C.N.R.S.
 
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     OR1          OR2          OR3     
FEW IV 471b hora
OR, adv.
[T-L : or4 ; GD : or/ores ; GDC : or2 ; AND : ore2 ; FEW IV, 471b : hora ; TLF : XII, 569a : or2/or3]

A. -

[Adv. de temps.]

 

1.

"Maintenant, à présent"

 

a)

Or / ore / ores : Or ay une voye trouvee Se m'onnour garder y volez (Dit prunier B., c.1330-1350, 85). Sote, sote, quel reconfort As tu ores de ton pechier ? (Mir. abbeesse, 1340, 87). De cela me vueil j'ores taire, Sanz dire en riens. (Mir. ste Bauth., c.1376, 94). Et pour lors estoient les sciences chier tenues et prisiees plus qu'elles ne sont ores. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Or verra on qui oncques ama Josselin, mon oncle, ne son filz Olivier. Il le devra cy monstrer a vengier leur mort. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Lors escrie a sa gent : Avant, seigneurs bacheliers, veez la Gieffroy qui se combat tous seulz a la gent Mahommet. Qui ore ne lui aidera, honny soit il de Dieu ! (ARRAS, c.1392-1393, 232). Hay, dist il, m'amour, or vous ay je trahie par le faulx enortement de mon frere, et me sui parjurez envers vous. (ARRAS, c.1392-1393, 242). ...le corps de la benoicte vierge Madame sainte Katerine, qui ores gist en l'esglise de Sainte Marie de Rubo (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 160). Et vous, mes dens, chascune si s'esloche, Saillez avant, rendez toutes mercy Plus haultement qu'orgue, trompe ne cloche, Et de mascher n'ayés ores soussi (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 76). ...ilz avoient proposé, que leurs dames (...) les deussent rappeller ores ou aultrefoiz. (C.N.N., c.1456-1467, 364). Car s'en jeunesse il [le pauvre vieillard] fut plaisant, Ores plus riens ne dit qui plaise (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 51). Or est il mort [le garçon rusé que j'aime] passé trente ans, Et je remains [moi, la belle Heaumière], vielle, chenue. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 54).

 

Rem. Empl. pléonastique avec heure : ...se porta conclusion entre eulx que pour la nuyt ilz ne feroient que ung lit. Car de bonne adventure le mary n'estoit point leens (...) Or est heure, tantdiz que ce souper s'appreste (C.N.N., c.1456-1467, 478).

 

-

[P. oppos. au passé ou à l'avenir] : Mon treschier amy et seigneur, Onques mais n'oy doleur greigneur Conme j'ay ore. (Mir. ev. arced., c.1341, 114). ...sanz ce que iceulz religieux ne leurs diz successeurs soient contraint par nous, par noz successeurs ne par autres ou temps a venir, icelle rente vendre ne mettre hors de leurs mains, comment que ce soit, ne pour ce tenuz a prester ou baillier a nous ou a noz diz successeurs aucune finance, ores ne ou temps a venir (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1342, 120). Pieça ne vous vy si appert Com vous voy ore (Mir. chan., c.1361, 147). Galot, je n'y met nulz contens Que tu ne t'en puisses aler, Soit ore ou ja, a brief parler, Puis que le veulz. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 272). ...et que volentiers luy seroient données lettres que ce ne portast aucun prejudice, ores ou pour le temps avenir, à ladite juridicion de Saint-Magloire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). Et pour lors estoient les sciences chier tenues et prisiees plus qu'elles ne sont ores. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Noble duc, la cité et nous sommes du tout en vostre commandement, plus que a seigneur marchissant que nous ayons. Et ne nous espargniez de chose que nous puissions faire, car nous en sommes tous prests, et ore et autresfoiz. (ARRAS, c.1392-1393, 176). ...pourveu que ce ne porte prejudice à ladicte court de Parlement, ores ne pour le temps avenir (BAYE, II, 1411-1417, 38). ...pour quelques jugemens qu'il eussent fais, ores ou ou temps passé. (BAYE, II, 1411-1417, 63). Haa, mere, jadiz habondant et plantureuse de prosperité et ores angoisseuse et triste du declin de ta lignee... (CHART., Q. inv., 1422, 20).

 

-

[Avec un regard sur le passé proche] "À l'instant" : Va dire au mari Theodore Que le moine qui passa ore Par devant lui, c'estoit sa fame (Mir. Theod., 1357, 93). Mon pére a moy ore parloit Et m'acoloit et me baisoit Et prioit si tresdoulcement De penser a mon sauvement, Et il est mors. (Mir. Theod., 1357, 124). Nous parlïons ores de vous, Car nous nous garmentïons tous Comment au marquis, nostre sire, Pourrïons deprïer et dire Qu'a soy marïer s'assentist (Gris., 1395, 9). Ma tresredoubtee dame, sur l'amour et foy que je tien a vous, je estoie ores en cest pensement, et comment je pourroye parler a vous. (LA SALE, J.S., 1456, 146).

