C.N.R.S.
 
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 Article 1/2 
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     AVANT-COURIR     
*FEW II-2 currere
AVANT-COURIR, verbe
[GDC : avantcourir ; *FEW II-2, 1570b : currere]

"Courir devant, livrer une attaque d'avant-garde" : Ilz se cloyrent de leur charroy, mirent .III. serpentines en front et .III. en keue, mirent gens de cheval sur esles pour escarmuchier et avancourir (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 567).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 2/2 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     COURIR     
FEW II-2 1565b, 1569b, 1570 currere
COURIR, verbe
[T-L : corir ; GD : courir ; GDC : courir ; AND : coure1 ; DÉCT : corir ; FEW II-2, 1565b, 1569b, 1570 : currere ; TLF : VI, 344b : courir]

I. -

[Idée de déplacement (rapide), de mouvement]

A. -

[D'une pers. ou d'un animal]

 

1.

Empl. intrans.

 

a)

"Se déplacer rapidement, courir" : Je m'en vois a l'ostel courant, Pour mon fil faire avoir baptesme. (Mir. enf. diable, c.1339, 14). Il dressa maintenant la teste Et commensa a faire feste. Moult avoit droites les oreilles ; De sa queue faisoit merveilles. De courir estoit moult engrans ; Il faisoit les saus si trés grans Que durement m'en mervilloie. (MACH., D. Lyon, 1342, 176). Et li bon levrier que j'avoie Renforçoient si mon solas Que je n'en peüsse estre las, Quant je les os mis en conroy, Et je les vi de bel arroy De courir a point sus les chans, Et puis des oisillons les chans (MACH., J. R. Nav., 1349, 155). LA CHAMBERIERE. Dame, voulentiers, sanz detri ; G'y vois courant. (Mir. enf. ress., 1353, 30). Or est Pluto enamourez, Mais la n'est gueres demourez, Eins va et vient et court et serche ; Partout fait son cerne et sa serche. (MACH., C. ami, 1357, 86). Et semblablement, celui qui est fort de corps ou celui qui est bien taillié a courir (ORESME, E.A., c.1370, 139). Mais ne je n'oy ne loing ne près Ne voiz d'omme ne corre beste. (Mir. roy Thierry, c.1374, 299). Et bien dient ly aucun que oncques mais n'avoient veu si estrange chace ne si merveilleuse, ne senglier courir si estrangement. (ARRAS, c.1392-1393, 28). Et cilz leur courent sus, et firent grant dommage des gens Remondin, aincois que Remondin y peust venir, ly quelz venoit a desray de cheval, tant qu'il povoit courre, et se fiert oultre ses ennemis, lance baissiee, et porte le premier qu'il encontre a terre. (ARRAS, c.1392-1393, 72). Du surplus, selon son aige de XIIJ ans, [Saintré] estoit tres habille et hardy valeton, fust pour chevauchier un bien rigoureux coursier, fust a chanter ou a dansser, a jouer a la paulme, a courir, a saillir, et a tous autres essais et esbas que il veoit aux hommes faire (LA SALE, J.S., 1456, 2). ...que cellui qui le deliverra et lui seront tenus de courre a cheval l'un contre l'autre X coursses de lances d'armes de la mesure que le prince ordonneroit (LA SALE, J.S., 1456, 144). ...la laissa le gentil conte, et ne fina de courre tant qu'elle fut a l'ostel de son pere. (C.N.N., c.1456-1467, 158). Je veulx courir pour le trouver. - Las, vous varrey je, mon filz ? (Pass. Auv., 1477, 188). N'entens tu pas qu'il a crïé ? Va t'en corant, aste ton pié ! Donne luy boere sans delay ! (Pass. Auv., 1477, 221). Aucuns mots sont desquelz ne la signification ne la maniere de signifier est convenable a Dieu comme courir, aler, ambuler (Somme abr., c.1477-1481, 153). ...car j'avoit veu en Levant ce que l'on peut veoir de toutes especes de perrerie et aprins à icelles polir et tailler, sculper et graver et couré par toutes les montaignes dudit Savoye et de Almaigne, serchant les herbes desquelles traicte Aristote en son Livre des Secretz à Alexandre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 v°).

 

-

[Avec un terme de compar.] : Bien tost il sera desmarchant Ou courra plus fort que ung levrier, S'il n'essaye de ce trenchant. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7). Je respons en ceste manière Que j'ay veu petit lévrier Courre plus tost que grant coursier (LA HAYE, P. peste, 1426, 164). Adonc courent comme enragez parmy le champ. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 282).

 

-

Courir aval. "Descendre" : ...se donna garde de foison [de] [meubles], courant aval son hostel, qui avant son voyage n'estoit leens. (C.N.N., c.1456-1467, 462). Et sesdittes gens, qui ainsi s'en aloient courans aval la rue, crioient à l'arme ! et Au murdre ! afin que le peuple saillist pour donner secours à leur maistre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112).

 

-

[À partir d'un lieu] "S'éloigner rapidement" : ...luy bailla l'absolucion, après ceste devote confession, et la laissa courre (C.N.N., c.1456-1467, 298).

 

-

Venir courant : Mais l'escu du sanglier fu si durs qu'il convint, par la force du sengler, le conte verser a genoulx. Et Remondin vint courant, et palmie l'espie, et cuide ferir le sengler entre les quatre membres (ARRAS, c.1392-1393, 22).

 

-

[Des chiens] "Chasser à courre" : C'est vïande [les hures de loup] ung peu plus pesante Que duvet n'est, plume ne liege ; Elle est bonne a porter en tante Ou pour user en quelque siege. S'ilz estoient prins en ung piege, Que ces matins ne seussent courre, J'ordonne, moy qui suis son miege [de Jehan Riou, marchand pelletier et capitaine des archers de Paris], Que des peaulx sur l'iver se fourre. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 95).

 

-

Chien courant. V. chien

 

-

"Se déplacer rapidement sur mer" : Et comme il courust par la mer par bon vent... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 49). Es vaissiaux est entrez, par le mer s'en couroit. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 702).

 

-

P. ext. "Se dépêcher, s'activer, s'affairer" : Messagiers et garsons d'estables Dressent fourmes, trestiaus et tables. Qui les veïst troter et courre, Herbe aporter, tapis escourre, Braire, crier et ramonner Et l'un a l'autre araisonner (MACH., R. Fort., c.1341, 144). Qu'onques mais si grant entreprise De tant de gens ne fu emprise. Qui lors veïst gens esveillier, Troter, courir et abillier Coques, nés, avirons et voiles, Et requeudre les tros des toiles, Cordes renouer et trecier, Et les grans maz ès nés drecier. (MACH., P. Alex., p.1369, 60).

 

.

Inf. subst. "Course" : ...voulant gaigner par mon courir le seur fossé de suffisance (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 134).

 

b)

Courir qq. part (lieu spatial ou lieu fig.) : Se nous l'eussiemes sceu, Nous y fussiemes tost coru Trestouz ensemble. (Mir. femme roy Port., c.1342, 187). Quant les gens de l'ostel oïrent Ceste clamour, tuit y courirent Pour savoir que ce pooit estre. (MACH., C. ami, 1357, 7). Nos gens queurent de rue en rue Chascuns ocist, mehaingne ou tue. (MACH., P. Alex., p.1369, 90).

