C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     UN     
FEW XIV 55b unus
UN, art., num.
[T-L : un ; GD : le/un3 ; AND : un1 ; FEW XIV, 55b : unus ; TLF : XVI, 792a : un1/un2/un3/un4]

I. -

[Article de l'indétermination ou de l'indéfinition ; nominal correspondant]

A. -

[Article de l'indétermination ou de l'indéfinition]

 

1.

[Article de l'indétermination (le locuteur présume que l'objet en cause, dont c'est dans le discours la première évocation, n'est pas identifiable par le locuteur parmi les objets de même nom)] "Un certain" : ...la teneur d'un arrest ou jugié donné en la court du roy noseignieur pour les diz religieus contre le dit abbé (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 15). Et en un autre lieu dudit parrochage estoit assis un arpent de terre en ladicte Cousture Sainte Marguerite, tenant aus murs de l'ostel du Coudray qui estoit aus dictes religieuses, ou quel arpent les diz religieus prenoient toute la disme. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 107). S'alai einsi moult longuement, Sans issir de mon pensement, Tant que vi un trop biau jardin Qu'on claimme le Parc de Hedin. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). Je me nomme Garin et fus nez de Pierregort, filz d'un homme qui se disoit Josuer (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 41).

 

-

[Devant un adj. poss. (de forme toniuque ou atone)] : ...frére, qui estes partans Les biens Dieu, vous orrez par temps Des nouvelles d'un vostre amy. (Mir. enf. diable, c.1339, 42). Honoré, soies bauz et liez De par la royne honnorée, Qui veult que ta manne doublée Soit, si la t'envoie par my, Pour partir a un sien ami, Qui par cy assez tost venra (Mir. enf. diable, c.1339, 42). Un mien cousin me vint veoir (Mir. abbeesse, 1340, 64). Un mien sergent loyal et fin... (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Sez perez, qui avoit non Spurius Lucretius, avecquez un son ami apelé P. Veler... (BERS., I, 1, c.1354-1359, 58.6, 97). Sire, vous avez une fille Dont Dieu vous face pére lié, Laquelle, sur ce conseillié, Pour un nostre ami requerons Par mariage (Mir. chan., c.1361, 154). Un tien servant ochi veras (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 43). ...et, comme j'ay dit, a fin que leurs exemples ne soient estrangees ou, comme fausses, oubliees et despitees, Constantin de nostre loy crestienne, Theodosius, Justinien, Leon et les autres trescrestiens princes ont eu pooir de bien aprendre et entroduire un nostre prince crestien du temps present. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 64). ...un leur manoir et ses appartenances, assis en ladite ville des Essars (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1376, 464). En cel angle la voy assis Un nostre servant, Alexis, Qui la s'est tenuz si long temps Qu'esté y a dis et set ans, Pour nous servir plus humblement Et de cuer plus devotement (Mir. st Alexis, 1382, 337). ...a ouvert un leur coffre, et en ycellui a prins plusieurs aneaux d'or et autres choses (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 195). Noble et puissant roy, dist Remondin, il est bien verité qu'il a grant temps que un vostre predecesseur regna. (ARRAS, c.1392-1393, 56). ...et un sien frere plus jeune de lui (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1400, 776). ...après un mien volume appellé de la Mutacion de Fortune... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 7). Faictes nous tost venir, et sans point deslaier, Une nostre sujecte c'on dist qu'elle divine. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 79). Mais le grant bien que chascun d'eulz attendoit par le benefice de fortune, Daire seullement le gaigna par la subtillité d'un sien varlet, qui avoit nom Orbarès. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 30).

 

-

[Devant un adj. num. (gén. substantivé)] : Mais, par m'ame, nulle mercy N'aray de vous, n'en doubtez point, Que je ne vous mette en tel point, Se de ce la truis ynocent, Et fussiez aussi bien un cent Conme deux estes. (Mir. abbeesse, 1340, 79). Pour ce doivent estre flechis Voz cuers a tendre au bien commun, Car ne leur vauldroit tant comme un Cent mille autres (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 143). Que se vous esties surprenant, Suyvre vous pourroient en la ville Voz anemis, jusques dedans Et faire des maulx ung cent mille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 169). Et si avons pareillement Force vivres et artillerie, Que pour ung huit jours plainement Ceans ilz nous auront mie. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 339).

