C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/mal3 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MAL1          MAL2          MAL3          MAL4          MAL5     
FEW VI-1 malus
MAL, adv.
[T-L : mal1 ; GD : mal2 ; AND : mal1 ; FEW VI-1, 125b : malus ; TLF : XI, 220a : mal2]

I. -

[Correspond à mal1 >I et à mal2 >I ; idée de désagrément, de dommage, de souffrance ...]

A. -

[Avec un verbe en constr. impers.]

 

-

Aller mal. "La situation est douloureuse" : DAME BERNOLINE. Il me semble que j'ay ouÿ Mon seignieur plandre : qui y a ? L'ESCUIER. Hélas ! ma dame, trés mal va. Bernard s'en est alez anuyt. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 90).

 

.

Aller mal de qqc. "Qqc. est dans une situation critique" : Si dit au roy tout clerement "Que mal iroit de la bataille, Car n'en revendroit pié, sanz faille..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 311).

 

-

Aller mal à qqn. "La situation est mauvaise, fâcheuse pour qqn" : Atant esvous venu l'admiral qui leur escrie en hault : Par ma foy, gallaffre, mal vous va. Vostre navire avez vous perdu et vostre trait. Crestiens nous ont rencontrez sur la mer et nous ont tous desconfiz, que mal soit de plus qui en soit eschappez que nous qui cy sommes ; et est tout perdu, a un brief mot. (ARRAS, c.1392-1393, 131). LA FEMME. Au dernier, mal nous en yra S'il n'est faict bien secrettement. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 126).

 

-

Aller de mal en pire/pis (à qqn). "La situation est de plus en plus mauvaise" : O tu, tres nobles et tres vaillans homs, or me va de mal en piz. Vostre haulte, noble et puissant chevalerie ne m'a pas tant seulement maté ne amenry de mon honneur, mais avec moy le plus preudomme et le plus vaillant roy qui feust en toute la langue tudesque et qui plus vaillaument a deffendu nostre foy catholique contre les ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 172).

 

-

Estre mal. "Être dommageable" : ...car aucuns maulx sont lesquelz il convient craindre simplement et est bien de avoir en paour, et qui ne les craindroit ce seroit mal (ORESME, E.A., c.1370, 204).

 

.

Être mal de + inf. : Et pour ce, par aventure, n'est ce pas mal de determiner et de savoir de ces circonstances quelles elles sont et quantes ou en quel nombre. (ORESME, E.A., c.1370, 181). Donques c'est bien ou ce est mal de querir tele chose. (ORESME, E.A., c.1370, 293).

 

-

Estre du mal au pire : Envoyés y vous hommes tous [à la guerre] Et demeurez en vostre empire, Pour garder vous berbis des loups, Lesquelz, sy venoient entre nous, Se seroit bien du mal au pire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 40).

 

-

Estre mal fait de + inf. "Il est dommageable de" : ...de destruire la terre d'ung si vaillant chevalier, comme le duc de Jullers estoit, ce seroit trop mal fait (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 168). Et me semble que c'est mal fait d'ainsi barater, decevoir et essaier son mary (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 91).

 

.

Estre mal fait que : "Sire, c'est trop mal fait que vous n'envoiiés plus especiaulment deviers nostre signeur le conte, par quoi il soit bien acertes segnefiiés de l'estat de son pais..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 396).

 

-

Faire mal à qqn à + inf. "Il pèse à qqn de" : C'est a savoir que magnifier ses faiz et soy venter fait mal a oïr as autres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 268).

 

-

Mal advenir/venir à qqn : Et sachiez que la fille du roy maine tel douleur que c'est pitié a veoir ; il a ja deux jours qu'elle ne voult ne boire ne mengier. Il nous sera bien mal advenu se nous perdons nostre roy et nostre damoiselle. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). L'ystoire dit que moult fu le roy Uriien et ses deux freres et le maistre de Rodes courrouciez de la perte de leur gent, et bien voient que, se Sarrasins croissent de gens, qu'il leur en pourroit bien mal venir, car ilz avoient bien perdu VIIJm. de leurs gens, que uns que autres. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Aussi ne verrés vous seigneur Qui teulz gens advoue ne tiegne, Qui face riens de son honneur N'emprise dont mal ne lui viegne. (CHART., D. Her., p.1415, 426). Plus ne te voy en mon usage, Trop mal me seroit advenu Se tu ne remetz ton courage, Se par toy il n'est soustenu, Je n'auray que douleur et rage. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 96). ...si mal, helas ! luy advint, que ce ris a force retenu fut converty en ung sonnet (C.N.N., c.1456-1467, 35). LE PREVOST. Comment, dea, quant il m'en souvient, Ce juif si n'est point revenu Ne son homme ! Mal advenu Leur sera s'i faillent au jour. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 128).

 

-

Mal en prendre à qqn. "Les conséquences sont fâcheuses pour qqn" : ...se il fait le contraire et mauls en viengne, mal l'en prendera, ensi que il fist a ce roi Edouwart (FROISS., Chron. D., p.1400, 43). Or se perchut li dis messires Hues li Espensiers que on murmuroit sur lui ; si doubta trop fort que mauls ne l'en presist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 48). Et, souvent en tel voye met Plusieurs, qui s'en treuvent deceü, A tart s'en sont apperceü Maint, a qui si mal en est pris Qu'ilz en ont esté mors ou pris. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 94). Le deuxiesme enseignement que mon pere me bailla fut que jamais ne courusse mon cheval a la valée. Je ne le retins pas bien ; ung jour qui passa, si m'en print mal Car, en courant [en] une valée après le lievre et mes chiens, mon cheval se rompit le col (C.N.N., c.1456-1467, 335). ...si vous le reffusez, il vous en pourroit bien mal prendre. (BUEIL, I, 1461-1466, 194). ...et mal leur en print après, car habandonnéz furent de ceste maison de Bourgongne et, perdu leurs intelligences du royaulme, se prindrent à perdre et à diminuer. (COMM., I, 1489-1491, 52). Et ainsi fut ceste praticque rompue et tout ce peuple bien mué d'essiens ny ne se fust trouvé homme de ceulx qui paravant avoyent esté devers nous qui plus eust osé parler de la marchandise, et aux aucuns en print mal. (COMM., I, 1489-1491, 57).

 

-

Mal sonner à qqn. "Qqn a un mauvais pressentiment" : PYLATE. ......Puisque vostre couraige vois Qui pour riens ne vous veult reffraindre De ce povre homme a mort contraindre, Neantmoins qu'il me sonne tres mal, Je me vois seoir ou tribunal Pour le juger comme il fauldra. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 310).

