C.N.R.S.
 
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     FORCENER     
FEW XVII 72b sinno-
FORCENER, verbe
[T-L : forsener ; GD : forsener ; AND : forsener ; DÉCT : forsener ; FEW XVII, 72b : sinno- ; TLF : VIII, 1070a : forcener]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Devenir fou, comme fou" : ...le prince de Castellongne tel deul en son cuer recevoit que pou s'en failly qu'il ne foursena (Comte Artois S., c.1453-1467, 32). ...Semiramis sachant [la tuerie des Assiriens], elle forcenoit et, comme femme enragee veant tuer ses enfans, crioit merveilleusement en sa voix feminyne et clere (MAMEROT, Traité Neuf Preues S., c.1461-1472, 33). Tantost l'admiral sceut la mort de Sortybrant, dont a peu qu'il ne forcenna de dueil (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 165).

 

-

Cuider forcener. "Avoir l'impression de devenir fou" : Le roy fu si dolent qu'il cuida forcener (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 224). Nouvelles vinrent à messire Jehan de Hollandes que li uns des archiers à messire Richart de Stafort avoit mort son escuier, celi ou monde que il amoit le mieux (...) Quant messires Jehans de Hollandes fu enfourmés de ceste avenue, si quida bien foursener. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 261). La, voit les Troyens malmener, Bien cuide d'ire forsener (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 100). Quant elle y fut arrivee et elle voit Ladiree qui parloit seul à seul à ung homme, elle cuida forcener (Cleriadus Z., c.1440-1444, 377).

B. -

"Se comporter follement, furieusement, durement" : ...quant Clovis s'aire Il forcene, ce vous puis dire, Conme un lion bien attené (Mir. Clov., c.1381, 217). Et ne te sousfist il pas de forsener en publicque mauvestié sans forcener en deshonnesteté privee ? (LA SALE, Sale D., 1451, 112). Quant elle eust beaucop crié et cerchee, devint enrouee a force de crier et commença a forcener (Belle Maguel. C., 1453, 35). ...la vielle (...) voyant qu'elle estoit addressee a ung jeusne radde gallant qui (...) lui reprouveroit sa ridee peau, forsena toute et jura saint Pierre et saint Piat que jaméz ne yroit avant en ce mariage (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 232).

 

-

Forcener contre. "Se comporter follement, furieusement, durement à l'encontre de" : Certes ce n'est pas fait de puissance de forsener selon sa volenté contre ses sougiéz, mais punir ou traveillier ses sougiéz selon le plaisir de la divine dispensacion (FOUL., Policrat., IV, 1372, 50). Maiz ainsi comme Hecube estant ou doulz eage de juenesse receut honneurs, clarté, et gloire, et fut auctorisee en haultesse royale, aussi elle ja vieille souffry avec son mari Priam, douleurs tenebres, hontes, et toutes vilenies de par fortune forsenant contre Hecube (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 183). Et se on doubtoit que par aventure, par les lais, peust estre usurpée aulcune chose contre l'estat de l'Eglise, pour ce qu'ilz ne doibvent jetter leur fauch en aultrui champs ou fruis. Mais pour vray, ces subtilités de retarder le saint concille feront foursener les lais contre l'Eglise et clergié (Doc. 1431. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4 c.1444-1453, 451).

 

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"Se comporter durement contre qqn, malmener qqn" : En ceste maniere les princes et les seigneurs, quant il ne pueent corrigier les deffauz de leurs sougiéz par douce et debonnaire main, il doivent prendre plus aigres paines, combien que il leur desplaise, et les baillier au deffaillant, et par une piteuse cruauté doivent forsener contre les mauvais a fin qu'il gardent la saine bonté des bons. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 71).

II. -

Empl. pronom. "Se comporter durement" : Lors come li diz Seycus feist semblant d'estre souverainement corrochiez contre son pere et que il s'en voloit tantost aler d'ilecquez se il ne le retenoient, lez Gabieyns l'ont benignement retenu avec eulz et li ont dit qu'il ne merveille mie se sez perez, tiex comme il a esté en ses subgiz et puiz en sez conpegnons, tieux il [vouloit] estre a la parfin en sez enfanz, et que finablement il se forcenera en soy meisme si autre maniere lui faut a se forcener (BERS., I, 1, c.1354-1359, 53.10, 89). Nous, dist il, sommes pleige et fermances, qui sommes assez souffisant en ce qui nous appartient et en ce que nous povons prester et baillier, ce sont noz corps et noz courages. En ces, dist il, se il veulent se pueent il forsener et en ceulz pueent il aguisier et emploier leurs armes et leurs ires ! (BERS., I, 9, c.1354-1359, 9.18, 17).

III. -

Empl. trans. "Rendre fou, comme fou, malmener" : Je n'auroye pas ung seul denier Ce ce n'est par travail et paine, Et ma femme tant me demaine Que merveilles, et de pis en pis. Je luy fois tout ce que je puis, Encor suis je tout forcené. (P. Jouh. D.R., a.1488, 16).

IV. -

Part. passé en empl. adj. V. forcené
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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