C.N.R.S.
 
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     VRAIMENT     
FEW XIV *veracus
VRAIMENT, adv.
[T-L : verai (veraiement) ; GDC : veraiement ; DÉCT : veraiement ; FEW XIV, 274a : *veracus ; TLF : XVI, 1365b : vraiment]

A. -

[Comme adv. de manière]

 

1.

"De manière vraie, conforme à la vérité, à la réalité" : ...je y vy moult et grandes merveilles, lesquelles je puis vrayement raconteir. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 2). À toutes ses paroles respondirent les ambassadeurs saigement et vraiement, tant que les seigneurs s'en contentèrent (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 245). Le sage medicin, vrayement du cas de madame informé tant par son urine comme par la relacion de la religieuse, voulut ordonner le regime. (C.N.N., c.1456-1467, 139). Suivés Jhesus, car il est filz De Dieu le Pere vrayement, Né de vierge sa bas vivant Pour mourir a nous donner vie. (Pass. Auv., 1477, 87).

 

-

Si vraiment que : ...son seellé, lequel contenoit de rendre le filz du seigneur du Chastel (...) sy vraiement que il [le seigneur] fust secouru (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 9).

 

2.

"Dans la réalité, réellement" : Ecuba li avoit fait faire Pour esbatre et apenre a traire, Et il fu archiers vraiement Tres bons, se l'istoire ne ment (MACH., F. am., c.1361, 210). Dont li gentils roys amast mieux Qu'on li eüst crevé les yeux, Et que mais n'afulast heaume, Ou avoir perdu son royaume, Ou tantost mourir vraiement Qu'il leur acordast telement, Et qu'a toute peinne s'offrist Qu'en son royaume les souffrist. (MACH., P. Alex., p.1369, 204). Et puisque les deux opinions dessus dis ne plaisent pas et ne sont pas veritables, donques convient il dire que ce qui est par soy bien et qui est bien vraiement et proprement, tele chose est simplement et selon verité voluntable. (ORESME, E.A., c.1370, 194). Et est plus et plus vraiement le ciel en Dieu qui tout contient que Dieu n'est ou ciel, et aussi comme l'eternité de Dieu ne depent de quelcunque duracion successive, semblablement le immensité de Lui ne depent de quelcunque extension, dimension ou distance local, mais tout depent de Lui, car Il est cause de tout par sa pure, franche volenté : Omnia quecumque voluit, fecit. (ORESME, C.M., c.1377, 284).

 

-

[Au comparatif] : ...car aussi comme celuy aime miex un hostel qui aime le seigneur que celuy qui aime le vallet, semblablement celui aime miex et plus vraiement soy meïsmes qui aime la partie intellective que celui qui aimme la sensitive. (ORESME, E.A.C., c.1370, 479).

B. -

[Comme adv. confortant une affirmation]

 

1.

"En vérité, assurément, effectivement, vraiment" : Il a huy un moys vraiement Que l'ennemy le m'ottria. (Mir. enf. diable, c.1339, 16). Et vraiement, Tant fu belle, que je croy fermement, Se Nature qui tout fait soutilment En voloit faire une aussi proprement, Qu'elle y faurroit (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72). LE VALLET. Sire, voulentiers vraiement Alez, de par Sainte Marie, Devant (Mir. enf. ress., 1353, 4). LA DAME. (...) Que senz je qui se remue En moy si fort, et qui si boute ? Vraiement je ne fas point doubte ; C'est enfant qu'ainsi sanz mouvoir. (Mir. enf. ress., 1353, 8). PREMIER SERGENT D'ARMES. (...) Alez arriere, sanz delay, Ou vraiement je vous ferray (Mir. enf. ress., 1353, 18). Or, a Dieux huy donné que j'ay trouvé et encontré une routte de bien vaillans, car vrayement aux armes ilz nous ont donné assez à faire. Toutesfoiz la place nous est demourée. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 200). Et se party la dame des autres, et vint a Remondin, et lui dist : Sire, vous soiez ly tres bien venus, comme la creature du monde que je desiroye plus a veoir. Ma chiere dame, grans mercis, car vrayement il m'est ainsi de vous. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Ha ! Monsigneur, ne le creés pas, car vraiement vous estes de ce mal enfourmés (FROISS., Chron. D., p.1400, 485). Il n'est pas sire de son païs, qui de ses hommes est haïs. Et de les tenir en amour, vraiement ne pourroit faire plus grant sens se a droit veult estre nomméz seigneur (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 71). Ad ce Tullez respont et dit que vraiement les princes et seigneurs puent commander et doivent estre obeïs ; mais c'est assavoir es choses raisonnables (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 15). Les maistres d'hostel dirent que vrayement ilz ne faisoient chose que monseigneur n'eust commendé (C.N.N., c.1456-1467, 83). ...[il] luy va dire que le païs de Barrois desja luy desplaisoit, et que vraiement Brabant est toute aultre marche (C.N.N., c.1456-1467, 175). Et je luy pardonne vrayement, dist il lors, et l'en clame quicte (C.N.N., c.1456-1467, 400). Honnestes [les fillettes] si furent vrayement, Sans avoir reprouches ne blasmes. Sy est vray qu'au commencement Une chacune de ces femmes Lors prindrent, ains qu'eussent diffames, L'une ung clerc, ung lay, l'autre ung moyne, Pour estaindre d'amours les flasmes Plus chaudes que feu saint Anthoyne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 61). ...[ceux] que l'oyent [la parole de Dieu] sont benis La gardent en faiz et en ditz, Je t'en asseure vrayement. (Pass. Auv., 1477, 166).