 

-

[Formule d'imprécation]

 

.

Mal soit de qqn. "Malheur à qqn" : Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz, si que mal soit de cellui qui eschappast qu'ilz ne feussent tuit pres que mort que prins. (ARRAS, c.1392-1393, 113). Vecy la fleur de chevalerie du monde qui vient a secours avecques le roy d'Ausaiz, et les verrez tantost commencier la bataille ; ja Sarrasin n'en eschappera qui ne soit ou mort ou pris. Et quant ceulx l'entendent, si gettent tous ensemble un cry hault et grant, et se prindrent a deffendre par tele maniere que mal soit du Sarrazin qui osast demourer ou pié du mur. (ARRAS, c.1392-1393, 183).

 

.

Mal de qqn. "Malédiction sur qqn" : "...ains demain vous trencherons la teste, ou vous croireiz Dieu !" Adont dist Fernagus : "Mal de Dieu et de Charlez et des Cristiens !" (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 149).

B. -

[Avec un verbe en constr. pers.]

 

1.

[À propos d'une pers.]

 

-

Avoir à mal qqc. "Être vexé par qqc." : "Dame, or oiez Ce que diray et a mal ne l'aiez: N'est merveille se vous vous esmaiez, Car bien est drois que dolente soiez...". (MACH., J. R. Beh., c.1340, 66).

 

-

Avoir à mal si + sub. "Considérer comme vexant, injurieux si, prendre mal si" : Avec ce, prince de tres haulte excellence, supplie ta doulce humilité que à mal n'ait s'en singulier nom je parle à toy, car ton bon sens ja inbués et aptes en fait de lectres n'a pas à savoir que, selon usage de rethorique, c'est le plus propre stille d'escripre mesmement à empereurs et roys. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 60). Et, tres noble et redoubtée dame, avant que plus oultre je procede en ceste matiere, suppli humblement ton humaine debonnaireté que n'ait à mal se en singulier je parle à toy, c'est assavoir par "tu", ainsi come meismement autrefois ay parlé, en mes petites escriptures et epistres, à ton tres noble pere, l'excellent duc de Berry (dont l'ame soit au ciel !) (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 18).

 

-

Estre mal. "Être indisposé, souffrant" : ...pour la joye qu'elle eut de ce que son mary [qui a feint d'être souffrant] n'estoit point si mal ne si desvoyé qu'elle esperoit, ny que son cueur luy avoit jugié, elle s'en alla querir ses enfans (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

.

[D'une partie du corps] "Être en mauvais état, malade" : Comment ! dit il, je ne vis oncques tel mal ; cest oeil cy est plus mal qu'il y a XV jours. (C.N.N., c.1456-1467, 504).

 

-

Estre mal de qqn. "Subir l'animosité de qqn, être mal vu de qqn, être en mauvais termes avec qqn" : ...Se nos diex despisez, vous seres mal de nous. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 110). ...et estoit adoncques mal de son pere le conte de Juley (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 42). ...ce duc d'Irlande (...) estoit mal de ses cousins germains (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). ...ce seroit grans confors pour le signeur le roy (...) se il pooient avoir l'acort des Flamens, qui adonc estoient mal dou roy de France (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 129). Miserelle, pourquoy ne daigniez-vous parler à moy ? Que vous ay-je mesfait ? Estes-vous mal de moy ? Je veuil savoir la cause pourquoy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 62). Si dit la letre Q'un an entier ou plus de deux En fu Achillés moult mal d'eulx, Ne onques ne s'i volt armer, Ne pour prier, ne pour blasmer. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 119). Adont la royne print le chevalier par la main et dist en approuchant les pucelles : "Cuer d'Acier, je suis mal de mon filz pour l'amour de vous." (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 368). "...et ne sont pas gens qui voisent cherchant que vous soiez mal monseigneur vostre fils..." (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 164). "...je suis tanné de ma fortune qui me brasse indignation là où je n'eus onques desserte et me fait mal estre du fils dont j'aime le père pour mourir pour eux deux." (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 286).

 

.

Estre mal de cour. "Être mal vu à la cour" : Depuis avint que messires Jehans de Gistelles fu si mal de court, qui estoit cambrelens dou roi, que on l'i veoit envis, et bien s'en perchut. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 131).

 

-

Estre mal en point : Et dedens les vignes près Saint-Anthoine des Champs furent prins bien XX ou XXIIII povres paillars Calabriens et Bourguignons tous nuz et mal en point, qui furent venduz au butin, et en donnoit on quatre pour ung escu, qui est audit pris VI sous VI deniers parisis la piece. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 108).

 

-

Finir mal. "Subir un châtiment sévère, connaître une mauvaise fin" : "...je vouldroye que il m'eust cousté grandement et les pillars qui s'en sont partis, fussent ores tous dedens Montferrant enclos, car, se ilz y estoient, ilz fineroient mal..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 225).

 

-

Mal avoyer qqn. "Mettre qqn dans une situation très fâcheuse" : Mors et pris et mal avoyez Furent tous par la grant proece Scipïo, qui les siens adrece. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 224). L'endemain, Rommains tant y firent Que leur ennemis desconfirent, Et du champs fuyant les enchacent, Et ceulx, qui leur salu pourchacent, Sus le pont se fichent a tas Plus tost qu'en haste, et fu le tas Tel que le pont soubz eulx rompi, Le faiz des gens le desrompi, Dont moult mal furent avoyez, Car bien en y ot de noyez .C. et .Lm. et plus Qu'en la bataille, qu'es palus. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 266). Grant host contr'eulx fu envoyé, Qui trop y fu mal avoyé, Car bien .IIIIxx. mille et plus Rommains furent mors et conclus, Dont grant dueil y ot demené. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 1).

 

-

Mal mettre qqn. "Créer des difficultés, infliger une défaite à (un ennemi)" : Pluseurs foiz, les Rommains troublé Ot, et desconfiz, et mal mis, Si qu'onques plus dur ennemis Ne trouverent depuis le temps Hanibal, ne qui plus doubtans Fussent, car trop mal les menoit. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 254).

 

.

Mal mettre qqc. "Détruire, ruiner (un pays)" : ...avoit à la fois contre lui des desconfitures, son pais ars et mal mis, de ses gens, amis et familliers, qu'il amoit de grant amour, pris et occis (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 213).

