C.N.R.S.
 
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     AMENDER     
FEW III emendare
AMENDER, verbe
[T-L : amender ; GD : amender ; GDC : amender ; AND : amender ; DÉCT : amender ; FEW III, 217b-218b : emendare ; TLF : II, 735b : amender]

I. -

[Idée d'amélioration, de progrès]

A. -

Amender qqc.

 

1.

"Améliorer qqc."

 

a)

"Apporter des améliorations, des embellissements à qqc., enrichir qqc." : Les parroissiens et habitans d'Espinay ont acoustumé prendre et avoir en ladicte forest (...) le bois sec en estant et en gesant en plaine forest, sans amende ; la pierre, la marle, le sablon et la terre en forest coustumiere pour eulx hebergier et leur terres amender, sans amende (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 156). La fonda la cité qui Troye Fu puis dicte, com nous ottroye L'istoire, mais puis amandee Fu d'autres, tout l'eust il fondee. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 26). Aussi comme en aucun cas le vassal puet empirer le fief de son seigneur comme dessus est dit, il advient bien souvent que le vassal amande le fief de son seigneur. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 225).

 

-

Part. passé [D'une chose] "Qui a reçu des améliorations" : He, salut, rex Judeorum ! N'est pas la terre de Judee Bien eureuse et bien admendee D'avoir ung tel gubernateur ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 307). Quant ceste chose fut passee, Passelion ala voir la ville, qui mout estoit repoeuplee et amendee. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 885).

 

-

[Un écrit] "Améliorer, perfectionner" : Et sur ce je vous envoie un virelay, le quel j'ai fait ; et se yl y a aucune chose a amender, si le veuilliez faire, car vous le sarés miex faire que je ne fais (MACH., Voir, 1364, III). Et sur l'autre chanson baladée, je en ai fait une autre. Et s'il vous semble que elles se puissent chanter ensemble, si les y faites. Je n'en ai encores fait que une couple, car les vostres sont si bonnes que elles m'esbahissent toute, si vous pri que vous y veuilliez amender ce qui y sera a amender (MACH., Voir, 1364, V). ...se il avoit en cest accord aucunes paroles obscures, doubles ou autres par quoy il y faulsist déclaracion, les dites parties veulent et se assentent que elles soient interprétées, déclarées et amendées à l'entencion de maistre Jehan Canard (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 313). Avicenne (...) fut prince d'Aboaly ; et son envieux Averroys, commentateur d'Aristote, estoit dez ducz de Grece. Julius Cesar, eureux de victoires et glorieux en empyre, n'estoit il orateur et philosophe excellent ? Et trouvons ses oreisons escriptes, et des oeuvres d'astrologie par luy amendez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 73). Victorien, souverain clerc, fut en ce temps, à cause de sa science de astrologie, mandé par le pappe Hillaire pour amender le Paschal de l'abbé Denis, qui moult est neccesaire à l'Eglise, qui jà avoit beaucop couru, lequel Victorien l'amenda et ordonna pour cent ans ensuivans très precizement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 r°).

 

b)

"Rendre plus important (ce qu'il y a de favorable)" : L'OSTE. Payés a vostre voulenté. Mais je n'entens point vos affaires : Vous estiez icy trois nagueres ; Ou est le troisiesme sally ? CLËOPHAS. Ne vous chault ; nous ferons pour luy. Vela troys deniers de Scezar Et, se le taux est trop eschar, Nous sommes prestz de l'amender. L'OSTE. Plus n'en voudroye demender : Vous me payés tres largement. Mais il me poise grandement Que mesui vous partés d'icy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 413).

 

c)

"Améliorer en modifiant (ce qu'il y a de mauvais ou d'insuffisant)"

 

-

[Un aspect de la vie intérieure, le comportement, la vie de la pers.] "Réformer, perfectionner" : Pour Dieu, entendés chi, s'amendés vostre vie, Et s'entendés comment, et par quelle maistrie, On akiert Paradis, chelle joie essauchie. (Bât. Bouillon C., c.1350, 19). Si dois tantost envoier Obeissance pour lui ouvrir, c'est a dire que tu te dois corrigier, tu dois amender ta vie selond les commendemens de Dieu. (GERS., Pent., p.1389, 77). Car sans amender nostre vie, j'ay paour que Dieux ne nous aydera, et sy doubte que les Sarrazins durement ne griefvent crestianté, se autrement nous ne retournons a la mercy, pitié et misericorde de Dieu ; car tout appertement il est adviz qu'il soit courroucé contre son pueple, par especial quant il nous a osté la tres clere lumiere de sainte Eglise et laissié prendre tel avancement aux ennemis de nostre foy. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 2). ...emunder et amender sa conscience (CIB., Ame raisonnable, c.1452-1458, fº 236 vº). ...l'omme qui vit en pechiez et en vices vit sans conseil ne de luy ne de aultruy, car s'il se sçavoit conseiller, il laisseroit ses vices ou, s'il vouloit croire conseil, il amenderoit sa vye. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 150). Roy, ta vye est desplaisante a Dieu, mais tu la peus amender se tu veulx. Et, pour ce, je te conseille que tu rachattes tes pechiez par penitence et tes iniquités par largesse de aulmosnes que tu donras aux povres indigens. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 202).

