C.N.R.S.
 
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     PARLER     
FEW VII 606b, 607b parabolare
PARLER, verbe
[T-L : parler ; GD : parler ; GDC : parler1/parler2 ; DÉCT : parler ; FEW VII, 606b, 607b : parabolare ; TLF : XII, 1009b, 1017b : parler1/parler2]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Être doté de la faculté de parole" : [C'est l'enfant sourd-muet guéri par le Christ qui parle (cf. Marc 9, 14-27)] Guarison m'a donné parfaicte. Je auds, je parle, je suis en paix. (Pass. Auv., 1477, 163). Aucune fois [choses merveilleuses se font] en choses sensibles, comme en l'asne de Balaam, qui parla. (Somme abr., c.1477-1481, 163).

B. -

"Articuler les sons du langage" : LA FILLE. (...) Pour ce m'a le parler rendu Que j'oy dès mon naistre perdu. (...) L'EMPERIÉRE. Fille, de la joie qu'avoir Me fais de ce que t'oy parler Ne me puis tenir de plourer (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 73). Si tost que nous venismes la, L'ymage de Jhesu parla Et dist : "Je te port tesmoingnage..." (Mir. march. juif, c.1377, 222). ...la Court a ordené et accordé que frere Nicole de Vincence, cordelier, prisonnier en la Conciergerie, griefment malade, telement qu'il ne parle plus, soit porté incontinent à l'Ostel-Dieu de Paris. (FAUQ., II, 1421-1430, 267). Qui est ce fol qui la parole ? (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 92). ...grosses larmes, en parlant, luy descendoient en tresgrand abundance (C.N.N., c.1456-1467, 93). Ceste plorerie dura assez longuement, et fut la le long temps le mesnage sans parler. (C.N.N., c.1456-1467, 141). ...[le mari] fut grand piece en son courage, asavoir si bon estoit qu'il parlast ou si mieulx luy valoit le taire. (C.N.N., c.1456-1467, 243). LA BOURGEOISE. Voy le vous la. Trois jours y a qu'il ne parla Pour ce que pendu il s'estoit. (LA VIGNE, S.M., 1496, 269).

 

-

Parler bas / parler haut : Mais parlés bas ! Ne vé vous mie Judas, qui est de sa compaignie ? Je croy qu'i nous vient escouter. (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 272). A basse vois vous prie merchi, dame, Car je ne puis ne ose haut parler (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 89). Et parlez bas, pour Dieu, ce dit la gouge (C.N.N., c.1456-1467, 148). Quand elle eut tout dit, il parla voire si hault que l'espousé, qui n'estoit pas loing, l'entendit tout du long (C.N.N., c.1456-1467, 298).

 

-

Parler en qqn. "Faire entendre sa voix en quelqu'un d'autre" : LAURENS. Le loyer m'en sera rendu En la haulte gloire celestre. C'est la voix de Dieu, mon doulx maistre, Qui parle en moy : ce dois sçavoir. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 229). [Des bourreaux ont privé saint Laurent de l'usage de la parole en lui cassant les dents et arrachant la mâchoire]

 

-

Parler par qqn. "Faire entendre sa voix par l'intermédiaire de qqn" : Tes dieux [des idoles] n'ont jamais froit ne chault Et si n'ont point de mouvemant Mais je te dix certaynnemant Que les dyables parlent par eulx. (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 56).

 

-

[En tournure nég. ; pour marquer la tristesse] Ne plus pouvoir parler : De doleur parler ne puis plus ; Je suis a la fin de mes jours. (Pass. Auv., 1477, 207).

 

-

[En tournure nég. ; pour marquer le passage nécessaire à l'action ou l'imminence d'un événement]

 

.

Sans plus parler : Sans plus parler vous fault morir ; Accop, advancés vostre teste ! (Pass. Auv., 1477, 99). Malliferas, sans plus parler, Reprent ce chief ; va le tourner Pres de son corps, que ne le voye. (Pass. Auv., 1477, 108).

 

.

Plus ne faut parler : Or sa, plus ne te fault parler. D'une voix trestous les Juïfz T'en demandent estre remis En ta premiere liberté. (Pass. Auv., 1477, 173).

C. -

[Comme expression de la pensée]

 

1.

"Prendre la parole" : Noblece premiere parla, Present tous ceulx qui furent la (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 133).

 

2.

"Exprimer sa pensée en usant du langage articulé, s'exprimer" : Se Barbue eüst molement Pallé, monlt li fut malement (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 14). Et de ces ici les uns qui parloient plus simplement disoient que ce est pour ce que pyramide est la plus acue de toutes les figures, et le feu est le plus acu de tous les corps (ORESME, C.M., c.1377, 626). Et ledit Loys lui respondi par telz moz : Si fais, je y puis bien aler, car je y suis bien congneu et sçay bien parler, et m'entendroit-l'en mieulx parler que l'en ne le feroit toy, et sy suis filleul mons. de Thouraine. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 24). ...les trahitrez luy font signe qu'il paroilhe hardiement. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 121). Nature aprés ce que le congié de parler fu ottroyé de Dieu ainsy parla : "Tu scez, Sire..." (GERS., Concept., 1401, 399). ...et au jour de la date d'icelle sentence, [ledit maistre Bernart] ne parla point et fist parler son advocat, qui ne parla que de sa declinatoire et de son appel (FAUQ., II, 1421-1430, 239). ...quand il parla, ce fut en loant beaucop la tresgrande beaulté de ceste, sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 26). ...elle trouva son maistre, qui n'attendit pas qu'elle parlast, mais demanda incontinent... (C.N.N., c.1456-1467, 260).

 

Rem. Sur la contraction parlon, pour parle on ("parle-t-on"), cf. COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, v.17 (et la note de l'éd.). : Tant parl'on qu'on se contredit (VILLON, Poésies diverses T., c.1456-1463, 261).

 

-

Beau parler. "S'exprimer avec facilité (une facilité qui peut être trompeuse)" : ...qui proprement scet faindre, Beau parler, coulourer et paindre ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 45). ...bien savoit traire Et gent par beau parler attraire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 54). Plus s'estudiera a beau parler que a sagement ou veritablement dire. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 159).

 

-

Bien parler : ...Dieu scet, s'il avoit bien parlé la premiere foiz, que encores fist il mieulx son personnage a la deuxiesme (C.N.N., c.1456-1467, 315).

 

-

Parler haut. "Parler fort et s'exprimer avec assurance" : Dieu scet s'il parla hault et blasonna bien les armes de son bon voisin. (C.N.N., c.1456-1467, 26). ...pource qu'il veoit que hault parler ne fort [tancher] n'avoit pas lors son lieu, il remist le procés tout en Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 245).