 

-

[Équivalent de mar] Mal (pour qqn). "(Faire qqc.) pour son malheur" : "Par ma loy, crestïen, mal vo corps y entra ! Jamaiz vous n'en irez, car on vous pendera :" (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 112). Et comment diable, dist Gieffroy, mes deux freres et moy avons tant fait que nous avons treu du soudant de Damas et de ses complices, et ce mastin puant, qui est tout seul, tendroit le pays de mon pere en patiz ! Par mon chief, mal le pensa, car il lui coustera moult chier, car ja n'y lerra autre gage que la vie. (ARRAS, c.1392-1393, 239). Lors quant elle pot parler, si [Mélusine] regarda Remond moult piteusement et a dit : Haa, Remond, la journee que je te vy premiers fu pour moy moult douleureuse. Las ! Mal vy oncques ton gent corps, ta facon, ne ta belle figure, mal convoitay ta beauté, quant tu m'as si faussement trahie. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Mal pour elle l'a accointié ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 35).

 

.

[En incise, en constr. nominale, après une sub. cond. à l'irréel] Mal pour qqn. "Pour le malheur de qqn" : Et, se li evesques dou lieu euist esté tenus, mal pour lui, car il en fu accusés, et depuis ne s'en peut il escuser ; mès il se parti adonc secretement. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 130). Chil de Montpellier obeïrent, car faire leur convint. Se il heussent desobey, mal pour yaulx ; car li dus d'Ango et li connestables de France estoient sur le païs à tout grans gens d'armes qui ne demandassent mies mieux que la guerre à chiaux de Montpellier. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 58).

 

2.

[À propos d'une chose]

 

a)

"D'une façon qui choque les sens (ici, l'odorat)"

 

-

Sentir mal. "Sentir mauvais" : Et je vaiz achapter De mirre et aloés livres cent Pour garder le corps Jhesus longuement De sentir mal, aussi de porrir. (Pass. Auv., 1477, 235).

 

b)

[D'une action, d'une situation]

 

-

Aller mal. "Être dans une mauvaise passe" : ...la chose alloit mal pour eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 7). Mais quant il vei que la cause aloit mal pour yaus, il s'en parti. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 178). Ancore moult me poise Que la chose si tres mal voise Que justice y soit maugardee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 26).

 

-

Tourner mal. "Tourner en catastrophe, devenir critique" : ...et ceulx de dedens se deffendoient moult laschement. Bien s'en appercoivent Sarrasins et assaillent tant plus courageusement. Et ja feust la besoingne mal tournée quant cellui chevalier vint, qui bien apperceut l'assault et la feble deffense de ceulx de dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 182).

 

-

Se porter mal : ...les choses y sont esté prez mal portées, si comme vous avez veu et sceu que, se Dieux proprement n'y eust ouvré, le royaulme d'Angleterre eust esté perdus (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 26). ...il veoient bien que les besongnes se porteroient mal pour le roi et ses complisses. (FROISS., Chron. D., p.1400, 82).

 

c)

Estre/faire qqc. de mal en pis : Tant lui firent de grans despis Ses .II. enfens de mal en pis, Que le pere si fort se yra, Un jour, que tout se dessira Le visage, et les yeulx du chief S'esrachia (ce fu grant meschief) ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295). De mal en pis le nourrissent et boutent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186). Et, par icelui arrest, fut ramené à fait le cas et crimes à lui imposez et la condemnacion jadis contre lui prononcée à Vendosme, durant la vie du bon roy Charles, dont Dieu ait l'ame, et le pardon et grace que de ce lui avoit depuis fait le roy de lui laisser la vie saulve, et que depuis il avoit encores continué de mal en pis, comme ingrat. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 316).

 

-

Mal mourir : Beau sire, vous ne devez mie Vous eslïessier d'oïr dire Q'ung homme de meschante vie Face meschant fin, ou mal muyre. (CHART., D. Her., p.1415, 427). [V. male mort]

 

3.

P. ext. [Emploi proche de la négation] : ...Nabugodonosor, roy de Babiloine, feist mettre troys enfans en une fournaise ardent, lesquelz meurent mal par la puissance de Dieu. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 186). Sur ma foy, vous monstrez mal que vous soiez gentil homme. (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

-

Mal retenir. "Oublier" : Et est à noter que, [de] ceulx qui se meslerent de ceste matiere, les aucuns en moururent confez et repentans ; et avoit le patriarche mal retenu ung proverbe qui se dit en basque, qui s'ensuit : "Reguia contraqeue ereua," c'est-à-dire : "Qui se rebelle contre le roy est fol." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

C. -

[Avec un adj. ou un part.]

 

1.

[Avec un adj., un part. de valeur neutre]

 

-

Mal assené. "Mal loti" : - Sire, ly chevaliers dont je suis embrasee, C'est Guyon de Nanteul a la brasse quarree ; Ençainte suis de lui, c'est bien chose prouvee. - Dame, ce dist le duc, mal estes assenee Car Guyon de Nantuel a mouller espousee Aiglantine qui est de mon lignaige nee (Tristan Nant. S., c.1350, 107). Tu m'ayderoy bien a chanter. L'espouse se peult bien vanter Qu'elle sera mal assenée. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 33).

 

.

Estre mal assené à + inf. "Être mal inspiré de, avoir tort de" : [Le chevalier vient de reprocher au conte de le haïr à mort] "Chevaliers," dist li contes, "ne sai homme vivant Que je hache ["haïsse"] de mort, chertes, né tant né quant. Mal estes assenés à dire tel rommant." (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 303).

 

-

Mal bailli

 

.

"Mal loti" : ...moult est mal bailli Cellui qu'ils pevent entraper Et dessoubs leur trappe atrapper. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 12). Mais s'Espoir m'estoit defailly Et j'estoie plus mal bailly, Au moins n'ay je mie failly A choisir bien, Car a mon gré ainsi le tien De doulceur et de beau maintien (CHART., L. Dames, 1416, 206).

 

.

"Malmené, maltraité" : Quant virent qu'estoie dehaitiéz Et mon corps trestout mehaingniéz Et que avoie le visage Mal baillis a grant oultrage Car je l'avoie tout liés Et le costé trestout bandéz. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 124). Jadis fut une damoiselle Trespassant par celle vaucelle Qui aloit veoir son amy De navreure tres mal bailly. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1110).