 

-

Courir après qqn. "Rechercher qqn, chercher à le rejoindre" : Mais elle après li ne couroit Tantost... (MACH., D. Lyon, 1342, 214). Ne me tenés plus ! Car je veulx aprés luy corir. Las, il n'est plaisance que Jhesus ! (Pass. Auv., 1477, 263).

 

-

Courir vers qqn : Remondin (...) se met au devant du senglier, l'espie ou poing, en bonne voulenté de le destruire, et ly sengliers destourne de lui et court vers le conte. (ARRAS, c.1392-1393, 21).

 

-

Courir à un lieu / une chose : Quand li bons roys sceut leur venue, Il ne demoura pas en mue En sa chambre ; einz couri au port, à grant joie et à grant deport. (MACH., P. Alex., p.1369, 56). Lors appelle l'escuier qui estoit venus avec lui et lui dist : Courez a l'ost et me faictes venir mes compaignons le plus hastivement que vous pourrez. (ARRAS, c.1392-1393, 202). ...si voulons ceulx ressembler qui voient le feu embrasé et esprins par leurs lieux et habitacions et sont en question pour debatre entre eulx qui le feu y a mis et et a qui le devoir de l'estaindre appartient. Et tantdiz se brulle la maison par leurs difficultez et negligences, que que chascun y deust comme au feu courir et eviter la destruction de son hostel en pourchassant le salut de cellui a son voisin. (CHART., Q. inv., 1422, 44). ...se pensa qu'au plus tost qu'il pourroit il courroit a Romme [Il est alors à Compiègne] (C.N.N., c.1456-1467, 285).

 

.

Courir aux armes. V. arme : Evous ces Englois courir as armes, monter as chevaus et issir de la ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 654).

 

-

Courir au pallet. V. pallet

 

.

Inf. subst. : Et pour ce, Beau Filz, aler en l'ost et legierement combatre n'est pas un jeu de courre au pallet, il y fault aler meureement (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 382).

 

-

Courir + inf. : ...Li uns d'eaus couri l'uis ouvrir. (MACH., C. ami, 1357, 7). Les dix chevaliers yssent hors et remontent a cheval. Lors crient Lusegnen a haulte voix et s'en retournent par ou ilz estoient venuz, tuant et abatant quanqu'ilz encontrent en leur voye. L'ost s'estourmy ; chascun se court armer. (ARRAS, c.1392-1393, 229).

 

c)

Courir par. "Passer par" : Bonne operacion est la voie par laquelle on va en la vie eternelle. Qui court par ceste voie il quiert la beatitude (CIB., p.1451, 178).

 

-

"Parcourir" : Et, durant ladicte escarmouche, y ot ung paillart sergent à verge du Chastellet de Paris, nommé Casin Cholet, qui, en courant fort eschaufé par plusieurs des rues de Paris, crioit à haulte voix telz motz : "Boutez vous tous en voz maisons et fermez voz huis, car les Bourguignons sont entrez dedens Paris." (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 59).

 

-

Courir par le monde. "Parcourir le monde" : Si peuz veoir, aprendre et retenir de moult d'estas, mais vraiement le terme que je coury par le monde, je ne vey nul hault seigneur qui n'eust son marmouset. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 227).

 

-

Courir par monts et par vaux : La court et par mons et par vaus Pluto sus ses faëz chevaus Sans frein, sans culiere et sans bride. (MACH., C. ami, 1357, 85).

 

-

"Parcourir (un écrit)" : Or retournes et lis et relis en courant par touz les aucteurs qui parlent du bien commun, et considere et escoute les hystoires des fais communs (FOUL., Policrat. B., VI, 1372, 231).

 

d)

Au fig.

 

-

Courir à qqc. "Chercher à atteindre, à obtenir une chose par tous les moyens" : Je me doubte que tous trois soient rabaissez et avillez de la dignité et devoir de leurs estaz. Pluseurs de la chevalerie et des nobles crient aux armes, mais ilz courent a l'argent ; le clergé et les conseilliers parlent a deux visaiges et vivent avecques les vivans ; le peuple veult estre en sceurté gardé et tenu franc, et si est impacient de souffrir subgection de seigneurie. (CHART., Q. inv., 1422, 14).

 

-

"Chercher l'aventure (auprès des femmes), être coureur" : S'ilz [les filles de joie] n'ayment fors que pour l'argent, On ne les ayme que pour l'eure ; Rondement ayment toute gent Et rient lors quant bourse pleure. De celles cy n'est qui ne queurre ; Mais en femmes d'onneur et nom Franc homme, se Dieu me sequeure, Se doit emploier, ailleurs non. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 60).

 

Rem. Burger, 48 ; R.H., Comment. Test., 84 ; Thiry, 136. La prép. de, dans l'interprétation retenue, a le sens de "à propos de" ; mais le sujet peut être aussi "aucune (fille de joie)", auquel cas on gloserait par "Chercher l'aventure (auprès des hommes qui se laissent prendre)".

 

-

[Synon. de recourir] Courir à qqn. "Avoir recours à qqn, recourir à qqn" : Loons la mére au roy des roys, Qui tant est preste de secourre Touz ceulx qui a li veulent courre (Mir. emp. Julien, 1351, 211).

 

2.

Empl. trans.

 

a)

Courir qqn/qqc. "Poursuivre qqn ou qqc." : ...affin qu'il puisse mieulx veoir et a son aise, sans aller courre ça ne la son veau ou il est... (C.N.N., c.1456-1467, 88).

 

-

Loc. fig.

 

.

Courir l'aiguillette. V. aiguillette

 

.

Courir une/la lance. "Effectuer une course, une joute à la lance" : ...a quiil avoit prommis de courre une lance (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 223). Devant le hourt des juges se ferroient et mesuroient toutes les lances ; ne de tout le pas ne fut lance tenue pour rompue, qu'elle ne fust mesurée à la mesure par lesdits juges ordonnez, ne lance courue sans mesure. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 125). ...lequel [le roi] estoit outre le pont de Rosne, ou il faisoyt pour son plaisir courir la lance a deux ou trois de ses mignons. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 324).

 

.

"Avoir un rapport sexuel". v. lance

 

b)

"Faire courir"

 

-

Courir une bataille. "Faire courir, lancer une troupe" : Et vous menrés vous gens par la porte Davis Et courrés voz batailles dessus ces pres floris. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 221).

 

-

Courir un cheval. "Faire courir un cheval" : ...tant qu'il trouva a la parfin que son filz (...) estoit celui qui, en courant son destrier hors de la ville, par meschief encontra cedit enfant... (LA SALE, Sale D., 1451, 97). ...je vous enjoinctz que vous gardez tresbien de jamais courre vostre cheval en la valée. (C.N.N., c.1456-1467, 330). Le deuxiesme enseignement que mon pere me bailla fut que jamais ne courusse mon cheval a la valée. (C.N.N., c.1456-1467, 335).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

 

c)

"Déplacer qqc." : Lors pas a pas s'en vat mectre au bout de son renc, et la print sa lance sur sa cuisse et tres frisquement d'aler et de retour la courust de bout a autre. (LA SALE, J.S., 1456, 115).

