C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/pair1 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PAIR1          PAIR2     
FEW VII par
PAIR, adj.
[T-L : per ; GD : pair1 ; GDC : pair ; DÉCT : per ; FEW VII, 595b, 598 : par ; TLF : XII, 793a : pair1/pair2]

I. -

[Idée de similitude, d'égalité]

A. -

Adj.

 

1.

[D'une pers.]

 

-

[De Dieu] : ...car Dieux est par sur tous et aide a ses amis (LA SALE, J.S. E., 1456, 238).

 

-

[D'un attribut de la personne] Non-pair. "Qui n'a point d'égal" : Se le dous viaire cler Qui n'a point d'amer, Qu'est nomper [non per] Et sans per, à veoir te tarde, C'est Desirs qui dementer Fait et tourmenter, Souspirer Et plourer Maint cuer (MACH., Les lays, 1377, 420). Tres noble destinée Ha cils qui s'i puet assener Sans dessevrer, Qu'elle n'a per, Eins est nomper [non per]  ; Et, sans doubter, On ne puet milleur regarder Ne si tres bele née. (MACH., Les lays, 1377, 428).

 

-

Pair à pair. "Égal à égal, à côté l'un de l'autre" : Aprés Saintré venoient messire François de Moncade et messire Arnault de Pereillos, chascun sur son tresbel coursier, per a per, et aprés eulz tous les autres chevaliers et escuiers a grant nombre (LA SALE, J.S., 1456, 112). Le roy, qui entendoit que l'onneur fust a Saintré, incontinant manda que tous deux saillissent per a per, mais pour ce que Saintré avoit le pris, voult qu'il alast a la destre main, et puis chascun comme estoient venus alast en son loigeis. (LA SALE, J.S., 1456, 133).

 

-

Pair à pair à qqn. "À égalité avec qqn, aligné sur qqn (ni derrière, ni devant)" : ...et aprés eulz venoient les roys d'armes et heraulz du roy, per a per a ceulz de France et a leur basse main. (LA SALE, J.S., 1456, 123).

 

-

Pair ou non pair. "Quel qu'il soit, un égal ou non, qu'il soit des nôtres ou non" : Par le collet de son pourpoint Je le prendray per ou non per. (Sots triumph., c.1475, 40).

 

2.

[Du nombre de points obtenus par un joueur aux dés, par rapport à celui d'un concurrent] : Or sa, Malque, recontons donc. Deux six et quatre seze font ; C'est mon jeu. Mes quines [double cinq] et six Est le tien, que ne vault rien pis Ne mieulx ; par ainsi il est per. (Pass. Auv., 1477, 204).

B. -

Empl. subst.

 

1.

"Celui qui est l'égal de qqn/ce qui est l'équivalent de qqc."

 

a)

Ne pas avoir (nul) pair

 

-

[D'une pers.] : C'est grant dommage de tel ber Ainsi finer, qui n'a nul per, Par Fortune et par mescheance Et par si diverse escheance ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 101). Celle, qui n'ot per, ne seconde De vaillantise, a Troye vint (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 142).

 

-

[D'un attribut de la personne] : ...Douce dame, vueilliez considerer L'amour que port Dedens mon cuer pour vo viaire cler, Et lors sarez qu'en vous sont mi penser Et mi desir et m'amour qui n'a per Et mi ressort. Mais se je puis trouver voie ne tour, Par quoy puisse veoir vo cointe atour, Einsois que parte ou face mon retour, Je le feray. (MACH., Compl., 1340-1377, 257). Ce sont li gentil cuer loial Qui entrent en la court roial De Bonne Amour qui n'a nul per. (MACH., J. R. Nav., 1349, 220). Et sa haute valour Qui n'a per ne gringnour, Sans faire en moy retour, Tient mon cuer en la tour De joie et de baudour (MACH., Vez ci, 1364, 274). Sus plus forte roche qu'axier Fist le noble chastel drecier D'Ylyon, qui oncques n'ot per (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 59).

