C.N.R.S.
 
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     OISEUSE     
FEW VII otiosus
OISEUSE, subst. fém.
[T-L : oisose ; GD : oiseuse ; DÉCT : oisose ; FEW VII, 443b : otiosus]

A. -

"Oisiveté, paresse" : Mains cil qui veult bien Dieu seruir, Pereche et oyeseuse doit fuir Et à labeureiir estre igniaux (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 234). Pour ce l'ay dit que, quant j'estoie De l'estat qu'innocence avoie, Que juenesse me gouvernoit Et en oiseuse me tenoit, Mes ouevres estoient volages : Varians estoit mes corages ; Tout m'estoit un, quanque vëoie, Fors tant que toudis enclinoie Mon cuer et toute ma pensée Vers ma dame, qui est clamée De tous seur toutes belle et bonne. (MACH., R. Fort., c.1341, 3). Je te pri, biaus trés dous amis, Que tu ne soies si remis Que tu te laisses einsi perdre ; Car tu te dois penre et aerdre A ce que j'ay dit ci devant, Nom pas le temps tenir devant En oiseuse et en trufferie. Laisse toute merencolie Et tout ce qui t'i puet mouvoir Fors l'amer ; qu'on ne puet avoir De bon temps fors ce qu'on en prent. (MACH., R. Fort., c.1341, 74). J'estoie juenes et petis, Nices, enfes et enfantis, Nus de scens et pleins d'innocence, D'assez petite congnoissance, D'estre en oiseuse coustumiers, Dame, quant je vous vi premiers, Ja soit einsi qu'encor en soie Mieus garnis que je ne vorroie. Si que l'imagination De moy et l'inclination Si mis et toute ma plaisence En vous, dame (MACH., R. Fort., c.1341, 131). Si non, et il vit en oiseuse, Tant est sa vie plus doubteuse, Car oiseuse, si com j'entens, Est comme sont ces grans estans Habondans de divers poissons, Et semblablement nous lisons Qu'oiseuse est l'estanc des pensées Et des choses desordonnées Qui en soy mesmes se nourrissent, Dont maintes personnes perissent : Ce sont les flums de la boe orde, Dont il fault que tout pechié sorde. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 212). ...la vie De quoy nul preudoms n'a envie : C'est d'oyseuse et de lecherie, Qui de nul vaillant n'est cherie. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 150). ...la cause si est pour l'assemblement de jeunece, oisiveté et poissance ensemble, qui est comme feu, souffre et esche en un vaissel, ce que ne peut mie estre es plus bas, lesquelz neccessité chace à aucun exercite, qui les tient occupez et tolt oyseuse (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 27). Luxure et vin, lecherie et perte de temps en oyseuse confondent le sens et mectent homme en erreur, et en fin le terminent à neant. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 174). ...tout homme doit fouir oiseuse et soy exerciter en bonnes oeuvres, afin qu'il ne soit pareil aux bestes, qui ne sont utiles qu'à elles seulement se à autres choses ne sont contraintes et induites. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 1-2). Vouloir m'est prins d'aler chasser Et quelque beste pourchasser, Pour esbatre ung peu ma jeunesse. On doit oyseuse dechasser Et tristesse de cueur chasser, Qui fait l'omme cheoir en vieillesse. (Narcissus, p.1426, 289). Aulcuneffois la cause est sanguine, aulcuneffois melencolique, aulcuneffois fleumatique le plus ; aulcuneffois fievre en est cause ou crapule ou oyseuse et fort dormir et les semblables. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 27). C'est a dire, mon ami : eschieve oiseuse, superfluité de vins et de viandes, afin qu'en luxure tu ne soies soillié, car la personne oiseuse et bien repeue a grant peine puet garder chasteté. (LA SALE, J.S., 1456, 24). Le quart [signe] est que les gens fleumatiques sont plus enclins a husense [l.huseuse] que a l'estude a cause de la froideur qu'il les endormit. (Rég. santé corps C., 1480, 122). Tu les maines de ville en ville, Mal vestus d'une robbe ville, Et vont truandent de huys en huys Par oiseuse a quoy les induiz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 727).

 

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Faire oiseuse. "Paresser, rester inactif" : Avant, Michiel : disons le miex Que nous sarons sanz faire oiseuse. (Mir. st Alexis, 1382, 338).

 

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[Personnification] : Oiseuse est la fole qui enseigne toutes follez abhominations et telles que on ne les ose dire, de quoy avient que confession s'en empesche, et trebuche la personne, a bouche close, a dampnation. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Nagaires je m'esbanoyoye par le plaisant et fructifiant jardin de la sainte Escripture, tant pour mettre en oubly les miseres, cures et soussis du temps present, et chassier hors Oyseuse, la fole (GERS., Concept., 1401, 388). Pour moy couvrir prestez moy ung pavaiz : Desarmé suis, car pieça mon harnaiz Je le vendy, par le conseil d'Oiseuse, Comme lassé de la guerre amoureuse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 175). Cil qui du tout a Oyseuse s'assert, Son nom dechiet et sa vertu sommeille (CHART., B. Nobles, c.1424, 404). Si pria le Cueur moult estroictement Bel Acueil et a Oyseuse aussi qu'ilz lui voulsissent dire la raison pourquoy le dieu d'Amours avoit fait faire ledit coulombier (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 169).

B. -

"Futilité, occupation ou parole futile" : Certes, vous parlez bien d'oiseuses. (Mir. Oton, c.1370, 341). ...je n'euïsse que faire De penser a teles wiseuses, Car ce sont painnes et nuiseuses Pour l'ame, qui noient n'i pense Et qui il faut, en fin de cense, Rendre compte de tous fourfais Que li corps ara dis et fais (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 228-229). ...li chevaliers ... commença à parler d'aucunes huiseuses, et demanda au chastellain se il avoit point oy parler des nouvelles qui couroient en France (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 90). Veés se c'est besoingne oiseuse Ou c'est oiseuse besoingneuse. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 91). ...que nul ne soit si hardi d'apliquer son temps en vaine oyseuse, comme de jouer aux dez ne a autre gieu de fortune (Bouciquaut L., 1409, 403).

 

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"Futilité, vanité (d'un comportement)" : Et pour ce que il n'avoit nul anemi, il ala querir a tres grant appareil et grant arroi et merveilleus despens aucun anemi a qui il feist guerre et a grant force et oiseuse il s'en passa en courant parmi France et Germanie selon la mer occeane (FOUL., Policrat. B., VIII, 1372, 97).

 

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Faire signe d'oiseuses. "Attirer l'attention sur des futilités" : Adoncques verriez vanité : Li uns rit, l'autre cachine Ou de oiseuses fait signe. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 134).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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