A. -

"Mauvaise action, faute, délit... (du point de vue de celui qui en est l'auteur)" : Dame, mercy vous requier humblement, Se j'ay vers vous nulle chose meffait, Qu'il vous en plaise à vo commandement Penre seur moy l'amende et le meffait (MACH., L. dames, 1377, 79). ...il recommenda l'ame de soy à Dieu, à la benoite Vierge Marie et à toute la sainte Trinité de Paradis, en eulx requerant que ses meffaiz, torfaiz et peschez lui voulsissent pardonner (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 22). ...laquele couronne il avoit fait faire pour sa simplesce, sans pensser à aucun autre mal, ne qu'il se doubtast d'aucun meffait, crime ou delit qu'il eust fait ou commis. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 138). Et dit que c'est le premier mesfait et larrecin qu'il ait fait ou commis ; et, pour ce, requis instanment audit lieutenant qu'il voulsist en lui estendre sa grace. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 167). ...fu de rechief mandé ledit prisonnier pardevant ledit mons. le prevost en la presence des dessus nommez, auquel fu dit que de ses autres mesfaiz il dist et confessast la verité. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 523). ...Remondin fait greigneur dueil que tous les autres, et se repentoit tant de son meffait que se ne feust l'esperance du confort qu'il prenoit de sa dame, il ne se peust estre tenus qu'il ne leur eust dit sa mesaventure, pour la grant contrition qu'il avoit de la mort son seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Mais la doulour Remondin croissoit tousjours tant pour la cause qui le contraingnoit du meffait qu'il avoit fait, comme pour l'amour qu'il avoit au conte, son oncle. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Ma chiere amie [Mélusine], mon bien, mon esperance, mon honneur, je vous supply, en l'onneur de la glorieuse souffrance Jhesucrist et en l'onneur du saint glorieux pardon que le vray Filz de Dieu fist a Marie Magdalaine, que vous me veulliez pardonner ce meffait, et veulliez demourer avec moy. (ARRAS, c.1392-1393, 257). La fu recordé et leu au lonch et tout hault li mesfait de messire Hue le Espensier (FROISS., Chron. D., p.1400, 92). ...si ot grant repentence De ses meffais (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 152). La chambriere, qui coulpe n'avoit au meffait desusdit, emporta la punicion (C.N.N., c.1456-1467, 77). Helas ! le pouvre larron qui vous desroba, il sera bien damné si son meffait ne luy est pardonné par Dieu (C.N.N., c.1456-1467, 400). Et pour lesdis cas plusieurs en furent batus au cul de la charette, pour leurs jeunes aages et premier mefait, et les aultres, pour leur mauvaise coutume et perseverence, furent penduz et estranglez au gibet de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 3). Pour manger de ces morceaulx chiers, On en feroit bien ung mauffait. (VILLON, Test. T., 1461-1462, 181). Helas, je vous donne mon cuer ; Pardonnés moy tous mes mesfaiz ! (Pass. Auv., 1477, 152).

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Sans nul mesfait. "Sans qu'il y ait eu faute" : Or pense, amis, ay je assez de meschiés ? Foy que tu dois Amours, qui est mes chiés, Pleure avec moy et complain ma dolour, Cuevre de plours ta face et ta coulour Et di à tous qu'einsi, sans nul meffait, Vois en essil, car je n'ay riens meffait, Et que ja mais ne feray chant ne lay. (MACH., Compl., 1340-1377, 253).

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Amender un mesfait. "Réparer une faute, une mauvaise action" : Li sires de Lesparre est cy Qui a le cuer teint et nercy Pour ce que trop vous a meffait. Si amendera son meffait A vostre gré et à mon dit ; Et, biaus fils, vous savez qu'on dit, Et toute raison s'i acorde, De pecheur misericorde. (MACH., P. Alex., p.1369, 238). Arestés les et apaisiés (...) et leur dittes que vous lor ferés amender ce mesfait si grandement conme il vodront (FROISS., Chron. D., p.1400, 119).

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[D'une chose] Amender tout le mesfait (d'une oeuvre littéraire) "Compenser tout ce qui est mal fait, les défauts (d'une oeuvre littéraire)" : Je lui donne [à mon père adoptif, Guillaume de Villon] ma librarye Et le roumant du Pet au Deable, Lequel maistre Guy Tabarye Grossa, qui est homs veritable. Par cayeulx est soubz une table ; Combien qu'il soit rudement fait, La matiere est si tres notable Qu'elle admende tout le meffait. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 78).

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Prov. En mesfait ne gist qu'amende. "Toute faute exige réparation, une faute réclame ni plus ni moins que réparation" : ...Et dist [Bon Avis] :"Dame, se mespresure Vous a fait, il vous amende, Car en meffait ne gist qu'amende..." (MACH., Voir, 1364, 380). Rens Helayne s'on la demande, Car en grant meffait gist amende ; Et mieulx vault tost paix consentir Que tart venir au repentir. (CHR. PIZ., Ep. Othea P., c.1400-1401, 261). "Sire" dist Percheforest, "c'est une personne que le Hault Dieu a batue pour son mesfait." "Creature", dist le preudomme, "en mesfait ne gist fors amende, especialement a Dieu..." (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 421). "...je suis chevalier estrangier et entré en queste pour trouver ung preu baceler dont j'avroie voulontiers nouvelles." "Sire, respondy la pucelle, Dieu vous doinst grace de le trouver !" Atant elle le print par la main, puis dist : "Sire chevalier, ne me cognoisssez vous point ?" A la voix de la pucelle, le baceler recongneu que c'estoit Neronés, la personne du monde qu'il amoit le mieulx, pourquoy a coup il fu aussi prins comme se c'eust esté pour ung villain cas et dist : "Gente pucelle, ne vous desplaise, car j'ay trop parlé, je le congnois." "Sire chevalier, dist elle, en meffait ne gist qu'amende, et vous soiés le bien venu..." (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 277). ...vous devés sçavoir qu'en tous mesfais ne gist que amende. Examinés vostre conscience et la mettez a paix (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 58).

