C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SON1          SON2          SON3          SON4     
FEW XII sonus
SON, subst. masc.
[T-L : son3 ; GD : son ; GDC : son ; DÉCT : son3 ; FEW XII, 102b : sonus]

A. -

"Ce que perçoit l'oreille, émission sonore"

 

1.

[Provenant de la voix humaine]

 

-

(Le bruit et) son du langage. "L'aspect purement sonore du langage" : Li Gantois (...) avoient bien oï parler l'omme et la femme, ensi que de nuit on ot mout cler, mais riens ne sçavoient que il avoient dit, fors seulement le son de leur langaige (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 138). Ce maistre, qui plus aux aultres que a luy entendoit, quand le bruyt et son de son langage [d'un pauvre paysan], dont rien il n'avoit entendu, fut finy, se vira devers luy, cuidant qu'il eust aucune enfermeté ; et affin d'en estre despesché, dist a ses gens : "Baillez luy clistere." (C.N.N., c.1456-1467, 468).

 

-

Au son de (telles paroles). "En écoutant (telles paroles)" : ...noste benoist redempteur (...) huche, appelle, et invite au son des devotes prieres qui se font en nostre eglise parochiale (C.N.N., c.1456-1467, 223).

 

-

"Chant" : NOSTRE DAME. (...) Anges, chantez sons accordens Sanz plus cy estre. (Mir. march. juif, c.1377, 217).

 

-

Piteux son. "Plainte" : JHESUS. ...Je me pars du regne mondain Et, au partir, par piteux son, Mon esperit metz en ta main. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 346).

 

-

À bas son. "À voix basse" : ...chantant chançons doubles a bas son moult doucement. (Chev. papegau H., c.1400-1500,).

 

-

À haut son. "À haute voix" : Il dist devant tous a hault son Que se le temple Salemon Estoit tout par terre abatus, Qu'en trois jours il n'y mist non plus L'aroit du tout rediffiet. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 142). En dea, tu es sur ton fumier : Por ce brais tu a si hault son. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 302). Puis que nous n'avons pas de cloche, En yras crïer a hault som, A mont et a val, la lessom (Moralité 1427 B.B., 1428, 11).

 

-

Tout d'un son. "D'un seul cri" (Éd.) : Il n'en huche ne deux ne trois ; Il a, tout d'un son, appellee La grant legion desolee De tous ceulx qui sont en enfer. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 822).

 

-

Ne dire/faire ne mot ne son. "Se tenir coi" : Et constat, par ceste lecçon, Pour conserver vim et robur, Prestat ne faire mot ne son, Souffrir et escouter murmur (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 48). Tantost aprés, sans dire mot ne son, Ainsi qu'entr'eux naigoyent ranc a ranc, Du fons de l'eau sortit ung gros poisson Qui va cest homme mordre jusques au sang. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 177).

 

-

RHÉT. "Résonance finale d'un mot, rime" : Et maistre Jehan de Meun en a fait son Testament [d'alexandrins], qui se fait par quatre lignes d'un son chascun couplet (BAUDET HER., Doctr. sec. rhétor. L., 1432, 197).

 

.

Son masculin/feminin : Autres tailles sont de douzaines croisiez, chascune ligne de 8 silabes en son masculin et de 9 en son feminin (BAUDET HER., Doctr. sec. rhétor. L., 1432, 29).

 

2.

[Provenant d'instruments de musique ou d'objets produisant des émissions sonores harmonieuses]

 

-

"Musique, mélodie, sonnerie" : Semblablement en choses qui sont en oïr, ceulz qui se esjoïssent et delitent superhabundanment et trop en melodies de vois humaines et de sons faites par instrumenz, nul ne les dit pour ce desactrempés. (ORESME, E.A., c.1370, 220). Car tousjours est meilleur la fin qui ensuit l'autre, si comme un instrument de musique qui est chose faite vault mieulx que la façon ou operacion, et le biau son pour quoy il est fait est plus digne que n'est tel instrument. (ORESME, E.A.C., c.1370, 104). Lors fu Florie moult joyant, et vint a la fenestre et regarde en la mer et voit tant gallees et tant maint grant vaissel qui arrivoient au port, et ot ces trompectes sonner et instrumens de pluseurs sons. (ARRAS, c.1392-1393, 143). Qant ce vint au matin, on sonna le premier son des tronpetes, dont s'ordonnerent et apparillierent toutes gens. (FROISS., Chron. D., p.1400, 141). Si venoyent environ soy dames et damoiselles a son d'arpez et de vielles (Chev. papegau H., c.1400-1500, 7). La s'assembloient les poetes Qui doulz son de leurs cornemuses Chantoient par devant ces muses (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 46). ...monseigneur Loiz de France, ainsné filz du Roy nostre sire (...) moult grant plaisir avoit à sons d'orgues (BAYE, II, 1411-1417, 231). ...[Madame] se rendoit souvent vers luy au son de la harpe. (C.N.N., c.1456-1467, 279).