 

d)

Courir un lieu. "Parcourir un lieu" : A toi, Hanri, dous amis, me complain Pour ce que mais ne queur ne mont ne plain, Car à pié sui, sans cheval et sans selle. (MACH., Compl., 1340-1377, 251). Plus tost courans que nuls chevaus, Pour courir les mons et les vaus... (MACH., P. Alex., p.1369, 58). ...elle avoit rendy et couru païs tant que du monde ne savoit que trop. (C.N.N., c.1456-1467, 454).

 

-

[En vue de qqc.] : Item, nul poissonnier de mer, ne autres quelzconques, nobles, religieux ou autres, ne pourra aller encontre le poisson pour l'acheter, se n'est pas dela la rivière d'Oise, ou en ville ou y queure marché, ouquel le poisson seroit descenduz pour vendre (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 13).

 

-

"Courir, se hâter vers un lieu" : Po somes pour le pont abatre, Car se li Sarrazin debattre Le nous vuelent, n'est pas possible, Eins est à nous chose impossible. Trop sont et trop scevent de guile, S'il sont entre nous et la ville, A ce que nostre gent entendent A courir la ville, et il tendent. (MACH., P. Alex., p.1369, 92).

 

3.

Empl. pronom. S'en courir. "Partir en courant" : Messires Daniel et li sires de Disquemue et li Hases de Flandres s'en coururent devant esperonnant. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 78). Et ja feust la besoingne mal tournée quant cellui chevalier vint, qui bien apperceut l'assault et la feble deffense de ceulx de dedens. Il escheva l'assault et vint a une poterne. Ceulx de la garde le congnurent bien et le laissierent entrer dedens. Et s'en court par my les deffenses, criant : Seigneurs, deffendez vous, ayez bon cuer. (ARRAS, c.1392-1393, 182). ...le pouvre Angloys s'en couroit par la chambre le plus qu'il povoit (C.N.N., c.1456-1467, 57). ...tant que piez le peurent porter, il s'en court devers ce preau (C.N.N., c.1456-1467, 307).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Se déplacer plus ou moins rapidement"

 

a)

[D'une chose quelconque] : Elle fist baloiz courre par tout, espandre la belle herbe vert partout en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 571). Et est assavoir que, le jeudi XXIIIe jour de juillet, oudit an LXI, qui fut le lendemain de ladicte mort, environ IX heures de nuit, fut veue ou ciel courir bien fort une très longue comete, qui gectoit en l'air grant resplendisseur et grande clarté, tellement qu'il sembloit que tout Paris feust en feu et en flambe. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 20). Mais le cours ou mouvement voluntaire est en ceulz qui ont ame, quant elles courent ou euvrent. Et ceste motion est moyenne entre le mouvement naturel et le violent (Somme abr., c.1477-1481, 144). Recite icellui Jaques qu'il vit (...) une montaigne que de nouvel s'estoit separée d'une autre et avoit couru plus de une demye lieue et suffoqua bien Vm hommes, et fut arrestée son impetuosité par les haulx rochiers du costé de l'empire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 120 v°). ...ainsi que le cousturier achevoit de le couldre, voulant couper son fil à la lumiere qui estoit jouxte lui, en une lanterne, le feu courut par le fil, ainçois qu'il l'aperceust jusques au lincieul, lequel lincieul incontinent fut esprins (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

 

-

"Filer, échapper" : LE CRESTIEN. (...) J'ay prins cent escus sur ma foy : Je n'en lairray ja a courir. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 113).

 

-

Courir après. "Suivre, poursuivre" : ...si advint que le VIIIe des ydes de avril fut veu ou ciel, entre orient et midi, un grand trabs ardent en l'air, courant après le Soleil, qui jà tendoit à son coucher et tumba en terre, duquel les vestiges se monstrerent longtemps après (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 r°).

 

-

ASTR. Etoile courante. "Étoile filante" : Item, les impressions appellees estoilles courantes ou qui cheent, stelle cadentes, ne les estoilles comees ou les commetes qui sont en l'aer ne sont pas de la nature de l'aer, si comme il appert ou premier de Metheores. (ORESME, C.M., c.1377, 434).

 

b)

[D'une marchandise] "Circuler" : Par quoy marcheandise queure ; Qu'avis m'est, se Dieux me sequeure, Que c'est deffaus en toute court Quant marcheandise ne court. (MACH., P. Alex., p.1369, 176). Si com li Hollandois et li Zellandois disoient, la guerre de Flandres ne les regardoit en riens, ne il ne pooient ne devoient deffendre à courir marcandise. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 187). Qu'estoit ce de Parlement, de Chastellet, de la justice qui y regnoit, de la marchandise qui y couroit ! (JUV. URS., Loquar, 1440, 358). Lors il est qu'il fault veillier jour et nuit par la ville, sur les murs, marchandise ne puelt courir, nul n'ose de sa porte saillir fors a grant peril (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 10).

 

-

Faire courir une marchandise. "Faire circuler" : La IIIIme chose est que vous doyez faire coulre seurement toutes marchandises par voz païs et seignouries. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 21).

 

c)

Courir qq. part

 

-

[D'un fer de lance] Courir parmi. "Pénétrer, glisser dans" : Vezci un fer qui a coru Parmi le corps, parmy le flanc De Julien. (Mir. emp. Julien, 1351, 211).

 

-

[Du vent] "Pénétrer, souffler" : Car ou il gist et ou habite Le vent y cuert de toutes pars, Pluie, gresil, tonnerre, espars (Mir. Theod., 1357, 115). [Cont. métaph.] Se tu as le courage ou pour plus proprement parler la folle cuidance de toy vouloir ingerer jusques au dangereux donjon ou dame Court se retrait en son privé, saches que le guichet en est si petit, la planche si estroicte, la fosse desoubz si parfont, et y court le vent d'envie a si grant bouffeez, que a l'entrer ou a l'issir tu te pourras blecer sans garison ou tresbuchier sans resourse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8).

 

-

Au fig. Courir à. "En venir à" : La terre et signourie de Crieuvecoer, en Cambresis, avoit couru a vendage. (FROISS., Chron. D., p.1400, 255).

 

2.

