C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/fourvoyer 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     FOURVOYER     
FEW XIV via
FOURVOYER, verbe
[T-L : forvoiier ; GD : forvoier ; GDC : forvoier ; AND : forveer ; DÉCT : forvoiier ; FEW XIV, 375a : via ; TLF : VIII, 1179a : fourvoyer]

I. -

Empl. trans. "Détourner, dévier, égarer" : Esperance vostre doulx cueur forvoye, S'elle vous dit que son vueil retourner Vouldra briefment, de ce ne la croiroie, Pour serment qu'elle ne peust jurer (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 340). Dangier avez contre vous atisé, Quant Sot Maintien tellement vous forvoie (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 245). On dit : bien vient de male voye Qui du meillieu si s'en retourne, Prions a Dieu qu'i nous convoye Et a bien faire nous atourne, Et que Fortune plus ne tourne Sa roue, qui tant nous forvoye, Car nostre vie se bertourne Bien brief, se Dieu ne nous pourvoye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 69). ...pour évicter la dicte roche dure, l'en devoit ung peu forvoier ledit voiage au fons d'icelluy et tirer à la main senestre, et qu'il ne leur sembloit point qu'il fust expédient prendre ledit forvoiement au millieu dudit voiage (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 345).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui égare" : Des voies a cy forvoians Et a mal chemin avoians. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 41). Et mesmes leurs semblans les suivent, En couvoiant, Par un droit chemin forvoiant Sans estre a Dangier pourvoiant. (CHART., L. Dames, 1416, 271).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. (Se) fourvoyer

A. -

Au propre

 

1.

[D'une chose (ici des plumes d'un oiseau)] "S'écarter (de la position normale)" : Et quant je m'en fu perceüs, Que je ne fusse deceüs, Je le fis voler [l'épervier] un petit, Pour vëoir, s'en son apetit De voler, li radresseroient Les plumes qui se forvëoient. Mais je vi bien apertement Qu'estre ne pooit autrement Que muër ne le couvenist, Quelque grief qu'il m'en avenist. (MACH., D. Aler., a.1349, 282).

 

-

"Déséquilibré" : ...d'avoir mis le dit molin a ploncq et en estat, qui estoit tout fourvoyé par le grant orage de vent (Doc. 1443. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 680).

 

2.

[D'une pers.] "Perdre son chemin, se tromper de chemin, s'égarer" : Car se dit saint Bernart : Se tu la suiz, tu ne peuz forsvoier... (Mir. Theod., 1357, 81). Il n'est nul si estrange quant l'en voit que il forvoie que l'en ne soit naturelment encliné a le adrecier et que l'en ne le face qui le puet et scet, se empeschement n'y a pour haine ou pour perversité de nature. (ORESME, E.A.C., c.1370, 413). Or vous parlerons dou premier escuier le dit conte, qui estoit partis dou Puirenon à heure de mienuit, et qui toute le nuit s'estoit fourvoiiés, sans tenir voie ne sentier. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 177). ...vous en aurez vostre haute chemyn vers Aurilians tout droit devant vous, si que vous ne pourrez ja forvoier, senon que vous vuillez. (Man. lang. G., 1396, 69). "...il sera tantos tart et fera brun de la nuit. Si vous poriés, qui estes rois de France, aussi bien fourvoiier que avoiier, et mettre sus vostres ennemis que entre vostres amis ; et vous tous seuls, ne poés pas faire la besongne." (FROISS., Chron. D., p.1400, 732). ...es alees de lui Se mectra, qu'il ne se forvoye, Et lui apprestera la voye. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 27). A Confort dis : "Jusqu'a demain Ne me laissiez, car je pourroye Me forvoier, pour tout certain, Par desplaisir, vers la saussoye Ou est Vieillesse rabat joye..." (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 115). Dévier, c'est forvoier et aler hors le droit chemin. (LA HAYE, P. peste, 1426, 193). DANDO. Despeschez vous sans faire pause. ROUSSIGNOL. Dea, tout doulx, sans se forvoyer. (Sots Magn., a.1488, 209).