 

-

Parler plein. "Tout dire" : ...[elle] luy voulut monstrer ung prisonnier qu'elle tenoit en ung tressecret lieu encloz et enserré. Et pour parler plain, elle se delivra, cy prins cy mis (...) d'ung tresbeau filz (C.N.N., c.1456-1467, 198).

 

-

Parler à cheval. "Parler de haut, avec insolence" v. cheval

 

-

Parler de sens / parler de folie. "Parler sérieusement / plaisanter" : Et pendant ce, le roy et le duc se trouvèrent ensemble en leurs chambres, parlans tel fois de sens, tel fois de folie et de joyeusetés, comme en tel cas eschiet (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 16).

 

-

Parler en (telle langue). "S'exprimer en telle langue" : Et parla a eulx le conte de Nevers Engillebert monsieur de Cleves, avec le bailly de Dyjon, et parlerent en allemant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 252).

 

-

Parler contre qqn. "Critiquer qqn, protester contre qqn" : Et appert assés par ce que nous voions, jouxte ce que fu dit ou chapitre precedent, que ja pieça aucuns povres de ceste policie murmurent et parlent contre les autres en disant que gens de Eglise ne doivent pas avoir teles possessions et que les premiers prestres ne menoient pas tel estat. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 189). Mais tantost par aventure on me dira le proverbe commun : "Bien aise plaidoye qui parle sans partie !", car il semble que nulz ne parle ou doye parler contre moy. Voulsist Dieu que ainsy fust et que on ne trouvast advocat ou plaidoyeur faisant partie contre ceste verité ! (GERS., Déf., 1400, 221). ...une femme vefve, duquel le mari avoit esté tué audit Orleans à occasion de ce que parloit contre aucuns qui transportoient le blef de la ville hors pour vendre ou peril et famine du pueple. (BAYE, I, 1400-1410, 326).

 

-

À proprement parler. "À vrai dire" : Cest dit est selon parler commun et est propre, mais c'est a dire que il est moins mauvais a parler proprement (ORESME, E.A.C., c.1370, 237). Je vous autroy et scé de vray que, en ce monde, a proprement paller n'a que une seule seignorie, laquelle est de Dieu, qui est vray seigneur de tout le monde, mez ceste unité de seignorie ne toust pas ne n'enpeche que, en ce monde, ne soient deux juridictions. (Songe verg. S., t.1, 1378, 72).

 

Rem. COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 3031.

 

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À parler plus proprement : Et en ceste maniere ou tout le ciel est desus ou, a parler plus proprement, il n'a ou ciel ne desus ne desous ne haut ne bas (ORESME, C.M., c.1377, 322).

 

-

À parler ainsi : Et n'est nulle doubte que a parler ainsi felicité est a loer. (ORESME, E.A.C., c.1370, 138).

 

-

À parler largement. "En gros" : ...car, a parler largement, aucune foiz est eleccion de chose notoire et qui n'est pas doubteuse, et ainsi n'est elle pas a mectre en conseil. (ORESME, E.A.C., c.1370, 193).

 

-

À parler moralement. "Eu regard à la morale" : Et, a moralement parler, c'est commun proverbe que toutes promesses ne sont pas a tenir (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 232).

 

-

À parler ouvertement : Et, a parler ouvertement, Tout est rompu, c'est a refaire. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 89).

 

-

À parler simplement : Car, a dire ou a parler simplement, gaaing est dit en teles choses, c'est a savoir, en injures, combien que il ne semble pas a aucuns que gaaing soit propre nom en teles choses comme seroit dire que le gaaing est a celui qui a feru et le damage a celui qui est feru. (ORESME, E.A., c.1370, 289).

 

-

À parler par mystère. "En s'exprimant au figuré" : Dieu se moeut au centre a parler par mistere, quant il fut incarné et prist nostre humanité, et se mut du centre, quant monta ez cieulz, et se moeut autour du centre en preschant. (Somme abr., c.1477-1481, 146).

 

-

Par manière de parler. "Pour s'exprimer ainsi, pour ainsi dire" : ...une grosse queue et longue de six à sept lances par manière de parler. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 116).

 

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Moralement parlant. "En s'exprimant figurément et en se plaçant au point de vue de la morale" : ...la racine des maladies et plaies parlant moralement (MÉZIÈRES, Epistre lamentable C.P., 1397, 112).

 

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Parlant par allegorie : ...la cité de son doulx Filz (...) inconsutile parlant par allegorie, laquelle elle verra dentrenchee et devisee (MÉZIÈRES, Epistre lamentable C.P., 1397, 155).

 

-

Empl. impers. : Et voulons et accordons que le dit mariage en la maniere qu'il est traictié et parlé, soit fait, contrait et acompli entre le dit nostre filz et la dite Beatriz (Doc. Poitou G., t.1, 1331, 380).

 

-

Je / moi qui parle. "Moi-même" : ...l'on dit qu'il eut une perre nommée albeston, laquelle, une foiz alumée, jamais ne se consulme et toujours brusle, et, j'ay qui parle, ay veu et encore ay devers moy une maniere de roche, en maniere de tallz fort transparant et luisant que jamais feu ne peut consumer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 v°).

 

Rem. Cf. FEW VII, 607b : «Nfr. moi qui vous parle "moi-même" (1670 - Ac. 1878, Sév...)».

 

-

Il/elle/lui qui parle. "Le justiciable, le témoin (qui s'exprime, qui est entendu)" : Et lui, estant couchié au lit de la mort, dist par plusieurs foiz à elle qui parle qu'il moroit des coups que ledit prisonnier lui avoit donnez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 176). Et, sans plus avant parler ou dire de ceste matiere ensamble, se parti, lui qui parle, de la compagnie d'icelle Perrete, et print congié d'elle. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 275).

 

-

Prov. : Po parler et bien besongnier. (MACH., R. Fort., c.1341, 62). Et aussi vient souvent contraire De parler, quant on se doit taire, Car on dit que trop parler cuit. (MACH., R. Fort., c.1341, 139). Et pour ce clèrement folie Cil qui de tost parler se haste. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 16). Po parler et bien besongnier, Car on dit que trop parler nuist. (MACH., D. Aler., a.1349, 269). Mains parler et plus faire, ce ne vous nuyroit mie ! (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 144). ...comme dist Tulle ou prologue de sa Rethorique, «sapience sans scavoir parler peu proufite». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 17). Car trop parler Puet moult grever (MACH., Ch. bal., 1377, 616). Trop parleir nuit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 128). Trop parler nuist plus que trop taire. (Pastor. B., c.1422-1425, 212). Trop parler nuict, trop grater cuyt (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 198). Trop gratter cuit, trop parler nuit. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 322). Il couvient que trop parler nuyse, Se dit on, et trop grater cuise (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 322). Parler boute feu en maisons. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 376). Peu parler et bien besoingner (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 79). Qui petit parle bien besongne. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 370). Trop parler nuyt. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 290). Pou parler et bien besongnier. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197). Tant parl'on qu'on se contredit. (VILLON, Poésies diverses T., c.1456-1463, 261). Et est la chose toute apperte Que par trop parler maint a perte (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 40). Peu parler a bien besongner. (Sots triumph., c.1475, 41). Trop parler nuyt. (MACHO, Esope R., c.1480, XXXVI). Tant perle-l'on qu'on se mesdit (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 14). ...par quoy faict bon user de l'oppinion de celuy qui dit que l'on ne se repent jamais pour parler peu, mais bien souvent de trop parler. (COMM., I, 1489-1491, 28). Parler a point et contenance sage Est de prudent homme signe et message. (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 323).