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Punir selon le mesfait : Et quant je dy a leur maistre que mal faisoient de moy rober et tollir le myen et que, se le prince du paÿs le sçavoit, qu'il leur pugniroit selon leur meffait, lui meismez me fery de son poing (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 208).

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Prov. On doit la peine donner selon le mesfait : ...l'en doit la paine donner Selon le meffait et oier Tous ceulx qui font bon jugement. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 134).

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La peine selon le mesfait : La paine selon le meffait. Et lors ces folz, ces grans vanteux, Sont tous confus et marmiteux Quant ilz considerent leur fait. (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 226).

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En partic.

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"Péché" : De la honte (...) Que j'atens quant seray attainte En tel meffait con d'estre ensainte (Mir. abbeesse, 1340, 86). ...Conme celle qui a meffait Contre Dieu trop vilain meffait. (Mir. abbeesse, 1340, 96). Hé ! tresdoulce vierge honorée, De mon meffait pardon vous pri. (Mir. ev. arced., c.1341, 112). Adont vint Nostre Sire a eulx Et par nom Adam appella, Et cellui, qui son appel a Ouy, respont honteusement Et lui dist paoureusement : " Sire ! Je suis ycy cachié, Car je cognois que j'ay pechié. "Lors, de son meffait, sur la femme S'excusa et donna le blasme. Nostre Sire les chaça hors De Paradis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 137).

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"Sacrilège" : Trop ne pourroye detester cestui horrible meffait, dont l'offence est a Dieu seul, et a lui seul reserve la vengence. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 61).

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[À propos de l'honneur d'une femme] Mesfait de corps. "Erreur de jeunesse, avant le mariage" : ...le nom d'une princece est porté par tout le monde, par quoy se il a en son renom aucune tache, plus est sceu par les estranges contrees que des simples femmes ; et aussi pour cause de leurs enfans qui doivent seignourir les terres et estre princes des autres gens : si est grant meschief quant il y a aucune souspeçon qu'ilz ne soient droiz hoirs, et maint meschief en peut venir. Car poson qu'il y ait meffait de corps ; si ne le croyent mie ceulx qui seulement orront dire : tele dame est amoureuse. (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 174).

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[Idée de flagrant délit]

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Prendre/surprendre/trouver qqn en present mesfait. "Surprendre qqn en flagrant délit" : Et s'elle estoit prinse prouvée Et en present meffait trouvée Avecques homme ou qui que soit, Cilz qui de ce l'accuseroit, Par sa langue, soies tous fis, Seroit menteur et desconfis, Puis qu'elle seroit en estant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 99). ...ledit suppliant se leva aussi, et trouva sadicte femme et ledit Mérigot en présent mesfait. (Ch. VI, D., t.2, 1400, 74). ...et aussi eust nagueres esté prins es bois de Fleury sur Andelle en present meffet et en aguet de chemin Jehan du Plesseys foulon (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1431, 202). ...l'aultre, qui se trouve surprins et en meffait present achopé, ne savoit sa contenance (C.N.N., c.1456-1467, 290). ...[Fortune] fist tant que le mary trouva la brigade en present meffait, dont en y eut de bien esbahiz. (C.N.N., c.1456-1467, 418). ...l'en ne doit point ainsi depointer ung loyal amant qui a bien servi sans cause et sans matiere et sans ce que sa dame l'aist trouvé en faulte ou present mesfait (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 28).

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Prendre en mesfait evident : A quoy elle ne savoit que dire ne respondre, comme prinse en meffait evident (C.N.N., c.1456-1467, 240).

B. -

"Mauvaise action, délit...(du point de vue de la pers. ou de la chose qui en est victime)"

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"Violence subie" : "En vengeance de monseigneur le duc de Guienne et de vous, Monseigneur mon maistre, qui avez perdu vostre très cher et parfait amy ; et aussi, pour ce que vous qui estes vivant et luy estiés mes maistres droicturiers, je vous amene les meurdriers de leur maistre et seigneur, pour estre pugniz comme on doit faire à telz gens, pour donner exemple à toutes gens usant de ceste faulceté. Lequel duc trespassé estoit indigne de celluy meffait et martire, et requiert et peult requerir son ame à Dieu que justice en soit faicte. Si prie à Dieu que luy doint grace d'ouvrir ses yeulx à veoir ce que je fais à mon povoir touchant sa vengeance...." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 286).

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Mesfait de qqn/qqc. "Violence faite à qqn/dommage infligé à qqc." : Item, sont tenus païer un septier d'avoine à l'ancienne mesure, cinquante harens, cinquante chandelles de cire de demi pié de long, XXV pains de couvent, un septier de vin de couvent, et ne les doivent fors une fois l'an, quant les regardeurs regardent les meffais de ladite forest, ou à plus long temps se plus y attendent à regarder. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 4). ...cestui Bruttus bouta puis hors de Romme Tarquinus, son oncle, et tout son lignaige par le meffait de Lucresse, et fust le premier consulle qui gouverna après les roys. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 25).