C.N.R.S.
 
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     PESANCE     
FEW VIII pensare
PESANCE, subst. fém.
[T-L : pesance ; GD : pesance ; DÉCT : pesance ; FEW VIII, 191b, 193b : pensare]

A. -

"Pesanteur, poids" : J'ay souffert mes membres detraire De grans clox et parfons fichéz, Percer mes deux mains et mes piéz, Mon chef d'espines couronner, Mon corps tout de sang randonner, Mes nerfz tendre de la pesance Et mon corps percer de la lance (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1078).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

B. -

Au fig.

 

1.

"Fait de peser (au fig.), ce qui pèse" : ...lors fu l'arbre coupé Dont la terre trembla de grant pesance Et le soleil noircy de desplaisance (Mir. Berthe, c.1373, 253). Pour ce dit il aussi que la proprieté et le droit de constance, par laquelle il entend perseverance, c'est d'avoir en toutes fortunes une maniere de gravité, c'est a dire une pesance meure et arrestee par laquelle on se doit contenir constanment, sanz ly mouvoir, ne pour prosperité ne pour adversité quelconques (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 731).

 

-

"Épreuve douloureuse" : Les autres ont tant de moleste Et de pesances et d'ennuis Qu'ilz n'ont bons jours, ne bonnes nuis (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150). Et de plus en plus lui accuert Pesance et grief mesaventure (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 256). Pesance doloreuse et noire Aux Rommains avint (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 243).

 

2.

"Affliction, tristesse, peine qui en résulte" : Lors renouvela ma pesence, Et cheï en une doubtance Si grief, si pesant et si pesme, Que de joie ne que de cresme Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Dous amis, tant ay grevance, Tant ay grief souffrance, Tant ay dueil, tant ay pesance, Quant jamais ne te verray, Que doleur me point et lance De si mortel lance Au cuer qu'en desesperance Pour toy mes jours fineray. (MACH., L. plour, 1349, 289). Si me parti de sa presance, Plain de dolour et de pesance Et sans vëoir sa douce face. (MACH., Voir, 1364, 472). [Polyphème à Galatée] Mais trop hai desdaing et pesance Que tu desprises moi, gaiant, Pour amer un chetif noiant, Accin, de cui tu te solaces, Si le baises et si l'embraces, Et moi ne daignes embracier Ne deduire ne solacier. (MACH., Voir, 1364, 642). Dame, vous et moy gart Diex d'ire Et de pesance ! (Mir. Amis, c.1365, 26). Mais la chose faite pour ignorance, de laquelle quant l'en se apparçoit l'en ha tristece, desplaisance et pesance ou repentance, elle est involuntaire. (ORESME, E.A., c.1370, 179). Tu as, ce m'est avis, pesance Des maux qu'as faiz et repentance (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 39). Dame, en qui j'ai mis toute ma fiance, À vous complein mes dous maus en chantant, Car je ne puis mon mal ne ma pesence Ne ma dolour descouvrir autrement. (MACH., L. dames, 1377, 117). C'est ce qui de joie me pait, Ce me norrit, ce me refait, C'est ce qui en mon cuer ne lait Doleur, tristece ne pesence, Tout pour l'amour dou bon parfait Qui m'a si doucement attrait Que c'est mon cuer et mon retrait, Mon bien, ma pais, ma souffisance. (MACH., Les lays, 1377, 370). Si ne puis nul mal avoir, Tant comme j'ay cest espoir Qui me fait vivre et valoir, Ne je n'ay pesence, Anoy, grieté ne souffrance ; Et se desirs trop s'avance, Douce et jolie plaisance M'est, à dire voir. (MACH., Les lays, 1377, 451). Je ay au cuer trop grant pesance, Quant je voy tieux gens foloier (Jour Jug. R., c.1380-1400, 237). A Dieu qu'il vous gart de pesance, Ma gentil dame gracïeusse. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 57). J'ay au cueur grant pesance Quant ont mys a mort ung tel homme. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 228).

 

Rem. DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 3672 ; DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 181 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

 

-

[D'une chose] Estre en pesance. "Être une source de chagrin" : Et comme ainsi soit que operacion soit dite involuntaire selon aucune tele ignorance, encore convient il avecques ce que l'operacion soit triste et en pesance. (ORESME, E.A., c.1370, 182).

 

-

"Inquiétude, souci" : TROTIM. (...) Il [Hérode] ne sceit ce c'est pour guarre Que vous entrés dedans sa terre Sans son congié, sans sa licence. TERCIUS REX. Il n'an doit ja avoir pesance, Car nous ly dirons bien la cause. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 84).

 

-

"Rancoeur, ressentiment" : Moult ot Assuaire pesance De celle desobeïssence. De s'en vengier se conseilla. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 262).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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