C.N.R.S.
 
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     FIN1          FIN2     
FEW III finis
FIN, adj.
[T-L : fin2 ; GD : fin2 ; GDC : fin2 ; AND : fin2 ; DÉCT : fin2 ; FEW III, 563a : finis ; TLF : VIII, 903b : fin2]

I. -

"Qui est au bout, à l'extrémité (dans l'espace)"

 

-

Du fin plus haut. "Depuis l'endroit le plus élevé" : Hostons les dessus l'eschaffault ; Gettez les bas du fin plus hault, Et nous les mettrons tous ensemble. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 161).

 

-

En fin fond de qqc. : Lors les fait mettre en fers et en carcans, en fin fons de fosse. (ARRAS, c.1392-1393, 130).

II. -

"Qui est extrême par sa qualité, par sa complétude, par l'intensité des propriétés que le subst. qualifié suggère"

A. -

[Marquant la qualité] "Qui est extrême par sa qualité"

 

1.

[D'une chose concr.]

 

a)

[D'un métal, en partic. d'un métal précieux] "Affiné ; pur, de la plus grande pureté" : La vi qu'un vaissail apportoit Trestout de fin or saint Eloy (Mir. ev. N.D., c.1348, 85). Il est alez combatre Gieffroy au grant dent, nostre ennemy, que lui et Giron, nostre frere, ont encloz en celle montaigne que vous veez la. Et sachiez que Gieffroy ne leur puet eschapper, et feust de fin acier trempez, qu'il ne soit mort ou affollez. (ARRAS, c.1392-1393, 203). Et lors ceulx dirent a Gieffroy : Monseigneur, veez la tour de Mont Jouet, ou Gardon le jayant se tient. Mais sachiez, se vous nous voulez croire, il vous souffira d'avoir veue la tour, et en revendrez avec nous, car, quant a nous, nous n'yrons plus avant pour le pesant de nous de fin or. (ARRAS, c.1392-1393, 245). As tu doncques oublié que le fin or s'esprouve en la fournaise, qui ne se change ne muet de sa vertu, ains plus affine (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 623). ...et valoit lors le marc d'or fin à la monnoie du Roy LXXVJ livres V sols tournois. (FAUQ., II, 1421-1430, 31). ...et leur est bien permis d'acheter lingos d'or, chapeaux, ceintures d'or, et se l'or n'est assez fin pour dorer, ilz leur en feront delivrer à l'equivalent d'yceulz lingos au pris du Roy. (FAUQ., II, 1421-1430, 233). ...il y a 16 quintaux de cuivre peloux tant dedens le fourneau où le feu est alumé, que dehors et non plus, et une pièce de cuivre fin qui est en la chambre dudit Jehan Gilles, qui a affermé que ladicte pièce appartient audit Baronnaz et est yssue des anxiens terriers appartenans à iceulx Baronnaz (...). Item, y a quatre tuyres de cuyvre fin pesant ung quintal ou environ, lesquelles tuierées [tuyères] sont usées. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 250). ...quarante mars d'or fin (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 311). A ung fevre vous en alés, Et affin que s'aquiter, De par moy le saluer, Et que ly mande diligemment Que forgoit tost apertement Troys cloux grand et de fin acier Pour a Jhesu piez et main percier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 101). ...et fut stipendié à trois cens tallens d'or fin de pension. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 v°).

 

b)

[D'un artefact] "De haute qualité, supérieur" : Mais que me faciez un present D'une piéce de parchemin Et d'une penne et d'enque fin : Je vueil escripre. (Mir. st Alexis, 1382, 351). Par cest arbre le peuple entens Et, par ceste coignee fine, L'exploict de justice divine (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 137). ...une bonne et fine meulle (Doc. 1463. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 674). ...et lui fist presenter cent mille livres d'argent pesant, cent espées richement garnies, cent chevaux enhernachés moult richement, cent pomes d'ambre et IIm fines pelices (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). ...aussi force laines fines et moyennes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 262).

