C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/chevaucher 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     CHEVAUCHER     
FEW II-1 caballicare
CHEVAUCHER, verbe
[T-L : chevauchier ; GD : chevauchier ; GDC : chevalchier ; AND : chevalcher ; DÉCT : chevauchier ; FEW II-1, 6a : caballicare ; TLF : V, 677b : chevaucher]

A. -

[Déplacement à cheval]

 

1.

Empl. intrans.

 

a)

"Aller à cheval, se déplacer à cheval" : S'alay aus chans isnellement Chevauchier par esbatement... (MACH., J. R. Nav., 1349, 154). Or alons sans sejour, Si chevauchons et nuit et jour Pour les bons ma dame acomplir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 160). ...je suis en assez bon point et pense que je chevaucheroie bien se il faisoit un pau plus chaut. (MACH., Voir, 1364, 128). ...il ha une grant compaigne a .VI. et a .IIII. lieues de nous, pour quoi on chevauche tresperilleusement. (MACH., Voir, 1364, 186). Et de telles arts et doctrines aucunes sont dessous une autre, si comme art de faire frains est soubz art de chevauchier et aussi sont toutes les autres arts de faire instrumens ou hernoys pour chevaux. (ORESME, E.A., c.1370, 104). Et Gieffroy et Thierry le convoierent grant piece. Et en chevauchant leur compta Gieffroy comment il avoit trouvé en la montaigne de Brumblerio la tombe du roy Elinas assise sur six colompnes de fin or (ARRAS, c.1392-1393, 270). L'escuier crie : Ouvrez, ouvrez, nous avons si grant sommeil que nous ne povons durer, nous ne finasmes en nuit de chevauchier. (ARRAS, c.1392-1393, 285). Thideüs, qui fu moult lassez De la peine, qu'ot eue assez, Se hasta tost de chevaucher (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 308). ...car il faloit ledit chevalier partir sur heure et chevaucher nuit et jour pour estre à la besoigne et bataille de Brantosne. (BAYE, I, 1400-1410, 157). Et qui veulent lors s'encliner à chevaucher, ou cheminer, Par mauvaiz air et lieux suspectz, Ou visiter aucuns infectz, Ilz doivent prendre et boire, au main, Un peu de vin, plaisant et sain (LA HAYE, P. peste, 1426, 100).

 

-

[P. méton., du cheval lui-même] "Se déplacer" : Li sires de Fagnuelles estoit montés sus .I. coursier trop merancolieus et mal afrenet ; si s'esfrea en cevauchant, et prist son mors a dens (FROISS., Chron. D., p.1400, 332).

 

-

Chevaucher tant / si avant / telle durée que... : D'ileucques tant chevauche et marche Que tu viengnes jusqu'en la marche D'Orliens (Mir. ste Bauth., c.1376, 101). Et chevaucha tant que la nuit le prist et que il fu myenuit. (ARRAS, c.1392-1393, 23). Et tant chevaucha qu'il s'approucha durement de la fontaine. (ARRAS, c.1392-1393, 23). Puis s'en party, et s'en vint chevauchant tant qu'il approucha de Lusignen, et vit la Tour Trompe et le bourc. (ARRAS, c.1392-1393, 76). Et ainsi chevaucherent bien dix journees, tant qu'ils entrerent en Champaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 155). Et tantos au matin il monta a ceval et cevauça tant celle journee que il vint a Liebourne (FROISS., Chron. D., p.1400, 753). Messires Jehans de Hainnau, li sires de Fauquemont, et auquns chevaliers de Gerles et de Jullers se departirent un jour dou siege et cevauchierent si avant que il vinrent devant Oizi en Cambresis (FROISS., Chron. D., p.1400, 315).