 

-

[Avec un regard sur le fut. proche] : Hee, Doulx Pere puissant, ou sera ores ly pays ou cest fors divers pecheur se pourra tenir. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Qui pourra ores souffrir les enfleures de voz eslevez courages ? (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 75). Or je vous diray, m'amye. Je ne puis arrester pour maintenant. Force est que je m'en aille hastivement (C.N.N., c.1456-1467, 287). Or on verra que tu feras, dist l'oste ; si tu faulx, je ne te fauldray pas. (C.N.N., c.1456-1467, 404). Si vous supplie qu'ores on se deporte (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 115).

 

-

[Dans un contexte hypothétique] : Si l'excuse l'en d'un si grant cas que soupposé ores qu il soit vray, sy n'y a elle ne pechié ne coulpe, ne ne commist delit ne mauvestié quant son mary lui commanda. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 80). ...ainsi comme se ores fust vivant au monde (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 8). "...quand ilz feroient cest honneur a ma fille que de la requerre a mariage pour luy, je leur en respondroye tellement qu'ilz devroient estre contens par raison. - Ainsi m'aist Dieu, dit le curé, l'on ne dist jamais mieulx ; et pleust a Dieu que la chose en fust ores bien faicte, ainsi comme je le desire..." (C.N.N., c.1456-1467, 296). Et fust il ore en la bourbe cachié, Doubter ne fault qu'i se revencheroit (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 126).

 

-

Subst. + d'or. "D'à présent" : ...mais au temps d'ore il n'est pas ainsi (Bérinus, I, c.1350-1370, 6). Et de present moult grant peuple a En celle cité, qui encore Est fort et poissant, ou temps d'ore (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 211). Et les estoremens des tables, En quoy ilz dreçoient li mes, De si riches ne finent mais Les princes, qui sont ou temps d'or (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 261). ...les crestiens d'ores (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 103).

 

-

Or... or. "Tantôt... tantôt" : ...cuer d'amant qui aimme fort Or a joie, or a desconfort, Or rit, or pleure, or chante, or plaint, Or se delite en son complaint, Or tramble, or tressue, or a chaut, Or a froit (MACH., R. Fort., c.1341, 32). Or va aux souppes, ore aux baings, Ore aux pastés (DESCH., M.M., c.1385-1403, 119). Il getent leurs fumees en diverses manieres selon les temps et selon les viandeïs qu'ilz font, ore en tourche, ore en plateaux, ore fourmees, ore aguillonnees, ore entees, ore pressees, ore debotees et en d'autres diverses manieres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 62). Elle porte ore deux, ore troys, ore quatre, ore cinq laperiaus. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 82). Bien est fol qui en tes dons [de Fortune aveugle] s'affie. Or hès, or aimes, or fais, or despieces, il n'a en toy de seurté ne d'estableté ne qu'en un cochet a vent. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Ores esloingne les prochains, ores raprouche les eslongnés. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). Ores disoit : "Je feray ainsi", ores concluoit aultrement. (C.N.N., c.1456-1467, 534). Or regarde le tuyau dont il voult souffler ladicte pouldre par dessus et dedans le mal ; ore retourne arriere et gette l'oeil de rechef sur ce dit mal (C.N.N., c.1456-1467, 35). Ores seras au train de parvenir Ou tu pretendz et ores en esloigne. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 274).

 

-

Or ... après ... après. "À présent ... ensuite ... ensuite" : Or l'appelle ribauld, après loudier, après putier, après yvroigne (C.N.N., c.1456-1467, 26).

 

.

Or ... à l'autre fois : Or l'appelle malgracieux, fol et enragé, a l'autre foiz deshoneste (C.N.N., c.1456-1467, 89).

 

-

Or a tel temps, tel intervalle... "Il y a à présent tel temps, tel intervalle..." : Hier furent ceans receu par election solennelment faicte ores à [l. a ?] IIJ sepmaines par le Chancellier et les seigneurs de ceans et du Grant Conseil maistre Guillaume de Villiers en president des Enquestes ou lieu de feu maistre Robert Waguet, maistre Jaques Branlart, champenoiz, Gerart Perriere, masconnois ou lionnoiz, Clemens de Fauquanbergue, picart, Pierre Johan, françoiz, né de Paris, es lieu de IIIJ des seigneurs vacans en la Chambre des Enquestes (BAYE, I, 1400-1410, 348). Cedit jour, a fait moult grant froit et a ... en pluies par pluseurs jours cy devant, ja soit que par avant avoit fait grant chaleur hative ..., qui estoit cheue par horribles tonnerres, qui se continuerent par demi jour tout entier ores à [l. a ?] VIIJ jours (BAYE, II, 1411-1417, 71). Ou parviz de Nostre Dame de Paris, presens l'evesque de Paris, l' Université, le chancellier de ladicte eglise et moult grant peuple, fu ars le propos fait ores a V ou VJ ans à l'ostel de Saint-Pol, devant le Roy nostre Sire, à Paris, par maistre J. Petit, maistre en theologie (BAYE, II, 1411-1417, 170). Ores a trois ans ou environ que une assez bonne adventure advint a ung chaperon fourré de parlement de Paris. (C.N.N., c.1456-1467, 414). ...et de mon veu que je feis ores a ne sçay quants ans (C.N.N., c.1456-1467, 429).

