I. -

Empl. trans.

A. -

Deraisner qqc. "Exposer qqc. (oralement, en détail, en partic. pour se justifier), rapporter qqc." : Quant il ouÿ la mort conter et desrenier De son cousin germain, n'i ot que couroussier (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 208). Là vorent en allant maint parler desranier Comment il se poront à leur pere acointier. (Hugues Capet L., c.1358, 100). ...je suis ung messagier (...) pour compter et nunchier Un message (...) Que je doy a vo dame de bouche desrenguier [l. peut-être desrengnier] . (Cip. Vignevaux W., p.1400, 187). Pour venir a conclusion Brieve, sanz grant narracion Diray comme ilz s'en departirent, Sanz recorder tout quanqu'ilz dirent, Qui long seroit a desrener. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 258).

B. -

"Soutenir (une cause) par les armes ou devant la justice" : Bien voy que vous irez là dehors tournoiier, Contre nos anemis nostre droit deregnier (Hugues Capet L., c.1358, 140). ...veulent estre tenus de mettre leur corps pour leur droit desraigner, garder et deffendre encontre tout autre seigneur (Bouciquaut L., 1406-1409, 165). ...tant comme j'aurai vie, je mectrai corps, avoir et povoir à desrainier la querelle de mes nepveux (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 311). ...il est temps que vous faciez vostre chevalier venir demener [var. desrenier] vostre cause. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 638). Jugement de Jehan le parmantier d'une pairt, et de Marguerite, femme Jaicomin, d'Espaigne, d'autre pairt, que dit que, se ung homme cognoit une debte en plait et li eschevin le tesmoingent, combien qu'il n'en ait nul parchamin, il convient la debte paier, ne ne s'en puelt cil deffendre come pour dire : qu'il le desraignereit que rien ne li doit. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1331], 88).

Rem. Chev. papegau C.V., c.1400-1500, 43/19.

C. -

Deraisner qqn de qqc. "Disputer qqc. à qqn" : ...a tort il [ce traitre] tient ma terre Si l'en vueil corps a corps conquerre Et desregnier. (Mir. Oton, c.1370, 377).

II. -

Empl. intrans. "Tenir un discours argumenté" : Quant li frere ont oÿ l'oste enssi desraynnier, Dont disent qu'il yront au palais acointier. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 154). "Signeur", dist l'empereres, "bien vous oy deraisnier..." (Flor. Rome W., c.1330-1400, 143).

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Sans deraisner. "Sans avoir à se justifier" : Je vous deffy de Dieu sans auques [si peu que ce soit] desrainnier ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 646).

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Deraisner à qqn. "S'entretenir avec qqn pour lui exposer qqc." : .Je vueil aler au roy parler et desranger, Et demander si cuide que nous soions berger, Ou bastars avolez ou enfans de mestier. (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 90). Je suis venu a lui la belle calengier, Or me faittes a lui parler et desranger (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 111). Toutesvoies, ceste vertu differe de vraie amisté, par ce qu'elle est quant est de soy senz ce que celui qui a telle vertu ait passion et senz ce que il ait dileccion a ceuls a qui il parle ou deresne ou converse. (ORESME, E.A., c.1370, 264). Se loeroie bien (...) C'on feïst ung message en la cité aler Qui bien sceüst a lui desrenguier [l. desrengnier ?] et parler (Cip. Vignevaux W., p.1400, 185). Et sy ne set as gens parler ne desrainnier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 141).

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Deraisner avec qqn : Et universelment, comme dit est, tel vertueus parle et deresne aveques chascun telement come il appartient. (ORESME, E.A., c.1370, 265).

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Deraisner ensemble. "Discuter, dialoguer en échangeant des idées, des arguments sur tel ou tel sujet" : Mais Courtoisie, einsi com dire doy, Le chevalier Acompaingna liement, sans dangier, Et Honneur volt la dame acompaingnier ; Lors se prirent ensamble a desraisnier. Si s'en alerent, Tout en parlant, la ou il les menerent, Par les degrez de marbre qu'il monterent, Tant qu'en la chambre au bon roy s'en entrerent. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 112).

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Deraisner de qqc. "Parler, discuter de qqc." : De leur journeez n'ai cure de desrainnier. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 412).

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Se deraisner. "S'entretenir, converser"

Rem. WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, gloss (desraignier).

REM. Sens de "le disputer à qqc." ds l'ex. suiv. (?) : Tiercement, nul droit positif ne peut deregner a droit naturel ne obligier a faire contre droit naturel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 317).Ou erreur de lecture pour deroguer "déroger" ?