 

-

Chevaucher de telle ou telle manière : Seigneurs, a chemin nous fault mettre, Puis que dessus noz chevalx sommes. Maintenez vous con gentilz hommes En chevauchant. (Mir. Berthe, c.1373, 230). Mais quant ilz les virent armez et chevauchier en ordonnance, si furent tous esbahiz. (ARRAS, c.1392-1393, 71). ...le duc Anthoine chevauche, banniere desploiee, en belle bataille. (ARRAS, c.1392-1393, 183). Et li sires de Fauquemont et sa route cevaucierent tout le pas et vinrent au Qesnoi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 381). ...et cevaucierent tout quoiement (FROISS., Chron. D., p.1400, 814). ...sur lequel cheval, bien chevauchant, il estoit armé de toutes pieces (LA VIGNE, V.N., p.1495, 304). Et, du lieu de Fontaine, ledit conte envoya Jehan de Harmes devant jusquez à Saint-Morise et luy dist qu'il chevauchast fort, car ceulx dudit lieu congnoistroient son cheval (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 181). Par la foy de mon corps, mons. de Crussol, je croy bien que leurs femmes chevauchent mieulx qu'il ne font. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 207). ...mais ledit homme a parlé à une femme qui a esté en l'oost desditz Bourguignons, et dit que le duc de Bourgongne chevauche à petites journées sans soy fort eslongier de Beauvais, en especial son arriere garde en laquelle il a laissié la fleur de son oost (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 299).

 

.

Chevaucher court / chevaucher long. "Aller à cheval les étriers raccourcis ou allongés" : Et doit tout veneur chevauchier court anssois que long, quar il en est plus aisié et moins en grieve son cheval, quar, s'il monte une coste, il se puet soustenir sus les estrieux et ne grievera mie tant son cheval. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 233).

 

.

Chevaucher d'un lez. "Monter en amazone" : Lequel maistre Pierre Paoul, docteur en théologie, chevauchoit moult souvent en habit de docteur avecques ledit cardinal, tout d'un lez comme chevauchent les nobes femmes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 349).

 

.

Chevaucher grand allure. V. allure

 

.

Chevaucher sans selle : L'AFFINEUR. Je suis prest, montons a cheval Et chevauschons sans selle (Sots mal., c.1480, 91).

 

.

Chevaucher + adj. attribut : Et le lendemain, par matin, après la messe ouye, firent crier les deux freres, sur peine de perdre chevaulx et harnoiz et d'estre banny de leur compaignie, que chascun chevauchast tous armez soubz sa banniere, en belle bataille. (ARRAS, c.1392-1393, 155).

 

.

Prov. : Or chevauche mal reposé Qui ne scet ou il veult aler. (GARENC., Poésies N., 1409, 96).

 

.

Prov. Hardiement peut chevaucher qui en sa maison sait estre bonne garde

 

Rem. Prov. H., 71a [C132].

 

-

Subst. désignant un vêtement + à chevaucher. "Vêtement pour le cavalier" : À Phelisot de Compans, drappier, le XIXe jour de novembre enssuivant, pour plusieurs draps livrez pour Monseigneur et ses gens, depuis le derrain compte fait à lui par l'ordenance de Adenin, c'est assavoir (...) pour V aulnes de fin noir de Londres pour faire une cotte et I mantel à chevauchier, pour Monseigneur, qui fut brodé et porté en Hongrie, pour lui, à chevauchier, à 4 fr. l'aulne, valent 20 fr. ; pour III aulnes de fin rouge de Malines pour doubler ledit mantel, à 3 fr. l'aulne, valent 9 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 51). Item, une viese houppelande a chevaucher, doublé de II. draps (...) Item, un court mantel a chevaucher, doublé de II. draps (Invent. test. beauv. L., 1397, 46). Et estoit ledit roy d'Angleterre vestu d'une robe de drap d'or moult riche, laquelle estoit baguée, faicte à la façon que on portoit les robes à chevauchier durant le temps du bon roy Charles VIIe. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 343).

 

.

Selle à chevaucher : Item, avoir entré de nuyt, en la ville de Marueil, en l'estable d'un homme demourant en icelle ville, par un pertuis qui y estoit, et en icelle estable avoir mal prins une sele à chevaucher (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 164).

 

-

Chevaucher qq. part. "Aller qq. part à cheval" : Lors li escuiers chevaucha Devers moy, tant qu'il m'aprocha. Et quant il me vint aprochant, Il m'appella en chevauchant, En galopant d'uns pas menus, Tant qu'il fu près de moy venus. (MACH., J. R. Nav., 1349, 159). Et lors commence a chevauchier vers Poictiers (ARRAS, c.1392-1393, 27).