 

-

[Une situation] "Modifier, corriger" : ...pour ce que folie esprouvée Est en tout homme qui se duet De chose qu'amender ne puet (MACH., J. R. Nav., 1349, 141). Car nuls ne se doit tourmenter De ce qu'il ne puet amender (MACH., F. am., c.1361, 240). Amender ce courrous (MACH., Voir, 1364, XL). Et s'on congnoit que j'ay face esplourée, Ce poise moy, ne le puis amander, Car grant doleur ne puet estre celée (MACH., L. dames, 1377, 231). L'ystoire dit que le roy fu moult doulens quant il vit sa fille mener telle douleur. Si lui a dit moult amiablement : Ma fille, laissiez ester ce dueil, car, en chose qu'on ne puet amender, c'est folie de s'en donner trop grant courroux, combien que c'est raison naturelle que la creature soit doulente de son amy ou de son proesme, quant on le pert. (ARRAS, c.1392-1393, 120). De ces nouvelles fu li contes tous courouchiés, mais amander ne le pot et porta ses anois assés bellement (FROISS., Chron. D., p.1400, 609). O mon chier filz, trop se humilie Ta haultesse pour ceste foiz ; Trop simplement logié te vois, Roy divin, pure magesté, Quant il fault que, par povreté, En la cresche des beufz te couche. Ton indigence au cueur me touche Et si ne la puis admender. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 73). Et est bien vray, pour ce que la noble pucelle ne peut sçavoir qui le chevalier estoit, necessité lui fut d'attendre jusques a l'endemain, ce qu'elle fist a tres grant paine, au moins se elle l'eust peu amender ! ["Ah, si seulement elle avait pu faire passer plus vite le temps" (Éd.)] (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 320). Or (...) je suis d'oppinion que nous les aillions ainsi assaillir que j'ay dit. Touteffoys, Monseigneur, se je faulx en aucune manière, admendez-le, s'il vous plaist, et messeigneurs qui sont en vostre compaignie, qui sont plus saiges et meilleurs que moy. (BUEIL, II, 1461-1466, 201). Comme doncques une ame expiree n'est en faculté de pooir merir et conjointe aveucques le corpz, toudis peut multiplier et croistre en mieulx, semblablement tu, vivant encore, peux attendre toudis commutacion de ta fortune en nouvelle prosperité, la ou les mors qui estains sont en dolereuse umbre, sont hors du possible d'amender leur adventure. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 129). A tout regarder, La chose ne quiers retarder. Puis qu'ainsi la convient traicter, Dieu veuille mon duel amender Et moy de reproche exempter ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 51).

 

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"Améliorer (la vie, l'ordinaire...)" : Item, je laisse aux religieux d'Essomes pres de Chastel Thierry Vc escus d'or (...). Item, oultre je les charge de XII messes chanter à note solennelment au grant autel (...). Et pour ceste charge je leur laisse encores IIc escus, et veul que de cestui argent de VIIc escus ilz achetent rente pour eulx, ou amendent leur temporel. (Test. Parlem. Paris T., 1402, 309).

 

-

DR. Amender un jugement. "Modifier, rendre meilleur" : En amandant le jugement, la court dit que les dites menues pensee faicte a parles seroient premierement ostés du dit cordon et baillies au dit demandeur pour en faire ce que bon luy semblera. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 37).

 

2.

"Réparer qqc."

 

a)

[Une chose concr.] "Remettre en bon état (ce qui a été endommagé, abîmé), corriger (ce qui a été mal fait)" : Encores n'avés vous pas tout vostre harnas, (...) il le vous fault amender (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 79). Messeigneurs, c'est grant simplece a vous de ainsi faire traveillier voz gens d'armes pour neant. Comment ! dist Anthoine. Quant vous faictes faire un habit nouveau, ne le faictes vous pas essayer savoir se il y a qu'amender ? Et ceulx respondent : Par foy, monseigneur, c'est raison. Dont, dist Anthoine, ay je droit d'avoir essayé mes compaignons, pour savoir comment je les auray prests a mon besoing, veu que nous approuchons de noz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 157). ...ceulx de la cité de Royalville y avoient envoyé demourer plenté de gens de tous mestier pour amender la ville et le chastel pour ce qu'ilz amoient Lyonnel de bonne amour et non sans cause, veu qu'il les avoit de Juvenis Pater vengiez et de ses hommes qui avoient arse la ville (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 289). ...pour avoir amandé et remis à point les tableaux des armes de MSS de Molembais (Comptes Lille L., t.1, 1451-1452, 412). Et, le lendemain, XXVe jour dudit moys de juing, fut ordonné en ladicte ville de Paris que toutes les chaynes des rues de ladicte ville seroient abatues et laissées gesir sur terre es lieux où elles sont ordonnées, pour estre toutes prestes, et regardé là où il y avoit faulte, pour les amender et y pourveoir à les trouver toutes prestes, quant besoing en seroit (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 49). Et, quant voz bombardes commenceront [a battre], faictes que les veugloires et la menue artillerie tirent quant et quant aprez le coup de la bombarde, affin que ceux de dedans n'ayent puissance de riens boulvarder ne de amender le dommaige que la bombarde leur aura fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 41).