[D'un liquide] "Couler, s'écouler, se répandre" : Mais que la superfice de l'eaue soit sperique il appert se nous prenons ceste supposicion, c'est a savoir que l'eaue est nee et incline a fluer et courir tousjours au lieu qui est plus bas. (ORESME, C.M., c.1377, 396). Et ne les sauroit autrement enseignier, parce qu'il n'y a mis aucun merc à l'endroit, et aussi que le cours d'icelle riviere va et court par-dessus iceulx coffres. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 210). ...ly ruisseaux de ceste fontaine courra tout contreval (ARRAS, c.1392-1393, 31). Mais l'espee glicha aval sur la senestre cuisse et le bleca un petit, tant que le sang en couru jusques au talon. (ARRAS, c.1392-1393, 185). Quant ton arche fait avras, De viande tu l'ampliras Pour toy, tes enffens et leurs femmes, Et pour toutes bestes movables Qu'an ton arche tu guarderas ; Et point dehors ne les mectras Tant que les eaulx soient conruex [l. couruex] Et en leurs drois lieux revenuez. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 27). Ces parolles moult aigrement et de cuer couroucié disoit au dessus escrips celle dame tresadoulee et de ses beaulx yeux, dont les ruisseaulx de larmes couroient, regardoit si effroiement leur desroyé maintien que bien sembloit soy sentir d'eulx injuriee ou mescogneue. (CHART., Q. inv., 1422, 19). ...ung petit fossé par lequel couroient les eaues en temps de pluye. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 359). ...car vous mectés en oubly noz miseres et tribulacions et comme de l'eaue qui court n'en avés aucune souvenance (JUV. URS., Loquar, 1440, 326). Et tantost l'admiral vaillant Passa sur ung destrié saillant Tout par my la grosse bataille Des Barbarins, vaille que vaille, Lors qu'i vit Barbarins abatre, Puis ung, puis deux, puis trois, puis quatre, Tant que le sanc par la charriere Courroit ainsi comme riviere (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 25). Or buvez fort, tant que ru peult courir (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 84). LE SAVETIER. Ha, vieille [loudiere] au cul rond, Sorciere, de vin humeresse, Chassieuse, estrangleresse De petis enfans escrie, Je te diray villennie Plus ne qui court d'eau au molin. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 32). Le sang courra par la charriere Du coup que je luy veulx bailler. (LA VIGNE, S.M., 1496, 344).

 

-

[D'un cours d'eau] "Passer, couler" : Car le manoir ou je gisoie Estoit loing de gens et de voie, Assis dessus une riviere Douce, clere, seinne et legiere, Qui couroit entour un vergier... (MACH., D. Lyon, 1342, 162). Et je vous jur et promet vers l'Eglise Qu'ainçois courroit par mi Damas Tamise Que ma pensee ailleurs qu'a vous soit mise. (MACH., Voir, 1364, 552). ...l'andemain au matin [il] passa par la riviere de Ler, qui cuert delez ycelle ville [Rochelevesque], et s'en ala droit à Nostre-Dame d'Uusseau (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 460). ...paix fut en toy comme ung fleuve courant et justice comme regetz de la mer (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 250). ...il ne restoit qu'a passer la riviere qui ceurt devant Versay [pour entrer] en son pays (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 242). ...près de une ville nommée Wichi, jouxte une petite montaigne où la riviere court au pié très doulce, touteffois en icelle sont puis, non gueres parfons, osquelx l'eaue est très sallée et, quant est sur le feu cuite, devient dure à merveilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 90 r°).

 

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[De la mer] "S'agiter" : Item, de fait et sans doubtance, Apparest par expérience Cotidienne et trez expresse, Qui des choses est la maistresse, La mer monter, courre et baler, En pluseurs lieux et s'en aler Encontre les cours des rivières Selon divers temps et manières, Et puiz descendre et se retraire Par le regart du Corps Lunaire (LA HAYE, P. peste, 1426, 8).

II. -

[Idée de déplacement et d'attaque]

A. -

Empl. intrans.

 

1.

"Se déplacer pour attaquer, attaquer" : ...il corrigoit et punissoit les pillars, Linffars et les aultres robeours qui couroient sus les chemins en Alemaigne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 160). Item, dist que lui estant avecques Testenoire, il a couru avecques autres par plusieurs fois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 29). Et s'en vinrent courir jusques a Vaus desous Laon, et l'ardirent et Bruieres, car pour lors il n'i avoit nulle fremeté (FROISS., Chron. D., p.1400, 328). Et disoit l'en que les coureux de son ost avoient couru jusques ou marchié des Pourceaulx (BAYE, II, 1411-1417, 167). ...pour conseiller la provision à faire contre ces pillars et banniz qui courent par le royaume, pillans et murtrissans toutes manieres de gens (BAYE, II, 1411-1417, 266). Ce jour, après mynuit, vindrent courir devant Paris les gens d'armes de la garnison de Montlehery et autres favorisans du conte d'Armaignac (FAUQ., I, 1417-1420, 168). Lesquelz Monseigneur de Rains avoit mandé par saufconduit pour la réducion de la ville d'Espernay, pour ce qu'ilz ne laissoient la courir, nonobstant la paix publiée (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 213-214). ...ceulx qui se dient a vous (...) vindrent courir cy autour et prendre les laboureux (JUV. URS., Loquar, 1440, 317). Assés tost après, sur l'yver, monseigneur de Rostrelen entreprint d'aler courir devant Avranches et mena belle compaignie. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 52). ...vint ledit jour mettre ses embusches près de la ville d'Arras ; et, icelles mises, envoya environ XL lances courir devant ladicte ville d'Arras. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 337). Jugement (...). Ledit Jehan avoit corree [l. corrus ?] devant la ville de Haiange, dont ladite abbauce, pour lei et pour son couvant, demandoit .XVIII. piece de beste que ledit Jehan avoit prin avec plussieurs autres [J. Schneider a bien voulu vérifier la leçon sur le ms. et propose de lire corrus] (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1378], 505). Audit temps, ledit grant maistre et les gens d'armes de sa charge allerent plusieurs fois courir devant les places qui tenoient pour le duc d'Autriche, cuidans faire saillir des garnisons ceulx qui estoient esdittes places. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375).

 

-

[En mer] : Quant il furent là venu et arivé, il quidièrent estre sauvement venu, mais non furent, car li Normant avoient par mer nouvellement courut par celle bende là et porté, sicom on dissoit, à Zelandois grant damage. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 177). Et avoient balenghiers, qui couroient sus les bendes des illes de Normendie, pour savoir des nouvelles. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 212). Ou temps qu'Alixandre regna, Ungs homs nommé Dïomedés Devant lui on lui admena Engrillonné pousses et detz Comme larron, car il fut des Escumeurs que voyons courir ; Sy fut mis devant ce cadés Pour estre jugiez a mourir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 31).

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

2.

Courir à/après/parmi/sur/sus

 

-

Courir à qqn. "Se jeter sur qqn" : ...telle dame devroit estre despoillee toute nue dez la ceinture en amont et toute reze, puis oindre de miel, puis menee par la ville afin que les mouches li courissent et la picassent (LA SALE, J.S., 1456, 306).

 

-

Courir à qqc. "Se jeter sur qqc. pour s'en emparer" : Lesditz seigneurs firent apporter vivres Sans point souffrir a valletz ne a paiges D'aller piller ne courir aux fourraiges (LA VIGNE, V.N., p.1495, 148). Et aucuns ses serviteurs, qui estoient tenuz et obligez à luy comme à leur roy et souverain seigneur de luy faire service et le honnorer en sa vie et après son decès pour les grans benefices, remuneracions et honneurs qu'il leur avoit faitz, qui passoient trop oultre leurs desertes, non obstant abandonnerent son corps pour courir à ses biens, ayans plus egard à pourchasser leur prouffit que à garder leur honneur. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 398).

 

-

Courir à un lieu. "Attaquer, envahir" : ...Ernoul de Boulan a couru et mesfait ou pays dudit conté de Rethel, et sur ce ait esté faite requeste, attendu aussi que ledit Ernoul n'en ait faite aucune satisfaction et en est encores poursuis, nous contre ycellui, ses aidans, complices et recepteurs procederons à faire contrainte (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 370). ...aucunes gens de guerre estans en garnison de par ledit demandeur ou chastel de Rethel, avoient couru audit lieu d'Alenduy et illec avoient fait pluseurs pilleries et roberies (Trés. Reth. L., t.3, 1459, 395).