 

b)

[Dans des loc. adv. ou conj.]

 

-

À or. "À présent" : ...Tant qu'a ore, vous partirez Et a ces pucelles yrez Prendre ung petit d'esbatement (Dit prunier B., c.1330-1350, 53). ...a pou d'avoir m'estoie ores departie de mon païs, et tant pou comme j'en avoie me convient a ores perdre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 321).

 

.

Quant à or. "À présent" : Or n'en soit plus raison tenue Quant a ore (Mir. nonne, 1345, 321). Or te souffise quant a ore, Preudoms (Mir. emp. Julien, 1351, 219). Quant a ores, loez soit Diex De quanque j'ay. (Mir. roy Thierry, c.1374, 268). Par foy, dist il, seigneurs, cy a dures nouvelles. Fortune dort pour nous quant a present, et a ja fait grant temps, mais elle veille pour les crestiens ; il y pert bien a nous quant a ore, et aussi bien a il paru a nostre cousin le soudant qui a esté mort et desconfit, il et toute sa gent, en ceste ysle. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

-

Pour or. "Pour l'instant, pour le moment" : Ne vueil pas longuement seoir, Au mains pour ore. (Mir. femme, 1368, 191). S il vous plaist, a tant m'en iray Et a Dieu vous conmanderay Pour ore, sire. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 257). Pour ore m'en revois de cy En ma cuisine. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 282).

 

-

Or que. "Maintenant que" : Ores que vous alez ou service de nostre vray Dieu Jhesucrist ou vous pourrez acquerir le vray sauvement de voz ames et a tousjours maiz honneur, si vous recommande a tous nostre tressainte foy, ma baniere et voz honneurs. (LA SALE, J.S., 1456, 202). ...et ores que je cuidoie en vostre service faire mon devoir, acroistre vostre grace et mon honneur, fault que je perde celle a cui je suis tant actenu ? (LA SALE, J.S., 1456, 234).

 

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Dès or. "Dès à présent ; à l'instant" : Car dès ore est temps que je tende A l'esprivier ou j'entendi, Quant la prise pour li tendi. (MACH., D. Aler., a.1349, 269). Vezci le vin et les espices Que demandé dès ore avez (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 61). Dès ore est temps de retourner à l'estat de nostre matiere (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 120).

 

.

Dès or en avant. "Dorénavant" : ...et seront tenuz de rendre et paier des ore en avant, chascun an... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 42). ...sans enpechement qui de par nous i soit ou puet estre mis des ores en avant (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1336, 73). ...je m'aquite de vous et m'en desiste des ores en avant. (MACH., P. Alex., p.1369, 229). Devoir feray, comment qu'il m'en aviengne, Tresloyalment, dez ores en avant (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 321).

 

-

D'or en avant. V. dorénavant "Dorénavant" : ...et promist, par son serement et par la foy de son corps, rendre et paier chascun an, d'ores en avant, durant le cours de la vie dudit Guilaume tant seulement, aus diz religieus et a leurs successeurs ou au porteur de ces lettres, quatre souls et cinc deniers par.. de crois de cens (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 47). ...et se d'ores en avant voulez ouvrer par mon conseil, vostre besongne sera en bon ploy (Bérinus, I, c.1350-1370, 46). Mais par ce que nous dirons apres sera manifeste se ce qui s'ensuit est impossible ou possible, car aucuns sont a qui il semble que aucune chose qui onques ne fu engendree mais touzjours a esté sanz commencement puisse estre corrompue, et que aucune chose qui a esté engendree et faite de nouvel soit incorruptible et puisse touzjours durer sanz fin, si comme il est escript in Thymeo, c'est a dire en un livre que fist Plato, quar yleuques est dit que le ciel ou le monde fu fait et que il durera d'ore en avant en temps pardurable. (ORESME, C.M., c.1377, 186). ...et lors promistrent et jurerent l'un à l'autre estre d'ores en avant compaignons, et que de tout ce qu'il feroyent et gaigneroyent, tant de jour comme de nuit, l'un en l'absence de l'autre, il partiroyent ensamble et par moytié egaument. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 141). ...d'ores en avant à tousjours mais (BAYE, II, 1411-1417, 77). ...se dignement voulloient satisfaire et estre corrigié, d'ores an avant par la merite de l'ordonnance dessus dite (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 237).

 

-

D'or mais. "Dorénavant" : Si serons compaignon d'ore mais my et ty (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 337).

 

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Depuis or en avant. "Dorénavant" : Et renderai se tiere et son roialme grant, Mais de my le tenra depuis or en avant (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 252).

 

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D'or à jà. "Dorénavant" : Voy comment la nuit et le jour te gastent le temps, et garde comment tu as ton temps oublié, dont il couviendra que de chascune heure tu rende compte d'ores a ja. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 40).