 

b)

"Réparer (une faute, un outrage) par un dédommagement ou un comportement approprié" : Se tort avez, si l'amendez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 195). Mesfait ai, si l'amenderai (MACH., Voir, 1364, 6038). Li sires de Lesparre est cy Qui a le cuer teint et nercy Pour ce que trop vous a meffait. Si amendera son meffait A vostre gré et à mon dit (MACH., P. Alex., p.1369, 238). Si tost comme injure appert ou est faite, raison dit que elle est a rappeller ou a adrescier et amender. (ORESME, E.A.C., c.1370, 383). ...tout a coup par la s'en sailent, Sanz avoir loisir d'amander Leurs maulx et pardon demander. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 105). Dolens et honteux s'en retournent. Quant ilz pourront, l'amenderont, De leurs amis y manderont. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 183). A trestous pardon je demande, Amender vueil tous mes meffaitz, En mesprison n'affiert qu'amende. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 4). Sy remés en vostre voulenté mon corps et tous mes biens, repentant et tresdoulant de ce que je puis avoir commis a l'encontre de vostre magesté. Parquoy veez moy icy tout prest pour l'amender de mon corps et veez cy mon espee dont me pouez occire ou laissier vivre, s'il vous plaist, combien que avant tout oeuvre je vous requiers mercy de mon meffait comme tres doulant que j'en suis. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 268). ...et, s'il [le duc d'Ath] tenoit aucun tort au roy Amydas (...) il estoit prest de l'amender, son corps et son heritaige sauf. (BUEIL, II, 1461-1466, 250). JHESUCRIST. (...) Tu voys comme je meurs ici ; Bien doit avoir le cueur nerci, Se tu pense en la doleur Que je souffre pour toy, pecheur, Pour toy hoster hors de prison Et amander la mesprison Que Eve [et] Adam firent premier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 146). Sire, en honneur des graces et victoires que Dieu vous faict, plaise vous la me faire, et je vous serviray bien et si loyaulment que vous congnoistrez que suis vray repentant et que, de force de bien faire veul amender mes deffaultes. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 369).

 

-

Faire amender qqc. : Las ! or ay ge si bien servy, Et encores comme serf vy, Qui me vouldroit riens commander, Sans qu'on m'ait nul bien deservy ; Ains pour ce que suis asservy Me fait on les maulx amender. (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 143). Je puisse estre ars en une forge, Se je ne te coupe la gorge Et puis le te fais amender ! (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 147). Nous lysons es croniques d'un evesque de Clermont auquel le duc de Guyenne faisoit tort, non mie en sa personne mais en aucun demaine de l'esglise, lequel le denonça au roy, qui vint hastivement en personne en Auvergne et fist par force amender et reparer le tort qui avoit esté fait audit evesque. (JUV. URS., Nescio, 1445, 486).

 

-

Amender qqc. à qqn. "Faire réparation à qqn d'un tort qu'on lui a fait" : ...vous et voz gens passez Estes par ma terre qui est Près de vous, dont il me deplaist. C'est ce pour quoy vous ay mandez, Car je vueil que le m'amandez Congnoissanment. (Mir. prev., 1352, 238). Et dist : "Dame, se mespresure Vous a fait, il le vous amende Car en meffait ne gist qu'amende : Prenés la, je le vous conseil !" (MACH., Voir, 1364, 4277). Si vous venez pour l'amender, Nous ne volons plus demander ; Et se vos roys le nous amende, Nous seron courtois de l'amende. (MACH., P. Alex., p.1369, 117). ...ladite Marguerite (...) lui disoit que lesdiz Hennequin et sa femme lui avoient fait et dit plusieurs injures et villenies, et que elle ne mengeroit ne recevroit jamais Nostre Seigneur jusques à tant que ilz lui ["le lui"] eussent admendé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 259). ...mais lui qui parle lui retint le cop, et tint à une main ledit glayve, et l'autre mist sur ladite espée et taloche, en disant que se ledit deffunt leur avoit riens meffait, il leur ["le leur"] amanderoit à leur voulenté. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 414). Sire roy, je suiz cy envoiez devers vous de par Anthoine et Regnault de Lusegnen, son frere, pour vous monstrer la faulte et l'oultrage que vous faictes et avez fait a ma damoiselle de Lucembourc ; dont ilz vous mandent se vous lui voulez restablir ses dommages et lui admender raisonnablement l'injure et la vilennie que vous avez faicte a elle, a ses gens et a son pays, vous ferez ce que vous devez. (ARRAS, c.1392-1393, 158). Par mon chief, dist Anthoine, sire roy, qui vous puniroit selon raison, vous n'avez pas de quoy amender a ceste damoiselle l'injure que vous lui avez faicte ; mais pour tant que vous recongnoissiez verité, vous en aurez plus legiere penitence. (ARRAS, c.1392-1393, 167). ...si estoyent tenus les ditz Edouart et prince a amender au roy tous les dommages que leurs gens avoyent faiz ou royaulme (JUV. URS., T. crest., c.1446, 131). ...ceulx qui tiennent lesdites terres à terrages estans audit pays de bouchage en doivent à tout le moins amander audit seigneur ses intérestz pour non les avoir labouré ainsi et par les années qu'elles doivent estre labourées. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 159).

B. -

Amender qqn

 

1.