 

-

Un petit (de). V. petit

 

-

Un peu (de). V. peu

 

2.

[Article de l'indéfinition]

 

a)

[Rattache l'objet à une classe] "Un ... parmi d'autres de même nom" : Che n'est pas encore scienche, mais c'est ung desir de scavoir la doctrine de chaschune chose. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 83). Mort est ung sompne eternel (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 346). Vous n'estes pas venus en estat de preud'omme, mais d'ung traittour et de ung espieu. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 56). ...son mary est ung bon home qui a une tres grant amitié avecques elle et lui fait tous les pleisirs qu'il peut (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 49). Lentiscus est ung arbre qui rent huille (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140).

 

-

[Sous la forme uns, trace du cas sujet] : Et estoient les .III. pierres de moult grant dignité : li uns iert uns sardoines, li secons uns onicles et li tiers uns fin dyamans (Bérinus, I, c.1350-1370, 86).

 

-

[Sous la forme unes] "Quelques, des" : ...et y aura [chez le vieux cerf] au long des perches unes petites combeletes que on apelle goutieres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 158). La premiere chose que en ce cas doit fere le veneur, il doit savoir certainement par ou le cerf entre en l'eaue, et illec sus les routes giete unes brisiees et autres en pendant la endroit, affin que, si chienz ou chevaux emportoient celles de terre, que celles en pendant demuerent et qu'il y saiche rassener, quar il les verra de plus loing qu'il ne fera celles de terre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 206).

 

-

[Précédé de l'article le (l'objet est défini par son appartenance à une classe définie, mais indéterminé dans cette classe)]

 

.

L'un + subst. : Si commencièrent à... propose trettiés de pais entre l'un roy et l'autre (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 83).

 

.

Les uns + subst. : ...car les unes fins sont les operacions, les autres sont aucunes oeuvres ou choses faites hors les operacions ou façons (ORESME, E.A., c.1370, 103).

 

b)

[Opère un tirage aléatoire sur une classe] "Un ... quel qu'il soit" : ...il n'ot onques un villein pensement En nos amours. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). Ce sont dures choses pour ung roy et une dame aussy. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 61). Pour fere vin muscadet, prenez un fil de fer et le boutez en la moelle de la plante du sep (Hent. soutill. L., c.1466, 85).

 

-

[Avec une valeur générique (ce qui est dit est vrai d'un objet quelconque de la classe en cause, et cela donne à penser que c'est vrai pour tous)] : Car pour un cuer saouler Et soustenir, Plus querir Ne doit merir Qui aimme fort. (MACH., R. Fort., c.1341, 16). ...un grant cerf froye bien aucune foiz en petiz arbres (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 153). Et, se le veneur est en requeste, il ne li convient mie fere si grant maistrise come a un cerf, quar, come j'ay dit, un sangler ne fet point de reüses einsi que un cerf, si n'est pour demourer aux abaiz et atendre les chienz (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 232). Item , tant est ung cheval plus court, maistre Jehan, tant a plus fort eschine. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140). Par gloutonnie tout pechié S'ensuit et toute mauvaistié, Et pour ce, un chascun fuir La doit, et non pas ensuir (CH. D'ORLÉANS, L. péché C., 1404, 548). Se d'aventure, un homme bat sa femme enchainte ou la pile du pié, lors qu'elle enfantera, moult grant traveil en aura, et bien souvent les en couvient morir. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 87). Un homme qui femme prent par mariage doit savoir qu'elle ne soit nee sur jour perilleux, s' il n'en veult avoir povre joye. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 143).