 

Rem. Morawski, 105 ; 2428. Prov. H, 191-192 ( P41 ; P45 ; P48 ; P49 ; P51). DI STEF., 639b.

 

3.

"Révéler ce qu'on tenait caché" : Barrabam, parle sans mantir Et jure que diras verité (Pass. Auv., 1477, 172).

 

4.

DR. Parler en cause. "Soutenir sa cause" : Item comme l'en ait accoustumé que quant aucun demande de parler en cause, que il luy convient nommer de qui, cest assavoir qui est l'advocat qui lui agrée estre à sa cause et en faire serment... (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1420, 381).

 

-

Parler sur qqn. "Assigner qqn en justice (?)" : Nota que en action de meubles, roturiers parleront sur nobles personnes. (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1400-1500, 507).

D. -

"Dialoguer" : ...elles se leverent après le repos du matin, et s'abillerent au plus radde qu'elles peurent, non point sans parler. (C.N.N., c.1456-1467, 203). Veez la semblablement parlé Comme fist Golias a David, Don Golias en fut bien punit, Car David luy coppa la teste. (Pass. Auv., 1477, 267).

 

-

Parler ensemble. "Avoir un entretien, une conversation" : ...et quant ilz furent montez en une chambre en l'ostel dudit chevalier, il et ladite Katherine parlerent ensemble longuement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 43). ...après ce que lesdis commissaires orent parlé ensemble à part (FAUQ., I, 1417-1420, 55). ...tantdiz qu'elle sera au chemin, nous parlerons ensemble. (C.N.N., c.1456-1467, 259).

 

-

Parler avec qqn : Item, il parle et converse differentment et autrement aveques ceulz qui sont en dignes et grans estas, et d'autre maniere aveques les autres qui sont mendres, et d'autre maniere avecques ceulz que il cognoist plus, et d'autre avecques ceulz que il cognoist moins. (ORESME, E.A., c.1370, 265).

 

-

Parler de plusieurs paroles. "Dialoguer diversement" : ...en la fin dudit soupper, [ils] commencerent à parler de plusieurs parolles, lesqueles elle qui parle n'entendi pas, mais elle oy bien que ledit Charlot dist audit Loys : Tu pourroyes autant pou encontre moy comme mons. de Thouraine pourroit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 24).

II. -

Empl. trans. dir.

A. -

[Avec un compl. d'obj. interne] : Deux paroles te parleray. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 166). Car quoy que ma bouche rie, Ou parle parole lye... (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 44). Et apres plusieurs paroles parlées entre vous et lui... (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., c.1445, 307). ...il n'estoit cellui ne celle qui peust ung seul mot parler. (LA SALE, J.S. E., 1456, 310). ...il a ronciné la mienne [ma mère] plus de cinq cens foiz, et je n'en parlay oncques ung seul mot ! (C.N.N., c.1456-1467, 326). ...ne me respondez sur ceste matere en la forme et façon que soulent et ont de coustume les aultres femmes, quand on leur parle telz propos comme je vous dy maintenant. (C.N.N., c.1456-1467, 564). ...parlons paroles plaisantes et honnestes (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 260).

 

-

Parler un mot à qqn / parler deux mots à qqn. "Dire quelques mots à qqn" : Chier sire, pourray je parler Deux moz a vous ? (Mir. fille roy, c.1379, 54). Pourray j'a vous un mot parler Icy, sanz plus avant aler ? (Mir. st Alexis, 1382, 317).

 

-

Sans mot parler. V. mot

 

-

À verité parler. V. vérité "À vrai dire"

B. -

Parler une langue / un langage. "Employer une langue pour s'exprimer" : Aucun puet parler latin a l'aventure ou a l'example d'un autre, comme un oisel parle et ne sceit que il dit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 155). Je vous y vail un drugeman, Pour ce que j'entens bien latin Et que je parle sarrasin Et turquien. (Mir. roy Thierry, c.1374, 329). ...il vous fault avoir (...) Un homme parlant son langage, Car il n'entent ne bien ne mal Le langage de ci aval (Mir. fille roy, c.1379, 57). Aprés li vueill aprendre touz lengaiges d'apeler chienz, de les menascier, de les resbaudir et, brief, touz lengaiges que on parle a chienz [Éd. : "les expressions adressées par le chasseur aux chiens"] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 144). Et dit que ladite femme estoit assez grande, et de l'aage d'environ XL ans, et parloit assez bon françois (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 427). ...deux jeunes hommes (...) parlans langaige sur le normant (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430). Ci comence la maniere de language que t'enseignera bien à droit parler et escrire doulz françois selon l'usage et la coustume de France. (Man. lang. G., 1396, 43). Se je parle ung poy poictevin, Ice m'ont deux dames apris. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 90). Il sceut et parla toutes langues. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 106 v°). Cestui fist fere deux astrolabes, l'un pour la chambre et l'autre portatif et une orloge sans contrepoix que je lui devisay ; lui fiz aussi ung introductoire pour aprandre à parler et à escripre lectre ebraïque. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 163 r°). Et aprés ce faict partit Pierre de Valetaut, grant mareschal des logis du roy en tout son voyage de Naples, pour aller au devant des Suysses et Allemans que le baillyf de Dyjon et aultres estoient allez querir es Allemaignes, pour les recevoir et faire leurs monstres, parce qu'il parloit et sçavoit bien leur langaige. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 301).

C. -

Parler qqc. "Dire qqc." : Trop de biens m'as fais, les quieulz seroit a moy doulce chose touz temps parler (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 61). Il ne voult parler choses plaisantes a Olofernes. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 130). Si j'ay parlé chouse contraire, Pardonne moy par ta clemance (Pac. Job M., c.1448-1478, 365). Et c'est ce que Lucain parle si deshonnestement contre celle lignee, ou il dist... (LA SALE, Sale D., 1451, 133). Secondement que Dieu est, l'escripture le dist et parle. (Somme abr., c.1477-1481, 100). Or regardez tous bonnes gens Comme vous guette lennemy Quand en Leglise est venu cy Escripre ce que lon parloit (Myst. st Martin K., a.1500, 323).

