C.N.R.S.
 
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     COINTOYER     
FEW II-1 843b cognitus
COINTOYER, verbe
[T-L : cointier/cointoiier ; GD : cointier/cointoier ; AND : cointoier ; FEW II-1, 843b : cognitus]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Fréquenter" : Nus hon ne doit sa mort cointier, S'il a de l'esloignier pouoir (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 325).

B. -

"Flatter, caresser (?) (un cheval)" : Atant s'en vat Basin qui Affileit [son cheval] contoie. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 727). ...il fist au cheval sentir l'esperon et lui a serrer sa selle de ses cuisses. Et lors se print a quointoier en son corps pollissant et [ce corps de cheval] dejettant et saillant les saulz tant grans que beauté estoit a veoir. Tandis que le damoisel se deduisoit de la fierté de son cheval et que le cheval se polissoit pour la bonté de son maistre qui tant bien le pourmenoit... (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 334).

C. -

"Parer, orner" : Qui d'autre part veïst pingnier, Polir, cointoier [var. contier], alignier Vallès tranchans et eaus parer Et pour leur maistre pain parer, Faire tailloirs, demander napes Et de leurs mains oster les rapes, L'un sëoir jus, l'autre troter, (...) C'estoit merveilles a vëoir. (MACH., R. Fort., c.1341, 144). Leurs chappeaulx contoient [l. cointoient], Leurs gippons netoient (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 66). ...toute l'estude des meres est de parer et de contoier leurs filles affin d'estre veues des hommes et convoitiez (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 182).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. (Se) cointoyer

A. -

"Se parer ; s'équiper" : Et puis m'assis en un recoy, Pour cel esprivier espier Qui bel se savoit cointier, Pour vëoir quel part il iroit, Quant de la se departiroit. (MACH., D. Aler., a.1349, 261). De ses haches s'alèrent pourvéir et cointier (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 153). Pour ce le compare il [le printemps] aussi a la jone espousee qui, le jour que on l'espeuse, se cointoie et se pare le plus bel que elle peut et le plus noblement. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 19). Pour estre entr'eulx mieulx venu se cointoie Et devant eulx a la table nettoie, Et par ville les maine et les costoie (CHART., D. Fort., 1412-1413, 171). Quant me senty ainsy enamouré, De gaieté me prins a quointoyer (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 28).

 

-

"Faire montre d'élégance, de luxe" : Car cascune et cascuns s'efforce De le feste bien festoiier, Et la verés vous quintoiier Honneur et chiaus de sa baniere En tres noble et poissant maniere. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 93).

B. -

P. anal.

 

-

[D'un paon] "Se pavaner" : ...ung paon (...) qui la se cointioit et faisoit la roe de sa queue (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., a.1440, 112).

 

-

[De la terre, de la nature] "Se parer, s'orner" : Au temps pascour que toute riens s'esgaie, Que la terre de mainte colour gaie Se cointoie, dont pointure sans plaie Sous la mamelle Fait Bonne Amour a mainte dame belle... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 57). ...La terre, qui moult a esté En yver brehaingne et deserte, De noif et de glace couverte, Se resjoïst et se cointoie, Germe, adoucist et renverdoie... (MACH., R. Fort., c.1341, 80). Car il samble, qui le regarde [la terre au printemps] Vestir, parer et aroiier, Qu'elle voelle au ciel guerroiier ; Car il n'est ne flours ne foellette Qui ne se cointoie et oellette En li eslevant contremont (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 115). ...la terrë estoit ja plaine De herbes verdes et nouvellettes, Cointoyee de violettes, De moult flourettes petites (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 2).

C. -

Au fig. [Sens moral] "S'équiper, s'armer" : Si me commençay a polir, A cointïer, a regarder Pour moy d'or en avant garder De villenie et de meffait, Quar, par Dieu, cilz qui ce ne fait N'est pas dignes d'avoir amie. (MACH., Voir, 1364, 66).

 

-

[Avec une valeur défavorable] "Se pavaner, se rengorger, afficher une assurance vaniteuse" : Ilz [les ménestrels] n'ont escolle que d'apprendre L'art qui fait toute gent mesprendre, Et cointier, et acheminer, Luxure et vanité penser (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 142). Ceste chose est advenue Mainte foiz en mainte rue (;) Que qui n'est biaus, (si) se cointoie Et qui n'est bon, (si) se simploie. Touz vices volentiers le font Et mainte foiz couvert se sont Du non de (la) vertu contraire (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 165). Et Huez, ly bon rois, se gent bien ordonna, Contre cez anemis très bien se cointoia. (Hugues Capet L., c.1358, 229). Et Pompal ressamble au paon, Qui vait illoec faisant la roe De son jupel, et vire et roe Decha, dela, moult grossement, Et se cointoie cointement (Pastor. B., c.1422-1425, 45). Et quant damp Abbés fut ainsin du tout armé, si se tourna devant et darriere en soy cointoiant et en disant a Madame et a ses femmes : "Que dictes vous de veoir ce moynne armé ? Le fait il bon veoir ?" (LA SALE, J.S., 1456, 294).

 

-

[Valeur péj. moins prononcée] "S'exhiber de manière quelque peu vaniteuse" : Dame, faites me sage Pourquoy c'est que ly escuier Ne s'osent pas sy cointoier De droit que ly chevalier font, Et le cause pourquoy il sont Mis arriere et plus bas assis, Ja soit il que de moult hault pris Soient aucun en leur estat. (Dit prunier B., c.1330-1350, 63). N'est chevaus devant ly qu'il n'ait la char mengie. Et Ricart sist desus qui moult biel se cointie (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 284). Huez n'ot que XVI. ans, soy prist à contoiier Et à servir lez armez, jouster et tournoiier. (Hugues Capet L., c.1358, 2). Chevauçoit un coursier lyart moult beau et moult fier, et se contoioit en son harnas et en ses manières, comme eust fait un capitaine meneur d'un grant ost. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 47).

 

-

Se cointoyer de qqc. "Se parer de qqc., en tirer arrogance ou vanité" : ...et ainsi prant et pille ce que lez povres, en la sueur et grant engoise de leurs corps, ont loyaulment gaingné et acquis : c'est de nostre chevalier la proye, c'est dont il se monte, c'est dont il se cointaie. (Songe verg. S., t.1, 1378, 15).

 

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"S'enorgueillir de qqc., en tirer vanité" : ...Tarquin, le filz de Nervin, estoit appareillié de la jouste, tenant sa lance en son poing, soy cointoyant de ce que si bien luy estoit advenu. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 424).

V. aussi cointer
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin / Pierre Cromer

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