C.N.R.S.
 
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     TONNER     
FEW XIII-2 tonare
TONNER, verbe
[T-L : toner ; GDC : tonner ; DÉCT : toner ; FEW XIII-2, 23a : tonare ; TLF : XVI, 326a : tonner]

A. -

"Faire entendre le bruit du tonnerre, tonner" : Et quant li vent orent congié, Et Jupiter ot tout forgié, Foudres, tempestes et espars, Qui lors veïst de toutes pars Espartir mervilleusement Et tonner trés horriblement, Venter, gresler, et fort plouvoir, Les nues, la mer esmouvoir, Bois trambler, rivieres courir, Et, pour doubtance de morir, Tout ce qui a vie seur terre Recept pour li garentir querre, C'estoit chose trop mervilleuse, Trop doubtable et trop perilleuse ! (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Mais mettre n'i vueil chose laide, Car quant y tonne et il eslaide, Li temps est noirs, obscurs et lais, Mais assez est plus dous que lais Contre Mesdit, par sainte Helainne ! Pour ç'a toute chose villeinne Vueil renuncier, et la delay. (MACH., F. am., c.1361, 144). Ly uns dit, quant il pluet ou tonne : "Que n'a Dieux le beau temps donné ?..." (DESCH., Art dictier R., 1392, 278). C'est trop pleu et trop tonné ! (DESCH., Art dictier R., 1392, 279). Entrués que ces paroles et detriances couroient, et que chil Genevois se requelloient, descendi dou chiel une plueve si grose et si espesse que mervelles fu a comsiderer, et conmença a esclitrer et a tonner, et sambla proprement que li mondes deuist finer (FROISS., Chron. D., p.1400, 728). Le temps se prist (...) a troubler, Obscurcir, touner, espartir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 220). Et, le vendredi saint et aouré, vint et yssy du ciel plusieurs grans esclas de tonnoirre, espartissemens et merveilleuse pluye, qui esbahit beaucop de gens, pour ce que les anciens dient tousjours que "nul ne doit dire hélas ! s'il n'a oy tonner en mars". (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 226). L'un jour faict chault, l'autre pleut, vente et tonne : L'aer faict tel bruit que la teste en estonne. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 31). Cristine le Sauvage dist que, qui prent sa commere par mariage, toutesfois qu'ilz se conjoindent charnelement, qu'il tonne ou fait volentiers oraige ou en terre ou en mer. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 101). MALOSTRU. [Ha], quel godon ! NYVELET. Croyez qu'il est vaillant quant il tonne. (Copp. lard., a.1488, 167). ...oncques ne cessa de venter, de plouvoir, de tonner et d'esclerer comme si tous les dyables eussent esté par les champs. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289). ...car tout le jour avoit tonné et escleré et pleü merveilleusement (COMM., III, 1495-1498, 193).

 

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[De Dieu] : O toy, le hault Dieu tonnant, seigneur et prince de la noble region celestienne... (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 92).

 

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Ne pas ouïr Dieu tonner/tonnant : Pluseurs fois feïrent ce tour Qu'adès faisoient leur retour, Et sans cop ferir se partoient N'autre damage ne faisoient ; Mais noise faisoient si grant Qu'on n'i oïst pas Dieu tonnant. (MACH., P. Alex., p.1369, 167). Adont Ymeneüs me meine En sa sale, ou grant joye on meine, Ou tant ot menestriers cornans Que l'en n'y ouÿst Dieu tonnans (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 39). ...cellui plour Vont a Troye si grant menant Que l'en n'y oyst Dieu tonnant (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 108). Et yssirent, tant de la ville comme du siege, bien XLm. hommez, et vindrent courre sus à monsr. de Bourguongne et à ses genz, et faire si grant brayrie que n'en n'eust pas oy Dieu tonner (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 240). J'ay veu qu'on n'oyst pas Dieu tonner en une compaignie ou il fust (C.N.N., c.1456-1467, 199). Et sans aultre parlement, ilz commencerent illec une bataille felonne et dure a si grans cris que l'en n'y eut pas oy Dieu tonner. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 186). Or s'esmeuvent a la lance et font tel tombissement, que l'en n'eust pas oÿ Dieu tonner, car hommes et chevaulx y furent mors abatus, escus, haubers, aucquetons tresperchiés. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 172). Et lors trompettes de sonner et bondir si fort qu'on n'eust pas oy Dieu tonner (Faits Lalaing K., c.1470, 29).

 

Rem. Var. : Et d'esqualettes vont pluiseur esqualetant, C'on n'y oïst tonner le tonnoile bruiant (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 253).

 

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Celui qui fait tonner. "Dieu" : Entendez tuit de par celui A cui tuit li .IIII. elemant Servent a son conmandement, Qui fait et plouvoir et tonner, Et qui puet a chascun donner Senté de corps et senté d'ame. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 226).

B. -

P. anal.

 

1.

"Retentir d'un bruit aussi éclatant que le tonnerre" : O obscur aer, Coment pourter - puis mon enfant ? Terre trambler, L'aer deust toner - et l'eau corant Et la dorment deussent falhir [;] Le feu ardent Par grief torment - deust tout morir. (Pass. Auv., 1477, 247). Il [Lazare] estoit mis ou limbe, mais Il est venu tout maintenant Une voix haultement tonnant, (...) Laquelle a haultement huchié : "Lazaron, vien a cop dehors". (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 507). La vis du trueil de nuyt et de jour bruyt Pour ce qu'adonc le raisin est en bruyt ; De tous costez la large et grosse tonne Cent fois le jour fort retondist et tonne Et de rechief, pour la tonne lÿer, Convient avoir souldain le tonnelyer (LA VIGNE, S.M., 1496, 333).

 

2.

"Mener grand bruit" : ...ains les reprendra voirement quant mesprendront, et menacera de mettre hors se ilz ne s'amendent, mais ce sera sans tonner ne mener grant harou si que on l'oye de loing (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 177).

 

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"Parler très fort, être bruyant" : Le pouvre mary ne savoit que dire, qui oyoit le dyable sa femme ainsi tonner. (C.N.N., c.1456-1467, 245).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

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