"Apporter une amélioration à qqn sur le plan moral ou matériel"

 

a)

"Rendre meilleur, améliorer" : ...Amours, pour moy plus amender, Me fait servir et honnourer Loyaument, sans penser folour De toutes les dames la flour. (MACH., D. verg., a.1340, 17). ...un autre amant qui fust solables Envers li et si honnourables Que mieus amender n'i saroit (MACH., D. Aler., a.1349, 381). Mais chose que je vous envoie ne vous puet amender ne embelir, quar vous estez des dames la flour, le fruit d'onneur, l'estoc de bonté et de toute biauté (MACH., Voir, 1364, VI). ...[si vous séduisiez la femme d'un de vos meilleurs barons] Certes, vous seriéz del cas petit prisiés et amendés (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 134). Mais, toutesfoiz, il est à croire que le sçavoir amende plustost ung homme qu'il ne l'empire (COMM., II, 1489-1491, 211).

 

-

P. méton. : Les plaisans ennuis qu'amours rendent Les cuers afferment et amendent. Cil qui y ferme Son cuer, il le trempe et afferme (CHART., L. Dames, 1416, 287).

 

b)

"Aider, favoriser, soutenir" : Et nompourquant tost m'arez amendé Par vo puissance, Car riches sui de bonne volenté Et bien garnis d'amour, de loyauté, Et desirans de faire vostre gré Sans decevance. (MACH., F. am., c.1361, 158). ...et pria moult Gieffroy a son pere comment il voulzist retourner a son heritaige. Beaulx filz, dist Remond, ce ne puis je faire, car je vueil ycy user ma vie, et prieray Dieu pour ta mere et pour moy, et aussi que Dieu te veulle admender. (ARRAS, c.1392-1393, 278). SAINT POL, aux philosophes. Seigneurs, Jhesu Crist vous amant, Qui fist et terre et firmament, Qui pour nostre redempcïon Print humaine incarnacïon, Nasquy, mouru, resuscita, Et Diex et homme es cielx monta. (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 103). Raison est que l'on sace le sien bon testament ; Le preudhomme a donnee s'ame au hault firmament, A Dieu le createur, qui nous trestous ament. (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 52).

 

-

Loc.

 

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La Dieu merci qui t'amende : Bien, mon enfant, la Dieu mercy Qui t'ament et te doint santé ! (Gris., 1395, 96).

 

.

Que Dieu vous amende : DIEU. (...) Venez tous, que Diex vous ament ! Ce est du novel testament (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 133).

 

.

Si Dieu m'amende : Mais ce fu si trés doucement Qu'il me sambla, se Dieus m'ament, Qu'elle m'amast de fine amour. (MACH., R. Fort., c.1341, 125). L'EVESQUE GUILLAUME. Sire conte, voir, vous pechiez Trop grandement. GILLE DE TUSCULAN. Ains a bon droit, se Dieu m'ament, Quant le dedites. (Mir. st Guill., c.1347, 10). Sire, je vois, se Dieu m'amant. (Mir. enf. ress., 1353, 44). ...N'il n'est d'elle plus vrai amant, Ainsi le croi, se Dieu m'amant (MACH., Voir, 1364, 7700). C'est bon conseil et bien dit, sire ; Car certes soubz le firmament N'a plus mais homs, se Diex m'ament. Rendons ly selonc sa desserte ; Car telz homs perdre n'est pas perte, Qui n'est bon ne jeune ne viex. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 153-154).

 

.

Si Mahomet t'amende : Dy me voir, se Mahon t'ament, Quelles sont elles ? (Mir. st Panth., 1364, 344).

 

2.

"Dédommager qqn, rétribuer qqn pour un service rendu" : Ha ! ma voisine, ie vous pry Qu'il y viengne une demye heure. Et se plus avant il demeure, Je suis contant de l'amender A vostre gré [ou le est-il neutre ?]. (Jehan A., c.1400-1500, 133).

C. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

1.

[D'une chose] Qqc. (s')amende

 

a)

"S'améliorer, devenir meilleur" : La pert l'omme son nom et sa fïance, Et le bon los tantost se brise et casse ; Mais qui a droit ses affaires compasse, Oultre poursuit cë a quoy il s'ordonne Et jusque au bout en loyaulté foisonne, Dont ses bienffaiz au parfournir s'amendent. (CHART., B. Nobles, c.1424, 409). Et devroit on attendre que les choses peussent amender et qu'elles vaulsissent aucune chose (JUV. URS., Nescio, 1445, 507). J'ay grant joye quant je regarde Le beau temps qu'il faict et fera. Nostre vente s'amendera, Celcidon ; le peuple s'asemble De toutes contrees et me semble Que nous ferons nostre profit. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 73).

 

-

[Du temps] : L'orage est choit, le temps amende : De ci partir nous esconvient. (Mir. emper. Romme, 1369, 289).

 

b)

[D'une douleur phys.] "S'améliorer, s'atténuer" : Mon cousin, dictes moy, s'amende Vostre douleur ? [ou lire dictes moy s'amende Vostre douleur ? "dites moi si"] (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 221).

 

c)

[D'une chose favorable] "Croître, grandir" : ...et que dou tout m'atende Aus dieus d'amours et qu'humblement leur rende Grace et loange Dou bon espoir qui en mon cuer amende (MACH., F. am., c.1361, 174).

 

2.

[D'une pers.] Qqn (s')amende

 

a)

[Sur le plan phys.]

