C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/éteindre 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ÉTEINDRE     
FEW III exstinguere
ESTEINDRE, verbe
[T-L : esteindre ; GD : esteindre ; GDC : esteindre ; AND : esteindre1 ; DÉCT : esteindre ; FEW III, 320a : exstinguere ; TLF : VIII, 227b : éteindre]

A. -

[Au propre ; à propos d'un feu, d'une flamme ; d'un feu, d'une flamme]

 

1.

Esteindre (un feu, une flamme) "Étouffer (un feu, une flamme)"

 

a)

Esteindre (un feu) : Pour conforter les jouvenciaus L'avoit Dieus envoié des ceaus, Si que si bien les conforta Et tel confort leur aporta Que la flame et le feu estaindre Fist tout, et la chaleur remaindre, Et d'un vent dous et couvenable A tout corps humain, delitable, Plein de plaisence et de tout aise, Atempra l'angle la fournaise... (MACH., C. ami, 1357, 22). ...vous irez dire à vostre seigneur que je ay ars son païs jusques icy, pour tant que je cuidoye qu'il venist estaindre les flamesches (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 214). ...si besongniez Que le feu du tout estaingniez Incontinent. (Mir. st Ign., 1366, 85). Ce jour furent li François bien ensonniiet, car li auqun entendoient au cachier, et li aultre a estaindre le feu qui se mouteplioit ens es logeis, qui lor fist grant damage de lors chevaus, de lors harnas et de lors pourveances. (FROISS., Chron. D., p.1400, 516). ...a sa gent a certes Commande que riens n'y meffacent, Mais les feus, qui maisons effacent, Aydent vistement a estaindre. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 14). ...ilz doivent estre bien garnis de vaisseaulx pleins de poiz noire et de roisine, souffre et oeille, tout ce confit et envelopé en estopes, et ces vaissiaulz on doit alumer et embraser et giter es nefz et galées des anemis, et puis les doit on fort assaillir, affin qu'ilz n'aient loisir de estaindre le feu. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 241). Assez et plus que noz sens ne pevent redrecier ou noz paciences souffrir avons sur nous de discors et debas et sommes persecutez des divisions dedens et dehors, sans ceste nouvelle tençon esmouvoir, et si voulons ceulx ressembler qui voient le feu embrasé et esprins par leurs lieux et habitacions et sont en question pour debatre entre eulx qui le feu y a mis et et a qui le devoir de l'estaindre appartient. (CHART., Q. inv., 1422, 44). J'allumay ce feu qui tout art Si, seul, ne le porrois esteindre. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 97). ...elle estaindit tout le feu de leens, tant en la cuisine comme en la chambre. (C.N.N., c.1456-1467, 264). ...et ces vaisseaulx alumez et embrasez doit-on lancer ès nefz et gallées des ennemiz, et tantost est temps de les assaillir fort, affin que loysir n'ayent d'estaindre le feu. (BUEIL, II, 1461-1466, 57).

 

-

Estre esteint : N'il ne paroit coulour ne trace En la fournaise n'en la place Dou feu, car il estoit estains Qui si mervilleus estoit ains. (MACH., C. ami, 1357, 23). Car, autressi com uns trepiés De quoi on fait moult grant essart Est tous les jours en feu et s'art, Et quant il advient qu'on l'en oste On le gette en un coing d'encoste, Mais quant li fus en est estains, Il est noirs et bruÿs et tains, Ainsi est il des amoureus, Qui sont plains de maulz savoureus (MACH., Voir, 1364, 330). ...et que on leur baillast treves une espace de temps ; pourveu que le feu qui estoit dedens ledit bolwerc ne seroit pas estainct, pour tant que à mesure que les boises cheoient et ardoient, elles chéoient sur les Anglois dedens la ville. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 312). Tant y en misrent que le feu se print au portal et qu'il faillut que les assaillans se retirassent jusques après que ce feu fust estainct. (COMM., I, 1489-1491, 234).

 

-

"Éteindre qqc. qui brûle" : LVI Ainsi le bon temps regretons, Entre nous [la belle Heaumière et les autres], povres vielles soctes, Assises bas, a crouppetons, Tout en ung tas, comme peloctes, A petit feu de chenevoctes, Tost alumees, tost estainctes... Et jadiz fusmes si mignotes ! (VILLON, Test. M., 1461-1462, 57).

