C.N.R.S.
 
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     OUTRAGE     
FEW XIV ultra
OUTRAGE, subst. masc.
[T-L : outrage ; GD : outrage ; GDC : outrage ; DÉCT : outrage ; FEW XIV, 9a : ultra ; TLF : XII, 720b : outrage]

A. -

"Outrance, excès"

 

1.

[Dans les choses, dans le comportement]

 

a)

[Dans les choses] : Mal sus mal si n'est pas santé, Trop sus trop si est grant oultrage (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 172).

 

b)

[Dans le comportement] : ...Dangiers orguilleusement Respont et despiteusement Tout premiers que celle requeste N'est bonne, belle, ne honneste, Eins est outrages et folie ; Et dit que moult bien emploiie Seroit une trés grant vergoingne A celui qui point ne ressoingne Si haute joie a demander Com celle qu'il devroit garder (MACH., D. verg., a.1340, 40). Aucuns homs sara que sa fame Se gettera en un diffame Par sa folie et son outrage, Dont elle ara honte et damage, Ou d'un amant sa bien amée Qui porra estre diffamée Par la maniere devant dite Que j'ay en sousposant descrite. (MACH., D. Aler., a.1349, 388). Sire, j'ay vesqui longue espace En orgueil, en oultrage, en ire Dissoluement com le pire Du monde et plus desnaturé. (Mir. parr., 1356, 41). Li don d'amour ne vont que par outrage, Dames en ont le jugement ouvert. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 22). Et fruis est tels, on en puet bien parler, Qui trop en prent, il fait un grant outrage (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 31). Quant je m'avise et je devis Comment outrages et folie Me misent en merancolie Que dou don de Nature perdre, Pensees me viennent aherdre, Qui me font sainnier a mervelles (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 50). Souvent vit joune homme en desroy, Et péche trop plus par oultrage Quant n'a famme par mariage, Et fait plus d'inconveniens Qu'un autres homs (Mir. ste Bauth., c.1376, 82). Et povons assez demonstrer que ce abstinences soit contre nature vegetative, parce que il ne reçoit pas deübment son nourrissement. Secondement, c'est contre nature sensitive, parce que il ne prent nulle delectacion. Tiercement, c'est contre nature intellectuele, car naturel entendement si enseingne de nourrir le corps souffisament, sanz outrage. (Songe verg. S., t.2, 1378, 223). Estat, de soy, est bon, quer il est dit de stabilité ou estableté ou fermeté. Maiz quant oultrage se joint et se marie a estat, tres mauvaise lignee s'ensuit (GERS., Annonc., a.1400, 237). Si te respons que la folie des mendres hommes est fondee sur l'outraige des plus grans et que les pechiez et desordonnances descendent des greigneurs aux plus petiz. (CHART., Q. inv., 1422, 37). Maiz tous iceulx qui ont les corps Purgiez d'umeurs moult secz et fors, Vivans sans paour hors tristesce, Garniz de joie et hardiesce, Voulans aussi, de bon courage, Fouir excez et grant oultrage Tant en mengier qu'en traveillier Qu'en reposer et en veillier, Pevent avoir grant asseurance En temps de boce ou pestillence. (LA HAYE, P. peste, 1426, 60). Et, pour mieulx garder de l'outrage, Doit aviser tout homme sage De quoy sourdra prouchainement Le venimeux encombrement, Qui pluseurs cuers destraint et serre Ou sourt de l'air ou desoubz terre (LA HAYE, P. peste, 1426, 78). LE DUC DE FLORENCE. Faire luy debvons reverance, Car moult nous aime, bien le sçay. Pour ce, briefmant je descendray, Et a pied l'yray saluer. Descendat de equo. LE ROY DE CARTAIGE. Il ne vous failloit remuer Pour ce faire, c'est grant oultraige. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 49). "Et quelle chere, dit le mary, vous a fait vostre hoste ? Par Dieu, il est bon compaignon. - Bon compaignon ! dit elle ; il n'y a rien d'oultraige . Je ne m'en saroie loer que tout a point..." (C.N.N., c.1456-1467, 410). ...a yceulx cinq [le duc] alla racompter les parolles de messire Henry ; et (...) dirent qu'il estoit bon de luy donner rencontre, non obstant qu'il ne seoit pas a deux d'un ostel estre souffert d'entrer en celuy dangier, mes l'outraige de l'un pooit bien donner couverture a ung aultre de faire samblable. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 137).