 

-

Mal conditionné. "Qui a une mauvaise disposition, qui se comporte mal" : Si mesprent qui enfens desvoye, Car, a grant peine, on les ravoye, Et qui bien notter que ce monte Vouldroit, il tendroit moult grant compte D'en enfance bien ennorter Ses enfens, car, sanz point doubter, Tel est mal condicionné Et a vices habandonné, Qui le tient plus par nourriture Qu'il ne fait de droite nature, Car nourriture en lonc espace Meurs natureulx vaint et trespasse. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 52). ...car il apertient a dame qui a tel charge, que elle se prengne bien garde que environ la fille du prince ne repaire fille ne femme ou il ait reprouche ne qui soit mal condicionee, legiere ou fole, ne de laide maniere, afin que l'enfant n'y peust prendre aucun mauvais exemple. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 61). Cestui fut stippendié d'un grant prince, tirant et mal condicionné, et, voyant qu'il ne le povoit corriger par nulle discipline, ne retirer par nul enseignement de ses mauvaises inclinacions, à ceste cause, pour exemple familliere, il lui composa le jeu des eschetz, qui est de grande consideracion et dure jusqu'à present. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 45 v°).

 

-

Mal dispos/disposé. "Indisposé" : Je conseil que nous envoions dire a noz commeres que ne viennent point, car je suy trop mal dispouse. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 25). De nuit mes yeulx n'ont reposé, Car de jour moustrer n'ay osé Cuer triste en corps mal disposé, Foible et tremblant. (CHART., L. Dames, 1416, 242). ...obstant ce que je me suis trouvé mal disposé, je n'y ay peu aler, je y ay envoié Jehan Briçonnet, receveur des condempnacions et amendes dudit Cuer et luy ay chargié et ordonné et pareillement ay rescript audit maistre Pierre Granier qu'ilz fissent visiter ladicte montaigne de Saint-Pierre. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 320). La royne, qui la voit mal disposee, pale et pensive, pluseurs fois ly demande qu'elle a. (LA SALE, J.S., 1456, 240). ...auquel Voyau ledit maistre Jehan de Reilhac respondit qu'il ne pourroit bailler lesdictes lettres, pour ce que ledit duc estoit ung peu mal disposé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 149).

 

-

Mal emparlé

 

.

"Qui a un défaut d'élocution" : Contre lesquelz dist Boece : «J'aime mieulx estre endoctriné d'un maistre besgue ou mal emparlé que d'estre adoulchié des paroles d'un avugles seduisant ou qui veult decepvoir». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 54).

 

.

"Qui calomnie, médit" : Adont se leva Souffissance Et dist : "Guillaume, sans doubtance, Vous estes or mal emparlez. Resgardez comment vous parlez ; Car nuls homs qui vueille voir dire Ne porroit des dames mesdire, Qu'en elles est, ce scet on bien, Tant quanqu'on puet dire de bien..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 244).

 

-

Mal morigené. "Qui a reçu une mauvaise éducation" : Et pour ce, ou dit temps des rommains, quant venoient à visiter les livres de la chevalerie où estoient escrips les dis bien faiz d'un chascun, selon les rapors d'iceulx on les eslisoient à chevetains et gouverneurs des autres, et semblablement s'enqueroient de leurs meurs, car quelque proesse que ilz eussent, ja homme mal moriginéz n'y fust esleuz. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 102). "Vous, qui si mal avez chastié vostre filz en jeunesce que à present tel offense vous ose faire, vostre ignorance vous condempnera, qui mieulz ne vous gaita[s]tes de vostre filz mal moriginé." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 72). C'est a dire, mon ami, que le filz de la chambriere bien moriginé vault assez plus que le filz du roy qui est mal condicionné. (LA SALE, J.S., 1456, 21).

 

-

Mal né. "De basse origine" : Tout lui messiet et reconfort l'enaigre, Car si mal nee, Venimeuse, dangereuse et dampnee Est de nature -- et si desordonnee -- Jalousie la felle et forsenee,Que des qu'elle entre Dedens le cuer qui nous est le droit centre Et le milieu, et du corps et du ventre, Tout bien s'enfuit, s'il en a point dedentre ["à l'intérieur"], Sans nulz respis; (CHART., D. Fort., 1412-1413, 185). Maleureux et mal nay, vile et reboutee personne, destitué de biens et delaissié d'amys, bersaudé de toutes pars des adversités de fortune, quel conseil pense tu prendre a conduire desormaiz ton estat et ta vie ... ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7).

 

.

Mal venu : JUDAS. (...) Je ay peché trop apertemant, Ja ne viendroy a sauvemant, Quar je ay pechié trop appremant, Je suis pour tout mal venus. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 188). Et pour ce, quant les gens du païs, qui ad ce prendent moult grant garde, y treuvent aucum, il est le mal venu. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 70). Alons acoup tous d'ung acort Pour vouer que dyable se sera. Par le sanbieu qui m'en croyra, Il en y aura de mal venus. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 166). A ! sires, que le tres mal venu soyez vous ! (LA SALE, J.S. E., 1456, 403).

 

2.

[Avec un adj. de valeur positive que mal inverse (emploi proche de la négation)]

 

a)

[D'une pers.]

 

-

Mal agreable. "Désagréable" : Et celui qui en ce deffaut et est de dure et triste conversacion, il puet estre apellé litigieus, discole, mal amyable et mal aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168).

 

-

Mal aisible. "Mal aisé, difficile" : ...la pourriere du delié sablon commencha à lever à l'empainte des chevaulx et à estre si très grande et si mal aisieue, que point ilz ne veoient l'un l'autre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95).

 

-

Mal amiable. "Discourtois" : Et celui qui en ce deffaut et est de dure et triste conversacion, il puet estre apellé litigieus, discole, mal amyable et mal aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168).

 

-

Mal appris. "Sans éducation" : Y pert bien de leur faulx abus, De penser estre remis sus Par une fille mal aprise, Qui de faulceté est reprise Et de paillardise surprise. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549). Aussi je veulx certifier Que le cas est à femme laict Faire de son maistre son varlet, Tant soit [il] sot ou mal aprins. (Cuv. T., c.1475-1500, 74).

 

-

Mal content. "Mécontent, fâché" : Et se vous donnez par plaisance, gardez que fole largesce ne vous surpreingne, tant que on s'en puist escharvir de vous, car ceulx qui auroient desservy que vous leur feissiez bien, s'en tendroient pour mal contens, et les estrangiers vous en blasmeroient en derrier. (ARRAS, c.1392-1393, 85). ...et le [le dauphin] menerent ou chasteau du Louvre pour estre plus seurement, dont se tindrent mal contens lesdiz duc d'Orleans et la Royne (BAYE, I, 1400-1410, 138). Qui fut bien mal content, ce fut nostre homme (C.N.N., c.1456-1467, 122). ...[elle] cuidoit bien enrager tant estoit mal contente (C.N.N., c.1456-1467, 124). ...[il] le dist a sa femme, qui fist semblant d'en estre tresmarrie et mal contente. (C.N.N., c.1456-1467, 129). Sire, ce que leur ay dit me sembloit que devoie dire à vous et non à autre, et pour ce vous supplie qu'il ne vous plaise en estre mal content, car riens jamais ne vous veulx celer ne celeray. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 368).