 

-

[Précédé de l'indéf. tout] Tout un + subst. "N'importe quel" : Apres il monstre que tout un mouvement circulaire n'est pas contraire a tout un autre circulaire et par .II. raysons (...). (ORESME, C.M., c.1377, 92).

B. -

[En empl. de nominal indéterminé ou indéfini]

 

1.

[Précédé de l'article déf. (l'objet est défini par son appartenance à une classe définie, mais indéterminé dans cette classe)] Li uns./L'un./Les uns

 

a)

Li uns

 

-

[Comme sujet sing.] : Pren moy deus sëaus en un puis, Qu'assez bien comparer li puis : Li uns est pleins, li autres vuis (MACH., R. Fort., c.1341, 32). ...si qu'il avient, quant li uns dit aucune chose, il crïent ensemble tuit a une voix que ce est verité que il a dit (Bérinus, I, c.1350-1370, 62). Et estoient les .III. pierres de moult grant dignité : li uns iert uns sardoines, li secons uns onicles et li tiers uns fin dyamans (Bérinus, I, c.1350-1370, 86). Sire, fist don li uns des messagies, je vous dy que... (Bérinus, I, c.1350-1370, 105). Atant de là se departirent, Et en pluseurs pars se partirent, Car chascuns logier s'en ala, Li uns sà et li autres là, Li uns pis et li autres mieus, Près dou chastel, en pluseurs lieus. (MACH., P. Alex., p.1369, 149). Li uns vient presenter sa letre Et li autres lui vait promettre Que il le servira du tout (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 79).

 

-

[Comme sujet plur.] : Dont regarderent li uns Berinus et li autres le corps ouquel l'en trouva ce coutel (Bérinus, I, c.1350-1370, 100). Lesquelx parlerent li uns aus autres, et s'entredemanderent s' il avoient riens gaigné (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64).

 

-

[Opposé à l'autre, peut être sujet du singulier ou du pluriel] : ...ains se retrairent d'une part a un recoy, dont baisierent li uns l'autre plus de cent foiz et conterent de leurs besongnes ainsi qu'il estoit advenu a chascun. (Bérinus, I, c.1350-1370, 128). Il y a en ceste terre .III. rois, et heent li uns l'autre de mortel haÿne (Bérinus, I, c.1350-1370, 264). ...aucuns messages ne povoit venir de l'un ost a l'autre, si que li consul firent leur besoignez par plusieur jours sanz que il peussent savoir li uns de l'autre que il fesoient. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 43.4, 79). ...puis IIJ ou IIIJ ans a ou environ, ilz se acointerent li uns de l'autre en la ville de Saint-Quentin en Vermendois, fiancerent l'un l'autre, et depuis tousjours ont continuelment esté ensamble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 159). Et atendirent li uns l'autre en une place qui la estoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 117).

 

b)

L'un : Or couvient il par mainte guise Que je par quelque voie quiere Bon conseil en ceste matiere : A deux conseillier m'en vouldray, Dont a l'un mon fait escripray, C'est a mon vray loyal ami, Qui ara grant pité de mi (DESCH., M.M., c.1385-1403, 36).

 

-

L'un de : ...et par vertu du povoir a nous commis du roy noseigneur par ses dites lettres, vous mandons et commetons a chascun de vous que vous ou l'un de vous qui requis en serez metez ou faites metre la sentence parmi laquelle ces presentes sunt annexees... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 34). Gaind est li une des plus fortes villes dou monde (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 60).

 

-

[Opposé à l'autre] : Car selonc ce qu'Amours le vuet Deduire, il s'esjoïst ou duet, Et selonc l'estat de Fortune Qui les amans souvent fortune, L'un bien, l'un mal, l'autre a sa guise, Selonc ce qu'elle se desguise. (MACH., R. Fort., c.1341, 32). ...tout einsi truis Que Fortune par ses conduis Monte l'un, l'autre avale (MACH., R. Fort., c.1341, 36). ...tousjours boire vin ou tousjours boire eaue est contraire l'un a l'autre (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 26). Jehans de Launoit ... avoit plus chier à estre ocis que ars ; et il fu l'un et l'autre (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 70). Maiz tous deux ne sont point faulsaires : Si rescourray A l'un mon cuer quant je pourray ; Neantmoins a l'autre demourray (CHART., L. Dames, 1416, 265). Beau niepz, ce dist la dame, piecha mais ne fuz tant joieuse de venue comme je suis de la vostre, car vostre sone m'a esclarci pluiseurs oppinions et doubtances que j'avoie en mon estude et si que l'un me donne a congnoistre l'autre. (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 586).