 

-

À (grand) outrage. "À l'excès, démesurément" : Tres fol est a grant outrage Qui celui qui fist l'ouvrage Dieu Veult comprendre en sa casee. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 355). ...car c'est raison qu'ilz mengussent d'une tire, sans seoir a oultrage, et a une alaine, sans reposer sur leur viande ou arrester ou acouster sur la table (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 135). ...j'ay bu A outrage. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 406).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; Chev. papegau C.V., c.1400-1500, 75/61.

 

-

En outrage. "À l'excès, démesurément"

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

Par outrage. "En donnant dans l'excès, la démesure" : Vous li avez escript [au roi] paroles Qui sont rudes, nices et foles, Et mauvaisement contruvées, Que mar fussent elles pensées. Vous l'avez appellé de gage, Sans nulle cause, par outrage ; Si que vous vous en desdirez, Et devant chascun li direz Qu'il est preudons, justes, loiaus, Et qu'onques ne fu desloiaus, Et qu'en li nul mal ne savez (MACH., P. Alex., p.1369, 242). Le follarge en un seul moment Pert mesure et gouvernement, Follargement despent le sien Par oultrage et ne retient rien. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 84). Je vous pardoins le mort du senescal sauvage Qui vous eut escarny et feru par outrage (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 220).

 

-

Sans outrage. "Sans excès" : Il tenoit grans convives joyeux et senz outraige (Gir. Ross. H., c.1334, 188).

 

-

Faire outrage. "Donner dans l'excès" : ...s'il est vrais amis Et en l'amoureus servage Vuet mettre vie et usage De cuer, com loyaus sougis, Folour feroit et oultrage De plus voloir ; ce m'est vis. (MACH., Les lays, 1377, 385). [Dans l'amabilité] Ha ! sire, dist Lyonnel, vous faictes oultraige, qui estes descendu pour ung garçon que je suy ! (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 341).

 

.

Faire outrage envers qqn : [Dans l'honneur qui est fait] Chier sire, vous faictes oultraige envers nous car il semble que vous faciez pour nous autant que se le roy Alexandre y fust descendu. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 698).

 

-

Faire outrage de + inf. "Commettre les plus grands excès en..." : Gens de mestiers, de tous ouvrages, Y vi de boire faire oultrages (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 74).

 

-

Faire des outrages. "Faire des excès" : GLOUTONNIE. ...Se tu savoies bien les gas, Les outrages et le lagan Que de viandes fas par an... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 321). Je me suis eslevee ou eslevé et ay eu orgueil des grans despens que j'ay aucune foiz faiz, ou des grans outraiges et superfluitez, comme de viandes grandes et outrageuses, comme a donner grans mengiers et belles chambres, assembler grans compaignies, donner joyaulx aux dames et aux seigneurs et a leurs officiers ou menestrez pour estre alosez d'eulx, et pour dire de moy que je fusses noble et vaillant et large. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 24).

 

2.

[Dans l'initiative, dans l'audace] "Témérité, présomption" : Coment osa il onquez tel outraige penser D'aller tous seulz a l'ost a princhez assambler ? (Hugues Capet Lab., c.1358, 132). Il avoit là un amiraut, Qui estoit venus à l'assaut. Il dist au roy : "Viens-tu conquerre Nostre païs et nostre terre ? Je te moustreray ta folie, Ton outrage et ta cornardie." Lors donna au roy tel colée, D'une fort lance bien ferrée, Qu'il le fist reculer IIJ. pas. Li roy li dist : "Tu ne scez pas Encor comment m'espée taille..." (MACH., P. Alex., p.1369, 71). ... cil Flament s'aventiroient follement et outrageusement... si en avoit souvent des mors et des bleciés par leur outrage (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 195). Et i fu mors lor chapitainne Clais Denneqin et, de sesse mille honmes que il estoient, il n'en escapa onques mille, que tout ne fuissent mort et ocis et abatu l'un sus l'autre, car il ne dagnierent fuir. Et la fu ocis li Borgnes de Robertsart par son oultrage, car il s'avança trop follement en la cace. (FROISS., Chron. D., p.1400, 179). ...en hault courage Point n'appartient orgueil, n'oultrage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 35). ..."ton outraige Te fera une foys mourir !" (Fr. arch. B., c.1468-1480, 33).