 

-

"Aller mieux, se rétablir" : Et le pacient, qui avoit receu medecine propice a sa maladie, devint incontinent en bonne santé. Car il amenda de jour en jour pour ce qu'il estoit souvent visité de la creature qu'il amoit le mieulx en ce monde (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 116). ...le preu Lyonnel fut apporté en son nouveau chasteau, moult agravé des navrures qu'il avoit conquises a l'encontre du chevallier rommain, comme dit est, il ne demoura gaires qu'il se commença moult a amender (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 9). Demandez, disoit il, a ceste belle fille qui l'a veu chacun jour, comment il amende. [Il s'agit d'un médecin qui soigne l'oeil malade de l'ami de la jeune fille] (C.N.N., c.1456-1467, 504). "Veoir, mais il est si songeart Que a peine se peult remuer. Il est a cheval pour rimer Au refrain de quelque balade, Il ne sert que d'estrivier Ou de dire qu'il est malade." "Baillez lui" dy je, "quelque aubade, Quelque secousse, il s'amendra." (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 281). Je vous envoye la lettre que vostre medecin m'a envoyée ; cela gist à vostre discretion ; si vous semble que vostre filz en amende, vous le pourrez essayer ; si vous semble aussi qu'il en empirast, vous le povez en envoyer. (Lettres Louis XI, V., t.7, 1479, 256).

 

.

Amender de + subst. désignant le mal : Requis se, depuis que il les trouva, il est empiré ou amendé de sa maladie, dit qu'il s'est tousjours trouvé en un estat. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 340). Fu mis en sa litiere et porté à Beauté-sus-Marne, que il moult prisa, et y amenda de sa goute (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 125).

 

.

Empl. impers. Il amende à qqn. "Qqn va mieux" : Or faictez ce qu'il vous plaira ; Mais quant bien son mal vous sarez, Et ung peu vous y penserez, Je croy qu'il luy amendera, Quelque jour, [quant temps il sera.] (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 101). En ce lieu cy m'arresteray Et mes yeulx boés laveray Ainsi comme il m'a commandé. (Ycy lave ses yeulx et puis dit :) O Dieu, qu'il m'est bien amendé ! Je voy present cler, la Dieu grace, Haut et bas et en toute place. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 171).

 

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Part. passé [D'une pers.] "Dont l'état s'est amélioré, rétabli" : Le cinqme jour aprés, le seigneur de Loissellench, qui fut aucunement plus amendé, pria Saintré et aucuns seigneurs et dames pour le landemain a la façon de Poulaynne disner avecques lui. (LA SALE, J.S., 1456, 170).

 

b)

[Sur le plan matériel ou moral ; idée de profit matériel ou moral] "Gagner, profiter" : En Jherusalem les menras Et moy aussi sanz point d'atente, Car ne pourra estre (...) Que n'y prouffites et amendes (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 266). Il croist, multiplie et amande, En usant de ce mariage En chevance et en heritage (DESCH., M.M., c.1385-1403, 331).

 

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Amender de qqc. "Tirer profit de qqc., s'enrichir de qqc." : Sera ce bon (...) Qu'a la mére au roy me transporte Et que ces nouvelles li porte ? Je tien que j'en amenderay D'aucun bon don ; et pour c'yray (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 40). ...pour ce que fille fu nee, Ce n'estoit pas chose ordenee Que en riens deusse amander Des biens mon pere (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 21). Pour lesquelles causes ilz dient que dure chose leur seroit paier ce dont ilz n'ont aucunement ou que très pou amendé, et mesmement, attendu ce qu'ilz ont tousjours esté vraiz subgetz et obeïssans du Roy nostre dit seigneur, et fait leur devoir en toutes choses. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1449, 369). ...des grants et excessives charges qu'ils [les habitants de ladite ville] ont par cy-devant supportés en plusieurs manieres, tant au moien desdites guerres et divisions durant lesquelles leurs heritaiges et les revenus d'iceulx ont esté pillez et mesme bruslez en telle maniere qu'ils n'en ont comme de point, au moins de très-petit, amander (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1484, 372). Et si chelz moy quelque chose pensoit Qui soit a luy d'estymacion grande Ou s'au pays quelque bien aperçoit, Commant qu'il soit, je veulx qu'il le demande. C'est bien raison que de mes biens amende Puisque la paix est a nostre advantaige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 254).

 

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Inf. subst. "Gain, profit" : C'est bien dit : n'y voy qu'amender. Alons, amis. (Mir. Clov., c.1381, 200).

 