 

.

"Parcourir un endroit à cheval" : À Messire Jehan de Tilli, chevalier, lieutenant de Monseigneur le Captal, auquel pour son estat de lieutenant et pour chevaucher à gens darmes sur le païz pour la seurté dicellui païz (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 214). Parmi Behaingne chevauchierent Trois journées, et puis alerent à Bresselau, à Liguenisse... (MACH., P. Alex., p.1369, 39). ...nous, contesse et conte dessus dis, aucunement esmeus, euissons tenu et tenissions les dis d'Arras en nostre indignation et en euissions fait prendre et emprissonner aucuns et fait cevauchier à gens d'armes entour et par devant la dite ville d'Arras (Hist. dr. munic. E., t.1, 1379,,, 405). ...il chevaucha (...) par la haulte forest (ARRAS, c.1392-1393, 23). Quand il entra en la bonne ville, et qu'il chevauchoit parmy les rues... (C.N.N., c.1456-1467, 513).

 

.

Chevauchier par monts et par plaines : Aprés environ .III. semaines Chevauchai par mons et par plaines Pour visiter un mien signeur, Mille fois de l'autre gregneur. (MACH., Voir, 1364, 664).

 

b)

"Se déplacer parmi une troupe à cheval ; escorter un seigneur pour des services, des expéditions" : ...ouquel pays de Lymosin il a demouré en saudoierie, tant soubz ledit Jaquet comme soubz le gouvernement d'un Englois nonmé Blanchebarbe, capitaine de Corbefin, par l'espace de VJ ans continuelment. En la compaignie duquel Jaquet il chevaucha comme gros varlet par un an ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57). ...en la compaignie duquel son maistre, dont il n'est record du nom, et aussi dudit Testenoire et soubz lui, il a par plusieurs fois chevauché, porté le bacinet, lui armé de jaque et de cote de fer, couru, pillié et rançonné les gens et pays d'environ le fort de Moustiers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 23).

 

-

Chevaucher devant / ensemble / au milieu de / après qqn : ...l'andemain bien matin, veille Nostre-Dame en septembre, il qui parle et lesdiz Breton et Copin se partirent de laditte ville de Senliz, et chevaucherent ensamble jusques à la Chappelle à Somal (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). Et tant vont, ensemble chevauchant, qu'ilz vindrent en la Brute Bretaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Et faisoit moult bel veoir Remondin chevauchier devant, le baston ou poing, mettre ses gens en ordonnance. (ARRAS, c.1392-1393, 71). Lequel jouvencel par sa debonnaireté vint en grace au roy, et tellement qu'il le voult avoir, et, car il estoit encore bien josne, le ordonna a estre son paige, seullement aprés lui chevauchier (LA SALE, J.S., 1456, 2). ...et que assembler se devoient à Quinxton, .X. lieues près Londres et que icellui Madelain chevaucheroit ou millieu d'eux, ou lieu du roy Richard (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 v°).

 

2.

Empl. pronom.

 

-

S'en chevaucher. "Partir à cheval" : Or s'en cevauce en bon arroi Florée qui en mainne o soy Ciunc escuiers (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 43). Lors se departi Phelippes dou siège, et s'en chevauca vers Bruges. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 287). ...ilz s'en veult chevalcheir a grant quantiteit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 145).

 

-

Se chevaucher sur son chemin. "S'en aller, se mettre en route à cheval" : ...si tost que j'ay desjunee, je me chivalcherai sur mon chemyn, et par aventure je ne revenrai en piece, à cause que j'ay biaucop à faire en les parties de province. (Man. lang. G., 1396, 50).

 

3.

Empl. trans.