 

-

Dès or mais. V. désormais : Car seigneur en serez et garde Dès ores mais (Mir. abbeesse, 1340, 75). ...des ores mes a touz jours (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1360, 240).

 

-

Dès or en avant. "Dorénavant" : Mais des or en avant sans faire departie, En son non reng a toy et mon cors et ma vie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 345).

 

-

Jusques à or. "Jusqu'à présent" : ...je n'ay pas eü conseil jusques a ores du marïer. (Bérinus, I, c.1350-1370, 310). Monseigneur, la bonne cité de Londres se recommande à vous, et vous prient touttes gens en general que vous vueilliez emprendre le royaulme à gouvernement et savoir par ceulx qui ont gouverné le roy, comment il a esté gouverné jusques à ores (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 25). Et me orrez declairer la noble lignie qui en est yssue, qui regnera jusques en la fin du monde, selon ce qu'il appert qu'elle a regné jusques a ore. (ARRAS, c.1392-1393, 5). ...pour ce que on n'avoit eu executoire de l'arrest, mais l'avoit tousjours le Roy prorogué jucques à ores (BAYE, I, 1400-1410, 6). Et comme nous tousjours portans à très amere desplaisance les divisions et guerres de nostre royaume, lesquelles paravant nostre advenement à la royal majesté estoient encommenciées, et jusques à ores ont duré... (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 207).

 

-

Tant qu'à or. "Jusqu'à présent" : ...et cheli que je vous envoie a present, voelliés le prendre en gré, car je l'ai fet a mon pooir de la plus nouvelle matere que j'aie trouvé entre les anchiiennes hystores dont je soie tant qu'a ores aisiés del avoir. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 103).

 

Rem. Tant qu'à. "Jusqu'à", v. tant C 2.

 

2.

[Par transposition dans le passé] "Maintenant, à ce moment-là, alors" : Ses garchons estoit moult en grans D'enquerre quel chose il avoit, Quant au venir sy hault cantoit Et ore estoit tristres et muz (Dit prunier B., c.1330-1350, 69). ...le quel droit estoit aprés le droit des dis religieux, et estoient yceux religieux censiers et avoient droit en ladite maison avant les dis Jehans, sicomme il disoit. Or disoit que la coustume de la ville de Paris estoit tele et toute notoire que... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1339, 81). ...or m'avez vous esmaié, car vous m'aviez ores du tout asseüré de ma delivrance. (Bérinus, I, c.1350-1370, 61). ...a pou d'avoir m'estoie ores departie de mon païs, et tant pou comme j'en avoie me convient a ores perdre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 321). Si grant soif n' oy pieça, par m' ame, Conme ore avoie. (Mir. Oton, c.1370, 348). ...s'il estoit ore en ung lieu, incontinent couroit en ung aultre, puis amont, puis aval (Comte Artois S., c.1453-1467, 43). ...ces lettres furent baillées, et la response fut rendue par celle qui fut contente. Or fut venu ce jour [Un homme a demandé par lettre un rendez-vous à une femme] (C.N.N., c.1456-1467, 259). Or faindoit il ceste bourde, qui depuis luy fut cher vendue (C.N.N., c.1456-1467, 285). ...il s'en revint coucher dont il estoit party (...) Or veez cy la chambriere retournée de la boucherie (C.N.N., c.1456-1467, 398). "...Et par ma foy, vous estes bon homme", dist Montbleru. Or vint le tour de Jehan Le Tourneur. [Des hommes prennent la parole à tour de rôle] (C.N.N., c.1456-1467, 400). ...il m'eust estranglé et devoré, se a ceste heure ne me fust souvenu (...) de mon veu que je feis ores a ne sçay quants ans (C.N.N., c.1456-1467, 429). La bonne damoiselle, oyant de son filz la response, quoyque malade et veille fust, en soubriant luy dist adieu. Or se passerent puis ung an, deux ans, tousjours languissant. (C.N.N., c.1456-1467, 458). Ores, envyron le temps dudit trespas du roy, estoient Florentins en grant differance en la cité. (COMM., III, 1495-1498, 308).

 

-

Or ... maintenant. "Tantôt ... tantôt" : Or se viroit vers la fenestre, maintenant vers la femme (C.N.N., c.1456-1467, 535).

 

-

Jusques or que. "Jusqu'au moment où" : J'ay eu despieça suspicion que nostre curé vous feist desplaisir, et le vous ay celé jusques ores que j'en ay eu la vraie experience. (C.N.N., c.1456-1467, 494).

 

-

Or avoit tel temps, tel intervalle... "Il y avait alors tel temps, tel intervalle..." : Et ce mesme jour, je requiz à messeigneurs dessus nommez que, comme par la grace de Dieu, du Roy et de sa Court, eusse servi ceans et exercé l' office de graphier par l' espace de seze ans tous entiers et continuez, car par lesdis XVJ ans onques n' y avoie failli jour, exceptez VIIJ jours, ores avoit XJ ou XIJ ans, que j'avoie esté malade au lit et telement que je cuidié morir (BAYE, II, 1411-1417, 273).

