A. -

[D'une pers.] "Triste, affligé" : Adieu, adieu, mon amoureux ; Tout temps je seré doulereux Et peneux, Puis que vous ay pardu, m'amour. (Pass. Auv., 1477, 104).

B. -

[D'une chose]

1.

[D'une chose concr.] "Pénible à voir, qui suscite de la peine" : ...une venerable roine toute deschevelee et sa peneuse robe en deux moitiez dessiree... (MÉZIÈRES, Epistre lamentable C.P., 1397, 154).

2.

[De la vie, de la souffrance, de la mort, d'une plainte...] "Douloureux, pénible, rempli de peine" : Droit en l'an qu'il fu trespassez, Emprist ung grant pelerinage, Fort et peineu et loncq voiage, Pour son boin seigneur et mary. (Dit prunier B., c.1330-1350, 80). Leur vie fut saincte et peneuse, Et après leur mort glorieuse A leurs tombeaux fist Dieu pour eulx Mains miracles aux langoreux, Qui la furent de leurs langours Guaris et obtindrent vigours. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 162). Car, quant congneu j'ay les amoureux faiz, Retrait me suis de vie si peneuse, Comme lassé de la guerre amoureuse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 172). Las, doleureuse, Plus ne lirés papier ne livre ! Vous laissés la vie peneuse. Je suis la mere maleureuse (Pass. Auv., 1477, 130). Croix, je te tien ; Pour nulle rien Ne te larrey sans estre onteuse, Jusques que ma cher precïeuse, A moy larmeuse Et doleureuse, Aras rendu entre mes bras, Car trop peneuse Seroit ma greuse, Si de mon filz n'avoye soulas. (Pass. Auv., 1477, 244).

Rem. Erec C.T., c.1450-1500, gloss.

-

RELIG. Semaine peineuse. V. semaine "Semaine sainte" : Aussi la semaine peneuse Li faisoit au cuer grant remort, Quar Dieux y pardonna sa mort ; Et n'est pas raisons qu'il oublie Que bons drois a mestier d'aye (MACH., P. Alex., p.1369, 239). Et tant chevauchierent par le dit païz de Castelle que ilz furent, la sepmainne peneuse l'an mil CCCLXV dessus dit, devant la cité de Burgues (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1375, 13). ...toutefois, quant la sepmaine peneuse vint, et cognut magnifestement que les Juifz traitoient la mort de son doulz filz et Espoulz, elle vit bien qu'il convenoit que les Escriptures fussent acomplies, et que remede ne s'y pouoit trouver. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 156). ...elle est bien recorde que le mercredi de la Sepmaine Peneuse derrenierement passée, elle vit une fillete de l'aage de XV mois ou environ, laquele fu trouvée à Nostre-Dame de Paris après disner sur les carreaux, emprès une femme aveugle (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 530). ...et fut envoié à Paris par le concille ung evesque qui estoit venu avec le cardinal à Corbeil, lequel fist le divin office la sepmaine peneuse, comme d'assoultes, comme du cresme, prebstres, dyacres, soubz-dyacres, acolites couronnés (Journal bourgeois Paris T., 1433, 293). A Jehan de Berry, charpentier, pour avoir fait la closture du parquet de la court, où il a esté la sepmaine peneuse (Comptes Archev. Rouen J., 1460-1461, 307). Et, après toutes ces choses, le mardi de la sepmaine peneuse, ledit La Hote et son frere, ledit sergent fieffé, le serrurier, ung tondeur de grans forces et ung freppier nommé Martin de Coulongne, par la sentence du prevost de Paris furent condempnez à estre penduz et estranglez au gibet de Paris ; dont ilz appellerent en Parlement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 226). Ledit jour de jeudi (...) dudit moys, vint et arriva à Paris une moult belle ambaxade du roy d'Arragon, qui fut bien recueillye par monseigneur le conte de Penthievre, monseigneur de Gaucourt et autres, qui bien festierent ladicte ambaxade en plusieurs lieux de Paris et jusques au jour de Pasques fleuries, qu'on cessa, pour la sepmaine peneuse qui entra, de les festier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 310). ...et nous conclusmes de servir Dieu ceste peneuze sepmaine, et curer nostre consience, y faire noz Pasques, et recevoir nostre créateur. (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 41).

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, gloss.