 

-

Parler qqc. de qqn. "Dire qqc. au sujet de qqn" : [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Quand a ce qu'on parole du sire de Torcy et de Tristan Lermite, c'est petite et povre coleur, car, se j'eusse eu ce propos, j'eusse bien envoyé aultres personnages (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 60).

 

-

Parler que. "Dire que" : ...car je feray ung brief qui parlerat que Gaufroit mande a Charles qu'il luy vueil paier tous les ans le cav[a]ge qu'il require (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 32). ...ja soit ce que aucuns d'iceulz eussent bien oy parler que on vouloit trouver maniere d'avoir finance desdiz religieux par engaigement ou vendicion de leurs joyaulz (FAUQ., I, 1417-1420, 123).

 

-

[Avec une prop. interr. indir.] : ...Titus Livius, ou .VIe. livre de la seconde bataille pugnicque, ou il parle comment Carpoue fut assise des Rommains moult destroittement (LA SALE, Sale D., 1451, 187). Pour parler comment il advint a Girard, quand vint le jour du partement de la bonne Katherine, environ dix heures, il s'esveilla (C.N.N., c.1456-1467, 180). Après que la bonne femme eut dit la confession generale, descendit au particulier, et vint parler comment, durant le temps que son mary avoit esté dehors, ung escuier avoit esté son lieutenant (C.N.N., c.1456-1467, 464).

III. -

Empl. trans. indir.

A. -

Parler de qqn/qqc.

 

1.

"Exprimer sa pensée, son opinion, au sujet de qqn ou qqc. en usant du langage articulé" : ...sauvement vous conduiray A vostre hostel, et en alant Yrons d'autre chose parlant (Mir. Berthe, c.1373, 235). Retrayez, sire, vostre main et voz grans dons, et vous verrez ceulz qui demourront. (...) Je parle des mauvaiz, et selon ce que j'ay ouy dire a ung des plus grans de France, que par aucuns telz estoit betourné tout ce qui avoit esté bien advisé et delibéré ou grant conseil. (GERS., Noël, p.1404, 311). ...et n'osoit nul parler du duc de Bourgongne, qu'il ne fust en peril de perdre le corps ou la chevance, ou d'estre banny. (Journal bourgeois Paris T., 1417, 76). ...son advocat (...) ne parla que de sa declinatoire et de son appel (FAUQ., II, 1421-1430, 239). ...lesquelles parties ont desjà parlé ensemble de traictié et accord en leur cause d'appel. (FAUQ., II, 1421-1430, 358). ...[elle] vint descendre ses parolles a parler de sa maladie, qui estoit mortelle et incurable (C.N.N., c.1456-1467, 141). ...il ne buvoit ne mengoit quelque jour, mesmement quand aultre euvre faisoit, que tousjours ne parlast de son bon curé (C.N.N., c.1456-1467, 440). Jamais n'en parlis, mon maistre. (Retraict T., c.1490, 227). Mais de vous dire je ne me veulx poinct faindre Qu'onneur mondain en douleur vous fauldra ; Tant que je vive, au cueur ne m'assouldra. Conclusion : de cela n'ai ge cure Et en parle qui parler en vouldra. Il est trop fol qui en luy mect sa cure. (LA VIGNE, S.M., 1496, 165).

 

-

Parler de qqc. au vrai du coeur. "Parler de qqc. en toute franchise" : Mais le duc certes qui à cest article voioit opportunité de respondre et d'en parler au vray du coeur, dist prestement : ... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 34).

 

-

Parler de qqc. comme clerc d'armes. "Parler de qqc. sans compétence (comme un clerc qui parle d'armes)" : Et, se parler comme clerc d'armes Je doy... (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 94). Je n'en doy pas parler comme clerc d'armes. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 389).

 

Rem. GERS. G, 1405, 1168.

 

-

Empl. impers. (Il) est parlé de qqc. "On s'entretient de, on délibère sur qqc." : Ce jour, fut conseillé un arrest sur un cas de faulseté, dont le registre fut fait par maistre J. de Cessieres, graphier criminel, et fu parlé d'aucunes choses touchant l'onneur de la Court. (BAYE, I, 1400-1410, 23). Item (...) fut parlé de l'assemblée de nosseigneurs, tant d'une partie comme d'autre (...) et fut parlé des lieux ou lesdis seigneurs se trairoient (BAYE, II, 1411-1417, 120). ...nous avons bon espoir Qu'il en sera parlé a james De noz tres hault et puissant fais (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 303).

 

-

"Jaser de qqc." : ...fut tant la chose escriée qu'on ne parloit par leans que des amours Gerard et Katherine. (C.N.N., c.1456-1467, 164). ...ce gentil homme consentit le mariage de sa seur et du bergier, et fut fait, et les tint tous deux en son hostel, combien qu'on en parlast assez par le païs. (C.N.N., c.1456-1467, 361).

 

-

Parler de qqc. en mal

 

Rem. Cent ball. R., c.1388-1396, 125.

 

-

Ne plus parler de qqc. "Ne plus évoquer cette chose" : Ubi supra N'en parlons plus (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 384). ...s'ilz y viennent tous deux ensemble, l'un fera place a l'autre, et bons amys comme devant, sans plus jamais parler de tuer et de batre. [Deux amis se partagent cordialement les faveurs d'une dame] (C.N.N., c.1456-1467, 240). ...soy voyant aussi bien maistresse de leens que s'elle fust sa femme espousée, ne parla plus de ce mariage et alla son chemin accoustumé. (C.N.N., c.1456-1467, 416). Or sa, il n'en fault plus parler. Il est jucge et a jucgé. (Pass. Auv., 1477, 216). Or sa, plus n'en fault parler ; Je m'en vaiz plorer mon soulz. (Pass. Auv., 1477, 278).

 

-

Ne pas vouloir ouïr parler de qqc. "Refuser que l'on évoque cette chose" : Car son mary, obstiné et endurcy en son propos, n'en voult oncques oyr parler, et encores mains de la reprendre. [Une femme répudiée voudrait recouvrer ses biens] (C.N.N., c.1456-1467, 420).

 

-

[Comme cheville d'afformation] N'en parlez mie : Ses gens y eut, n'en parlés mie, Car bien plus de .lx. estoient, Qui de tous costés l'asalloient. (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 116).

 

2.

En partic. Parler de qqn. "Mentionner qqn pour un haut fait, une action d'éclat"

 

-

Empl. impers. au passif : Je m'y vourray sy bien et sy bel esprouver Que je feray de moy tout le monde paller. (Tristan Nant. S., c.1350, 322). Je veulx feyre que l'om me voyse, Et que il soit de moy parlé. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 273).