 

-

Par son (fol) outrage. "En montrant une folle témérité" : ...le roy d'Ausay l'a demandee a femme, mais elle ne s'i est pas voulu assentir, pour ce que autrefoiz avoit esté mariez. Lequel roy d'Ausay en a eu tel despit qu'il a deffiee la damoiselle et son pays, et y est entrez a force, et banniere desploiee, faisant guerre de sang et de feu, par son oultraige, sans cause et sans raison, et l'a assegiee, lui et ses gens, en la ville et chastel de Lucembourc, et a juré que jamais ne s'en partira jusques a ce qu'il l'aura prise. (ARRAS, c.1392-1393, 150). Par foy, dist Gieffroy, je lui apporte [au géant] le patiz qu'il a prins par son fol oultraige sur les gens de la terre de monseigneur mon pere, en la pointe du fer de ma lance ; car, jamais, tant comme je vive, autre patiz n'en aura, et deusse mourir en la peine. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

Mots d'outrage. "Paroles téméraires, présomptueuses" : Porrus envoya ses messages A Alixandre et mos d'oultrages Luy manda, com jadis fist Daire, Mais il ne s'en effroya guaire (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 51).

 

-

"Acte téméraire" : ... : ilz avoient esté en conseil ensamble et en collacion, à savoir comment ilz se maintenroient et se ilz tenroient la ville ou nom. Les aucuns s'accordoient ad ce que ilz le tenissent, mais la plus sainne partie le debatoient et disoient que de tenir et là demourer, ilz feroient folie et outraige, car ilz seroient enclos de tous costez, et ilz estoient trop loncgs de leurs fors et, s'ilz estoient assiegiez, il n'estoit pas apparant qui les pourroit secourir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 167).

 

.

[Avec une valeur positive] "Acte de bravoure" : Là fist messires Guillaumes de Felleton une grant apertise d'armes et un grant oultrage ; car il descendi de la montagne, la lance abaissie, en esperonnant le coursier, et s'en vint ferir entre les Espagnols (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 23).

 

3.

[Dans la façon de se tenir, dans l'habillement] "Outrance, extravagance" : ...s'il y a aucun homme ou femme qui voye faire a aultre quelque oultrage ou desordonnance en habit ou abillement, tantost les autres le suivent et dient il fault faire comme les aultres. Mais ilz dient voir : il fault que un oultrageux suive un aultre. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 158).

B. -

P. méton. "Ce qui est outrancier (faute, violence ou offense)"

 

1.