 

.

Courir sur un lieu : ...ledit de Longpré et autres de la garnison de Belleville, jusques au nombre de XVII, partirent à ung matin pur aler courir sur les dictes marches de Bretaigne et vindrent en deux ou trois villaiges d'emprès Montebert, et illec vouldrent prendre vivres, et prindrent deux jumens et autres bagues, pour en avoir des vivres. (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 384).

 

.

Courir sur qqc. : ...car les estradiotz avoient couru sur les vivres et deschargé sur le bagaige (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

-

Courir après (un animal, une proie). "Poursuivre (pour s'en emparer)" : DEUXIESME CHEVALIER. Après le cerf, sire ! Il s'en va Par la fuiant. (...) LE PREMIER CHEVALIER. Puis qu'au tiltre voy les veneurs, Courons après isnellement. Eschaper ne peut nullement (Mir. st J. Paulu, c.1372, 102). J'ay trop coru après ma proye (Mir. Berthe, c.1373, 232). ...en courant [en] une valée après le lievre et mes chiens, mon cheval se rompit le col (C.N.N., c.1456-1467, 335). Mais quant son sang le poisson eult succé, Apres courut tant fort qu'il l'atrappa. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 177).

 

-

Courir parmi une troupe : Et le roy envoya courant a force de chevaulx jusques a mil hommes par my eux, qui moult les dommagierent et empescherent qu'ilz ne se porent ordonner a leur guise. (ARRAS, c.1392-1393, 137).

 

-

Courir sur/sus (à) qqn. "Pourchasser qqn, l'attaquer" : ...que touz ceulz d'enfer ensemble Te puissent courir sus et batre ! (Mir. emp. Julien, 1351, 196). A cestui doit on courir seure Qui noz diez het et deshonneure (Mir. st Panth., 1364, 349). ...cascun est dit un an hors le ville, sour dupler leur terme se dens le dit terme entrassent le ville, pour le mesprisure qu'il firent as jurés de leur mestier de tondre, et eulx courrurent sus pour cause de leur office. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1366, 648). ...et gaitoient Que Sarrasin n'ississent hors, Car ceuls de l'assaut fussent mors Se par derrier les encloïssent ; Pour ce gaitoient qu'il n'ississent, Car on les voloit secourir, S'aucuns leur vosist sus courir. (MACH., P. Alex., p.1369, 87). Prenez gens hardis et seürs Et vous en alez sur les Turs. Se leurs galyotes trouvez, Gardez que si bien vous prouvez Que riens à ardoir n'i demeure, Et vitement leur courez seure. Il seront tantost desconfis Et mis à mort, j'en suis tous fis. (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Entre lui et les annemis, Qui seur le plain s'estoient mis, N'avoit point ne fossé, ne barre, Si que li sires de Lesparre S'avança et leur couri seure. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Prenons chascuns lance ou espié, Et leur courons sus vitement, Tous ensamble et serréement. Se nous pouvons venir entr'iaux, Il s'en fuiront comme chevriaus Et les occirons à no guise. (MACH., P. Alex., p.1369, 215). Et leur semble que ceulz sont fors qui oeuvrent par fureur et qui impetueusement et hardiement courent sus a leurs adversaires, en la maniere que les bestes sauvages font contre ceuls qui les ont navrees ou veulent navrer. (ORESME, E.A., c.1370, 214). Se nous les ardons, mal sera, Car le peuple sur nous courra (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 56). Or nous menés donc sanz detri Veoir vostre tresor, or sus, Avant que nous vous corons sus (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 11). Courir nous convient sur aux hommes De ce pais et les pillier (Mir. Clov., c.1381, 262). ...lesquelx veuz et apperceuz par ycellui Eustace l'aisné, ledit Eustace, sanz mot dire à lui qui parle, couri sus, assailly et navra ledit homme qu'il ne congnoist de ladite lance par la poitrine (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 407). Quant l'ame devote par l'inspiracion divine pensant a la mort parfondement considere et de lui meismes la vie brieve, sa propre fragilité, maladies sans nombre et tribulacions soudaines, saillans en place et issans come d'une enbuche, qui sans misericorde et jour et nuit li queurent sus (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 301). Sire vassaulx, dormez vous ? Et Remondin [fremist] tout ainsi comme uns homs qui s'esveille en seursault, et met main a l'espee, comme cil qui cuidoit que les gens du conte lui venissent courir sus. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Ne vous chault, dist Uriiens, nous avons bon droit en tout, ils nous sont venus courir sus sans cause ; et, posé que nous leur feussions alé courir sus en leur pays, si le devons nous faire, car ilz sont ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 99). Mais, beaus seigneurs, ne faisons pas ycy un long sejour, mais alons courir sur noz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 283). Nous ne devons pas courir sur ces gens sans les deffier. Il leur fault mander qu'ilz se gardent de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 284). ...la nuit meismes, yront Courir sus a leur ennemis. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 247). ...et se telz gens ancores vivoient, on leur courroit sus comme a vrays folz (LA SALE, Sale D., 1451, 27). ...et non seulement en son couraige avoit voulenté de soy deffendre, mais de courre sur les Etholiens qui estoient ung des puissans poeuples de Gresse. (LA SALE, Sale D., 1451, 212). ...mesmes les femmes luy vouloient courre sus. (C.N.N., c.1456-1467, 384). ...et tira de sa part ceulx sur qui il resgna avecque lui en Babillonie et courut sus à Assur et le chassa du champ de Sennar (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 14 v°). ...et, jaçoit ce que Philomenus eust par avant eu victoire de ceulx de Thebes, pour sa challeur voulut incontinent encores courir sur eulx pour ce qu'ilz s'estoient ralliez (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°). Marco du Lien fut en ce temps, moult aprecié pour la science des estoilles et fut appellé au conseilh estroit du roy Pietre, lequel il assembla pour la venue de Henry, qui lui couroit sus (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

 

.

"Se précipiter sur" : ...Lors en son lit sus li coury Et IJ. cos ou IIJ. le fery. (MACH., P. Alex., p.1369, 269).

 

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Estre couru sus de. "Être attaqué par" : Et la commenca l'occision grant et la perte, mais la plus grant perte tourna sur les payens, car ilz ne orent pas loisir d'eulx ordonner, et estoient foulez de l'assault, et n'estoit pas chascun soubz sa banniere, et ilz furent couru sus de gent aspre et qui estoient duit du mestier d'armes, que en petit de heure furent mis les pluseurs a la fuite. (ARRAS, c.1392-1393, 112).

 

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Empl. abs. : Toutesfoys, luy ingrat et mecognoissant la grace que luy fismes lors et d'abondant le vouloir que avions de le bien traicter, comme luy avions escript et fait dire par plusieurs fois, feignant s'en venir devers nous, s'en est puis nagueres voulu aler à Nantes avecques ceulx qui là sont assemblés, pour courir sus et mener guerre à nous et à nostre royaume (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1488, 290).

