C.N.R.S.
 
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FEW XII 92b somnus
SOMME, subst. masc.
[T-L : some1 ; GD : som3 ; GDC : somme3 ; DÉCT : some1 ; FEW XII, 92b : somnus ; TLF : XV, 656a : somme3]

A. -

"Sommeil" : ...le dormir ou le somme (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 339). Et celle s'agenoille devant les freres, et les mercie humblement. Et sachiez que elle estoit en tel party, tant de la doulour de son pere, comme des pensees qu'elle avoit a Uriien, qu'elle estoit ainsi comme une personne qui est nouvellement yssue de son sompme. (ARRAS, c.1392-1393, 119). Note que dormir, sonne ou sonnier, c'est tout ung (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 17). Je congnois visïon ["état de veille, où l'on voit"] et somme (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54). ...comme il estoit au plus parfond de son somme, celuy a qui ce jour la chandelle avoit fait offrir par vision a luy s'apparut (C.N.N., c.1456-1467, 86). ...A dormicion et a sompne (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 659).

 

Rem. Fém. : : ...Ne par Bachus ait sompne morpheÿne (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 857).

 

-

Estre de leger somme : Passelion, qui est de moult legier somme, s'enveilla environ la my nuit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 696). ...monseigneur est de trop legier somme, et ne s'esveille jamais qu'il ne taste après moy (C.N.N., c.1456-1467, 247).

 

-

Faire un somme : Or li laissons faire son somme : Qui ne dort, il n'est pas filz d'omme (Mir. ev. arced., c.1341, 131).

 

-

Prendre (un) somme : PREMIER SERGENT D'ARMES. (...) Dormez, et je vous garderay [Libanius] Seurement. DEUXIESME SERGENT. Si feray je certainement. (...) Hardiement porrez un somme Bon et grant prendre. (Mir. emp. Julien, 1351, 189). Car il n'est pas, se dit on, homme Qui ne dort et qui ne prent somme. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 113). N'est pas homme qui ne prent somme (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 144).

 

-

[Comme obj. interne] Dormir un somme : Car je ne dormiray bon somme Jamais tant que seray a Romme Et qu'au pape seray confès (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 28). Elas ! chetif, j'ay trop grant somme Dormi. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 46). ...comme elle ot dormi son premier somme, senti que l'en la bouta du genouil, et, en soy esveillant, oy et entendi que c'estoit ledit Thevenin Tout Seul, qui dist à elle qui parle ces moz : Tay-toy. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 57). Le bon mary orfevre estoit tant alumé et ardent en convoitise qu'il ne dormoit heure ne bon somme pour labourer. (C.N.N., c.1456-1467, 492). Tu as dormy trop pesant somme, Reveille toy (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 86).

B. -

P. méton.

 

1.

"Temps du sommeil"

 

a)

"Période où l'on dort" : En yver et en printemps, la chaleur naturelle est plus forte et les sompnes sont plus longues (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 56).

 

-

En ses premiers sommes. "Au moment du premier sommeil" : Dictes luy bien le grant esmoy, Ou tous les jours, en quoy nous sommes, De jour et de nuyt, a l'esfroy, Quant sommes en noz premiers sompnes. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 186).

 

-

Estre de long somme : ...il en lieu de mengier s'endort et est de tres long sompne. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 204).

 

b)

P. méton. "La nuit"

 

-

Premier / prime somme. "Début de la nuit" : Et de ce jour sont III parties : le matin, midi et le soir. Et de la nuit sont VII parties : cuevre feu, vespre, premier somme, menuit, cos chantans, matines, point du jour. (VIGNAY, Le Miroir historial C, 1333, II, 215). Quant un homme scet qu'il le sanglier a menjues en une forest ou de glant ou de faine [l. faïne], et ce sera aprés le premier somme et les sanglers seront alez a leurs menjues... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 235). Donc doit celuy qui veult veautrier aler aprés le prim somme de la nuyt a tout mastins, alanz et levriers au dessoubz du vent de la ou il scet que... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 259). Et quant vint a l'anuittant, sur le premier somme, il se partist de la place, le plus secretement qu'il peust (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 44).

 

Rem. T-L VII, 1872-1873.

 

-

De somme. "Dans (l'obscurité de) la nuit" : Icy est certes des umbres le sejour, De nuyt, de sompne, sans lumiere et sans jour (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 323).

 

2.

"Envie de dormir" : Laissez moy dormir, je meurs de somme. (C.N.N., c.1456-1467, 174). ...tant estoyent ceulx d'Alkamar fouléz et travilliéz de sompne que guaires ne leur estoit de faire guet sur la muraille (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 293). Dedans son antre s'estend et se tournoye, Tout plein de sompne (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 326). ...aggravé de sompne Et de soucy (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 336).

 

3.

"Ce qu'on voit dans le sommeil, songe" : Il est encor tout endormy Et a faict un terible somme. (Gent. moun. T., c.1500, 345).

C. -

P. anal.

 

1.

[À propos de l'évanouissement] : Sompne ou dormir innaturel, c'est reversion d'esperit animal aux parties de dedens avec privacion de sens et de mouvement fors ce qui est de necessité pour respirer (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 15).

 

2.

[À propos de la mort] : JHESUS. (...) Lazaron le nostre amy dort Sievez moy, avanciez vous fort, Car je voy la pour l'exciter De son somme et faire lever, Bien voy qu'il a assez dormi. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 107). [Allusion à la résurrection de Lazare (Jean 11, 11 : «Lazare, notre ami, s'est endormi, mais je vais aller le réveiller»)] Jhesu Crist resuscita a la minuit du sompne de la mort (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 121). Lazaron, le nostre amy, dort Et je m'en vois pour l'exiter De son somme. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 199).

V. aussi prinsomme
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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