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(S')amender de qqn. "Tirer profit de qqn, tirer bénéfice de qqn" : [Le roi d'Angleterre fait des dépenses inconsidérées ; le duc de Brabant en profite] il le mainne et pourmainne, et suesfre que ses gens amendent trop grandement de ce roi d'Engleterre. Il ne le soustient pour aultre cose que pour le pourfit (FROISS., Chron. D., p.1400, 337). "Sire chevalier, vecy deux miens cousins qui me requierent que je les face chevaliers, et j'en suis prest. Sy vous prie que me aidez, car tant ay ouy dire de vous de bien qu'ilz n'en pourront que de mieulx valoir. - Sire, dist Ourseau, de moy peuvent ils pou amender, mais toutesvoie leur aideray je a vestir leurs armez." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 801). ...icelluy Jacques Cuer luy avoit promis et accordé que sur le prouffit de ladicte compaignie, il qui dépose prendroit avant tout euvre la somme de mil escuz d'or ; dit aussi que ledit Jacques Cuer luy fist délivrer, en l'Argenterie, par Guillaume de Varye, le drap d'une robe ou de deux, quant il qui parle fut marié, et que oncques d'autre chose n'amanda dudit Cuer. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 38). ...ung escuier avoit esté son lieutenant, dont elle avoit en or, en argent et en bagues beaucop amendé. (C.N.N., c.1456-1467, 464). ...le roy le vouloit mener premier avecques luy à son entrée à Rouen, qui se faisoit le XIIe d'aoust LXI. Et de fait l'y mena coste à coste de luy, par un singulier honneur à luy fait après sa prison. Dont le peuple de Rouen fut tant esjouy et en telle exultation de coeur qu'à peine leur estoit plus de luy que du roy. Car onques homme tant aymé ne se trouva en ville, ne en marche comme cestui en Rouen, tant y avoit noblement vescu, et tant s'estoient amendés et mieux valus de luy et de sa gouvernance. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 230). Je ne ditz pas que les princes et les grans seigneurs ne puissent avoir des serviteurs et que, lorsqu'ilz sont en leur grace, ilz n'en puissent assez amender et qu'ilz ne facent que saiges de les servir. (BUEIL, I, 1461-1466, 42). ...lesdictes villes et particuliers desditz Suysses ont amendé du roy nostre dit maistre d'un million de florins de Rin (COMM., II, 1489-1491, 116).

 

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Amender de qqc. "Tirer profit de qqc." : Et toutesfois, neantmoins, l'ame humaine en amende [de la musique] et en est ramenee en meilleur disposicion et en meilleur estat, ja soit ce qu'elle feust devant passionnee. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 87-88).

 

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S'amender de + inf. "Gagner à faire qqc." : ...si ouverray par conseil S'il est bon ou non que je vende Ceste robe ou que m'en amende De la vestir. (Mir. st Alexis, 1382, 322).

 

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Empl. impers. Estre amendé à qqn de + inf. "Être profitable à qqn de" : Vrayment, il m'est bien amendé D'avoir rencontré tel docteur. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 413).

 

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Se faire le plus amendé. "Avoir le plus grand profit, le plus grand avantage" : ...et là où effort d'homme n'eust pu attaindre par armes, par sens souventteffois [ce chancelier] fit ploier envers luy autrui puissance, et tellement qu'en conduisant son maistre le plus glorieux régnant de la terre, se fist aussi, desoubs son èle, le plus amendé en son service. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 330).

 

c)

[Sur le plan intellectuel ou moral]

 

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"Se perfectionner" : G'iray donc par vostre doctrine Afin qu'il m'enseigne et dottrine Conment j'amende. (Mir. parr., 1356, 27). Il est verité qu'il a pleu a Dieu que fortune m'a a ce meu que par vostre haulte prouesce je sui desconfiz et suiz vostre prisonnier. Et vrayement je ne m'en prise ja moins, quelque dommage que j'en doye avoir, car il a en vous tant de bien, de honneur, de vaillance et de prouesse que de vous veoir ne puet on fors amender. Or veulliez savoir que a moy longuement tenir prisonnier ne povez gueres conquester. Si vous pry humblement qu'il vous plaise a moy mettre a finance si raisonnable que je ne soye pas destruiz de ma seignourie (ARRAS, c.1392-1393, 167). Amours refait les nices et resourt, Ne il n'est si sot, si simple ne si lourt Qui n'amende de venir a sa court [la cour d'amours] (CHART., D. Fort., 1412-1413, 178). ...les mauvais empirent de beaucoup sçavoir et les bons en amendent. (COMM., II, 1489-1491, 211).

 

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"S'épanouir, progresser" : Hellas ! la cause qui tant me fait douloir, E[s]t raisonnable, car de mon franc vouloir Pour bien vouloir Fors vous amer j'ay tout abandonné, Pensant par vous amander et valloir ; Maiz il n'en veult a vostre cueur chaloir Qui trop valoir Pourroit au mien, s'il avoit ordonné. (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 56).

 

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Amender en qqc. "Devenir meilleur en qqc." : Et s'aucun en vertuz amende, Greignours graces a Dieu en rende, Dont tel pouair li est venu, Quar il est a li plus tenu (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 160). Maiz ja maiz un seul mouvement Ne un seul semblant de tristece Il [le marquis] n'y trouvast [la marquise], maiz que lÿece Et vraye amour continüelle ; Et s'il l'a huy trouvee tele, Encor l'a meilleur l'andemain, Qu'adez amende en souverain Maintieng, et en obeïssance, Comme s'onques n'eust desplaisance Eü puis que fu espousee. (Gris., 1395, 70). ...quoique il se soit mesfais (...). Encores se pora il amender en conscience, de qoi, tant c'a Dieu, il en vaudra grandement mieuls (FROISS., Chron. D., p.1400, 89).

 

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S'amender. "Faire en sorte de devenir meilleur, se perfectionner" : Pour ce que je me puis moult amender De vous servir loyaument et amer. (MACH., L. dames, 1377, 88). ...combien que de bon lieu vous estes, tant plus croissiez, si ne vous amandez et plus chetiz et meschans serez. (LA SALE, J.S., 1456, 70). Mes freres, il fauldra regarder D'en rendre a Dieu grace et louenge Affin qu'il se puisse amender Et tousjours a bien il se renge. (LA VIGNE, S.M., 1496, 385).