"Faute grave, acte inadmissible" : ...en tel maniere en ouvra Que la teste li dessevra [à l'oiseau] Tantost en l'eure de son corps (...) Et le geta sans nul respit Jus a la terre par despit. Dont tuit cil qui ce fait veïrent A merveilles s'en esbahirent, Et moult le damage peserent. Si ot de telz qui en parlerent, Nom pas qu'il eüst fait outrage, Mais en regretant le damage. (MACH., D. Aler., a.1349, 358). Mais qui son forfait continue Et dou parfaire s'esvertue Jusqu'a tant qu'il vient au derrien, Et a ce point ne trueve rien Fors que son dueil et son damage, Se lors recongnoist son outrage, Il vient trop tart au repentir. Guillaume, sachiez sans mentir, Qu'ensement avez vous ouvré. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267). Rois, or saches certeinnement Que Daniel communement Aoure son dieu a genous Trois fois le jour. Chascuns de nous Le scet, l'a veü, l'a prouvé, Et tantost li avons trouvé, Et nous t'en portons tesmognage De ce despit, de cest outrage, Qu'a ta loy nulle riens n'aconte, Et si vous fait despit et honte. (MACH., C. ami, 1357, 39). Amis, ne fai pas tel outrage Com de brisier ton mariage, Car vraiement, qui y enchiet, Dieus s'en couresse et l'en meschiet. (MACH., C. ami, 1357, 128). [Le roi] Perceval, vous savez comment Florimont de gage m'apelle, Qui est mervilleuse nouvelle Et pleinne de moult grant desroy, C'uns chevaliers appelle un roy. Il mesprent si villeinnement Et si tres orguilleusement, Que c'est la rien qui plus m'anoie, Comment que confortez en soie. De riens ne li croist vasselages, Eins est folie et grans outrages De mettre en tel lettre s'estude. Il est moult pleins d'ingratitude, Qu'il ne recongnoit les biensfais Que par maintes fois li ay fais. (MACH., P. Alex., p.1369, 234). ...on avoit fait un trop grant outrage, quant on avoit occis le baillieu dou conte faissant son office (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 179). ... il li ocirent son baillieu. Encores de rechief, il leur pardonna cel outrage pour eulx tenir en paix (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 223). Tuer le cuide, mais cellui Prie qu'il ait merci de lui Et dist "qu'il est de son lignage, Si seroit de l'occire oultrage." (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 79). ...et avoit esté cest outrage à l'occasion d'aucuns pages qui (...) empeschoient lesdiz escoliers à entrer en ladicte eglise (BAYE, I, 1400-1410, 94). Ainsy fut la loy establie Que toute ame eust peine et misere Qui se joindroit a char ordie Par l'oultrage du premier pere. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.5, 1440-1442, 51). Freres et sereurs qui estes saillis des corps qui ont porté cellui qui par son grant oultraige s'est de tous poins perdu, que devendrez vous ? (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 119). SECOND SERGENT. Sans plus de langaige, Puisqu'avez commis tel oultraige, Le deable vous chantera messe. (LA VIGNE, S.M., 1496, 532).

 

2.

"Violence"

 

a)

"Violence faite à qqn, à ses biens (pouvant aller jusqu'au crime), tort grave causé à qqn, violence" : Tant dura la guerre et l'outrage Entre les dux de hault parage Qu'ovec grant gent de sa contree Ceste cité a Dieu donnee Vint li dux Estorge assegier (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 75). ...Et maint païs destruit en furent, Dont encor les traces en durent ; Et des prises et des outrages Et des occisions sauvages De barons et de chevaliers, De clers, de bourgois, d'escuiers, Et de la povre gent menue Qui morte y fu et confondue, De rois, de duz, de bers, de contes Seroit lons a dire li contes. (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Quant cil d'Athennes eurent mort Androgeüs, si grant remort En ot Minos, li rois de Crete, Que par voie sage et discrete, Par force d'armes et de guerre Fist essillier toute leur terre ; Et les mist tous pour cest outrage Minos en si mortel servage, Que tous les ans li envoioient Un homme ; mais il sortissoient, Et cils seur qui li sors chëoit, Trop mortelment li meschëoit ; Car li rois Minos devourer Le faisoit la, sans demourer, Par un moustre trop mervilleus, Trop felon et trop perilleus. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). Eins me devés tenir en vo servage Comme vo serf qu'avez pris et acquis, Qui ne vous quiert villenie n'outrage. (MACH., L. dames, 1377, 208). ...la bature et navrure faite au frere dudit maire de Rungy, et la force par eulx faite aus portes d'icelle eglise, et, en après, les oultraiges par eulx ou aucun d'eulx fais et commis en l'ostel d'icellui curé, qui est le propre presbitaire de la cure, en desrompant son mesnaige (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 246). Ilz appellerent a justice ceulx qui les avoient degettez par oultrage (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 135). ...par tresgrant outrage la main lui avoit esté hostee. (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 145). Si nous escripvez quelle intencion avez d'en fere reparacion des dommages et outrages subis en y procedant de maniere que doyons estre contens (Lettres Louis XI, C., t.1, 1438-1461, 20). S. NICOLAS. Dieu eternel, trois en ung vueil Une voulenté par essence Qui en divine prescience Congnois les cueurs et les couraiges, Tu vois de Sathan les oultrages Qu'il a pourchassés contre moy Pour cuider destruire la loy. (...) Et Sathan, pour me faire injure, A rendu le crestien parjure. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 135).