 

a)

[Avec un compl. d'obj. interne] Chevaucher un cheval : Moult ama ce cheval de pris Et en son cuer le goulousa, Dont maintes fois s'en doulousa, Nom pas que point en soy touchast Que ja nul jour le chevauchast. (MACH., D. Aler., a.1349, 318). Mais la belle, par saint Liefroi, Vault chevauchier mon palefroi, Dont si fort l'aim et amerai Que jamais ne le venderai. (MACH., Voir, 1364, 332). Homme ne voy chevauchier c'un cheval. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 21). ... il se loga oudit hostel un bon homme qui chevauchoit une jument (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 188). ...casquns enporte entre la selle et le penniel dou cheval que il cevauce, une plate piere (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Evous messire Gautier de Manni venu et les bourgois dalés li, qui le sievoient, et descendi de une basse hagenee que il cevauçoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 846). ...il cevauçoit un coursier (FROISS., Chron. D., p.1400, 860). Du surplus, selon son aige de XIIJ ans, estoit tres habille et hardy valeton, fust pour chevauchier un bien rigoureux coursier, fust a chanter ou a dansser (LA SALE, J.S., 1456, 2).

 

-

Chevaucher un cheval qq. part. "Conduire un cheval qq. part" : Se un cheval s'est estors la gambe ou le pied, il convient le chevauchier vers l'ostel du prestre et le appeller par dehors, et sans parler a lui tantost s'en retourner, et pour certain, le cheval yra tout droit comme devant sans sentir aucune doleur. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 114).

 

b)

[Avec un compl. d'obj. désignant une voie de communication, un espace]

 

-

Chevaucher une voie / un chemin : Et, ces parolles ainsy dites, il qui parle chevaucha son chemin vers Compiegne (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 548). Ne regardés se ilz pourront Porter les grans maulx qu'ilz auront En chevauchier tant longue voye (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 26). En passant et en cevauchant celle forte voie et le cemin ou dou plus il ne pueent aler que euls quatre de front... (FROISS., Chron. D., p.1400, 829). ...li chevalier François (...) cevauchierent tout le cemin sans nul empecement (FROISS., Chron. D., p.1400, 631). ...le conte d'Artois, veullant obeÿr a toutte raison, se retray et party secretement, chevauchant le chemin qu'il estoit venu droit vers sa tente (Comte Artois S., c.1453-1467, 14).

 

-

Chevaucher tel espace. "Parcourir tel espace à cheval" : ...ou nom et pour Gieffroy Teste-Noire, [il] est alez ès bonnes villes enquerir des nouvelles et entreprinses que on faisoit contre ledit Gieffroy Teste-Noire, (...) et aloit descouvrir et chevaucher le pays (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 179). ...et bien scevent que les Englés ne les iroient jamais la querre, car point ne congnissoient les entrees et les issues, et sont fortes a cevauchier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 218). Entrués que li rois d' Engleterre aloit, venoit et cevauçoit le pais de Bretagne, ses gens qui se tenoient devant la chité de Vennes (FROISS., Chron. D., p.1400, 583). LE GAUDISSEUR. J'ay chevauché la grant mer rouge, Et allay au trou sainct Patris (Gaud. sot, c.1450, 9). ...et se mist à chevaucher la Beausse (Jehan de Paris W., 1494-1495, 27). Au descendre de la montaigne, on vit le plain païs de Lombardie, qui est des beaulx et bons du monde et des plus habitéz. Et combien qu'il se die plain, si est-il mal aisé à chevaucher, car il est tout fossoié, comme est Flandres, ou encores plus (COMM., III, 1495-1498, 167).

 

4.

Part. prés. en empl. adj. ou subst.

 

a)

Empl. adj. "Capable d'aller à cheval" : Sy vinrent tous ses XII enffans, et qui avoit des filz chevalchant sy les amenoit avec luy (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 2).

 

b)

Empl. subst. "Celui qui va à cheval"

 

Rem. FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 116 ; R., IX, 251.

 

5.

Inf. subst. "Fait d'aller à cheval" : ...il est bleciés et ne poroit soufrir le cevauchier (FROISS., Chron. D., p.1400, 784). ...pour ce que trop lui grevoit le chevauchier (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 94). Se parti de Saint-Denis et vint en litiere jusques à La Chappelle, car grief lui estoit le chevauchier. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 97). ...et tenez cy en ceste boursecte cent et soixante escus que je vous donne pour acheter un gent, frisque et fringant cheval de compaignon qui soit bien vif et saillant (...) et un autre de bonne taille pour vostre chevauchier a tous les jours (LA SALE, J.S., 1456, 69). ...les mires estoient alentour pour le guerir de ses playes et pour le faire mieulx endurer le chevaucher (Doolin de Mayence V, P., 1501, 31-10b).

