C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/ébattre 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ÉBATTRE     
FEW I 293a battuere
ESBATTRE, verbe
[T-L : esbatre ; GD : esbatre ; GDC : esbatre(s') ; AND : esbatre1 ; DÉCT : esbatre ; FEW I, 293a : battuere ; TLF : VII, 589b : ébattre(s')]

I. -

[Correspond à des sens de battre]

A. -

[D'un oiseau] "Battre des ailes, pour s'échapper des mains ou de son siège" : Il est bien voir que l'esprevier De souvent batre est coustumier, Mais sachiez que c'est grans esbas De lui garder ses esbas : C'est qu'il s'esbate tellement Que il ne bate villainement (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 339). Quant je l'eus assés festyé, il [un héron] s'esbati de moy, puis s'en retourna a son maistre qui lui fist grant chiere (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 104). Au point du jour, que l'esprevier s'esbat, Meu de plaisir et par noble coustume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111). Bruyt la mauviz et de joye s'esbat, Reçoyt son per et se joinct a sa plume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

B. -

[Synon. de embattre]

 

-

S'esbattre vers qqn. "Aller vers qqn (avec des intentions belliqueuses)" : "...Qu'il facent armer sans deloy Tout l'ost et bien secretement, Que ne s'enfuient ceste gent A qui nous [nous] volon combatre, Quar tantost nous yrons esbatre Vers eulz, si sauront mon vouloir, Et leur moustreray mon pouoir." (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 234).

 

.

[D'un animal] "Se précipiter vers qqn" : : Je vois corner ung peu avant, Que la beste voist plus avant, Affin que saiche son repaire Et que des levriers une paire J'aye pour la beste deffaire, S'elle se veult vers moy esbatre, Je n'y suis pas bien solitaire ; Ce n'est pas chose neccessaire, Se je vueil la beste debatre (Narcissus, p.1426, 290).

 

-

S'esbattre sur qqn. "Tomber à bras raccourcis sur qqn" : PILATE. Apportez espees ou rapieres (...) Et toutes sortes de bastons Affin que nous nous esbatons Sur Juifz a l'empire contraires. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 445).

 

-

S'esbattre qq. part. "Arriver, s'introduire quelque part" : "Beau sire, vous estes esbatu en nostre deduit ou nous devons ceste vespree souper. Or me semble que vous soyez estrange..." (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 298). Deviers les trez Gerart s'en va sans demoree ; Ains que nuz l'avisast ne lui ne son armee, S'esbati es logiz Gerart brace quaree ; Gerart gist en son lit, a bataille ne bee. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 649).

C. -

[Synon. de se battre]

 

-

Empl. pronom. réciproque "Se battre" : Et de commencement (...) il s'en vinrent combatre à chiaus dou berfroi francement, main à main ; là eut fait pluiseurs grans apertises d'armes. Quant il se furent plenté esbatu, il commencièrent à traire de leurs kanons. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 195). "Mesire Ustasse, vous estes li chevaliers del monde ou en armes je me sui jusques a chi le plus esbatus de l'espee, et je vous ai veu moult volentiers..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 874).

 

-

[De choses] "Rivaliser" : Ce fu grant biauté de veoir entrer ou havre de La Calongne ces galées et ces nefs (...) et de oïr ces trompettes et claronciaux qui sonnoient à tous lez. Et les trompettes du chastel de la ville resonnoient à l'encontre et se combatoient et esbatoient l'un contre l'autre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 310).

II. -

[Idée de divertissement, de détente, de plaisir ; le subst. dérivé est esbattement]

A. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

1.