 

c)

[Comme sujet ou comme régime] Les uns : Les uns fiert et fait clamer las Et les autres desrobe, helas ! (Mir. st Guill., c.1347, 6). Mais un descort s'est nez ouan Entre nous cardinaux de Romme, Pour ce que les uns font d'un homme Pape c'on appelle Ynocent, Les autres sont d'un autre assent Et ont nommé Perre Lyon (Mir. st Guill., c.1347, 7). Et si s'en venoit tout devant le chevalier a qui on avoit laissié un eueil, et admenoit les autres aprés soy, tenans les uns aux aultres. (Bérinus, I, c.1350-1370, 127). Si fu ainsi que a celle allee il conquist pluseurs pueples, desquelz les uns il conquist par force, les autres il reçut en la societé rommainne par dedicion. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 15.2, 26). En tesmoing de ce, nous a ces lettres avons mis le seel de la prevosté de Paris, faittes, passees et accordees doubles soubs une meismes teneur du consentement des diz preneurs, c'est assavoir pour les diz religieus les unes, et pour ledit Gieffroy les autres, l'an de grace MCCCLX huit, le venredi XXIX jours de decembre. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1369, 386). ...et de y getter leurs trubles et lingnes de dessus les bors et boux des bateaux qui estoient a terre et atachez a la rive de la dicte riviere, et aussy de dessus ceulx qui estoient atachez et fermez les uns aux autres (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1377, 474). ...et ouquel voiage ont esté mors pluseurs grans seigneurs et autres, les uns par pestilence de grant chaleur qui a esté, et secheresses et pourretures de charoignes, les autres de grans mesaises et necessité, les autres autrement. (BAYE, II, 1411-1417, 80).

 

.

Les uns de : La fin fu tele car les uns d'eus geterent leurs armes et se getoient en l'ieve et se roioient ; les autres, demendres que il deliberoient de se combatre ou de s'en foÿr, furent opprimez par les Romainz (BERS., I, 1, c.1354-1359, 27.11, 47).

 

2.

[Sans article] : Et avint que .I. jour il estoit alés rivoiier, et jetta son fauconnier .I. faucon apriés le hairon, et li contes aussi un. (FROISS., Chron. D., p.1400, 806). Nonobstant que Romulus, qui fonda Romme, comme il establisist plusieurs nobles ordennances, fist eslire entre mille de ses gens d'armes, un, le meilleur (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 116).

 

-

Un des : Pour le corout du duc esbatre Respondit tantost un des quatre : ... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 80). Et puet le veneur lier le meistre ou meistres, qui est la grosse corde qui tient au laz, a un arbre, ou le puet lier a un des bastons du pertuis. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 253). L'ome est moult ahonté de sa feme qui est vulgaument affollee, car a l'aventure quelque gallant la tient a sa meson davant lui honteusement, et me semble que c'est ung des grans tourmens que home peut avoir. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 91). ...un des diz religieux, passanz d'aventure par la rue et les vist entrebatanz... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 650).

 

-

Un de ces + subst. : Un de ces jours serez contesse (Mir. Amis, c.1365, 22). Par ce fil, mais que li rois de France lor voelle renvoiier, se porent il un de ces jours retourner et ocire ce d'Artevelle (FROISS., Chron. D., p.1400, 451). Va y veoir une de ces nuytz, Et je vueil que tu y aye part. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 279).