 

-

[D'une pierre précieuse, d'un ornement...] : Une turcoise très fine, sur le ront baslonguecte, assise à fillet en une verge d'or ouvrée. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 86). ...un annel d'or ou d'argent, ne scet lequel, sur lequel avoit assis un très groz pelle blanc et fin du groz d'un groz poiz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 7). Une autre pierre en son tresor Avoit mon pere riche et fine (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 17).

 

-

[D'une étoffe] : ...une houppellande longue d'un fin vermeil d'Engleterre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 54). ...un seurcot long de fin drap, fourré d'une penne blanche (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 223). ...IIIJ nappes d'autel de toile de lin, dont l'une est parée dudit baudequin et frangée de fine soye, un estuy à corporaulx avec les corporaulx de fine toile (BAYE, I, 1400-1410, 192). ...et une autre robe de fin gris de Monstierviller, doublee de fin blanchet (LA SALE, J.S., 1456, 63). Lesquelles housseures estoient de diverses sortes et façons, et estoient les unes d'icelles de fin drap d'or fourrées de martres sebelines, les autres de veloux, de pennes d'ermines, de drap de damas, d'orfaverie, et chargées de grosses campanes d'argent blanches et dorées, qui avoient cousté moult grant finance. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 26). Cellon la loy L'advons ung poy Envolpé [le corps de Jésus] dedans ceste piece De toelle fine, sans destresse, Affin qu'en piesse Ne cogneustiés ce Que volons faire du corps mort (Pass. Auv., 1477, 245).

 

-

[D'un aliment, d'une boisson] "Délicat" : Si beusse bien un cliquet Avant de vin, mais qu'il fust net, Fin, cler et bon. (Mir. prev., 1352, 235). LE CHARBONNIER. (...) Vezcy un oison Fin, gras et tendre. LE ROY. Puis qu'il est si bon, j'en vueil prendre (Mir. roy Thierry, c.1374, 304). [Contexte métaph.] Vecy de la farce aussi fine Que l'en scauroit jamais finer. (Copp. lard., a.1488, 175).

 

.

Empl. subst. : ...Dont la pate ["la pâte"] soit faite affin [l. a ffin] [éd. "finement"] Du sucre blanc dur rafectin (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 43).

 

-

[D'un habillement] "Élégant" : Je gageray a vous (...) pour une demye douzaine de bien fines chemises encontre le satin d'une cotte simple (C.N.N., c.1456-1467, 184). ...[elle] bailla ce qu'elle avoit d'argent (...) ung grand tas de couvrechefs bien fins, pluseurs pennes entieres (C.N.N., c.1456-1467, 419). J'avoye argent, les beaulx signetz, Tous les jours mes cheveulx pignez, Fines chausses, belle saincture (B. veoir, p.1480, 16).

 

c)

[D'un objet naturel]

 

-

[D'une épice] "Pur" : Aussi pour certain on appreuve Pillules faictes, que l'en treuve, De pur aloe cicotrin, De bon myrre et de saffren fin (LA HAYE, P. peste, 1426, 136).

 

-

[D'une couleur] "Délicat" : Item, ung balay beslong, assez gros, de bonne eaue et de fine couleur trayant sur le ruby, assiz en une verge d'or bien ouvrée. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 82).

 

2.

[D'une chose plus abstr.]

 

-

"De très grande valeur" : Assez ly remenbra de Huon le meschin, Et de son vasselaige et de son estat fin, Et de sa grant biauté et de son doulz doctrin (Hugues Capet L., c.1358, 125). Ja dira tel raison à le mainie fine Dont Fedris avera Marie en sa saisine (Hugues Capet L., c.1358, 195).

 

-

[Dans le domaine moral] "Pur, sans défaut d'ordre moral, parfait" : La doulce vierge en son service Le maintiengne jusqu'a la fin, Et si pur le face et si fin Qu'es cieulx soit s'ame. (Mir. abbeesse, 1340, 63). NOSTRE DAME. (...) Je l'acepte [la peine que portes] pour fine et monde Selon foy et obedience (Mir. parr., 1356, 38).