"Pratiquer des activités de loisir qui impliquent un effort physique"

 

a)

[Jeux guerriers, tournois, chasse...] : ...le roy nostre sire se tient le plus à Brisco et sus la riviere de Saverne, et chace là et s'esbat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). ...il eut consel que il lairoit la le conte Derbi (...) et Vc. armeures de fier et .XVc. archiers qui tenroient le siege (...) et il s'en iroit a tout .Vc. armeures de fier et .XIIc. archiers esbatant parmi Bretagne et veoir ses gens devant la chité de Rennes, et sentir d'autre part se riens il poroit conquerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 582). "Or ça, mon ami, je veul (...) aussi que vous jouez et esbatez de foiz a foiz a la paume, avoir des ars, des fleiches, qui sont jeux honnestes et dont les corps par raison en vaillent mieulz..." (LA SALE, J.S., 1456, 58). Et, après disner, les mena au bois de Vincennes esbatre et chasser aux dains dedens le parc dudit bois, et après s'en revint chascun en son hostel. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 101). Incontinent chascun se mist aux champs Pour batailler et non pas pour s'esbatre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

b)

[Promenades, balades, voyages] : LA MÉRE ANTHURE. (...) Au mains alons nous deux esbatre Ou que ce soit. ANTHURE. Chiére mére, ne vous ennoit, Je ne me quier mouvoir de ci. (Mir. st J. Cris., c.1344, 255). En vergier, en la pommeroie Qui a l'ostel Joachin roie, Nous aliens l'autre jour esbatre, L'air querir, la rousee abatre. (MACH., C. ami, 1357, 9). Il n'a pas un an que j'estoie En un lieu ou je m'esbatoie, Qui estoit d'arbrissiaus couvers Par tout, et si estoit tous vers, Biaus et jolis et gracieus (MACH., Voir, 1364, 42). Sire, j'ay esté vraiement En Alixandre longuement Prisonniers ; mais je m'esbatoie Parmi la ville où je voloie. Si vous diray la vérité Dou païs et de la cité. (MACH., P. Alex., p.1369, 61). En ce temps vint en pourpos et en devotion au roy de France qu'il iroit en Avignon veoir le pape et les cardinaus, tout jeuant et esbatant et visetant la ducé de Bourgongne qui nouvellement li estoit escheue. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 77). Et puis le mena messires Jehans Chandos jewer et esbatre parmi Saintonge et parmi Poito, et veoir le bonne ville de le Rocelle, où on li fist grant feste. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 97). En ce temps vint en pourpos et en devotion au roy de France qu'il iroit en Avignon veoir le pape et les cardinaus, tout jeuant et esbatant et visetant la ducé de Bourgongne qui nouvellement li estoit escheue. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 77). Et puis le mena messires Jehans Chandos jewer et esbatre parmi Saintonge et parmi Poito, et veoir le bonne ville de le Rocelle, où on li fist grant feste. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 97). Je vous pri, alons nous esbatre Vers son hostel [de sire Andri] (Mir. march. juif, c.1377, 198). ...le jour Saint-Berthelemy darrenierement passé, au soir, ainsi qu'il venoit des champs esbatre, et qu'il vouloit entrer en sa maison pour soy coucher, vit et aperçut Jehan Eustace l'aisné (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 407). Gieffroy envoya la teste du jayant a Remond, son pere, par deux de ses chevaliers. Et Gieffroy s'en va entretant esbatant par le pays, ou on le recoipt liement, et lui fait on moult de riches presens. (ARRAS, c.1392-1393, 248). Pour ses ennuys assouagier, S'en vait esbatre en un vergier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 267). Car ainsy qu'aloye esbattant, De la terre les fleurs yssoient A l'environ hault et bas tant Que toutes choses flourissoient (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 60). ...et le matin feignant d'aller esbattre quatre ou cinc jours par pays, monta à cheval et s'en alla de belle tire en Flandres, et s'en vint à Lille (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 22). Beaulx enfans [les enfants perdus], vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau ; Mes clercs pres prenans comme glus, Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau, Car pour s'esbatre en ces deux lieux, Cuidant que vaulsist le rappeau, Le perdyt Colin de Cayeulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

 

-

[D'un enfant qui apprend à marcher] "Bouger, faire quelques pas" : MEDUSA (nourrice). Aprestez moy le charïot Pour aprendre aler monseigneur ; I l admende fort en grandeur Et si ne va ne champ ne voye. SABINE. Ma maistresse, en pensé l'avoye ; Le vecy ja tout apresté. Sire, trop avez arresté ; Il vous fault esbatre ung petit. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 107).