 

b)

Esteindre une source de lumière. "Faire cesser (un éclairage)" : Or m'as tu par ceste maniére Ravi mon droit, et ma lumiére Estaint, pour quoy je te desclos Que les portes des cielx te clos (Mir. pape, 1346, 366). ...en la chappelle alons De saint Pierre, et la les pendons En lieu des lempes qu'ay estaint. (Mir. pape, 1346, 392). Et puis, quant vous avrez ce fait, vous commanderez que, sur la hart, nul ne atouche a vostre fille, et ferez vuidier tous ceulx qui seront ou palaiz, fors de ceulx qui seront couchiez, et faites estaindre la lumiere. (Bérinus, II, c.1350-1370, 39). ...par ses maistre et maistresse il fu mandé leur porter boire à un soir, de nuyt, en leur chambre, et, en s'en revenant, estaingny la chandelle qu'il tenoit en sa main (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 495). Et ayez fait adviser paravant qu'ilz ayent chascun loing de son lit chandellier a platine pour mectre sa chandelle, et les ayez fait introduire sagement de l'estaindre a la bouche ou a la main avant qu'ilz entrent en leur lit, et non mye a la chemise. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 136). ...combien que les juesnes hommes (...) qui n'avoient de quoy eulx defendre eussent prinz, l'un le baston à estaindre les chandoilles de l'eglise, les autres ce que povoient trouver par l'eglise (BAYE, I, 1400-1410, 103).

 

-

Estre esteint : ...si tost comme la chandele est estainte, il saut en place... (MACH., Voir, 1364, 520). ...la chandelle est estaincte et madame mot ne sonne (C.N.N., c.1456-1467, 76).

 

-

[À propos de ventes aux enchères] À/après la chandelle esteinte : Lesdictes Aides seront baillées à ferme, et délivrées au plus offrant et dernier encherisseur, à tous perils, et à toutes fortunes, après la chandelle esteinte. (Ordonn. rois Fr. S., t.7, 1383, 53). Et demoirat li dicte maison et tenure a tirch dymenche a le chandeille estainte en le main de Jehan filh Wilhamme de Luttre (Rég. jur. Belg. B., 1383,,, 383). ...pour les causes cy devant touchies, icelle maison... fait metre de par mondit seigneur en criées a pris au plus offrant et darrain enchirisseur a la chandaille esteinte (Trés. Reth. L., t.3, 1449, 269).

 

-

[À propos d'une proclamation solennelle d'excommunication] À chandelles esteintes : Item, d'adviser sur certeinnes lettres venues du Roy au Chancellier et en son absence au Parlement pour faire cesser de cy à IIJ sepmainnes les excomuniemens publiés, passé a demi an, contre les ducs d'Orleans, de Bourbon, les contes d'Alençon, d'Armignac et autres, pour les entreprises et desobeyssances par eulx faictes ou prejudice du Roy et de son royaume, lesquelles excommunications se faisoient par vertu de certeinnes bulles du pape Urbain Quint par toutes les eglises parrochiaux de Paris et autres de ce royaume à cloches sonans et chandoilles estainctes. (BAYE, II, 1411-1417, 81).

 

-

Avoir l'oeil esteint. "Avoir un oeil qui ne voit plus" : Et ne vei point messires Jehans le cop venir sus lui de ce lés là, car il avoit l'oeil estaint, et avoit eu bien cinq ans, et le perdi en ès landes de Bourdiaus, en cachant un cerf. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 203).

 

.

Avoir les yeux esteints. "Avoir perdu la vue" : ...les yex estains longuement Avoie euz, point n'en veoie (Mir. st Panth., 1364, 334).

 

-

[Dans un cont. métaph. de caractère religieux] : Garde qu'aus povres soit ouverte Ta main a gaaing et a perte, Et Dieus le te rendra a double, Adès pour un denier un double, Car le pechiet aumosne esteint, Si com l'iaue feu, quant l'ateint. (MACH., C. ami, 1357, 136). ...pareillement saint Pol embrasé tout de l'amour de Dieu enflammoit ceulz ausquelx il estoit joingt en tant que jusques au ciel il getta sa flamme sans ce que les eaues d'aversité la peussent estaindre : Aque multe etc. Mais plus cuidoit on estaindre ce feu, et plus fort s'alumoit. (GERS., P. Paul, a.1394, 511). ...et je te afferme que l'eaue de tes larmes, se elle est pure et nette sans laydure de pechié mortel, estaindra tout ou en grant partie l'ardent feu qui me travaille et brule. (GERS., Déf., 1400, 227). ...tu pues puisier et tirer du puis de ton cuer, qui est dedans toy, l'eaue pure et nette, pour estaindre le feu qui art tes amis en purgatoire (GERS., Déf., 1400, 229).

 

-

[Dans un cont. métaph. de caractère courtois] : Et aussi je ne congnoissoie En son hostel homme ne fame Qui sceüst l'amoureuse flame Dont mes cuers est bruÿs et tains Et mors, s'il n'est par elle estains, Car riens ne le porroit estaindre Fors elle qui trop le fait taindre. (MACH., Voir, 1364, 288). Mais Desirs et Merancolie, Doubtance de perdre m'amie (...) Font souvent murmuration En mon cuer et rebellion, Et si estaingnent la lanterne D'Espoir qui la cité gouverne (MACH., Voir, 1364, 442).