 

-

Faire parler de soi. "Se mettre en quête de renommée (par une action d'éclat)" : Ce sont deux foulx adventureux, Et, ainsi comme je soustien, Y veullent faire parler d'eux. Ne savent s'il auront du mieux, Se la chose vient a effect ; Que j'é des compaignons plusieurs Qui leur rabesserons leur caquet. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 309).

 

3.

P. anal. "Exprimer sa pensée par écrit" : ...au retour passa par l'ostel de son filz, dont il a esté parlé, et luy dist... (C.N.N., c.1456-1467, 368). Reste a parler de la compaternité qui est attendue entre le suscipient et recepvant et le receut, id est entre le pere espirituel ou entre la mere espirituele et le filz espirituel. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

 

-

[Le suj. désigne l'auteur] Parler de qqn. "Prendre pour thème" : Josephus, qui fu faiseur de cronicques et grant expositeur d'escriptures divines parolle de Jhesucrist en ung livre des anchïennes histoires en telle maniere : ... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 241). Ypocrate parle cy endroit du ventre (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 376). Il parle de ceuls qui avoient escript en ceste matiere avant de lui. (ORESME, E.A.C., c.1370, 125). Apres il s'excuse de ce que il parle de si forte question. (ORESME, C.M., c.1377, 406). De moy parla en ses dictiez (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 27). ...ou .XVIIIe. livre de la Cité de Dieu, ou il parle d'une merveille laquelle je parleray ès adicions du chappitre des Merveilles (LA SALE, Sale D., 1451, 176). ...tantdiz qu'ilz se deviserent, nous retournerons a parler de la vieille qui revint a l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 260).

 

-

[Le suj. désigne un texte écrit] Parler de qqc. "Faire état, faire mention de qqc." : ...car les drois ["les textes de droit, les articles"] qui parlent d'office de juge et les docteurs veulent que le juge face son jugement selon les choses alleguees et prouvees. (ORESME, E.A.C., c.1370, 316). ...la Court s'informera premierement d'aucunes choses, c'est assavoir, se Arnaude et Guillemin sont enfans de feu maistre Phelippe de Corbie et damoiselle Jehanne, sa femme, et se es temps dont parlent les abolitions ilz fussent demourez à Paris ou ailleurs en ceste obeissance (FAUQ., III, 1431-1435, 158). La huitante et septiesme nouvelle racompte et parle d'ung gentil chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 18). D'Isaye j'ay veu l'escript Que de Messïas parloit, Et en telle façon disoit : Dominus ipse veniet et salvabit nos (Pass. Auv., 1477, 120). Cy commence le septisme livre parlant de la fin du monde. (Somme abr., c.1477-1481, 96).

B. -

Parler à qqn

 

1.

"Adresser la parole à qqn, s'adresser à qqn" : Sire curé, je vien a vous Parler, voire en confession. (Mir. mère pape, c.1355, 354). En pallant a Saint Nocolas... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 99). Mais anchois vous parrés ["vous parlerez"] a Foi (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 125). ...que plus a moi ne parroit elle ["qu'elle ne m'adresserait plus la parole"] (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 159). A moi parra ["parlera"] et jou a elle (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 95). Et fu fait mettre en la prison que l'en dist la Fousse, afin que chascun peust parler à lui, et qu'il ne se peust excuser de non avoir trouvé message ou à qui parler. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 245). Liquels Hennequins dist et respondi que il n'avoit que parler audit visconte (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 382). ...l'evesque de Poitiers est venu à belle compaignie, et a parlé au roy longuement, et lui a mis terme à dimenche. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538). ...auxquelx la Court a defendu qu'il ne parlent outrageusement ne ne meffacent audit chevalier, à peinne de grosses et arbitraires peinnes. (BAYE, I, 1400-1410, 128). Ne parlece [subj. prés.] point a moy Moÿse (Internele consol. P., 1447, 65). ...il seroit expedient que je parlasse a vous a part. (C.N.N., c.1456-1467, 45). Qui fut bien esbahy, ce fut l'oste. Car il cuidoit que Dieu parlast a luy. (C.N.N., c.1456-1467, 245). Ce bon homme neantmains rompit la presse, et, quoy que le maistre parlast et respondist a pluseurs, luy compta son cas (C.N.N., c.1456-1467, 468). ...devant tout le monde cryoit tant qu'elle povoit. "Vien ça, traistre ! parle a moy..." (C.N.N., c.1456-1467, 490). Romain, vien t'en a moy parler (Pass. Auv., 1477, 167). Hee, mon Dieu, comme Parlarey a ma doulce tante ? (Pass. Auv., 1477, 183). MICHEL. Premier a luy je parleray, Pour ce qu'il m'est fort amÿable Et en deux motz je luy diray Le vouloir de Dieu pardurable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 555).

 

-

[Pour interpeller] : Leve toy, mort ; je parle a toy ! (Pass. Auv., 1477, 131). Si filz de Dieu es, descent de ce lieu ! Je parle a toy, dy, o Jhesus ! (Pass. Auv., 1477, 211).

 

-

Parler bien à qqn. "Lui dire son fait" : ...l'oste, qui cognoist bien que c'est, parla tresbien a l'espousée, qui, toute deceute et esclandrie, tost après se partit de leans. (C.N.N., c.1456-1467, 125). ...Dieu scet s'il parla bien a elle, en luy remonstrant sa tres grand lascheté et desloyauté de cueur. (C.N.N., c.1456-1467, 239).

 

.

Parler à une femme dessous sa robe. "Parler à une femme en secret" : Ce maistre chaperon fourré fist tant, par moyens et d'argent et aultrement, qu'il parla a la belle cordoanniere dessoubz sa robe et a part. (C.N.N., c.1456-1467, 414).

 

-

Empl. impers. (Il) est parlé à qqn. "On évoque qqc. avec qqn" : ...la Court a sursiz de conclurre en ceste besoigne, jusques à ce que de par elle aura esté parlé audit monseigneur le Chancellier. (BAYE, II, 1411-1417, 7).

 

2.

"S'entretenir avec qqn" : L'Université propose et dit qu'elle n'a pas parlé à Savoisy ne à Cousinot son advocat (BAYE, I, 1400-1410, 111). ...pour ce qu'il n'a peu avoir accès ne faculté de parler à plusieurs prelas dudit royaume de France (FAUQ., III, 1431-1435, 100). Nous luy parlons de longue main (Pass. Auv., 1477, 134).

 

-

Parler de bouche à qqn. "S'entretenir de vive voix (et non par écrit) avec qqn" : ...et en ce cas la Court parleroit de bouche audit chevalier, et en oultre fera ce qu'il appartendra. (BAYE, I, 1400-1410, 109).