 

-

Mal courtois. "Discourtois" : ...les deffiances qui vinrent du duc de Guerles (...) furent felles et mal courtoises (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 1). Maistre, puis que cest jeune damoiseau est frere du mary de ma niepce, je seroye mal courtoiz, puisqu'il est embatuz en nostre terre, se nous ne lui faisions recongnoissance si honnourable comme il lui appertient. (ARRAS, c.1392-1393, 125). ...[elle] fut si mal courtoise qu'oncques vers eulx ne se monstra. (C.N.N., c.1456-1467, 478).

 

-

Mal délitable. "Indélicat" : Et est a savoir que en .II. manieres puet aucun estre mal delitable en visitant son amy bienfortuné (ORESME, E.A.C., c.1370, 493).

 

-

Mal fortuné. "Malchanceux" : Sire roy, je vous dy qu'il [Remondin] a menty de quanqu'il vous a dit, car mon pere est preudoms et loyaulx. Et pren la bataille ainsi comme il l'a ordonnee, et veez la mon gaige. Je seray bien mal fortunez s'il me puet desconfire, et un de mon lignaige, que je congnoiz, avec moy. (ARRAS, c.1392-1393, 59). Lors dist en beaulx et piteux termes, Aiant aux rïans yeulx les lermes, Qui de plorer furent enfermes : "Haa, Destinee Tresdure, et maudicte journee Douloureuse, mal fortunee Qui toute ma joie as tournee En desconfort !" (CHART., L. Dames, 1416, 214). ...mais il fut aussi mal fortuné : par la grant paour qu'ilz avoient, furent tous mors de fain (LA SALE, Sale D., 1451, 239). ...je ne doubte point qu'il [Boccace] ne l'eust adjoustée [une aventure] et mise ou reng du compte des nobles hommes mal fortunez. (C.N.N., c.1456-1467, 191).

 

-

Mal gracieux. "Discourtois, désagréable" : Je croy que Dieu ne mist onc soubz les cieulx Tant ords paillards ne si mal gratieulx : Celuy gaigne certes moult qui les pert. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 12). ...je ne pense pas que soiez si mal gracieux, attendu le bien qui est en vous et le plaisir que vous ay fait (C.N.N., c.1456-1467, 123).

 

-

Mal plaisant. "Rustre" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant, et encores aussi mal plaisant, si avoit il une industrie de bien garder le sien (C.N.N., c.1456-1467, 131).

 

-

Mal sené. "Insensé, non intelligent" : Frére, je vous voi mal sené, Qui amez miex ainsi morir Que vostre pechié regehir. (Mir. emper. Romme, 1369, 306). LA FILLE. (...) Anne, avecques moy sanz demeure Vous en venez. ANNE. Je seroie trop mal senez Se je disoie : Non feray. (Mir. fille roy, c.1379, 111). S'il fait chaut, on souhaide froit. Pourquoy est on si mal sené ? (DESCH., Art dictier R., 1392, 279). ...mais a Cathon, Combien que d'umble lieu fust née, Impotent du corps, mal senée Lui fut, tresorgueilleuse et felle, N'onq ne trouva douçour en elle, Fors tout tourment et villenie, Et lui fist mainte tricherie Que nuls hom croire ne pourroit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 84).

 

-

Mal talentif. "Animé de mauvaises intentions" : Adont [le géant] se lieve moult mal talentiz, et prent un grant levier entre ses poings, un fort vilain auroit assez a faire de le lever. (ARRAS, c.1392-1393, 263).

 

-

Mal traitable. "Désagréable" : Car rien n'est plus desconvenable Que femme fole et mal traictable, Et si n'est chose plus plaisant Que femme doulce et appaisant, Et a homme est grant reconfort, Quant il se treuve en desconfort. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 82). ...tousjours trouvoit sa dame dure et mal tractable, et luy monstrant mains de semblant d'amour que par raison ne deust (C.N.N., c.1456-1467, 473).

 

b)

[D'une chose]

 

-

Mal fondé. "Qui ne repose pas sur des certitudes" : Pour ce te vueil je donner a congnoistre quelles sont les contrefaites esperances, qui les personnes mainent a confusion lez bras au col, et en riant, par consolation faintive, et folle fiance mal fondee, lez tirent a gemissemens et a lermes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101). Mes, entre Dieu et moy, ce fut a son tord et en estoit l'oppinion mal fondee (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 261).

 

-

Mal seant. "Qui ne convient pas, déplacé" : Que luxure doie fuir Le prince et chasté suir, Dit Valerius en son livre Cinquiesme, qui maint bon dit livre, Que la chose plus desseant A un prince et plus mal seant C'est luxure (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 235). ...laquele luxure est mal seant es princes et generaument en toute chevalerie. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 358). Et pour ce se doit tenir voulentiers en presence des nobles et des siens sans trop grant difficulté d'estre veuz, donner convenable audience à heures competans à ceulx qui ont à besongner à lui, ne prendre nulles manieres ne usages desconvenables et mal seans à prince (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 107). Et tout ainsi qu'assés est avenant A jeunes gens en l'amoureuse voye De temps passer, c'est aussi mal seant Quant en amours un vieil homme folloye (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 100). Mal seant suis avec noire couleur Et n'appartiens qu'à personne joyeuse. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 139).

 

-

Mal seur. "Qui offre peu de garantie" : Et mon pere le fery [le neveu du roi] du pommeau de l'espee en la temple grant coup. A ce qu'il estoit fors et aspres chevaliers, et la coiffe d'acier estoit feble et mal seure, et le pommel de l'espee estoit pesant, l'aventure fu telle qu'il le tua tout mort estendu a la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Celle les fait tourner arriere, Si les met ens, maugré Eür, Par sa porte en lieu mal seür. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 95).

D. -

[Devant un adv., une loc. adv.]

 

-

Mal à droit. "De manière injuste" : Ceulx devons blasmer qui les partent [les biens], Qui si mal a droit les departent, Et, pour ce qu'ilz sont mau partis, Ne ne sont a droit deppartis, Peut on dire que Meseür Les nous tolt et les donne Eür. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 82).

 

-

Mal courtoisement. "De manière incivile" : Li baillieus retourna à l'Escluse et vint au chevalier dou roi mal courtoissement, car il l'aresta de main misse de par le conte. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 129).