 

-

[Dans un cont. métaph. de caractère sexuel] : Le bon homme fut de rechef adverty par eulx, qui luy dirent que le curé avoit prins accoustumance d'aller estaindre le feu en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 441). ...veez cy maistre curé qui vient pour allumer sa chandelle, ou pour mieulx dire pour l'estaindre (C.N.N., c.1456-1467, 442). Lors [ces femmes] prindrent, ains qu'eussent diffames, L'une ung clerc, ung lay, l'autre ung moyne, Pour estaindre d'amours les flasmes Plus chaudes que feu saint Anthoyne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 61).

 

c)

Au fig. [D'une clarté] "Dépasser, éclipser (une autre clarté)" : ...en plein cler jour fut vue sourdre d'une veine de la terre une flamme de feu petite en son naistre, laquelle en sa continuation croissoit tousjours et (...) avecques la clarté qui en partoit, estoit si merveilleuse que elle estaignoit celle du jour (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 359).

 

2.

(S)'esteindre. "Cesser de brûler" : Qui bien aimme a tart oublie, Et cuers qui oublie a tart Ressamble le feu qui art, Qui de legier n'esteint mie. (MACH., L. plour, 1349, 283). Le feu n'est onques corrompu fors par son contraire fors selon apparence quant il estaint par defaute de matiere, car lors la fredeur ou moisteur de l'aer circunstant le corrumpt, mais il ne appert pas telement comme quant l'en gecte de l'eaue desus. (ORESME, C.M., c.1377, 630). En deux manieres s'estaindra Li feux, quant la buche fauldra Par ce qu'aucuns l'ara ostée, Ou quant eaue y sera gettée. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 200). Mais les cuers des esleus qui attendent les grans joies de Paradis prennent force contre les assaulx des adversaires, car de tant comme plus croist la bataille, de tant attendent-ilz plus glorieuse vittoire, et tant que si affermez sont es tribulacions que, si comme le feu ardant dont le vent rabat la flamme, si que il semble qu'il doie estaindre, mais il le renforcist et le fait plus croistre, ainsi par tribulacions croist leur ardeur de leur desir à Dieu. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 43). ...regarde premierement l'auctorité de Ysaie le prophete : "Leur ver ne morrera et leur feu ne se extaindera." (Somme abr., c.1477-1481, 176).

 

-

P. métaph. : Se mes cuers art et li vostres estaint, Dame, ja mais ne puis a joie ataindre ; Car li desirs, qui a mort m'a ataint, Se mes cuers art et li vostres estaint, Bruÿst mon cuer et mon viaire taint, Si que sans vous m'ardeur ne puet estaindre (MACH., Voir, 1364, 198). L'amour de vous, qui en mon cuer remaint, Tresdoulz amis, ja mais ne puet estaindre (MACH., Voir, 1364, 198). Amis, t'amour si m'ataint Que mon vis taint Et destaint Souvent de pluseurs coulours Et mon dolent cuer estraint ; Si le destraint Qu'il estaint, Quant en toy n'a son recours. (MACH., Bal., 1377, 541).

 

-

"Cesser de briller" : Fontaine de vie aus humains [Marie], Estoille journal sanz estaindre Qui ciel, terre et mer peuz ensaindre Et secours mettre en touz perilz... (Mir. parr., 1356, 30).

B. -

P. anal.

 

1.

Esteindre qqc. "Revêtir, couvrir complètement qqc." : ...restraindre les quattre pans d'asselin et le reffaire tellement qu'il soit bien estaint (Doc. 1499. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 646).

 

2.

Au fig. "Cacher qqc."

 

-

Tenir qqc. esteint : JHESUS. ...Regarde a qui tu me verras Donner de pain ung morceau taint ; C'est celuy. Et le tiens estaint Et secret (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 242).

C. -

"Étouffer qqn/un animal, mettre fin à la vie de qqn/d'un animal/d'un végétal"

 

1.

Esteindre qqn/un animal./un végétal

 

a)

"Étouffer qqn/un aspect de la pers. (sans le tuer), accabler, oppresser, abattre qqn" : Mes cuers se peinne Et met en peinne, Par quoi li vostres soit certeins Que j'aim sans pensée villainne D'amour certainne, Si que lonteinne Me soit l'ardeur dont sui estains. (MACH., Les lays, 1377, 289). Amis, t'amour me contreint Si qu'il me convient descrire Le martyre Qui empire Mon corps et mon cuer esteint Et de grietés si m'enseint Que je ne saroie eslire Le meins pire ; Dont matire N'ay qui à joie me meint. (MACH., Les lays, 1377, 352). Cueur douloureux, Triste, penssif et douloureux, Estaint de soupirs rigoreux... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 323). J'ey de douleur le cueur estains. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 102). Si lassée, si esteincte et grevée, Qu'à peine say Dire les maulx où je suis, et que j'ay. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 364).