 

-

[À propos de la Passion du Christ] : MISÉRICORDE. (...) Le roi haut d'umain lignage (Et) mis a mort par leur outrage... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 415). ...quant par memoire recors Comment soustenis grant oultrage En croiz (Mir. st Alexis, 1382, 322). Or varrey je piteux desroys En grans esfroiz, Quant ceste injustice et oultracge J'adnunciarey en mort visacge A celle saige Doulce virge, piteuse mere. (Pass. Auv., 1477, 180). Je ne puis plus souffrir l'ostrage Qu'on a fait a Jhesus mon filz ; Donc pour advertir les Juïfz Je veulx temeures [l. tenievres ?] estre en terre, Et que division soit en pierre. (Pass. Auv., 1477, 224).

 

-

Faire des outrages. "Commettre des violences" : ...lesquelz [gens d'armes] firent en ladicte ville pluiseurs outrages et tuerent et dommagerent pluiseurs des habitans d'icelle ville (FAUQ., I, 1417-1420, 166). ...et s'il advient que je me treuve en bataille où le Turcq soit, et je le puisse congnoistre, je feray mon pooir d'aborder à sa personne, pour vengier Dieu et saincte Eglise des grans outrages qu'il a fais (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 207).

 

-

Faire (un) outrage (à qqn). "Faire violence à qqn, causer le plus grand tort à qqn" : Es hommes firent moult oultrage Et es femmes mainte laidure (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 109). Par foy, sire, ce dist Gieffroy, je vien d'oïr celle male gent, qui font grans plaiz et grans riotes pour vostre avoir, et ont grans estris li uns vers l'autre, mais li affaires ira autrement qu'il ne esperent, et si soiez tout sceür, car, a l'aide de Dieu, je vous feray delivrer vostre avoïr et faire amende envers vous de l'oultrage qu'il vous ont fait. (Bérinus, I, c.1350-1370, 89). Hostes, vous faites grant oultrage, qui mon compaignon formenez si villainement (Bérinus, II, c.1350-1370, 91). Deffens nous des vilains desrois De Julien (...), Qui nous veult faire tel oultrage Que destruire nous veult trestouz. (Mir. emp. Julien, 1351, 192). Sire roy, je suiz cy envoiez devers vous de par Anthoine et Regnault de Lusegnen, son frere, pour vous monstrer la faulte et l'oultrage que vous faictes et avez fait a ma damoiselle de Lucembourc ; dont ilz vous mandent se vous lui voulez restablir ses dommages et lui admender raisonnablement l'injure et la vilennie que vous avez faicte a elle, a ses gens et a son pays, vous ferez ce que vous devez. (ARRAS, c.1392-1393, 158). Ce fut celluy qui, pour vengier l'outraige fait sur la personne du duc Jehan, son pere, et sa mort, soustint la gherre seize ans contre le Roy Charles de France, le septiesme de ce nom (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 89). Toy mesmes deshonneur te faitz En deffaisant ton propre ouvraige, Que tu deffectz quant tu m'infectz En faisant aux humains oultraige. (Cene dieux, c.1492, 131).

 

-

Faire mortel outrage à qqn. "Tuer qqn" : Ung sien nepveu luy fist mortel oultraige. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 221).

 

b)

"Violence faite à une femme, viol" : BERTHE. Sire, je vous pri humblement (...) Que ne me faciez tel oultrage Que vous m'ostez mon pucelage. Ains que vous me faciez annui, Sire, vous diray qui je sui... (Mir. Berthe, c.1373, 234). Jaçoit qu'il advertit Theseus de l'infortune qui estoit aadvenue à son filz, si ne l'en garda il pas, car la mere, par ung despit de l'outrage que Theseus fist à Philomene, sa seur, lui trencha la teste et le lui fist menger. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°).