 

-

[D'un sentiment] "Parfait" : ...En la joye qui est tant fine De paradis (Pac. Job M., c.1448-1478, 184).

 

.

Fine amour. V. amour "Amour parfait" : Certes je ne l'osasse dire (...) Se droit du cuer ne me venist Dont fine amour m'a deceue, Quant a ce dire m'a meue (Mir. abbeesse, 1340, 70). Car il vous aime d'amour fine, Quant il vous veult faire royne (Mir. femme roy Port., c.1342, 166). Un anel de fin or me tent Et par fine amour le me mist Ou doy (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 38). LE SERGENT [au Savetier]. Mais je te pry, par amour fine, Que tu ne les me gaste point [mes souliers]. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 30).

 

.

Estre fin envers qqn. : Car mon las coer, povres et langoureus, Est enviers toi fins, vrais et amoureus (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 130).

 

-

Coeur fin. "Coeur doux, parfait" : Frere, ce dist Richart qui tant ot le cuer fin (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 400).

 

-

[Dans les relations d'amitié] : GUILLAUME LE CONTE. (...) Et pour plus noz cuers apaisier, Baisiez moy ; je vous vueil baisier Par amour fine. L'EVESQUE DE POITIERS. Sire, du decort qui se fine Moult grant joie ay. (Mir. st Guill., c.1347, 21). Liegart, pieça n'o soyf greigneur Que j'ay ore. Par amour fine Te pry que me doingnes chopine (Mir. st Sev., 1362, 195).

 

-

[Dans la dévotion et l'amour divin] : NOSTRE DAME. (...) Un mien sergent loyal et fin Que ce mauvais a mis a fin... (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Et Jhesu Crist, nostre doulx sire, Nostre bon loyal ami fin, Nous donrra la gloire sanz fin. (Mir. emp. Julien, 1351, 188). NOSTRE DAME. Sus, my ange, sus. Je regarde Que ma loyal amie fine De ce siecle trespasse et fine (Mir. mère pape, c.1355, 397).

 

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"Authentique, parfait" : Vous mentez, dist ly quens, (...) Mais vous avez au roy fait I. jeu de fauvin, Et je, pour lui aidier, comme men signeur fin, Ly quis vraie science contre vo faulz engin. (Hugues Capet L., c.1358, 232).

B. -

[Marquant la complétude ou l'intensité (en partic. des propriétés que le subst. suggère)]

 

1.

"Complet, entier (qui est pleinement ce que le subst. dit qu'il est, que ce soit en valeur positive ou négative)" : ...l'empereur ne voucit onques adourer ses dieux pource qu'il n'y avoit fine creance (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 77). Dame, ce sont les causes finnes ["les causes qui sont pleinement les causes, les causes véritables"] Par quoi cest part aproça (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 8). Quant Roulant entendi la raison c'on disoit, De fin aïr le vit et Betran le voit. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 171). Ma chiere dame, humblement main et soir Vous ay servie et en fine verité ["et avec une totale sincérité"] (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 24). Quant Danemont l'oÿ, de fin aïr rougy. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 585). Egar ! de sommeil ay tel faiz Que ne me puis porter ; (...) Ci endroit dormir me convient Par fine force. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 43). ...par fine force (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 98). ...tous ceulx qui estoient encontre luy chaciez hors des lices a fine force (Chev. papegau H., c.1400-1500, 40). Qui bien le voit, Il grigne de fine destresse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 307). GUILLEMETTE. Que nous vault cecy ? Pas enpaigne ! Nous mourons de fine famine ; Noz robbes sont plus qu'estamine Reses, et ne pouons savoir Comment nous en peussons avoir. (Path. D., c.1456-1469, 50). Dyables, venez tost, je vous prie, Car de fine rage j'affame. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 145). Il y fait sy chault en esté Qu'on y sue de fine destresse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 344). Qui est celluy qui pourroit pis avoir Que de finir ses jours par fine rage, Sans y savoir par nul moyen pourveoir... (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 60).