 

-

En partic. [De la dame, de sa beauté...] : ...Et li desirs fait croistre et embraser L'amour qui n'iert ja de moy dessevrée ; Et la biauté ma dame desirée, Qui n'a nul per, souventefois remir En ce penser et en ce dous desir. (MACH., L. dames, 1377, 92). Et les peüsse avoir par souhaidier À mon voloir et par tel deviser Que chascune m'amast et tenist chier, Autant com j'aim ma dame qui n'a per, Ne vorroie je changier ne muer Ma chiere dame au doulz viaire gent : Tant l'aim je et serf et desir loyaument. (MACH., L. dames, 1377, 145). ...Dont se je l'aim, ser et pris Sor toute rien, n'en doy estre repris, Car, par m'ame, elle n'a per. (MACH., L. dames, 1377, 200). Car je soloie esperer Qu'amés et cheris seroie De ma dame qui n'a per. Las ! dolens, or sui en voie De desespoir. Qu'en diroie ? Bien l'ont esprouvé plusour Qu'amours commencent en joie Et fenissent en dolour. (MACH., L. dames, 1377, 217). Tres noble destinée Ha cils qui s'i puet assener Sans dessevrer, Qu'elle n'a per, Eins est nomper ; Et, sans doubter, On ne puet milleur regarder Ne si tres bele née. (MACH., Les lays, 1377, 428). ...ma tresredoubtee dame sans per, aiez de vostre serviteur mercy et ceste foiz plaise vous moy pardonner, car se jamais je y retumbe que je soye bien pugny. (LA SALE, J.S., 1456, 234).

 

b)

Adj. poss. + pair

 

-

[À propos d'une pers.] "Celui qui est l'égal de qqn (dans un domaine donné)" : S'il [es]couvient que je m'aplicque A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

-

[À propos d'une chose] "Ce qui est l'équivalent d'une chose donnée" : LE ROY. Voulentiers, puis qu'il fault que face Cy mon souper. LE CHARBONNIER. Onques mais n'eustes son per, Chier sire (Mir. roy Thierry, c.1374, 304).

 

-

[D'une chose] Ne pas avoir son pair. "N'avoir pas d'équivalent" : L'or n'a ça bas en puissance son per. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 39).

 

2.

En partic.

 

a)

"Celui qui est de même condition sociale, égal, semblable" : Se ber est appellé d'aucune chose qui appartiengne à son héritage en la court le Roy, et le ber die : "Je ne vueil estre de ceste chosse jugié se par mes pers non," l'en doit les barons semondre à tout le mains juques à trois (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 296).

 

b)

"Celui qui partage un même type de vie, compagnon" : Il [Glaude] s'esploicta tant qu'il yssi du cavain, et vint au large. Lors n'y attendy ne per ne compaignon, mais s'en vint a course de cheval vers le fort. (ARRAS, c.1392-1393, 204). ...Mort, qui m'a trahy, A prins mon per, dont en dueil je languy Sur le dur lit d'Ennuieuse Pensee. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 92). Mais de joie les vy seurpris Et d'amour nouvelle entrepris, Et un chascun avoit ja pris Et choisy un seul loyal per. (CHART., L. Dames, 1416, 199). Car vous ne poués guere faire Tant que serés seulle sans pert : Chose qui vaille, bien appert, Ne fait seullette femme nulle. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 173).

 

-

[À propos d'un animal] : Mon tresdoulz cuer et vrai ami, je me recommende a vous tant comme li cuers de moy puet plus penser, come celle qui est toute vostre et qui plus regrette vostre compagnie que ne fist onques turtre son per. (MACH., Voir, 1364, 510). ...Oyseaulx, je vous voy en chemin De tout plaisir et joye desiree ; Chascun de vous a per qui lui agree, Et point n'en ay (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 92). Au point du jour, que l'esprevier s'esbat, Meu de plaisir et par noble coustume, Bruyt la mauviz et de joye s'esbat, Reçoyt son per et se joinct a sa plume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

 

3.

HIST.