B. -

P. ext. [Déplacement sur une monture autre que le cheval]

 

1.

Empl. intrans.

 

-

Chevaucher sur / dessus : LE FIL COME FOL. Je perdi le dormir ennuit De songier qu'en estat d'avugle Chevauchoie dessus un bugle Qui sans elle voloit au vent (Mir. parr., 1356, 15). ...et puis en après le roy de Cyppre chevauchoit sur ung petit mulet sans selle, loyé et enchainé de chaines de fer. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 267).

 

2.

Empl. trans.

 

-

[Avec un compl. d'obj. interne] : En ceste partie dit l'ystoire que tant chevaucha le druceman son dromadaire qu'il vint en l'ost devant Damas (ARRAS, c.1392-1393, 223). ...et les nobles et gens de bien chevauchoient les mulles couvertz jusques aux genoulx dudit drap (COMM., III, 1495-1498, 295).

 

-

Chevaucher l'asne. "Organiser une cavalcade grotesque au cours de la laquelle un mari, battu par sa femme, est ridiculisé" : ...Jehan Dandin, espicier, (...) mis es prisons du Roy nostre sire audit Rouen par nostre commandement pour ce qu'il estoit trouvé chargié d'avoir voulu faire chevauchier l'asne (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1439, 341).

 

Rem. FEW XXV, 443a et 443b ; DI STEF., 24b.

C. -

P. méton. [Déplacement à cheval avec une intention belliqueuse]

 

1.

Empl. intrans. "Faire une chevauchée, engager à cheval une expédition militaire (de reconnaissance, d'attaque...)" : ...au temps que le duc de Lenclastre chevaucha ou pays, et environ le temps que le duc de Bretaigne conquesta le pays de Bretaigne. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 150). ...le roy Gadiffer l'avoit de nouvel commis chief et souverain de toute l'armee d'Escoce pour chevauchier a ost a l'encontre des Rommains (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 55). ...une garnyson de nostre party (...) venoit icy pour chevauchier ou pour faire quelque entreprinse (BUEIL, I, 1461-1466, 72). Or retournons à parler de l'excercite des armes qui ne se peult faire sans chevaucher. (BUEIL, II, 1461-1466, 33).

 

-

Inf. subst. "Expédition militaire à cheval" : Tant chemina sur ses petiz pas qu' il arriva au logeiz et là conclud la maniere de son chevaucher et fit son butin et dist que chascun seroit à butin à son plaisir (BUEIL, II, 1461-1466, 86).

 

2.

Empl. trans. Chevaucher qqn. "Poursuivre qqn à cheval pour l'attaquer" : Et y tindrent les champs ou dit pays longuement, et furent guerroyez, chevauchés, escarmouchez par les aucuns des gens dudit duc de Bourguongne (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 243). ...et y fut ung preteur de Romme, quy avoit son ost a par lui a cousté du consulle, qui nommé estoit Porcius Lisimacus ; et estoit venus, n'avoit gaires, de chevaulcier Hasdrubal ; auquel avoit mainteffoiz donné moult a souffrir par assaillies de jour et de nuit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43). ...à quoy fut dit par aucuns d'eulx, qu'il seroit bon de poursieuvre lesdis Anglois. Autres y avoient qui disoient que mieulx valoit retourner (...) et autres respondirrent : qu'il estoit bon de les chevaulchier sur leur trac, et que, sans faulte, les rencontreroient (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 275-276). Et pendant le temps qu'il faisoit chevaulchier lesdis Anglois, pour savoir où les porroit trouver, ne quel chemin ilz tireroient... (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 279). ...de la peur qu'avoit des gens du roy, lesquels le sievroient (...) et le chevaucheroient à tout effort (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 182). Et alors ledit Guerin le Groing, qui estoit allé chevaulchier lesditz ennemys, fut rembarré avec lesditz quinze hommes d'armes et trente archiers qu'il avoit menez par deffaulte de puissance et non pas de cueur qui fust failli en luy, mais pour ce qu'il estoit chargé de quatre enseignes, acompaigné de cent ou six vingtz hommes d'armes (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 302).