 

-

Mal duement. "D'une façon non convenable" : "Il sont dedens Montalben et sont robeur et pilleur, qui ont robet et pilliet et pris et couru mal deuement sus le royaume de France : ce ne fait mies à souffrir." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 221).

 

-

Mal honorablement. "De façon indigne" : "...vostre mestres (...) guerrient mal honourablement, quant une anciienne femme (...) il ont pris et l'en voelent mener et ravir comme prisonnière." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 218).

 

-

Mal ordonnement. "En désordre" : ...il fu consilliés de faire ce que je vous dirai : de mettre une enbusqe sus au plus priés dou chastiel conme il poroit par raison et puis deslogier de la mal ordonneement ensi que gens font qui ne sevent que c'est de gerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 470).

 

-

Mal à gré

 

.

Avoir qqc. mal à gré. "Trouver qqc. mauvais" : Ce couvenant mal a gré a Le roy, touteffoiz l'agrea Sus son pis, dont le cuer luy deult, Mais aultrement estre ne peut ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 242).

 

.

[D'une chose] Venir mal à gré. "Déplaire" : Tant estoit plain de felonnye Roy Mitridatés d'Armenie Et d'Aise, et tant faisoit de griefs A sa gent que trop mal a grez Leur vint sa signeurie et luy, Par quoy plus obeyr nulluy Ne luy vouloit, et ses citez, Pour les dures adversitez Qu'il leur faisoit, se rebellerent (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 11).

 

-

Mal à point

 

.

Faire qqc. mal à point. "Faire qqc. sans être regardant sur les moyens" : Veulent aaise, dont qu'il viengne, Dont je suppose qu'il couviengne, Maintes choses mal a point faire, Pour soustenir si fait affaire. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75).

 

.

Choir/venir mal à point. "Venir auu mauvais moment" : JOSEPH. (...) Enseigniez nous une maison (...) Ou (...) huimais puissons estre Herbergié, dame. ZEBEL. Sire preudons, (...) Vous estes venuz mal a point : Car je ne sçay de maison point Ou il n'ait gent a grant planté (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210). Et chei adonc si mal à point à chiaus de Chaalons que Pières de Bar (...) s'en estoit nouvellement partis. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 154).

 

.

[D'une chose] "Être source de tracas, d'ennuis" : Mais li maufez les en destourne, Qui la roe ma dame tourne Et les assiet en si dur point Que trestout leur vient mal a point, Voire tous ceulx, qui par ses mains Passent, dont il en y a mains, Qui par lui sont mal atourné Et du plus hault au bas tourné. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 72). Joseph, cher parent debonnaire, Il m'est torné a tres grant grief D'aler en Bethlëen si bref, Car le cas mal a point nous vient. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 190). Hellas, faiz tu poinct conscïence De tuer ung homme en ce point Et meurtrir le sang d'ignoscence ? Cella te vient trop mal a point. (LA VIGNE, S.M., 1496, 281).

 

.

"Aller de travers" : Et s'il est duc ou connestable, Tout soit il moult entremettable D'armes et en sache l'usage Et en tous cas prudent et sage, Si ne peut il riens a chief traire, Se Fortune lui est contraire, Car tout lui vendra mal a point, Nonobstant qu'il ne faille point A ses batailles ordener Et a ses gens bien gouverner, Se Fortune le gieu ne taille, Le pis ara de la bataille (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 88).

II. -

[Correspond à mal1 >II et à mal2 >II ; idée de norme (sociale, morale, religieuse...)]

A. -

"D'une manière qui ne correspond pas à ce qui est attendu, espéré, souhaité"

 

1.

"De manière défectueuse"

 

-

[Avec un verbe désignant une activité manuelle, un travail] : ...si comme par bien edefier l'en devient et est l'en fait bon edifieeur, et par mal edifier l'en est fait mauvais edifieeur. (ORESME, E.A., c.1370, 147). Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. (Pass. Auv., 1477, 178). Or tien, Jhesus, prent ces deux noix Et ceste figue mal rostie ! (...) Mange ceste poere boulie Et de ce guasteau mal prestit ! (Pass. Auv., 1477, 189). Ceste croix est mal raboutee ; Elle me racle tous les dois ! (Pass. Auv., 1477, 209).

 

-

[...une activité intellectuelle] : ...pour ce que à moy n'appartient, et que pour ce fayre n'ay pas esté ordonné et ne m'a esté permys, mais seulement pour donner aucun petit passe temps aux lisans, regardans ou escoutans icelles, en leur priant humblement excuser et supployer à mon ignorance et adresser ce qui y seroyt mal mis ou escript (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 2).

 

-

Faire qqc. au/le moins mal que on peut/sait. "(Faire qqc.) du mieux qu'on peut" : ...quand il sceut trouver temps et lieu, le mains mal qu'il peut compta son tresgracieux et piteux cas (C.N.N., c.1456-1467, 48). Le serviteur s'excusa et les aultres aussi, le mains mal qu'ilz sceurent (C.N.N., c.1456-1467, 314). Si adviserent ensemble que, par signe ou aultrement, ilz les avertiroient de eulx rendre au moins mal et au meilleur marché qu'ilz pourroient (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 45). ...au rapport de vaillans hommes qui ont suivy la guerre et de ce qu'ilz ont veu ou escript, ou moins mal qu'ilz ont peu et le plus à la verité que possible leur a esté... (TRING., c.1477-1483, 266). Milles personnes autres charges n'avoient Que de servir sans aucune reprise Les gens du roy au moins mal qu'ilz povoient, Car telle estoit l'ordonnance de Pyse. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203). Dont je dispose pour matiere abreger, Et pour l'esprit de plusieurs alleger Qui se delectent et font trop plus d'estime Cent mille fois de prose que de ryme, Que desormais, affin que bon leur semble, Puis qu'ainsi est, de prose et ryme ensemble Sur le retour quant le besoing verray, User des deux, au moins mal que pourray. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 251).

 

2.

"D'une manière non satisfaisante (au regard de ce qu'on aurait souhaité)" : ...[il] n'estoit point si mal logé en la dicte ville que ung bien grand maistre ne se tenist pour content et honoré d'avoir ung tel logis. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...luy vint tantost en memoire le IIJe advisement que son bon pere luy donna, lequel il avoit mal retenu. (C.N.N., c.1456-1467, 333). Galans, vous estes mal lougés. Salhés de leans [de prison] ; venés parler Au prevost que vous fait hucher. (Pass. Auv., 1477, 172). Si sont [les clous] mal faitz, il ne m'en chault. Aussi en serons mal payees. (Pass. Auv., 1477, 178).

