soy avancier, Ou par moquerie, sailli Remus les murs (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 181). ...les Gantois se remirent à fuir, et saillirent grands fossés atout leurs longues piques (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 303).

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Inf. subst. Au saillir qqc. : ...le coursier l'emporta, voulsist ou non, parmy haies, parmy buissons. En la fin il le rua jus au saillir ung fosset et rompy messire Thomas Trives le col et là morut (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 36).

B. -

Empl. factitif "Mettre en avant, faire sortir qqc." : Mon amy, salhés vostre teste ! Je suis venu pour la coper. (Pass. Auv., 1477, 99).

C. -

"S'emparer de qqc." : ...et par ainsi toute la duchée de Bretaigne demoura au roy, excepté Brest, où il avoit bastides, qu'ilz ne povoient saillir. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 231).

D. -

[Le suj. désigne un mâle]

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"Faire l'amour avec une femme" : Aussi li homs de tant qu'il est plus vieulx Se doubte plus en l'art ou il default, Car petit peut, et se sa femme sault, Qui jeune soit, ce lui est grant ennuy (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 60).

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[D'un animal] "Couvrir une femelle" : Et aucune fois se fait porter aux biches [le cerf], aussi comme se il les vousist saillir, et se frote a elles (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 45). Une jument, pour mieulx henir, Fist la mener ; si la sailli En ce lieu (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 235). Qui veult avoir de ses vaches et l'yver et l'esté burre frais, il doit quant elles sont en sault, les mener devant le thaur et les lui laissier flairier sans touchier, et mener la vache trois tours autour du thaur et puis lui laissier saillir, et pour vray vous aurez toute l'année frais burre. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 109).
 

Empl. intrans. "Sursauter" : Subsilio (...) : soubz saillir (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 377).

REM. Gloss., Montpellier Éc. de Méd. 110, c.1380 (subsilio : soubzsaillir), ds GD VII, 545a.

V. aussi sursaillir