B. -

Au fig.

 

1.

Se fourvoyer de qqc. "S'écarter de qqc. (de ce qui convient, de la vérité...)" : "Et je m'en irai à Ippre parler à ceux de Ippre (...) et remonstrer comment nous sommes conjoint ensamble par une unité, et que nuls ne se fourvoie ne isse de ce que nous avons juret ensamble à tenir." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 287). Et pour tant ainsi que l'art non seulement est congnoissance, mais aussi faisant et ouvrant les choses qui se font selon l'art, mais congnoist des choses qui se fourvoient des rieules de l'art seulement, ainsi la science de Dieu congnoist et fait [...] elle congnoist et voit les maulz et pechiéz, qui sont desvoiemens de la loy eternele (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

-

Part. passé en empl. adj. : O hommes forvoiez du chemin de bonne cognoissance, feminins de couraiges et de meurs, loingtains de vertuz, forlignez de la constance de voz peres, qui pour delicieusement vivre choisissez a mourir sans honneur, quelle musardie ou chetiveté de cuer vous tient les mains ployees et les voulentez amaties... ? (CHART., Q. inv., 1422, 10).

 

.

Prov. A coup est on fourvoyé, si on n'a guide : A cop est on fourvoyé, qui n'a guide. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 770).

 

-

(Faire) fourvoyer (qqn) de qqc. "Détourner (qqn) de qqc. (qui représente le bon choix)" : ...et tout ce fait l'Anemi afin de traire a sa cordele lez gens et pour lez faire forvoïer de la foy catholique (Songe verg. S., t.1, 1378, 377). ...fui couroux et yre, afin qu'ilz ne te baillent pas leur cruelle pestilence ; car ce sont les voies qui font furvoier du droit (LA SALE, J.S., 1456, 19). Mere de Dieu glorieuse, Et piteuse, Deffends m'ame de perillier En la mer, tant perilleuse et doubteuse, Du monde si fort à passer ; Mon bateal veullez gouverner Et fourvoyer Du roch de perission (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 68).

 

-

Part. passé en empl. adj. : En la forest de Longue Actente, Forvoyé de joyeuse sente Par la guide Dure Rigueur, A esté robbé vostre cueur, Comme j'entens, dont se lamente. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 421).

 

-

Part. passé en empl. subst. "Celui qui s'égare, qui s'est égaré, qui s'écarte, qui s'est écarté du bon chemin" : De tout sui gouverneresse Et de tous maus (je) sui miresse, J'enlumine les non veans Et donne force aus recreans, Je relieve les trebuchiez Et radrece les fourvoiez. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 11). Sire, je te pri humblement, Qui es des forvoiez adresce, Que vueilles ceste pecherresce D'enfer tencer. (Mir. mère pape, c.1355, 360). O tres doulx et tres begnin Saint Esperit, protecteur certain et conforteur des desolez, pere des povres, tuteur des orphelins, lumiere des aveugles, conduiseur des forvoiez, joye des tristes, secours des affigiez, le vray et seul ami qui ne failliez au besoing (GERS., Pent., p.1389, 74). Item par misericorde reduit les errans et fourvoians a soy, ceulz qui vont maine a lui, les trebuchans relieve, ceulz qui sont drois et estans, il les tient sans delaissier, les perseverans introduit en sa glore. (Somme abr., c.1477-1481, 180).

 

2.

"Se tromper, commettre une erreur" : "Et voirement, monseigneur, ilz ne se fourvoient pas à cela dire que Dieu est pour eulx, car en toutes les choses que ilz ont esté en armes depuis la mort du roy Ferrant, soit grande soit petite, ilz ont eu victoire et journée pour eulz." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 292). Fault lors purgier et netoier, Qui ne veult en l'art forvoier, Par les médicines déues Et à cela faire esléues (LA HAYE, P. peste, 1426, 116).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

Fermer la fenêtre