 

-

Parler l'un à l'autre : ...combien que a dangier parlassent l'un a l'autre, car le pere s'en doubtoit et leur ostoit et rompoit les moyens et voies... (C.N.N., c.1456-1467, 546).

 

-

Parler à qqn à part. "S'entretenir avec qqn seul à seul" : Je vous requier, s'il est possible (...) que vous me diez ou je pourray parler a vous a part. (C.N.N., c.1456-1467, 306). Seigneur, devant qu'alliés au siege, Il fault qu'ad vous je parle a part. (Pass. Auv., 1477, 168).

 

.

Parler à qqn entre soi : C'est force que je parle a elle entre nous deux seullement, et ne me chault qu'il me couste. (C.N.N., c.1456-1467, 154).

 

3.

En partic.

 

a)

"S'adresser à qqn pour obtenir de lui une information" : ...qui le saroit faire ? A qui me fauldroit il parler pour bien faire ceste besoigne ? (C.N.N., c.1456-1467, 40).

 

-

[Dans le domaine méd.] : J'ay parlé au medecin, qui m'a enseigné une medicine dont vous serez garie. (C.N.N., c.1456-1467, 136). ...ledit cyrurgien estoit ung tresgentil compaignon, le plus renommé du païs, et [le chevalier] le fist venir parler a luy. (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

b)

"S'adresser à qqn pour lui faire la leçon, pour le remettre à sa place"

 

Rem. A. Blomquist, St. neophilol. 27, 1955, 15 (sur la var. du v. 424 ds LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377). E. Suomela-Härmä, Coll. Nancy, 1997, 158 (CHASTELL.).

 

-

Trouver à qui parler : ...mais les payens estans sur les murailles fiers et orguilleux sescrierent haultement, comme tous a une voix, quilz aprochassent hardiement et que ilz trouveroient a quy parler. (WAVRIN, Chron. H., t.5, p.1471, 633).

 

.

[P. plaisant.] "S'adresser à un auditeur réceptif" : ...vers sa voisine s'en alla, qu'elle trouva en piteux point ; et ne fault pas dire qu'elle ne trouva bien a qui parler. [C'est elle qui est responsable du "piteux point" de ladite voisine] (C.N.N., c.1456-1467, 265).

 

c)

Parler à une femme. "Lui faire la cour" : Ma bonne voisine, dit la jeune fille, je vous requier que vous allez devers ung tel, qu'elle luy nomma, qui estoit ung tresbeau gentilhomme, et qui aultrefoiz avoit esté amoureux d'elle, et faictes tant qu'il vienne icy parler a moy. (C.N.N., c.1456-1467, 348). ...si ce pendant il vouloit venir parler a elle, elle orroit voluntiers ses devises [Une femme reçoit un homme en l'absence de son mari] (C.N.N., c.1456-1467, 389).

C. -

Parler à / avec qqn de / sur qqn / qqc. "Avoir un entretien, une conversation avec qqn sur qqc." : Sanz ce que par ledit Breton, sur ce interrogué, lui parlast en aucune maniere dudit mons. l'evesque de Poitiers, ne d'autre chose quelconques dont il soit record. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 548). ...pour conferer et parler de ceste chose avec ledit prevost des marchans et eschevins de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 46). ...jusques à ce que on eust de par le Conseil parlé audit duc de Bedford du contenu esdictes lettres (FAUQ., II, 1421-1430, 120). Sur quoy a esté deliberé de premierement parler sur ce à monseigneur le Chancelier de France (FAUQ., II, 1421-1430, 334). ...et son pere (...) ly parla d'un autre nouvel mary. (LA SALE, J.S., 1456, 5). Ce bon seigneur pensa ung peu sur l'advis de sa fille et en parla a madame sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 171). Est ce, dit il a sa seur, celuy dont vous m'avez parlé ? (C.N.N., c.1456-1467, 360). A toy, Simon, mon cuer s'adresse Pour toy parler de ton profit. (Pass. Auv., 1477, 153).

 

-

Empl. impers. (Il) est parlé de qqc. à qqn. "On s'entretient de qqc. avec qqn" : Sur quoy a esté respondu par la Court et ordené que de ce soit premierement parlé au procureur du Roy. (FAUQ., III, 1431-1435, 154).

 

-

"Évoquer qqc. pour susciter l'action de qqn" : ...que diriez vous se je parloie de ceste besoigne au pere, et je la conduisoie tellement qu'elle sortist effect desiré. (C.N.N., c.1456-1467, 297).

 

-

À l'impér. Ne me parlez plus de. "N'évoquez plus devant moi la chose en cause" : "...vous devez estre content, de ces huit rasieres et pensez y c'est un grand tas de blé. - Ne m'en parlez plus, dit il, j'en auray douze, ou je le tueray, et vous aussi !..." (C.N.N., c.1456-1467, 291). ...ne m'en parlez plus ; ce qui est fait ne peut aultrement estre (C.N.N., c.1456-1467, 346). Haa, traitre Judas ! De celluy ne me parlés plus ! (Pass. Auv., 1477, 184).

 

-

Parler à qqn de + inf. "Annoncer à qqn l'intention de" : LE PREMIER MARCHANT. Advis m'est que l'on me parla, L'aultre jour, d'aller a la foyre. Voisin, hau, que faictes vous la ? LE SECOND MARCHANT. Hee, mon voisin, vous pouez croire Que je mectz cy, par inventoire, Mon petit cas pour m'en aller. (LA VIGNE, S.M., 1496, 269).

IV. -

Inf. subst.

A. -

"Fait de parler, de s'exprimer, parole"

 

1.

[Oralement] : Or me dites (...) Sanz riens celer ce qu'avez fait En penser, en parler, en fait (Mir. mère pape, c.1355, 354). Mes yeulx demandent leur tour d'audience, qui couppent a ma langue son parler. (C.N.N., c.1456-1467, 168).

 

-

Perdre son parler. "Parler en pure perte, perdre sa salive" : Aussi tost viendroit l'on a chance De mener une grosse roche D'une parriere, qui ne loche, Com l'en avroit de ces larrons Pervers, crueulx, faulx et felons ! En eulx l'on pert tout son parler ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 87). LE JUGE. Tousjours dure ceste nouvelle ! Je vois que je pers mon parler, Car riens ne vault le quereler A cest homme pour son proffit. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 121).

 

-

Le parler dessous la ceinture. "Le fait de parler en secret" : La quarte de vin de bien-venue, le parler dessoubz la sainture, le voler de moine, le parler latin, et telles truffles, sont défendues [en prison] (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1425, 102).