 

-

[Opposé à autre] : La m'assis pour prendre repos Et pour mettre a point mon propos Qui estoit tous entremellez Et si entrepris de tous lez De pensées contrarieuses, Unes douces, autres grieteuses... (MACH., D. Aler., a.1349, 386). Puis... se misent à le voie... et estoient bien sis mille hommes, uns et autres (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 166).

 

.

Ne un ne autre. V. autre "Personne" : Vous deux d'une part et moy d'un' aultre Prenons, affin que ne viengne ne ung ne aultre Qui en puisse le corps pourter. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 137).

 

-

"Quelqu'un" : Au joingnant de la porte avoit Ung petit guichet et estroit. La estoit a une apuie Ung qui avoit la mestrie De fermer l'uys et deffermer (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 102).

II. -

[Numéral (comme adj. dét. ou en empl. de nominal)]

A. -

[Comme adj. dét.]

 

1.

[Marque l'unicité dans la quantification ou l'ordination] "Un seul" : ...en disant que, se einsi ne le faisoient ou le venissent deffendre ou eus opposer y souffisaument dedens un an ensuivant le dit jour que les diz sergens y estoient alez la dite premiere fois (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1338, 78). Et furent faitez les choses dessus dites, present bonnes gens, en baillant ung denier Dieu au dit prieur. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1354, 191). Et semblablement, en icellui temps mesmes, un ou deux jours ensuivans ce que dit est... (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 220). ...sans actendre un moys ou deux ains que aprestéz fussent ne venus au mandement (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 135).

 

-

Un seul + subst. : J'oseroye, pour voir, jurer Que, s'un seul jour aviez esté Ou deduit que g'y ay trouvé, Jamais departir ne vauriés (Dit prunier B., c.1330-1350, 52). Et si tost qu'elle dit le m'ot, Je n'eüsse dit un seul mot Pour toute l'empire de Romme (MACH., R. Fort., c.1341, 26). En la chambre à parer entrerent Qu'onques un seul mot ne sonnerent (MACH., P. Alex., p.1369, 267).

 

-

[Dans les noms de nombres] : Ce fu fait le samedi huit jours ou mois de juing, l'an mil trois cens trente et un. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 41). ...cent et un soulz quatre deniers (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1364, 276). Le roy Edouard le conquist en vingt et un jours (COMM., I, 1489-1491, 216).

 

2.

[Marque l'unicité en dépit d'une pluralité de composants] : Nous faisons assavoir que pardevant nous en jugement pour ce personelment establiz Mahy de Plailli, tavernier, bourgois de Paris, demourant en l'encloistre de l'eglise de Sainte Oportune, et Agnés, sa fame, a la quele il donna auctorité quant aus choses qui ensuient, recognurent en droit, de leurs bonnes volentez et de certaine science, euls d'un commun assent avoir vendu... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1333, 53). ...si qu'il avient, quant li uns dit aucune chose, il crïent ensemble tuit a une voix que ce est verité que il a dit (Bérinus, I, c.1350-1370, 62). Et puis s'en vinrent... en escriant d'une vois : "Saint George !" (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 68). ...sa navie, où bien avoit sis vingt vaissiaus d'une flote (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 143). Je conseille que nous fuissiens tous de une aliance et d'un acord (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 186). Et... regardoient... la grosse bataille des Flamens tout en une, qui aprochoit durement (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 53). En .IJ. amans qui s aimment signourie Estre ne doit, einsois doivent avoir Un cuer, une ame et une maladie, Une pensée, un desir, un voloir (MACH., L. dames, 1377, 229). Oncq ensemble n'avïons riens parti Mais un desir, un vouloir, un parti, Un cuer entier de deux cuers miparti, Pareil plaisir et commun sentement. (CHART., Compl., 1424, 326). ...le moule et la matiere sont d'une proportion sans riens accroistre ou faire moindre (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 284).

 

-

[Marque une identité] : Et s'entre amoient ainsi que enfans freres font et se vetoient de robbe et d'abis ensamble, car ilz estoient auques d'un grant et d'un eage (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 83).