 

-

Estre esteint de qqc. : Cesar, en la bactaille civille contre Petronius et Affrannus, qui estoient Pompeains, lesquelz estoient en Espaigne assiegiez et estains de soif en telle maniere qu'ilz estoient tous desesperez de leurs vies, par quoy ilz avoient toutes doubtes et tous empeschemens occis (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 57).

 

-

[D'un animal] Estre esteint. "Étouffer" : ...gardés le de boivre siques avant qu'il ait establé et alé hors quer, se il n'est gardé, il iert estains de la grant enfle double et de l'umidité de l'eve (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 394).

 

b)

"Faire mourir qqn par étouffement" : Si en i ot aucuns qui s'avanchièrent et boutèrent en la presse trop avant, car il i furent enclos et estaint. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 56). On trouva que il n'avoit plaie nulle, dont il fu mors, se on l'euist pris en vie ; mais il fu estains en la presse, et cheï parmi un fosset, et grant fuisson de Gantois sur lui, qui morurent tout en sa compaignie. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 58). ...les vieilles maquerelles Jouent souvent de tels merelles Et de pis faire ne se feingnent : Les enfans es ventres esteignent (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 83). ...il se mist et assist sur la forcelle dudit Andry, et lui estoupa de sa main son nez et sa bouche, tant qu'il le estaigny et fist mourir, en si brief temps comme l'en mettroit à aler du Chastellet de Paris à la place de Greve (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...icelle Margot li dist les paroles qui ensuient, c'est assavoir : que elle prenist un coq blanc, icellui estaignist ou evanuyst à tourner entour soy, ou estaignist soubz ses fesses ; auquel coq ainsi estaint elle prenist les deux c...ns, les brulast et en feist de la poudre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 337). Et Regnault le refiert [le roi Selodus] et le charge si de coups qu'il le convint voler par terre, et ot si grant foule par dessus lui, car sa gent le vouloient rescourre, qu'il fu mort et estaint entre les piez des chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 185). La royne Jehanne de Naples - Cui Charles de la Paix mains chapples Fist et a la parfin estaindre Entre deux coutes, si ataindre La sot, dont de ce valu pis, Mais mortelment feru ou pis En fu depuis, car c'est raison Que mal viengne de desraison, - Celle royne qui nul hoir N'ot de son corps, si voult avoir Et eslire a filz adoptif (...) Le noble duc d'Anjou le Sage, Qu'a filz eslut et fist son hoir. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 157). Et ceste fust celle qui fist son filz adoptif, par le consentement de Pappe Clement ; c'est assavoir monseigneur Loÿs, duc d'Anjou et conte du Mayne, grant pere du roy, vostre pere, pour la secourir contre monseigneur Charles de Duras, son nepveu, et qui puis la fist estaindre entre deux coyettes pour estre roy. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 176). CAŸPHE. ...Si grant courroux au cueur me point Que je ne puis cest homme actaindre, Qu'il me semble qu'on me doyve estaindre Le cueur tant il m'est fort pressé. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 276). ...et plusieurs autres prindrent une coeste qu'ilz mirent dessus ledit malade en sa court où il estoit couchié pour le estaindre dessoubz (Doc. 1446. In : R. Vaultier, Folkl. pendant la guerre de Cent ans, 1965, 148). Force alphonsine estimez a rien estre, Car mieulx vauldroit qu'elle fust a renaistre Et ses soubdars dedens la mer estains, Que d'entreprendre sur voz povoirs haultains (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155).

 

-

[Dans une imprécation] : Vous avez tout beu. Malle goute Vous puist estaindre le gosier ! Il est trempé comme ung osier. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 176).

 

.

Esteint. "Mort étouffé" : Morfouache et se route (...) tout à leur aise et sans deffence rompirent leur mine, de coi il y heut aucuns mineurs là dedens estains qui onques ne s'en partirent, car la mine reversa sur iaux. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 94).

 

-

P. ext. "Mettre/faire mettre à mort, tuer qqn/un animal (quelle que soit la manière employée)" : Quant Julius Cesar fu des Rommains En traïson occis, mors et estains, Moult fu des dieus et des deesses plains Pour la tresgrant valeur dont il fu plains : Deÿfiés fu de leurs propres mains. (MACH., Voir, 1364, 550). Ainsy le roy Gorhant ouvra que je vous di, Les vaillans crestïens en sa chartre estaindi (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 209). Et Hannibal demoura il derriere ? En Cartaige par Mort le feiz actaindre, Et Scypïon l'Affrequain feiz estaindre. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 64). Cestui Regulle, au moien de sa science et de sa chevalereuse prudence, vainquit trois roys, subjuga LXXIII cités, et extaignit et fist escorcher l'orrible serpent qui avoit cent XV piez de peau (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°). ...et, après plusieurs victoires, tant pour lui que contre lui, il extaignit femmes et filles par venin. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 r°). ...par especial en la corrucion de Jherusalem, où plusieurs furent estaings et fut par le tremblement de terre qui dura quatre mois, en maniere que les hommes ne osoient habiter ès villes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 r°).