 

-

Chevaucher une compagnie : Mais touteffoiz on doit penser, quant on chevauche une grande compaignie, qu il en demeure tousjours derrière (BUEIL, I, 1461-1466, 214).

 

-

Chevaucher sur qqn : ...li rois d'Escoce, qui se nonma Robers de Brus, desfia ce roi Edouwart et cevauça tantos esforciement sur lui et reconquist toute Escoce (FROISS., Chron. D., p.1400, 43). Mons. le grant maistre, je vous prye que vous faciez chevaulcher les gens d'armes entre les Bourguignons et leur païs, car, veu qu'ilz sont si avant dedans nostredit païs, il me semble que mais que noz gens chevauchent souvent sur eulx pour rompre leurs vivres (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 306).

 

3.

CHASSE Chevaucher les chiens. "Suivre les chiens à cheval, les accompagner à cheval" : Quant tu aras trouvé le sainglier et tu aras lessié courre tes chiens, chevauche les toursjours de pres. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 80). Si tres fort les chiens chevaucherent Que... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 234). Et, aussi comme j'ay dit dou levrier, on les puet bien aidier a fere bons [les chiens courants], en bien les enseigner et duire, en les bien chevauchier et acompaigner (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 130). Et doit le veneur chevauchier ses chienz de pres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 231).

 

-

Chevaucher sur les chiens : Et, quant il ou l'un des compaignons aront leissié courre le cerf, il ne doit pas trop haster ses chienz au commencement ne eschaufer ne chevauchier trop sus eulx, quar ilz sont assez chauz et ardanz au partir des couples. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 197).

 

-

Chevaucher un oiseau. "Suivre à cheval l'oiseau qu'on vient de lâcher et qui chasse" : ...et ne joignent point les ditz murs des jardrins a la dicte eau, affin que les faulconniers du Souldan qui vont la voller pour ripviere, puissent tousjours veoir et chevaucher leurs oyseaulx. (Pèler. D., 1486, 422).

D. -

P.anal. empl. trans.

 

1.

Empl. trans. Chevaucher (une femme) (sans selle). "Posséder sexuellement (une femme)" : ...Pour chevauchier Jehanne no chamberiere (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 132). ...et ainsi qu'ilz beuvoient et mengeoient, ledit Caut dit publiquement audit Pierre Herbreteau en adreçant ses paroles à lui, que c'estoit il qui autresfoiz avoit volu chevaucher leur hostesse, femme dudit Micheau, laquelle estoit là presente avec son dit mary. (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 222). ...et au besoing sans selle La chevauche jour et nuyt sans chandelle [la gouge] (PH. BOUTON, Les Gouges, éd. A. Piaget, c.1454. In : Romania 47, 1921, 172). Carmes chevauchent noz voisines (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 26). - Et quelle chose (...) vous a l'on dit que l'on face en mariage ? - On m'a dit, dit elle, qu'on y chevauche l'un l'autre ; si vous prie que vous me chevauchez. (C.N.N., c.1456-1467, 300). "M'amye, vous m'avez promis que je vous chevaucheroie quand vous seriez mariée. (C.N.N., c.1456-1467, 301). ...pour chevaucher la chambrière de céans (Doc. 1470. In : Douët d'Arcq, Bibl. Éc. Chartes 9, 1847-1848, 259). En ta maison, quant parti tu seras [Ménélas, le mari], Ta Lucresse pour toy chevaucheré. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 119).

 

-

Chevaucher l'un l'autre : - Et quelle chose (...) vous a l'on dit que l'on face en mariage ? - On m'a dit, dit elle, qu'on y chevauche l'un l'autre ; si vous prie que vous me chevauchez. (C.N.N., c.1456-1467, 300).