 

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P. métaph. : ...si qu'adont me court seure Desirs par si grant ardour Que je n'ay scens ne pooir ne vigour... (MACH., L. dames, 1377, 149).

 

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[D'une chose] "Tomber sur qqn, frapper qqn" : Toute seule me voy, et sens La nuit qui vient et me queurt sus. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 107). ...Que li meschiés qu'Alixandres fist Daire N'est pas si grans com cils qui li court seure, Triste, dolent, qui larmes de sanc pleure. (MACH., Bal., 1377, 558). S'en saveure Mort qui seure Me courra pour ta demeure, Dous amis, et pour t'amour... (MACH., Les lays, 1377, 353). En priant Dieu, digne pucelle [Marie d'Orléans], Qu'i vous doint longue et bonne vie, - Qui vous ayme, ma demoiselle, Ja ne coure sur lui envie ! - Entiere dame et assouvie, J'espoir de vous servir ainçoys, Certes, se Dieu plaist, que devie Vostre povre escolier Françoys. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 45). Autre chastel n'ay ne forteresse Ou me retraye corps ne ame Quant sur moy court malle destresse (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 78). C'est grande malediction Qui temprement luy courra sus Se nous en venons au dessus ; Et, oÿ combien qu'il differe, Je me doubte bien qu'il n'infere Tres mauvaise conclusion. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 414).

 

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Courir l'un sur l'autre : Le soudant se desarma, et se reposerent les deux osts cellui jour et le landemain, sans courir l'un sur l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 234).

 

-

Courir + inf. : ...et que jà soit ce qu'il n'eust aucun retrait oudit pays, toutesvoyes chascun jour il couroit raençonner, pilloit, buvoit, mengoit et se gouvernoit, lui et ses gens et aliez, sur le roy nostredit seigneur et ses hommes et subgets (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 207).

 

-

[D'une chose abstr.] Courir contre qqn. "Aller à l'encontre de qqn" : Derechief, contre celluy qui a plaine puissance en la temporalité ne doit courir aucune prescripcion (Songe verg. S., t.2, 1378, 131). Ainsi se saulva pour celle heure et evita la fureur, qui couroit contre lui alors. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 v°).

B. -

Empl. trans.

 

1.

Courir qqn. "Poursuivre qqn pour l'attaquer" : Jehan Lion, qui tendoit à courre les Mahieus, car il les haioit à mort, dist tout hault : "Avant, avant as traïteurs mauvais, qui voloient aujourd'ui destruire les francisses de la bonne ville de Gaind !" (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 178). ...lesquels ne cessèrent oncques en tuer, en les courant et poursuivant jusques près de Sainct-Milion. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 8).

 

2.

Courir un lieu. "Attaquer un lieu, l'envahir, le piller" : Pour despens de Navarre le heraut faiz en alant en messagerie devers Messire Jehan Chandos en Guienne, pour li monstrer comme les gens des compaignes qui estoient à Chasteau Gontier avoient couru le païz de Costentin, essaié à prendre la ville de Cherebourg (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 357). Nos gens queurent de rue en rue, Chascuns ocist, mehaingne ou tue. Tué en ont plus de XX. mille. Et coururent toute la ville, Car tuit Sarrazin s'enfuioient Pour les nostres, qui les suioient. (MACH., P. Alex., p.1369, 90). Et mettoient li Englès tout à l'espée, femmes et enfans, dont c'estoit pités. Si fu la ditte cités courue, toute pillie et robée. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 15). ...parmi payant lesqueles raençons ou patis, il qui parle n'a aucune chose mesfait, prins, pillié, robé ou couru la terre dudit conte Dalphin, mais icelle lui a gardée à son povoir du mieux qu'il a peu et sceu. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 204). Sitos que Loys li Baiviers fu issus de Ronme, li Alemant demorerent derriere. Il avoient ordonné a courir Ronme, ensi que il fissent. Et pillierent et prissent li Alemant sus les Ronmains tant et oultre ce que on lor devoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 245). Et pour ce ne demora pas que la ville ne fust courue et reubee de tout ce de bon que il i trouverent, et i trouverent or et argent a grant plenté (FROISS., Chron. D., p.1400, 678). ...mais tantost toutes les autres garnisons commencerent a courir les villages, voulans aussi avoir patis (JUV. URS., Loquar, 1440, 311). L'EMPEREUR. (...) Pour tant, en presence, Par moult grant plaisance, D'y mectre deffense Soyons deligens. A courir noz lieux Ilz sont envïeux Et, jeunes et vieulx, Ilz mastinent fort. (LA VIGNE, S.M., 1496, 242). Et en tant que vous distes que l'avangarde des Bourguignons est passée la riviere d'Oise, il est vray ; et passa hier pour aller courre la terre de Coucy, en laquelle ilz ont bouté les feux partout, et sont retournés. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 319). Après que les Bourguignons eurent ainsi couru, brulé et gasté la terre de Coucy et pays d'envyron que dict est, et non obstant le parlement qui estoit entre le connestable et eulx pour traicter d'apointement, tyrerent et allerent vers Guise pour y mettre le siege et l'avoir de force (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 322).

III. -

P. anal. au fig. [Idée d'une chose qui s'étend, qui se répand, qui a cours ou bien qui passe]

A. -

"S'étendre dans l'espace"

 

-

Empl. pronom. [D'une galerie souterraine] "S'étendre, se faufiler" : Si tost com il sont oié le chien abaire le renard en l'angle, il doit prendre un verge et bouter dedeinz la pertuz au plus pres de chien, et doit la verge estre pliante, siqe ele se ploie solonc qe le pertuz se court (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 105).

B. -

"Se répandre"

 

1.

[D'une chose (en gén. considérée comme néfaste, maladie, hérésie...), d'une influence céleste...] "Se répandre, régner" : En ce temps, par tout le monde generalment, une maladie, que on claime epydimie, couroit. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 100). Il faisoit si chier temps parmi le royaume de France et si grant famine couroit (...) que se blés et avainnes ne leur venissent de Haynau et de Cambresis, les gens morussent de fain en Artois, en Vermendois et en l'evesquiet de Laon et de Rains. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 201). Verité est que icellui royaume de Chippre, qui est une isle, ...[Chypre] est une terre tresmalseine et enferme a gens qui n'y ont acoustumé d'habiter ; car une maniere de fievres y court (Voy. Jérus., c.1395, 86). Cedit jour, estoient presques touz messeigneurs de Parlement malades de reume et fievre tout ensemble, par une pestilence d'air qui a couru et cuert puiz l'entrée de ce present moiz (BAYE, I, 1400-1410, 89). Cedit jour, n'a point esté plaidoié, ne n'avoit aucun advocat ne procureur (...) pour une moult griefve maladie qui generaument couroit par Paris (BAYE, II, 1411-1417, 173). Unes causes universeles, Luisans es cieulx et es estoilles, Et autres causes plus certaines, Estans parmy l'air et prouchaines, De la fortune ou pestillence Qui en ce temps couroit en France (LA HAYE, P. peste, 1426, 18). ...la fortune de la guerre et de la famine qui a couru l'a ainsi contraint à soy transporter de lieu en autre (Paris domin. angl. L., 1427, 248). Et combien qu'il ait prins ledit gouvernement comme héritier de France, néantmoins a esté et est en guerre, tribulacion et extrême division, qui a couru par longue espace de temps et encore court (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 26). ...c'est [la France] de present ung royaulme dyabolicque (...) et y courent diverses heresies (JUV. URS., Loquar, 1440, 360). Cestui reçeut des epistolles de Heracle empereur, des influences courans par ce temps soubz une grande conjunction où il fist bonne et louable responce. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 103 v°). Cestui predist le feu sauvage ; c'est une maladie qui courut en son temps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 r°).