B. -

[Adv. renforçant l'assertion, l'injonction, l'exclamation, ou marquant le bien-fondé d'une interrogation]

 

1.

[En tête de proposition, avec l'idée plus ou moins nette de conséquence de ce qui précède, pour renforcer l'assertion] "À présent donc, vraiment, à l'évidence..." : Ores, femme, de grans perilz Es eschapee, bien le voiz. (Mir. enf. ress., 1353, 73). Ore, biaus seigneurs, avis m'est Que moult grant joie avoir devez Du baptesme que vous avez (Mir. st Panth., 1364, 332). Ores, compains, il nous convient Maintenant de lui depporter (Mir. st Ign., 1366, 94). LE BAILLIF. Certes, je n'oy mais pieça Parler de murtre si vilain. Ores je vous delivre a plain, Guillaume, et vostre fille aussi. Passez, alez vous ent de cy Ysnellement. (Mir. femme, 1368, 206). Ore je t'ay assez ouy (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 247). Ore, mon seigneur, il me semble Que pechier m'avez fait griément, Quant par vostre conmandement Et a ce vous avez tendu, Qu' ici vous ai con serf vendu. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 271). Ores pour ce cecy propose Que... (Mir. st Alexis, 1382, 288). Or est il temps de vous vengier ; il est tous desarmez, sans coustel et sans espee ; il ne vous puet eschapper (ARRAS, c.1392-1393, 58). Chier pere, veulliez moy pardonner vostre yre, et je vous jure que je feray refaire l'abbaye plus belle et plus riche qu'elle ne fut oncques, et y feray renter XX. moines plus qu'il n'y avoit. Par foy, dist Remond, tout ce se puet bien faire, mais aux mors ne povez vous rendre la vie. Ores il ne puet autrement estre. (ARRAS, c.1392-1393, 269). Folz roy, or as tu failly a moy et a ton don, et t'es mis en adventure de demourer ceans a tousjours mais. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Quant le seigneur feust venuz, si dist telz mottz : " Ores, dame, ce est ma bonne ante que vous avez couppé..." (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 92). Ha ! ma bonne maistresse, ce dist Gerard, or voy je bien qu'il fault que je vous abandonne pour ung espace. (C.N.N., c.1456-1467, 168). Or lui convient il [au pauvre vieillard] mendïer, Car ad ce force le contrainct (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 51). Gontier ne crains : il n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est herité ; Mais en ce debat cy nous sommes, Car il loue sa pouvreté, Estre povre yver et esté, Et a felicité reppute Ce que tiens a maleureté. Lequel a tort ? Or en discute. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 116).

 

-

[Joint à donc] : Or dison donques en resuivant, comme il soit ainsi que toute cognoissance et toute eleccion desirent aucun bien et a ce soient ordenees comme a leur fin (ORESME, E.A., c.1370, 108). Or avons donques que parfaicte felicité est en speculacion, et est monstré par .V. raisons prises selon .V. proprietés de felicité qui furent mises ou premier livre (ORESME, E.A.C., c.1370, 520). Or donc, en ma neccessité Vous deux telement me servez Qu'un grant bien avoir desservez (Mir. fille roy, c.1379, 16). Ores en laissons donc ordenner a Nostre Seigneur ce que bon li en semblera (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 107).

 

-

"Décidément" : Ores, Denise, Je n'entens point vostre langage (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 211).

 

2.

[Pour renforcer l'injonction ou le souhait exprimé]

 

a)