 

-

Esteindre qqn par mort : HERODE. ...S'i fault que tel chef soit estaint Par mort, Dieu m'en face pardon ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 101).

 

-

Estre esteint à la mort. "Mourir" : Et peu après fut estaingt le pappe à la mort et le captif relivré à grant honneur et ne sceut comme ce peut advenir, sinon que aucuns estyment que ce fut par aucune intelligence superiore ou inferiore. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 159 v°).

 

-

(Estre) mort et esteint : Et sy eut en ladicte ville de Romme pendant ce temps, par diverses fois, moult de gens mors et estains dedens les foulles et les presses (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 320). Et y estoient de point en point, Hommes d'armes les plus certains, Bien cinq cens en leur compaignie, Lesquelz sont tous mors et estains, Noyez, tuez et mis a fins Par art ou par enchanterye. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 488).

 

c)

"Faire périr (un végétal)" : [B]asilique est vng poisson en maniere de serpent et est si tres plain de velin qu'il en reluit tout par dehors. Et le veoir et le ferir de lui porte venin et loins et pres pourquoy il corrompt l'air et si estaint les arbres, et occist les oyseaulx volans (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 492).

 

2.

(S')esteindre. "Mourir étouffé" : Sy advint à l'une [des deux femmes] que son enffant estaingnit, et, quant elle le vit mort, si ala, comme faulse femme, embler l'enffant vif qui estoit à sa compaigne (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 156). Et pour ce a grant peril de couchier petit enffant delès soy, car bien souvent ilz estaingnent ; sy y chiet grant peril. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 157). Là perdoient li pluiseur force et alainne, et tresbuchoient l'un sus l'autre, et s'estindoient et moroient sans cop ferir. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 55). ...Maiz Sarrazins les vont tellement apresser Qu'il convint les pluseurs estaindre de süer. ["mourir étouffés, mourir d'angoisse" (Éd. N.12142)] (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 387). Mais ilz [les mauvais esprits] ne le pouoient aproucher, ains aloyent autour de lui bruiant et jectant sy puante fumee qu'il sambloit que le povre chevallier sy deust estaindre de celle puanteur. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 20). ...le bacq de ce coup tourna ce dessoubz dessus, tellement que le conduiseur fut enclos et estaint dessoubz et y morut (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 241). Exploitiés vous, seigneurs, le tamps s'en va ! Prouesse estaint par trop de couverture. Or de la mettre a l'air, se lui revendra le cuer ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 966). ...Robert de Mailly (...) fery en une desdites sources atout son cheval qui n'avoit point de resne, et là enfondra sans le pouvoir retirer, et mourut piteusement et estaigny, voyant un chascun qui là estoient, et ne mouvoient mettre remède (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 113). Qui gardera mon cueur de estaindre Et d'expirer toute pasmee Quant vous qui m'avés tant amee Souffrerés tant devant mes yeux ? (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 233).

D. -

"Faire disparaître, supprimer, faire cesser qqc. ; atténuer qqc."

 

1.

[Une chose concr.] : ...Byas, duquel la science a plus duré longuement entre les hommes que Prienne, la cité de laquelle il fut nez ; car encores est il memoire de sa science, et la cité est destruite et estainte (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 31).

 

-

"Apaiser (une passion corporelle)" : Des fontaines et des rivages Estaint sa soif, non pas de vin (Mir. parr., 1356, 34). Doncques ils s'en vont à l'ostel pour dyner ensamble ; et quant ils seront venuz, ils seront serviz des chous lardé bien gras et bure ensamble, et aussi du lart, et des oefs avec les coques, l'aubuns et moeilles ; et ces deux meschans seront si friandes de leur viande, qu'ils le transgloutent sans maschier, à cause d'estaindre plus tost leur grant fain. (Man. lang. G., 1396, 71). Aultrement ne sera point estaincte la grand ardeur qui la seche et tire a fin. [Un médecin conseille à un homme d'avoir un rapport sexuel avec sa femme] (C.N.N., c.1456-1467, 136). Helas ! messeigneurs, vous povez, dist il, sans dangier de vous ne d'aultry, estaindre et passer voz chaleurs desordonnées avecques pluseurs aultres [Un hôtelier veut empêcher des ribauds de violer une jeune femme] (C.N.N., c.1456-1467, 549).