 

-

[De pers.] "Se répandre" : Je voy courir Et decourir En ce monde de male gens. (Pass. Auv., 1477, 110).

 

2.

[D'un bruit, d'une nouvelle, d'une information, d'une parole...] "Se répandre" : ...des heraulz qui en faicent courre la nouvelle (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 26). Renommee qui partout court Et qui s'espant en mainte court... (MACH., C. ami, 1357, 20). ...Car deça mer ne dela mer Couroit leur bonne renommee... (MACH., C. ami, 1357, 130). E ! lasse, cuert aval la ville Telle renommée de moy ? (Mir. femme, 1368, 184). ...il me sembloit, s'il estoit mors, Que plus ne courroit li recors De mon diffame. (Mir. femme, 1368, 204). Li roys se parti de la court. Mais sa renommée qui court Par tous païs, par tous chemins, L'essaussa tant que les Hermins L'ont pour leur signeur esleü... (MACH., P. Alex., p.1369, 222). En ce temps (...) estoit nouvellement du duc de Guerles deffiez le roy de France, dont grant eschandele courroit parmy le royaulme (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 180). Sire, hault et puissans roys, dist Remondin, il est bien verité que commune renommee court par tous païs que vostre court est si noble et si raisonnable que elle est droicte fontaine de justice et de raison (ARRAS, c.1392-1393, 56). Et couroit secree renonmee que li rois, par ses mesusances et folies, n'estoit point dignes de tenir terre (FROISS., Chron. D., p.1400, 55). ...partout faisoit voix courir Q'un bel filz elle avoit eü (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 44). ...a fournir les histoires qui a present courent, je n'ose bien avant mettre et en bruyt ce que nagueres y [en Bourgogne] advint. (C.N.N., c.1456-1467, 97). ...par ce point s'appaisera le bruit qui court a present (C.N.N., c.1456-1467, 165). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne et du dauphin, au roi de France :] ...par pluseurs parolles et rappors qui souvent ceurent par vostre royamme, monsieur vostre filz est adverti que aulcuns s'efforcent de vous donner ymagination ou occasion de penser qu'il ait voloir de faire chose qui soit a vostre desplaisance et au prejudice de vostre royamme et seigneurie. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 175). ...monsieur de Bourgogne, le prince de la terre (...) de qui ceurt plus fame et glorieuse renommee (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 246). ...lequel aymant veoir choses estranges, vint veoir Sampson du tribu Dam, pour les merveilles que lors courroient de ses faiz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°). Sy advint que de nouvel couroit mauvais bruit de lui et de Olympias touchant la concepcion d'Allexandre, dont Granio l'advertit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°). ...et lors le roy qui bien le congnoissoit et aussi pour le bon bruit qui lors couroit de sa personne, voyant estre accusé par envie, le retint à IIIIc l. de pension (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 157 r°). Maistre Jaspart Layet, filz dudit Jehan Layet à Louvain, a esté moult aprecié de Jehan de Horne, evesque du Liege, pour les prenosticacions qu'il a acoustumé de fere par chacun an, qui courent par le pays de Flandres et en vient en France, touteffois mal translatées, aucunes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 164 v°). ...laquelle chose faitte, incontinant y envoyeray ou de ceulx là ou des miens. Neantmoins, en attendant response d'eulx, j'ay escript à ceulx de Beauvais, Saint-Quentin, Compiengne et Noyon, le bruyt qui court du deslogement des Bourguignons, afin qu'ilz se tiennent sur leurs gardes, et y ay envoyé homme propre des miens. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 304). ...il a couru une voix par deça que les Anglois ont eue une bataille en Angleterre, de laquelle le duc d'Iorc a esté maistre (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 333).

 

-

Faire courir bruit que. "Répandre le bruit que" : Et aussi avons bien esté adverty que ledit messire Lancelot a cuidié faire courre bruit que la prinse de nosdicts ambassadeurs n'a pas esté faicte ou royaulme, maiz ou Cambresiz. (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1483, 359).

C. -

"Avoir cours"

 

1.

[D'une chose] : Car nesune prescriptïon Ne peut contre le seigneur courre. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 67). Ce samedi au soir, issi li chastelains d'Auroi de sa garnison, pour tant que li respis couroit de toutes parties, et s'en vint paisieulement en l'ost de monsigneur Charle de Blois, son mestre, qui le rechut liement. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 158). Or fut il pieça fait ung nouvel statut en l'Eglise latine, qui dessevra l'ordre de saint mariage d'avec la dignité de prestrise soubz couleur de purté et de chasteté sans soulleure. Maintenant court le statut de concubinage au contraire, qui lez a attraitz aux estatz mondains, et aux delices sensuellez et corporellez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 176).

 

-

Mode qui court / façon qui court. "Mode du moment" : Quelque chose que l'on en dye, Tousjours seray mignon et gay, Aussi gent comme ung papegay, Fringant a la mode qui court. (Gaud. sot, c.1450, 7). Robë a la façon qui court Et cornette de camelot (P. Jouh. D.R., a.1488, 18).

 

2.

[D'une rente] "Être compté, être pris en compte" : ...il est homme de petite conduite et gouvernement ou fait de sa despence, il s'est fort endebté, et a vendu sur lui à Emery Bertin, de Fontenay, et à autres certaine grant rente, et doubtant que, se la dicte rente couroit sur lui, sa terre de l'Oblouynière fust vendue à vil pris (Doc. Poitou G., t.10, 1457, 33). ...et le cas advenu dudit douaire, les fruits revenus d'icelui courront contre les héritiers du seigneur de Gavre et sur les choses, terres et seigneuries desdits sieurs de Gavre et de Laval, tout ainsy que si elle avoit sommé lesdits héritiers dudit seigneur de Gavre de lui asseoir sondit douaire, ou que ledit douaire fut conventionnel (Cartul. Laval B., t.3, 1461, 192).

 

-

[D'une redevance] "Être en vigueur" : Il fu bien verités que le gabelle dou sel il ne veurent onques consentir que elle courust en leurs terres. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 176). Li rois et ses consaulx voloient remettre sus generalment parmi le roiaulme de France les aides, les fouages, les gabelles et les assisses qui avoient courut et estet levées dou tamps le roi Charle. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 152). ...l'en avoit mise suz une grant taille, montant, comme j'ay oy dire, XIJ ou XIIJc mil frans ou royaume, nonobstans les autres grans et divers subsides qui couroient par le royaume (BAYE, I, 1400-1410, 34).