 

-

À grands sons d'instruments : Et la fu la feste grant, et y ot de moult nobles mès servis cellui jour, et y ot grant melodie des sons musiquaux, et donna le conte de riches dons. (ARRAS, c.1392-1393, 32). ... et fu la receue a grans sons d'instrumens moult honnourablement. (ARRAS, c.1392-1393, 39).

 

-

Au son de la trompette : Lors a fait crier a la trompette que chascun appreste son harnoiz, et que chascun parte le matin, au tiers son de la trompette, en ordonnance, dessoubz sa banniere, et sieve la bataille de l'avant garde. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Au son de la trompete, chascuns sieuvy l'avangarde. (ARRAS, c.1392-1393, 98). Devant mienuit un petit, on sonna les tronpetes. Au secon son, on fu tous pres ; au tierch son, on monta a cheval et sievi on les banieres des mareschaus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 131).

 

-

Faire crier qqc. à son de trompe : ...et pour ce requiert que icelle escripture soit dessirée à son de trompe (BAYE, II, 1411-1417, 261). Et depuis, pour restraindre et obvier ausdictes prinses, fu deffendu, sur paine de la hart, par cry publique et à son de trompe, que nul ne print ou emportast aucuns biens par la maniere dessusdicte (FAUQ., I, 1417-1420, 127). C'est bien fait, or les prononciez [les sentences] A son de trompe (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 179). ...que vous faictes (...) inhibitions et deffenses de par nous a son de trompes, cry public, par toutes les villes et lieux de nostre royaume ou verriez estre nécessaire et expédient (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1463,,, 423).

 

-

[À propos d'une cloche] : Pourquoy nous (...) nous assemblasmes par maniere de chapitre a son de cloche (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 141). ...se nuls estoit trouvés puis le son de noef heures, se il n'estoit de leur connissance ou de leurs gens, il estoit mors (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 212). Et quant ceste tressainte nouvelle fut ainsin par tout publiee, lors tous vrais crestiens (...) incontinent coururent aux eglises, a grans sons de campanes, Nostre Seigneur remercier (LA SALE, J.S., 1456, 222).

 

3.

[Provenant de l'univers et des corps célestes, dans la théorie de Pythagore] : Ou .XVIIe. chapitre il reprouve l'opinion d'aucuns qui disoient que les corps du ciel par leurs mouvemens font sons melodieus. (ORESME, C.M., c.1377, 468). Mais Simplicius en son comment veult dire que l'en pourroit bien soustenir que le ciel fait son, et dire que tel son n'est pas corrompant ne violent mais est confortatif et vivifiant aussi comme sont les mouvemens du ciel. (ORESME, C.M., c.1377, 472).

 

4.

[Provenant d'un animal] "Chant (des oiseaux)" : Dont li espriviers s'arresta, Mais adès celle part gaita, S'oï l'oiselet sauteler Et les fueillettes venteler Aus sons que li gens oiselès Faisoit, qui si apertelès Estoit que point n'estoit vuiseus, Et s'estoit un petit noiseus, Si comme pour li esjoïr, Se se faisoit adès oïr. (MACH., D. Aler., a.1349, 274). Au departir dou bel esté Qui a gais et jolis esté, De fleurs, de fueilles faillolez, Et d'arbrissiaus emmaillolez, Arrousez de douce rousée, Sechiez par chaleur ordenée Que le soleil li amenistre, Et qu'oisillons ont leur chapitre Tenu de sons et de hoquès, Par plains, par aunois, par bosquès, Pour li servir et honnourer, Que tout ce couvient demourer Pour le temps qui, de sa nature, Mue sa chaleur en froidure, (...) M'en aloie par mi ma chambre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 137).

 

5.

[Provenant d'une chose] "Bruit" : Ensi que il passoient leurs armeures sonnoient et retentissoient. De quoi pluiseur qui cela ooient s'en esmervilloient que ce pooit estre ; car à le fois messires Pières et ses gens cessoient d'aller avant. Et si tretost que il se rescueilloient à l'aller, cilz sons et retentissement revenoit à ces gardes qui estoient en le rue Saint Pière (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 80). Li Bèghes de Vellainnes (...) oy, ce li sambla le son de passer sus le pavement ; si dist à chiaux qui dalés lui estoient : "Signeur, tout quoi et ne faites nul effroy. J'ay oy gens." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 80). (Icy soit fait ung grant son a maniere de tonnerre et doit descendre le Saint Esperit en façon de feu et de langues.) (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 447).

B. -

P. méton. "Sonnette" : Certes l'esprevier percheroie En ma chambre en un angleçon, Pour mieulx oir de lui le son, Et le paistre quant je voulroie. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 119). S'Amours voloient aussi bien Comme tercellés et faucons, Queles clochettes et quelz sons Mettriez vous chascune au sien, Et quel loirre a dire : "Revien" Leur seroit agreable et bons ? (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 124).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

Fermer la fenêtre