[Devant un impér.] "À présent donc, donc" : Mesire Gautier, Or me dites se vous savez Qui est chieux que vous la veés (Dit prunier B., c.1330-1350, 50). Or m'entendez, Messire Jehan ! (Dit prunier B., c.1330-1350, 77). Or t'en avance, je t'en pri (Mir. enf. diable, c.1339, 6). Or venez ça: grant desir ay De parler a vous en secré. (Mir. enf. diable, c.1339, 8). Or m'en dites ore Vostre propos. (Mir. Oton, c.1370, 340). Item, or faison une division de biens qui sont selon euls et pour euls meïsme, encontre ceuls qui sont utiles, et regardon lesquelz sont diz selon une ydee. (ORESME, E.A., c.1370, 115). Ore, se nous te faisons bien, Fai nous aussi. (Mir. roy Thierry, c.1374, 324). Ore, seigneurs, or loons Dieu (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 58). Ore, Lucien, biaux amis, Entens de baptisier la guise. (Mir. st Lor., 1380, 170). Et lors icelle Melusigne traist Melior sa serour, et Palestine, s'autre serour, a part, et leur dist : Mes chieres seurs, or regardez la grant griefté et misere ou nostre pere a mis nous et nostre mere, qui eussiemes esté en si grant aise et en si grant honnour. (ARRAS, c.1392-1393, 11). ...ly uns de ses forestiers lui vint annoncier qu'il avoit en la forest de Colombiers le plus merveilleux porc que l'en eust veu grant temps avoit ou pays, et que c'estoit ly plus beaulx deduiz qui y feust grant temps a. Par foy, dist ly contes, ce me plaist. Or faictes que les veneurs et les chiens soient prestz demain, et nous yrons a la chace. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Dame, dist Remondin, de ce ne vous fault ja doubter, car a ce jour me faille Dieu que je vous fauldray de convenant a mon povoir. Or, mon chier amy, dist la dame, laissons en le parler, car de ma part ne tendra pas que vous ne soiez le mieulx fortunez qui oncques feust en vostre lignaige et tous ly plus puissans. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Mais or me dy qui tu es. Et cellui lui respond : Gieffroy, n'en enquier plus avant, car plus n'en pues savoir, mais que tant que je suiz de par Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 300). ...il se rendra demain au soir devers elle en sa chambre. "Or le laissez venir, dist le mary ; il ne fist jamais si folle entreprise..." [Une femme révèle à son mari les assiduités d'un galant] (C.N.N., c.1456-1467, 49). ...dame, estes vous telle ? Le gibet y ait part ! Or allez a vostre charreton, si vous voulez, car je n'ay cure de vous ! (C.N.N., c.1456-1467, 72). ...[il] luy demanda dont elle venoit en ce lieu. Et elle respondit que Fortune l'y avoit amenée. "Fortune ! dist il ; or Fortune vous y tienne ! Mais je veil ravoir mon enfant (...) Or le me rendez bien tost, car je le veil avoir, quoy qu'en advienne..." (C.N.N., c.1456-1467, 148). "...Est ce, dit il a sa seur, celuy dont vous m'avez parlé ? - Oy vrayement, mon frere, dit elle. - Or luy faictes, dit il, de bon feu, pour soy chaufer, car il en a bon mestier..." (C.N.N., c.1456-1467, 360). Or y pensez, belle Gantiere [dit la belle Heaumière], Qui escolliere souliez estre, Et vous, Blanche la Savetiere, Or est il temps de vous congnoistre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57).

 

-

Ne ... or plus. "Ne ... donc plus" : Or ne m'en parlez ore plus, Car j'en feray tant, sanz plus dire, Qu'il vous devra assez souffire. (Mir. abbeesse, 1340, 79).

 

-

[Joint à donc] : Or m'entens donc et si retiens (Mir. abbeesse, 1340, 69). Or m'entendez donc, pére chiers: Je me rens confesse et coulpable A Dieu le pére esperitable, Qui pour nous en croiz mort souffri, Et a sa doulce mére aussi Et des cieulx a toute la court, Sire, et a vous, pour dire court, Conme celle qui a meffait Contre Dieu trop vilain meffait. (Mir. abbeesse, 1340, 95). "Monseigneur, je vous crye mercy ; jamais ne le feray. - Le ferez vous ? - Nenny, monseigneur. - Or, jurez donc..." (C.N.N., c.1456-1467, 59). "...Nostre Dame, dist il, s'il ne sailloit tant que je l'en feisse oster, il aroit bel actendre. - Or faisons donc bonne chere, et n'y pensons plus." (C.N.N., c.1456-1467, 186). Or pense donc combien cil est grant maistre Qui peult avoir telz joyaulx en son estre (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 29).

 

b)

[Pour renforcer l'expression d'un souhait, d'une volonté...] : Or doinst Dieux qu'ainsi nous en soit ! (Dit prunier B., c.1330-1350, 65). Pleust ore au doulx roy Jhesu Que ce chevalier delivrast Ma dame (Mir. marq. Gaudine, 1350, 163). Ore Diex y soit ! (Mir. emper. Romme, 1369, 259). Ores Dieux gart la compagnie ! (Mir. Berthe, c.1373, 166). Monseigneur, dist Melusigne, puis qu'il ne puet estre autrement, et que je voy que c'est a vostre plaisir que je lui mette son nom [à la forteresse], or ait a nom Lusignen. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Sire, dist le maistre de Rodes, il seroit bon de ancrer a ce petit port, tant que nous eussions envoyé au Limesson pour savoir des nouvelles, et savoir se ilz nous vouldront recevoir pour mettre nostre navire a sauveté dedens leur encloz. Maistre, dist Uriiens, or soit fait ou nom de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 91). Or les conduise Dieux, car ilz auront bon besoing a nostre baronnie. (ARRAS, c.1392-1393, 216). Ores, treshault, excellent et puissant prince et mon tresredoubté seigneur, se aucunement pour trop ou peu escripre je avoie failly, ce que de ligier faire pourroye, actendu que ne suis saige ne aussi clerc, il vous plaise, aussi a tous et a toutes, le moy pardonner (LA SALE, J.S., 1456, 309). "Ha ! monseigneur (...) estes vous en bon point ? - Oy, la Dieu mercy, ce dit monseigneur. - Or loé en soit Dieu ! ce dit madame..." (C.N.N., c.1456-1467, 112). "...Nostre Dame, tu ne retournerois pas, dit monseigneur. - Si feray, par mon serment, dit elle, trestout tantost. - Or je le veil ! dit il, avance toy..." (C.N.N., c.1456-1467, 118). Or que l'on commande Au portier de fermer la porte, Car, affin que bien l'on m'entende, Certain suis que rien ne m'aporte (LA VIGNE, S.M., 1496, 502).