 

-

Empl. abs. : Le ventre plain, sanz selle, avez monté Et chevauchié, querans vostre deduit, Dancé, balé, c'est ce qui vous destruit [ou est-ce le sens propre ?] (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 132). "M'amye, vous m'avez promis que je vous chevaucheroie quand vous seriez mariée. (...) - Chevaucher ? dit elle, j'aymeroie par Dieu mieulx que vous fussez noyé, voire pendu ; ne me parlez point de chevaucher..." (C.N.N., c.1456-1467, 301). Je croy, dist Agnechon la Pelee, que la gravele viengne plus tost de boire trouble vin ou autre beuvrage trouble et especialement de chevauchier sans selle. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 99). ...Princesse de basse contree Et preste a chevaucher sans selle. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 73). ...Chevauchant a quattre chevaulx Sans estrivieres ne houseaulx (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 90). Beau lit paré, la chambre belle, Les draps bacinez a souhait, Hypocras, chevaucher sans selle, River et habiter de hait ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 320).

 

-

[D'une femme]

 

.

Se faire chevaucher : Le feu saint Anthoyne vous arde Le bec que si affillé l'avés. Alés vous fere chivauchier, Faulce putaim malereuse. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 124).

 

.

Chevaucher sur son dos : Messeigneurs, regardez comment ma femme ayme mon prouffit ; de paour qu'elle ne use ses beaulx neufs souliers, elle chevauche sur son doz ! [Un homme surprend sa femme, qui devait partir en pélerinage, au lit avec son amant] (C.N.N., c.1456-1467, 529).

 

2.

[Dans des scènes de sorcellerie] Chevaucher un balai / les balais : Vieilles chevauchent les balais Par cours, par sales, par palais ; Comme vent s'en vont par le monde (LE FÈVRE, Leesce V.H., c.1380-1387, 96). J'oz bien les Vaudois qui me huchent Pour chevauchier ung vieulx balay. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 165).

 

3.

[D'une chose] Qqc. chevauche qqc.

 

a)

"Reposer sur qqc." : ...Car tant mort aultre mort chevauce Que la montaigne s'en rehaulce (Pastor. B., c.1422-1425, 220).

 

b)

"Se superposer partiellement à qqc., recouvrir qqc. en partie" : ...melle le bois d'une part et d'autre par ou il [le cerf] passe, et que l'une branche chevauche l'autre, et soient mellees autrement qu'i ne doivent de leur droit cours naturel. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 22). Mais Anaximenes et Anaxagoras et Democritus dient que la terre se repose pour cause de sa figure qui est lee, et pour ce, elle ne peut diviser l'aer mais chevauche l'aer qui est souz elle (ORESME, C.M., c.1377, 542).

 

-

Qqc. chevauche sur qqc. (concr. ou abstr.) : Les deus pans doivent chevauchier l'un sus l'autre (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 284). Le vis a de couleur de terre, La bouche bee et les dens serre L'une sur l'autre chevauchees (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 103). ...et par ce ne puet ledit receveur estre paié de ce que on lui doit, ne aussi paier ce qu'il doit. Et font ainsi chevaucher années sur autres, et tellement tous consumés vostre chevance demi an ainçois que le terme soit venu, et mangez vos vignes et verjus. (Doc. 1413. In : H. Moranvillé, Bibl. Éc. Chartes 51, 1890, 429). Et ne devez point laisser une chose chevaucher sur l'aultre, mais conclurre se elle luy sera mise en deliberacion (JUV. URS., Nescio, 1445, 447).

 

.

Au fig. "Dominer" : Volentés en nulle saison Ne doibt chevaucier sus raison ; Mais raison, pour homme ensaulcier, Doibt sus volenté chevaucier (Pastor. B., c.1422-1425, 75).

E. -

P. métaph.

 

1.

Empl. intrans.

 

a)

[D'une pers., p. plaisant.] "S'activer, aller" : BOURREAU. Chevaulche sans plus demourer. (Le valet mont amont et fait semblant d'actacher l'eschelle.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 318).

 

b)

[D'une chose] "Venir, se présenter" : Et usoit ledict roy Loys d'ung mot, à mon gré bien saige, où il disoit que, quant orgueil chevauche devant, que honte et dommaige suyt de bien près. (COMM., I, 1489-1491, 121).

 

2.

Empl. trans. Estre chevauché de qqc. "Être la proie de qqc." : Dist l'une des fillerresses, nommee Pyate au Long Nez, que qui s'en va couchier sans remuer le siege sur quoy on s'est deschaussié, il est en dangier d'estre ceste nuit chevauchié de la quauquemare. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 91).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

Fermer la fenêtre