B. -

[Comme nominal] "Un seul" : ...liquelz les conseilla que il les occeissent sanz ce que il en demourast un. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 3.7, 5). Et toutes voies les roys sont obligiéz de loy pardurable qu'il n'aient pluseurs femmes, et, non obstant que es autres soit souffert que un homme ait pluseurs femmes, si n'en doivent les roys avoir que une. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 59). Et, quant une louve est chaude, s'il a lous ou païs, ilz vont touz aprés elle, einsi comme font les chiens aprés une lisse quant elle est chaude, mais jamais nul ne l'alignera fors que un. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 92). Et einsi en prendra deux ou trois ou au moins un. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 235). ...oncques n'y eut ung [un chevalier] desmonté (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 572).

 

-

Un à un. "Un par un, l'un après l'autre (chaque fois un seul)" : Si ne puet qu'il ne viengne une heure Qu'un coup a la belle demeure, Et par ce seul coup en descent, Après, un a un, plus de cent, Dont li periers est abatus. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 65). Qant il orent ce fait, il laissierent une petite plance aler, sus laquelle lors gens montoient un a un et rentroient ens ou chastiel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 471). NATHALIE. Helas ! vous souffrés grant laidure, Grant peinne et doleur importune ; Vous playes nettieray une a une De ce linge et gourverneray Le plus doulcement que pourray, Tant que m'avrés em conpaignie. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 120). ...et parlions quelquesfoiz deux ou trois ensemble, et ledit duc disoit : Ho, ung à ung. (COMM., III, 1495-1498, 234).

 

.

Un et un. "Un par un, l'un après l'autre" : L' EMPEREUR. Maishuit pour deffendre trop tart Venront. Que n'entrons dessus eulz ? Avant : un et un, deux et deux. Entrez touz ens. (Mir. Oton, c.1370, 333). On lui fist faire ung pertuis ou mur que ne fu pas trop grant, par lequel ung et ung ilz issoient (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 30). VII. maris un et un Estranglerent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 12). LE PREMIER SERGENT. Nostre gent se pert une et une ; J'en voy la ja ung qu'est noyer. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 180).

 

-

[Indiquant la proportion de participants à un combat] Numéral + contre un : Car briefment seront en tel place Qu'il trouveront leurs anemis, Mil contre un (MACH., P. Alex., p.1369, 50). Et s'estoient XXX. contre un De gens d'armes et de commun, Li Sarrazin, que Dieus confonde ! (MACH., P. Alex., p.1369, 157). Car il doubtoit moult la vaillance Dou Caraman et sa puissance, Et ce qu'il avoit tant de gens Que contre un estoient deus cens, Voire encore plus (MACH., P. Alex., p.1369, 171). ...noz ennemis sont bien dix contre un de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 108). ...et avoient esté li François bien diis contre un. (FROISS., Chron. D., p.1400, 743). Ilz estoient plus de dix contre ung (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 344). Dix estoient contre nous ung, Et si guangnasmes la journee (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 653). Mais, s'ilz n'y viennent plus de six Contre nous trois, c'est deux contre ung (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 764).

 

.

[Dans une formule de pari, marquant le haut degré d'une certitude] Cent contre un. V. cent

 

.

[Pour marquer la force d'un argument, d'un conseil...] Cent pour une. V. cent

III. -

[Qualificatif]

A. -

[D'une pers. ou d'une chose]

 

1.

[Idée d'uniformité] "Qui n'a pas de parties, qui ne présente pas de disparités" : ...mais convient que chascune partiete, tant soit petite, du corps compost soit mixte des .IIII. elemens, car autrement tel corps ne seroit pas proprement un. (ORESME, C.M., c.1377, 616). Pour ceste cause fu ceste .IXe. espere des anciens en grec appellee aplanos, c'est a dire sans erreur. Car avecques ce qu'elle est de tres simple sustance tres egal et une, a elle aussy tres simple mouvement tres un et tres egal sans quelconques diversité. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 11). Ceste diffinition se prend selon l'ethymologie, c'est a dire l'interpretation de la diction et du mot, car personne selon l'interpretation du nom vault a dire comme chose par soy une (Somme abr., c.1477-1481, 130).