 

a)

Pairs (de France). "Vassaux du même rang qui ont droit de siéger à la cour de justice du roi" : Mon tresdoulz cuer et vrai ami, je me recommende a vous tant comme li cuers de moy puet plus penser, come celle qui est toute vostre et qui plus regrette vostre compagnie que ne fist onques turtre son per. (MACH., Voir, 1364, 510). Si disoient que li princes fust appellés en parlement en le cambre des pers, sus les griefs et molestes que il leur voloit faire (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 85). ...pluiseur aultre haut baron... misent plaintes avant en le cambre dou roy de France, le roy de France present et ses pers (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 68). ...il [le duc de Bourgogne] est doyens des pers de France, pour fait touchant paire, le trés noble duc et prince de Bourgoingne auroit celle congnoissance et la juridiction à cause du doyenné, et ne le auroit pas parlement ne le roy, car nulz ne doit estre juge en sa cause, especialement en cas qui touche paire. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 59). ...aussy avoit esté ceste Court ordonnée et establie pour faire justice par cent personnes qui font le Parlement, c'est assavoir, XIJ pers, VJ prelas et VJ laiz, VIIJ maistres des Requestes de l'Ostel (BAYE, II, 1411-1417, 42). ...en plain conseil où presidoit monseigneur le Dauphin audit lieu, presens les pers de France, les ducs de Berry, de Bourbon, de Bar et moult d'autres seigneurs du sanc royal (BAYE, II, 1411-1417, 83). Et oultre, furent d'opinion lesdiz des trois estas que à ce faire ledit seigneur de Charrolois se devoit fort emploier, tant à cause de la proximité de lignage qu'il a au roy comme aussi de per de France. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 200). Si, par especial, fist par icelui la fondacion et assiecte de son Parlement à Paris duquel fut inventeur. Icellui Denis qui fut ordonné de cent hommes vertueux ou nom des cens senateurs de Romme, comprins en ce les XII pers de France. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 104 v°).

 

b)

Pairs. "Grans vassaux d'un seigneur, d'un royaume" : ...tout einsi truis Que Fortune par ses conduis Monte l'un, l'autre avale, et puis Rien n'i aconte A roy, a duc, a per, n'a conte: L'un donne honneur, et l'autre honte (MACH., R. Fort., c.1341, 36). HERODE. (...) Vous sçavez bien piéça de vray Que tous me [l. mes] pers de Galilée Viennent une fois en l'année En mon hault palais regial, Toudis au jour de mon natal, Pour moy faire hommage et honneur, Qui suis leur roy et leur seigneur (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 83). De par le roy de Galilée Fay assavoir que la journée De son natal soyent venant Tous ses pers qui sont habitant Dessoubs luy, soyent chevaliers, Princes, ou ducs, ou escuiers (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 83). Et lors les pers et nobles du royaume veirent qu'il etoit griefment navré (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 298). Et, quant elle se trouva devant les pers du royaume, elle leur presenta son champion pour son filz mendre d'ans (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 298).

 

4.

Loc. Sans pair

 

-

[Avec une valeur laudative]

 

.

"Sans égal, sans pareil" : De tous est seur toutes prisie, Et c'est drois, que je ne cuit mie Que Nature qui tout conçoit Soutieument si soutive soit Qu'onques figurer la sceüst, Se Dieus proprement n'i eüst Mis la main a la figurer ; Car Dieus la volt faire sans per Seur toute creature humeinne. De toutes bonnes meurs est pleinne, De dous regart, de simple chiere Et de gracieuse maniere. (MACH., D. verg., a.1340, 16). ...il naisteroit une vierge sanz per, Qui fruit par fait divin conceveroit (Mir. st Val., c.1367, 171). Car parfait Dieu et vrai homme sanz per L'enfanta entiére et saine (Mir. st J. Paulu, c.1372, 147). Esperance qui m'asseüre, Joie sans per, vie à mon vueil, Dous penser, sade nourriture, Tres bon eür, plaisant accueil Et maint autre grant bien recueil, Quant Amours m'a tant enrichi Que j'aim dame, s'aten merci. (MACH., Bal., 1377, 548). Je puis trop bien ma dame comparer À l'image que fist Pymalion. D'ivoire estoit, tant belle et si sans per Que plus l'ama que Medée Jason. Li fols toudis la prioit, Mais l'image riens ne li respondoit. (MACH., L. dames, 1377, 183). Que dira l'en de Troye la renommee et la tresriche, et de Ylion, le chastel sans per dont les portes furent d'ivoire et les columpnes d'argent, et maintenant a paine reste le pié des fondemens que les haulx buissons forcloent de la veue des hommes ? (CHART., Q. inv., 1422, 3). Hé ! ma treshaulte et souveraine deesse sans per, vous qui me devriés reconforter du tres desplaisant duel que mon cuer a a cause du departir de vous qui estes mon seul desir (LA SALE, J.S., 1456, 96). Tous le citains semblablement par bendes Sans leur emprise en rien emanciper, Sortirent hors par compaignies grandes Pour faire honneur au noble roy sans per. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 188).

