I. -

Subst. masc.

A. -

DR. FÉOD. "Homme noble (souvent investi d'un fief) qui a prêté hommage à un seigneur, son suzerain, et qui, de ce fait, lui doit fidélité et services" : Se li rois en fut liez et tuit sui enemy, Si ami, si parent n'am firent joie my Ne cil noble versaul li plus ancïeneur (Gir. Ross. H., c.1334, 174). ...les dictes cité et chastel de Poitiers, terre et païs de Poitou, avec les appartenances et appendences d'icelles, en saisine et proprieté, et d'icelles nous desvestons et desaisissons, et en vestons et saisissons nostre dit frere, et les transportons en lui avec tous les fiez, jurisdicions, seigneuriez, hommagez, vassaux (Doc. Poitou G., t.3, 1361, 313). Et certes, selon la Loy civile, et selon raison, le vassal qui ne fait le service que il doit a son seigneur, doit perdre le fié (Songe verg. S., t.1, 1378, 35). Le vassal qui ne recognoit le fief tenir de son seigneur le doit perdre et en doit estre privé. (Songe verg. S., t.2, 1378, 57). Il [le seigneur] prendra, s'il lui plaist, les terres toutes semées, ou point qu'elles seront ; mais il sera tenus de les rendre et paier à son vassal, fraiz et semences tant seulement, sanz prisier fumeures (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 215). ...sur pluseurs rebellions (...) fais contre le Roy nostre Sire et sa souverainneté, dont est ledit duc vassal et homme lige (BAYE, I, 1400-1410, 321). ...faire desobeissance au Roy nostre souverain seigneur, qui est le plus grant mal que un vassal et subgiet puist faire à son seigneur (FAUQ., I, 1417-1420, 31). ...le Roy, estant à Provins, pourra avoir plus aiseement secours de ses vassaulz, subgiez, aliez et bienveuillans que s'il estoit en la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 237). Item, tieng encore et advoue a tenir de ma predite dame très redoubtée, comme son vassaut, a cause de son chastel de Warc, la moitié d'ung autre fiex (Trés. Reth. L., t.3, 1422, 54). ...et les Alemans aussi firent guerre et y ala le roy Loys pour les combatre, et ce pendant le roy d'Engleterre vassal du roy vint faire guerre en France en commettant infidelité, mais le bon conte de Montfort Amaurry le rebouta (JUV. URS., T. crest., c.1446, 85). ...que le seigneur feodal, c'est assavoir le roy, puisse par telz abbus appliquer a soy le droit de son vassal il n'y a apparence, ne que le vassal pourroit faire sur le seigneur (JUV. URS., Verba, 1452, 347). ...qui fut chose moult estrange à lui de ainsi faulser sa foy et soy ainsi abaisser de delaisser la propre fille ainsnée du roy, son souverain seigneur, pour cuider avoir et prendre la fille dudit de Bourgongne, subject et vassal du roy (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 266). ...le prince a le ressort et la suzeraineté nuepment et sans moyen en cas d'appel et autrement de ses vassaulx qui tiennent nuepment de luy (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 202). Et en ce temps vint Jehan, conte de Virtemberg, veoir le duc, pour reprandre de luy la conté de Montbeliart, dont il estoit son homme et son vassal, à cause de sa conté de Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 53). Et fut mandé de par le roy aux seneschaulx, baillifz, chefz, cappitaines de guerre, noblez, vassaulx, bourgois et habitans des bonnes villes desditz pays obeïr, donner ayde et faveur à sondit lieutenant general, tout ainsi qu'ilz feroient à luy s'il y estoit en sa personne, ainsi qu'il estoit contenu au mandement à luy baillé, dont la teneur s'ensuyt (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 225). Et, oultre, nous transporta les prevostez de Vymeu, Feulloy en Beauvoisin en tous tels drois que les autres villes et terres dessus dittez, desquelles il nous fist bailler et delivrer la possession, en quitant et dechargant tous les vassaulx et autres subjectz d'icelles villes et terres des fidelités et sermens qu'ilz avoient à luy, en leur mandant de nous faire les sermens et fidelités et nous estre bons, vrais et obeissans subjectz, ce qu'ilz ont fait, tant à la personne de noz commis ambassadeurs que à nostre personne. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 258).