 

-

[Dans une litote] Ne pas mal faire qqc. "(Faire qqc.) très bien" : Saint Jehan, c'est bonne viande, ce dist le maistre, vous n'avez pas mal choisy. [Le jeune homme a demandé du pâté d'anguilles] (C.N.N., c.1456-1467, 81). Saint Jehan, ce dist ma dame, monseigneur, ce n'est pas mal demandé (C.N.N., c.1456-1467, 463).

 

3.

"De façon insuffisante (au regard de ce qui serait nécessaire, de ce qui est dû)" : ...et disoient les routiers que la guerre les avoit gasté et apovris, et le roy de Castille mal paiez de leurs gaiges. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). ...il ont tant mengié de char mal quite que lor estomac samble estre wape et afoiblis (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). ...il donna pour Dieu à un compaignon qu'il ne cognoist, qui estoit mal vestu. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 219). Par foy, dist ly uns, vous estes mal informez de ceste besoingne, car vostre oncle a fait son hoir de Hervy de Leon, et en sont les lettres passees. (ARRAS, c.1392-1393, 49). Et se vous veez un bon homme de la main qui viengne devers vous mal vestus et mal montez, si le honnourez et l'appellez humblement et lui donnez robes et chevaulx et harnoiz, selon la valeur de sa personne et selon le povoir que vous aurez pour lors. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Car les riches ne font nul compte De leur povres parens, ains honte Ont de les veoir mal vestus (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 85). ...il estoit plus expedient et mains prejudiciable ou dommagable de faire baillier et delivrer ladicte forteresse, qui estoit mal emparée, mal garnie et mal avitaillée, et laquelle n'estoit mie tenable contre grant puissance (FAUQ., I, 1417-1420, 352). Si doubte que en ce pas ne soient bien gardees leurs regles et que erreur soit en la distribucion par trop despendre et se eslargir ou il n'affiert et mal recompenser ou donner a qui dessert. (CHART., Q. inv., 1422, 51).

 

-

Estre mal à soi. "Être somnolent, inattentif" : Et pour ce doit personne assegee vivre sobrement car qui est chargié de viande, il est pesant et mal a soy et ne veult que dormir (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 414).

 

4.

"D'une manière erronée" : ...pluisseurs gens (...) l'en tenoient a fol et a mal consilliet, qant a tout une puignie de gens, ils se mist en l'aventure d'aler en Engleterre a l'encontre dou roi (FROISS., Chron. D., p.1400, 67). ...et comment qu'il soit, a l'ayde de Dieu, nous yrons secourir la pucelle que le roy d'Ausay veult avoir par force, dont il me semble mal conseilliez, car quant on les a par leur bon gré et accort en mariage, si y a il a la foiz grant riote. (ARRAS, c.1392-1393, 150). ...renommée estoit que tant en general, es faiz d'estude comme autrement, et es particuliers et singuliers supposts ladicte Université se gouvernoit mal (BAYE, I, 1400-1410, 122). Lez meschans se promettent liberté et restitution de leurs pays par lez escriptures mal entenduez, et glosent et lisent a leur entente. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 109). JEHAN. (...) Las, il [Judas] nous a mal gouverné ! LA MARTE. Mal gouverné ? Mon doulx amy Jehan, qu'a il fait ? (Pass. Auv., 1477, 184).

 

-

C'est mal dit/mal parlé. "C'est dit de façon inexacte, d'une manière qui ne convient pas (à telle situation)" : Et à dire selon ce que aucuns usent de langage que, quant on muert, on ne scet où l'on va est mal dit et opinion et parole qui moult fait à reprendre, comme nous ne soions pas crestiens ne dignes d'y estre appellez, se foy n'avons et ferme creance en ce que la Sainte Escripture nous certifie du sauvement ou dampnacion des ames selon les fais et commande à croire la foy et loy de Dieu. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 42). Aucuns dient du chevrel qu'il a perdu ses saux, et c'est mal parlé, car tousjours laisse il les saux quant il est bien hasté et aussi quant il est las. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 76). LE CHRESTIEN. (...) Brief, il faudra finablement, Se j'en vueil avoir [du bien], que j'en emble. Embler, c'est mal dit. On pent les larrons, Ha, sans contredit. Brief, nous en aurons. A l'oeil nous voyons Que bref n'on n'a rien Que ne pourchasse les façons D'avoir d'autruy avec le sien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 74).

 

-

[D'une expression verbale] Mal sonnant. "Qui exprime mal qqc. ; qui ne s'accorde pas" : Quant on dist de Dieu courir ou ambuler ou pareille chose, la signification de ces mots, comme ilz sont de fait, n'est pas convenable a Dieu. Et la maniere de signifier laquelle emporte imperfection au regard du mouvement lequel est de necessité approprier ou convenir a Dieu, est assez mal sonant et inutilement. (Somme abr., c.1477-1481, 153).

 

5.

"D'une façon inconvenante, grossière"

 

-

Parler mal : En ladicte année, ou mois de mars, le jeudi XVIIIe jour dudit mois, ung gentilhomme nommé Horiolle, natif du pays de Gascongne, qui auparavant avoit eue la charge et conduicte de par le roy de cent lances de son ordonnance, laquelle charge et ordonnance le roy avoit nouvellement fait casser avecques autres, laquelle chose il prinst à desplaisance, et à ceste cause fut rapporté que ledit Horiolle parloit mal et usoit de menasses, et que avecques ce aussi qu'il mist en deliberacion avecques le lieutenant desadicte compaignie de delaissier le roy et son service et aler servir en guerre son adverssaire le duc en Autriche (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 84).

 

.

Prov. Plus brasse on la fange, Et plus doit mal sentir : Car plus brasse on la fange, Et plus doit mal sentir. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 46).

 

-

"D'une façon contraire au code de la vassalité et de l'honneur" : Ledit du Lau honnoura mal [son] veu, quant il voulut mettre en servitude le roy et qui tant luy avoit fait de biens et honneurs. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

B. -

"De façon contraire à la morale, à la justice..."

 

1.