 

-

[Danse] : HERODE. Gardez se gentement s'esbat [Salomé] ! Esse bien sailly a devis ! Que vous en semble ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 163).

 

2.

"Se divertir, se distraire, passer le temps agréablement, se détendre, se délasser (par des jeux, dans une fête, en compagnie amoureuse...)" : Nous yrons (...) A l'evesque, sanz attendue, Compter son fait [de l'abbesse] et son estat, Conment se deduit et esbat, Et en quel guise se maintient (Mir. abbeesse, 1340, 74). Et si a des enfans aisans, Trés paisibles et appaisans, Et si se jouent et esbatent, Mais de parler po se debatent. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). En la fin j'alai congié prendre, Mais Monsigneur me fist attendre Contre mon gré .III. jours ou quatre Pour solacier et pour esbatre. (MACH., Voir, 1364, 326). Or nous fault maishui faire feste Et nous esbatre. (Mir. Oton, c.1370, 337). Et telz gens esbatans se monstrent delictables as tyrans en ce que les tyrans appetent et desirent et les tyrans ont mestier de teles gens. (ORESME, E.A., c.1370, 516). ...et à un soir, en l'ostel où pend l'enseingne de l'Espée, ouquel elle avoit acoustumé d'aler jouer et esbatre bien souvent avec les filles et chamberieres dudit hostel, pour ce que elle estoit leur voisine (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 125). ...et d'icellui hostel, après ce qu'il ot prinses icelles tasses et saliere, se parti sanz commander aucunes des gens dudit sire de Roussay, qui s'esbatoient aus feux devant la maison d'icellui, à Dieu, ne leur dire aucune chose. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 135). Dont tous, esmeux contre le ventre, firent conspiracion contre lui : que jamais ne lui admenistreroient riens ; car quant il estoit saoul, il ne faisoit que dormir, reposer, esbatre et sollassier nuyt et jour (LA SALE, Sale D., 1451, 185). ...se mist (...) sur une balochouere, et la s'esbatoit et estoit plus aise que ung roy. (C.N.N., c.1456-1467, 483). ...je vois pour esbatre et passer temps doulcement (C.N.N., c.1456-1467, 550). AFFRICQUEE. Venez ça, venez muselet, Venez et faictes bonne chere. Je voys jusques ches ma commere Pour passer le temps et esbatre. (P. Jouh. D.R., a.1488, 25).

 

-

"Se soulager (aux lieux d'aisance)" : Sy grand detresse M'est venu empongner sy fort Au petit ventre, que nul confort Trouver ne puys. Y fault d'un traict M'aler esbatre à mon retraict, Afin que mon mal s'amolice. (Retraict T., c.1490, 234).

 

-

S'esbattre à un jeu : Il me fault trop souvent debatre ; Si me vouldroie un pou esbatre Avecques vous, s'il vous plaisoit, A quelque gieu ou l'en congnoit, Au drinquet a deux ou rois dez Ou a un autre (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 164). LE MARQUIS. (...) Et [après mon mariage] me fauldra mes jeux abatre, Auxquels je me soulois esbatre. (Gris., 1395, 14). Li cevaliers (...) mena mesire Carle de Blois en Engleterre et le mist ens ou chastiel a Londres avoecques le roy David d'Escoce ; et la jeuoient ils et s'esbatoient as escés et as tables. (FROISS., Chron. D., p.1400, 819). ...Veillez le icy toute la nuyt [Jésus] Et, affin qu'il ne vous ennuyt, Esbatez vous a quelque jeu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 263). TESTE LIGIERE. Il est aux champs avec les filles. SOCTE MINE. Il s'esbat voulentiers aux billes. TESTE LIGIERE. C'est ung jeu qui est triumphant. (Sots, c.1480-1500, 267).

 

-

S'esbattre de qqc. (avec qqn)

 

.