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Vassal lige : ...nous cognoissons et confessons estre homme et vassal lige dudit Philippe de Bourgongne, pour nous et nos hoirs (Trés. Reth. S.L., t.2, 1407, 542). Et après, sans intervalle, ce duc fit au roy ung autre hommage pour son conté de Montfort ; pour lequel il confessa estre son homme et vassal-lige. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 248-249).

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[P. anal., dans un contexte non féodal] : Malicieux font pis que les dyables ; De malicieux vienent tous maulx. Toutesfoix ilz sont fort agreables Es princeps et a leurs vassaulx. Herodias le monstre en ses saulx. (Pass. Auv., 1477, 111).

B. -

P. ext. [Proche de valet1]

1.

"Chevalier (en partic. en apostrophe)" : Tantost que Maligans choisi Aigres, li cuers lui enfla d'orgueil et de felonnie, et s'escria par grant aïr : "Vassal, vassal, mal avez parlé a m'amie ne conseillé sanz mon sceü, car vous en recevrez mort, et tres bien, par ma foy, l'avez desservy." (Bérinus, I, c.1350-1370, 272). Et quant Aigre vit mort le cheval, si dist au chevalier : "Vassal, or vous relevez tout par loisir, car je ne sui pas si oultrageux, que je vous assaille en gisant, ne ce ne seroit pas mon honneur, se en telle maniere vous occioie." (Bérinus, I, c.1350-1370, 277). Se cestui Achars estoit gloux et traïstre, il lui venoit d'estracion, car tout son linage en avoit usé et usoit de maintenir traïson, et nonpourquant le fel cuvert traïstre n'avoit cuer ne hardement du vassal assaillir en devant ne en derriere, ains estudioit et pensoit tousjours comment il le pourroit engigner et destruire (Bérinus, I, c.1350-1370, 320). Longuement se combatirent les deux vassaulx, qui moult estoient fiers et de grant courage, ne l'un ne vouloit plain pié fouir pour l'autre (Bérinus, II, c.1350-1370, 144). L'avantgarde mena Rolant le niés Karlon A .XX. mille vassaux, tous de gens d'eslichon. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 392). Sire, comment a non ce vassaul signouris ? (Hugues Capet L., c.1358, 128). Lors [Mélusine]se part des autres et vint a Remondin et print le frain du cheval, et l'arreste tout quoy en disant : Par ma foy, vassaulx, il vous muet de grant orgueil ou de grant niceté de ainsi passer par devant damoiselles sans les saluer, combien que l'orgueil et la niceté puet bien estre en vous tout ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Or dist l'ystoire que les deux barons, qui furent de noble cuer et de haulte puissance, s'esloingnent l'un de l'autre, et joingnent les targes contre leurs pitz, et brandissent leurs lances, et estraingnent les costez, et s'embronchent les chiefs es heaumes, comme vassaulx duiz du mestier d'armes, et laissent courre les chevaulx tant comme ilz pevent. (ARRAS, c.1392-1393, 231). Par Dieu, vassaulx, ne monstrez mie Que soyez de noble lignie, Quant devant nous trois trespassez Et sans mot dire oultre passez. Ce n'est pas fait de gentillescë. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 124). LE DEBAT DU HERAULT, DU VASSAULT ET DU VILLAIN (CHART., D. Her., p.1415, 421). Si vous asseure que voz nobles chivaliers et vassaulx que veez cy (...) vous ont tresgrandement servi a ceste guerre et s'y sont moult vaillement portés (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 63). Vassal, ce dist Gerart, je te dy que se tu es tant hardy de moy ozer combatre je te feray une parture telle que, se tu me peulz vaincre ou ochir, je te feray baillier bons hostages de toy livrer le chastel et la damoiselle pour en user a ton plaisir (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 42). Ne devroit estrë oublïez Le noble vassal Erculés, Qui estoit a tant grant relés Comblé de toute hardïesse, De force et de toute prouesse, Que qui vouldroit tout raconter Long seroit son cas a conter (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 166). [Le geant Corfus à Jason :] "Vassal, tu m'as fait la plus grant honte qui me peust advenir. Or te garde le mieux que tu porras ! Se le deable ne t'emporte, je te fourdroieray de mon espee, buveray ton sang et mengeray ton cuer ou despit du doeil que tu as mis au mien." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 143). Olivier va respondre et dist : "Syre, je me nomme Engivetz, filz a ung vassal de pouvre lignaige..." (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 71). Jacquet de Lalaing (...) baissa sa lance et férit le destrier roüan de l'esperon, lequel, comme un foudre, accourut par telle force que les deux vassaux rompirent leurs lances par telle vertu que les éclats en volèrent par-dessus les hourts des dames (Faits Lalaing K., c.1470, 55).