 

-

De fine force de + inf. V. force "À force de"

 

-

De coeur fin. V. coeur "De tout coeur" : Et si priay Dieu de cuer fin (...) Qu'aus ames nous feussent aidans (Mir. enf. diable, c.1339, 4). L'EVESQUE. Amen ! je li pri de cuer fin, Combien que soie plain de vice [l. vice,] Qu'il vous maintiengne en son service. (Mir. ev. N.D., c.1348, 68). Ma voisine, n'en parlons plus : Je vous en prie de cueur fin. (Jehan A., c.1400-1500, 132). Or je vous requier de cueur fin Attendez vous au tabourin. (Roy sotz, c.1450-1500, 231). Ne soyez gueres par dela ; Tous vous [en] prions de cueur fin, Que sans vous nul de nous n'yra, Et tous tandons a ceste fin. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 504). Ceulx qui croiront en moy de bon cueur fin Te recommande au temps futur, afin Que l'ennemy ne les griefve ou precede. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 666).

 

-

À fin souhait. "Autant qu'on peut en souhaiter" : Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel se destournoit de lui, et le faisoit aler après lui parmy le champ, car il avoit si bien cheval a main qu'a fin souhait. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Se j'ayme et sers la belle de bon het, M'en devez vous tenir ne vil ne sot ? Elle a en soy des biens affin soubzhet ; Pour son amour seins boucler et passot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 124).

 

-

Fin compte. "Compte complet" : ...et de certain et fin compte fait... (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1330, 80). ...nous, en la presence et pour le consoilh de messire Bertrant, bastart de Lebret, de monssieur Bernotin de la Font, chevalier, (...) avonz fait fin compte ou nom et pour les hoirs dudit messire Harnaut et ceulx qui de lui peuvent avoir cause (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1365, 518).

 

-

"Accompli (dans son genre)" : PATHELIN. (...) S'il [es]couvient que je m'aplicque A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. GUILLEMETTE. Par saint Jaques, non de tromper : Vous en estes ung fin droit maistre. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

-

Le / au fin milieu (de). "Au beau milieu (de) [le milieu qui est pleinement le milieu]" : L'EMPEREUR. Nous voulons, c'est nostre plaisance, Que leurs corps [des martyrs] soient tous boutez En ung grant feu, et consumés Ou fin millieu de ceste ville (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 160). Aprés qu'a sa table de marbre, Il fut assis au fin milieu... (Entrées roy. G.L., p.1484, 117). Tout par dessus Le fin milleu de sa cervelle, Affin que ne soyons deceux, Luy donray de mon allemelle. (LA VIGNE, S.M., 1496, 278).

 

2.

Empl. subst. "La totalité de qqc., ce qu'il en est de qqn ou de qqc." : ...il savera Le fin de sa moullier (Bât. Bouillon C., c.1350, 197). [ou fin1 (le piacrd pour la) ? T-L III, 1864 : "der endliche Sachverhalt"] Comment vous appellon, or m'en dittes le fin ? (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 32).

 

-

Savoir le premier et le fin (d'une chose). "Tout savoir (d'une chose)" : Ve cy monseigneur Neptalin Qui scet le premier et le fin, S'il lui plaist, il le vous dira. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 147).

 

3.

Empl. adv. [Avec un adj. ou un part. passé (peut s'accorder dans cet empl. adv.)] "Complètement, entièrement, tout à fait" : Car de Dieu fu fine purefiie Pour ce qu'en li devoit encorporer Fil, homme, et Dieu en une essance unie (Mir. st Val., c.1367, 169). Puis prengne l'en ung quarteron de oeufz, et soient batuz moult longuement les moyeulx et les blans tant que tout soit fin cler comme eaue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 135). Or (je) regni(e) saint Pierre de Romme S'il n'est fin fol, ou il afolle ! (Path. D., c.1456-1469, 176).