 

-

"Dialogue, colloque" : Si vi assez près de ma voie D'avocas un moult grant parler. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 1). Mes il convient en determinant dez choses qui sunt vers lez policies qu'il sourvienne neccessité de parler de la combination qui est du mari et de la femme, et de celle qui est du pere et dez enfans, ce est assavoir en determinant quele vertu chescun des dessus diz doit avoir, et de l'omeli, ce est a dire de la collation ou colloqution et parler qu'il doivent avoir ensemble, et comment il pourront poursuir ce que est bien et fuir ce que est mal. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 75).

 

-

Seul parler. "Fait de s'exprimer par monologue, monologue" : ...un autre livre qui s'ensieut et fait assés au propos, qui est apelé "Le seul parler a Dieu d'un pecheur et l'art de navier au port de salut". (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 304). Seul parler, parole d'un seul : soliloquium (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 261). [Ds LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 466, soliloquium est traduit seulement par parole d'ung seul] ...il fist à soy mesmes ung seul parler, que l'on appelle en latin "soliloquium" (Ovide mor. B., 1466-1467, 199). Saint Anselme en son livre qu'il apelle Soliloquium, c'est a dire seul parler, car il parle a soy mesmes seulement devant Dieu en son secret : "Sire, nous creons que tu ez une chose tele que plus grande ne puet estre pensee." (Somme abr., c.1477-1481, 100).

 

2.

[Par écrit] : ...firent de tres bons rondeaulx (...) servans au propos de leur matere dessus dicte, dont je cesseray le parler, et donneray fin au compte. (C.N.N., c.1456-1467, 240).

B. -

[P. personnification] "Celui qui parle" : Quant on est en frontiere De Dangereux Parler... (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 328). Changers, pour haulx biens obtenir, Ne sont pas tousjours les meilleurs, Ne Doulx Parlers bons conseilleurs (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 659).

C. -

"Faculté ou manière de parler"

 

1.

"Faculté de parler" : Pour ce m'a le parler rendu, Que j'oy dès mon naistre perdu. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 73). Jamais ne parleras sur moy, Tu n'as langue qui ce peut faire, Dent ne levre ; il te fault taire, Car le parler t'est deffendu. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 229).

 

-

Perdre le parler : Ne scey a qui moy retourner. Si fort prens en cuer ce diffame Que j'en pers du tout le parler. (Pass. Auv., 1477, 208).

 

2.

"Manière de parler" : ...pensez de vous en raler, Car vous gastez vostre parler (Mir. st Guill., c.1347, 42). LE QUEREUR DES SERMON. (...) Onques n'oistes telle bouche. C'est merveille conment il touche Biau son parler (Mir. Theod., 1357, 78). Pensez si j'ay esté joyeulx Quant vous n'avez a moy parlé De vostre parler amoureux, Comme j'avoye acoustumé ! (GARENC., Poésies N., 1390-1400, 17). Madame qui tantost a congneu monseigneur a son parler, ne fut pas des plus asseurées (C.N.N., c.1456-1467, 112). Par ma foy, dame, je suis vostre mary, et ne me cognoissez vous au parler ? (C.N.N., c.1456-1467, 112). ...il trouva en elle tant de courtoisie en maintien et en parler qu'il n'en sceust plus demander par raison. (C.N.N., c.1456-1467, 316). ...d'ensievir le noble docteur Bocace en son hault glorieux parler (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 197).

 

-

Commun parler. "Langage commun" : ...l'en diroit que elle [la saincte Escripture] se conforme en ceste partie a la maniere de commun parler humain aussi comme elle fait en pluseurs lieus, si comme la ou il est escript que Dieu se repenti et que il se courrousa et rapaisa et teles choses qui ne sont pas ainsi du tout comme la lettre sonne. (ORESME, C.M., c.1377, 530). Pour avoir queilque introduction de congruité latine en commun parler est assçavoir premierement que... (GramM5, c.1400-1450. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 184).

 

-

Estre de petit parler. "Être peu loquace ; taciturne" : La IIIe [signe] : taciturnitet, car melancoliques sont de petit parler a cause de leur froideur comme la chaleur fait les gens grans parleurs. (Rég. santé corps C., 1480, 146).

D. -

"Propos tenus, discours" : Et les mist en moult bon corage D'eulx venger par cest parler ci : ... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 76). Se je vous ay laissié parler Sans reprendre vostre parler... (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 33). Sire, de vous ay eu maint Tel parler, dont petit me chaut (Mir. nonne, 1345, 320). ...cest homme de son parler M'esbahist ; si ne say que die. (Mir. mère pape, c.1355, 381). Aucuns pour echever le parler des gens, et afin que on ne les juge devos, se abandonnent a paroles et vie mondaine, et a boire et a mengier, et souvant trebuchent en pis. (GERS., Pent., p.1389, 82). Noblece se voult couroucier, Mais Raison les voult apaisier. Pour ce autre part son parler tourne Et devers Sagece se tourne (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 129). ...et ja soit que j'en soye le pire des aultres, sy m'en est [de l'humilité] le parler et l'escripre très plaisant. (LA SALE, Sale D., 1451, 22). Des dons, des reconfors, des beaux Parlers que Madame lui fist je me passe pour abregier. (LA SALE, J.S., 1456, 175). Il vous a mis en ces foulies Par son parler et par ses fables. Il est invocateur de diables ! (Pass. Auv., 1477, 161). Ton parler me vient a plaisir. Dismas, mon amy, vrayement (...) Je te promect certainement Que au jour d'uy seras avec moy En paradis glorieusement (Pass. Auv., 1477, 219). Oyans lesquelles parolles, lesdiz supplians furent fort espoventez et esmeuz, cuidans que ce feussent guecteurs de chemins qui leur voulsissent faire desplaisir, attendu le parler dudit feu Jehan, l'eure et le lieu, qui estoient fort suspectz. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 311). Et comme raconte l'istoire, il fit de dures et osteres batailles en son temps : et aucuns autres aussi en allegueroye se je ne doubtoie, o tres puissant roy, que mon langaige et long parler ne t'ennuyast. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 298). L'EVESQUE DES ARRIENS. Maistres parfaitz en theologie, (Ilz se lievent tous.) En loix et en astrologie, Oyez ce que je vous veulx dire ; Et vous, seigneurs, en qui clergie A suffisance est eslargie, Mon parler ne veillez desdire Ne d'icelluy en rien mesdire, Car j'ay le cueur trop remply d'ire Pour ces faulx mauvais crestïens, Lesquelz Dieu tous veille mauldire Et au fons d'enfer interdire (LA VIGNE, S.M., 1496, 327). Si me vueillez tous pardonner Si ie vous ay par mon parler Ne par faictz faict nul desplaisir (Myst. st Martin K., a.1500, 348).