 

-

Tout un. "Pareil, sans disparité" : Lors commencent a chevauchier selon la riviere et tousjours leur sembloit tout ung. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 182).

 

.

"D'un seul tenant" : ...la lampe, qui estoit tout ung... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 346).

 

.

"La même chose, une chose indifférente" : Aussi dist on qu'il n'est pas bon glouton qui de tout n'essaye, sy doit l'omme de tout gouster et soy tenir au meilleur. Mais ce me samble tout ung, fors vous, que j'aime mieulx que les autres (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 359).

 

-

"Une certaine manière" : ...les ungs ung, les autres autre mentans a moy [éd. : "et les uns me mentant d'une manière, les autres d'une autre"] (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 873).

 

2.

[Idée d'invariance] "Qui ne change pas" : ...el [Fortune] n'est pas tousjours une. (CHART., L. Paix, a.1426, 419). Comme le subgiet de Fortune Que j'ay esté en ma jennesse, Encores le suis en viellesse ; Vers moy la treuve tousjours une. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 412). Fortune n'est pas toujours une. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 98).

 

-

[De l'opinion] "Invariant et partagé" : ...Selon l'oppinïon commune Qui estoit en noz subgez une. (Gris., 1395, 95). Semblablement ceulx du chapitre Sont d'une oppinion tout une. (LA VIGNE, S.M., 1496, 415).

 

-

Tout est un à qqn. "Tout est égal à qqn, il n'a pas de préférence" : Pour ce l'ay dit que, quant j'estoie De l'estat qu'innocence avoie, Que juenesse me gouvernoit Et en oiseuse me tenoit, Mes ouevres estoient volages : Varians estoit mes corages ; Tout m'estoit un, quanque vëoie, Fors tant que toudis enclinoie Mon cuer et toute ma pensée Vers ma dame, qui est clamée De tous seur toutes belle et bonne. (MACH., R. Fort., c.1341, 3). Il n'euist cure où il euist pris terre, ou en Poito ou en Bourdelois : tout li estoit un, mès que il fust oultre le mer (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 95).

 

-

Qqn est en un. "Qqn ne change pas (d'avis)" : Ne onques on ne li pot oster ne brisier son dit pourpos que toutdis il ne fust en un, et encores plus fermes et plus entiers (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 203).

B. -

[De plusieurs pers. ou de plusieurs choses ; idée d'équivalence ou d'identité] "Qui est équivalent, égal, identique"

 

1.

Estre (tout) un

 

-

"Être la même chose" : Je vous confesseré tout voir : Dès lor qu'Aubin ma fille ot prise, De lui amer fui si esprise De bonne amour conme mon filz Que soiez certain, sire, et fiz, Pluseurs l'amour bien apperçurent, Dont telx oppinions conçurent Qu'il me mistrent sus tel diffame Que tout aussi con de sa femme, Ce disoient, de moy faisoit Toutes les foiz qu il lui plaisoit, Et de nous deux c'estoit tout un. (Mir. femme, 1368, 204). Item, eslire tres bonnes choses et avoir de telles choses vray opinion, ce n'est pas tout un. (ORESME, E.A., c.1370, 187). Et opinion est plus de autres choses et autrement, car opinion ne s'applique pas a l'execucion et au fait comme fait eleccion et ainsi n'est ce pas tout un. (ORESME, E.A.C., c.1370, 187). Et donques n'est ce pas tout un suppouser une chose false et la suppouser impossible. (ORESME, C.M., c.1377, 210). ...es bestes le milieu de la beste et le milieu de son corps ne est pas un. (ORESME, C.M., c.1377, 516). Et aussi li vueill aprendre que routes et erres vuelent dire, quar ce est tout un. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 151). Lequel escuier prestement lui apporta [les écus portant des images] et les mist le roy l"un emprès l'autre, et adonc vist il clerement que c'estoit tout ung et aussi par le jugement de tous ceulx qui estoient presens, ne il n'y avoit quelque difference du monde. (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 98).