[D'un instrument de musique] "Se détendre en jouant de" : Phebus l'amoit [le corbeau] moult chierement Et y prenoit esbatement Plus qu'en son arson n'en sa harpe Dont il s'esbat souvent et harpe. (MACH., Voir, 1364, 686). Quant le roy et la royne eurent festoié leur filz, la royne dist : "Nestor, beau filz, est ce vostre escuier qui s'esbat illecq de la harpe ?" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 350). ...après disner s'esbatoit voluntiers de la harpe. (C.N.N., c.1456-1467, 279).

 

.

[De paroles] "Prendre plaisir à échanger des paroles avec qqn" : Ensi se esbatoit de parolles li dis messires Charles de Blois à ce Henri, et dont à l'un et puis à l'autre, et passèrent ses gens celle nuitie moult aisiement (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 159).

 

-

S'esbattre à/de + inf./inf. subst.

 

.

"S'amuser à, prendre plaisir à" : Car tuit li autre assez longnet Estoient mis en un congnet Et s'esbatoient bonnement A jouer au "Roy qui ne ment". (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Droitement sus l'eure de prime S'esbatoit une damoiselle Au lire .I. rommanc. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 68). LUCIFER. ...Chascun de vous preigne sa grappe Affin qu'il ne vous escappe Et frappez, rompez et batez. A le meurtrir vous esbatés Et verrés comment en ira Et si tousjours il begnyra Son Dieu en qui est sa fyance (Pac. Job M., c.1448-1478, 324).

 

.

"S'employer à, tâcher de" : Ça, mes gens, chargez ces batons. Il fault que nous nous esbatons D'aler le grant pas et ygnel Dessus le prevost criminel (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 283). Bref, il s'esbat A corrumpre nostre sabbat. Il garist sours, demonïacles Et faict cent mille telz miracles (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 321). ...je m'estoye esbatu D'apporter ob moy une esponge. Il ne fault sinon qu'on la plonge En ysope amer et fort fiel En lieu de doulceur ou de miel (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 416).

 

-

En partic. "Plaisanter, s'amuser" : ...tout jouant, riant et esbatant, prindrent toutes ensemble homme et bahu, et l'emporterent (C.N.N., c.1456-1467, 185). ...il estoit ung soir avec ses gens, après souper, devisant et esbatant avec eulx (C.N.N., c.1456-1467, 428).

 

3.

P. euphém.

 

-

(S)'esbattre. "Se livrer à des jeux, des ébats amoureux" : ...Perrot le Roy, Jehan le Pole, fussent alez (...) pour eulx esbattre en l'ostel d'une femme commune, appellée Mahault (Ch. VI, D., t.2, 1382, 228). Or s'esbate, de par Dieu, Franc Gontier, Helayne o luy, soubz le bel esglantier ; Se bien leur est, cause n'ay qu'il me poise, Mais quoy que soit du laboureux mestier, Il n'est tresor que de vivre a son aise. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 118). LE GENTIL HOMME. A ! ma plaisante vignette, Pendant que Naudet n'y est point, Je m'en vois mettre en beau pourpoint Affin que mieux nous esbatons (Gent. Naudet T., c.1500, 275).

 

.

S'esbattre l'un avec l'autre : Chelle nuit onques ne dormirent Li vrai amant, ains s'esbatirent L'un avoec l'autre jusc'au jour (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 282).

 

-

S'esbatre (au métier de la bête à deux dos). "Pratiquer l'amour" : ...luy estoit et fut defendu le mestier de la beste a deux doz, doubtant, s'il s'i esbatoit, qu'il y despendroit sa chevance. (C.N.N., c.1456-1467, 132).

 

-

S'esbattre avec qqn. "Avoir des relations sexuelles avec qqn" : ...ilz se partirent et vindrent boire en ladite ville de Fresnes, en un jardin d'icelle ville, acompaigniez d'une jeune fille par eulx trouvée au dehors d'icelle ville de Rungy, ouquel jardin ilz se esbatirent avec icelle fille, tous et chascun d'eulx, jusques environ heure de minuyt (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 236). ...dimenche derrenierement passé, environ heure de vespres, il ala en Glatigny en la chambre d'icelle fille, et illec s'esbati avec elle. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 387).