 

-

Faire courir une redevance. "Faire entrer en vigueur, imposer" : Nous Loys, contes de Flandres ..., faisons savoir à tous que de grace especial, à le humble supplication de nos bonnes gens de notre ville de Seclin et pour aidier et relever notre dicte ville des charges et mises qu'elle soustient et a à soutenir de jour en jour, (...) ottroions par cez lettres qu'il puissent faire courre, lever et rechevoir en notre dicte ville assise et maletotte en la maniere qui s'ensieut (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1375, 342). ...mondit seigneur leur a donné congié et licence de faire courre assiz en ladicte ville en la maniere acoustumee et les accroistre et amenrir du tiers pour ladicte somme de 36 livres gros par an (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 130).

 

3.

[D'une monnaie] V. courant2 "Avoir cours" : Sachent tuit que nous, pour nostre evident pourfit et urgente necessité, avons vendut bien et loyaument et par juste pris, c'est a savoir pour le pris de cinq cens vint et sis livres Parisis, bonne et forte monnoie et pour tel pris comme elle couroit au jour de la datte de ces presentes lettres, a religieuses personnes l'abbé et le convent de l'eglise de Signy, de l'ordre de Cistiaus, de la diocese de Reins, toute nostre terre et toutes les appartenances, pourfis et emolumens d'icelle que nous aviens, teniens et possessiens au jour de la confection de ces presentes lettres en la ville de Chappes et ou terroir d'icelle (Comté Porcien R., 1335, 148-149). Item je vuis et ordene que toutes les sommes de deniers dessus ordenees soient payés a tel monee come il corra a lue a temps de mon obit, exceptez les sommes pour acheter terre et rentes et amonnes perpetuelx par moi dessus ordenees qui devront estre assignees, achetees et payés a estevenens. (Test. Besanç. R., t.1, 1341, 374). Et sera assise ceste bourgeoisie par noz clers de Bourbonnois et par quatre des prodommes de la ville. Et aux quatre cas c'est assavoir : quant nous [Pierre, duc de Bourbonnois] ou noz successeurs ferons noz filz chevaliers ou marierons noz filhes ou irons oultre mer ou seroiens en prisons par fait de guerre, de quoy Dieux nous gart, en chascun de ces quatre cas quant il avendront il [li habitant] nous donront et paieront sexante livres de la monnoie qui corra en celui temps. (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1343, 403). ...celli Breton adreça sa parolle audit Perrinet, en disant ces parolles : Tu ne scez ? il ne queurt autre monnoye à la court du roy que de vostre chancellier de Berry, qui m'a donné de l'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). ...lesdis laiz seront paiez et fournis en monnoie courant à present jusques à la valeur de la monnoie qui couroit au temps de la date dudit testament, selon le pris du marc d'argent de l'un temps à l'autre. (FAUQ., II, 1421-1430, 57). ...laquelle il rançonna a dix solz tournois de la monnoie qui lors couroit. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 254). Ou temps passé souloit courir monnoye blanche forte (JUV. URS., D. Tours, 1468, 444).

 

-

Faire courir une monnaie. "Donner cours à" : Et finablement furent d'accort, par l'ennortement dudit Jouye, qu'il forgeroit blans semblables de façon aus blans de VIIJ d. que avoit lors de nouvel fait encommencer à courre le roy nostre sire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 481). ...ledit Jehan Fraignot, comme aussi estre alé et demeuré en la ville de Chalon avec maistre Dreue Mareschal, maistre desdiz comptes (...) pour avancier au prouffit de mondit seigneur les faiz de ladicte foire et faire courre et prandre par les marchans frequentans lesdictes foires, et tous autres qu'il appartiendroit, la monnoye de mondit seigneur, laquelle le bailli de Mascon avoit fait descrier en son bailliaige à l'entree de ladicte foire (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 113). Item, en ce temps fut levée et cueillie en plusieurs parties du royaume de France une taille assez rigoureuse de mars d'argent, octroiée et accordée par les Trois Estas du royaume à la requeste des roys de France et d'Angleterre, pour forger bonne monnoie et faire courir oudit royaume, et à la cueillir sur gens d'église, chevaliers et escuiers, dames et damoiselles, bourgois et autres qui avoient puissance. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 77).

 

-

P. ext. [De l'argent] "Valoir, suffire" : ...comptez doulcement à tous et si avant comme le vostre peut courrir ne estendre pour paier leurs menus frais (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 100). ...Alemans sont durement convoiteux ; si ne faisoient guerre pour luy fors si avant que son argent courroit et duroit. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 155).

D. -

"S'écouler, passer"

 

1.

[Du temps] : Mais c'est la guise et li usages Dou temps qui court presentement, Car on le voit communement. (MACH., C. ami, 1357, 101). Les grans prodigues de despens ordinaires, Les grans pompeurs du temps present qui court (LA VIGNE, V.N., p.1495, 217).

 

-

Le temps qui court. "Ce qui se passe, les circonstances où nous sommes" : ...pour les grans dammages et perilx qui estoient avenu et venoient, et estoient tailliez d'y venir, consideré le temps qui couroit et la situation du lieu (BAYE, II, 1411-1417, 248).

 

-

Au temps qui court. V. temps : Male Bouche tient bien grant court : Chascun a mesdire estudie ; Faulx amoureux au temps qui court Servent tous de goulïardye. Le plus secret veult bien qu'on die Qu'il est d'aucune mescreüz, Et pour riens qu'omme a dame die Il ne doit plus estre creüz. (CHART., B. Dame, 1424, 357). Pour vous dire, sotz, seurement Peu de gens sont au temps qui court Qui n'en soient fourrez [de malice] largement (Sots mal., c.1480, 84).

 

-

[D'un calendrier liturg. calculé pour une certaine durée] "S'appliquer" : Victorien, souverain clerc, fut en ce temps, à cause de sa science de astrologie, mandé par le pappe Hillaire pour amender le Paschal de l'abbé Denis, qui moult est neccesaire à l'Eglise, qui jà avoit beaucop couru, lequel Victorien l'amenda et ordonna pour cent ans ensuivans très precizement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 r°).

 

2.

[D'une chose] : Avenu estoit en Castille, entreus que le plus fort des armes couroit (...) et que les Anglois tenoient les champs, que messire Bouchicault (...) avoit envoiet par ung hirault requerre armes à faire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 118).

 

-

Courir son cours. "S'écouler" : Sur tel meffait n'a court ne juge A qui on puisse recourir. L'un les maudit, l'autre les juge, Mais je n'en ay veu nul mourir. On leur laisse leur cours courir Et commencier pis de rechief, Et tristes dames encourir D'autrui coulpe, peine et meschief. (CHART., B. Dame, 1424, 352).

 

-

Laisser les choses courir : ...je (...) laisseroie les choses courrir ung temps tant qu'elles seroient appaisiés. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

 

-

"Risquer d'y passer" : Pour les revocquer [les legs] ne le diz, Et y courrust toute ma terre. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 72).

 

Rem. Burger, 48 ; R.H., Comment. Test., 114 ; Thiry, 150.

 

.

La vie y court. "Il y va de notre vie" : Bien leur moustra la sainte page ; Mais il perdi tout son langage, Qu'il respondirent brief et court : "Nous en yrons ; la vie y court. Nous ne volons mie morir Seans de fain, sans cop ferir, Ne ce n'est riens de no pooir Contre le leur, à dire voir." (MACH., P. Alex., p.1369, 107).

V. aussi courant2
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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