 

-

"Faire cesser (une maladie, une souffrance physique ou morale)" : ...Et vous en alez au moustier Prier Dieu de bon cuer entier Que mon mal estaingne et efface (Mir. emper. Romme, 1369, 239). La dolour ne puet remeindre Qui en mon dolent cuer maint, Ne nulz ne la puet esteindre, Se la belle ne l'esteint, Qui si près dou cuer m'ateint, En desirant li veoir, Que j'en muir en desespoir. (MACH., L. dames, 1377, 47). Or ne deingne Que j'ateigne A nulle riens qui esteingne Mon anuy, Eins l'engreingne, S'en meheingne Mon cuer ; mais bien l'en conveingne, Car siens sui. (MACH., Les lays, 1377, 316). Un jour refus, un autre bel acueil, Moitié confort, moitié soucy et dueil, Parmy les gens rire la lerme a l'ueil, Son semblant faindre, Souffrir douleur et ne s'en oser plaindre, Et ses souspirs estrangler et refraindre, Et d'un regart a coup son mal estaindre Et sa mesaise. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 161).

 

-

Esteindre un lignage : Dont est ce bien chose loisible A tout homme de femme prandre, Puis que seul est et que doit tendre A sa forme continuer, Sanz son linaige desnuer N'estaindre comme la chandelle Son renom et vie charnelle. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 337). ...dont il advint que ladicte cité fut prinse et destruicte, l'Empereur mort et sa noble generacion imperiale faillie et esteincte, et le povoir des infidelles acreu et augmenté, et la foy chrestienne foullée, grevée et amoindrie, comme cy après sera veu et leu. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 206).

 

-

Loc. N'avoir pouvoir d'allumer ni d'esteindre. "N'avoir aucun pouvoir" : Ce leur seroit chose trop admirable Et qui, peult estre, verroient bien envis C'une seulle eust trop plus d'andivis En paradis qu'elles toutes ensemble, Veu qu'en substance celle la les ressemble Et n'a pouoir d'alumer ny estaindre Ne faire chose que ne fist la plus maindre Si de par Dieu ne luy est ordonné. (LA VIGNE, S.M., 1496, 339).

 

2.

[Une chose abstr.]

 

a)

"Atténuer, faire cesser l'intensité, la force, la violence de qqc." : Einsois est toudis l'amour greindre Qui en moy maint, Ne riens ne la porroit esteindre (MACH., R. Fort., c.1341, 52). Mon cuer, ma suer, ma douce amour, Tari le ruissel de mon plour. Mon cuer, ma suer, ma douce amour, Estain de Desir la chalour... (MACH., Voir, 1364, 412). C'est mes chastiau, c'est mes ressors, C'est ce qui estaint m'ire (MACH., Les lays, 1377, 432). Ne ne cuides que feu ardent (...) La charité en mon courage Ne l'amour de mon Dieu estaingne. (Mir. st Ign., 1366, 86). Si ne say que faire doy, Car riens de nulle part n'oy Qui ma tristour Esteingne ne mon anoy (MACH., Ch. bal., 1377, 617). ...elle [largesse bien employée] porte en soy telles vertus: et premiers, elle coronne l'ame de gloire pardurable, elle se garde en l'amour de chascun et si acquiert nouveaulz amis, elle flourist en bonne renommee, elle estaint des cuers les yres, elle porte toute seurté, car elle fait des ennemis amis, et pour ce, mon ami, je la vous recommande. (LA SALE, J.S., 1456, 75).

 

b)