 

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[Avec cuider] : Le [prieur], du dos du cousteau, fiert au col de l'yvroigne ung grant et pesant cop, et a terre l'abbat bien rudement. Mais vous n'avez garde qu'il se relieve, mesmes cuide vrayement estre en paradis. (C.N.N., c.1456-1467, 63). La simple femme, tresesbahie, soupprinse aussi et a demy ravye, cuida vrayement et de fait que Dieu luy envoiast ce message. (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...[elle] luy demanda dont luy venoit ceste paour. Et il luy compta et dist que vrayement il cuidoit estre deceu. (C.N.N., c.1456-1467, 280).

 

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[Avec savoir] : ...il n'avoit pas si peu leu et veu en son temps qu'il ne sceust vrayement que correction n'a point de lieu a femme de tel estat. (C.N.N., c.1456-1467, 310). Vous m'avez dit que vous estes seur et savez vraiment que, vous absent, je ne me pourroye contenir (C.N.N., c.1456-1467, 565). LE PERE. Or ça, mon filz, vous sçavez vrayement Ce que nagueres m'avez icy promys : Voulez vous pas partir soubdaynement A celle fin qu'en estat soyez mys ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 190).

 

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[Avec sembler] : "...Par ma foy, monseigneur, dit elle, il est assez grand. - Il ne le me peut sembler vraiement, dit il, et le regardez bien..." [D'un coffre à habits] (C.N.N., c.1456-1467, 184). ...quand il l'eut grandement advisé, il luy sembloit vrayement que c'estoit celuy qu'il avoit perdu [D'un diamant] (C.N.N., c.1456-1467, 392).

 

2.

[Pour renforcer une affirmation] "En vérité, franchement, sans mentir" : Se ce ne faites, vraiement, Je vous en tenray pour trop fol. (Mir. abbeesse, 1340, 100). Sire, vraiement je le croy Et le confesse. (Mir. emp. Julien, 1351, 208). Sire, voulentiers vraiement. (Mir. prev., 1352, 268). Il dit voir, sire, vraiement. (Mir. st Panth., 1364, 358). Bien dites, sire, vrayement (Gris., 1395, 9). "...si vous vous voulez mettre en mes mains (...) par droit vous en devrez estre content. - Et vrayment, dit maistre curé, c'est bien dit." (C.N.N., c.1456-1467, 404). Je n'ay pas trouvé telle foy En tout Israël vrayement. (Pass. Auv., 1477, 129). LE JUIF [à saint Nicolas]. (...) je te supply Qu'avec toy soye finablement, Car vrayement, Seurement De Dieu te tiens ung vray amy. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 156).

 

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[Avec oui] : Mon seigneur, oil vraiement, N'en doubtez goute. (Mir. chan., c.1361, 158). "...Et dictes vous, musnier, que l'avez apperceu ? - Oy, vrayement..." (C.N.N., c.1456-1467, 46). "...et vous, mesdamoiselles, qui tant bien procurez pour luy, vous prendrez bien la peine de les coudre. - Oy vrayement, oy, madamoiselle." (C.N.N., c.1456-1467, 189). "...Est ce, dit il a sa seur, celuy dont vous m'avez parlé ? - Oy vrayement, mon frere, dit elle..." (C.N.N., c.1456-1467, 360).

 

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[Avec voire] : ...Mon pére voire vraiement Quant est de m'ame au sauvement. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 278). "Et a ce esté songe, dit il, de ceste poignée de verges que j'ay usée sur vous n'a pas deux heures ? - Sur moy ? dit elle. - Voire vrayement, sur vous, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 266).

 

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[Avec vrai] : Vrayement, madamoiselle, dist il, vous dictes vray, et j'ay bien cause d'estre mal content et desplaisant. (C.N.N., c.1456-1467, 231). "...Qu'en dictes vous ? dit la damoiselle. - Vrayement, damoiselle, il est vray," dirent ilz. (C.N.N., c.1456-1467, 371).

 

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[Avec non/nenni] : "...Helas ! comment ? dit elle ; est il noyé ? - Nenny vraiement, dist il ; mais il est vray que fortune de mer par force nous mena en ung païs ou il faisoit si chault que nous cuidions tous morir par la grand ardeur du soleil..." (C.N.N., c.1456-1467, 130). "Et comment se peut il faire ? dist le mary ; vous n'estiez pas grosse a mon partement. - Non vrayement, dit elle, que je sceusse..." (C.N.N., c.1456-1467, 127).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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