 

-

"Être une seule chose" : Egardez, Gautier : veez vous La mairesse aler et son gendre ? Pour certain l'en me fait entendre Qu'il sont tout un. (Mir. femme, 1368, 178). Et ceuls qui sont parfects amis sont comme tout un. (ORESME, E.A.C., c.1370, 414). ...vostre voie et la mienne est tout une jusques a une riviere que nous trouverons au pié de ceste montaigne. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 378).

 

-

[De choses] Estre unes à. "Être communes à" : Quant aus armes estoit il ainsi car les targes estoient unes aus Grieux et aus Rommainz (BERS., I, 9, c.1354-1359, 19.7, 36).

 

-

[De pers.] "Être d'un même avis" : C'est un grant peril pour tout ce royaulme, car, se les communaultez s'esmouvoient et resveilloient, il ne puet estre que grant meschief n'aviengne en Angleterre, ou cas que les seigneurs ne sont mie tout ung. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 58).

 

2.

À un./D'un./En un

 

-

À un. "De la même façon" : Et tele chose est nee et ordenee pour estre faite a un. (ORESME, E.A., c.1370, 424).

 

.

Estre (tout) à un. "Être d'un avis identique" : J'ay oy de toutes voz oppinions, qui au regart de la foy mentie et du pardon estes toutes a un. (LA SALE, J.S., 1456, 14). Ce sera donc le meilleur Quant vous estes tout a ung (Myst. st Martin K., a.1500, 217). S'ainsi questions tu nous feisses Avecques moy rien ne perdisses Moy et toy a un feussion. (Myst. st Martin K., a.1500, 376).

 

.

Venir à un / à une. "Devenir identiques, être identiques" : ...sy dist en lui mesmes qu'il convenoit que ces deux loenges venissent a une. (Percef. V, R., t.1, c.1450 [c.1340], 233).

 

-

[De choses] Tout d'un. "Identiques" : ...et envoya robes de paremens tout d'un aux .XIIII. enfans (Ponthus Sidoine C., c.1400, 13).

 

-

En un. "En un même lieu, de manière convergente" : Et ce je entent du premier ciel et du premier mouvement, car es cielz qui sont sous ce premier pluseurs mouvemens conviennent et sont concurenz en un. (ORESME, C.M., c.1377, 410). L'en voit par experience que par force de feu d'une masse ou il a de l'or, l'or est tout assemblé en un et toutes les autres choses sont separees de l'or et chascune assemblee en un. (ORESME, C.M., c.1377, 654).

 

4.

[Loc. verbales]

 

-

Faire tout un de (plusieurs pers.) "Traiter de la même façon" : Nous sçavons qu'en raison prouvable Qu'en ton fait n'a que verité, Et que, par tres bonne equitté, La voye de Dieu nous enseignes Sans ce que la personne preignes Plus que l'autre : tu faiz tout ung Du roy et du petit commun. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 611).

 

-

Prendre pour un / pour une. "Considérer que c'est la même chose" : Et aussi dient aucuns que le desactrempé est incontinent et l' incontinent est desactrempé, et prennent confusement tout pour un. (ORESME, E.A., c.1370, 365). Tais toy, n'ayes pas trop delais. Ne te loe pas trop de Fortune, Car quand elle veult prendre pour une, Elle confond orgeul et desrois ["outrecuidance"]. Sur ducs, sur contez et sur roys, Sa pugnition est commune (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 249).

 

5.

[Subst. fém. plur.] Venir à ses unes. "Parvenir à ses fins (restées inchangées)" : Ou j'eusse venu a mes unes. (Mandel. T., c.1450-1475, 184). Mais, monseigneur, tenez maniere, Ne descouvrez point telz rencunes : Nous viendrons tres bien a noz unes Et si semblera qu'on n'y touche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 592). [Aussi GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 16785]

V. aussi uns
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

Fermer la fenêtre