 

-

(Tres)tout fin + adj. / adv. : Maix allez vous an, ou tout fin maintenant ["sur le champ"] Sarés comment m'espee sceit teste roingnant ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 658). ...ly scien filz Mouroit en la nacelle de fain trestout fin vifz (Tristan Nant. S., c.1350, 598). Je suis tout fin prest de partir (GARENC., Poésies N., 1389, 25). Car il avoient mieuls title de mal faire que li aultre qui nul n'en avoient, et n'en portoit nuls se il n' estoit tout fin hors mauvais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 270). Hulin loeur a dit (...) C'oultre la Rouge Mer personne ne merra, (...) Et que trestout fin seul em Babilone ira (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 83). Il est tout fin fol par dessoubz. (Roy sotz, c.1450-1500, 216). ...de pleurs et lermes Trestout fin plain ung benoistier (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 137). Je ne puis pas Porter ceste croix tout fin seul. (Pass. Auv., 1477, 193). Il est encores tout fin chault. (Pass. Auv., 1477, 248). Tout fin droit au gue nous en vinsmes (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 41). Pour ung jeu nouveau tout fin frés N'en scauroit on avoir memoire. (Copp. lard., a.1488, 158). Tout fin prés de mettrë en broche, Mieulx lardé qu' oncques fut connyn. (Copp. lard., a.1488, 169). Tenez, j'ay le dos tout fin plain De lardons poignans et agus. (Copp. lard., a.1488, 173). Le roy leüt la lettre seul, et puis se retira en une garde robbe tout fin seul et feït appeller ce herault... (COMM., II, 1489-1491, 31). Puis m'en allay, tout fin droit, chelz mon pere (LA VIGNE, S.M., 1496, 357). Je m'en yroye Tout fin droit heurter a sa porte (LA VIGNE, S.M., 1496, 408). Si vous veulx je bien advertir Que tout fin nu est le povre homme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 548). Il estoit tout fin plat dessus [sur une femme] (Gent. Naudet T., c.1500, 290).

C. -

[Marquant les qualités d'intelligence, de subtilité d'une pers. (ou d'un animal)]

 

1.

"Intelligent, subtil, perspicace" : Prudence n'y vault ung festu Ne Conscience, s'elle ["même si elle"] est fine (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 42). Ce maistre curé, qui estoit grand farseur et fin homme, commence a prendre la parole (C.N.N., c.1456-1467, 403). ...je suys trop fin [pour croire tes mensonges] (Gent. Naudet T., c.1500, 291).

 

Rem. Gent. moun. T., c.1500, 339 ; 340 (empl.subst.) ; 349.

 

-

"Perspicace" : Un oeil s'i fust, tant soit fin ou rusé, Trois mois entiers de la voir amusé Tant estoyt belle, triumphante et gorriere. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 159).

 

Rem. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 109 (fine myne).

 

-

Empl. subst. Faire le fin. "Faire l'homme d'esprit" : Dy moy, sans faire le fin, Comme c'est qu'on le nomme. (Bad. loue T., c.1500, 42).

 

2.

"Rusé" : TESTE CREUSE. Que copieurs fussent si fins. SOTIN. Que lardeurs eussent telz engins. (Copp. lard., a.1488, 171). Femmes sont fines à merveilles. (Gent. moun. T., c.1500, 355). Marion, tu es fine beste (Mère Ofic. T., c.1500, 97).

 

-

Fine espice : Malice a nom, Fine Espice (Sots mal., c.1480, 77). Qu'as tu trouvé, dy, fine espice ? (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 140).

 

-

Plus fin que moutarde : ...[il] compta sa rastelée a madamoiselle, qui estoit plus fine que moustarde (C.N.N., c.1456-1467, 454). Par ceste croix, Il sera plus fin que moustarde S'il n'est mieulx trompé mille fois. (Sots triumph., c.1475, 48).

 

-

Plus fin qu'un renard. V. renard

 

-

Prov. : Fine beste n'est pas tost prise (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 151).

III. -

"Qui est extrême par la petitesse (en volume, en épaisseur)"

 

-

"Qui est constitué d'éléments de très petite dimension, de très petit volume" : ...un petit sachet de cuir lonc d'un doy, et gros d'un pouce et plus, ouquel avoit certaine poudre fine de gingembre [Ou est-ce "de grande qualité" ?] (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 85).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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