"Supprimer, détruire, anéantir, diminuer qqc." : Et pour ce que merencolie Esteint toute pensée lie, Et aussi que je bien vëoie Que mettre conseil n'i pooie, Et que, s'on sceüst mon muser, On ne s'en feïst que ruser, Laissay le merencolier... (MACH., J. R. Nav., 1349, 141). Car quant sires, qui vuet honneur Et qui het toute deshonneur, Vuet faire ordener une chose, Se son serviteur s'i oppose, Qui plaint et pleure ce qu'il donne, S'onneur esteint et abandonne, Si que ce sont larmes perdues, D'envie nées et venues. (MACH., P. Alex., p.1369, 53). Mais tout mon entendement Et mes bons jours et mon gay sentement Fortune esteint ; s'en morray, par ma foy, Quant seur tout l'aim et souvent ne la voy. (MACH., L. dames, 1377, 204). La seront mi grief compleint Et mi pleint, Mi grief souspir et mi plour. Tost ploure et petit plaint ; Ce estaint En moy sens, joie et vigour Et coulour ; Car c'est ce qui mon vis taint, C'est ce qui à mort m'ataint, C'est le pis de ma dolour. (MACH., Les lays, 1377, 374). Lacedemone, par qui les lois vindrent a diverses nacions desquelles encores nous usons, ne pout oncques tant estroictement garder les lois de Ligurgus le droicturier, qui furent faictes pour sa perpetuation, que sa vertu ne soit estaincte et aneantie. (CHART., Q. inv., 1422, 3). Se le Medecin Espoir, Qui est le meilleur de France, N'y met briefment pourveance, Viellesse estainct mon povoir, Asourdy de Non Chaloir. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 536). Il en fist tant que la memoire jamais estaincte ne sera ou dit païs. (C.N.N., c.1456-1467, 87). ...ses vertuz ne doivent estre celées n'estainctes, mais en commune audience publiquement blasonnées (C.N.N., c.1456-1467, 241). ...afin que la gloire et louange que jadis acquirent nos anciens prédécesseurs ne soit esteinte, mais augmentée et ramentue pour donner exemple aux nobles et vertueux hommes du temps présent, j'ay voulu mettre et escrire les hauts faits et emprises très-vaillantes qu'en son temps fit et acheva messire Jacques de Lalaing (Faits Lalaing K., c.1470, 1). Oncques parcialité ne commença en pays, que la fin n'en fut dommaigeuse et mal aisée à estaindre. (COMM., II, 1489-1491, 61). Plourer, gemyr guerre faict tost et tart, Maleur et dueil d'elle seuffre la [la] France, Souspirer gens voit on fort a l'escart, L'onneur blesse puis fait croistre souffrance, Douleur produit et pert toute chevance, Las et confus rent trop souvent fongneurs, Rigueur regner fait et estainct plaisance. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 131).

 

-

Prov. Longue attente esteint moult la vertu de don : ...et, se vous promettez aucune chose, ne la faictes pas trop attendre, car longue attente estaint moult la vertu de don. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

-

Empl. pronom. à sens passif "Disparaître" : L'euvre fait tel reprouver Vilain qui gentil se faint, Car la noblesce s'estaint Des que la vie est honteuse, Et lengue oultrageuse, Pensee envïeuse Et main perilleuse Font gens estourdis En faiz et en dis. (CHART., B. Nobles, c.1424, 402).

 

-

"Masquer qqc., effacer la trace de qqc." : ...attendu que pour ledit cas il avoit esté accusé, et, pour ce, prisonnier eslargi ; qu'il ne s'est aucunement repenti de son larrecin et pechié fait par la maniere que dit est, mais de son povoir vouloit aidier à couvrir et estaindre la vraye cognoissance dudit larrecin, en tant que pendant son eslargissement il portoit vendre la chose furtive (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 408). ...la pacience qu'elle eut de tout escouter (...) estoit assez suffisante d'estaindre le crime qu'elle avoit commis par soy laisser engrosser du picard. (C.N.N., c.1456-1467, 69). En son conseil n'a de vice une tache : Le bien mect hault, le mal estainct et cache, Les cueurs des gens en grant honneur atache : Cil qui la croit en peché ne sommeille, Riens ne meurdrist de glave, lance ou hache (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 30).

 

-

Estre esteint : Si m'en alai en un destour, Et la fis je de ma tristour Et de Fortune une compleinte, Par qui ma joie estoit esteinte. (MACH., R. Fort., c.1341, 133). ...jamais ne cesseray De penser tant que j'aie attaint Conment ce renom soit estaint C'on m'a sus mis. (Mir. femme, 1368, 185). Dame, comment que vous soie longtains, Pleins et espris d'amoureuse dolour, N'est pas en moy li dous voloirs estains De vous amer et servir sans sejour, Ains mouteplie et croist de jour en jour. (MACH., L. dames, 1377, 28). A la parfin je regarde que la charnalité mondaine d'aucuns est si parfonde et rude, et la foy tant estainte, que ilz osent blasmer saint Pierre et saint Pol a cause de la mort laquelle ilz receurent honteusement a leur advis (GERS., P. Paul, a.1394, 490). Aucuns dient que cestuy fut Angloys et s'en alla à Romme, pour ce que la foy estoit quasi toute extainte en Angleterre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 84 r°).

 

-

"Annuller qqc." : ...et, pour ce, ala il qui parle, à la requeste dudit curé, parler à laditte Jehannete, et lui demanda que icelle croix estoit devenue, et qui l'avoit emblée, laquele lui respondi que elle en avoit dit la verité, et que Simon Sejourné, notaire de Meaulx, en avoit eu XVJ frans pour estaindre le cas. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 289). Dont, se ceste chose eust esté vraye, elle seroit estainte et anullee comme les aultres sont. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 125). Au regard de l'ame, nous devons savoir que qui se garde de pechier mortellement qu'il est sauvez, car les autres pechiez venielz par vraye confession sont estains et anullez a bien peu de penitence. (LA SALE, J.S., 1456, 17). Item, et que par ce present traictié seront estainctes et abolies toutes injures, malveillances et rancunes, tant de paroles, de fait que autrement, advenues par cy devant à l'occasion desdictes divisions, parcialitez et guerres, et tant d'une partie que d'autre, sans ce que nul en puist aucune chose demander, ne en faire question ne poursuite, par procès ne autrement, ne reproucher ou donner blasme, pour avoir tenu aucun parti (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 232).