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[Dans une comparaison] : Comment que je soie assallis Nuit et jour de pluiseurs assaus, Mais je me deffench com vassaus Contre toutes temptations, Qui voelent mes ententions Muer ne tourbler ne cangier (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 41). Je suis monté comme ung vassal. Devant ! toute la compaignie. Mon cheval n'espargneray mye (Myst. st Laur. S.W., 1499, 273).

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P. métaph. Vassal de Dieu./Vassal de la croix : Et doncques tu, vassal de Dieu, de lui permis, n'es tu pas le restoreur, le repareur, le conforteur de toute France qui as mué guerre en paix (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 61). Mes princes et barons treschiers et bienamés, a Dieu de paradis je vous recommande et au merite de sa sainte passion et au glorieux vassal de la croix, qui vous soit en ayde ! (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 82).

2.

"Jeune homme" : ...en doi je estre blasmés, Se de tels vassaus enflamés Et apparilliés de tenchier Sçai les parolles retrenchier Par yauls aparler douchement ? (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 207). Quant Guyon oït ceste nouvelle, si a dit a la pucelle que il tenoit par la main : Damoiselle, pardonnez moy, car il me fault partir. Mais non contretant vecy vostre vassal a faire ce qu'il vous plairoit a commander. (ARRAS, c.1392-1393, 127).

3.

"Homme, individu"

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 211 (GD VIII, 150a) ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (vassal contre vassal "d'homme à homme, d'égal à égal").

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P. iron. "Individu" : Annas, vous estes mout courtois, Baillés en a chascun sa part, Et puis se nous montrés quel part Nous irons garder le vassault. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 236). ...ce vassal la nous cuide bien avoir en son ravetin (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 372).

II. -

Adj. "Vaillant, courageux, brave" : ...Et Biauté fine desdaingneuse, Honte dame, Paour maistresse, Et Dous Resgars en tele aspresse Fust qu'il ne me deingnast vëoir, Qu'encontre leur puissant pooir Fusse viguereus et vassaus Pour recevoir tous leurs assaus, Pour tout souffrir en pacience. (MACH., R. Fort., c.1341, 108). Si qu'il estoient si vassaus Es batailles et es assaus, Si hardi, si entreprenant, Si viguereus, si avenant Et si fier en trés tous fais d'armes Que les nouveles a leurs dames De leurs entreprises venoient, Dont assés plus chier les tenoient. (MACH., D. Lyon, 1342, 207). Li roys fu là preus et vassaus, Et tuit cil de sa compaingnie. Chascuns son compaingnon deffie De bien faire et de batillier, Pour les Sarrazins detaillier. (MACH., P. Alex., p.1369, 76). ...il est sages et soutils, Loyaus, preudons, nobles, gentils, Et sa gent hardis et vassaus En batailles et en assaus. (MACH., P. Alex., p.1369, 149). Et quant li gentils roys les voit, Tantost sot ce qu'à faire avoit. Moult vaillamment sa gent conforte, Moult les prie, moult les enorte Qu'il soient vaillant et vassal. Il appella son amiral Et li commanda qu'il descende Tantost, et qu'à bien faire entende, Car s'il fiert bien de bonne espée, Il dist qu'il li lairont l'entrée. (MACH., P. Alex., p.1369, 206). Le filz Thamaris, qui preschoit Ses gens d'estre preux et vassaulx... (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 204). ...si les a menez Un baron, qui Protheselaux Ot nom, moult preux et moult vassaulx (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 71).

Rem. T-L XI, 123 ; GD VIII, 150a.