 

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"Se corriger" : Mais t'amende, eins que on te somme, Si feras ouevre de preudomme. (MACH., C. ami, 1357, 127). Et d'autre part, monseigneur, nous avons assez, Dieu mercy, pour faire refaire l'abbaye [que Geoffroy, notre fils, a brûlée] meilleur qu'elle ne fut oncques, et renter mieulx et plus richement, et y mettre plus de moines qu'il n'y ot onques. Et Gieffroy s'amendera, se plaist a Dieu et au monde, si que, mon chier seigneur, veulliez laissier ce dueil aler, et je vous en pry. (ARRAS, c.1392-1393, 255). Et pluseurs ont veu visions des ames dampnees, qui ne s'en ["à cause de cela"] sont pas amendez. (GERS., Déf., 1400, 242). Naturellement la personne s'amende plus tost et plus pourfitablement par doulceur que par trop grant rigueur (GERS., Tentations G., c.1400-1401, 345). ...pour admonition quelconque ou commination d'adversité ou pour doulceur de prosperité que Dieu envoie ilz [les obstinés] ne se veulent convertir ou amender (GERS., Passion I G., 1403, 462). ...appert qu'elle [Paix] eust cause de soy partir et qu'elle n'a cause de soy retourner jusques ad ce que on se amende. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 249).

 

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S'amender de qqc. : ...afin que vers Dieu m'amende Des grans meffaiz et des pechiez De quoy j'ay esté entechiez... (Mir. ev. arced., c.1341, 140). Après laquele condempnation ainsi faite par ledit mon. le prevost contre ledit Jehannin Drouet, prisonnier, icellui Jehannin, par devant lui, en la presence des dessus nommez, et en soy corrigant et amendant des autres confessions par lui faites, et nonobstant icelles, cogneut et confessa que... (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 218).

 

3.

[D'un être vivant]

 

a)

"Se développer, croître"

 

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[D'un enfant] : Evroul par non l'ont apelé Et cel non ne fu pas celé ; Et l'esfant crut et amenda ; Le pere a Dieu le commanda. (Vie st Evroul S., c.1350, 40). Et, au second an aprez, ot un filz qui fu nommez Guyon, et fu moult bel enfant ; mais il ot un oeil plus hault que l'autre. Et sachiez que Melusigne avoit si tres bonnes nourrices, et estoit si tres soingneuse de ses enfans, qu'ilz croissoient et amendoient si fort que chascun qui les veoit s'en donnoit merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 79). [L'enfant] Soit bailliez a bonne nourrice Qui tressouëfment le nourrisse Si qu'il croisse fort et amende. (Gris., 1395, 60). MEDUSA nourrisse. Sabine ! SABINE sa chambriere. Que vous plaist, maistresse ! Je m'esbatoye ung petïot. MEDUSA. Aprestez moy le charïot Pour aprendre aler monseigneur ; Il admende fort en grandeur Et si ne va ne champ ne voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 107).

 

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[D'un animal] : ...le dit estang fu lors alegié de grand quantité de blanche peschaille qui y fu prise et mise ou petit estang devers la sale, afin que l'autre poisson du dit estang peust mieux amender (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 429). Quant le vent d'escorchevel vente, les femmes sages et bonnes mesnagieres doivent taillier le debout de l'oreille dextre de leur jone veau et jetter celle piece a l'encontre du vent, affin que leur veau croisse et amende comme il fera. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 96).

 

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Part. passé [D'un animal] "Grandi, développé" : ...il feust commenciez à peschier es avans de Noel derrien passez, es quelz avans il ne fu rien vendu pour ce que le poisson estoit petitement amendé (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1348, 429).

 

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[D'un végétal] : Par tous les murs dedens avoit, Si long que le palais estoit, Vignettes toutes eslevées, De fin or bien enluminées, A foeulettes, a rains pendans, Qui sambloient estre croissans Et amendans de jour en jour. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 144). ...au XVe jour d'apvril, vint le chalt temps poc à poc successivement, et fist bien chalt. Et encommenssont les vigne très bien à ysser, et furent en verjus, VIIJ jours devant la Snt Jehan ; maix les avoinne et les prey n'amendoient point pour la séchour qu'il faixoit, et qu'il ne pluvoit point. (AUBRION, Journal L., 1470, 39).

 

b)

[D'un animal] "S'améliorer, gagner en force ; augmenter d'ardeur" : Moult de foiz avient que le vallet qui suyt ne vient pas au lit d'ou la beste s'en va, quar le limier tret au vent aucune foiz aux meilleurs routes qui l'emportent. Et, s'il avient einsi, il doit mettre l'ueill a terre et regarder si c'est son droit. Et pourra connoistre s'il s'en va fuyant a son limier, qui amendera et doublera sa guele et s'efforcera de tirer quant qu'il pourra. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 175).

 

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Empl. impers. Il amende à ton limier. "Ton limier a plus d'ardeur" : Quant ton limier sieura du cerf que tu auras destourné, (...) se tu veulz savoir quant il s'en ira de ton limier, regarde a terre, et se tu vois que il marche le pié devant overt et que la terre soit esmeue de nouvel et que il amende a ton limier, c'est a dire que il tire et sieuve plus asprement que il ne fesoit devant, c'est signe que il s'en voise de ton limier. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 37).

II. -

[Idée d'amende, de punition (pour améliorer)]

A. -

Amender qqc.

 

1.