 

-

[Avec le futur] : Ore vous venrez cy demain (Mir. chan., c.1361, 155).

 

c)

[Joint à d'autres termes dans un syntagme exclamatif] "Eh bien donc !"

 

-

Or avant. "Allons donc !" : Ore avant : afin c'on s'assiesse Plus tost, ceste nappe estendons Et ce pain sur table mettons, Hanaps et vin. (Mir. st Alexis, 1382, 283). Et lors leur monstre le roy l'ost des paiens. Quant ilz les virent : Par foy, dirent eulx, nous ne les savions pas si prez de nous. Or avant, dist le roy, ilz ne nous pevent eschapper se ce n'est par cestui navire que je vois la en ce havre. (ARRAS, c.1392-1393, 135). "...Je [me] veil confesser, dit il. - Or avant, je le veil, dit le [prieur], avance toy". (C.N.N., c.1456-1467, 61). Or avant, laissons la la pour ceste foiz. (C.N.N., c.1456-1467, 155). "Or avant, dist le Jouvencel, allez lui dire qu'il retourne et aux deux autres semblablement..." (BUEIL, I, 1461-1466, 67).

 

-

Or ça : Or ça, ma seur, seiez vous ça Et reclamez la vierge digne ! (Mir. enf. diable, c.1339, 12). Or ça, que Jhesus y ait part ! (Mir. ev. arced., c.1341, 116). Or ça, ma fille, levez vous (Mir. femme roy Port., c.1342, 161). Or ça, Aigres et vous Orchas, yssez hors de ceste prison (Bérinus, II, c.1350-1370, 97). Or ça, puis que tu veulx par mes mains finer affin d'aller en paradis, mectz toy a genoulz cy devant moy. (C.N.N., c.1456-1467, 62). "...tenez aussi ce buleteau, dit elle, sur vostre teste, vous semblerez tout a bon escient estre une femme. - Or ça, dit il, [de] pardieu ça." (C.N.N., c.1456-1467, 119). Or ça, mes amys, sans cueur faint, Le baptesme voulez avoir ? (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 154).

 

-

Or bien : Or bien, respondirent il, puisque elle est la, elle s'i tenra (FROISS., Chron. D., p.1400, 517). "...Est il ainsi ? dit le prevost. - Oy, par mon serment, dit le bon compaignon. - Or bien, dist il, nous en ferons tresbien." (C.N.N., c.1456-1467, 160). Est ce cela ? dit il. Or bien, bien : vous verrez comment il vous en prendra (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

Or sus : Or sus, my ange, appertement Venez moy vous deux convoier (Mir. abbeesse, 1340, 86). Or sus, Parlez ensemble. (Mir. Clov., c.1381, 234). Or sus, retournez ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 114). Or sus, je vois ouvrir la huche. (C.N.N., c.1456-1467, 383). Or sus, a coup, en bien peu de langaige, Nostre maistre, respondez a cela. (LA VIGNE, S.M., 1496, 336).

 

-

Or tost. "Allons, eh bien" : Mi ange, or tost, sanz demourée Raler m' en vueil en paradis. (Mir. abbeesse, 1340, 89). Or tost, Symeon, liéve sus (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224). Lors leur demanderent : Ou est nostre maistre ? Et ceulx dirent que il estoit lassus avecques le frere du roy de Chippre, que le roy d'Armenie festioit au fort. Or tost, dist ly uns, alez leur dire que il a passé par devant nostre ysle moult gros navire de Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 127). Or tost, dit le conte de Parvanchières, Mareschal, nous nous en allons là où vous nous avez dit, le plus dilligemment que nous pourrons. (BUEIL, I, 1461-1466, 190). Or tost, ouvrés les portes tantost au filz Marie ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 138).

 

3.

[Pour renforcer l'exclamation] : Homs de Dieu maudit et hais, De ton sanc sera taint le fer De ceste lance : ore en enfer Et ame et corps ! (Mir. emp. Julien, 1351, 196). ...ainsi l'entens. Ore, ore ! nous venrons par temps En Nervie, si enquerrons Ou Valentin trouver pourrons Que venons querre. (Mir. st Val., c.1367, 130). Ore, gare le change, gare, gare ! (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 205).

 

-

Or oh : Ore ho ! (Mir. ev. arced., c.1341, 117).

 

4.