 

-

S'esbattre ensemble charnellement. "Avoir commerce charnel ensemble" : ...ledit suppliant appercut lors que c'estoit Jehan Pinel, son voisin, duquel et de sa femme avoit esté parlé et murmuré que iceulx Pinel et sadicte femme s'esbatoient aucunes foiz ensemble charnelment (Ch. VI, D., t.2, 1408, 211).

B. -

Empl. trans. Esbattre qqn

 

1.

"Divertir, amuser qqn" : Ma trés souveraine dame, je vous eusse porté mon livre pour vous esbatre, ou toutes les choses sont que je fis onques (MACH., Voir, 1364, 188). Et je respondi par tel rime Et par tel mettre comme il rime ; Et si ai fait les chans a .IIII. Pour elle deduire et esbatre (MACH., Voir, 1364, 586). J'ai de columbiaus une paire Qu'alai l'autrier d'un ny[t] abatre ; Ceulz auras pour ton corps esbatre. (MACH., Voir, 1364, 638). Il [ce fol] nous a grant piéce deduit Et esbatu. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 50). Et, mesmement, fist faire fontaines et jardins de plaisance entour la dicte maison, lesquelz estoient enclos avecques le dit logis, tout pour rejouir et esbatre le dit jeune escuier, lequel devoit estre enclos et gardé dedans la dicte maison. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 87). D'autres bastons a feu grans et petiz, Qui ne sont pas pour esbatre apprentiz, Elle [une nef] portoit environ quatre cens (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

[D'une prostituée] "Amuser, divertir qqn par des jeux amoureux" : ...Guillette la Damoiselle, qui lors estoit coustumière de tenir et avoir en son hostel, à Rouen, fillettes amoureuses pour esbatre les compaignons. (Ch. VI, D., t.2, 1382, 236).

 

-

Esbattre le/son corps. "Donner de l'exercice à son corps" : J'ai depuis tamainte journee Alé aux camps mon corps esbatre (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 67). "...Et sachiés que jeune chevalier ne doit sejourner a esbatre le corps selon son pooir. Si en veux assaier m'aventure, s'il vous plaist." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 62).

 

2.

"Calmer, soulager qqc." : Pour le corout du duc esbatre Respondit tantost un des quatre : "Sire" dist il, "or ne t'esmaies Ne de ce plus de douleur n'aies..." (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 80).

C. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui aime s'amuser, de compagnie agréable" : Or y a enfans esbatans, Gais, gens, jolis et embatans, Amoureus, dous et amiables Et en tous leurs fais aggreables, Si pleins de debonnaireté Qu'il ont a chascun amité Et ne se scevent adrecier Nulle fois a euls courrecier, Ne jouer de gieu deshonneste, Et se font adès joie et feste. (MACH., D. Aler., a.1349, 242). La m'arestai .V. mois ou sis Et fui jolis et esbatans, Liés, envoisiés et embatans En tous deduis, en tous depors, En toutes places, ens et hors, Ou je pooie avoir raison D'estre et d'aler pour le saison. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 53). ...il estoit preu, saige, courtois et charnel a son seigneur et a ses amys, doulz, debonnaire et esbatant en toutez bonnes compaignies. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 174). Quoy que jeunes [mes deux pauvres clergeons, deux vieux chanoines de Notre-Dame] et esbatans Soient, en riens ne me deplaist : Dedens trente ans ou quarante ans Bien autres seront, se Dieu plaist ! (...) Car enffans si deviennent gens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 107). Tant qu'aurons au monde duree, Joyeulx et esbatans serons (P. moyne, a.1500, 45).

 

-

Empl. subst. "Celui qui s'amuse" : Mais, quoy, il te fault endurer Et rire avec les esbatans. Ung mal ne peut tousjours durer : Après la pluye le beau temps. (Livre fauc. M.R., c.1500, 306).

 

-

Loc. adv. (Tout) esbattant. "Rapidement" : "Chier sire, il me sambleroit bon que vous et moy montissions a cheval et que tout esbatant nous alissions sur le rivaige..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 124). Allés au lieu ou il appert Que ces seigneurs sont expectans : Amenés les, le jour se pert, Revenés ensemble esbatans. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 73).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

Fermer la fenêtre