 

c)

"Violence, cruauté qui est en qqn" : L'andemain, devant son mari Vint li pueples a cuer mari Et li doi prestre plein d'outrage, D'inique pensee et de rage, Pour mettre Susanne a la mort Sans conscience et sans remort. (MACH., C. ami, 1357, 8). Mais, quant il trebuchent en fraudes, baras et decepcions et vont par diverses voies de mauvaistié et detrenchent leur cuer par mauvaises pensees, tantost nostre Seigneur leur envoie sur eulz l'orgueil des Romains ou l'outrage des Alemans ou aucun autre tourment, et demeure la main de nostre Seigneur estendue sur eulz jusques a tant qu'il retournent a Dieu par aucune penitence. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 80). ...les rebellions et desobeissances par lui faites et commises contre lesdiz roys de France et d'Engleterre, pilleries, roberies et depredacions que faites a par sa force et oultrage, sanz cause et raison, contre le roy nostre sire et ses subgets (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 206). O tu, roy plain de grant oultrage, Qui tant as fait de sanc espendre ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 209). Car, ou verité ou rayson qui sont fondemens de la loy divine leur faillent, ilz recourent au glaive et a la fureur, et se aident dez instrumens de l'outrage humain. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 126). Les dames s'escrierent moult douloureusement quant elles veirent l'outrage de ces yvrongnes Centaures. Herculés et Jason coururent lors querir leurs armes et furent adoubez. Si tirerent aprés les yvrongnes qui s'en aloient tout tumbant par les champs, et tant les sieuvirent qu'ilz les rataindirent en une place verte. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 129).

 

d)

[À propos des choses] "Mal, tourment causé par qqc." : Amis tres dous, tu t'en iras, Dont moult te desconforteras ; Mais mon fin cuer en porteras Et mon ymage En quoy tu te conforteras Et ou tu te deliteras, Quant de desir pressez seras, Qui maint outrage Fait aus amans et mainte rage, Si que ja pour païs sauvage, N'ossi pour estrange langage N'oublieras Venus qui tous maus assouage Ne moy qui t'aim de vray corage, Et souvent ton secret message M'envoieras. (MACH., F. am., c.1361, 223). SAINCT MARTIN. Malladie fait grant oultraige A ce povre(z) homme(z) que voyez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 464).

 

3.

"Offense, injure, outrage" : Mais la mortel rage Et les meschiés qu'ay Viennent de l'outrage Que je commensai, Quant onques penser osay N'avoir regart À ma dame, que Diex gart. (MACH., Les lays, 1377, 376). Et pour Dieu, pardonnez moy, car je fay grant oultraige de l'enquerre [d'où vous venez], mais le grant desir de le savoir me fait faire cel oultraige. Sire chevaliers, fait la dame, cy n'a point d'oultrage, mais vous muet de grant courtoisie et de grant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 7).

 

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Dire outrage à qqn : Li roys fist un commandement, Qu'on amenast isnellement En sa presence le vallet, Qui po savoit et po valet, De dire outrage et villenie Au conte de Triple en Surie, Qui fils dou roy de Chypre estoit, Et telement le despitoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 258).

 

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Penser outrage : Cent rimes ay mis dedens ceste rime, Qui bien les conte. Prises les ay en vostre biauté qui me Tient sans dormir dou soir jusques a prime. Mais en mil ans n'en diroie la disme. Toute seurmonte. Chascuns le dit, li duc, li roy, li conte. Or vueille Dieu que ja si ne m'ahonte Qu'en li servant pense outrage ne honte, Car c'est la lime Qui les biautez lime, desteint et donte. Cils qui la voit aus autres riens n'aconte, Mais ce qu'adès croist, embelist et monte Tous maus reprime. (MACH., F. am., c.1361, 180). Cuer, corps, pouoir, desir, vie et usage En vous servir, douce dame, mis ay, Pour ce que tant avés plaisant et sage Cuer, corps, pouoir, desir, vie et usage ; Mais c'iert toudis, sans penser nul oultrage, Car certeins sui que bien emploieray. Cuer, corps, pouoir, desir, vie et usage En vous servir, douce dame, mis ay. (MACH., L. dames, 1377, 89).

 

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L'outrage de qqn. "L'offense, la honte subie par qqn" : Et ne retourne jamais vers moy jusques ad ce qu'il ara deffait tout ce que par ton oultrage il t'a fait ! [D'une mère à sa fille, abandonnée par son séducteur] (C.N.N., c.1456-1467, 69).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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