[Pour marquer le bien-fondé d'une question, pour manifester son étonnement] "À présent vraiment ! Vraiment !" : Qui le meut ore a repliquer Ainsi contre nous l'escripture ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232). Sire, est ce ore en mauvais usage Que je m'emploie ? (Mir. march. larr., c.1349, 96). "Qu'est ce, sire", se dit Berinus, "qui vous meut ores a moy chastïer ?" (Bérinus, I, c.1350-1370, 27). Ore scez tu que tu feras, Agnesot ? (Mir. enf. ress., 1353, 30). Ore, par ta loy, qui te meut ? (Mir. march. juif, c.1377, 221). Or avez bien entendu ce que je vous ay dit ? (LA SALE, J.S., 1456, 60). Avez vous ores dont ce dit Pour me faire abreger ma vie ? (C. Riffl., c.1480-1520, 58). Que font ilz ores qu'ilz n'oyent mes clameurs ? (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 110).

 

Rem. T-L VI, 1171, l. 29-49.

C. -

[Adv. d'articulation du discours, marquant une rupture discursive (changement de point de vue, changement de thème, attention portée à ce stade sur un point jugé important...)] "À présent donc" : Ore de li me tays atant. (Mir. enf. ress., 1353, 46). Or commence la doulour et la grant tristece Remondin et le grant eur qui depuis lui vint de ceste doulereuse tristece, si comme la vraye histoire le nous raconte. (ARRAS, c.1392-1393, 21). Or advint, grant temps après, que la dicte faee se baignoit. (ARRAS, c.1392-1393, 4). Or avez vous ouy du roy Elinas et de Presine. Si vous vueil desormais commencier la vraye histoire des merveilles du noble chastel de Lisignen en Poictou (ARRAS, c.1392-1393, 14). Or est temps que je vous parle de Guyon et du maistre de Rodes, qui avoient enquesté aux Sarrasins que ilz tenoient prisonniers (ARRAS, c.1392-1393, 130). Ores du seurplus de l'istoire je me taiz, car il ne touche point a ma matiere (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 67). Et poson ores que elles sceussent tout clerement sur leur maistresse (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 145). Or retournons a nostre clerc (C.N.N., c.1456-1467, 286). Or, pour venir au fait, ce chaperon fourré (...) devint amoureux a Paris de la femme d'un cordoannier (C.N.N., c.1456-1467, 414). Or appartient que je vous compte la fin de mon emprinse. (C.N.N., c.1456-1467, 459). Or retournons maintenant a nostre mary, qui a trouvé deux bons compaignons (C.N.N., c.1456-1467, 528). ...jamais ne failloit, d'aller chacun jour sur le marché (...) Or estoit sa droicte voye de son ostel au dit marché la rue ou la maison de celle damoiselle estoit située (C.N.N., c.1456-1467, 569).

 

-

[Dans une adresse de l'auteur au lecteur] "À ce stade du récit" : Or ne vous fault il pas celer ce qui sert a l'ystoire. (C.N.N., c.1456-1467, 88). Or, oez comment nostre curé se gouverna après que la defense luy fut faicte. (C.N.N., c.1456-1467, 441). Or vous devez entendre que nostre marchant de blé fist son Saint Omer de l'ostel d'un de ses amys (C.N.N., c.1456-1467, 442).

D. -

[Adv. d'argumentation marquant un changement de plan ou introduisant une proposition dont les conséquences modifient le cours du raisonnement ou le cours des choses, une proposition permettant de conclure] : Ce chevalier, qui ceens est, est l'homme ou monde que je plus ayme (...) Or ne me peut il bonnement dire ce qu'il a sur le cueur (C.N.N., c.1456-1467, 248). Le troisiesme enseignement que mon pere me bailla si fut que jamais n'espousasse femme d'estrange region. Or y ay je failly (C.N.N., c.1456-1467, 336). ...il disoit a sa dame qu'il vouloit doresenavant servir Dieu (...) Or fist il tout le contraire (C.N.N., c.1456-1467, 416).

 

-

Or est vrai que / or est verité que : Or il est bien verités qu'il n'est douleur, tant soit angoisseuse, qui ne s'adoulcisse sur le tiers jour. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Or est vray qu'aprés plains et pleurs Et angoisseux gemissemens, Aprés tritresses et douleurs, Labeurs et griefz cheminemens, Travail mes lubres sentemens, Esguisez comme une pelocte, M'ouvrist plus que tous les commens D'Averroÿs sur Arristote. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 29).

 

-

Or est ainsi que : ...el est contente qu'il entre vers elle, mais qu'elle sente et sache premier de quelles lances il vouldra jouster encontre son escu. "Or est il ainsi, dit il, que je suis mal fourny de grosse lance..." (C.N.N., c.1456-1467, 107).

 

-

Or toutefois : ...la maniere comment on pourroit actuellement et par effect mettre a execution ses ardens desirs, l'on ne la savoit comment trouver. Or toutesfoiz, a quelque peine que ce fut, la façon fut trouvée (C.N.N., c.1456-1467, 504).

REM. Ore, forme de heure : ...maiz l'ore que ilz le virent venir, si furent toutes desconfortees (Bérinus, II, c.1350-1370, 62). Par maintes foiz, encore, L isle Bachan, au temps de l'ore, Crosla moult merveilleusement (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 261).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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