 

-

"Effacer qqc." : E ! dame, estaingniez les pechiez De moy pecheur qui cy dedans Sui devant vostre autel (Mir. parr., 1356, 54). Mais le tiers est pour verité Foy, esperance et charité, Aumosne qui les pechiez cuevre Et estaint, et toute bonne euvre Que nous pouons ci aval faire, Par quoy nous pouons a Dieu plaire, Qui gracieux a Dieu nous livrent Et des ennemis nous delivrent Que nous avons. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 270). ...trespuissant Dieu, faittes moy tant vivre oultre le cours de nature qu'aiés estaint le pechié par penitance. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 399). Au regard de l'ame, nous devons savoir que qui se garde de pechier mortellement qu'il est sauvez, car les autres pechiez venielz par vraye confession sont estains et anullez a bien peu de penitence. (LA SALE, J.S., 1456, 17). Et se aucun pechié y a, vraiement il doit bien estre estaint par lesdictes peines que ilz en ont tant a souffrir. (LA SALE, J.S., 1456, 28). ...par ce présent traictié soient estainctes et abollies toutes injures (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 355). Item, et que par ce present traictié seront estainctes et abolies toutes injures, malveillances et rancunes, tant de paroles, de fait que autrement, advenues par cy devant à l'occasion desdictes divisions, parcialitez et guerres, et tant d'une partie que d'autre, sans ce que nul en puist aucune chose demander, ne en faire question ne poursuite, par procès ne autrement, ne reproucher ou donner blasme, pour avoir tenu aucun parti (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 232).

 

.

Empl. pronom. à sens passif : L'une d'entre elles qui savoit de cest article, respondy que le pechié se povoit estaindre par les prieres du prestre et par les enfans qu'ilz ont engendrez, jasoit ce que communement ilz ne facent gaires bonne fin. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 101).

 

-

"Étouffer, enrayer, juguler qqc." : Mes souvent, quant Pité et Francise voient l'amant en che parti et amorti de toute joie, il li pourcachent sa pais enviers sa dame et estaindent les gengles et les envies des mesdisans et li renluminent sa joie (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 175). ...et à fin de justice et d'estaindre ladicte souspecion (...) lui a requiz la Court (...) qu'il ayde et mette peinne de savoir et trouver et d'atteindre la verité dudit cas (BAYE, I, 1400-1410, 284). ...et l'autre pour ce que elle soit louee d'eulx en leurs sermons et collacions, si que leurs voix et leurs paroles lui puissent estre, se mestier est, escu et deffense contre les murmures et rapors de ses envieux mesdisans, et les puissent estaindre (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 66). Dictes que Jhesus fu emblé Par nuit ainsi que vous dormiez Et que quant fustes eveilliés Que ses disciples s'en fuioient, A tout le corps qu'emblé avoient Et que ne les peustes rataindre, Par ces poins cy pourrons estaindre Grant esclandre et no loy garder. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 261). ...Ilz ont trouvé moyen d'estaindre Le bruit qui se magnifestoit, Que Jhesus scucité estoit (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 434). Oncques parcialité ne commença en pays, que la fin n'en fut dommaigeuse et mal aisée à estaindre. (COMM., II, 1489-1491, 61). Et ledict roy d'Angleterre aydoit à leur faire des doubtes et des crainctes et à leur faire trouver la paix bonne, affin qu'ilz luy aydassent, quant ilz seroient de retour en Angleterre, à estaindre les murmures qui pourroient estre à cause de son retour. (COMM., II, 1489-1491, 77). Car il a laissé l'heritaige qui doit estaindre toute infidelité et venger la mort des chrestiens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 297).

 

-

"Empêcher (une tendance) de se développer ; réprimer (une tendance)" : ...tuit cil qui la veoient avoient en eulx estainte toute voulenté de pechier. (Mir. emper. Romme, 1369, 242). Pourquoy ne pourroit nostre Dame par son regart estaindre mauvais et charnel mouvement et esmouvoir a chasteté, comme le regart de ung savinier (GERS., Concept., 1401, 425). Force de chaleur, jour et nuit, Gaste l'umeur et la destruit, Et l'umeur quiert souvent, sans faindre, La chaleur gaster et extaindre, Pour laquele noise et riote, Comme Ypocras le traite et note, L'estat du corps tousjours se change Et seuffre en soy maint mal estrange (LA HAYE, P. peste, 1426, 65).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

Fermer la fenêtre