 

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Au plur. : De joie m'avez huy refait, Amis, par voz parlers honnestes. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 287). Item, se en telz parlers a aucunes choses qui ne li soient bonnes, mais soient contre le honesté de lui ou qui lui soient nuisibles et contre son proffit, il avra indignacion de faire par ce delectacion a ceulz qui les dient et eslira plus contrister les. (ORESME, E.A., c.1370, 265). Parlers oyseux sont comme les bates du molin qui ne se peuent taire. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 35). ...suivez la compaignie des bons, oez et retenez leurs parlers, soiez humble et courtois ou que vous soiez (LA SALE, J.S., 1456, 46). ...une desconfortable convention de baronnie, dont les parlers estoient piteux et les pensemens aigres comme la mort (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 273).

 

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Parler (averi). "Adage" : On dit communement ung parler averis Qu'un couart boutera en terre les hardis. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 195). Mais on dit ung parler dont vraye est le tenour Que ly privés larrons sont toujours li pïour. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 777).

 

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Beau parler. "Expression élégante (parfois trompeuse)" : Car sodainement monstré m'a Son maintien, (...) Son biau parler, sa doulce face. (Mir. abbeesse, 1340, 66). Le beau parler aussi est aidié par la liesse de la pensee (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 19). ...selonc le dit de ung docteur nommé Ennode : «Leesse donne beau parler, laquelle chose engien refuse». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 19). C'est l'ymage clere et saine De toute beauté humaine, C'est la bien endotrinée, En chant tresdouce seraine, En honnour la premeraine, D'umilité aournée, Dame de douçour clamée, De beau parler la fontaine, De toute grace mondaine En ce monde renommée. (DESCH., Art dictier R., 1392, 289). Au fort, je vendray aux attaintes Quant beau parler m'aura failly. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 119). ...la doulceur d'elle est si grande, Le beau parler et le savoir... (CHART., D. Rev., a.1424, 312). Demostenes, prince de beau parler et mirouer de toute eloquence... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 9). DIEU. Certes, ma fille, en tant qu'il touche Le beau parler de vostre bouche, Il ne me doit en riens desplaire, Mais de tout en tout me doet plaire Fors tant qu'il fault qu'on me demengne [l. qu'omme deviengne] Se je veul que l'homme remengne [l. reviengne] Hors de la chartre ou il est mis. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 7). ...car chascun n'a pas doulce parolle ne beau parler (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 12). ...ilz avoient ung langaige bien ordonné et attempré et de beau parler aorné. (Somme abr., c.1477-1481, 120). Ma fille, vostre beau parler Me plaist moult, je vous certiffie. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 511).

 

Rem. Devin. R., c.1470, 526.

 

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[Personnification] : Et il n'est rien qui Franc Vouloir efforce Fors Beau Parler qui la lengue n'escorche, Et Doulx Prïer (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186).

 

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Prov. : ...comme dist Juvenal en son quart livre : «Habondance de paroles nuiseuses par beau parler samblent savoureuses». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 18). Car beau parler souvent refraint un cuer felons. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 440). A beau parler closes oreilles. (CHART., B. Dame, 1424, 342). Beau parler apaise grant ire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 179). A beau parler closes oreilles. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 658).

 

Rem. Morawski, 603. Prov. H, 191 (P43 ; P45). DI STEF., 639.

 

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Courtois parler : ...le courroux qu'en son cueur avoit conceu, quand a sa porte tant hurtoit, fut tout a coup en courtois parler converty. (C.N.N., c.1456-1467, 29).

 

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Doux parler

 

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Prov. : Le doulx parler fait accoisier grant yre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 374).

 

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Gracieux parler : ...il fist tant par son gracieux parler, maintien et courtoisie, que si avant fut en la grace de la fille qu'il couscha avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 68).

 

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Laid parler : Car lait parler chace et retrait L'enfant, mais doulx parler l'attrait S'autrement ne se veult donter (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 279).

 

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Mal parler. "Parole mauvaise" : ...la ramposne, Le mal parler, la villenie Que m'ont dit ma propre mesnie... (Mir. st Alexis, 1382, 349).

 

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Parler de bien. "Parole de bien" : Hardré, gardez que de vous n'isse Un parler de bien, que puissiez. (Mir. Amis, c.1365, 35).

 

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Dire un parler. "Tenir des propos" : ...Savoir s'il se convertiroit Et s'aucun parler me diroit A satisfacion tendant. (Mir. parr., 1356, 11).

 

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Prov. : Plus nuist parlers, souvent, que taires. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 159).

E. -

Haut parler. "Fait de parler fort, de pouvoir parler fort, avec autorité, parole d'autorité" : ...elles tiennent bien si grant compte d'elles que s'elles estoient en une compaignie d'onneur elles ne vouldroient mie estre moins servies que les saiges leurs pareilles en lignaige, ne avoir moins des salutacions, des inclinacions, des reverences et du hault parler que les autres (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 9). Et pour ce je vous dy que ainsi sagement, subtillement, cautement et doulcement doivent les bonnes dames conseiller et retraire leurs mariz des folyes et simplesses dont elles les voyent embrasez et entechez, et non mye cuidier les tourner par maistrise, par hault parler, par crier a leurs voisins ou par les rues, ou par les blasmer, par elles plaindre a leurs amis et parens, ne par autres voyes de mestrise (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 113). Et, pource qu'il veoit que hault parler ne fort [ tancher ] n' avoit pas lors son lieu, il remist le procés tout en Dieu, qui est juste et droiturier. (C.N.N., c.1456-1467, 245).

 

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Avoir le haut parler. "Parler d'autorité" : Orendroit as le hault parler Pour ce qu'a toi ne puis aler. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 107).

 

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Avoir le haut parler (sus). "Avoir autorité (sur)" : Quant l'un est de grant lignie et l'autre si est de basse, de commun cours celui ou celle qui sera plus noble vaudra avoir la seignourie et le hault parler, et ne vaudra pas tant souffrir de sa compaigne comme il deveroit et comme il n'est tenus, car noblece de sang ou non noblece ne donnent pas auctorité au sacrement de mariage (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 251). ...c'est assavoir que par ta prudence tu ne te doyes pas soumectre a aucun mahommet de tes serviteurs ou officiers, qui ayt le hault parler a droit et a tort sus tous les autres, duquel par ta propre voulente et sans neccessite tu soyes captive et ainsi comme voluntaire prisonnier, comme il est advenu maintesfoiz ou royaume de Gaule (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 229).

V. -

Part. prés. en empl. adj.

A. -

"(Celui) qui a la capacité de parler, qui parle" : ...quasi non fantes, aussi comme non parlans (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 315). Marchant sui, qui ay une pierre (...) Qui fait oir les non oyans Et fait parler les non parlans (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 264).

B. -

"Babillard" : ...Qu'ilz ne soient glouz, joueurs ne parlens (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 180).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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