"Réparer, par obligation de justice (un tort, un dommage, un outrage...), avec éventuellement une amende pécuniaire" : Et pour ce qu'en a abusé En tant comme a du nom usé, Je vous requier qu'il li amende De telle et de si grosse amende Comm'est de dix mille mars d'or. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 414). Et se le plège nye au créancier que il ne soit point plège, ilz jureront de vérité et cherront en prouve. Et se le plège en chiet, il paiera et demoura parjure, et fera amende à justice, et amendera à l'autre ses dommages. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 328). ...les contraingnés ou faites contraindre à amander à nous et à partie, les exces, abuz, griefz et dommages dessus dis, en faisant faire restitution à partie, ainsy et par la maniere qu'il appartenra (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 390). ...ledit Chanteprime avoit autresfois requis ceans que ledit de Vitry feust condempné à lui amender certaines injures verbales (FAUQ., II, 1421-1430, 218). En possession et saisine Que se ung quidam, je ne sçay qui, Ou quelque femme tant feust fine, Pretendoit droit a cest amy, Pour jouyr, user d'icelluy Et en recevoir les prouffis, De le rendre dés au jour d'huy Piteux comme ung beau crucefis ; Et s'ilz faisoient aulcuns poursuys De la troubler ou empescher, Contredire aulx drois dessusdictz, De le faire reintegrer, Remettre sus et restaurer Au premier estat deuement, Amender tout et reparer Par justice et aultrement. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 21). Jugement de l'abel de Sainct Vincent, pour lui et pour son couvant, d'une pairt, et de Lorratte Withier, d'autre pairt, pour une force que l'abel volloit avoir pour une bonne c'on avoit mis et le torfais a amender ; dont li maistre-eschevin dit pour droict que on n'avoit mie la force a paier ne le torfait a deffaire. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1348], 272).

 

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Amender qqc. "Payer une amende pour qqc. (un dommage causé, un dégât, un tort...)" : Item, ilz peut descrouer un arbre quant il est encroué sur un autre sans meffaire à celui sur quoy il est encroué, et se il lui meffet, il l'amendera, et si n'aura pas l'arbre qui estoit encroué ; et s'il est premièrement trouvé par le sergent et qu'il soit croisié, le coustumier ne l'aura pas. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 73).

 

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Empl. abs. : Pasturage à toutes ses bestes en lieu de livrée [l. delivrée ? ] ; et [se] ilz [les bêtes] sont trouvées eschapées ou sans garde, il amende comme les autres coustumiers. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 279).

 

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[Dans un cont. métaph.] "Réparer (un manquement)" : Seulement qu'elle l'eust mandé, S'il eust esté oultre la mer, Il s'en venoit royde et bandé, La lance au poing, joyeulx, grant chiere - Aultrement il l'eust amendé (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 10).

 

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Inf. subst. Pour l'amender. "Au titre de dédommagement, de compensation (?)" : Item, ont en ladicte forest le fou et le chesne, pour l'amender, c'est assavoir la charettée de chesne à trois chevaulx pour dix soulz, hors deffens (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 121).

 

2.

En partic. "Réparer auprès d'un juge l'outrage d'un appel non fondé ; payer l'amende réglementaire dite de fol appel" : ...ou quel eschequier il fu leu de leur acort et diligeaument entendu, tenu pour bien jugié en la dicte assise, mal appelé et confermé oudit eschequier. (...) pour quoy fu dit audit Grant[homme] et a sa dicte fame, heritiers comme dit est, que ils l'amendassent ; lesquieux l'amenderent presentement, comme après la lecture d'icellui attendue, bien jugié en ladicte assise, mal appelé, et confermé oudit eschequier (Mémor. Echiq. Archev. S., 1381, 13). Il a esté dit par arrêt qu'il fut bien procédé et ordonné par ledit prévost et mal appellé par lesdiz appellans, et l'amenderont d'une amende de soixante livres, et ont esté renvoiez audit prévost pour mettre à exécucion ce dont il fu appellé. (Ch. VI, D., t.1, 1402, 245). Si a la court finablement veu le procés et tout ce quy a esté produit en icelluy a grant et meure deliberacion. Et, tout veu et consideré ce que fait a considerer, la court d'Amours dit que, autant que le dit amoureux est appellant, il a esté bien jugé par le dit prevost de Dueil et mal appellé par luy, et l'amendra (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 13). De laquelle sentence c'est sentu agrevé et en a appellé en la court de ceans ou le dit procés a esté receu pour juger. Si a la court veu icelluy procés et tout ce qu'i failloit veoir en ceste matiere. Et, tout consideré, la court dit qu'il a esté bien dit et apointié par le dit vigier et mal appelé par le dit amant et l'amendra. Et sy le condempne la court es despens de la cause d'appel, la tauxacion reservee par devers elle. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 21). Et après que par ladicte court le procès d'icelle eut esté veu et visité fut dit, par arrest d'icelle et en confermant ladicte sentence, que ladicte Perrette avoit mal appellé et l'amenderoit et que ladicte sentence seroit executée (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 5).

B. -

Amender qqn. "Soumettre qqn à l'amende"

 

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Inf. subst. "Fait de punir, punition" : Si vueil presentement mander Icy Commentenon et Chose Et sur peine de l'admander Que nul a venir ne s'oppose. (Bataille st Pens. A., a.1485, 12).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

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