[Contraire à la morale]

 

-

Mal besogner/faire/oeuvrer : LE PAPE. Seigneurs cardinaux, il m'est tart Que grace puisse recouvrer Que perdu ay par mal ouvrer. (Mir. pape, 1346, 375). Se vers moy ne vous amendez, Mal fait sera. (Mir. parr., 1356, 5). Haa, dist Presine [à ses filles], qui bien le savoit, faulses et mauvaises, et tres ameres et dures de cuer, vous avez mal fait, quant cellui qui vous avoit engendrees vous avez ainsi pugny par vostre faulx et orguilleux couraige, car c'estoit ce ou je prenoye toute la plaisance que j'avoie en ce monde mortel, et vous la m'avez tollue. (ARRAS, c.1392-1393, 12). Dans Achillés, li cuvers sire, Y ot par plusieurs foiz navré, Dont contre lui ot mal ouvré, Car, par agait et par malice, Et non par corps a corps en lice, Achillés l'occist au derrain, Mais cil l'abati premerain. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 131). Il vous semble que seigneurie est autant a dire comme puissance de mal faire sans punition. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 68). Sçachés qu'a mon monument l'ay mis Et l'ay ployé en draps polis. Mes vous advés mal besoignhé, Quant vous l'advés cruxiffié, Et mal vous en prendré, se croy ! (Pass. Auv., 1477, 267).

 

-

Faire mal/mal faire de + inf. "Mal se comporter (en faisant qqc.)" : LE PREMIER BERGIER. A viz m'est que le marquis fist Trop mal d'espouser Griseldis (...) Car moult durement s'est porté Envers elle jusques a ci, Qui ses deux enfans lui toli Et maintenant la vuelt laissier (Gris., 1395, 79). ...et en oultre la Court condempna ledit Drouart à faire amende audit maistre Guillaume Rose et lui dire sur sondit batel qu'il lui desplait et a mal fait de avoir dit à maistre Guillaume Rose que, s'il venoit en son batel pour mettre à pris sa busche, il le bouteroit dedens la riviere (FAUQ., I, 1417-1420, 222). Si se pensa qu'elle feroit mal de laisser son mary chargé de la pluspart d'eulx [ses enfants], car il n'en estoit pas le pere (C.N.N., c.1456-1467, 327). Josep n'y a point fait d'abus, Car le corps il a demandé A Pilate, qu'a ordené Qu'il l'ensevelit a son aise. Pour ce faictes mal prendre noyse Contre ce Josep, si me semble. (Pass. Auv., 1477, 268). J'avoye esté bien asseuree Et advisee Que mal fariés de le jucger [Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 277). MATHATIEL, varlet du juif. Une Espanicle Qui seroit ung peu mal du corps, Quant il y auroit bons accors, De une fois de rosette, Pour passer temps a la chosette, Feront ilz mal ? (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 80).

 

-

Juger mal. Porter un mauvais jugement (sur qqn) : Ainsi comme orgueil est comparé a folie, en mal respondre, en fourcenerie, en peu souffrir, desloyauté ou foiblesse de bien faire, volenté ou pensee de mal jugier par arrogance contre autruy, et pluseurs autres mauvaises branches que tu peus avoir oy cy dessus sur le pechié d'orgueil, ainsi actrempance pour tout bien escouter, force de cuer de tout doulcement souffrir, justice pour tout le plaisir de Dieu acomplir sans mal faire a autruy ne a ses faiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 39). Et dist l'apostre : Homme qui juge mal sus les autres condampne soy meismes. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 171).

 

-

Penser mal : Qui pense mal, bien ne lui vieigne Dieu doint a chascun sa desserte ! (CHART., B. Dame, 1424, 344).

 

-

[D'une pers.] Mal disposé. "Qui a un penchant, une tendance vers ce qui est mauvais" : Et les choses qui sont tristes au vertueus il ne sont pas delitables simplement, mais seulement en apparance et a ceuls qui sont mal disposés. (ORESME, E.A., c.1370, 514).

 

.

Mal mu. "Disposé, poussé à une mauvaise action; irrité, en colère" : ...il, mal meu et tempté de l'ennemy, se tint derriere ledit homme, et, d'um gros baton de nefflier qu'il portoit en sa main (...) fery icellui homme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 288). LE MARQUIS. Griseldis, suis je mal meüz ? Que te semble de ma nouvelle Espousee ? Est elle pas belle Et honneste souffisanment ? (Gris., 1395, 93). Parseüs, roy Phelipe filz, Dont cy dessus mencion feïs, Aprés la mort son pere fu Rebelle a Romme, et, en reffu Mist des Rommains la signeurie, Et, par luy et sa flaterie, Li Bastarnain furent esmeu Contre Rommains et mal meü (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 245). ...la bonne condicion en officier de cour ou servant, qui qu'il soit, car par lui moult de biens peuent estre faiz, si comme appaisier meismement seigneur s'en aucune chose le voit mal meu contre qui que soit et par ses doulces parolles, s'il est tel qu'il lui appartiengne à parler, à lui le desmouvoir se aucune pugnicion vouloit faire sur aucun acusé à tort par envie, si que maintes fois est fait à court. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 87). ...illec eschauffé, mal meu et tempté de l'ennemi, tira ung espée qu'il avoit, et en cuida donner du plat audit Ylaire ; mais de male aventure elle lui tourna en la main et le frappa de courage marry ung seul cop sur la teste (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 98). ...il se leva sur piez tres courroussié et mal meu (C.N.N., c.1456-1467, 325). ...il se transporta devant son huis et illec, comme malmeu [mal meu] et eschauffé, vint ruer deux ou trois grosses pelottes de neige contre les fenestres de la dite dame (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 204).

 

2.

[Contraire à la justice, à la loi] : Et bien voulsisse qu'a memoire Eussent la parolle nottoire, Qu'a Alixandre dit un sage : "Se tu es homme, par usage, Consideres que es mortel, Et ne vueilles avoir chatel Mal acquis, et de couvoitise Ne te charges, car gent atise..." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 28). Lez chevances mal acquises mettent l'acquerent en mesaise et en peril, et, en soy espartant comme elles vindrent, laissent tousjours lui ou ses hoirs reprouchés et souffreteux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 50). Bien est deceue la folle fiance de ceulx qui cuident faire grant oeuvre quant ilz offrent en l'eglise en viellesse ce qu'ilz ont en leur jeune aage mal acquis. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 174). ...car proufit ou chevance mal acquise et contre honnesteté et bonnes meurs apporte souvent a son maistre ou a celluy qui le posside plus de dommage que de prouffit. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 216).

 

-

Prov. C'est mal cueilli qui l'arbre coupe. "Ce n'est pas en coupant l'arbre qu'on améliore la récolte ; ce n'est pas en mettant à mort le criminel qu'on respecte la justice" : Quant tu auras a condanner Aulcun homme, de crime actaint, Garde toy bien de te danner Et d'estre d'omicide tainct, Car si haine pitié extainct Tu seras de sa mort en coulpe. C'est mal cuilly qui l'arbre couppe. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 62).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

Fermer la fenêtre