 

.

[De la dame, de sa beauté...] : ...Einsi Desirs de saouler Mes fols yeus d'assez remirer De la bele et bonne sans per La douce face Me berse et chasse sans cesser Et me cuide a la mort mener. (MACH., R. Fort., c.1341, 51). Sage, loyal, douce, plaisant, Tres bonne et belle sans per, En vo service faisant Vueil toute ma vie user (MACH., Ch. bal., 1377, 590). Mais ja pour ce n'en penseray laidure, Einsois en vueil tres humblement loer Loyal Amour et ma dame sans per. (MACH., L. dames, 1377, 52). Si m'en aten à vous, dame sans per, Qui tant valés ; et savez que souffire Ne porroit tous li mondes pour loer Assez vos biens n'a vo biauté descrire. (MACH., L. dames, 1377, 164). Et souvenirs, qui ne me laist durer, L'impression de t'image honnourée, Juene, gentil, bonne et belle sans per, Peint en mon cuer avec douce pensée, Pour moy faire joie avoir. (MACH., L. dames, 1377, 205).

 

.

En partic. [De Dieu] : DIEU. (...) Nous qui sans per regissons les saincts cieulx En hault pouoir et digne eternité, Demonstrerons triumphe gracïeux Pour refulcir gloire et felicité. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 3).

 

-

[Avec valeur nég.] : (Luciffer dit ceste presente ballade...). (...) Par Eacus qui en ce ne se mocque. Le bocquonyste, chanu, decrepit, roque Durdrilupus me fait enterver loque Avec Gritis, mon affin fraternel ; Puis Achiron mon estat fanfreloque, Car en ce crot sans per on me revoque Prince infernal, deable sempiternel. PRINCE. Orgueil, Envie contre Avarice bloque, Ire, Paresse a Luxure je troque, De Glotonnye suis le chief paternel, (LA VIGNE, S.M., 1496, 136).

II. -

MATH.

A. -

Adj. [d'un nombre] "Divisible par deux" : ...et ainsi en procedant oultre sanz fin par les figures selon l'ordre des nombres pers et non-pers, et par les angles droiz selon les nombres pers seulement. (ORESME, C.M., c.1377, 384).

 

-

Non-pair. "Impair" : ...et ainsi en procedant oultre sanz fin par les figures selon l'ordre des nombres pers et non-pers, et par les angles droiz selon les nombres pers seulement. (ORESME, C.M., c.1377, 384). Et est assavoir que en ladite roue du foliot doivent les dens estre toujours non per affin que au rencontre, quant elle fiert a une des dens, elle puisse eschapper par entre les aultres dens qui sont à l'opposite d'icy (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 276).

B. -

Empl. subst. masc. "Nombre pair"

 

-

Jeter pair ou non pair. "Jouer à pile ou face" : ...il n'est homme, se il a raison en soy, qui ne voye clerement que c'est une folie croire que par getter per ou non per on puisse savoir si un malade guerira ou mourir[sic], ou de deux champions lequel obtiendra, et samblables choses. (ORESME, Divin. C., c.1366, 114).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

Fermer la fenêtre